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22 avril 2025
Éducation
FORMER DES GENERATIONS SUR LE MOULE DES ENSEIGNEMENTS DES AINES
Quelques jours après le démarrage officiel des enseignements l’université de Touba, Serigne Amadou Badawi Mbacké, Recteur de ce institut revient dans cet entretien sur le rôle que celle-ci compte jouer en matière de formation et d’éducation. ENTRETIEN
Serigne Amadou Badawi Mbacké est le Recteur de l’université de Touba appelée Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim (Ccak). Quelques jours après le démarrage officiel des enseignements dans cette institution, il revient dans cet entretien avec «Le Soleil» sur le rôle que celle-ci compte jouer en matière de formation et d’éducation.
M. Mbacké, quelques jours après le démarrage officiel des cours au Complexe Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba, pouvez-vous revenir sur le rôle que cette institution compte jouer ?
Il faut d’abord rappeler que c’est une œuvre inspirée du prophète Mohammed (Psl) envoyé par le Tout-Puissant pour enseigner. Enseigner signifie façonner les êtres humains pour leur permettre de vivre une vie utile conformément à l’importance que Dieu confère à l’être humain. Cela permet aussi à la personne de vivre pleinement des bienfaits d’ici-bas et préparer l’au-delà. C’était la mission des prophètes et des «Sahaba» (Ndlr : compagnons du Prophète (Psl)), entre autres élus de Dieu, jusqu’à Cheikh Ahmadou Bamba qui a fait savoir que la quintessence de sa mission terrestre n’est autre que de revivifier les enseignements du prophète Mohamed (Psl), et marcher sur ses pas, adopter toutes les attitudes conformes à sa démarche et se démarquer de toute attitude contraire, si minime soit-elle. En plus de cela, il y a aussi l’importance que l’Islam attache à la quête du savoir, et le premier verset, « Ikra’a », illustre à souhait le poids du savoir en religion car sans connaissance, l’homme ne peut accomplir sa mission de représentant de Dieu sur terre ; c’est-à-dire adorer le Tout-Puissant mais aussi vivifier la terre comme il est dit dans le saint Coran. L’objectif visé à travers l’université est de vivifier les enseignements de Khadim Rassoul, comme l’a fait savoir Serigne Mountakha, le Khalife général. Surtout former des générations sur le moule exclusif des enseignements des aînés. Leur transmettre les enseignements de l’Islam en fonction des orientations des anciens ; veiller à la préservation des acquis légués par les générations antérieures mais aussi s’ouvrir sur l’extérieur à travers la technologie afin de réaliser un être utile à la société, à son pays, son continent et pourquoi pas à l’humanité.
La plateforme concernant les inscriptions a-t-elle donné les résultats escomptés ?
C’est à partir de cette plateforme que nous nous sommes basés pour évaluer le processus des inscriptions. Pour les apprenants intéressés par l’étude du saint Coran au niveau de l’Unité de formation et de recherche (Ufr) appelée «Majalis», de même que pour l’Ufr des Langues et des études islamiques et l’Ufr Santé aussi, en moins de deux semaines, nous avons enregistré près de 7000 inscrits sur la plateforme. Mais il y aura une sélection qui sera faite. Comme vous le constatez, tous les bâtiments ne sont pas encore livrés mais il y en a qui sont prêts. C’est pourquoi nous allons démarrer par un petit nombre d’apprenants d’abord et au fur et à mesure, il y aura d’autres qui vont rejoindre en fonction du rythme de finition de chaque bâtiment. L’objectif est de construire une université communautaire et nous allons voir comment appliquer la gratuité des cours à tous les niveaux. S’il est vrai que c’est une réalisation du Khalife général grâce à l’accompagnement de tous les musulmans, nous veillerons par contre à assurer le bon fonctionnement de cette université.
Qu’en est-il du programme éducatif ? Y a-t-il un curriculum basé sur une approche pédagogique différente des autres universités ?
Dans cette université, nous enseignons les connaissances et les métiers et nous ferons usage de tous les moyens possibles pour l’apprentissage et l’acquisition des connaissances pour les apprenants. Mais le but de cet établissement est l’apprentissage du saint Coran, de la religion et des métiers, car ces deux entités ne peuvent se séparer. L’un ne peut aller sans l’autre. Il y a une Ufr de Langue et des métiers du livre. Un érudit qui a maîtrisé le saint Coran, dans la langue arabe, pour les classes passerelles, peut même suivre d’autres études comme le génie civil, l’agronomie, l’informatique, etc. L’université va formaliser le projet de société de Serigne Touba concernant la réalisation de l’homme.
Que pouvons-nous attendre exactement de la filière enseignement du Coran ?
À travers ce complexe, nous avons un modèle éducatif dédié aussi bien à l’école moderne qu’à la formation classique en matière d’enseignement du Coran. À Touba, il y a une pléthore d’écoles qui enseignent le français et le Coran et qui ne se conforment à aucun programme. Elles ne sont pas reconnues par le Ministère de l’Education nationale. Aussi, les enseignants ne sont pas aptes à former et travaillent dans des écoles inadaptées. Ce sont des établissements sans lendemain. Une commission pédagogique a travaillé sur cet aspect. Concernant l’enseignement traditionnel du Coran, nous avons un dispositif qui englobe le programme initial du Ministère de l’Education nationale mais avec des rajouts qui prennent en compte les réalités de la localité. Ces réaménagements nous permettront de booster le taux de scolarité à Touba. Les apprenants auront un programme conforme aux valeurs et enseignements du prophète Mohamed (Psl). Pour plus de conformité avec le système formel, il y aura une inspection sur place et en compagnie de l’inspecteur de l’éducation et de la formation (Ief) de Mbacké et l’inspecteur d’académie de Diourbel, on pourra ordonner le secteur, formaliser ceux qui étaient informels car l’organisation de l’éducation à Touba tient à cœur le Khalife général. Et ce complexe va nous aider dans ce sens.
Quelles sont les universités partenaires du Ccak ?
Le Ccak est une université communautaire construite par la communauté mouride avec l’appui de la communauté musulmane. Elle va travailler de concert avec l’Etat du Sénégal car il est reconnu que l’éducation et l’enseignement sont du ressort de ce dernier. Dans l’apprentissage du saint Coran, nous avons développé des partenariats avec la Mauritanie, le Maroc, l’Egypte en attendant d’autres universités en France, aux Etats-Unis, etc. Il en est de même concernant l’apprentissage de métiers.
Certes, le fonctionnement sera très lourd, puisque nous pensons atteindre le nombre de 10.000 apprenants, ce qui suppose beaucoup de dépenses. Cependant, il y a une commission des finances qui a fait des études sur ce projet et nous pensons que l’université pourra gagner quelque chose pour se prendre en charge. Nous comptons surtout sur les contributions de la communauté mouride toujours engagée à œuvrer pour le Cheikh. Aussi, il faut se rendre à l’évidence qu’on ne peut pas passer le temps à solliciter des bonnes volontés après avoir réalisé cette infrastructure de 37 milliards de FCfa. Nous comptons beaucoup sur l’appui et l’accompagnement de l’Etat du Sénégal et nous n’avons pas d’appréhensions sur ce plan pour qui connaît les rapports étroits entre le Khalife général et le Président de la République.
Quel est le type d’étudiant accueilli dans ce complexe ?
Dans ce complexe bâti sur 30 hectares, les apprenants sont répartis en plusieurs catégories. Ceux qui ont 6 à 7 ans sont là pour l’apprentissage du saint Coran. Ils sont initiés et suivis jusqu’à la maîtrise du livre saint avant d’enchaîner avec les sciences religieuses. Il y a une autre catégorie d’apprenants, qui ont déjà la maîtrise du saint Coran. Ceux-là sont inscrits en «Majalis ou Majlis» qui est la base pédagogique des grandes universités à l’image de l’université Al Azhar, Bagdad, Bassorah, Koufa comme l’a suggéré Serigne Mountakha Mbacké lors du démarrage des travaux. Il disait qu’il a l’intention de voir l’Ecole de Touba au même niveau que ces grandes universités du monde musulman et nous avons la ferme intention d’être à ce niveau, voire surpasser ces universités dans moins de trois décennies et cela ne relève pas de l’impossible. C’est cela le projet en ce qui concerne les jeunes apprenants. Notre université, qui se veut un centre d’excellence, est ouverte aussi à tous les bacheliers selon la spécialité, à la suite d’une sélection rigoureuse.
