MAX LA MAIN FROIDE
Le docteur Macky pose ses balises sur les points cruciaux mais le reste se fera au pif, en fonction des évènements et des astres. Oui notre as du bistouri et prince du slalom a beaucoup de chance : il retombe toujours sur ses pieds !
Au pays des coups fourrés de toutes sortes et des langues calomnieuses, du vacarme et de la vindicte, il y en a un qui n’aime point le bruit, les thiow et mbélé mbélé*, ces palabres dans lesquelles nous détenons des positions enviées… Notre président n’a plus la patience ni la capacité à encaisser les battages perpétuels, hors des grandes campagnes électorales.
En dehors de ces périodes exaltantes qui méritent qu’il déploie son grand art de la guerre, quand son instinct de survie lui donne des forces herculéennes décisives, il préfère à la manière d’un scientifique, avec ses instruments précis, opérer sur la classe politique comme un chirurgien intervient sur le corps humain.
Couper ici, coudre là, rafistoler là-bas, obturer ailleurs… Evidemment il a une expertise dans sa pratique, regardez comment il a ravalé les façades de tout le paysage politique, une taille en bloc où sévit un vrai découpeur de partis. Vieilles figures et vieux politiciens liftés, dopés avec des postes et des honneurs et vlan… aspiration de leur cerveau ! Une certaine société civile, journalistes et râleurs, aux postes de ministrons et de directeurs généraux sur le plateau, 4x4 et costumes gris bleu et revlan… ablation de la langue et castration pour se prémunir des chaleurs intempestives que des remords pourraient provoquer…
Le chirurgien Macky Sall est très habile de ses doigts, mais vu sa constitution, nous autres avons souvent des soucis avec ses dosages anesthésiques ! Aïe, aïe, aïe, ça fait mal là !
Avant l’opération c’est toujours branle-bas de combat, le diagnostic est établi, le mode de gestion établi et l’opération ordonnancée. Devoir de réserve oblige, l’intervention se trame dans les secrets d’alcôve. L’acte terminé, le miracle s’opère, nous voilà les yeux écarquillés au réveil, sans savoir ce qui s’est vraiment passé puisque toutes les hypothèses sont possibles.
La vraie cependant, nous n’en trouverons jamais trace car le scénario garde une part d’improvisation, le dénouement n’est pas connu d’avance, il est évolutif. Notre doc aux mains froides et au cœur chaud sait le but à atteindre, il pose ses balises sur les points cruciaux mais le reste se fera au pif, en fonction des évènements et des astres. Oui notre as du bistouri et prince du slalom a beaucoup de chance : il retombe toujours sur ses pieds !
Je l’ai souvent vu venir ! Un mot furtif dans la presse, une prise de position sans l’air d’y toucher, un petit rien parfois et tu sens et même tu sais que Max la main froide est à l’œuvre ! Avant même qu’il lève le bistouri, les rares qui le connaissent savent où il va nous tailler et en général ce n’est pas là où il regarde. Il aime les tirs groupés, d’un seul coup régler plusieurs problèmes, c’est son côté radin, il ne faut pas gâcher ! C’est de la médecine de guerre !
Avoir la main froide n’empêche pas d’opérer à chaud, au plus fort des phénomènes inflammatoires en pleine crise. Si Idy râle de douleur comme un putois ces jours-ci, c’est bien parce qu’il sait qu’il s’est fait proprement amputer de tous ses membres et est devenu cul de jatte à son insu ! Il ne lui reste plus qu’à canarder à tout va et la seule stratégie de mettre dos à dos les Wade et Macky ne fera pas de lui le chef de l’opposition.
La seule manœuvre possible face à "Max, la menace", c’est la position du candidat anti système, anti deal, mais est-il crédible dans ce rôle ? Il se débat et c’est de bonne guerre mais traiter Wade de dealer ne va certainement pas arranger ses relations avec le PDS…
Dans le cas de Karim Wade, c'est toujours le chirurgien qui a tout orchestré et qui a opéré à vif en endormant tout le monde sur le protocole. Mais comme d’habitude, l’anesthésie n’a pas tenu jusqu’à l’aube ! Le réveil fut douloureux. Grâce ou coup de grâce, là est la question ! Ce qu’il vient d’administrer à Karim est plus un traitement de cheval, qu’un traitement de faveur. L’avenir nous le dira peut-être, mais de deux choses l’une, soit il s’agit d’un deal politique ou politico-économique et on exfiltre un opposant gênant vers l’étranger en échange de son silence et de sa liberté, soit on accorde son pardon et sa clémence à un citoyen sénégalais et dès lors, il est libre d’aller, de venir et de s’exprimer.
