CES FACTEURS QUI ENTRAVENT LA CROISSANCE DE L’ENFANT DURANT LES 1 000 PREMIERS JOURS DE SA VIE
Manque d’attention des parents, mauvaise alimentation, exposition aux écrans de téléphone…Les experts ont relevé beaucoup de facteurs qui bloquent le développement de l’enfant.
Dans le cadre de la semaine mère-enfant, l’association des journalistes en santé, population et développement (Ajspd) en partenariat avec la direction de la Santé de la mère et de l’enfant (Dsme), a organisé une journée d’échanges sur les 1 000 premiers jours de l’enfant. Les experts ont relevé beaucoup de facteurs qui bloquent le développement de l’enfant.
De 0 à 2 ans, cette période constitue les 1 000 premiers jours de l’enfant. Un moment qui ouvre une fenêtre d’opportunités mais constitue en même temps une phase de grande vulnérabilité de l’enfant souvent négligée dans notre pays. En effet, cette étape de la vie de l’enfant est reconnue dans le domaine de la santé/nutrition comme une période déterminante pouvant influencer le risque ultérieur de maladies liées à une mauvaise alimentation, aux infections et autres facteurs toxiques et environnementaux. C’est dans ce sens que le ministère de la Santé, à travers la Direction de la Santé de la mère et de l’enfant (Dsme), a mis en place un programme qui est le paquet intégré de soins attentifs (Pisa). Ce programme consiste à offrir à l’enfant tout ce dont il a besoin durant les 1 000 premiers jours avec la participation des différents secteurs comme le conseil national du développement de la nutrition, l’agence nationale de la case des tout-petits, le ministère de la Jeunesse et les autres ministères sectoriels comme celui de l’Education nationale. Selon Ismaila Diop Ndiaye, assistant technique en développement intégré de la petite enfance à la Dsme, leur service est en train de mettre en œuvre ce programme d’une importance capitale. «Après les orientations qui ont été faites au Gabon, le Sénégal a élaboré un guide méthodologique et une fiche action pour la mise en œuvre de ce programme», a-t-il confié.
A l’en croire, il est prouvé scientifiquement avec les apports des neurosciences que tout se joue dans les 1 000 premiers jours. «Avec les neurosciences affectives et cognitives, aujourd’hui, on connaît beaucoup de choses que l’on ne connaissait pas au 19e siècle sur le cerveau. On sait que le cerveau est très malléable et que l’enfant qui arrive au monde a 20% d’inné et 80% d’acquis. Il faut que l’on lui donne tout le paquet qui prend en charge les 5 composantes du Pisa, notamment une bonne nutrition, une bonne santé (qui n’est pas seulement l’absence de maladies mais le bien-être), une nutrition adéquate, la sûreté et la sécurité et les soins répondant aux besoins», explique-t-il.
Selon M. Ndiaye, à travers ces 5 composantes, on doit offrir au couple mère-enfant des soins de qualité. «Les 1 000 premiers jours, c’est une fenêtre d’opportunités ; elle couvre la période de 9 mois de grossesse plus les 2 premières années. C’est pourquoi l’Oms a développé ce concept pour attirer l’attention des parents, de tous les soignants et prestataires où on doit prendre en charge l’enfant, pour qu’il fasse attention durant cette période. C’est une fenêtre d’opportunités mais aussi de grande vulnérabilité. Il faut donner à l’enfant un bon départ pour qu’il puisse atteindre à l’âge adulte le plein potentiel», prône-t-il.