Aujourd’hui, on démarre avec l’Ufr Etudes islamiques et langue arabe pour les bacheliers sénégalais, une Ufr où l’on étudie toutes les matières enseignées dans les universités arabes. On y étudiera aussi l’histoire de notre pays, nos valeurs authentiques préislamiques, mais aussi les grands hommes et l’important travail qu’ils ont fait pour ce pays à l’image de Cheikh Ahmadou Bamba.
LES SYNDICATS EN ORDRE DE BATAILLE
Les élections de représentativité syndicale dans le secteur de l’éducation et de la formation se tiendront du 6 au 13 mars prochain.
Les élections de représentativité syndicale dans le secteur de l’éducation et de la formation se tiendront du 6 au 13 mars prochain. Pour cette deuxième édition qui se fera en ligne, après celle de 2017, 35 syndicats vont briguer les suffrages des électeurs afin de faire partie de ceux qui, pendant cinq ans, seront les interlocuteurs du gouvernement pour défendre les intérêts des enseignants. Ceux qui auront atteint la barre des 10% des suffrages valablement exprimés, seront reconnus comme syndicats représentatifs. A quelques jours de la tenue de ces élections, les syndicats d’enseignants sont sur le terrain pour pouvoir convaincre les électeurs. C’est ce qu’ont fait savoir le secrétaire général du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (SUDES), Ibrahima Guèye, et le chargé de l’organisation et plénipotentiaire de l’Union démocratique des enseignants (UDEN), Seydou Kassé.
IBRAHIMA GUEYE, SECRETAIRE GENERAL DU SUDES : « Ne pas être à la table des négociations, c’est être un peu relégués à la périphérie des discussions »
«Comme toutes les organisations syndicales dans le secteur de l’éducation engagées dans les élections de représentativité, le SUDES est évidemment aussi sur le terrain. Notre option a été de partir en coalition au lieu de partir individuellement. Nous sommes dans la coalition qui s’appelle USEQ élargie composée de huit organisations syndicales qui ont décidé de mettre en commun leurs forces. Ces élections sont importantes dans le cadre de la rationalisation des relations entre les syndicats d’enseignants et l’Etat. Vous êtes censés être informés de l’explosion du nombre de syndicats que nous avons. Plus de 70 organisations syndicales au niveau de l’éducation, cela est absolument intenable pour une rationalisation de la table des négociations. C’est pour cette raison que de commun accord, l’Etat et les syndicats avaient décidé d’organiser des élections depuis 2017. Nous en sommes à la deuxième édition. Pour le SUDES et ses colistiers, c’est extrêmement important d’être représentatifs parce que c’est autour de la table des négociations et c’est à partir de la représentativité que nous avons la possibilité de porter directement auprès de l’Etat les préoccupations des enseignants du Sénégal. Donc, ne pas être à la table des négociations, c’est être un peu relégués à la périphérie des discussions et ne pas avoir la possibilité de peser comme l’a toujours fait le SUDES sur les orientations fondamentales du système éducatif au niveau du Sénégal »
SEYDOU KASSE, CHARGE DE L’ORGANISATION ET PLENIPOTENTIAIRE DE L’UDEN : «Nous sommes très optimistes»
« Nous nous sommes en coalition parce que nous avons répondu à l’appel de la base. Aujourd’hui, les enseignants militants qui sont à la base, réclament une unité syndicale. Et cette unité, nous l’avons matérialisée en allant aux élections avec une coalition composée de neuf syndicats et ces syndicats ont jeté leur dévolu sur l’UDEN et le SUDES. L’UDEN va porter le collège élémentairepréscolaire et le collège moyen secondaire, le SUDES va porter le collège des inspecteurs. Donc, c’est une coalition qui répond à l’attente de la base. Présentement, on est surle terrain en train d’effectuer des missions dans les écoles, les établissements pour quand même convaincre les enseignants à venir nous retrouver dans cette unité. Si cette unité dont ils parlent, est réelle en eux, ils devront quand même nous sanctionner positivement. C’est dans ça que nous sommes présentement. Nous sommes très optimistes parce que nous sommes en train de matérialiser ce que la base veut, nous espérons qu’elle portera son choix sur nous. Voilà. Et quel est l’objectif de ces élections ? Les élections vont permettre de choisir les syndicats qui seront autour de la table des négociations avec l’État parce que vous conviendrez avec moi qu’il y a une pléthore de syndicats d’enseignants. Donc, il faut aujourd’hui assainir comme nous l’avions fait quand même pour qu’au moins quelques syndicats représentent la base autour de la table ».
VERS L’EFFECTIVITE DU PORT DE L'UNIFORME SCOLAIRE
Deux années après l’annonce du président de la République, Macky Sall, sur leur généralisation dans les établissements publics du préscolaire, de l’élémentaire et du moyen, les tenues scolaires sont enfin lancées.
Deux années après l’annonce du président de la République, Macky Sall, sur leur généralisation dans les établissements publics du préscolaire, de l’élémentaire et du moyen, les tenues scolaires sont enfin lancées. La cérémonie de réception du premier lot de la commande nationale a eu lieu hier, lundi 20 févier. D’un coût de 30 milliards de FCFA, sur trois années, soit 10 milliards par an, le programme qui était prévu pour une durée de trois ans, depuis 2021, avait semé la discorde chez les acteurs de l’éducation qui estimaient que les priorités dans le secteur de l’éducation étaient ailleurs.
Les élèves des établissements publics du préscolaire, de l’élémentaire et du moyen vont prochainement porter des uniformes. Après deux ans de confection, les tenues scolaires sont enfin disponibles, du moins le premier lot de la commande nationale. Le ministre de l’Education nationale, Cheikh Oumar Anne, et son collègue de l’Artisanat et de la Transformation du Secteur informel, Papa Amadou Ndiaye, ont coprésidé hier, lundi 20 février, la cérémonie de distribution de ces tenues scolaires. En effet, la généralisation des tenues scolaires avait été annoncée par le président de la République, Macky Sall, le 22 avril 2021, en marge du Conseil présidentiel sur l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes. «De même, en appui aux parents et à l’idéal d’égalité et d’harmonie sociale de l’école, les tenues scolaires seront généralisées dès la rentrée prochaine, pour le préscolaire et le primaire. (…) L’Etat en supportera en partie ; la charge par une subvention, et la confection des tenues sera exclusivement locale, pour soutenir notre secteur couturier dont le savoir-faire est apprécié bien au-delà de nos frontières», avait déclaré le Chef de l’Etat. Le coût de ce programme, d’une durée de trois ans (2021- 2023), est de 30 milliards de FCFA sur trois années ; soit 10 milliards par an. Les établissements scolaires devraient porter la phase pilote l’année dernière ; mais le lancement de la distribution des tenues a connu un retard de deux ans. Il se passe également à moins de quatre mois de la fin d’année scolaire (2022-2023).
Interpellé sur le retard dans la confection des tenues scolaires, lors de la conférence de presse du gouvernement, en juin dernier, l’ancien ministre de l’Education nationale, Mamadou Talla, avait répondu : «Quand ils ont essayé d’avoir les tissus, ils ont pu trouver au Sénégal que 500 000 mètres, voilà la première contrainte. La deuxième contrainte, il fallait que, dans chaque département, comme on a déterminé le nombre d’élèves que nous avons, les chambres de métier puissent identifier les artisans qui sont en mesure de les réaliser, au respect de notre cahier de charges».
Le budget alloué à la confection des tenues scolaires avait suscité une polémique de la part des acteurs de l’éducation. Et pour cause, selon eux, beaucoup de priorités attendent le gouvernement dans le secteur de l’éducation à savoir la mise à disposition de tables-bancs, de sanitaires, de mûrs de clôture, de matériels pédagogiques, la résorption des abris provisoires, la construction de salles de classes, entres autres.
Dans une note rendue publique, la COSYDEP indiquait que la mobilisation de 10 milliards pour l’achat de tenues scolaires pose au moins 3 questions. Il s’agissait, selon cette organisation, d’abord de la «priorité de cette opération face aux défis prégnants qui ont pour noms : résorber les abris provisoires, solder le passif avec les enseignants, mettre aux normes l’environnement des apprentissages (sécurité, eau, hygiène), garantir la continuité des enseignements en situation d’urgence surtout pour les plus défavorisés».
