TRISTE FIN DE VIE DE SPORTIFS ET ARTISTES : QUE FAIRE ?
La situation difficile que vivent d’anciennes gloires du sport (et de la culture) est à méditer avec beaucoup de lucidité
La situation difficile que vivent d’anciennes gloires du sport (et de la culture) est à méditer avec beaucoup de lucidité. Il convient de tirer une leçon de cette triste actualité à analyser froidement, de dépasser la mentalité d’éternels assistés pour chercher une solution durable.
Quelle mentalité adopter
Quelle mentalité doivent avoir les sportifs, surtout les vedettes ? Une vedette doit avoir pour ambition d’être un leader qui influence positivement son domaine d’activité, apporte des améliorations utiles au sport et aux sportifs. Pourquoi se lamenter et ne rien envisager comme action ? Qui est responsable de la situation difficile d’anciens sportifs ? Tout le monde sauf eux-mêmes ? Il est difficile de le croire.
Pour une meilleure prise de conscience
Que chacun voit sa propre part de responsabilité et, surtout, s’engage à tout mettre en œuvre pour éviter pareille situation aux générations actuelles et futures. C’est cela être acteur du progrès au lieu de rester simple spectateur, témoin d’une régression, sans rien faire pour trouver une solution. Est-ce que les sportifs sénégalais ont proposé une solution, après les matches de retrouvailles, les rigolades autour de déjeuners copieux et de blagues à vous couper le souffle ? Quand quelqu’un demande qu’on fasse quelque chose pour lui, on peut se demander qu’est-ce qu’il a fait ou envisage de faire pour d’autres. La main ne doit pas être tendue seulement pour demander mais aussi et surtout pour donner. Il faut participer au progrès d’une communauté et ne pas rester d’éternels assistés.
Engagement de chacun
On peut participer en idées, en actions, en mobilisation ou en argent autour d’un idéal. Il ne faut rien sous-estimer dans la marche vers le progrès. Bunu xeeb dara. Celui qu’aucune cause noble ne mobilise, comment pourrait-il mobiliser autour de ses intérêts personnels ? Il ne faut jamais croire qu’on te doit tout alors que tu ne dois rien à personne. Il faut donner d’abord si tu le peux avant de demander. La meilleure solution est de penser au groupe avant de penser à un individu. L’individu est dans le groupe. L’organisation et l’engagement sont déterminants pour toute réussite.
Faire preuve de discernement
Nous avons encore cette image d’entraîneur national de football demandant, exigeant presque au public de venir supporter l’équipe nationale. L’entraîneur ou sélectionneur est payé (salaire), les joueurs sont payés(indemnités) mais le public, outre l’impôt, paie transport, ticket et nourriture pour voir un match. Entraineur et joueurs ont des obligations (résultat) que le public n’a pas. L’investissement dans le sport (même si nous pensons qu’il faut toujours faire plus) est plus important que l’investissement consenti dans des secteurs indispensables dans la vie de notre pays.
Une meilleure répartition des ressources provenant du sport
Il faut surveiller l’utilisation de toute la manne financière depuis le mondial jusqu’à la Coupe d’Afrique des Nations et faire un bon arbitrage entre les différents besoins. Pourquoi ne pas réserver une partie à la couverture santé des pratiquants évoluant au Sénégal et ajouter une proportion des taxes sur le sport, le matériel et les équipements de sport ?
Droit ȧ la santé et fondement juridique
Selon l’article 22 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité sociale… grâce à l’effort national et à la coopération internationale, compte tenu de l’organisation et des ressources de chaque pays. La résolution 58.33 du 25 mai 2005 adoptée par la 58ème Assemblée mondiale de la Santé sur « financement durable, couverture universelle et systèmes de sécurité sociale » déclare que « tout individu doit pouvoir accéder aux services de santé sans être confronté à des difficultés financières ». Elle demande aux pays membres de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de développer des systèmes de financement de la santé pour garantir à leur population un accès équitable à des services de santé de qualité et éviter des dépenses de santé catastrophiques et la paupérisation de personnes ayant besoin de soins. Cette résolution prévoit la transition vers la couverture universelle de tous les citoyens compte tenu du contexte macroéconomique, socioculturel et politique de chaque pays. La Constitution du Sénégal consacre, pour sa part, le droit à la santé en son article 8 qui en fait un droit fondamental et son article 17 qui dispose : « l ’État et les collectivités locales (territoriales) ont le droit de veiller à la santé physique et morale de la famille et, en particulier, des personnes handicapées et des personnes âgées. L’État garantit aux familles en général, et à celles vivant en milieu rural en particulier, l’accès aux services de santé et au bienêtre ». L’exploitation du gaz et du pétrole, comme une aubaine, doit pouvoir profiter aux plus démunis en matière de santé et d’éducation.
La solution par l’assurance santé et retraite
Une solution existe face au spectacle pathétique d’anciennes vedettes du sport et des arts gravement malades et abandonnées à leur triste sort. Aujourd’hui qu’un même département ministériel abrite aussi bien le sport que la culture, on peut s’inspirer de la couverture sociale au bénéfice des métiers de la culture (convention déjà signée et mise en œuvre) pour ratisser large. La couverture maladie universelle et les compagnies d’assurances peuvent se compléter pour offrir la gamme la plus large possible de couverture santé etretraite (du sportif amateur au professionnel avéré). L’étude est disponible et ce serait un bon coup pour les autorités sénégalaises, à exporter ensuite en Afrique le Sénégal étant un bon laboratoire.
Partage de responsabilités
L’Etat a une dette envers les populations. Il lui incombe l’obligation de leur assurer une couverture adéquate en matière de protection sociale en général, en matière de santé en particulier. Toutefois, les responsabilités sont partagées entres sportifs, acteurs culturels, État, collectivités territoriales du fait des compétences transférées, Fédérations et Ligues, compagnies d’assurances, SEN-CSU(ex-Agence de la CMU) pour la couverture sanitaire universelle. Cela dit, pour revenir aux sportifs et acteurs culturels, apprenons à donner, à nous engager au service des bonnes causes. Il faut s’acquitter de ses devoirs avant d’exiger ses droits. La plupart des individus sont dans une position attentiste. La révolution, c’est peu de personnes qui la font et tout le monde en profite après.
Pour une grande rencontre des sportifs
Pour commencer, il faut d’abord se retrouver, discuter sur la condition sociale des sportifs. Un colloque, une grande conférence est la première étape. Il est urgent de parler entre principaux concernés et nous croyons fermement que l’Etat est disposé à créer les conditions de cette rencontre pour marquer sa volonté politique et échanger avec les principaux acteurs concernés. Aider à faire avancer des secteurs et sous-secteurs, n’est-ce pas là une forme d’efficacité de la politique ? Le faire c’est gérer la cité, être à l’écoute et au service des citoyens. Aux concernés de faire des propositions à l’État en précisant ce qu’ils veulent et comment ils comptent y parvenir. Les sportifs doivent prendre la pleine mesure de ce qu’ils représentent dans un pays: la force, l’énergie, le nombre et ils savent mobiliser la jeunesse. Ils doivent penser à utiliser ces atouts pour attendre leurs objectifs.