«LES ARTISTES SENEGALAIS DE LA MUSIQUE URBAINE SONT TRES ENGAGES»
Palabres avec … MYRENE GOMIS, ARTISTE FRANCO- SENEGALAISE

Artiste franco-sénégalaise ayant évolué en France avant de s’établir au Canada, Myrène a des influences très variées. Elle vogue du Hip Hop au Trap en passant par le Pop/Afrobeat et le R&B. Mais avant tout, elle reste une professionnelle de l’industrie musicale car ayant travaillé pour des artistes de renom depuis l’obtention de son Master en Communication. Cette double casquette lui vaut d’être tout aussi active en gestion business en tant que consultante marketing/experte en développement d’affaires. Myrène séjourne présentement à Dakar pour communier avec ses fans et se ressourcer. Pour renouer avec le public de son pays d’origine, elle a trouvé le bon filon en assurant les premières parties de Wally Seck. Découverte d’une chanteuse de talent qui ambitionne de devenir prophétesse chez elle
Myrène, vous découvrez le public dakarois avec beaucoup de bonheur. Pouvez vous revenir sur votre parcours musical?
Je suis d’origine Manjiack car mes parents sont de la Casamance. Là, je suis très contente d’être au Sénégal. 2019 a été une excellente année pour moi. Parce que tout simplement, elle a été très bénéfique. J’ai sorti mon premier single en début 2019 et c’était la première fois aussi que le public sénégalais s’intéressait à ma musique. Bien que les gens consomment le «Mbalax », j’ai été bien accueillie par le public qui m’a adoptée avec ma musique qui constitue un cocktail d’afrobeat et de toutes les musiques urbaines du hip-hop. De ce fait, je suis hyper contente et satisfaite de l’accueil positif. Les trois dernières semaines étaient des semaines fastes, puisque toutes les personnes de l’industrie de la musique, les médias m’ont accueilli à bras ouvert.
Comment vous vous êtes retrouvée dans l’univers de la musique ?
J’ai débuté ma carrière dans un groupe basé à Paris et dénommé « Diva ». Nous avons fait pas mal de tournées avec le groupe. On a assuré des premières parties avec des artistes qui sont assez connus. En 2012, j’ai sorti mon premier album intitulé « Fable Urbaine » avant de faire une petite pause musicale. C’est en 2016 que j’ai pris le choix d’émigrer au Canada pour des raisons professionnelles, personnelles et musicales. Car je savais que j’aurais eu beaucoup de chance dès lors que la France est un peu compliquée. Et un an après mon arrivée au Canada, certains morceaux qui étaient sortis en 2012 ont commencé à tourner en boucle dans les radios. Très rapidement, j’ai eu à participer à des concours et à glaner des prix. Ce, à l’instar des « Kilimandjaro Music Awards ». Cerise sur le gâteau, j’ai été nominée dans la catégorie meilleure révélation en Amérique du Nord. Parce qu’un de mes titres de ce premier album avait commencé à être diffusé. Ce qui m’a incité à revenir dans la musique et d’être un peu plus active. En 2018, j’ai sorti un premier single intitulé «Reign ». Et c’est ce dernier qui m’a fait découvrir un peu au public sénégalais. Car moi, je chante en anglais, en français, un peu le wolof même si je maîtrise beaucoup plus ma langue maternelle, le Manjack. En fait, ce single m’a valu aussi une deuxième nomination au « Kilimandjaro Music Awards « dans la catégorie meilleure chanson afro urbaine. Donc j’ai gagné le prix de la meilleure chanson afro- urbaine en 2019. C’était un grand plaisir de gagner ce prix parce que le public du Sénégal a beaucoup voté pour moi. Et j’étais vraiment très touchée de faire partie des artistes qui ont récolté le plus de voix toute catégories confondues. Ce, grâce à mes origines. C’est vraiment touchant et je les remercie du fond du cœur. Le deuxième single, « Tombola », un afrobeat, fait son bonhomme de chemin.
Comment avez- vous confectionné ce « link » avec le public sénégalais?
C’est mon manager Am qui est à la base de cette jonction. Il a vite fait de me mettre dans le bain. Il a réussi à organiser cette tournée que j’ai commencée depuis début décembre à Mbour avec deux dates. On était aussi présent au ‘’show of the year’’ de l’artiste Nitt Doff. Et franchement, je suis hyper contente. Mais aussi, je suis plus qu’honorée de faire partie des artistes qui assurent la première partie de Wally Seck. Il y a deux jour (le 24), on était à Thiès, demain soir (aujourd’hui) on sera en Gambie et le 31 prochain au Grand Théâtre pour assurer la première partie. Cela me touche et me va droit au cœur
Pensez-vous poursuivre la collaboration avec tous ces artistes ?
