L'OPPOSITION PROMET LA RÉSISTANCE FINALE
Guy Marius Sagna passe à la menace et prévient le président Macky Sall : si le pouvoir n'est pas rendu au peuple le 2 avril, l'opposition prendra le palais par la force et mettra en place un "gouvernement parallèle"
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Un report, une manifestation, trois morts. Guy Marius Sagna est dans tous ses états et prévient le président Macky Sall. Le député de Yewwi jure que le 3 avril, si le Président ne quitte pas le pouvoir, l’opposition le délogera du palais et mettra en place un gouvernement parallèle. Ce proche de Ousmane Sonko admet que le chef de l’Etat a tenté d’avoir «la bénédiction» de l’opposant en prison pour reporter l’élection et exclut toute participation au dialogue.
Vendredi dernier, des manifestations avaient éclaté un peu partout à travers le pays. Des jeunes ont fait face aux forces de défense et de sécurité pour contester le report de la présidentielle. Pendant ce temps, les leaders de l’opposition étaient introuvables. Invité de l’émission Jury du Dimanche de iRadio, Guy Marius Sagna s’est expliqué : «Premièrement, pour ce qui me concerne, chaque fois que nous avons convoqué le peuple sénégalais, j’ai été aux avant-postes de la résistance. Deuxièmement, nous avons dit tout simplement que cette désobéissance civile, cette résistance face à ce coup d’État constitutionnel, n’est l’affaire d’aucun leader, d’aucun parti politique, d’aucune organisation. Il faut tout simplement dire que ce qui affecte les citoyens sénégalais affecte ceux-là que vous appelez les leaders. Il y a des citoyens déterminés, engagés, mobilisés sur le terrain. Et, il y en a d’autres qui sont des lâches, qui restent dans leur coin, dans leur chambre, dans leur lieu de travail. C’est la même chose pour ceux que vous appelez en fait les leaders. Il y en a qui sont déterminés, qui sont conséquents, qui font corps avec le peuple. Et, il y en a d’autres qui font preuve de lâcheté. Donc, ce n’est pas propre aux leaders, c’est propre à notre société sénégalaise. Et dans tous les groupes socioprofessionnels, dans tous ces segments, il y a des Sénégalais dignes et des Sénégalais indignes.»
«Si le président ne nous rend pas le pouvoir, nous irons le déloger au palais»
Le député de Yewwi askan wi a soutenu que Macky Sall ne sera plus considéré comme président à partir du 2 avril prochain. «C’est au président de choisir. Soit il recule, et éventuellement tout est bien qui finit bien, soit le Conseil constitutionnel et la Cour suprême disent le droit, tout est bien qui finit bien partiellement. Soit le président s’entête à ne pas entendre, alors l’indignation générale, l’indignation nationale, et alors il nous pousse à faire deux choses qu’il avait luimême préconisées contre le président Abdoulaye Wad : Si le président ne nous rend pas le pouvoir au plus tard le 2 avril 2024, nous irons le déloger au palais. Je dis ici solennellement que si le président Macky Sall ne nous rend pas le pouvoir au plus tard le 2 avril, nous mettrons sur pied un gouvernement d’union nationale, un gouvernement mais parallèle qui sera, à partir du 3 avril, le vrai gouvernement du peuple sénégalais», a-t-il prévenu.
«Avant de reporter la Présidentielle, Macky Sall devait démettre Amadou Ba»
Le premier ministre Amadou Ba est accusé par le Parti Démocratique Sénégalais (Pds) d’avoir corrompu des juges lors du processus de validation des candidatures au Conseil constitutionnel. Guy Marius Sagna estime que si le président Macky Sall accorde du crédit à ces suspicions et veut que les choses soient clarifiées, pourquoi n’a-t-il pas démis son Premier ministre, victime de ces suspicions, de ces accusations ? «Le président Macky Sall dit que c’est sur la base de suspicions et d’accusations faites sur son candidat à lui et Premier ministre qu’il suspend, annule, reporte l’élection présidentielle et prolonge son mandat. C’est sur cette base-là qu’il fait cela. Mais la première chose qu’il aurait dû faire avant de reporter l’élection, avant de prolonger son mandat, c’est de régler le cas de son Premier ministre en le démettant. Parce qu’il ne saurait y avoir à la tête du gouvernement du Sénégal un corrupteur. Il ne saurait y avoir un gouvernement corrompu», a-t-il dit. Il ajoute : «Je répète, depuis des années, et je ne suis pas le seul, la majorité des citoyens le pense, la justice sénégalaise est corrompue, quand bien même il y a des juges qui sont dignes. Il y a des juges qui disent le droit au nom du peuple. Donc, quand nous disons que la justice est corrompue, que cette justice est ligotée, que cette justice est aux ordres, ça n’épargne aucun segment de cette justice, y compris le Conseil constitutionnel. Mais, que ce soit dans ce Conseil constitutionnel, que ce soit dans la Cour suprême, que ce soit dans les autres tribunaux, dans les autres cours et tribunaux, il y a des juges indépendants.»
«Macky Sall a cherché la bénédiction de Sonko pour reporter l’élection»
Il se murmure dans les coulisses du Sénégal que Ousmane Sonko est en discussion avec le président Macky Sall. Guy Marius Sagna, a apporté des éclairages sur cette question. «Je ne peux rien dire de plus que ce que j'ai déjà dit et que je vous ai envoyé à vous-même, vous, journalistes, à savoir que le président Macky Sall cherche depuis des semaines la bénédiction du président Ousmane Sonko, actuellement arbitrairement, injustement, incarcéré, pour reporter l’élection présidentielle. Je l’ai dit, je l’ai écrit», a-t-il dit. Sur l’appel au dialogue lancé par le chef de l’Etat, le responsable de Frapp se veut clair : «On ne peut s’attendre qu’à une seule chose : une défense intransigeante de notre Constitution. Rien ni personne ne nous fera détourner de notre vision que le président Macky Sall est devenu un putschiste constitutionnel et qu’on ne laissera pas un seul jour de plus après le 2 avril 2024. Comment dialoguer avec le putschiste Macky Sall ? Comment dialoguer avec le tortionnaire Macky Sall ? Comment dialoguer avec celui dont le régime a assassiné nos enfants ? Quel dialogue peut-il y avoir ? Deuxièmement, le dialogue devrait se faire dans les conseils municipaux. Le dialogue devrait se faire à l’Assemblée nationale. Le dialogue devrait se faire dans ces institutions. Alors, hors Assemblée nationale, à votre avis, qui devrait initier un dialogue entre les acteurs politiques ? Pour répondre à cette interrogation, il a affirmé : J’aurais souhaité que si dialogue il y a, que ce dialogue soit mené, dirigé par le prochain président. Le président Macky Sall, le président de la République, après le 25 février 2024 qu’est-ce qu’on a à dialoguer avec un président sortant ? Il y a quelque chose de surréaliste quand même. Le président Macky Sall nous impose un dialogue alors que c’est fini, alors qu’il est parti, alors qu’il a un pied et quatre doigts hors du pouvoir. Le seul dialogue qu’il pourrait y avoir, c’est celui du respect de la Constitution».