L’ENJEU DU VOTE AUTOUR DES DEUX SYSTÈMES ÉLECTORAUX INDÉPENDANTS
D'un côté, le scrutin majoritaire promet 112 sièges au vainqueur, de l'autre, le système proportionnel offre 53 sièges aux différentes forces politiques. Un mécanisme complexe qui cristallise les débats
Les 7 371 890 millions d’électeurs sont appelés aux urnes le 17 novembre prochain dans le cadre des législatives anticipées pour choisir les 165 députés qui constitueront la 15e législature. Ce choix se fera à travers les systèmes majoritaire et proportionnel qui sont les deux systèmes électoraux indépendants en vigueur au Sénégal, mais aux enjeux contradictoires.
Il ne reste que quatre jours de campagne électorale aux 41 listes de partis politiques, coalitions de partis et entités indépendantes engagées dans la course pour les législatives anticipées du 17 novembre prochain. En effet, c’est le vendredi 15 novembre que prend fin à partir de minuit la campagne électorale en cours pour ces premières législatives anticipées de l’histoire politique du Sénégal. Le dimanche 17 novembre, il reviendra aux 7 371 890 millions d’électeurs répartis dans 16 440 bureaux de vote ouverts dans les 7 048 lieux de vote dont 6 681 sont localisés dans les 46 départements et 367 à l’étranger de choisir les 165 députés qui constitueront la 15e législature. Ce choix se fera à travers les deux systèmes électoraux indépendants en vigueur au Sénégal. Il s’agit du système majoritaire et celui proportionnel avec respectivement 112 sièges dont 97 députés seront élus dans les 46 départements du Sénégal et 15 sièges dans les 8 circonscriptions de la diaspora, couvrant des zones comme l’Afrique du Nord ou l’Europe de l’Ouest et les 53 postes restants choisis sur la base du système proportionnel. Le système de vote majoritaire également appelé en langue locale wolof «raw gaddu ».
Réputé simple et efficace, ce système est appliqué dans le vote au niveau des 46 départements sur le territoire national et les 8 circonscriptions de la diaspora. Il est basé sur la règle de la majorité. Autrement dit, à l’issue du scrutin du 17 novembre prochain, toute liste qui arrive en tête dans l’un des 46 départements ou les 8 circonscriptions de la diaspora, rafle tous les sièges réservés. C’est un système qui permet au parti vainqueur d’avoir une assez grande majorité pour gouverner sans le blocage de l’opposition. Le nombre de sièges à élire pour ce scrutin est déterminé à la veille de chaque élection législative par décret du président de la République et publié par le ministre en charge des élections en tenant compte de la taille de la population de chaque département ou chaque circonscription de la diaspora. Pour ces législatives anticipées du 17 novembre prochain, ce décret portant répartition des sièges de députés à élire au scrutin majoritaire départemental a été publié au journal officiel le mercredi 18 septembre et il reconduit la grille de répartition des sièges retenue pour les dernières élections législatives du 31 juillet 2022.
Rappelant que le nombre de députés à élire dans chaque département à l’intérieur comme à l’extérieur du pays est déterminé par décret en tenant compte de l’importance démographique respective de chaque département, ce document précise que « depuis les élections législatives du 31 juillet 2022, le nombre de circonscriptions (quarante-six départements) et de sièges (cent soixante-cinq) n’a pas varié même s’il y a une légère hausse de la démographie liée à l’accroissement naturel de la population ».
Il faut rappeler que ce système a été toujours critiqué par la classe politique, notamment l’opposition. Selon eux, ce mode de scrutin restreint la représentativité ou la pluralité politique au niveau des institutions en ce sens qu’il rend difficile l’émergence, l’expression et la visibilité des partis à faible représentativité où le parti majoritaire exerce sa suprématie et grâce à sa majorité qualifiée de « mécanique » dicte sa loi aux autres formations.
Mode de scrutin proportionnel Combiné au système majoritaire, le proportionnel permet la représentation des partis de moindre envergure dans toutes les institutions où il est appliqué dans le mode d’élection des membres notamment à l’Assemblée nationale, au Conseil départemental ou municipal. En quelque sorte, ce scrutin (proportionnel) tente de corriger les inconvénients du système majoritaire (restriction de la représentativité ou la pluralité politique au niveau des institutions). Et ce, en permettant à toute liste qui obtient un nombre de voix correspondant au quotient national qui sera calculé par la Commission nationale de recensement sur la base du nombre des suffrages valablement exprimés lors de ce scrutin d’obtenir un siège de député. Pour ces législatives anticipées, le nombre de sièges à pourvoir au scrutin proportionnel plurinominal est de cinquante-trois (53) sièges.