D'UN LEADERSHIP AFFIRMÉ À UN RECUL PERCEPTIBLE
Porté par le charisme de ses dirigeants et la compétence de ses diplomates, le Sénégal a longtemps brillé sur la scène internationale. Comment expliquer son effacement progressif et quelles stratégies pour reconquérir son statut ?

Dès son accession à l'indépendance en 1960, le Sénégal s'est imposé comme un acteur majeur de la diplomatie africaine et internationale. Que ce soit sur le plan politique, culturel, sportif ou militaire, le pays a longtemps joué un rôle central dans de nombreuses institutions et démarches diplomatiques. Cependant, force est de constater que cette influence semble s'effriter au fil du temps. Faut-il s’en inquiéter ? En tout cas, le pays ne cesse de perdre de son influence dans les relations internationales. De l’ONU au CIO, en passant par le FAO, la BAD, la Francophonie, notre pays peine désormais à se faire une place au soleil. La défaite de Abdoulaye Bathily à la Commission de l’Union africaine, de Me Augustin Senghor au Conseil de la Fifa ou encore celle de Seydina Oumar Diagne au poste de secrétaire général de l’ACNOA inquiètent plus d’un. Surtout à quelques mois de la désignation du président du BAD où l’ancien ministre de l’Economie et du Plan, Amadou Hott est en lice.
Leopold Sédar senghor : les débuts flamboyants d’une diplomatie active
Indépendant en 1960, comme de nombreux pays africains francophones, le Sénégal, sous la présidence de Léopold Sédar Senghor, a bénéficié d’un rayonnement international notable. Intellectuel reconnu, Senghor a su positionner par lui-même d’abord, le Sénégal comme un modèle de stabilité et de dialogue et puis en choisissant et en nommant des figures d’exception à la tête des missions et des institutions diplomatiques qui devaient représenter et parler au nom du pays. Fin lettré, son verbe précis et lyrique, portait la voix de l’Afrique dans les cercles de l’Organisation de l’Unité Africaine, l’UNESCO, de la Francophonie et des Nations unies où il a joué un rôle crucial dans la promotion du dialogue Nord-Sud.
Toujours vêtu avec raffinement, il imposait un style empreint d’élégance sobre. Son maintien, droit et digne, renforçait l’image d’un homme d’Etat respecté. Lui, comme ses hommes, par leur prestance, leur éloquence et leur connaissance approfondie des enjeux mondiaux, ont su imposer le respect du Sénégal sur la scène internationale.
Abdou Diouf : la diplomatie pondérée entre continuité et renouveau
Son successeur, Abdou Diouf, se distinguait par sa stature imposante et son style oratoire calme mais percutant. Grand diplomate, il a consolidé le rôle de Senghor et du Sénégal dans les organisations internationales, tout en affirmant une approche plus pragmatique. Il a renforcé l’implication du Sénégal au sein des organisations notamment la CEDEAO et l’UMEOA, tout en jouant un rôle actif dans la résolution de conflits africains.
En Guinée-Bissau, lorsque la guerre civile éclate en 1998, il envoie des troupes pour soutenir le président Vieira, mais comprend vite que la solution doit être politique. Il participe aux négociations qui aboutissent aux accords de Lomé et d’Abuja, mettant fin aux hostilités.
Au Rwanda, face au génocide de 1994, il plaide pour une intervention africaine et soutient les missions de paix onusiennes. En Gambie, après le coup d’État de Yahya Jammeh en 1994, il privilégie le dialogue et la coopération plutôt qu’une confrontation. En Côte d’Ivoire, il appuie les efforts de médiation de la CEDEAO après le putsch de 1999 appelant à une transition démocratique.
Abdou Diouf a fait de la médiation et du multilatéralisme les piliers de la diplomatie sénégalaise, renforçant l’image du Sénégal comme un acteur de paix en Afrique. Par ailleurs, son engagement en faveur de la Francophonie s’est illustré par la consolidation de l’Organisation internationale de la Francophonie, qu’il dirigera après son départ du pouvoir.
Abdoulaye Wade : l’orateur flamboyant d’une diplomatie de rupture et d’ambition
La diplomatie sénégalaise, avec l’arrivée au pouvoir de Abdoulaye Wade, prend un tournant marqué par une rupture avec ses prédécesseurs. Il adopte une approche volontariste et pragmatique en cherchant à affirmer le leadership du Sénégal sur la scène africaine surtout.
