VIH : UNE BAISSE DE PLUS DE 70% DES NOUVELLES INFECTIONS
La secrétaire exécutive du Conseil national de lutte contre le sida fait le point de la lutte contre le VIH/Sida au Sénégal. Si les avancées sont certaines, il y a de nombreux défis, notamment les moyens dans un contexte de COVID-19 et la séro-ignorance
Très engagé, le Sénégal a fait des pas de géant dans la lutte contre le VIH/Sida en obtenant une baisse de 70% des nouvelles infections et étant tout proche des objectifs fixés par l’ONUSIDA en 2020. Mais la pandémie de la COVID-19, dans sa frénésie, est venue freiner ce bel élan. En effet, avant la survenue de la COVID-19, le VIH avait toute l’attention de beaucoup de partenaires financiers, notamment du Fonds Mondial, mais depuis deux ans, le VIH est peu ou prou délaissé au profit du SARS-Cov-2, devenu l’urgence de l’heure. Conséquences immédiates, les ressources qui étaient destinées au Sida, au paludisme et à la tuberculose sont presque toutes réorientées vers la COVID-19. Ce qui crée une tension financière sur le budget de la lutte contre le Sida et qui reste un duo malfaisant avec la tuberculose et de la pression sur les services de santé. Dans cet entretien Exclusif avec Infomed, la Secrétaire Exécutive du Conseil national lutte contre le Sida (CNLS), le Dr Safiatou Thiam, expose la situation : les avancées dans la lutte, les défis, les nouvelles stratégies du Sénégal mais aussi les espoirs. Malgré la COVID-19, elle plaide pour la remobilisation de tous les partenaires autour du VIH et souhaite surtout que la question de la COVID-19 soit résolue. ENTRETIEN
Dr Safiatou Thiam, quelle évaluation faites-vous des différentes stratégies qui ont été mises en œuvre au Sénégal pour freiner la propagation du VIH/Sida ?
Pour comprendre les stratégies mises en œuvre, il faut comprendre la situation du VIH au Sénégal. Toutes les stratégies répondent justement à cette situation. Au Sénégal, nous avons une épidémie qui est concentrée. Elle est basse dans la population générale avec un taux de prévalence de 0,3% mais très élevée dans certains groupes comme le groupe des hommes qui ont des relations avec d’autres hommes (27%). C’est plus de 50 fois le taux de prévalence dans la population générale. Chez les consommateurs de drogue, le taux est au-dessus de 5% et chez les professionnelles du sexe féminin, il tourne autour de 6%.
Cela veut dire qu’il faut une stratégie stratifiée qui cible spécifiquement chacun des groupes ?
Nous avons bâti une stratégie pour contrôler l’épidémie qui consiste à lutter contre de nouvelles infections en travaillant avec les femmes enceintes pour éliminer la transmission mère-enfant, en mettant en place des stratégies pour les groupes que j’ai cités pour, justement, limiter la propagation du VIH. Nous avons également mis en place une stratégie de traitement pour tout le monde : accélérer le dépistage en allant chercher les personnes séropositives de ces groupes qui restent une cible difficile à atteindre. En plus de ces groupes, nous essayons aussi d’aller chercher les personnes intermédiaires. Il s’agit des populations mobiles, les personnes vivant avec un handicap, qui sont aussi les groupes dans lesquels la prévalence peut atteindre jusqu’à 5 fois et même plus que la population générale. Donc notre stratégie est bâtie pour répondre à cette spécificité du VIH au Sénégal.
Depuis des décennies le taux de prévalence au Sénégal était estimé à 0,5% dans la population générale, en l’occurrence chez les 15 à 49 ans. Manifestement, ce taux est en baisse. Quelle est la situation aujourd’hui ?
Le VIH au Sénégal baisse. Nous avons depuis 2005 à maintenant observé une baisse de plus de 70% des nouvelles infections. Le taux de prévalence est également est en baisse. On est parti de 0,7% en 2005 à 0,3% maintenant. Ce qui démontre le plus cette baisse, c’est la situation des nouvelles infections. Ces dernières baissent et le nombre de personnes sous traitement augmente. Donc aujourd’hui, il y a de plus en plus de personnes qui sont sous traitement. Plus de 70% des personnes vivant avec le VIH sont sous traitement. Le grand défi aujourd’hui ce sont ces populations difficiles à atteindre. Il faut les trouver, les dépister et les mettre sous traitement.
