L'APR À L'HEURE DES CHOIX EXISTENTIELS
L'ancienne formation au pouvoir peine à se réinventer dans l'opposition. Entre fidélité à Macky Sall et ralliement derrière Amadou Ba, les cadres sont partagés. La perspective d'élections législatives anticipées accentue l'urgence de définir un cap
(SenePlus) - Désormais dans l'opposition après douze ans aux commandes, les cadres de l'Alliance pour la République (APR) de l'ancien président Macky Sall peinent à se réinventer et à s'accorder sur un nouveau leadership. Comme le rapporte Le Monde, certains affichent encore la fidélité à Macky Sall tandis que d'autres se tournent déjà vers son ancien premier ministre Amadou Ba.
"Certains ont conservé le portrait de l'ancien président Macky Sall comme photo de profil sur WhatsApp, quand d'autres ont déjà tourné la page et affichent désormais celui d'Amadou Ba, son ancien premier ministre et candidat malheureux à l'élection du 24 mars", écrit le quotidien français.
L'ombre tutélaire de Macky Sall plane encore sur le parti qu'il a fondé. "Nous vivons un moment de recomposition politique. Quand les cartes sont rebattues, on révise la stratégie commune, mais il faut aussi compter avec les ambitions de chacun", confie un de ses proches cité par Le Monde, voyant en l'ex-chef d'État "le seul à pouvoir faire taire les batailles d'ego au sein du parti".
Mais une frange de l'APR estime que Macky Sall doit passer la main après sa défaite, rejetant notamment sur lui l'échec d'Amadou Ba à la présidentielle malgré ses 36% des voix. "Il a récolté 36 % des voix, ce n'est pas négligeable", souligne ainsi Abdou Latif Coulibaly, ancien ministre de la Culture et partisan d'Amadou Ba.
Ce dernier, réputé pour son profil technocratique et sa discrétion, reste pour l'heure silencieux. "Amadou Ba n'est pas un tribun, il ne faut pas s'attendre à le voir galvaniser les foules. Il a d'autres qualités", nuance un proche dans les colonnes du Monde.
Des "réunions entre amis" sont néanmoins organisées ces dernières semaines par ses soutiens, à l'instar d'Abdou Latif Coulibaly qui a quitté l'APR en juillet. "Amadou Ba est prêt. Il faut juste s'organiser et chercher les meilleures options", assure-t-il au Monde.
La création d'un nouveau parti politique semble ainsi se profiler pour l'ancien PM, une option que le journaliste Mamoudou Ibra Kane, soutien d'Amadou Ba, juge incontournable : "Il peut faire oublier les difficultés de la fin de mandat de Macky Sall et attirer à lui des libéraux et des progressistes de différents horizons".
Quelle que soit la direction choisie, l'urgence sera de bâtir des alliances solides en vue d'éventuelles élections législatives anticipées dès septembre, un scénario redouté par l'ancien ministre Abdoulaye Saydou Sow : "En tout cas, nous ne pouvons pas nous laisser surprendre".
Au-delà des luttes intestines, ce dernier appelle l'APR à se réinventer en profondeur pour ce nouveau rôle dans l'opposition : "L'APR, comme beaucoup de partis, a été pensé pour l'exercice du pouvoir, pas pour l'opposition. Il faudra la transformer. Nous devons aussi rajeunir nos figures et retourner aux bases militantes pour nous réapproprier des questions politiques laissées de côté".
Un défi de taille pour ces anciens du pouvoir, qui devront s'inspirer de la stratégie gagnante des désormais présidents Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, "qui ont fait émerger de jeunes cadres et de nouvelles thématiques avant de conquérir le pouvoir", conclut Le Monde.