ISRAËL BOUSCULE L'UNITÉ AFRICAINE
Longtemps unanime dans son soutien à la Palestine, l'Afrique se fissure sous les coups de boutoir de la diplomatie israélienne. Expertise économique, technologies militaires, pressions religieuses: les marges de manœuvre de Tel-Aviv se sont élargies
Depuis plusieurs décennies, Israël mène une offensive diplomatique soutenue pour rétablir et renforcer ses liens avec les pays africains, après la rupture des années 1970 suite à la guerre du Kippour. Si cette politique a déjà porté certains fruits d'un point de vue économique et sécuritaire, elle sème aussi la discorde sur le continent concernant la question palestinienne. En s'appuyant sur des informations fournies par le site d'information en ligne XXL, cet article propose d'analyser l'impact de l'offensive israélienne et les risques qu'elle fait peser sur l'unité historique de la politique étrangère africaine sur ce dossier.
Dès les années 1950 et 1960, profitant de l'accession à l'indépendance des nouveaux États africains, Israël s'était lancé dans une politique de "diplomatie périphérique" visant à étendre son influence sur le continent. "Guidé par sa « doctrine de diplomatie périphérique », axée sur le développement de liens étroits avec les pays musulmans non arabes, Israël a immédiatement commencé à courtiser les dirigeants des nouveaux États en envoyant des experts dans les domaines de la technique, de l’éducation, de la construction et de l’agriculture, issus du Centre de coopération internationale du ministère des Affaires étrangères", rapporte XXL. Cette stratégie a porté ses fruits puisque, selon le site, "très peu d’États africains peuvent prétendre ne pas devoir leur développement post-indépendance à la contribution de l’aide et de l’expertise israéliennes dans différents domaines".
Toutefois, la guerre des Six Jours en 1967 a fait basculer la majorité des pays africains dans le camp adverse, choqués par le traitement réservé aux Palestiniens. Mais depuis les années 1980, Israël a redoublé d'efforts pour renouer le dialogue. S'appuyant sur une diplomatie combinant aide économique et sécuritaire, Tel-Aviv est parvenu à rétablir des liens officiels avec 39 pays africains à la fin des années 1990.
Ces dernières années, l'offensive d'Israël s'est encore intensifiée sous l'égide du Premier ministre Benyamin Netanyahu. Comme le souligne XXL, sa politique africaine repose sur le commerce, l'aide au développement et le renforcement des capacités de défense, via la fourniture massive d'armements. Or, c'est précisément sur ce dernier point que les critiques sont les plus vives. En effet, "les technologies militaires israéliennes pour la surveillance, la collecte de données et la cyberguerre font office de véritable aimant pour les États africains", constate XXL. Le site fait notamment référence au controversé logiciel espion Pegasus, vendu à de nombreux régimes du continent et utilisé contre l'opposition.
Par ailleurs, l'influence croissante du christianisme évangélique pentecôtiste en Afrique, "un soutien solide du sionisme" selon le site, a permis à Israël de gagner en popularité auprès des opinions publiques. Au Nigeria par exemple, les évangéliques "ont formé un bloc électoral important" favorable à Tel-Aviv.
Résultat, entre les dividendes économiques et sécuritaires tirés de cette coopération d'un côté, et les pressions religieuses et idéologiques de l'autre, l'offensive israélienne a réussi à faire évoluer les positions de nombreux États africains sur le conflit israélo-palestinien. Comme le note XXL, trois camps se sont aujourd'hui formés sur le continent : pro-israélien, pro-palestinien et non-aligné.
Cette polarisation grandissante, à rebours de l'unité traditionnelle de vues africaines sur cette question, menace l'intégrité de l'Union africaine selon le site. En divisant les États membres, l'influence croissante d'Israël fragilise la défense des valeurs fondatrices du continent relatives au droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Reste à savoir si cette tendance sera durable ou si l'Afrique saura préserver sa cohésion sur ce dossier stratégique à l'avenir.