Si l’on vous comprend, c’est un plutôt un succès. Qu’est-ce qui a été à la base de ce succès du Sénégal dans la lutte contre cette épidémie?
Je pense qu’il y a beaucoup de facteurs. Le premier, c’est la précocité de la réponse au Sénégal. On a mis en place le programme de lutte contre le Sida dès l’apparition du premier cas. Un autre facteur qui peut expliquer le succès du Sénégal en la matière, c’est l’engagement constant des autorités depuis le début. Ensuite, il y a eu l’engagement des communautés, les associations, les ONG, les religieux, les jeunes et les femmes. D’ailleurs, ils sont encore nostalgiques de cette période de mobilisation. Ils nous disent : «Docteur, avant il y avait une grande mobilisation parce que tout le monde parlait du Sida. C’était une époque où il n’y avait même pas de traitement et il fallait miser sur la mobilisation communautaire pour faire passer les messages. En plus de cette mobilisation, maintenant il y a de l’expertise médicale qui a été mise en place, l’accompagnement des partenaires et toutes les ressources qui ont été mises dans la lutte contre le Sida. Je pense que ce sont tous ces facteurs réunis qui expliquent, effectivement, ce succès dans la lutte contre le Sida au Sénégal.
Il y a un succès, mais la bataille est loin d’être gagnée. Quels sont les défis qui se posent au Sénégal dans la lutte contre le sida ?
Il y a énormément de défis. Le plus grand défi c’est que la riposte au sida au Sénégal est financée à 80% par des ressources extérieures. Ce n’est pas une riposte durable. Il faut qu’on ait une riposte qui repose sur des ressources nationales pour pouvoir parler de succès à ce niveau. Nous analysons finement nos résultats. Ils sont certes bons chez les adultes mais chez les enfants, l’accès au traitement reste faible. Il n’y a que la moitié des enfants qui devraient être soignés qui sont aujourd’hui sous traitement. Donc il y a beaucoup de choses à faire sur ce plan. Nous avons aussi remarqué la baisse des nouvelles infections partout sauf dans la tranche d’âge des 19-24 ans, c’est à dire les jeunes. Donc il y a la remobilisation à ce niveau. C’est pourquoi cette année, nous avons placé la journée mondiale de lutte contre le Sida sous le sceau des jeunes pour un peu remobiliser les jeunes et peut-être réapprendre avec les jeunes comment parler aux jeunes pour prévenir la transmission. En d’autres termes, il s’agit de développer des services de prévention qui répondent réellement aux besoins des jeunes parce que les jeunes manquent de connaissance.
L’information pourtant est aujourd’hui plus accessible qu’elle ne l’était 20 ou 30 ans plus tôt grâce à l’avènement d’Internet.
Quand nous faisions nos études chez les jeunes, nous constatons que les connaissances sont faibles chez les jeunes, notamment jeunes filles, ou c’est encore plus faible. Donc il y a des efforts à faire chez les jeunes filles et les jeunes hommes. L’autre défi le plus important c’est un environnement favorable pour travailler avec des populations. Dans le contexte culturel de nos pays africains, ce n’est pas facile de mettre en place un service pour les homosexuels, pour les toxicomanes ou pour les professionnelles du sexe. Cela pose la problématique du respect des droits de ces personnes, du respect du droit à la santé pour tous pour que ces personnes puissent avoir confiance en nos services, venir se faire dépister et se faire soigner quand ils en ont besoin.
Le Sénégal connaît une baisse de 70% de nouvelles infections comme vous l’avez mentionné. Peut-on dire que globalement les gens sont de plus en plus conscients de l’existence du VIH/Sida et du coup, font attention pour ne pas s’infecter ?
Je ne peux pas dire cela parce que la population est vraiment très large et diverse. Mais je pense que la communication positive qu’on fait pour montrer que le VIH est une maladie qui peut se soigner même si on ne peut pas guérir définitivement, a rassuré les personnes qui se sont traitées. On a découvert que le traitement empêche la transmission du Sida. Quand on prend ses médicaments, on peut avoir une bonne espérance de vie. Nous avons beaucoup travaillé pour que les gens aient accès à ce traitement. Je pense que c’est ça qui a fait que la transmission a reculé. Il faut continuer à travailler sur l’information et la communication à l’endroit des populations en général.
