«75% DE CES PATHOLOGIES RÉPERTORIÉES CHEZ L’HOMME SONT DES ZOONOSES QUI VIENNENT D’UN RÉSERVOIR ANIMAL»
La santé humaine, celle animale et environnementale sont étroitement liées, car beaucoup de maladies proviennent des animaux pour atterrir chez les humains
Dakar abrite depuis hier un atelier régional sur l’approche « One Health » (une seule santé). L’objectif de cette rencontre qui va durer deux jours est de faire la revue de la mise en œuvre des recommandations des ateliers sur l’approche « One Health » en Afrique.
La santé humaine, celle animale et environnementale sont étroitement liées, car beaucoup de maladies proviennent des animaux pour atterrir chez les humains. C’est le cas de la pandémie de Covid-19. D’où la décision des experts des pays de l’Afrique de l’Ouest plus le Cameroun de se réunir à Dakar afin d’approfondir l’approche « One Health » ou ‘’la seule santé’’. Cette rencontre qui a démarré hier a été présidée par le ministre secrétaire général du gouvernement Abdou Latif Coulibaly pour qui cette initiative vise à rendre la problématique de la santé publique beaucoup plus prégnante et est capable de faire face aux menaces d’origine infectieuse, qu’elles soient volontaires ou accidentelles.
A cet effet, il a réaffirmé la conception affirmée du Sénégal et son option définitive en matière de santé publique de donner une réalité concrète dans nos politiques au triptyque santé-animale, santé humaine et santé-environnementale. «Notre rencontre revêt une grande importance pour évaluer les progrès accomplis par les Etats d’Afrique de l’Ouest dans l’implémentation de l’approche « One Health » de façon générale, et en particulier de l’application des recommandations issues de nos dernières réunions», a indiqué Abdou Latif Coulibaly.
Selon la représentante de la Fao, Bintia Stephen Tchicaya, la pandémie de Covid-19 menace gravement l’économie mondiale et les systèmes de santé, à l’instar des crises sanitaires récurrentes que le monde a aussi connues ces dernières années et qui étaient dues à l’émergence et à la réémergence des maladies infectieuses zoonotiques touchant l’animal et l’homme. «On peut citer la maladie à virus Ebola, le Syndrome Respiratoire Aigu Sévère, la Grippe aviaire hautement pathogène, qui ont provoqué des maladies graves et des décès chez les humains et les animaux, mettant à rude épreuve les systèmes de santé nationaux, et ont eu également des répercussions durables sur les moyens de subsistance avec comme corollaires l’insécurité alimentaire et des pertes économiques massives pour les secteurs publics et privés», souligne la fonctionnaire internationale. «En Afrique de l’Ouest, la récente apparition de la grippe aviaire dans plusieurs pays, y compris notre pays hôte le Sénégal, a causé un lourd préjudice économique à la filière avicole, affecté la biodiversité avec l’atteinte des oiseaux sauvages comme dans le parc de Doudj, mais aussi, du fait de son caractère zoonotique, a fait peser une menace sur la santé publique», ajoute-t-elle.
Représentant la Cedeao, Dr Babacar Fall fait une prédiction alarmante. «Avec l’évolution rapide de l’écologie, l’urbanisation, le changement climatique, l’augmentation des déplacements et la fragilité des systèmes de santé publique… les épidémies deviendront plus fréquentes, plus complexes et plus difficiles à prévenir et à contenir », alerte-t-il avant de rappeler que «nous continuons à faire face aux impacts socio-économiques de la pandémie de Covid-19 qui, comme environ 75% des maladies émergentes répertoriées chez l’Homme, est probablement une zoonose due à l’introduction d’un coronavirus à partir d’un réservoir animal».
LA CEDEAO, L’UNE DES ZONES LES PLUS TOUCHEES PAR LES EPIDEMIES
En 2021, indique Dr Babacar Fall, l’Organisation Ouest-Africaine de la Santé (OOAS) a répertorié plus de 40 nouvelles flambées de fièvre de Lassa, de fièvre jaune, de maladie à virus Ebola, de Marburg, de fièvre de la vallée du Rift… faisant de l’espace Cedeao l’une des zones de la région Afrique les plus touchées par les épidémies. «Ces menaces pressantes et la présente crise pandémique viennent encore une fois démontrer la nécessité d’avoir une vision plus holistique et par la mise en œuvre d’approches intégrées de la santé et en particulier l’approche « One Health ».
La Cedeao, consciente des rôles et responsabilités déterminants dans la mise en œuvre de l’approche « One Health », s’est engagée à travers ses institutions, départements et agences, à améliorer entre autres l’environnement politique afin d’obtenir davantage de soutien financier, de renforcer les capacités, le réseautage», affirme le Dr Babacar Fall. Il reconnait cependant que malgré les progrès importants faits par les pays au cours des dernières années, des défis majeurs persistent.