Pour le moment, je n’ai pas envie de les dévoiler. Mais c’est sûr qu’il y aura des collaborations avec des artistes. On a commencé avec l’entourage de Wally Seck. On a des choses intéressantes qui vont venir en 2020. Quant à Waly Seck, c’est à mes yeux un digne représentant de la nouvelle génération. Il fait certes du « Mbalax ». Mais ce que j’aime chez lui, c’est qu’il prend aussi les codes, dans le port vestimentaire. Même la voix qu’il a n’est pas typiquement traditionnelle. C’est une icône populaire qui peut parler à toutes les musiques. La preuve, il fait des plateaux en France. La jeune génération s’identifie à lui, il est traditionnel, mais aussi il est populaire.
Vous êtes originaire de la Casamance, envisagez- vous d’y faire une tournée ?
Franchement, j’aurai adoré aller même en Guinée Bissau. Car il y a la communauté Manjack qui y vit. Mais honnêtement, comme c’est la première fois que je viens au Sénégal, ce n’est pas évident de jouer partout. Parce que du point de vue logistique, on a voulu vraiment tester le terrain. Mais ce n’est pas encore une grosse production. Du coup, on ne peut pas s’engager tout de suite. J’aurai pu aller à ziguinchor avec une bande son, mais je respecte beaucoup la musique pour ça. Je pense que c’est un projet et ça venir. Pour l’instant, je suis hyper contente de me produire ici et d’aller à la rencontre du public. Car on aura beaucoup plus d’opportunités
A quand le prochain album ?
Ça sera pour l’année prochaine. Et ce sera un EP de 5 titres.
Quel sens donnez-vous à l’engagement dans votre musique ?
En termes d’engagement, personnellement, je le commence d’abord au niveau de ma famille. Car pour pouvoir aider une communauté, il faudra commencer par la famille d’abord et après étendre cela. Je cherche toujours à aider mon prochain. Et dans mes projets, je souhaite faire une tournée dans les écoles. Maintenant tout ce qui est relatif à la cause de la femme, c’est quelque chose qui me tient à cœur. Je suis femme indépendante, mais très fière de ma culture. Dès que je suis à l’intérieur, j’oublie tous les codes occidentaux. Ce sont des choses qui me touchent profondément. Parce que chez les « Manjack », il y a des choses qui sont extrêmement taboues. Il y a une manière d’aborder certaines choses. Je suis pour la cause des femmes. Je suis très engagée pour la lutte contre les violences faites aux femmes, mais aussi sur les enfants. Car ce sont eux le socle de la société.
Envisagez-vous de faire du Mbalax ?
(Eclats de rire). Faire du « Mbalax » oui, mais ça se travaille. Je ne peux pas durant une année pourvoir prétendre faire du « Mbalax », car j’ai écouté cette musique. Maintenant, faire un featuring avec Wally Seck, ce n’est pas à exclure. Mais chaque chose en son temps. Et je n’aime pas faire des choses pour le buzz. Et encore, Wally Seck est connu. Si ça doit se faire, ça sera tout naturellement. Et si cela ne se réalise pas, je suis déjà hyper fière d’avoir joué ses premières parties. Et cela montre encore une fois que tout ce qu’on dit sur lui est vrai. C’est un mec très bien.
Vous avez également abordé l’immigration dans vos chansons ?
L’immigration, c’est une problématique. Parce que moi qui vous parle, j’ai un cousin germain qui vivait à Grand Yoff et il était parti. Il est passé par la Lybie. Il a vécu des choses horribles. Pour vous dire que l’immigration nous interpelle tous. Contrairement à d’autres artistes des pays, ici, les artistes chantent de vrais thèmes. Ils sont hyper engagés. C’est le cas de Niit Doff. Bien vrai que j’ai des chansons qui parlent d’amour, mais il n’y a pas que l’amour qui me touche. Mais des thématiques qui nous parlent aussi nous interpellent par la même occasion.
Prévoyez-vous un retour au Sénégal ?
Ça sera pour bientôt puisque des contacts ont été déjà noués. En 2O2O, j’essayerai de passer six mois au Sénégal et les six ailleurs pour commencer autre chose. C’est un point de vue personnel. Ca n’a rien à voir avec la musique. J’ai déjà commencé des actions concrètes pour pouvoir m’établir ici. Car pour moi l’Afrique, c’est l’avenir contrairement à certains pays. C’est vrai ! Il y a beaucoup d’imperfections. Quand on arrive, ça peut être décourageant. Mais lorsque tu es chez soi, le métissage culturel peut permettre de faire beaucoup de choses dans son pays d’origine.