QUAND LES HORMONES DES FEMMES DEREGLENT LEUR VIE
Dystrophie ovarienne, la pathologie endocrinienne la plus fréquente chez les femmes
Syndrome caractérisé par une aménorrhée, une stérilité et un hirsutisme en rapport avec une ovarite scléro-kystique, la dystrophie ovarienne est une maladie hormonale complexe qui touche de nombreuses femmes et qui est la pathologie endocrinienne la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer. Au Sénégal, de nombreuses femmes souffrent de cette pathologie sans le savoir et cette maladie reste la cause principale de l’infertilité de certaines femmes.
La dystrophie ovarienne est une maladie d’origine hormonale. Il s’agit de la pathologie endocrinienne la plus fréquente chez les femmes en âge de procréer. Elle se caractérise par un processus anormal au moment de la maturation des follicules, lors de la première phase du cycle ovarien (la phase folliculaire, juste avant l’ovulation). Lors de la dernière étape de la croissance folliculaire, de nombreux petits follicules s’accumulent sans entrer en croissance. Cela se traduit à l’échographie par l’accumulation de multiples petits kystes, de petits follicules ovariens en réalité autour des ovaires, d’où le nom de syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), autre nom donné à cette pathologie. Elle se manifeste par différents symptômes notamment des règles irrégulières, peu fréquentes ou totalement absentes (aménorrhée) ou au contraire, des ménorragies (règles très abondantes), un hirsutisme (hyperpilosité sur le visage, le cou…) dû à la forte sécrétion de testostérone, de l’acné, une alopécie, une acanthose nigricans (brunissement et épaississement de la peau au niveau du cou, de l’aine, des aisselles et des replis cutanés). Ces signes ne sont pas forcément tous présents, et cette hétérogénéité clinique rend le diagnostic de la dystrophie ovarienne parfois difficile. Au Sénégal, cette pathologie est devenue un phénomène chez les femmes. Beaucoup d’entre elles en souffrent sans le savoir. C’est le cas de cette dame âgée de 37 ans mariée répondant au nom de Khadidiatou Ly. «J’ai fait 7 ans de mariage, je ne suis jamais tombée enceinte. J’ai consulté beaucoup de spécialistes mais après bilan ils m’ont dit que je souffre de la dystrophie ovarienne bilatérale. Je ne connaissais pas cette maladie, je peux rester 7 mois sans voir mes règles», raconte-t-elle.
MARIEME : «JE PEUX RESTER PLUSIEURS MOIS SANS VOIR MES REGLES. JE SUIS TRES INQUIETE CAR JE PENSE QUE JE NE POURRAI PAS AVOIR D’ENFANTS»
Marième est très confuse à cause de cette maladie car toute sa jeunesse, ses règles ont été irrégulières. «Je suis célibataire de 32 ans et je suis très confuse. Depuis que j’ai commencé à voir mes règles à l'âge de 17 ans, elles ne sont pas régulières. Au début, cela ne me posait pas de problème mais mes amies disaient qu’elles avaient vu leurs règles et quand je leur disais que je ne les avais pas encore vues, elles s'étonnaient. Depuis quelque temps, je reste des mois sans les voir et cela m’inquiète. Car je commence à prendre de l’âge» raconte Marième. C’est à l’hôpital que le gynécologue lui a révélé qu’elle souffrait d’un dérèglement hormonal appelé dystrophie ovarienne. «Je suis hyper inquiète car je pense que je ne pourrai pas avoir d’enfants une fois mariée et je pense à une ménopause précoce», soutient-elle. Marième partage le même traumatisme que Soda Fall qui a commencé à avoir ses règles, il y a juste 6 ans alors qu’elle a presque la trentaine. «J’ai 29 ans et j’ai commencé à avoir mes règles à l’âge de 23 ans. Et puis je n’ai pas de dates fixes pour les règles. Je peux rester 5 mois sans voir mes règles. Je suis allée en consultation après avoir fait l’échographie, le gynécologue m’a dit que je souffrais d’une dystrophie ovarienne droite. C’est compliqué et je pense réellement que je n’aurai pas d’enfants», lance-t-elle avec désolation.
AMINATA SAKHO : «MON PETIT AMI QUI S’APPRETAIT A M’EPOUSER M’A ABANDONNEE LORSQU’IL A SU MA MALADIE. DEPUIS LORS, J'AI DES DEPRESSIONS»
Âgée de 27 ans et célibataire, Aminata Sakho nous révèle qu’il y a un mois, elle avait vu beaucoup de sang accompagné d’une douleur atroce. «C’était la première fois. Je peux rester plus de 6 mois sans voir mes règles. Après consultation, on m’a signalé que je souffre d’une dystrophie ovarienne», soutient-elle. Elle est inquiète en pensant qu’elle n’aura pas d’enfants une fois mariée. « J’en avais parlé à mon petit ami qui s’apprêtait à m’épouser mais il a préféré me quitter car il m’a dit que je ne pourrai pas avoir d’enfants. Depuis lors, j'ai des dépressions et des règles irrégulières. Je crois que je vais devenir folle», confie Aminata Sakho.
NB : Ce sont des noms d’emprunt