D’aucuns pensent que si le paludisme a longtemps fait des victimes sans qu’un vaccin ne fût trouvé plus tôt, si ce n’est récemment, cela est dû au fait que c’est plus en Afrique que cette maladie sévit. Peut-on faire la même réflexion à l’endroit du VIH ?
On ne peut pas dire que la communauté internationale ne s’est pas mobilisée contre le Sida. Je pense qu’avant la COVID-19, c’est la maladie pour laquelle le monde s’est le plus mobilisé. C’est aussi une maladie pour laquelle le monde a le plus mobilisé de ressources et justement, c’est cette mobilisation autour du VIH qui a permis de mettre en place le Fonds mondial. En mettant en place le Fonds mondial, on s’est dit que le VIH non seulement tue, mais est aussi lié à la tuberculose. Donc on a inclus la tuberculose dans ce Fonds. Le VIH et la tuberculose tuent certes, mais en Afrique c’est plus le paludisme qui tue. Aujourd’hui, le Fonds Mondial est le plus grand instrument de financement qui existe dans le monde pour financer la lutte contre ces trois maladies. Par conséquent, la mobilisation contre le VIH n’avait jamais faiblit jusqu’à l’avènement de la COVID-19, où les priorités ont été réorientées vers le SARS-Cov_2. C’était une urgence comme au début du VIH qui faisait peur à tout le monde.
Justement, on imagine que vous acteurs de la lutte contre le Sida avez été soudainement sevrés avec l’avènement de la COVID qui probablement aspire une bonne partie des ressources. C’est bien cela ?
Effectivement, les ressources qui étaient mobilisées ont été réorientées vers la COVDI-19. Le risque est toujours là. C’est pourquoi il faut régler rapidement le problème de la COVID-19, surtout que c’est une maladie aiguë, un virus plus facile à gérer que le virus du VIH. Pour le paludisme comme pour le VIH surtout, il y a eu beaucoup d’investissements dans la recherche. Au moins une vingtaine d’essais cliniques sont en cours pour trouver un vaccin. Justement cette technique d’ARN messager qu’on utilise aujourd’hui pour la COVID-19 est en train d’être étudiée pour qu’elle puisse être utilisée éventuellement dans le cadre du VIH. Il faut comprendre que le virus SARS-Cov-2 est différent du virus du VIH. Le virus du VIH est un virus qui mute régulièrement. Il y a de milliers de virus du VIH. C’est ça qui rend difficile la mise au point d’un vaccin. Il y a toutefois des candidats vaccins qui sont prometteurs. On espère que si la mobilisation ne faiblit pas on va continuer à soutenir la recherche pour avoir un vaccin contre le VIH.
Dr Thiam pour être plus directe, y-a-t-il de la tension dans votre trésorerie parce que la COVID-19, urgence de l’heure, a capté tous les fonds ?
Nous avons effectivement eu des tensions parce que des ressources ont été reprogrammées pour la COVID-19. Déjà, on n’a pas toutes les ressources dont nous avons besoin pour lutter contre le Sida. Nos besoins sont couverts à peut-être 60%. Ce que nous avions comme budget, n’est pas suffisant. On est même en train de vouloir définir des priorités pour voir ce qu’on fait et ce qu’on ne fait pas. En ce moment, il y a la COVID-19 or nous puisons tous à la même source. Ceux qui financent le VIH ce sont eux qui financent la COVID-19, même les gouvernements. Donc nous avons reçu moins de ressources même si le Fonds mondial a mobilisé des ressources dans le cadre de son programme C19RM. Donc ce sont des ressources qui étaient là pour les 3 maladies qu’on a été obligé de réorienter vers la COVID-19. Donc effectivement la COVID-19 va créer des tensions financières, mais aussi au niveau des services de santé. C’est surtout le plus important parce que les services qui vont prendre en charge les patients du VIH, de la tuberculose et du paludisme, ce sont les mêmes qui vont prendre en charge les malades de la COVID-19. Et comme la COVID-19 est beaucoup plus urgente, les prestataires sont orientés vers cette urgence. Ces trois maladies qui étaient prises en charge ajoutées à la COVID-19, ça pèse davantage sur le système de santé.
