WADE CONSTRUIT ET DECONSTRUIT EN MEME TEMPS
Depuis la perte du pouvoir en 2012, Abdoulaye Wade, impuissant, a assisté à une saignée grave de sa famille politique. Aujourd’hui, plus que jamais, les libéraux sont divisés.
Depuis la perte du pouvoir en 2012, Abdoulaye Wade, impuissant, a assisté à une saignée grave de sa famille politique. Aujourd’hui, plus que jamais, les libéraux sont divisés. Et apparemment, ce n’est pas le pape du Sopi qui va les réunifier.
«Construire le jour et déconstruire la nuit.» C’est apparemment, la méthode adoptée par Abdoulaye Wade, seule constante au Parti Démocratique Sénégalais (Pds) qui, selon son bon vouloir, peut choisir ses proches collaborateurs comme il veut et s’en séparer quand il le souhaite. Ceux qui lui sont proches aujourd’hui peuvent être bannis le lendemain puis présentés comme des «saints» le surlendemain.
A la veille de la présidentielle de 2019, le Secrétaire du Pds bannit Me Madické Niang parce que ne supportant pas qu’il se présente au scrutin au détriment de son fils Karim Wade bloqué au Qatar. Vendredi dernier, suite à la médiation du Khalife général des Mourides, Me Madické Niang rentre à nouveau dans ses bonnes grâces pour certainement occuper bientôt une place de choix dans le dispositif du Pds «new-look.»
A peine qu’il récupère un ancien pion, il se sépare d’un autre en l’occurrence Oumar Sarr qui, avec ses camarades de «And Suxali Sopi », sont bannis de la formation «bleu-jaune » pour avoir participé au dialogue national initié par le Président Macky Sall. Leur participation à ces concertations a très vite créé un fossé entre les «Wade» et ces gens qui ont combattu pendant sept ans côte à côte contre Macky Sall. Les rôles sont désormais intervertis, Oumar Sarr et Cie considérés comme des «chiens méchants» et Macky Sall comme un «doux agneau».
Le patriarche libéral s’est aussi rapproché d’un ancien cacique du Pds, Pape Diop qui, aujourd’hui dispose de son propre appareil politique et qui à travers son discours, s’oppose rigoureusement à Macky Sall. Abdoulaye Wade est ainsi au milieu d’une famille politique profondément divisée. Mais il garde toujours son influence en se rapprochant des uns et prenant ses distances avec les autres. Tâtonnement ou stratégie politique ?
La deuxième option sied le plus. D’autant qu’une telle confusion tourne en faveur de son fils Karim Wade en «exil forcé» à Doha. En effet, tout porte à croire qu’Abdoulaye Wade prépare le terrain à son fils qui, évidemment, cherche à revenir par la grande porte.
D’ailleurs, Oumar Sarr et Cie contestent le fait que c’est l’ancien président de la République qui est à l’origine de ce qui se passe actuellement dans l’ancienne formation au pouvoir. «And Suxali Sopi» estime que la démission constatée d’Oumar Sarr est nulle et non avenue parce que la note circulaire, «l’excluant» de facto, est mal rédigée, décousue et comportant de graves fautes de syntaxe et de forme massacrant les dispositions des statuts du parti.
Pour eux donc, le pape du Sopi n’en est pas l’auteur. Aujourd’hui, And Suxali Sopi demande la neutralité du patriarche libéral pour une meilleure démocratie interne et une consolidation des acquis du Pds, dont l’objectif ultime est la reconquête du pouvoir pour parachever le Sopi, dans un Sénégal indépendant et prospère.