POUR QUI SONNE LE GLAS ?
Dans son éditorial, Jean-Baptiste Placca alerte sur les signes annonciateurs d'une possible "décadence inéluctable" de la Cédéao et appelle à une profonde réforme de la Communauté pour éviter une perte définitive de sa crédibilité

La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) traverse une zone de turbulences, alors que sa cohésion et son autorité sont de plus en plus remises en cause. C'est ce que relève Jean-Baptiste Placca, éditorialiste sur le site de RFI, dans son éditorial hebdomadaire publié le 17 décembre 2023.
Selon M. Placca, "les nations, des peuples et des dirigeants qui ne partagent pas les mêmes valeurs peuvent-ils vivre et évoluer dans une même organisation ? La question, de plus en plus, se pose au sein de la Cédéao, désertée par certains de ses membres".
Concernant la situation au Niger, où un coup d'État militaire a eu lieu en février 2022, l'éditorialiste note que "la Cédéao a fini par accepter, dimanche 10 décembre, le fait accompli". Autrement dit, "les chefs d’État reconnaissent la réalité du nouveau pouvoir". Pire, ils sont même "en étaient, presque, à quémander quelques concessions de la part des dirigeants actuels du Niger" en échange d'une levée des sanctions, signe selon lui que "les dirigeants ouest-africains ont perdu la partie, face aux militaires de Niamey".
M. Placca va plus loin en affirmant sans détour que "la Cédéao, virtuellement finie, peine tant à faire valoir son autorité". Les signes d'une "décadence inéluctable" seraient là, avec des dirigeants refusant toute remise en cause. Il souligne également que certains États membres arrivent désormais à remettre en cause le rôle politique et démocratique de la Cédéao, alors qu'elle fut jadis le symbole des "aspirations les plus nobles des peuples ouest-africains".
Toutefois, l'éditorialiste relève aussi le geste de George Weah, président du Liberia, qui a reconnu sa défaite électorale, prouvant selon lui que certaines valeurs demeurent. Mais il pointe du doigt le "manque de courage" face à ceux qui "s'incrustent" au pouvoir contre la volonté des électeurs.
En conclusion, Jean-Baptiste Placca estime que la Cédéao devra "impérativement se réinventer", face à la disparité grandissante entre États membres qui "ne se valent pas" en termes de respect des principes démocratiques et constitutionnels.