LES CONFESSIONS DE DR BABACAR NIANG
Mort de Doudou Fall, son arrestation, hospitalisation d’Ousmane Sonko, Mis sous contrôle judiciaire, le patron de la clinique Suma Assistance doit se présenter devant le juge chaque vendredi pour sa signature.
Après ses démêlés avec la justice, le patron de la clinique Suma Assistance, Dr Babacar niang, est sorti de son mutisme pour se prononcer sur de nombreuses questions comme son arrestation, la mort de Mamadou Ly dit Doudou Fall (agent à la mairie de Médina), l’hospitalisation d’Ousmane Sonko au niveau de sa structure.
Mis sous contrôle judiciaire, le patron de la clinique Suma Assistance doit se présenter devant le juge chaque vendredi pour sa signature. Dr Babacar Niang est poursuivi pour homicide involontaire, mise en danger de la vie d'autrui et non-assistance à personne en danger. Des chefs qui font suite à la disparition de Mamadou Ly dit Doudou Fall qui avait été évacué à la clinique Suma Assistance avant de succomber à ses blessures. Objet d’une plainte déposée par le frère du défunt et le maire de la Médina (Bamba Fall), le praticien a expliqué sur «Seneweb» c'est le politique qui s'est invité dans le médical. «Bamba Fall soutient que c'est parce qu'Ousmane Sonko était à Suma qu'on a laissé son protégé à son sort». Pourtant, Dr Babacar Niang précise que pour toutes les manifestations politiques, sportives, religieuses et sociales, il intervient avec son personnel et n'attend pas que des personnes soient blessées pour agir.
«AUJOURD’HUI, JE NE PEUX PAS ME PROMENER A LA MEDINA. C'EST COMME SI J'AVAIS TUE DE SANG-FROID DOUDOU FALL»
Le patron de Suma Assistance raconte que son personnel est allé chercher Mamadou Ly devant la clinique de la Médina. «Il y avait six blessés sous perfusion. Sans discrimination, encore moins de distinction de couleurs du Pastef ou d'un autre parti, nous avons essayé de le soigner. Mais aujourd'hui, le procureur nous a lynché. Actuellement, je ne peux pas me promener à la Médina, c’est comme si j'avais tué de sang-froid Doudou Fall», se désole Dr Niang. À la question de savoir pourquoi ils ont voulu savoir si le patient était de Pastef ou non, il répond que c'était une manifestation des "pastefiens" qui faisaient face aux hommes de tenue. «Par conséquent, si on reçoit un patient sans tenue, on lui demande son appartenance. Il y avait un scanner de plus de 100.000 Fcfa à payer. Je peux transporter des malades, mais pour des prises en charge, il faut un garant. C'est ce qui justifie la question et ça se passe comme ça dans tous les hôpitaux. Il se trouve que Pastef s'est organisé depuis des années. Ils nous ont donné leurs numéros en nous disant : «Chaque fois que vous verrez quelqu'un de notre organisation, appelez nos médecins». Ils ont une cellule socio-médicale», renseigne-t-il avant d’ajouter : «Doudou Fall était installé à l'hôpital du jour. Là-bas, on fait le diagnostic et on comprend ce qu'il faut faire par rapport au suivi médical. Sur les 24 heures qu'il a passées, j’ai signé le remboursement de la différence d'argent à midi, car que je devais aller au Fouta. Sa famille a pensé qu'il faut qu'il fallait l’acheminer à l'hôpital. Et c'est à 12 h que cela a été fait, au lieu de 17 h comme expliqué par le procureur. À notre niveau, on voulait qu'il soit examiné par un neurochirurgien, pour savoir s’il y a possibilité de l'opérer. Le spécialiste contacté devait venir le vendredi, selon son agenda, parce que comme vous le savez, il n’y a pas beaucoup de neurochirurgiens au Sénégal. Au niveau de Suma, on travaille avec trois d’entre eux. On en a contacté un autre, mais il a aussi donné rendez-vous le lendemain. Ils ont eu une place à l'hôpital avec l'aide du ministre de l'Intérieur, comme l'a souligné Bamba Fall. Le dossier existe et n'eût été le secret médical, on allait vous livrer les détails». Cependant, il indique qu’ils savent ce qui est écrit au détail près. «Dans l’attente d'un neurochirurgien, Doudou Fall avait sa perfusion de morphine et ses médicaments. Autrement dit, il bénéficiait du suivi médical normal».
«OUSMANE SONKO A DEJA SON MINISTERE DE LA SANTE…»
Sur le dossier médical de Doudou Fall qui est transmis à l'hôpital Principal bien après et par WhatsApp, Dr Babacar Niang précise que quand on évacue en France où ailleurs, le document est transféré par mail. Le directeur de Suma Assistance regrette-t-il ce qui s'est passé ? Il répond qu'après 36 ans de service, à chaque fois que quelqu'un meurt, il a des regrets. «C'est un sentiment qu'on a toujours. Si je pouvais éviter la mort, mes parents seraient là. On galvaude le terme non-assistance à personne en danger sans savoir ce qu'il en est au juste. On a des formulaires à suivre et à chaque intervention, il y a un type de traitement à faire. Alors, où situe-t-on la non assistance ? Vous pensez que moi, je peux voir quelqu’un mourir ou souffrir et rester là à boire mon thé». Accusé d’avoir négligé Doudou Fall pour s’occuper d’Ousmane Sonko, Dr Niang balaie d’un revers de la main. «C'est le Pastef qui s'est introduit dans sa clinique et on atteste sans preuve qu’ils ont laissé tout le monde pour Ousmane Sonko», dit-il avant de préciser que la clinique est également constituée de l'hôtellerie. «Celles qui viennent accoucher, je ne les vois pas. Elles viennent avec leur gynéco, accouchent et repartent de la même manière. Sonko peut louer une chambre et se faire suivre par son médecin à Suma. La preuve, je n'étais pas là. Ousmane Sonko a déjà son ministère de la Santé. Ils ont une possibilité de prise en charge. C'est pourquoi, on n’a posé la question. Je n'ai signé aucune convention avec Pastef et je poursuivrai quiconque s'aventure dans ce domaine, parce qu'il ne peut pas le prouver». Très en verve, il estime que depuis la Covid, il fait l'objet d'interpellation. Pourtant, dit-il, le rapport de la Cour des comptes lui a donné raison.