LA CANDIDATURE ENTRAVÉE DE DIOMAYE FAYE
Alors que la présidentielle du 25 février approche à grands pas, l'une des principales inconnues reste la capacité d'un des candidats, Bassirou Diomaye Faye, à mener sa campagne depuis sa cellule de détention
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Alors que la campagne officielle pour l'élection présidentielle du 25 février s'ouvrira dimanche, un obstacle majeur risque de priver l'un des principaux concurrents de sa capacité à défendre son programme de manière égale. Bassirou Diomaye Faye, candidat autoproclamé "antisystème", est encore détenu à quelques jours du coup d'envoi des opérations de campagne. Comme le rapporte l'Agence France-Presse (AFP), la justice a de nouveau refusé cette semaine de le remettre en liberté, malgré une demande déposée le 22 janvier dernier.
Secrétaire général du parti d'opposition Pastef, dissous depuis, M. Faye est écroué depuis 2021. Arrêté dans le cadre de la confrontation entre sa formation et le pouvoir en place, il a été inculpé pour outrage à magistrat, diffamation et actes pouvant compromettre la paix publique. Désigné candidat de substitution après l'invalidation de celle d'Ousmane Sonko, chef de file emprisonné de Pastef, M. Faye fait figure de sérieux challenger pour le scrutin, en dépit de sa détention.
Or, faute d'une remise en liberté, le candidat risque fort d'être contraint de mener une "campagne virtuelle", selon les termes employés par l'AFP. Privé de déplacements sur le terrain, il pourrait se voir imposer d'importantes restrictions pour défendre sa candidature. Pourtant, les règles de la régulation audiovisuelle prévoient pour tous les candidats un premier message télévisé obligatoire vendredi ou samedi. M. Faye sera-t-il en mesure d'y participer depuis sa cellule ? Rien n'est moins sûr.
Cette situation soulève de légitimes interrogations quant à l'équité et la transparence du processus électoral. Déjà fragilisé par les disqualifications massives opérées par le Conseil constitutionnel et la pression sur les opposants, le scrutin risque d'apparaître entaché si l'un de ses principaux protagonistes ne peut s'exprimer librement. Les propos du camp Faye dénonçant la "volonté de spolier les droits de tout opposant" prennent dans ce cadre un relief particulier. Ils alimentent les tensions préexistantes autour d'élections présidentielles particulièrement ouvertes et indécises.
Reste à savoir si la justice ou le pouvoir en place assoupliront leur position d'ici dimanche, afin de garantir un traitement égalitaire des candidatures. Sans quoi le maintien en détention de M. Faye constituera une sérieuse entrave à la transparence du débat démocratique. Une ombre qui pourrait durablement setter sur la légitimité du prochain président de la République.