SONKO, LA TÊTE AUX LÉGISLATIVES
Entre sa descente à Colobane pour apporter son «soutien » aux ambulants et sa visite hier chez les chefs religieux, le tonitruant chef du gouvernement calme le jeu avant d'éventuelles élections législatives

Le Premier ministre et chef du parti Pastef essaie-t-il de déjouer le piège des législatives ? En tout cas, entre sa descente à Colobane pour apporter son «soutien » aux ambulants et sa visite hier chez les chefs religieux, le tonitruant chef du gouvernement calme le jeu avant d'éventuelles élections législatives.
Pour quelqu'un qui avait été décrit comme un homme politique qui rame à contre-courant des convenances religieuses, s'afficher avec les khalifes généraux de Touba et de Tivaouane peut taire manifestement la polémique. Mais, et si cette rencontre avec les chefs religieux, au-delà de la courtoisie et au nom de l'étroitesse des relations entre le temporel et le spirituel, entrait dans une stratégie savamment mûrie?
Certains diront que le puissant Premier ministre n'a pas besoin du soutien des chefs religieux pour gagner d'éventuelles élections législatives étant donné qu'il a quasiment vaincu tout seul le régime de Macky Sall sans ces pouvoirs annexes. Soit. Mais force est de dire qu'un monde sépare la conquête du pouvoir et son exercice. Et le tandem Diomaye-Sonko a encore besoin de l'assentiment des populations pour passer la dernière marche des législatives qui leur permettrait de gouverner sans entrave.
Et le président de la République Bassirou Diomaye, pour rappel, a démissionné de toutes ses fonctions après son élection ; la responsabilité politique du nouveau régime incombe au Premier ministre et non moins président du Pastef et à sa coalition pour essayer de déjouer le piège des élections législatives à venir inéluctablement et dont la victoire est loin d'être une évidence. Loin s'en faut.
Malgré l'euphorie d'une élection présidentielle qui a été brillamment remportée, le nouveau régime devra convaincre de sa capacité à gouverner et montrer une plus grande lisibilité dans la faisabilité du «Projet» qui a suscité tant de sacrifices ces dernières années. Et la coalition au pouvoir devra faire face à une opposition qui a du mal manifestement à trouver le bon bout et le contexte idéal pour tirer à boulets rouges sur le gouvernement, mais qui affûte ses armes et attend.
De ce fait, Ousmane Sonko est conscient qu'il devra «dompter » ses militants et sympathisants pour passer le cap des législatives avec brio. C'est pourquoi il n'a pas lésiné sur les moyens, il y a quelques jours, pour voler au secours des commerçants et des ambulants qui commençaient à battre le macadam pour fustiger les déguerpissements tous azimuts. Ousmane Sonko a invité les maires et les services déconcentrés à faire preuve de «yeurmandé».
Et même s'il a déclaré après que son gouvernement ne subira aucune pression, Ousmane Sonko ne veut visiblement pas s'attirer la foudre de ces jeunes qui ont participé grandement à son ascension. L'Assemblée nationale sera probablement dissoute dans les jours et les semaines à venir, et ça serait une catastrophe pour eux de ne pas avoir la majorité à l'issue des futures élections législatives. Et si le leader du Pastef n'y est pas allé de main morte dans ses premières sorties en public, Ousmane Sonko sera obligé de faire de plus en plus profil bas pour ne pas indisposer » une certaine doxa nationale.
Pour le moment et à la lumière de ses différents déplacements dans le pays, sa popularité reste intacte. Mais il devra faire attention et la majorité parlementaire est loin d'être quelque chose qui va passer comme lettre à la poste. La politique est un sable mouvant.