Ensuite le dispositif inclusif et transparent qui devra la soutenir pour l’exécuter, si malgré tout, le niveau central était retenu pour l’opérationnaliser. En effet, les marchés devraient être gérés par les niveaux décentralisés et déconcentrés. Enfin la capacité à assurer la durabilité de l’opération en évitant de faire supporter les coûts par les familles déjà éprouvées. Bien que reconnaissant que la tenue scolaire milite pour la réduction des inégalités à l’école et la lutte contre toute forme de discrimination, la COSYDEP s’interroge sur la priorité, le dispositif opérationnel et la durabilité de cette mesure», rapportait-on le document.
DIOURBEL EXIGE LA LIBERATION D'ABDOULAYE THOMAS FAYE
Au lycée technique Cheikh Ahmadou Bamba de Diourbel, les classes ont vaqué à cause de la grève des enseignants. Ces derniers exigent la libération de leur collègue Abdoulaye Thomas Faye arrêté depuis samedi à Kaffrine.
Au lycée technique Cheikh Ahmadou Bamba de Diourbel, les classes ont vaqué à cause de la grève des enseignants. Ces derniers exigent la libération de leur collègue Abdoulaye Thomas Faye arrêté depuis samedi à Kaffrine avant d’être transféré à la section de recherches de la gendarmerie de Thiès. Sa garde à vue a été prolongée et il devra, renseignent des sources dignes, être transféré à Diourbel et présenté au magistrat instructeur. Décrié comme un enseignant modèle, le professeur d’économie tient des classes de terminale. Il lui est reproché, entre autres infractions, des appels à la résistance et à l’insurrection. Abdoulaye Thomas Faye, pour rappel est membre du parti PASTEF. Il milite à Kaffrine.
par l'éditorialiste de seneplus, ousseynou bèye
L’ACTUALITÉ DE LA VISION DE CHEIKH ANTA DIOP
EXCLUSIF SENEPLUS - Quand donc, l’intelligensia africaine, va-t-elle sortir de l’idéologie coloniale, pour oser emprunter les pas du nouveau paradigme proposé par Cheikh Anta Diop, pour la renaissance du continent ?
Ousseynou Bèye de SenePlus |
Publication 17/02/2023
Le 7 février dernier a été célébré, comme chaque année, depuis maintenant 37 ans, l’anniversaire de la disparition du regretté Professeur Cheikh Anta Diop, éminent savant, grand militant du panafricanisme, Secrétaire Général -fondateur du Rassemblement National Démocratique (RND).
A cette occasion, il paraît de la plus grande opportunité de revisiter les grandes idées que ce grand homme a léguées à la postérité. Et de questionner la vision qui les sous-tend, tout s’interroger, non pas sur la pertinence de celle-ci, mais plus exactement sur son actualité.
Pour ce faire, on pourrait se poser au moins deux questions simples :
Quelles sont ces idées-là qui fondent la vision de Cheikh Anta Diop ?
En quoi cette Vision est-elle encore d’actualité ?
Les idées majeures que Cheikh Anta Diop a léguées à la postérité
Dans Nations nègre et Culture (Présence Africaine,1979), comme dans ses travaux ultérieurs, notamment Civilisation ou Barbarie (Présence Africaine, 1981), une autre de ses publications majeures, Cheikh Anta Diop a développé moult idées novatrices. Quelques-unes des plus emblématiques vont être déclinées ici.
Contrairement aux thèses polygénétiques qui dominaient à l’époque, Cheikh Anta Diop défendait et finit par faire admettre au monde scientifique, en même temps que d’autres savants qui défendaient la même thèse, le caractère monogénétique de l’origine de l’Humanité ; c’est-à-dire son apparition première en un seul et unique lieu. Et ce lieu, selon les enseignements du professeur, n’est nulle part ailleurs qu’en Afrique, du côté des Grands Lacs, dans les zones du Kenya, de la Tanzanie et la Zambie actuels. Deux raisons majeures justifient cette thèse : la première est que les plus proches cousins de l’homme actuel sont « les grands singes africains », ce qu’avait déjà énoncé Charles Darwin dès 1871 ; la seconde raison est que les plus anciens fossiles d’hominidés ont été découverts en Afrique. Et de fait, toutes les fouilles archéologiques postérieures aux thèses de Cheikh Anta Diop sont venues confirmer celles-ci. Ainsi, cette zone géographique est désormais reconnue comme le « berceau de l’Humanité », d’où sont partis, par vagues, des groupes de migrants qui allaient essaimer vers les autres continents. Cette thèse a été récemment corroborée par les ossements de « Cheddar Man » découverts en 1903, et ayant fait l’objet de test ADN ; ainsi, cet ancêtre britannique (« le plus ancien squelette d'homo sapiens découvert en Grande Bretagne »), apparemment arrivé en Angleterre il y’a plus de 10 000 ans, avait « la peau foncée, des yeux bleus et les cheveux bouclés » (selon le quotidien The Guardian).
De fait, dans les conditions climatiques qui prévalaient alors, le Premier homme, né en Afrique, était nécessairement doté d’une forte dose de mélanine, cette substance chimique dans l’organisme de l’homme qui permet à celui-ci de résister aux rayons du soleil, dans des conditions draconiennes de forte chaleur, pour pouvoir survivre. Il se trouve que c’est cette mélanine qui protège et détermine la couleur de la peau : plus on en a, plus la peau est sombre et tend vers le noir ; vice-versa, moins on en a, plus la peau est claire et tend vers le blanc. Le premier homme, avec donc nécessairement une forte dose de mélanine dans le corps, fut un Noir, sauf preuve contraire ; cela est aujourd’hui universellement admis dans les milieux scientifiques, et au-delà. D’autant que les analyses par le Carbone 14 sont venues étayer cette thèse.
Il faut souligner que l’éminent savant se basait toujours sur des sources pertinentes et indiscutables : résultats des recherches de ses prédécesseurs, fouilles archéologiques, analyses chimiques, livres saints (Bible et Coran).
De La race noire des populations de l’Egypte antique
Cheikh Anta Diop pose très clairement et très nettement cette problématique dans Nations Nègres et Culture… : « En disant que ce sont les ancêtres des Nègres qui vivent aujourd’hui principalement en Afrique Noire, qui ont inventé, les premiers, les mathématiques, l’astronomie, le calendrier, les sciences en général, les arts, la religion, l’agriculture, l’organisation sociale, la médecine, l’écriture, les techniques, l’architecture ; que ce sont eux qui ont, les premiers élevé des édifices de 6 000 000 de tonnes de pierre (Grande Pyramide) en tant qu’architectes et ingénieurs – et non seulement en tant qu’ouvriers ; que ce sont eux qui ont construit l’immense Temple de Karnak, cette forêt de colonnes, avec sa célèbre salle hypostyle où entrerait Notre Dame avec ses tours ; que ce sont eux qui ont sculté les premières statues (colonnes de Memnon, etc.), en disant tout cela, on ne dit que la modeste et stricte vérité, que personne, à l’heure actuelle, ne peut réfuter par des arguments dignes de ce nom. » (Cheikh Anta Diop, Op.Cit.)
Si Cheikh Anta Diop se prononce de façon aussi péremptoire sur une question scientifique si controversée, c’est que, sûr de son fait, et comme à son habitude, se référant aux résultats de recherches de ses prédécesseurs, procédant à des analyses chimiques sur des tissus prélevés des momies, menant des recherches anthropologiques, et singulièrement des études linguistiques…, il a adossé ses propres recherches sur des sources irréfutables. Et, depuis Le colloque international du Caire (28 janvier, 3 février 1974) notamment, cette thèse est aujourd’hui reconnue comme avérée.
De la parenté entre l’Égypte antique et l’Afrique noire moderne, l’antériorité des civilisation nègres
Les idées dominantes de l’époque caractérisaient l’Égypte antique comme étant une nation tantôt ‘blanche’, tantôt ‘sémite’, la rattachant même parfois à l’Asie ou à… l’Europe. Alors que son appartenance géographique à l’Afrique crève les yeux ! Là aussi, il a fallu à l‘éminent égyptologue mener des études dignes de foi, pour rétablir la vérité historique. Cheikh Anta Diop a dû procéder à des études comparatives faites entre les structures sociales, les institutions étatiques des deux zones géographiques, mais aussi, singulièrement, entre les langues parlées en Égypte antique d’une part, et dans le reste de l’Afrique d’autre part pour tirer ses conclusions (cf. L’unité culturelle de l’Afrique Noire, Présence Africaine, 1959). Aussi, Jose Do Nancimento, politologue et juriste congolais, nous apprend : « Diop a mis en perspective cette parenté en ce qui concerne le phénotype, les institutions politiques, les représentations religieuses et philosophiques, les langues parlées… » (Jose Do Nancimento, La pensée politique de Cheikh Anta Diop, l’Harmatan 2020).
