ET LE BILAN IMMATERIEL, MONSIEUR LE PRÉSIDENT ?
A deux mois de son départ, Macky Sall s'est félicité de ses réalisations matérielles mais n'a pas évoqué son bilan sur les réformes institutionnelles promises. Un angle mort regretté au vu des attentes suscitée
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A deux mois de son départ du pouvoir, le président de la République s’est adressé à la nation à travers son traditionnel discours de fin d’année, celui de ce dimanche 31 décembre 2023 devant être son tout dernier.
Au cours de celui-ci, il a dressé un bilan de ses réalisations dans tous les secteurs de la vie nationale particulièrement les infrastructures, l’hydraulique, l’énergie, l’éducation, la santé, les transports, l’agriculture, la jeunesse avec la lancinante question de l’emploi et la culture etc. S’il a été très prolixe s’agissant de ses réalisations dans ces domaines, il ne s’est guère étendu, en revanche, sur son bilan au plan immatériel.
Pourtant il était très attendu à ce niveau compte tenu de ses promesses faites au temps où il était dans l’opposition lorsqu’il disait vouloir se faire élire pour apporter des réformes profondes pour le rétablissement de la démocratie et de l’État de droit. Une démocratie et un Etat de droit dont il disait qu’ils étaient piétinés par le pouvoir d’alors… .auquel il avait appartenu et dont il avait été un des piliers.
Au cours d’une émission sur la télévision 2s TV en 2011, il déclarait que «Le but de tout gouvernement est de satisfaire les besoins de ses populations. Moi président de la République, je mettrai l’accent non pas sur les dépenses somptueuses et de prestige puisqu’il y a plus urgent. On retient de Mandela sa grandeur dans l’âme et de Diouf le grand démocrate avec l’élection de 2000 quand il a appelé son adversaire pour le féliciter et il est parti la tête haute. On ne juge pas un chef d’état sur les kilomètres de route ou sur les échangeurs construits».
Or, voilà exactement à quelle aune il demande à être jugé au terme de ses 1é ans de magistère ! Poursuivant dans cette même dynamique euphorique de promesses électorales qui n’engagent que les idiots qui y croient, il avait promis une fois élu de s’atteler à «faire de sorte que l’injustice puisse être bannie. Je serai extrêmement engagé sur la problématique de l’État de droit mais aussi la construction de la transparence et de l’État de droit».
Partant de là, on aurait souhaité avant son départ qu’il nous fasse le bilan de ces promesses et dise ce qu’il y a apporté comme valeur ajoutée dans le domaine de la démocrate et de l’Etat de droit. Si ses trois prédécesseurs ont eu à apporter leur contribution dans la construction de la démocratie sans laquelle aucune nation ne peut se prévaloir de réaliser le développement économique et la paix sociale, il n’en demeure pas moins que c’est de lui qu’on espérait qu’il en fasse plus au vu de la manière dont tous ces fondamentaux de l’Etat de droit ont été piétinés sous le « règne » du président Abdoulaye Wade.
On attendait de lui qu’il répare les innombrables dégâts causés par ce dernier. N’ayant guère abordé le bilan immatériel dans son dernier discours à la Nation du 31 décembre, que va-t-on alors retenir de lui après son départ ? De nous avoir légué un Etat fort ainsi qu’une démocratie renforcée ? On aimerait bien savoir surtout à l’endroit des futures générations lorsque nous serons interpellés pour leur parler de son passage à la tête de la nation. Rien que pour ça nous avons toutes les raisons de rester sur notre faim. Que faut-il retenir de son bilan sur la liberté de la presse, le traitement de l’opposition, l’indépendance de la justice, la dépolitisation de l’administration, la fin de l’impunité et du népotisme, l’application du droit de manifester, la transparence dans le processus électoral, les arrestations arbitraires, la gestion des deniers publics... De tout ceci, le chef de l’État n’a pas voulu s’exprimer pour nous dire à quel niveau il a trouvé ces droits et jusqu’où il les a menés. Peut-être qu’il n’a pas voulu s’y atteler parce que estimant avoir fait mieux que Senghor, Diouf et Wade réunis comme lui et ses partisans aiment souvent nous le rappeler lorsqu’il s’agit de dresser son bilan au plan matériel. Seulement voilà, pour les Sénégalais, le volet immatériel est tout aussi important, sinon plus, que le bilan matériel. Et à ce niveau, hélas, il n’est pas sûr que le président Macky Sall réussisse à avoir seulement la moyenne — c’est-à-dire 10 sur 20 — si nos compatriotes étaient appelés à le noter.