LE GOUVERNEMENT ENTERRE DÉFINITIVEMENT LE PROJET ACWA POWER
Le ministre de l'Hydraulique a confirmé la rupture du contrat liant l'Etat du Sénégal à l'entreprise saoudienne Acwa Power pour la construction d'une usine de dessalement, jugeant ce projet obsolète et trop onéreux
400 mille m3/jour ! C’est ce que l’usine de dessalement d’eau de mer, que l’entreprise saoudienne Acwa Power devait construire, devait apporter à la fourniture d’eau. Ça ne sera plus le cas. Le contrat a été cassé. C’est ce que Cheikh Tidiane Dièye, le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, a annoncé.
Le contrat liant l’Etat du Sénégal et l’entreprise saoudienne Acwa Power, devant déboucher sur la construction d’une usine de dessalement d’eau de mer d’une capacité de 400 mille mètres cubes par jour, a été cassé. C’est le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement qui l’a annoncé. Invité de l’émission «Débat de fond», animée par Momar Diongue sur la 2sTv, Cheikh Tidiane Dièye a expliqué les raisons qui l’ont poussé à rompre ce contrat. «Après analyse, nous nous sommes rendu compte que d’ici 4 ans, le besoin va dépasser 400 mille mètres cubes par jour. C’est une solution courtermiste et chère. En plus, la technique utilisée va se répercuter sur le prix de l’eau. Qui va devenir plus cher pour le consommateur. Il n’y a pas d’étude environnementale pour mesurer l’impact. Sur 30 ans, le Sénégal va verser entre 20 et 40 milliards par année», a détaillé le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement. Pour Cheikh Tidiane Dièye, le projet est une «décision politique de l’ancien président de la République» dont il «ignore l’objectif», car étant signé «seulement 6 jours avant la passation de pouvoir et qui va engager le Sénégal sur 30 ans et contre l’approbation des techniciens sénégalais». Pour autant, Cheikh Tidiane Dièye a anticipé sur les conséquences d’une telle décision. «C’est la meilleure décision pour le pays. C’est le plus important. Les travaux n’ont pas commencé, donc il n’y a pas de préjudice financier. J’en ai parlé avec les autorités saoudiennes. Je les ai rassurées quant à la poursuite de nos relations. On a d’autres projets susceptibles de les intéresser. Nos avocats travaillent actuellement sur le dossier», a-t-il affirmé pour prévenir les éventuelles sanctions qui peuvent découler de cette rupture de contrat.
Faut-il le préciser, dès sa prise de fonction, Cheikh Tidiane Dièye avait annoncé, lors d’une visite de terrain, que le contrat avec Acwa Power allait être revu.
Le contrat, qui prévoyait le financement, la construction et l’exploitation d’une usine de dessalement d’eau de mer sur la Grande-Côte, dans le Pôle urbain du Lac Rose, avait été signé le 27 mars passé, soit 4 jours avant la fin du mandat de Macky Sall. «La signature du contrat entre l’Etat du Sénégal et la société Acwa Power fait partie des choses que nous allons revoir. Nous allons regarder le contenu technique du contrat et le contenu juridique. Nos services ont commencé à l’étudier. On va l’auditer pour voir ce qu’il faut en tirer. Rien ne se fera si ce n’est dans l’intérêt supérieur des Sénégalais. Le besoin en eau est réel. L’ancien régime a pris une option, alors qu’il y en avait plusieurs. Nous allons le regarder, si nous constatons que ce n’est pas la meilleure option pour le Sénégal, nous ne nous gênerons pas à le remettre en question», avait annoncé Cheikh Tidiane Dièye.
La signature du contrat entre l’Etat du Sénégal et Acwa Power est l’achèvement du processus débuté en 2022. Un mémorandum d’entente, matérialisant la volonté des deux parties, a été signé en septembre, suivi de l’accord de co-développement la même année. Il entre dans le cadre de la coopération multidimensionnelle entre la Répu¬blique du Sénégal et le Royaume d’Arabie Saou¬dite. A terme, l’usine devait avoir une capacité finale de 400 000 m3/jour mobilisables en deux phases. Le montant du contrat est de 459 milliards de francs Cfa.