RÉPRESSION SANGLANTE DES MANIFESTANTS, LE DOSSIER DU SÉNÉGAL À LA CPI SE CORSE
Visé par une plainte devant la Cpi, le dossier de Macky Sall se corse davantage avec la répression de manifestants contre le report de la présidentielle.
Acculé par la communauté internationale pour non respect du calendrier électoral, Macky Sall risque de ne pas avoir une retraite présidentielle apaisée. Visé par une plainte devant la Cpi, son dossier se corse davantage avec la répression de manifestants contre le report de la présidentielle.
Les manifestations contre le report de la présidentielle ont fait beaucoup de victimes. Le bilan provisoire fait état de trois morts et plusieurs blessés graves. A l’université Gaston Berger de Saint-Louis (Ugb), Alpha Tounkara, étudiant en deuxième année de Géographie, atteint par balle, a succombé, vendredi dernier. A Dakar, un jeune de 26 ans du nom de Modou Guèye est tombé sous les balles des forces de l’ordre, le même jour à Colobane. Samedi dernier, un manifestant a été tué et huit autres blessés par balles réelles à Ziguinchor, selon le député Guy Marius Sagna.
Cette nouvelle donne porte préjudice plus à la personne Macky Sall. En effet, ce lot de morts vient s’ajouter à la quarantaine de victimes entre mars 2021 et juin 2023. Alioune Tine parle d’une soixantaine de morts (voir ailleurs). Ce qui risque de corser le dossier du Sénégal pendant devant la Cpi pour «homicide volontaire», porté par des avocats influents. Au lendemain des émeutes du 1er et 02 juin 2023 avec 16 décès, selon le bilan officiel du gouvernement, Juan Branco avait déposé une plainte pour «crimes contre l’humanité» contre le président Macky Sall. Il s’agit d’un dossier de «170 pages, constitué de 710 éléments de preuves sélectionnés sur un total de 4 500». Les preuves sont, selon lui, des documents, des contrats, des vidéos et des témoignages qui ont été collectés entre mars 2021 et juin 2023.
A l’opposé des chiffres du pouvoir, l’opposition et la société civile avaient recensé une trentaine de morts durant ces manifestations. Il s’agit, selon une cartographie documentée publiée par Amnesty international/Sénégal, Ousmane Badio, Baye Fallou Sène, 17 ans, Babacar Samba, 20 ans, Khadim Ba, 21 ans, Mor Nguer Ndiaye, 22 ans, Seny Coly, 26 ans, Omar Sarr, Sidya Diatta, 32 ans, El Hadj Mamadou Cissé, 26 ans, Tamsir Cissé, Mamadou Moustapha Gueye, 44 ans, Bacary Dièmé, 26 ans, Serigne Fallou Sall, 17 ans, Mamadou Ndoye, 53 ans, Lassana Diarisso, 21 ans, Bassirou Sarr, 31 ans, Ismaila Traoré, 28 ans, Malang Mané, Ousmane Badio, mécanicien, Souleymane Sano, 25 ans, Doudou Diène, 34 ans, Abdoulaye Kamara dit Baaba Kaana, 34 ans, Mamadou Tall, 44 ans, Mohamed Sylla, 19 ans, Ibrahima Drago, 24 ans et Modou Bèye, 25 ans. Avant cette longue liste de victimes, 14 personnes ont été tuées en mars 2021 lors des manifestations à cause de l’affaire Sweet-Beauté.