Sous son impulsion, Dakar devient un acteur majeur dans la promotion du NEPAD (Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique) et des initiatives d’intégration régionale, comme le projet de la Grande Muraille verte. Cependant, leur impact est resté limité par des problèmes de financement, de gouvernance et de mise en œuvre. Selon un rapport de l’ONU en 2020, seulement 4% des objectifs initiaux ont été atteints, causés principalement par un manque de coordination entre les pays mais aussi les conflits et l’insécurité dans certains pays concernés par le projet.
Si l’axe France-Sénégal, pilier de la politique extérieure sous Senghor, est maintenu sous Diouf, Abdoulaye Wade a cherché à diversifier les partenariats et les alliances, en se rapprochant de la Chine, et du monde arabe. Cette diplomatie économique visait à attirer de nouveaux investissements et à réduire la dépendance à l’ancienne métropole.
Wade diversifie les alliances, se rapprochant de la Chine, des États-Unis et du monde arabe, en réduisant la dépendance à la France. Il n’hésite pas à prendre des positions tranchées, quitte à heurter certains partenaires traditionnels.
Son verbe tranchant, parfois provocateur, mais toujours structuré, lui a valu une reconnaissance sur la scène africaine et mondiale. Son dynamisme et sa vision panafricaine lui ont permis de s’imposer auprès de ses homologues, et dans les discussions sur le financement du développement africain.
Macky Sall : le pragmatisme d’une diplomatie d’influence et de stabilité
Plus mesuré et pragmatique, Macky Sall s’est inscrit dans la continuité d’une diplomatie sobre mais efficace. Héritier d’une tradition diplomatique sénégalaise marquée par l’engagement multilatéral sous Senghor, la médiation sous Diouf et l’activisme audacieux sous Wade, Macky Sall a su forger son propre style dans une diplomatie stratégique entre influence et équilibre et pragmatisme. En misant sur la stabilité, il a consolidé l’image du Sénégal comme un pôle d’équilibre en Afrique (surtout dans la sous-région). En 2022, en sa qualité de président de l’Union Africaine, il incarne cette volonté de faire entendre la voix du continent sur les grandes questions mondiales, notamment face à la crise qui oppose la Russie et l’Ukraine et milite pour des réformes dans la gouvernance mondiale.
Il renforce également les liens avec les partenaires traditionnels (France, UE) tout en maintenant l’ouverture de Wade vers la Chine et y ajoute la Turquie et les pays du Golfe. Son pragmatisme l’amène à entretenir des relations équilibrées entre puissances occidentales et émergentes, positionnant le Sénégal comme un interlocuteur respecté
Cependant, sa diplomatie ne se limite pas à la politique : il met l’accent sur les enjeux économiques, attirant les investissements dans les infrastructures, le gaz et le pétrole.
Bassirou Diomaye faye : une diplomatie en apprentissage
Depuis son investiture le 2 avril 2024, Bassirou Diomaye Faye, cinquième président du Sénégal, suscite des interrogations quant à sa stature et son aura diplomatique comparées à celles de ses prédécesseurs. Son parcours, bien que remarquable, diffère considérablement de celui des figures historiques qui ont marqué la diplomatie sénégalaise. Cependant, son expérience sur la scène internationale reste encore limitée où il s’efforce de s’imposer.
Il a entrepris une série de visites diplomatiques visant à renforcer « les relations bilatérales et la coopération régionale ». Ses déplacements l’ont conduit dans plusieurs pays africains (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Guinée Bissau, Côte d’Ivoire, Ghana, Nigéria), bien que les détails des accords n’aient pas été rendus publics
En juin 2024, Bassirou Diomaye Faye a effectué sa première visite officielle hors du continent africain en se rendant en France pour participer au Forum mondial pour la souveraineté et l’innovation vaccinales et a rencontré le président Emmanuel Macron. Les discussions ont porté sur l’avenir des relations entre les deux pays, mais aucun accord spécifique n’a été annoncé publiquement.
En juillet 2024, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a nommé le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, en tant que médiateur pour faciliter le dialogue avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), à savoir le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Il n’a pas réussi à les faire revenir sur leur décision
En décembre 2024, le président Faye a entrepris une tournée au Moyen-Orient, en se rendant aux Émirats arabes unis et au Qatar. Aux Émirats, les discussions ont porté sur les partenariats économiques et d’investissements dans les infrastructures sénégalaises. Au Qatar, il a « participé au Forum de Doha », renforçant ainsi les liens diplomatiques et explorant des opportunités de coopération dans les secteurs de l’énergie et de l’éducation.