La stigmatisation des personnes vivant avec le VIH est une réalité. Comment votre structure combat cette injustice ?
Nous développons avec les associations des personnes vivant avec le VIH des activités de sensibilisation. Nous les poussons également à sortir pour donner un visage humain au VIH parce que souvent ceux qui stigmatisent les personnes infectées c’est parce qu’ils ne connaissent pas de personnes vivant avec le VIH dans leur environnement. Les gens ont gardé en tête l’image de personnes rachitiques -les premières images des personnes vivant avec le VIH-qu’on montrait et qui représentaient les personnes vivant avec le VIH. Aujourd’hui, les personnes vivant avec le VIH/Sida ont une vie normale, ont leur famille, leur travail. Mais elles ne sortent pas assez pour montrer qu’elles ont une vie normale. Donc sur ce plan, ça reste un peu surtout dans nos pays où on a de faibles prévalences. Quand on va dans d’autres pays où le taux de prévalence est très élevé, où tout le monde connaît une personne qui a le VIH comme en Ouganda, il y a moins de stigmatisation des personnes vivant avec le VIH/Sida.
Mais ici il y a très peu de personnes qui s’affichent. C’est une personne par génération qui accepte de dire devant le grand public, à la télé qu’elle vit avec le VIH. Donc il y a une auto-stigmatisation des personnes vivant avec le VIH. En ce qui concerne la discrimination, on y a travaillé, Le Sénégal a voté une loi qui protège les personnes vivant avec le VIH/Sida. On ne peut pas les discriminer dans le travail. Beaucoup d’efforts qui ont été faits. Mais je pense que ce combat, ce sont les personnes vivant avec le VIH elles-mêmes qui peuvent le gagner.
Il y a une nouvelle stratégie de prévention qui est la prophylaxie-pré-exposition. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste-t-elle ?
La prophylaxie préexposition ou la Prep, c’est le fait de donner des médicaments à une personne séronégative pour que cette personne ne contracte pas le VIH. Je donne un exemple, on peut avoir un couple ou l’un des conjoints est séropositif. Ils veulent avoir des enfants et décident donc ne pas utiliser le préservatif. On donne ce médicament à la personne séronégative. C’est comme s’il y a une clé qui ferme la serrure où le VIH peut passer pour rentrer chez ce conjoint ou cette conjointe. Comme ça, elle ne va pas contracter le VIH.
Cela veut dire que cette stratégie de ne concerne que les couples ?
Oui, c’est aussi les personnes qui vont prendre le risque, je veux dire les couples établis. De toutes les façons, pour qu’il y ait transmission, il faut que le couple se forme même si c’est de façon éphémère. Donc il y a des personnes qui sont sûres qu’elles prennent des risques. C’est le cas d’un couple qui n’est pas forcément marié. Une personne qui sort avec quelqu’un ou qui fréquente des personnes à risques, se sait à risques, donc elle peut venir demander ce traitement pour se protéger contre le VIH. Nous pensons qu’en combinant le traitement des personnes séropositives et celui des personnes séronégatives qui prennent des risques, on peut arrêter la transmission du VIH. Un autre exemple de cette prophylaxie ce sont les enfants qui naissent de mères séropositives. L’enfant on n’a pas encore son statut, mais il faut qu’on commence tout de suite son traitement. C’est quelque chose qu’on a l’habitude de faire, même si on ne l’appelait pas PreP. C’est un peu comme un vaccin oral aussi. Donc tu prends un comprimé tous les mois et tu peux ne pas contacter le VIH.
Où en est le Sénégal avec l’étape intermédiaire des trois 90%, pilier central vers le cap fixé par l’ONUSIDA visant à mettre fin à l’épidémie du Sida d’ici 2030 ?