Cette parenté entre l’Égypte ancienne et le reste de l’Afrique entérine bien l’antériorité des civilisations nègres puisqu’elle établit, depuis longtemps, que l’Égypte antique était peuplée de Noirs, qu’elle était la plus prestigieuse et la plus ancienne civilisation que l’Humanité ait connue, et qu’elle était la nation-mère de tous les États africains qui vont se constituer bien plus tard. Il faut savoir que l’Égypte ancienne était la source de prédilection où venaient s’abreuver de savoirs tous les Sages de la Grèce antique : Solon, Thalès, Platon Pythagore… Il ne serait pas du reste sans intérêt, de rapporter ici les propos de Pythagore pour illustrer cette réalité « … Je ne saurais prétendre au titre de sage car ce titre est réservé aux initiés supérieurs de la Valée du Nil. » (Alpha Youssoupha Guèye, Spiritualité et Sciences dans l’action de Cheikh Ibrahima Fall et la Pensée de Cheikh Anta Diop, Les Éditions Omayal, 2021). Si le philosophe fait ici preuve de toute la modestie attendue d’un intellectuel de sa trempe, il n’en témoigne pas moins de sa vénération des Sages de l’Égypte antique auprès de qui il allait s’initier. Quelle plus grande reconnaissance de l’antériorité de la civilisation égyptienne, des civilisations nègres, par rapport aux autres civilisations que connaitra l’Histoire !
De l’unité culturelle de l’Afrique
C’est en particulier dans son ouvrage, L’Unité Culturelle… que Cheikh Anta Diop établit cette unité du continent, dans la foulée de son étude comparative entre l’Égypte ancienne et le reste du continent ; mais aussi, en procédant à une analyse pointue du système du matriarcat qui caractérisait quasiment toutes les nations de l’Afrique précoloniale. Singulièrement, au plan linguistique, ses découvertes ne laissent aucun doute sur l’unité culturelle de l’Afrique dont les langues parlées sont essentiellement des langues à classes, caractéristique essentielle de celles-ci. Alpha Youssoupha Guèye explicite bien la position de l’égyptologue sur la problématique de l’unité africaine : « Dans ses travaux, Cheikh Anta Diop aborde, loin de toute autoglorification, le patrimoine africain en mettant en lumière l’unité historique, l’unité géographique l’unité psychique, la cohérence de l’organisation de la famille africaine précoloniale, de l’Etat, l’existence de solides conceptions philosophiques et morales formant une unité culturelle évidente des peuples d’Afrique… Il y’a un fond linguistique commun… » (Alpha Youssoupha Guèye, Ibid.).
De l’importance fondamentale des langues nationales dans tout processus de développement économique, culturel et social d’un État
C’est un fait, le langage est, pour toute communauté humaine, le véhicule par excellence de communication dans la vie de tous les jours, dans ses activités culturelles, socio-économiques, politiques… La langue qui exprime ce langage est donc porteuse de l’histoire, des valeurs, de la psychologie, pour tout dire de la culture de la communauté considérée. Historiquement, les grandes civilisations qui ont connu une pérennité remarquable, ont en général, été édifiées par le biais de l’écriture de la langue ; c’est le cas de la civilisation de l’Égypte ancienne, des civilisations grecque, latine, arabe, chinoise, indienne, etc. Par contre, les civilisations qui n’ont pas connu ou qui ont perdu l’écriture de leur langue, tout en gardant de leur grandeur, ont adopté l’oralité, comme substitut, modalité moins rigoureuse et moins pérenne. Partant de tels constats, on peut comprendre les trois principes de base dégagés en la matière par le professeur Cheikh Anta Diop, dans un de ses articles publié dans Taxaw, organe du RND, qu’il ne serait pas superflu rappeler ici :
- « Le développement par le gouvernement dans une langue étrangère est impossible, à moins que le processus d’acculturation ne soit achevé, c’est là que le culturel rejoint l’économique ».
- « Le socialisme par le gouvernement dans une langue étrangère est une supercherie, c’est là que le culturel rejoint le social ».
- « la démocratie par le gouvernement dans une langue étrangère est un leurre, c’est là que le culturel rejoint le politique ».
Le premier principe de ce triptyque est attesté, vérifié par les faits historiques : il n’existe aucun État au monde qui se soit développé convenablement en faisant fi des langues parlées par les populations, pour emprunter une langue étrangère comme langue officielle à leur place. Sauf si, en effet, le processus d’acculturation a fini d’accomplir son œuvre, en produisant des êtres hybrides qui ne se re connaitraient plus dans leur culture d’origine. Ce dernier état de fait étant l’objectif déclaré de toute entreprise coloniale, et que tout pays indépendant qui voudrait construire une économie auto-centrée et solide, un développement durable, devrait impérativement éviter.
Le deuxième principe met en garde les États illégitimes qui usent et abusent de l’ignorance de leurs administrés, et alerte les peuples, en leur rappelant que tout système socialiste véritable repose sur leur mobilisation consciente. Voilà pourquoi Cheikh Anta Diop parle de « supercherie », terme que d’aucuns pourraient prendre pour un mot « trop fort ».
Le troisième principe, enfin, renvoie à une pratique saine de la Démocratie qui repose sur le principe de majorité. Comment en effet, concevoir la Démocratie lorsque la très large majorité de la population, analphabète, ne comprend pas les règles du jeu, consignées en langue étrangère ?
Alliant la pratique à la théorie, Cheikh Anta Diop, à l’occasion de la semaine culturelle de l’École des jeunes filles de Thiès, en 1983, donna une grande conférence sur les langues nationales, entièrement en wolof, avec pour thème : Làmmiñi réew mi ak gëstu. Boubacar Boris Diop nous apprend : « Au-delà du thème abordé - langues nationales et recherche scientifique - cette conférence résume avec clarté les thèses centrales de la pensée de Cheikh Anta Diop. » (Boubacar Boris Diop, Le Sénégal entre Chekn Anta Diop et Senghor, L’Afrique au-delà du miroir, Éditions Phillipe Rey, 2007).
En tirant les leçons de ces principes, on pourrait en conclure, bien évidemment, qu’il ne saurait y avoir de développement véritable pour notre pays, tant que nos langues nationales ne prendront pas la place qu’elles méritent, en leur donnant leur statut de langue officielle : langue de gouvernement, langue d’enseignement et langue de travail dans tous les domaines.
Aujourd’hui, 21 langues nationales ont été codifiées ; il existe des dictionnaires en langues nationales et les règles grammaticales ont été établies et mises à jour pour la plupart d’entre elles ; il y’a surtout une floraison de productions littéraires dans tous les genres (romans, nouvelles, théâtre, contes, poésie, essais…). Enfin, dans la vie de tous les jours, en public, comme en privé, dans les médias comme dans les maisons, dans la rue, et même dans les « vestiaires » des salles de classes à l’école, nos langues maternelles constituent le principal véhicule linguistique.
Aujourd’hui, manifestement, le wolof, (dans un premier temps concomitamment avec le français), pourrait constituer la langue officielle du pays, avec, corrélativement, l’enseignement dans les autres langues au niveau de l’Elémentaire. En effet, dans le processus d’acquisition des connaissances, l’enfant qui n’utilise pas sa langue pour son apprentissage, connaîtra toujours un retard de près de 6 ans, avant de pouvoir rivaliser avec son camarade qui aura eu le privilège d’apprendre dans sa propre langue. Ces réalités–là, qui frisent l’évidence, Cheikh Anta les avait mises en exergue il y a… plus d’un demi-siècle, avec Nation Nègre… !
De l’engagement pour un futur État fédéral d’Afrique Noire
Tout le monde sait la conviction, la ferveur avec lesquelles Cheikh Anta Diop a consacré sa vie pour tracer les sillons de l’unité africaine, pour l’avènement d’un État Fédéral d’Afrique Noire.
Avec son ouvrage, Les fondements économiques et culturels d’un État Fédéral d’Afrique Noire (Présence Africaine, 1974 – revue et corrigée) Cheikh Anta Diop laisse à la postérité africaine le premier (l’unique ?) Plan de Développement de l’Afrique Noire, qui est aussi une Plateforme de Révolution politique, pour assurer un développement prospère et durable de son continent.
