LA TRANSPLANTATION RÉNALE BLOQUÉE PAR LES HÔPITAUX
Elhadj Fary Kâ souhaite que la transplantation rénale soit une réalité au Sénégal avant fin 2022
Au Sénégal, deux ans après la publication de l’arrêté ministériel sur la loi autorisant la transplantation rénale au Sénégal et votée depuis 2015, aucun hôpital parmi les établissements de santé qui avaient pourtant manifesté leur intérêt pour cet exploit au niveau local, n’a encore déposé son dossier d’agrément au niveau du Conseil national de Dons et de Transplantation d’organes (Cndt). Son président, Pr Elhadj Fary Kâ, croise les doigts pour que le ou les premier (s) cas soit (ent) réalisé (s) avant fin 2022.
Au Sénégal, à un stade terminal de leur maladie, les insuffisants rénaux font des séances de dialyse longues et pénibles. Trois fois dans la semaine ! Et malgré la subvention de l’Etat, -pour ce qui est du public, ces malades font face à la cherté des médicaments. Dans le privé, en plus du coût des médicaments, il faut débourser près de 200.000 francs par semaine pour les trois séances de dialyses hebdomadaires. «C’est 65 000 par séance», a dit le secrétaire général de l’Association sénégalaise des hémodialysés et des insuffisants rénaux (Ashir), Saer Seck. Avec la dialyse, c’est une prise en charge lourde qui n’est pas à la portée de toutes les bourses ! Pourtant, il y a une pratique qui permet à ces malades de retrouver une vie «quasi» normale. Il s’agit de la transplantation rénale !
Selon des spécialistes, elle demeure la meilleure alternative pour le traitement de l’Insuffisant rénal terminal (Irt) afin d’assurer une nette amélioration de la qualité de la vie et une meilleure insertion sociale au malade. La loi pour la transplantation d’organe (rein) et tissu (corné) a été votée au Sénégal en 2015, et un conseil de régulation a été mis en place par décret présidentiel, quatre ans plus tard, en 2019. «Cette loi prévoyait la mise en place d’un conseil de régulation effectif en 2019 par décret présidentiel. Tous ses membres, au nombre de 12, ont prêté serment en juin 2019 devant le président du Tribunal d’instance de Dakar», a fait savoir le président du Conseil national du Don et de la Transplantation rénale d’Organes (Cndt), Pr Fary Kâ qui, à l’occasion de la semaine du rein, a fait une vidéo sur la situation de la transplantation rénale au Sénégal où on peine encore à entreprendre les premiers cas de transplantation rénale. Ce, alors que les textes législatifs et réglementaires, qui encadrent la transplantation d’organes, surtout rénale, sont disponibles depuis avril 2020. Presque deux années se sont écoulées, aucun établissement de santé n’a encore pratiqué l’acte sur un patient.
Les maladies diagnostiquées sont pour le moment mis sous hémodialyse ou dialyse péritonéale malgré que des structures sanitaires ont manifesté leur intérêt mais qui tarde encore à «plonger» dans la... mer. «Tous les actes législatif et règlements qui encadrent la transplantation d’organes ont été faits, et sont sortis sous forme d’arrêté ministériel depuis avril 2020. Depuis cette date, l’encadrement de la transplantation rénale est fait, tout est acté, et sur place. Nous n’attendons que le dépôt de dossier d’un établissement public de santé afin qu’on puisse l’évaluer, et que l’intéressé soit accrédité pour commencer la transplantation d’organes. Il y a beaucoup d’établissements de santé qui ont manifesté leurs intérêts pour faire la transplantation, mais jusqu’à présent, malheureusement, nous n’avons pas encore reçu de dossiers d’agrément en ce qui concerne la transplantation rénale, même si tous les textes législatifs et réglementaires, qui encadrent la transplantation d’organes, surtout rénale, sont disponibles depuis avril 2020. C’est à dire depuis bientôt 2 ans», a fait savoir le chef du service de néphrologie de l’hôpital Aristide Le Dantec, le Pr Fary Kâ qui «prie pour qu’on ne sorte pas de l’année 2022 sans transplanter parce qu’il n’y a pas de raison qu’on ne puisse pas le faire». Surtout que, dit-il, sur le plan règlementaire, tout est acté.
D’après les explications de Pr Kâ, «le Sénégal a adopté la politique de garantir la santé pour tous. C’est dans ce cadre qu’a été créée la division de la lutte contre la maladie et les maladies non transmissibles pour compléter l’offre de soins. La transplantation a été envisagée dans ce sens, surtout la transplantation rénale et c’est dans ce cadre qu’a été votée en 2015 la loi sur la transplantation d’organes (le rein) et la greffe de tissus. La mission du Conseil national de don et de transplantation, c’est essentiellement d’assurer la transparence de la sécurité et d’organiser le don d’organes et d’assurer la sécurité de l’acte transplantation rénale. Le Cndt ne transplante pas. C’est un organe de régulation, de supervision de l’activité de la transplantation. C’est lui qui définit le cadre règlementaire pour faire la transplantation rénale. Ce cadre a été défini, sorti sous forme d’arrêté et partagé avec tous les hôpitaux (directions administratives et commissions d’établissement). Ils sont donc en possession de tous ces documents. On a aussi rencontré les comités locaux.
Au niveau du Cndt, quand un dossier est déposé, il y a une liste d’évaluateurs externes qui ont été identifiés, qui sont formés au référentiel. Ce sont eux qui vont aller sur place, vérifier par rapport à la concordance entre ce qui est dit dans le dossier et ce qui est sur place». Il s’exprimait à l’occasion de la semaine du rein au Sénégal où des spécialistes du rein et des techniciens de la dialyse ont aussi sensibilisé les populations sur la maladie du rein et sur les règles d’or à adopter pour une meilleure prévention de l’insuffisance rénale, une maladie à la fois sournoise et très coûteuse.