LE SEUL AVION MEDICALISE AU SENEGAL CLOUE AU SOL DEPUIS 45 JOURS
FAUTE DE CARBURANT

Unique avion médicalisé au Sénégal, l’appareil de «Secours aérien sans frontière», basé à Tambacounda et qui assurait les évacuations sanitaires vers Dakar est cloué au sol depuis 45 jours. Cela, par défaut de kérosène. Ses exploitants n’ont plus les moyens de le faire voler. Pourtant, il suffit de 215 millions de francs Cfa pour le faire voler toute l’année.
Pour participer à la politique de santé en matière du développement, l’association «Secours Aérien sans Frontière» avait mis à la disposition du Sénégal un avion médicalisé de dernier cri. Cet appareil médicalisé avait comme base Tambacounda, vu la position médiane de cette région orientale par rapport au reste du Sénégal. Cet avion est aujourd’hui à plus de 200 évacuations depuis la création de la mission. Mais force est de constater que cet appareil qui avait pour mission de soulager les populations sénégalaises et aider l’Etat dans sa politique de santé, est aux arrêts depuis bientôt 45 jours. Cela, pour défaut de carburant. «C’est le seul avion médicalisé dans la sous-région, c’est-à-dire un avion qui a les instruments de secours à bord. Cet avion-là, on n’a plus de carburant, on n’a plus rien pour payer le kérosène», révèle Xavier Diatta, vice-président de «Secours aérien sans frontière».
«La date de la dernière évacuation remonte au 17 avril dernier, le pilote était là chez moi, il attendait. Et l’avion pour le faire fonctionner pendant une année, il faut juste un budget de 215 millions de francs Cfa. 215 millions de francs Cfa, comparé à certaines dépenses que les gens font, c’est rien du tout. Mais vous savez, trouver un avion, ce n’est pas un problème, le problème c’est le faire fonctionner», confie M. Diatte, dont l’association gère cet appareil médicalisé.
Face donc à cette question, les responsables de cet appareil veulent même dérouler une campagne de collecte de fonds au niveau des populations, afin de trouver du carburant pour l’avion. Cela, pour que les missions humanitaires puissent continuer pour sauver des vies. «Là, pour cet avion, on n’a plus de carburant, on n’a plus rien. Donc, depuis le 17 avril, le pilote était chez moi et il attendait. Il s’est trouvé qu’il n’y a toujours rien et il est reparti. On s’était proposé de voir avec le ministère de l’Education, comme on le fait en France, la collecte des pièces jointes pour permettre de collecter au niveau des écoles, des institutions…», dit-il. «Si chaque Sénégalais donnait 100 francs Cfa, on allait avoir un avion ambulance disponible 24/24. Parce que le coût annuel de ces avions-là, c’est 215 millions de francs Cfa. Comme vous le savez, cet avion, par le passé, avait beaucoup aidé», souligne Xavier Diatta, selon qui, «tous les Sénégalais doivent s’y mettre pour qu’il y ait une solution positive à ce problème».
«Le ministre Awa Marie Coll Seck, quand elle est arrivée dans le gouvernement, elle a été la première à accepter de signer une convention avec nous. Maintenant, je comprends peut-être qu’ils ont des contraintes budgétaires. Mais, moi, mon ambition première est de faire participer les citoyens. Il faut que les citoyens se réveillent. Si on se met là à dire : il faut l’Etat… ça ne marche pas», note-t-il.
Poursuivant, il ajoute : «En France, je vous dis que pour la recherche contre le cancer, Mme Chirac, elle parcourt des milliers de kilomètres pour récolter des fonds. Les gens ne se rendent pas compte de l’impact de la santé. La santé, c’est le dénominateur commun à tout le monde. Les gens n’apprécient réellement la justesse des idées que, quand ils sont dans le besoin».
Rappelons que cet avion est placé sous le contrôle et l’administration du Samu National. Sa mission, c’est essentiellement de soulager les populations des zones reculées du Sénégal, pour des évacuations vers Dakar, pour des pathologies très lourdes.