Chez Cheikh Anta Diop, il n’y a pas d’unité sans mémoire, sans conscience historique : il est donc question d’abord de restaurer la conscience historique, ce ciment qui détermine l’appartenance à une communauté, qui mobilise et galvanise les peuples et conditionne l’unité.
De même, nous append-il, « Il n’y a pas d’identité nationale et fédérale sans un langage commun : l’unification linguistique est possible » (Cheikh Anta Diop, Ibid, 4e page de couverture). A ce propos, on le sait, le savant, militant panafricain, propose l’adoption d’une langue unique de gouvernement au niveau continental, tout en recommandant l’utilisation des langues nationales comme langues de travail et d’enseignement, selon les pays.
Au plan politique, il s’agit d’éviter non pas la « balkanisation » en tant que telle, mais plus encore, la « sud-américanisation. Car si la « balkanisation » est source d’instabilité, la « sud-américanisation » également facteur d’instabilité, s’accompagne de séries de coup d’État, sans fin, téléguidés de l’Extérieur. Avec, nous met-il en garde : « … Une prolifération de petits Etats dictatoriaux sans lien organique, éphémères, affligés d’une faiblesse chronique… sous la domination économique de l’étranger… » (Cheikh Anta Diop, Ibid). D’où la pertinence, voire la nécessité du fédéralisme entre des États souverains. Au regard de l’actualité politique africaine, on conviendra que l’Histoire a, encore une fois, donné raison à Cheikh Anta Diop.
Au plan économique, avant de proposer un plan de réalisation de ses idées, le savant a tenu d’abord à faire la revue des potentialités économiques du continent, notamment en ce qui concerne son potentiel énergétique (hydraulique, hydroélectrique, solaire, éolienne, thermique des mers, atomique, thermo-nucléaire, géothermique, etc.). Il s’agit ici d’un véritable travail scientifique et technique qui repose sur le réel. Dans la même perspective, Cheikh Anta Diop indique une mutualisation des ressources continentales, les connexions possibles entre les ressources énergétiques, les richesses agricoles et celles minières, de l’Ouest à l’Est, du Nord au Sud de l’Afrique.
Enfin, il aborde la question cruciale de l’industrialisation, indispensable à tout processus de développement viable : la conquête et l’organisation du marché intérieur ; les moyens de transport entrant dans la même perspective ; l’incontournable question de la formation des cadres techniques ; l’institution d’un Fonds d’Investissements permettant le financement de tous les programmes et projets à mettre en œuvre. Toutes choses étant le soubassement de politiques d’États indépendants pour des économies auto-centrées au bénéfice exclusif des intérêts nationaux.
« En Conclusion pratique », comme il l‘annonce lui-même, l’illustre savant propose « 15 points essentiels comme principes de base d’une action concrète » (Cheikh Anta Diop, Ibid). Tout en renvoyant le lecteur à l’œuvre, un opuscule facile à lire, on ne saurait manquer d’en citer, tout au plus, les quatre premiers, dans l’ordre décliné :
- Restaurer la conscience de notre unité historique,
- Travailler à l’unification linguistique à l’échelle territoriale (nationale) et continentale, une seule langue africaine et de gouvernement devant coiffer toutes les autres ; les langues européennes, quelles qu’elles soient, restant ou retombant au niveau de langues vivantes de l’enseignement secondaire.
- Élever officiellement nos langues nationales au rang de langues de gouvernement…
- Étudier une forme de représentation efficace de l’élément féminin de la nation.
Il importe ici de souligner la proposition d’un système « bi-caméral-genre » (si on peut le dire ainsi), pour l’institution législative : une Chambre législative composée exclusivement de femmes et une Chambre législative uniquement pour les hommes. Un tel système va bien évidemment, beaucoup plus loin que celui de la parité, actuellement en vigueur dans notre pays, système encore révolutionnaire sur le continent, voire dans le monde entier. Cette proposition, qui pourrait paraître idéaliste et impraticable, n’a effleuré l’esprit d’aucun autre intellectuel ou politique, semble-t-il. Pourtant, Cheikh Anta Diop la fonde sur les réalités culturelles africaines.
On sait en effet, avec le chercheur, que dans nos anciens empires ou royaumes, lorsque les hommes se réunissaient le jour, pour traiter des affaires de la Cité, la nuit, les femmes en faisaient de même sur les mêmes sujets, avant qu’une solution concertée ne soit trouvée et retenue. Ainsi, nous rappelle-t-il (ou nous apprend-il) : « … Aussi, les femmes participaient-elles à la direction des affaires publiques dans le cadre d’une assemblée féminine, siégeant à part, mais jouissant de prérogatives analogues à celles de l’assemblée des hommes » (Cheikh Anta Diop, Ibid.). L’historien donne l’exemple de la résistance militaire de Béhanzin à l’armée française : « … une décision de l’assemblée des femmes du royaume, qui s’est réunie la nuit, après celle des hommes réunie le jour, et qui, à l’inverse de cette dernière, avait donné l’ordre de mobilisation et la guerre. La décision fut ratifiée par les hommes… Loin d’entraver la vie nationale et d’opposer les hommes et les femmes, il (le bicaméralisme) garantissait l’épanouissement de tous. » (Cheikh Anta Diop, Ibid.)
Une telle option, à la fois originale et révolutionnaire, fera dire à la féministe Dr Aoua Bocar Ly que Cheikh Anta Diop est un « Féministe en pratique et en théorie. » ; justifiant son propos, elle insiste : « C’est donc forte de ce que nous avons observé dans sa pratique, et décelé dans sa pensée (écrits et conférences) que nous affirmons que Cheikh Anta Diop est un éminent féministe ». (Aoua Bocar Ly Tall, Cheikh Anta Diop l’humain derrière le savant, l’Harmatan Sénégal, 2022)
Dès lors, il ne serait pas superflu d’insister sur ce point qui figure à la fois comme un trait de caractère (dans la pratique), et une conviction (dans la théorie) de Cheikh Anta Diop, et qui est souvent ignoré ou méconnu du grand public, voire de l’élite. Quand donc, l’Intelligensia africaine, va-t-elle sortir des sentiers battus de l’idéologie coloniale, pour oser emprunter les pas du nouveau paradigme proposé par Cheikh Anta Diop, pour affirmer et bâtir la renaissance africaine, à partir des réalités africaines et pour le seul intérêt des Africains ?
De la continuité historique et de la conscience historique
Cheikh Anta Diop a été certainement le savant qui a le plus usé de ces deux concepts fondamentaux, en les développant, en les affinant, pour en faire des outils d’éveil des consciences et d’émancipation de l’intelligentsia africaine.
Dans presque tous ses écrits, notamment dans L’Afrique Noire précoloniale (Présence Africaine, 1960) ou dans L’Unité culturelle…, on découvre des développements importants de l’évolution des sociétés africaines (genèse, caractéristiques, apogée, déclin…) à travers des démonstrations sourcées et documentées, démontant au passage beaucoup d’idées reçues que l’on prenait pour acquises définitivement.
Il faut savoir que les cultures et les civilisations ne naissent pas spontanément, ex-nihilo, pas plus qu’elles ne disparaissent du jour au lendemain, comme par enchantement. Leur progression, de leur naissance à leur disparition, suit toujours un long processus, favorisé tant par des facteurs internes (luttes entre groupes sociaux, entre castes, entre classes sociales…) que par des facteurs externes (tendances hégémoniques, impérialistes de nations militairement fortes sur d’autres plus démunies économiquement, militairement…). Il en a été ainsi, par exemple, pour la Grèce antique comme pour l’Empire romain, pour la civilisation byzantine… Il en a été de même pour l’Égypte antique qui a duré 3120 ans (environ -3150 à -30) et dont le processus de mutation a connu trois grandes périodes, pour l’essentiel : l’Ancien Empire, le Moyen Empire et le Nouvel Empire. Ce processus, non linéaire, a naturellement aussi caractérisé l’évolution du reste de l’Afrique, depuis l’Égypte ancienne, jusqu’aux empires et autres royaumes déclinents, après leur apogée (Ghana, Mali, Tékrour, Songaï, Djolof, Saloum, Gabou…). Aujourd’hui encore, les sociétés modernes sont soumises aux mêmes lois d’évolution (croissance, apogée, déclin). C’est cela, la continuité historique : ce fil conducteur qui lie les différentes étapes du développement historique d’une communauté donnée. C’est ainsi qu’il y a, par exemple, quelques siècles, l’Afrique a connu le phénomène de la traite des esclaves : orientale (VIIe - XXe siècles) d’abord, puis ensuite, atlantique (XVe – XIXe siècles) ; ces agressions extérieures inhumaines, véritables actes de barbaries de la part d’États militairement plus forts, sont venues bouleverser les structures sociales internes, pour rompre la continuité historique de leur développement. Ces bouleversements extérieurs (auxquels il faut ajouter la colonisation et la néo-colonisation) ont ainsi été des facteurs bloquants de la continuité historique des sociétés africaines, et expliquent le retard relatif qu’elles connaissent dans le processus de leur développement.