Macky l’expert a vite compris néanmoins une chose car il connaît nos faiblesses, il travaille dans nos esprits, nous sommes tous gérés, oui il gère tout le monde, famille, politiciens, peuple ! Soyez-en sûrs, personne ne le gère, c’est lui qui gère tout et tout le monde !
Pour Karim donc, le jet privé, les sénégalais n’allaient pas le digérer et comme un chainon à la patte du jeune homme, une image qui flirte avec ses vieux amours ou démons, sous les traits du fils à papa jetsetteur, accueilli au pays du flouze, dans ces palaces des milles et une nuits… plus que ne peut en supporter nos pauvres cœurs qui menacent de rompre nos poitrines de fureur et de jalousie ! C’est du grand art quand même ce coup de pied qui vous propulse de Rebeuss au Nirvana en jet privé ! BVF
Décidément, si les sénégalais ne se rendaient pas encore compte que Karim est d’un autre monde, inaccessible, de paillettes et de milliards pendant que le gorgorlou ne voit pas la couleur d’un rond, que leur faut il encore ? Allez, le chirurgien nous en remet une louche !
Prudence, il laisse d’abord ses petits lieutenants aller se fourvoyer sans information puisqu’il ne les briefe point, pour tâter le pouls du peuple après les inepties qu’ils ne vont pas manquer de sortir.
Oui, il les voudrait omniscients pour suivre et comprendre ses zigzags mentaux mais comme ils ne savent rien, ils disent des lieux communs comme les autres quidams. Macky la science attend que le capharnaüm s’installe bien et envoie son Mini-moi Dionne taper du poing sur la table pour nous servir un bout de la vérité ! Ah ce PM, fidèle parmi les fidèles, démineur et recouseur à toute heure, quand Latif dit qu’un membre de la famille de Karim Wade a demandé cette grâce, le mini-moi, le seul à avoir les vraies infos de son grand-Moi, vient nous expliquer que c’est l’Emir du Qatar himself qui a demandé cette grâce !
Ouille, ouille, ouille ! Là, c’en est trop pour le sénégalais de la rue ! Maintenant c’est l’Emir du Qatar, Son Altesse Sérénissime qui rend ce genre de services à Karim… vous voyez bien vous autres gorgoulus que ce n’est pas demain la veille que l’Emir du pays où l’argent coule à flots va se soucier de vous ! Voilà le deuxième fossé qui a englouti Karim et effacé d’un coup de bistouri tous les sacrifices qu’il a consenti pendant plus de 3 ans à l’ombre, à apprendre le wolof, à mieux connaître notre société. Il a suffi de la présence du procureur du Qatar dans l’avion pour comprendre que le chirurgien l’avait taillé en miettes, là où ça fait le plus mal, à la renommée !
Si j’osais un conseil post-opératoire à notre Karim national, je souhaiterais qu’il récupère au plus vite ses esprits, sa liberté de circuler et de s’exprimer, afin qu’il nous donne lui-même une explication. Oh, il peut bien prôner son « ambition pour un Sénégal, attaché aux valeurs de progrès et de justice », mais qu’est-ce que cela nous apporte de nouveau ?
Dans toutes les démocraties dignes de ce nom, les politiques rattrapés par les affaires s'expliquent devant leurs électeurs, ils se justifient de leurs actions et souvent même ils présentent leurs excuses quand leur comportement est indéfendable. Libéré par le fait du prince ne signifie pas pour autant qu'il est innocent. Bien au contraire, je dirai même que s’il ne s’expliquait pas, cet agrément se traduirait en " coup de grâce" pour sa carrière politique, car il y aura toujours un doute sur son honnêteté. Et cette grâce, qu’il l’ait voulue ou non, cet exil qu’il l’ait accepté ou non, seront comme un fardeau dont il devra se débarasser !
Et sûrement, le chirurgien a t’il gardé quelques serviettes chaudes au cas où le gracié se mette à lui casser les pieds ! Une chose est sûre dans cette affaire : la magnanimité du chirurgien n’a d’égale que l’épaisseur des dossiers qu’il détient. Syndrome Panama papers ou tout autre gamelle bien rangée dans son placard pourraient servir notre main froide, à accomplir son dessein mais soyez en sûrs, il n’a jamais lâché la proie pour l’ombre !
Oumou Wane est également présidente de la chaîne de télévision Africa7