LALO KEBA DRAME, LA KORA, COURA MBISSANE : L’AMOUR-PASSION
Très peu connu de la jeune génération, l’homme à la kora a cependant marqué son époque avec son titre fétiche : « Coura Mbissane », chanté en duo avec Rokhaya Dieng rebaptisée Coura Mbissane…
Lalo Kéba Dramé, nom combien évocateur, et écrit en lettres d’or dans les annales de la musique africaine et particulièrement sénégalaise, est une légende. Très peu connu de la jeune génération, l’homme à la kora a cependant marqué son époque avec son titre fétiche : « Coura Mbissane », chanté en duo avec Rokhaya Dieng rebaptisée Coura Mbissane… Devenue sa femme, la huitième et l’amour de sa vie. Toute une histoire autour de ce couple amoureux et légendaire…
La légende Lalo Kéba Dramé est né 1926 au village de Soumboundou en Casamance et s’est éteint en 1974. Il s’est très trop illustré comme un bon élève dans « l’art du Jaliya » (griot : chant et jeu de la kora) pour vite devenir un vrai « korafola » (joueur de kora). Ses prestations remarquables lors des cérémonies familiales assurent sa promotion juste sir le plan international. Son nom se propage sur tout l’espace sénégambien et l’amène à s’installer au Sénégal où il devient le griot attitré de faits marquants de l’histoire de la Casamance, à travers une émission de Radio télévision sénégalaise (RTS) en langue mandingue animée par El Hadj Moctar Diallo. Il est connu pour ses titres fétiches comme « Massané Cissé », « Keléfa », ou encore « Kantintin », et suscite l’admiration d’éminentes personnalités, à l’image de Léopold Sénégal Senghor, président du Sénégal de l’époque et même de la reine d’Angleterre Elisabeth II.
La notoriété internationale se concrétise en 1967 avec ses interprétations de « Bambo Bodian », une chanson en l’honneur d’un riche bienfaiteur. Mais, c’est surtout « Coura Mbissane », un tube inédit chanté en duo avec Rokhaya Dieng, qui le propulse au firmament. Dans ce produit, il adapte pour la première fois, le « djembesseng » à la kora, ces polyrythmies mandingues très envoutantes avec la complicité du djembé. Deux ans après sa participation au premier Congrès d’Etudes Mandingues à Londres en 1972, Lalo Kéba Dramé, le génie de la kora disparaît tragiquement.
L’album Hommage à Lalo Kéba Dramé, sorti en 1979 à titre posthume cinq ans après, est un véritable classique dans le répertoire de la musique mandingue de kora. Les inconditionnels ont pu l’écouter encore dans, African Pearls vol.4 : The Teranga Spirit, une belle compilation produite en 2006 par la structure Syllart de feu Ibrahima Sylla en 2006. On y retrouve les ténors, Lalo Kéba Dramé, Labah Sosseh, Ndiaga Mbaye, Soundioulou Cissokho, l’Ensemble lyrique national du Sénégal, les gambiens d’Ifan Bondi…
En outre, ses œuvres sont toujours enseignés à l’Ecole des Arts de Dakar. Par reconnaissance, un mémorial Lalo Kéba Dramé a eu lieu les samedi 31 mai et dimanche 1er juin 2014 à Ziguinchor. Un week-end au cours duquel, ce monument de la tradition orale a été honoré pour services rendus aux siens, avec son instrument fétiche : la kora. C’est un pan important du patrimoine culturel de tout l’espace sénégambien qui y a été revisité. Le souvenir de ce virtuose de la kora, également considéré comme un philosophe, historien et poète, reconnu dans toute la sous-région, a permis de revisiter l’immensité de son œuvre laissée à la postérité.
Ces festivités sont déroulés il y a presque entre moments de prières, conférence et forum sur le rôle qu’a joué le griot dans les sociétés africaines, plus précisément celle mandingue, la place de la kora et ses vertus divertissantes, pacifistes, fédératrices ; mais aussi à travers des veillées culturelles avec la crème des koristes de la région sud. Ce programme est le premier épisode d’une série d’initiatives du genre portées par l’Association culturelle Convergence des cultures (ACCC). Elle a visé à travers ces activités à contribuer à la réhabilitation de la mémoire collective cet illustre fils du patrimoine culturel et historique de la Casamance en particulier et du Sénégal.