Il n’y a pas lieu alors, pour les Africains, de rester perplexes et de douter des réalisations prodigieuses dont nos ancêtres ont été les artisans : il faut remonter ce fil conducteur jusqu’à la source, rétablir la continuité historique pour se convaincre de l’apport fondamental des civilisations nègres à la construction de la civilisation planétaire en devenir. Un tel exercice débarrasserait l’Africain ou l’Afro-descendant de tout complexe infériorisant et mal placé.
Pourtant, Cheikh Anta Diop confesse que, lorsqu’il entreprenait, au tout début, ses recherches, il était loin de se douter de ce qu’il allait trouver. Seul l’intéressait, disait-il, ce fil conducteur pour restaurer la continuité historique du continent africain ; dans cette confession (au colloque du Caire), il donnait presque l’impression de s’excuser pour avoir fait de telles découvertes aussi fantastiques à l’actif de l’Afrique : « … Ce qui m’intéressait c’était de trouver le chemin humble de nos ancêtres les plus lointains, et quand je suis tombé sur l ‘Égypte, mes camarades de ma génération le savent, j’étais gêné, ça ne m’intéressait pas de tomber sur l’Égypte pour ce que je cherchais. C’est le fil conducteur, c’est la restauration de la continuité historique qui m’intéressait, c’est cette conscience historique qui est le ciment qui réunit les individus d’un peuple… C’est ce sentiment historique que je voulais restituer, restaurer… »
Prendre conscience de cette continuité historique, et en tirer toutes les conséquences positives, c’est donc cela la conscience historique. Les Africains devraient s’en armer pour « aller à l’assaut du ciel » ! Telle est l’invite du savant panafricain Cheikh Anta Diop qui assoie ses thèses sur des convictions profondes étayées et éclairées par une démarche scientifique rigoureuse basée sur le réel.
De la civilisation planétaire plutôt que de la barbarie
Cheikh Anta Diop était profondément humaniste, dans le sens où sa véritable préoccupation, sa cible essentielle était : l’Homme. Ainsi, l’illustre savant, tout préoccupé par le devenir de l’Afrique qu’il était, ne se montrait pas moins soucieux de celui de l’humanité toute entière, tout au long et à travers toutes ses publications. Par exemple, dans Civilisationou Barbarie où, mettant en garde ses contemporains, il militait « pour bâtir la civilisation planétaire au lieu de sombrer dans la barbarie ». (Cheikh Anta Diop, Op.Cit.)
Il faut en effet bien noter que l’éminent penseur ne tire aucune gloriole de ses découvertes, ni en tant qu’individu, ni en tant qu’Africain. Lui-même met en garde ses compatriotes africains : « … Dès lors, le Nègre doit être capable de ressaisir la continuité de son passé historique national, de tirer de celui-ci le bénéfice moral nécessaire pour reconquérir sa place dans le monde moderne, sans verser dans le nazisme à rebours, car la civilisation dont il se réclame eût pu être créée par n’importe quelle race humaine – pour autant que l’on puisse parler d’une race – qui eût été placée dans un berceau aussi favorable, aussi unique. » (CAD, Ibid.)
Il ne serait pas sans intérêt d’insister sur le fait que Cheikh Anta Diop n’a pas cherché à classer les Nègres au-dessus des Blancs ou d’une quelconque autre race. Du reste, comme on s’en rend compte, il n’utilise la notion de « race », qui lui répugnait, que pour bien se faire comprendre, notamment de ses confrères qui, eux, avaient consacré ce terme dans leurs divers travaux. Ne soyons donc pas étonné qu’il insiste pour clamer haut et fort ses convictions universalistes : « Nous aspirons tous au triomphe de la notion d’espèce humaine dans les esprits et dans les consciences, de sorte que l’histoire particulière de telle ou telle race s’efface devant celle de l’homme tout court. On n’aura plus alors qu’à décrire, en termes généraux qui ne tiendront plus compte des singularités accidentelles devenues sans intérêt, les étapes significatives de la conquête : de la civilisation par l’homme, par l’espèce humaine tout entière. » (Cheikh Anta Diop, Antériorité des Civilisations Nègres Mythe oe Vérité historique, Présence Africaine, 1992).
Ces idées de Cheikh Anta Diop, aussi audacieuses que fécondes, une fois passées en revue, sans prétention à l’exhaustivité, il importe de les confronter aux réalités de notre époque, à l’actualité du jour, pour en étudier la pérennité de la pertinence ou non.
En quoi la Vision de CAD est-elle toujours d’actualité ?
De l’origine de l’humanité, de la race du peuple de l’Égypte antique et de la parenté entre celle-ci et le reste de l’Afrique
Sur ces questions, la messe est dite, la cause entendue, du moins dans les milieux scientifiques, pour l’essentiel. Cependant, on rencontre souvent dans le grand public, et jusque chez les intellectuels, des propos du genre : « Que nous importe que l’Afrique soit le berceau de l’humanité, ou que les Égyptiens anciens fussent des Nègres ? »
Les auteurs de tels questionnements, quand ils sont sincères, au-delà du fait qu’ils dévoilent leur ignorance, révèlent aussi une certaine mésestime de soi ; car généralement, ce sont les mêmes qui croient que les Africains sont arriérés, n’ont jamais rien inventé, et ne savent même pas fabriquer une aiguille ! Évidemment, avec un tel état d’esprit, point d‘armement moral pour faire face aux défis des temps modernes !
A ceux-là, il faut apprendre que les grandes réalisations de l’Homme sont le fait de l’humanité entière, chaque race, ou continent, ou nation ayant apporté sa contribution à un moment donné ou un autre de l’Histoire. Autrement dit, il faut lui faire approprier le concept à la fois scientifique et galvanisateur de « conscience historique ».
Aujourd’hui, les populations africaines, singulièrement la jeunesse, ont-elles acquis cette conscience historique ? La réponse est certainement négative. Et tant qu’il en sera ainsi (absence de toute conscience historique), ces idées de Cheikh Anta Diop restent d’actualité, et méritent donc des études plus approfondies, et surtout d’être vulgarisées.
L’unité culturelle de l’Afrique noire et la problématique des langues nationales
La question de l’unité culturelle de l’Afrique noire ne devrait pas en principe être sujet à discussion, tant les rites, traditions et religions africaines se pratiquent avec beaucoup d’affinité à travers les différents États. Cependant, l’observation dans les comportements de certains individus dénote, au-delà de l’ignorance, d’un certain nationalisme à outrance, voire d’un certain racisme qui ne dit pas son nom. Et, il faut bien le relever, pour le regretter, les dirigeants des États africains dans leur ensemble ne montrent aucunement la volonté politique, dans cette perspective, de mettre en valeur l’unité culturelle du continent, laquelle devrait être le socle de son unité politique.
C’est cette absence de volonté politique pour l’unification du continent, passant d’abord par des politiques culturelles efficientes, qui donne toute son actualité à cette question fondamentale (l’unité culturelle de l’Afrique).
Quant à la question des langues nationales, il est évident qu’elle se pose encore avec acuité. En effet, on peut d’abord relever une ambiguïté : la langue maternelle demeure l’outil privilégié des populations sénégalaises dans leur vie de tous les jours, en dépit de la politique officielle qui, depuis environ 300 ans avec la domination française, cherche à imposer au pays une langue étrangère, en l’occurrence le français. Cependant, comme nous l’avons déjà vu, il y a comme une lame de fond qui se développe, inexorablement, pour porter les langues nationales à la place qui leur est due. Toutefois, en ce qui concerne le Sénégal, ces langues nationales ne sont pas encore enseignées dans nos écoles, encore moins, érigées en tant que langues de travail et de gouvernement, comme langues officielles, comme c’est déjà le cas, dans bien des États africains. Manifestement, là encore, la volonté politique est ce qui manque, depuis les années dites « d’indépendance », en dépit des progrès enregistrés relativement à la codification de l’écriture et de la grammaire de ces langues.
