DISSOUDRE L'ASSEMBLÉE NATIONALE, UNE ÉQUATION À MULTIPLES INCONNUES
Bouleverser le calendrier parlementaire en cours pour renouveler dans l'urgence les élus pourrait coûter des millions aux finances publiques, au moment même où le pays est qualifié d'"en ruines" par le Premier ministre
(SenePlus) - Plus de deux mois après son investiture, le nouveau président de la République Bassirou Diomaye Faye semble déterminé à gouverner avec les coudées franches. Mais pour cela, il souhaiterait disposer d'une majorité parlementaire qui lui fait défaut actuellement. Ce qui expliquerait sa volonté, selon certaines sources proches du pouvoir, de solliciter la dissolution de l'Assemblée nationale. Une option prévue par la Constitution mais qui soulève aujourd'hui de vifs débats.
En effet, comme le rapporte le site d'information Dakaractu, l'article 87 de la loi fondamentale stipule qu'après deux ans de législature, le chef de l'État peut prononcer la dissolution par décret, après avis du Premier ministre et du président de l'Assemblée. Mais selon Cheikh Oumar Sy, ancien député interrogé par Dakaractu, le timing pose problème. "Le président avait toute latitude depuis juin pour saisir le Conseil constitutionnel mais maintenant, le débat sur la déclaration de politique générale s'est imposé", relève-t-il.
Autre voix dissonante, Samba Dang, député de l'opposition Yewwi Askan Wi, préfère se conformer à la loi qui régit la procédure en cours de saisine du Conseil. Néanmoins, en tant qu'observateur averti, il estime qu'il faut "respecter la clameur populaire" qui a porté le président au pouvoir.
Mais les choses ne sont pas si simples. Car comme le souligne Cheikh Oumar Sy, "le pays est en ruines" dixit le Premier ministre lui-même. Organiser des élections avant le vote du budget risquerait donc de grever davantage les finances de l'État. Mieux vaudrait, selon l'ancien député, achever la session parlementaire entamée.
D'autres voix s'élèvent aussi pour appeler à éviter la précipitation et favoriser la concertation. Ainsi pour Sanou Dione, député non-inscrit cité par Dakaractu, la saisine du Conseil par le chef de l'État "peut éviter les conflits".
Quelle issue à ce débat qui soulève des interrogations sur l'opportunité économique et politique d'un tel scénario ? L'avis des « sages » du Conseil constitutionnel, attendu prochainement, sera déterminant. Et devra résoudre l'équation délicate d'un équilibre entre volonté présidentielle et continuité de l'action parlementaire, dans l'intérêt supérieur du pays.