En 2020, l’ONUSIDA a estimé qu’on peut mettre fin à l’épidémie du Sida à l’horizon 2030. Mais on ne va pas attendre l’échéance pour faire l’évaluation. On s’est dit qu’on se fixe des étapes, des fenêtres d’opportunités. Ce sont ces fenêtres d’opportunités que traduisent les trois 90% auxquels vous faites allusion. La Covid-19 est même venue chambouler un peu cela. L’objectif c’est que 90% des personnes séropositives soient dépistées et connaissent leur statut sérologique. Sur ces 90% de personnes séropositives, les 90% devraient prendre le traitement ARV (Ndlr : Antirétroviral) et sur les 90% qui prennent des ARV, les 90% devraient avoir une charge virale indétectable, c’est à dire qu’ils ne devraient plus transmettre le VIH. Ce sont les trois 90%, objectifs intermédiaires, que l’ONUSIDA avait fixé et qui ont d’ailleurs été révisés en trois 95% d’ici 2025. Nous pensons que si on arrive à traiter 95% des personnes, on arrêterait la transmission du VIH.
Peut-on dire que le Sénégal est sur la bonne voie?
Au Sénégal, sur les trois 90%, nous nous sommes respectivement à 85, 89 et 84. Nous pensions atteindre au moins les 2 derniers 90% parce que c’est la mise sous traitement de toutes les personnes dépistées. On les met sous traitement sans attendre. Pour le deuxième 90%, nous sommes à 89% de l’objectif. Pour le troisième 90%, c’est renforcer le système de laboratoire pour pouvoir tester les personnes sous traitement et démontrer qu’elles ne transmettent plus le VIH parce qu’elles ont une charge indétectable. Mais pour le premier 90%, nous sommes à 85%. C’est le plus difficile parce qu’il s’agit d’aller chercher des personnes qui sont chez elles et qui n’ont peut-être pas décidé de faire le dépistage du VIH parce qu’elles ne se sentent pas encore malades. Elles prennent des risques de manière conscientes ou pas, mais n’ont pas envie qu’on découvre pourquoi elles sont à risque.
Alors qu’on ne peut rien leur imposer non plus…
C’est tellement complexe qu’il faut qu’on fasse justement des efforts pour aller chercher ces personnes et faut les chercher parmi les populations-clés, leurs partenaires féminins ou masculins et leurs enfants. Il nous faut développer vraiment des stratégies différenciées en direction de ces populations pour pouvoir les dépister et les mettre sous traitement.
En 2019, l’ex- directrice de l’Institut de Santé et Développement, (Ised), le Professeur Anta Tal Dia, s’est émue de ce que le taux de prévalence soit passé de 18 à 20 % chez les homosexuels alors que l’utilisation du préservatif a augmenté. Est-ce que le CNLS a trouvé la réponse à ce paradoxe ?
Il faut voir dans quel groupe l’utilisation du préservatif a augmenté. Si on prend l’utilisation du préservatif de manière générale, on l’utilise pour la double protection pour se protéger des infections dont le VIH mais aussi contre les grosses non désirées. Donc ce sera difficile de comparer l’utilisation de préservatifs chez les homosexuels. Justement nous, nous avons remarqué que dans ce groupe-là, ce sont les jeunes qui sont le plus à risques. Il s’agit des jeunes qui démarrent leur vie affective qui n’ont pas beaucoup d’informations, qui peut-être connaissent le préservatif mais ne l’utilisent pas correctement. En tout cas, nous savons qu‘il y a beaucoup de risques pris au sein de cette population. Je pense que ce sont tous ces comportements dont la non utilisation du préservatif qui les exposent. C’est clair quand une personne utilise le préservatif, normalement cette personne ne contracte pas le VIH.
Votre dernier mot Dr Safiatou Thiam
Le VIH est un problème qui n’est pas encore fini. Nous avions franchi de grandes étapes mais la COVID-19 est venu remettre en question tout ce qui avait été fait comme avancées. Aujourd’hui, il faut remobiliser tout le monde, remobiliser les communautés, la communauté internationale, les chercheurs sur la lutte contre les maladies de manière générale, sur la lutte contre les épidémies. La Covid-19 nous a creusé les inégalités. Elle nous a enseigné que le grand challenge c’est d’avoir un système sanitaire fort pour toutes les urgences sanitaires. Donc, il faut faire énormément d’efforts pour renforcer les systèmes de santé dans nos pays, il faut protéger les communautés et s’occuper de la santé de tout le monde, ne laisser personne sur le bord du chemin. C’est la meilleure façon de lutter contre les inégalités en santé et c’est aussi la meilleure manière de réussir la lutte contre le Sida.
Entretien réalisé par Frédéric ATAYODI