«LES PARENTS N’ECOUTENT PAS LEURS ENFANTS»
Ismaila Diop Ndiaye renseigne qu’à 4 mois déjà, le fœtus commence à distinguer certains goûts. «Il commence à entendre, il consomme tout ce que sa maman consomme d’où la nécessité de faire attention à l’alimentation et à la nutrition. Il ne faut pas prendre d’alcool, ni de drogue et tout ce qui pollue l’enfant», avertit-il. Une chose importante à éviter, selon lui, est le stress. «J’appelle les hommes à faire plus d’efforts durant cette période cruciale. Il faut être plus proche des femmes pour les aider en cette période délicate car à ce moment, l’enfant a besoin des deux parents. Le couple mère enfant symbolise l’attachement», affirme-t-il. Poursuivant son propos, M. Diop souligne qu’il faut apprendre à connaître nos enfants. «Souvent, nous ne savons que crier, donner des ordres alors qu’aujourd’hui, nous sommes dans un monde tel que les enfants ont besoin d’une communication non violente, pour pouvoir être pris en charge correctement. Il y a beaucoup de choses qui dorment chez l’enfant et c’est ce que l’on appelle les potentialités. Parfois, c’est l’environnement qui pose problème ou qui ne le comprend pas par rapport à l’éveil et la stimulation», dit-il. Cependant, renseigne l’assistant technique en développement intégré de la petite enfance, il y a beaucoup de choses à améliorer dans la gestion de nos enfants. «Les parents n’écoutent pas leurs enfants et ils n’ont pas droit à la parole». En Pour ce qui est de l’allaitement maternel, il est démontré scientifiquement que le lait maternel est assez complet pour le bébé. A ce propos, il annonce qu’au Sénégal, il y a 5293 enfants qui souffrent d’anémie.
«L’ENFANT DE MOINS DE 3 ANS, EXPOSE A L’ECRAN DES TELEPHONES, VA SUBIR DES DEGATS COLLATERAUX»
Interpellé sur l’usage des téléphones portables chez les enfants, M. Diop précise que dans le monde actuel, on ne peut pas refuser à l’enfant de regarder ou de consulter les téléphones mobiles. «Toutefois, il faut accompagner les enfants sur ce point et discuter avec eux sur les inconvénients. Mais un enfant de moins de 3 ans qui est exposé à l’écran des téléphones va subir les dégâts collatéraux. Les téléphones changent les modes de vie à la maison et nous devons faire attention», avertit-il. Pour sa part, le représentant du Directeur de la Dsme, Massamba Sall, soutient que de la conception à la naissance, c’est 270 jours, la première année, c’est 365 jours ainsi que la 2e année, ce qui fera un total de 1 000 jours. «Durant ces 1000 jours, toute intervention réussie aura impacté sur l’avenir de l’enfant. J’ai entendu le Professeur Galaye Sall parler des différentes nuisances qui font que l’enfant développe le cancer qu’il aura quand il sera grand», révèle-t-il. En effet, il affirme que quand vous avez certaines carences durant les 1 000 premiers jours, même quand l’enfant deviendra un milliardaire, cela va le poursuivre durant toute sa vie. «Durant les Eds de 2023, la mortalité néonatale a augmenté de 1 à 2 points et tout cela nous interpelle à accélérer les interventions réussies, à faire de telle sorte que nous puissions fournir les services partout au Sénégal avec une certaine équité, mais aussi avec l’accompagnement permanent des professionnels des médias», indique M. Diop.
VERS LA REGLEMENTATION DES CRECHES
Au Sénégal, constate-t-il pour le regretter, les crèches foisonnent un peu partout et certaines ne respectent pas les normes. C’est pour cela que le ministère de la Femme compte réglementer les crèches. «Le ministère de la Femme, à travers l’agence de la case des tout-petits, a mis dans le circuit administratif un projet de réglementation des crèches dans notre pays parce qu’il y a un foisonnement de crèches. Il est temps que tout soit réglementé », soutient Ismaila Diop Ndiaye, assistant technique en développement intégré de la petite enfance à la Dsme. Sous peu, dit-il, la réglementation sera de rigueur. « Il a été demandé à tous les coordonnateurs régionaux de la petite enfance d’accompagner les crèches qui existent au lieu d’utiliser une approche fermeture», précise M. Diop.