UN RAPPORT ACCABLANT !
Le rapport publié le 12 février 2025 sur l’audit des finances publiques est une véritable bombe, par la gravité et l’ampleur des révélations qu’il contient. On est effaré par la désinvolture avec laquelle le régime de Macky Sall a géré les finances ...
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Le rapport publié le 12 février 2025 sur l’audit des finances publiques est une véritable bombe, par la gravité et l’ampleur des révélations qu’il contient. On est effaré par la désinvolture avec laquelle le régime de Macky Sall a géré les finances publiques du pays pendant plusieurs années. On découvre ainsi un pillage à grande échelle des deniers publics par un groupe d’individus qui n’avaient aucun respect pour le bien public. Des dizaines de milliards ont disparu sans laisser de trace. Des mensonges ont été servis aux « partenaires » et aux marchés financiers sur le niveau du déficit budgétaire et le plafond de la dette publique.
Confirmation des alertes du nouveau régime
On notera que les chiffres du rapport vont au-delà de ceux que le Premier ministre Ousmane Sonko avait révélés le 26 septembre 2024. Lors de cette sortie, il disait que le régime de Macky Sall avait menti au peuple et aux partenaires et maquillé les chiffres des finances publiques pour présenter « une image économique différente de la réalité ». Le président de la République Bassirou Diomaye Faye avait lui aussi alerté sur l’état catastrophique des finances publiques du pays constaté après la prise du pouvoir. Les défenseurs de l’ancien régime et leurs mercenaires tapis dans certains médias avaient contesté leur diagnostic et parlé de manipulation.
Le rapport de la Cour des comptes vient de leur clouer le bec en révélant une réalité qui dépasse largement ce que le régime avait annoncé. Parmi les chiffres maquillés on notera surtout ceux du déficit budgétaire et de la dette publique dont les niveaux sont de très loin supérieurs à ceux fournis par l’ancien régime. En effet, le déficit budgétaire se situe à 12,3% contre 4,9% et le ratio de la dette publique frôle 100% du produit intérieur brut (PIB), comparé à 74% !
Au vu de l’ampleur du maquillage des chiffres révélée par le rapport, on ne peut manquer de poser la question sur les raisons qui ont poussé le régime précédent à mentir au peuple et aux « partenaires ».
Raisons du maquillage des chiffres
Ces rasions sont à rechercher dans l’obsession de Macky Sall visant à présenter aux marchés financiers et aux « partenaires » internationaux une bonne image de la gestion économique du pays. En effet, on avait souvent entendu le président Macky Sall et ses ministres se vanter de la « qualité de la signature » du Sénégal auprès des marchés financiers, chaque fois qu’il émettait avec succès des « eurobonds ».
De même, dans ses rapports avec la Banque mondiale et le FMI, le régime de Macky Sall avait coutume de dire que les relations avec ces deux institutions étaient basées sur la confiance qu’elles avaient dans les politiques « macroéconomiques saines » du pays, c’est-à-dire sur des déficits budgétaires jugés « raisonnables » et une dette publique jugée « soutenable ». L’on peut se demander comment la Banque mondiale et le FMI ont pu être bernés pendant des années par le régime de Macky Sall. Question légitime quand on sait que ces institutions ont leurs représentants-résidents à Dakar qui travaillent étroitement avec les ministères en charge de l’Economie et des Finances. Comment se fait-il qu’avec cette proximité et les moyens dont elles disposent qu’elles n’aient pas pu déceler les fraudes sur les chiffres ? Ou bien auraient-elles une certaine complicité dans la manipulation de ceux-ci ?
En ce qui concerne l’UEMOA, on se rend compte que le régime de Macky Sall n’a pas respecté les normes édictées par l’institution communautaire, notamment un déficit budgétaire ne dépassant pas 3% du PIB et un niveau de dette publique ne dépassant pas 70% du PIB.
Donc, à la lecture du rapport de la Cour des comptes, on sait maintenant que le régime précédent avait utilisé le mensonge et la manipulation des chiffres dans ses rapports avec les marchés financiers et ses « partenaires africains et internationaux !
Que faire ?
Après la publication du rapport de la Cour des comptes, le nouveau régime aura fort à faire pour restaurer l’image du pays à l’extérieur et même au sein de l’UEMOA. Il y aura toujours un petit soupçon qui subsistera dans la tête de certains des « partenaires ».
Pour lever ces doutes et la méfiance, il faudra prendre des mesures drastiques, tant au niveau des procédures de décaissements et de contrôle qu’au niveau des personnes responsables de ce que certains appellent un « carnage financier ».
En effet, il est impératif d’identifier toutes ces personnes et engager des poursuites contre elles. Il faudra saisir cette occasion pour éradiquer la culture de la complaisance, du mensonge et de la manipulation des chiffres dans la gestion des ressources du pays. Il faut mettre fin à la culture de l’impunité en trainant en justice tous ceux qui ont eu une part de responsabilité dans la gestion scandaleuse des finances publiques et leurs complices, dans l’administration et le secteur privé.
Le Président Bassirou Diomaye Faye et le Premier ministre Ousmane Sonko ont dit et répété qu’ils diront toujours la vérité au peuple sur la réalité économique et sociale du pays. Ce rapport leur donne l’occasion rêvée d’aller plus loin dans cette voie, en combattant le mensonge et l’opacité dans la gestion des affaires publiques et en instaurant une culture de la transparence et du respect du bien public. Ce sera un signal fort de rupture d’avec le système qu’ils ont combattu avec acharnement. Car on ne peut pas obtenir des résultats différents avec le même système.
La rupture doit également s’appliquer aux relations avec les « partenaires », en se débarrassant de la culture de la dépendance. Le Président Diomaye et le Premier ministre Sonko doivent mettre l’accent sur la nécessité pour le Sénégal de compter d’abord sur lui-même par la mobilisation de ses propres ressources et la transformation structurelle de son économie.