En visite officielle en Chine, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a conclu des « mémorandum d’entente, sur les échanges et la coopération dans le domaine du développement économique, sur la coopération dans le domaine de l’information et de la communication, sur la promotion de la coopération en matière d’investissement dans le développement vert ».
Lors de la 79 session de l’Assemblée générale des Nations Unies, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a délivré un discours marquant, appelant à « une refonte des responsabilités collectives pour un monde plus juste et équitable ». En dénonçant les ingérences étrangères au Sahel, il a déclaré : « Nous ne pouvons pas accepter que le Sahel devienne le théâtre de rivalités de puissances étrangères. »
Des diplomates de renom : la base d’une diplomatie d’excellence
Au-delà des chefs d’État, des diplomates et des hommes d’Etat charismatiques ont marqué les esprits par leur maîtrise parfaite de la rhétorique et des enjeux globaux. Leur aisance en français, en anglais, en arabe, leur civilité, leur tenue, alliées à une parfaite connaissance des dossiers africains ou non, leur ont conférés un rôle central dans les négociations de paix et les discussions internationales
Doudou Thiam, formé en droit, premier ministre des Affaires étrangères du Sénégal, imposait déjà cette stature, alliant port altier et regard perçant. Son successeur, Assane Seck, maîtrisait également l’art du verbe et du maintien, renforçant la réputation sénégalaise de diplomates charismatiques
Dans les années 1970 à 1980, la question sahélienne devint centrale. Assane Seck et ses successeurs durent gérer les défis posés par la désertification et l’insécurité alimentaire, plaidant pour une solidarité internationale accrue, réclamant un soutien concret pour le développement durable du Sénégal et de la région
Au fil des décennies, cette distinction ne s’est pas démentie. Moustapha Niasse, avec son éloquence légendaire, savait capter l’attention de ses homologues par une gestuelle mesurée et une voix posée et maniait le verbe avec une précision chirurgicale, ne laissant pas de faille dans ses plaidoyers. Jacques Baudin, poursuivait cette tradition, incarnant un Sénégal raffiné et respecté.
Ibrahima Fall, diplomate et juriste chevronné, impressionnait par sa clarté d’expression, capable d’argumenter avec rigueur et passion dans les arènes internationales. Il a occupé le poste de Sous-Secrétaire général aux affaires politiques à l’ONU. Auparavant, de 1992 à 1997, il a assumé les fonctions de Sous-Secrétaire général aux droits de l’homme et de Directeur du Centre pour les droits de l’homme à Genève. Il a également été Secrétaire général de la Conférence mondiale des Nations Unies sur les droits de l’homme qui s’est tenue à Vienne en 1993
Aïssata Tall Sall n’a pas dérogé à la règle, apportant l’assurance et l’affirmation du leadership féminin. Nommée ministre des Affaires étrangères en 2020, a apporté une touche nouvelle à la diplomatie sénégalaise. Avocate chevronnée, elle s’est imposée par son éloquence et sa maîtrise des enjeux internationaux. Son passage à la tête de la diplomatie sénégalaise a renforcé la visibilité du pays et confirmé son rôle en Afrique de l’Ouest et au sein des grandes institutions internationales.
Une présence affirmée dans les instances internationales
Depuis plus de 50 ans, le Sénégal préside le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien, créé en 1975 par l’ONU. Un soutien réaffirmé sous Senghor et Diouf, mais plus nuancé sous Macky Sall, notamment après son discours de l’Aïd El-Fitr 2017, qui a semé le doute sur la position jusque là tranchée du Sénégal.
Autre figure marquante, Cheikh Boubacar Fall (1923-2006), premier PDG d’Air Afrique (1961-1973), un ingénieur formé à Supélec, connu pour sa rigueur et sa vision. Dans une interview accordée à Sud Quotidien, en décembre 2017, Falilou Kane dit de lui : « Cheikh Boubacar Fall, largement en avance sur son temps qu’il aurait pu s’il avait été américain, devenir un Rockefeller. Sa capacité d’anticiper et son ouverture d’esprit lui ont permis en très peu de temps, de créer une nouvelle compagnie. Air Afrique qui s’est hissée au 18ème rang mondial. Travailleur infatigable entre 1962 et 1971, la compagnie qu’il a mise sur les fonts baptismaux, volait haut et était la première compagnie aérienne multinationale au monde, bien devant la Sas (Scandinavian Air System) commune aux pays nordiques ».