Retenons donc que, tant que nos langues nationales ne connaitront pas un statut de langue de gouvernement, de langue d‘enseignement, de langue de travail, pour tout dire de langue officielle, cette problématique demeure d’une grande actualité.
Construction d’un État fédéral africain
On peut se demander s’il est besoin d’épiloguer sur l’actualité de cette question pour notre continent, tant les pas de tortue de nos dirigeants (coachés qu’ils sont par des officines étrangères, notamment de Paris) vers cette unité, agacent et lassent. Il est vrai que des efforts d’unifications régionales, au plan strictement économique, sont une réalité. Mais cela dure depuis la sortie de Fondement…, en 1960. Depuis le fameux sommet de l’OUA (1963), où Kwamé Nkrumah, Gamal Abdel Nasser et autres Sékou Touré, cherchaient à convaincre leurs pairs, leur demandant de prendre leur courage à deux mains et d’aller à l’essentiel : l’unité politique, d’abord. Plus récemment, Mouammar Kadhafi, prenant le relai, est allé plus loin, en proposant un plan et des financements, pour mettre en place les institutions pour une unité politique et économique de l’Afrique. On sait ce que cela lui a coûté… comme ses prédécesseurs : Um Nyobé, Patrice Lumbumba, Amilcar Cabral, Silvanus Olympio, Thomas Sankara… qui rêvaient d’États africains souverains.
Il est vrai qu’au niveau de la jeunesse africaine, on peut noter de réels frémissements, par-delà les frontières étatiques, en vue d’un panafricanisme renouvelé et dynamique. Cependant, n’oublions pas qu’avec Cheikh Anta Diop, le préalable à toute unité est la prise de conscience historique : cette reconnaissance de la continuité historique qui cimente l’unité d’États indépendants et libres.
Pour donc, la réalisation de cet ardent rêve de Cheikh Anta Diop, la construction d’un État fédéral d’Afrique, nous sommes loin du compte ; et tant que l’Afrique végétera pour l’atteinte de cet objectif, cette problématique restera de la plus grande actualité.
Civilisation ou barbarie ?
C’est la question fondamentale que pose l’éminent savant qui a aspiré d’une civilisation planétaire, embrassant toutes les races, tous les continents, toutes les nations du monde. Sur des bases égalitaires, unies dans un œcuménisme universel. L’unité de l’Afrique, bien conçue (comme celle de l’Amérique, de l’Europe, de l’Asie …) participe de cette Vision.
L’homme arrivera-t-il à cet horizon qui semble bien, à l’heure actuelle, un objectif utopique ? Pour l’heure, tout semble militer dans le sens contraire, avec les impérialismes qui, loin de périr, se revigorent dans notre monde contemporain qui se gausse de mondialisation et de globalisation.
Il est donc évident que cette idée de civilisation planétaire est et restera également, plus que d’actualité, tant que des États impérialistes, avec la complicité de leurs dévoués « nationaux », chercheront à imposer leurs lois aux peuples en lutte pour leur liberté.
Pour conclure brièvement, il paraît opportun de redonner la parole au politologue Jose Do Nancimento, et ensuite revenir à Nation Nègres et Culture, « Cette œuvre capitale », pour emprunter la célèbre expression de Boubacar Boris Diop :
« Aujourd’hui, à l’heure où des politiques de développement ont conduit les sociétés africaines dans l’impasse, il est temps que les acteurs politiques africains se tournent enfin vers les politiques de la renaissance africaine élaborées par Cheikh Anta Diop… » (Jose Do Nancimento, Op.cit)
Cette position rejoint bien la note de la 4e page de page de l’édition 2018 de Nation Nègres… : « Avec plusieurs décenies de recul on s’aperçoit que les grands thèmes développés dans Nations Nègres et Culture, non seulement n’ont pas vieilli, mais sont maintenant accueillis et discutés comme des vérités scientifiques, alors qu’à l’époque ces idées paraissaient révolutionnaires. »
Mais, plus que d’actualité, ne sont-elles pas toujours révolutionnaires, ces idées-phares, cette vision de Cheikh Anta Diop ?
Ousseynou Bèye est enseignant à la retraite, chargé du Cours de Wolof à l’Université du Numérique Cheikh Ahmidou Kane (ex-UVS).
PREMIER LYCEE DE LA FRANCE D'OUTRE-MER, LE LYCEE CHEIKH OMAR FOUTIYOU TALL FACE AU DEFI DU TEMPS
Premier lycée français d'outre-mer crée en 1919, le lycée Cheikh Omar Foutiyou Tall (LCOFT) de Saint-Louis dont les bâtiments ont existé bien avant en 1886 croule sous le poids des âges.
Saint-Louis, 17 fév (APS) - Premier lycée français d'outre-mer crée en 1919, le lycée Cheikh Omar Foutiyou Tall (LCOFT) de Saint-Louis dont les bâtiments ont existé bien avant en 1886 croule sous le poids des âges.
Son proviseur, Ndèye Arête Sarr Mbodj, rappelle qu'avant d'être érigé en lycée, d'autres institutions toujours dédiées à l'enseignement ont abrité ces lieux. Elle parle notamment de la période où les locaux abritaient un établissement d'enseignement supérieur ainsi qu'une école normale d'instituteurs, une école professionnelle et une école primaire.
Selon quelques informations parcourues dans les archives, c'est en 1924 que l'Inspecteur général de l'enseignement en Afrique occidentale française (AOF) y avait transféré l'Ecole normale d'instituteurs et l'Ecole professionnelle. Plus tard, les classes primaires quitteront le lycée pour laisser la place à un établissement réservé uniquement au cycle secondaire.
Depuis lors, les bâtiments ont subi quelques réhabilitations mais pour le proviseur, ''cela ne suffit pas et il faut vraiment donner à l'établissement une cure de jouvence''. Le lycée figure parmi les établissements historiques dont le chef de l'Etat a annoncé la réhabilitation lors de son message à la Nation le 31 décembre dernier.
Le proviseur rappelle notamment la réhabilitation de 2010 avec quelques couches de peinture sur les murs mais plaide pour une action de grande envergure. Elle reconnait quand-même que les bâtiments sont toujours solides et tiennent. Seulement, l'électricité avec les courts-circuits récurrents et la plomberie font des siennes.
''Pour des bâtiments installés avant les indépendances, nous subissons des coupures intempestives qui endommagent nos machines et les techniciens mettent du temps à retrouver les circuits'', explique-t-elle, relevant que l'humidité qui caractérise cette partie de Saint-Louis située sur une île contribue aussi à la dégradation des bâtiments et matériels. Les ordinateurs sont souvent affectés, a-t-elle dit.
L'école bénéficie de l'accompagnement de ses anciens organisés en associations. ‘’Très souvent les anciens nous viennent en aide'', dit Mme Mbodj, citant l'exemple des ordinateurs reçus durant la Covid 19 des mains de Bocar Kelly qui permet à l'administration de bien fonctionner.
D'autres, organisés suivant les promotions, viennent en appui à l'établissement qui a reçu durant la Covid du matériel d'hygiène et du matériel informatique.
Le lycée reçoit des visiteurs en pèlerinage, selon Mme Sarr qui donne l'exemple d'une Française qui a révélé récemment lors d'une visite que sa mère était infirmière dans le passé dans ces lieux.
Malgré ses difficultés, le LCOFT se porte bien au point de vue des résultats scolaires, dit fièrement le proviseur. ''Depuis trois ans, nous ne quittons pas la barre des 60 pour cent'' au bac, affirme-t-elle, mettant l'accent sur le taux de réussite de 100 pour cent obtenu dans la série S1 l'année dernière.
Il y a également l'augmentation continue des effectifs dans les séries scientifiques qui constitue un motif de satisfaction pour Mme Mbodj qui ne comprend pas que les élèves nourrissent une peur bleue des mathématiques. ''Il faut leur faire comprendre qu'ils peuvent réussir dans ces séries et que certains peuvent être performants en mathématiques contrairement aux idées reçues'', plaide-t-elle.
Elle reconnait aussi l'absence de professeur purs en mathématiques constitue un frein au développement des séries scientifiques. Souvent, ce sont des professeurs de sciences naturelles ou sciences physiques qui assurent les cours là où auparavant il y avait des maitrisards en mathématiques. Il en est de même pour la philosophie dont les cours sont dispensés par des sociologues.
Le mouvement d'humeur en cours des professeur de philosophie inquiète le proviseur. ‘’Quatre parmi nos cinq professeurs sont concernés'', signale-t-elle. Les grévistes s'offusquent contre l'arrêt de la formation continue des professeurs. Ils ont rendu les copies de composition qui ne sont pas encore corrigées, souligne-t-elle.
