MACKY SONNE LA CHARGE
À l'heure où s'ouvre la course à sa succession, le chef de l'État répond aux questions sur la compétition à venir et surtout sur son challenger le plus redoutable, Ousmane Sonko, qu'il semble déterminé à tenir à distance du palais présidentiel
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Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, le président sénégalais Macky Sall est revenu sur les douze années passées à la tête du pays, à quelques mois de quitter le palais de la République. Comme le souligne le média panafricain qui a rencontré le chef de l'État à Dakar, il est rare que ce dernier accorde de longs entretiens en profondeur. Macky Sall s'est pourtant prêté au jeu de façon détendue, répondant sans détour aux questions pendant plus d'une heure.
Interrogé sur sa décision de ne pas se représenter pour un troisième mandat, annoncée en juillet dernier, Macky Sall a indiqué vouloir "respecter [son] engagement" et "apaiser les tensions", alors que cette hypothèse avait longtemps suscité la polémique. Sur le choix de son dauphin Amadou Ba, il a mis en avant sa "capacité à rassembler", face à ses concurrents Mahammed Boun Abdallah Dionne, Aly Ngouille Ndiaye et Abdoulaye Daouda Diallo.
Concernant la compétition électorale à venir, le président sortant estime qu'elle sera "la plus ouverte" de l'histoire du pays, sans lui à sa tête. Tout en concédant que le scrutin pourrait impliquer "des combinaisons politiciennes", il juge que le candidat de sa majorité, Amadou Ba, "part quand même favori". Sur la figure d'Ousmane Sonko, il dit considérer "tous ceux qui ne sont pas avec [lui] comme des adversaires politiques, rien de plus", même s'il reste "intransigeant quand on veut faire basculer le pays dans le chaos".
Interrogé sur les critiques visant des atteintes présumées aux libertés, Macky Sall a répondu que les opposants "ne seraient pas justiciables". Sur la dette du Sénégal, il souligne qu'elle a servi à "construire des infrastructures indispensables". Enfin, il a évoqué avec fierté les politiques sociales mises en place, tout en exprimant sa frustration de ne pas avoir pu lancer les travaux du Mémorial de Gorée.
Prochain retraité de la politique, Macky Sall assure qu'il s'impliquera sur des sujets comme "le leadership de l'Afrique" ou "la gouvernance mondiale". S'il dit comprendre les coups d'État qui secouent le continent, il appelle à "repenser les armées" pour éviter qu'elles ne prennent le pouvoir. Sur la montée d'un sentiment antifrançais en Afrique, il estime que si des "erreurs" ont été commises, la France "ne peut être tenue responsable de tous les maux" du continent.