Falilou Kane, ancien ambassadeur, a été le Secrétaire général de l’Organisation Commune Africaine et Malgache (OCAM) de 1968 à 1974, qu’il considère comme la pionnière de l’intégration africaine. Auteur de « Vue d’aigle sur la diplomatie sénégalaise de 1960 à nos jours » (Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal en coédition avec NENA, 2010), il y raconte les sommets de l’OUA, les sessions de l’ONU, mais aussi les réunions des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) dans leurs relations avec l’Union européenne,.
Jacques Diouf (1938-2019) a dirigé la FAO de 1994 à 2011, marquant de son empreinte la lutte contre la faim. Babacar Ndiaye (1936-2017), économiste sénégalo-guinéen, a présidé la BAD (1985-1995), jouant un rôle clé dans son rayonnement international.
Le juge Kéba Mbaye, a siégé à la Cour internationale de Justice (1981- 1990). Il est l’un des symboles de cette présence. D’autres figures emblématiques comme Abdoulaye Bathily, qui a occupé plusieurs postes de haut niveau. Envoyé spécial de l’Union africaine à Madagascar, en Centrafrique, il a, pour le compte des Nations Unies (entre 2013 et 2024, été représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies au Mail, en Afrique Centrale, en Lybie), témoignent du leadership diplomatique du pays.
Le rôle du Sénégal dans les grandes organisations internationales fut un cheval de bataille permanent. L’adhésion aux principes du non-alignement, le soutien aux causes africaines, la promotion du dialogue Nord-Sud furent portés haut et fort par ces hommes. Sa posture comme médiateur dans les crises africaines a également marqué son influence diplomatique. Dakar a régulièrement servi de plateforme pour les négociations de paix, notamment dans les conflits au Liberia, en GuinéeBissau… La diplomatie sénégalaise s’est souvent illustrée par sa capacité à établir des ponts entre différentes parties prenantes en conflit.
Le prestige du Sénégal, petit pays mais grande nation diplomatique, leur doit une part essentielle de son éclat.
Le rayonnement sénégalais dans le sport mondial
Le Sénégal a également marqué son empreinte dans la diplomatie sportive grâce à plusieurs figures emblématiques. Kéba Mbaye, ancien président du Comité international olympique (CIO) et du Tribunal arbitral du sport (TAS), a joué un rôle clé dans la gouvernance du sport mondial en veillant à l’éthique et à l’équité dans le sport international. Vice-président du CIO (1988-1992, puis 1998-2002), il a dirigé plusieurs commissions stratégiques, dont Apartheid et olympisme (1989 -1992), la Commission juridique (1993- 2002) et la Commission d’éthique (1999). Son engagement a façonné la gouvernance du sport international.
Lamine Diack, qui a dirigé la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF) pendant plus d’une décennie (1999-2015), a contribué à la promotion de l’athlétisme à l’échelle mondiale, malgré les controverses qui ont marqué la fin de son mandat.
Mamadou Diagna Ndiaye, membre influent du CIO et président du Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) (depuis 2007, a joué un rôle central dans l’obtention des Jeux Olympiques de la Jeunesse 2026 par Dakar, une première pour l’Afrique. Sans occulter le seul et unique médaillé d’argent aux Jeux olympiques de Seoul en 1988, El Hadji Amadou Dia Ba.
Le soft power sénégalais a travers la culture et les arts
Au-delà de la politique et du sport, la culture a été un puissant levier de la diplomatie sénégalaise. Le cinéma sénégalais, avec des figures de proue comme Ousmane Sembène, a marqué l’Afrique et le monde entier. Ses films, tels que Borom Sarret (1963) et Xala, (1975) sont étudiés dans les écoles et festivals internationaux, renforçant ainsi le rayonnement du pays.
Le Festival Mondial des Arts Nègres, organisé en 1966, a marqué un tournant sur le plan diplomatique. Il a offert au Sénégal, nouvellement indépendant une tribune internationale pour affirmer sa culture et celle de l’Afrique à revendiquer leur rôle dans le dialogue des civilisations. Il a également renforcé les liens entre les pays africains et leurs diasporas, notamment les intellectuels afro-américains venus en soutien à la cause panafricaine.
Par ce festival, Senghor a imposé la négritude comme un pilier de la diplomatie culturelle sénégalaise, ouvrant la voie à une reconnaissance internationale des arts africains et à une coopération culturelle renforcée avec l’UNESCO notamment, qui plus tard, en a nommé Amadou Mahtar Mbow sous-directeur en 1970. Elu en 1974 et réélu en 1980, il quitta ses fonctions en 1987.
