RECITS DE FEMMES ATTEINTES DE CANCER DU SEIN ET DU COL DE L'UTERUS
Des femmes qui gémissent, qui pleurent et qui crient «Aidez-nous ! Faites quelques choses pour nous». Telle est la réalité quotidienne de ces femmes atteintes de cancer notamment celui du sein ou du col de l’utérus.
Elles n’ont presque plus de vie intime, sociale et professionnelle. Fatou, Mary et Ndèye Amy (noms d’emprunt) vivent un drame. Elles souffrent terriblement et leur douleur est innommable. Ce sont des femmes atteintes de cancer du sein et du col de l’utérus. Avec beaucoup de difficultés, elles racontent leurs histoires en ce mois d’octobre consacré justement aux cancers. Hélas, un octobre qui n’est pas du tout rose pour ces pauvres femmes!
Des femmes qui gémissent, qui pleurent et qui crient «Aidez-nous ! Faites quelques choses pour nous». Telle est la réalité quotidienne de ces femmes atteintes de cancer notamment celui du sein ou du col de l’utérus. Le cancer, c’est une maladie chronique qui ne se transmet pas mais qui peut être très sournoise.
Dans la culture sénégalaise, tous les sujets liés au sexe, au système reproducteur féminin sont tabous. Et même si des femmes voient des symptômes anormaux ou bizarres, elles craignent de se rendre à l’hôpital pour se faire consulter et, le cas échéant, être prises en charge rapidement.
Comme beaucoup de femmes, Fatou (nom d’emprunt)n’a rien dit à son entourage quand les médecins lui ont diagnostiqué un cancer du sein. La peur du qu’en-dira-ton. Le fait de ne pas en avoir parlé immédiatement à son entourage lui a fait perdre beaucoup de temps, du temps précieux, avant de commencer le traitement. Aujourd’hui, elle a perdu son sein droit qui a attaqué toute sa main droite enflée. Sa douleur est inqualifiable ! Cette bonne dame souffre beaucoup, trop même. Elle suit son traitement à l’hôpital «Dalal Jamm» de Guédiawaye depuis la fermeture de l’hôpital Aristide Le Dantec où elle était soignée auparavant. «Je suis fatiguée. J’ai une plaie béante. C’est dur. Je ne ferme pas l’œil de la nuit. Je pense que je vais mourir» confi-t-elle désespérée. Elle fait partie des malades qui se soignent à Dakar mais qui habitent dans les régions. Plus précisément, Fatou est de Kaolack. Elle a perdu son époux juste quelque temps après avoir été diagnostiquée du cancer. «Mon mari est décédé. Je n’ai plus personne pour me consoler. Le cancer ne peut pas être pris en charge par une seule personne ou un seul groupe. Ça a un coût élevé alors que moi je n’ai rien. C’est trop dur «, gémie-t-elle. Elle n’est pas la seule dans cette situation.
Comme elle, Mary souffre de douleurs lancinantes, horribles. Habitant à Touba, elle est hébergée à Mbao pour se rapprocher de l’hôpital Dalal Jamm où elle est traitée. La maladie l’a complètement défigurée, la rendant presque méconnaissable. Elle a perdu beaucoup de kilos. Tout comme Fatou, elle aussi a perdu son mari il y a quelques mois. «J’ai perdu le sommeil depuis longtemps. Comment pourrais je dormir avec ces douleurs atroces que je ressens en permanence ? Je viens de Touba. Après l’opération, il y a les analyses, les médicaments, les déplacements. Tout cela, ça demande de l’argent. Je me soigne à Dalal Jamm. Les analyses sont trop chères. Avant de faire la chimiothérapie, on débourse parfois 25000 francs malgré la gratuité. Il y aune gratuité de la chimiothérapie, mais on est souvent obligé de payer pour pouvoir bénéficier de certains analyses et médicaments.
Le président Macky Sall a rendu la chimio gratuite, mais ça impacte presque pas dans la prise en charge. Les médicaments sont chers. On rate des séances de chimio parce qu’on n’a pas quoi se payer les médicaments etmême les analyses».
Ndèye Amy est une autre malade du cancer. Elle souffre dans sa chair et jusqu’au tréfonds de son âme. «C’est très dur. Le cancer n’attend pas. J’avais subi une opération et j’étais presque guérie mais la tumeur est revenue. Le ministre de la Santé, Marie Khémess Ngom Ndiaye, m’a beaucoup aidée. Elle y a beaucoup participé aux frais relatifs à mon opération chirurgicale», indique notre interlocutrice tout en soulignant que le cancer demande le soutien de tous. «Car cela nécessite beaucoup de moyens. Pour l’opération, on a payé plus de 700 000 francs», précise Ndèye Amy. Le Gouvernement a consenti beaucoup d’efforts en faveur des malades du cancer mais la prise en charge est longue et coûteuse. Périlleuse aussi. Au Sénégal, comme dans beaucoup de pays d’Afrique, la plupart des cancers sont diagnostiqués à un stade très avancé. Les sources de traitement étant limitées, les familles font de grands sacrifices pour soigner leurs malades. La stigmatisation complique davantage la maladie. Les cas pris en charge dans les hôpitaux ne sont que la face visible de l’iceberg. Beaucoup de femmes meurent sans avoir jamais vu un médecin ou sans jamais avoir su qu’elles étaient atteintes par la maladie. Dans le monde rural, surtout, on pense qu’il y a quelque chose de mystique dans cette redoutable maladie. «Au début, ma famille disait que
j’étais maraboutée», confie Ndèye Amy. Conséquence: elle est arrivée à l’hôpital à un stade où la tumeur était tellement grosse qu’il lui fallait subir une ablation de son sein. Le cancer du sein est redoutable et mortel. Celui de l’utérus l’est plus encore. Qu’on soit en octobre, en novembre, en décembre ou en mars, il n’y a rien de rose dans la vie des femmes et hommes qui sont atteints du cancer