PRÉSIDENTIELLE CRISPÉE, SOUS HAUTE SURVEILLANCE INTERNATIONALE
Dans ce climat tendu, où même la légitimité du Conseil constitutionnel est remise en cause, certains "craignent des surprises" comme des tensions post-électorales. le choix démocratique des Sénégalais sera particulièrement scruté depuis l'étranger
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Le Sénégal s'apprête à vivre une élection présidentielle exceptionnelle le 25 février prochain, avec 20 candidats en lice dont un opposant emprisonné, dans un contexte tendu sous haute surveillance de la communauté internationale, révèle une dépêche de l'Agence France-Presse (AFP).
Aucun candidat ne se détache nettement dans les intentions de vote, d'autant que des opposants sérieux comme Ousmane Sonko et Karim Wade ont été éliminés par des décisions judiciaires contestées. Bien que les craintes de violences pré-électorales ne se soient pour l'instant pas concrétisées, la tension reste palpable au Sénégal à quelques semaines du scrutin. Certains observateurs redoutent même un possible report du vote, une option ouvertement évoquée par la population.
C'est ce que révèle Sidy Diop, directeur adjoint du quotidien sénégalais Le Soleil, pour qui il s'agit de "l'élection la plus ouverte" de l'histoire du pays depuis 1960. En effet, aucun des principaux candidats, dont le Premier ministre Amadou Ba porte-drapeau du président sortant Macky Sall, n'est assuré d'être qualifié pour le second tour, soulignent les analystes.
Derrière cette incertitude électorale, le choix démocratique des Sénégalais sera particulièrement scruté par la communauté internationale. Dans un contexte régional troublé par les coups d'État, le Sénégal se distingue par sa stabilité et l'alternance pacifique du pouvoir. Pourtant, le pays a connu en 2021 des épisodes meurtriers causés par la répression d'Ousmane Sonko, avec des dizaines de morts selon Human Rights Watch.
Sidy Diop cite justement Ousmane Sonko, écroué depuis l'an dernier et dont la candidature a finalement été invalidée, parmi les favoris. Non sans nuancer : "l'un des problèmes du parti de Sonko [le Pastef], c'est qu'il fait peur". Car de nouveaux troubles sont redoutés autour de cette figure clivante qui dénonce avec véhémence les élites et l'influence française.
Dans ce climat tendu, où même la légitimité du Conseil constitutionnel est aujourd'hui remise en cause, Gilles Yabi du think-tank Wathi "craint des surprises" comme des tensions post-électorales. La communauté internationale observera donc avec la plus grande attention le déroulé d'une présidentielle sénégalaise complexe, qui engage la stabilité démocratique de toute une région.