Les écrivains sénégalais ont également brillé sur la scène internationale. Boubacar Boris Diop s’est vu décerné le Grand Prix de la Littérature Africaine en 2000. Dans un article qui lui est consacré, le journal Le Point a titré : « Boubacar Boris Diop ou le panafricanisme littéraire » (mars 2024).
Le prix Goncourt a été décerné à Mohamed Mbougar Sarr en 2021 pour La Plus Secrète Mémoire des hommes, un exploit qui a mis en lumière la vitalité littéraire sénégalaise.
Avant eux, les œuvres de Cheikh Hamidou Kane (L’Aventure ambiguë (1961) ) et de Mariama Bâ (Une si longue lettre ((1971)), d’Abdoulaye Sadji (Maïmouna (1953) Nini, mulâtresse du Sénégal (1954), Sembene Ousmane (Le Docker Noir (1956) Les bouts de bois de Dieu (1960) , Aminata Sow Fall (L’appel des arènes (1982) qui a reçu le prix international pour les Lettres africains (1982) sont intégrées dans les programmes scolaires de plusieurs pays africains, témoignant de l’influence intellectuelle du Sénégal.
En arts plastiques, Ousmane Sow a marqué les esprits avec ses sculptures monumentales, exposées dans le monde entier, notamment sur le Pont des Arts à Paris Ses œuvres, inspirées de l’histoire africaine et de figures emblématiques comme Nelson Mandela, ont contribué à la reconnaissance de l’art sénégalais à l’international
Il en est de même de Ndary Lo (1961-2017), sculpteur lui aussi reconnu pour son travail sur les figures élancées en métal, souvent inspirées par la marche et le mouvement. Son art reflète des thématiques profondes comme la migration, la condition humaine et l’identité africaine. Lauréat de plusieurs prix, il a marqué la scène artistique contemporaine africaine.
Solly Cissé peintre et plasticien sénégalais mêle dans son travail, abstraction et figuration, explorant des sujets tels que la mémoire, l’urbanisation et les mutations sociétales. Il utilise des couleurs vives et des formes dynamiques pour exprimer des réalités culturelles et sociales complexes. Il est l’un des artistes sénégalais les plus en vue sur la scène internationale.
La musique n’est pas en reste, avec des artistes comme Youssou N’Dour, qui a utilisé sa notoriété pour promouvoir la culture sénégalaise et s’engager dans des causes humanitaires. Son album Egypt (2004) a remporté un Grammy Award, confirmant son statut d’ambassadeur musical du Sénégal.
Un recul progressif de l’influence sénégalaise ?
Malgré cet héritage prestigieux, plusieurs observateurs constatent un recul de l’influence sénégalaise sur la scène diplomatique. Aujourd’hui, peu de Sénégalais occupent des postes clés dans les grandes institutions internationales. Le pays semble moins actif dans les initiatives de médiation diplomatique, un domaine où il était autrefois incontournable, notamment dans la résolution des conflits en Afrique de l’Ouest.
Ce recul peut s’expliquer par plusieurs facteurs. D’une part, la multipolarisation du monde a vu l’émergence de nouveaux acteurs influents en Afrique, comme le Nigeria, l’Afrique du Sud et le Rwanda, qui ont su mieux positionner leurs cadres dans les institutions internationales. D’autre part, les défis internes du Sénégal, notamment économiques et politiques, ont pu affecter sa capacité à maintenir une politique étrangère proactive.
Quels leviers pour une relance diplomatique ?
Pour retrouver son influence d’antan, le Sénégal pourrait miser sur plusieurs axes stratégiques. Le renforcement de la diplomatie économique est essentiel, en attirant davantage d’investissements étrangers et en promouvant les entreprises sénégalaises à l’international. La formation et l’accompagnement de jeunes diplomates pourraient également permettre au pays de réinvestir les institutions internationales. Le contexte international actuel exige des compétences diplomatiques aiguisées. Les questions de sécurité régionale, les enjeux économiques liés à la mondialisation et les défis environnementaux nécessitent une présence active sur la scène internationale.
Enfin, la valorisation du soft power sénégalais, notamment à travers la culture, le sport et l’innovation, pourrait redynamiser l’image du pays à l’échelle mondiale. Le Sénégal dispose d’atouts indéniables qu’il lui revient de mobiliser pour retrouver sa place de leader sur la scène diplomatique internationale.