FACE AUX EXTRÊMES, UN PROJET D'OUVERTURE
EXCLUSIF SENEPLUS - Un repli nationaliste ferait exploser les tensions au sein de la société et ruinerait l'image internationale de la France. Le combat de ma vie se résume en un mot : la méritocratie républicaine - ENTRETIEN AVEC SAMIRA DJOUADI
Face à la montée des extrêmes, Samira Djouadi porte l'étendard du rassemblement et de l'ouverture dans le cadre des législatives des 30 juin et 7 juillet 2024 en France. Cette candidate d'Ensemble pour la République de la 9e circonscription comptant 16 pays du Maghreb et de l’Afrique Ouest dont le Sénégal, entend bien représenter au Parlement toute la diversité des Français établis à l'international. Elle lève, dans cette interview accordée à SenePlus, un coin de voile sur son programme qui promeut entre autres, une société de la réussite par le mérite et l'emploi.
SenePlus : Quels sont, selon vous, les principaux risques pour la France si l'extrême droite parvient à accéder au pouvoir lors des prochaines élections législatives ?
Samira Djouadi : La France, pays présent sur cinq continents, membre permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies, mère de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen, berceau de la francophonie perdrait son âme en perdant ses valeurs universelles. Un repli nationaliste ferait exploser les tensions au sein de sa société et ruinerait son image internationale. En outre, le programme économique du Rassemblement National (RN) est délirant et conduirait à une grave détérioration du pays tant pour le niveau de vie de ses habitants, que pour ses exportations et sa capacité d’innovation la condamnant à un déclin irréversible. Enfin, la menace sur la binationalité constituerait une rupture d’égalité majeure entre citoyens et un déchirement au sein même de nombreuses familles, particulièrement dans notre circonscription.
Vous mentionnez dans votre plateforme une "mobilisation électorale" contre les forces extrémistes. Quelles actions concrètes proposez-vous pour encourager cette mobilisation parmi les Français de l'étranger ?
Dans un premier temps, il faut déjà convaincre les Français qui refusent les extrêmes de voter. Rien n’est joué. Aux dernières législatives, seul 10% de l’électorat s’est exprimé. Beaucoup d’entre eux ne se sentaient pas concernés. Aujourd’hui c’est différent. Contre une extrême droite qui menace de remettre en cause la binationalité et une extrême gauche qui voit les Français de l’Etranger comme des exilés fiscaux à imposer deux fois, la composition de l’Assemblee nationale au soir du 7 juillet sera cruciale. Le risque de bascule vers l’une de ces deux extrêmes est réel. Au-delà des divergences entre les autres sensibilités républicaines, il est temps de se rassembler pour légiférer différemment : davantage de concertation et de consensus. Je sais que le président l’a compris, la majorité sortante aussi et c’est pour cela qu’elle a appelé une personnalité comme la mienne, nouvelle en politique, mais forte d’une expérience de travail en ouverture d’esprit axée sur les résultats. Mais la tâche ne fera que commencer avec l’élection. C’est le lendemain qu’il faudra engager, et pour cinq ans, la rédaction de propositions de loi qui amélioreront la vie des Français au delà des clivages politiques. Plutôt qu’une liste d’actions, c’est ma méthode qui fera ma singularité en s’appuyant sur la consultation constante de mes électeurs pour enrichir le débat parlementaire de la vie quotidienne des Français de la circonscription.
Comment envisagez-vous de renforcer les liens entre les Français de l'étranger et leur patrie tout en contrant les discours de division prônés par l'extrême droite ?
Tout d’abord en m’attaquant aux problèmes spécifiques des Français de l’Etranger : en un mot, il s’agit de rétablir l’égalité républicaine pour assurer qu’ils retrouvent les mêmes droits que leurs compatriotes de l’hexagone : école, santé, sécurité, démarches administratives, attache hexagonale, installation et retour sont des priorités. Ensuite, le combat de ma vie se résume en un mot : la méritocratie républicaine. Si la réussite de chacun est possible grâce à son mérite quelle que soit son origine dans une société de retour au plein emploi, l’extrême droite se réduira à son niveau résiduel historique sous les 5%. La meilleure façon de contrer les discours, ce sont les actions qui donnent des résultats.
En tant que femme franco-marocaine, vous représentez l'unité dans la diversité. Comment prévoyez-vous de promouvoir cette diversité et de lutter contre la xénophobie et le racisme dans l'Assemblée nationale ?
La xénophobie et le racisme sont présents d’abord dans la société tout entière, pas seulement à l’Assemblée nationale. Votre question pourrait laisser penser que je suis 50% Française et 50% Marocaine. En fait, je suis 100% Française et 100% Marocaine. Comme je suis 100% Européenne et 100% Africaine. Et notre circonscription est remplie d’hommes et de femmes comme moi. C’est non seulement en les représentant mais aussi en promouvant leurs initiatives que nous monterons à la France que nous incarnons des solutions et non des problèmes.
Votre programme insiste sur l'importance de représenter équitablement les voix marginalisées. Quelles sont vos principales initiatives pour assurer une représentation juste et équitable de ces groupes au niveau national ?
Ce n’est pas parce que c’est plus difficile que c’est impossible. Une voix marginalisée a besoin de plus de volonté qu’une autre pour qui le chemin est tout tracé. Tout part de la volonté et il est essentiel, par l’écoute réelle de ceux qui se sentent vus comme des marginaux, de leur prouver qu’ils ont leur chance. Pour cela, il faut d’abord sanctionner sans faiblesse par la loi toutes les discriminations. Le « testing » devra entrer dans la loi et cela est inscrit dans notre programme. Ensuite, la culture, l’éducation et la formation continue devront traverser les territoires. J’ai cette expérience au travers de mes actions associatives. Faire de la politique autrement c’est faire travailler ensemble le secteur public, le secteur privé et le secteur associatif. Autant dans l’hexagone qu’à l’étranger. Cela peut paraître utopique mais ça ne l’est pas. Pour une raison simple : parce que ce n’est pas une question budgétaire (et c’est l’argent qui nous manque) mais une question d’habitudes. La démagogie consisterait à vous dire qu’on va augmenter les dotations de l’État sans augmenter la fiscalité. Je laisse ce type de promesses à la démagogie des extrêmes. Il est temps, vraiment temps, de faire de la politique autrement. J’ai la faiblesse de penser que je peux y arriver parce que je serai ancrée dans le pôle central majoritaire. La dissolution de l’Assemblée a été une surprise, je veux être la surprise de la nouvelle Assemblée.