LES MISÈRES DE MACKY SALL
Privé de la plupart des privilèges auxquels il a droit en tant qu'ancien chef d'État, il doit aujourd'hui assurer lui-même sa sécurité et ses déplacements, une situation que n'ont jamais connue ses prédécesseurs
Depuis qu’il a quitté le pouvoir à l’issue de ses mandats, l’ancien président Macky Sall n’a pu encore bénéficier des moyens matériels et humains que la Constitution accorde à tout ancien chef d’Etat. Contrairement à ses prédécesseurs, qui eux n’ont fait l’objet d’aucune privation, Macky Sall est obligé, pour le moment, de prendre lui-même en charge ses moyens de déplacement et sa sécurité. Tout cela, sans qu’aucune explication ne lui soit fournie.
Le gouvernement du président Bassirou Diomaye Faye ne semble pas craindre la dispersion dans les règlements de comptes. A côté des journalistes privés de moyens de survie, des travailleurs d’entreprises publiques comme le Port, la Lonase ou d’autres, mis à pied presque sans préavis, il a le temps de s’en prendre à tous ceux à qui il reprocherait des choses. Pour certains, c’est assez sérieux, tandis que pour d’autres, cela peut paraître plus ou moins bénin. Il y a ainsi le cas de son prédécesseur, l’ancien président Macky Sall, qui est assez notable.
Bien qu’aucun membre de son proche entourage ne soit disposé à en parler, Le Quotidien a appris que le président Macky Sall a été fortement dépouillé. De tous les privilèges auxquels il a droit en tant qu’ancien président de la République, Macky Sall n’a encore, pour le moment, quasiment que son salaire, si l’on peut ainsi dire. Les autorités sénégalaises ont retiré toute sa sécurité, à la seule exception du seul chef de ladite sécurité. A côté de cela, l’ancien chef de l’Etat n’a plus droit à un quelconque membre de son cabinet, alors que cela fait partie de ses privilèges.
Tout ancien président de la République a droit, entre autres, à un aide de camp, à un chef de la sécurité et à des adjoints dont un chauffeur et un garde du corps. Cela, sans compter des membres de son secrétariat, ainsi que d’autres membres du cabinet. Tout ce personnel est pris en charge par les services de l’Etat, même quand le président sort du Sénégal.
Cela a toujours été le cas, depuis que le pays a vu un chef de l’Etat remplacé par un nouvel entrant. Ainsi, jusqu’à l’heure de son départ de cette terre, Léopold Sédar Senghor en a bénéficié. Abdou Diouf, malgré les petites mesquineries que lui a un moment créées Abdoulaye Wade, n’a jamais eu à se plaindre de son intendance. On peut en dire de même du même président Wade dont les relations avec Macky Sall ont atteint, par moments, un point de non-retour. Tous ses privilèges d’ancien chef d’Etat lui ont toujours été servis, même quand il a fallu augmenter son traitement, au même titre que son prédécesseur. D’ailleurs, Abdou Diouf, qui bénéficiait déjà du traitement que lui versait l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif), ne s’est jamais plaint d’une quelconque rétention de sa pension de la part du Sénégal. Pourtant, Wade ne cachait jamais le peu de sympathie qu’il lui portait.
C’est dire que le traitement imposé à Macky Sall est une nouveauté dont on se demande ce qui pourrait le justifier. Pour sa part, le leader de l’APR a décidé de prendre les choses avec philosophie, et de ne pas se plaindre publiquement. D’où le mot d’ordre lancé à son entourage de ne pas se prononcer sur la question. La seule chose qu’il a eu à faire, est d’avoir, pour le moment, renforcé sa sécurité. Il a fait recours à un service de sécurité privée, pour suppléer les fonctionnaires que l’Etat a décidé de retenir. Il a aussi changé son parc automobile. Le temps, sans doute, de voir comment les choses vont se présenter.
Cette rétention des moyens du président Macky Sall vient moins d’une semaine à peine quand Le Quotidien a annoncé que sa belle-mère faisait l’objet d’une convocation à la gendarmerie pour des questions foncières. Est-ce l’article du journal ou une certaine mansuétude ? Toujours est-il que les autorités judiciaires ont annoncé, à la suite de l’article du journal, qu’elles ont tenu compte de l’état de handicap de la dame Oumou Diallo, et que cette dernière pourrait être entendue à son domicile. Cela, d’autant plus que, information de dernière minute, elle ne serait entendue qu’à titre de témoin, aux côtés de son fils Adama Faye, sur lequel pèseraient des griefs assez solides.