Un fait rarissime pour être souligné. Amadou Mahtar Mbow, renseigne un tableau accroché sur les murs du LCOFT a été ministre du Sénégal (1957-1958) avant de devenir professeur au lycée Faidherbe (1958-1964). Il retrouvera un poste ministériel (1966-1970).
Ce lycée a aussi accueilli de brillants élèves devenus personnalités politiques reconnues au Sénégal et dans le monde. Il y a le président Abdou Diouf mais aussi Moustapha Niasse, Amath Dansokho, entre autres.
BLAISE DIAGNE, UN VIVIER DES CADRES
Le lycée Blaise-Diagne date de la période coloniale. Sa particularité est que les élèves viennent pour la plupart de familles démunies ctuellement, il accueille 2477 élèves, dont 1117 filles et 1360 garçons.
Dakar, 16 fev (APS) - Le Lycée Blaise-Diagne, anciennement collège d’orientation, fait partie des établissements secondaires de renom au Sénégal qui font recevoir une cure de jouvence dans le cadre du programme d'urgence de réhabilitation de plusieurs lycées historiques annoncé par le chef de l’Etat, Macky Sall, dans son adresse à la Nation du 31 décembre 2022.
'’Le lycée Blaise-Diagne date de la période coloniale. Sa particularité est que les élèves viennent pour la plupart de familles démunies’’, a indiqué à l’APS sa proviseure, Lotta Dieng Ndiongue. Actuellement, il accueille 2477 élèves, dont 1117 filles et 1360 garçons.
Le lycée Blaise Diagne, constitué de neuf bâtiments, est implanté entre les quartiers populaires de Grand-Dakar, Usine Bène Tally, Usine Niary Tally, Fass et Colobane. Il s’inscrit dans un polygone irrégulier entre le canal quatre à l’est, la zone B à l’ouest, le boulevard Dial Diop au nord et le canal quatre bis au sud, selon sa proviseure.
Par sa position géographique, l’établissement est situé dans une zone de cuvette qui reçoit les eaux pluviales venant des Sicap, Cité Keur Gorgui, Sacré-Cœur, entre autres, pendant la saison des pluies. Ce qui créé de problèmes d’accès pendant cette période où même les logements de la proviseure, de l’intendant et du censeur deviennent infréquentables.
‘’Toutes les salles sont inondées pendant l’hivernage, entraînant des dégâts matériels énormes. Quelques zones d’affaissement du mur de clôture ont occasionné plusieurs entrées. L’insécurité est grandissante face à l’insuffisance de gardiens, occasionnant des cas de vol et d’agression’’, a déploré Lotta Dieng, qui salue le projet de réhabilitation annoncé par le chef de l’Etat.
Le Lycée Blaise Diagne a été créé en 1958. Il s’appelait alors collège d’orientation et ne comptait que la 6ème et la 5ème avec moins de 600 élèves. De 1960 à 1961, il devient le collège classique et moderne de Fass avec six niveaux, de la 6ème à la 1ère. A partir de 1961-1962, il est baptisé lycée Blaise Diagne (LBD), du nom du premier député d'origine africaine élu à la Chambre des députés française, en 2014.
Blaise Diagne, pépinière d’éminents cadres
L’augmentation rapide des effectifs a entrainé, en 1964-1965, la création d’une annexe regroupant toutes les classes de 6ème à l’ancienne avenue Gambetta, dans les locaux de l’ancien collège Martin Luther King. C’est en 1972 que toutes les classes furent regroupées dans les locaux du lycée avec l’ouverture d’un internat.
‘’En 1986, quatre ans après la suppression de l’internat, dans le souci de faciliter sa gestion, le lycée a fait l’objet d’un scindement à l’issue duquel deux entités scolaires sont nées : le CEM pour le premier cycle et le lycée pour le second cycle. En 1997, le CEM fut rattaché au lycée puis détaché depuis 2009’’, explique Mme Diongue.
De 47% entre 2019 et 2020, le taux de réussite de cet établissement est passé à 57,38% entre 2020 et 2021.
Proviseur du lycée Blaise-Diagne depuis octobre 2022, Mme Diongue rappelle que ‘’d’éminentes personnalités ont été formées'' dans cet établissement scolaire. L’ancien ministre Abdoulaye Makhtar Diop, Grand Serigne de Dakar, Abdoulaye Diouf Sarr, député, ancien ministre de la Santé et de l’Action sociale, Khalifa Abacar Sall, ancien maire de Dakar, le professeur de droit Abdoulaye Sakho de l’UCAD et Papa Abdoulaye Seck, ancien ministre, ambassadeur du Sénégal en Italie y ont fait leurs études.
D'autres illustres hommes comme Pierre Goudiaby Atepa, ingénieur architecte, Alioune Badara Bèye, écrivain, le ministre Diène Farba Sarr, Thione Niang, entrepreneur social, conférencier international, coordonnateur de Give1Project et lighting Africa sont aussi des anciens de cet établissement scolaire.
Les anciens du lycée reviennent souvent à la source à travers des œuvres sociales. IIs se sont ainsi constitués en association ou amicale et prêtent une attention particulière à l’établissement.
Selon la proviseure, ‘’la promotion LBD avec comme président l’Ambassadeur du Sénégal en Italie Abdoulaye Seck a construit des toilettes’’. Elle ajoute que ‘’les anciens de cette promo ont réfectionné la salle des professeurs, la salle World Links, équipé l’infirmerie et comptent organiser, cette année, une journée de consultation gratuite et de don de lunettes’’. La promo ‘’LeuBeuDeu’’, quant à elle, a réfectionné la bibliothèque et offert une photocopieuse au lycée. ‘’Arches des amis de Blaise’’ a offert quelques ordinateurs à l’établissement, selon la proviseure.
LYCEE DE WALALDE DE PODOR EN GREVE
Les élèves du lycée de Walaldé, dans le département de Podor (nord), ont décrété, jeudi, un mot d’ordre de grève de 24 heures renouvelable, pour réclamer la libération de leurs deux camarades en garde à vue dans les locaux de la gendarmerie de Démette.
Podor, 16 fév (APS) - Les élèves du lycée de Walaldé, dans le département de Podor (nord), ont décrété, jeudi, un mot d’ordre de grève de 24 heures renouvelable, pour réclamer la libération de leurs deux camarades en garde à vue dans les locaux de la brigade de gendarmerie de Démette.
Leur arrestation est consécutive à une tentative d’"entrave'', par des jeunes, d’une opération de sécurisation menée dans la soirée de mardi par la brigade de gendarmerie de Démette, une commune située à 14 km à l'ouest de Walaldé, a expliqué une source sécuritaire. A la suite de cet incident, les gendarmes ont interpellé des jeunes ayant lancé des pierres en leur direction.
Salif Sarr, le porte-parole des élèves du lycée de Walaldé, précise que ces deux camarades ont été arrêtés chez eux et conduits à la brigade de gendarmerie de Démette. Les élèves ont promis de poursuivre leur grève jusqu'à la libération de leurs camarades et leur retour dans les salles de classe.
Les enseignements ont été interrompus dans les collèges et écoles élémentaires de la commune de Walaldé par les élèves du lycée, qui ont investi la rue au cri de ''liberté pour nos camarades".
NOTRE PLATEFORME PRONE UNE APPROCHE INCLUSIVE DE LA FORMATION
Dans cet entretien, Amadou Manel Fall, Directeur général de Tooshare, le réseau social qui veut révolutionner l’apprentissage explique les enjeux, le mode d’emploi. Il dresse par ailleurs le bilan de la première année.
Dans cet entretien, Amadou Manel Fall, Directeur général de Tooshare, le réseau social qui veut révolutionner l’apprentissage explique les enjeux, le mode d’emploi. Il dresse par ailleurs le bilan de la première année.
Il y a un an, vous lanciez TooShare. Le premier réseau social éducatif africain. Quel bilan tirez-vous ?
Tooshare a été lancé il y a un peu plus d’un an. C’est une solution qui permet d’agréger tout l’écosystème éducatif du point de vue digital. Dans les partenariats nous travaillons avec les instituts de formation, les universités, les établissements scolaires… Ce sont des partenariats avec les entreprises pour la formation continue de leur personnel pour avoir également la possibilité de rencontrer une communauté de jeunes qui ont été formés et peut-être qui peuvent effectivement répondre à des besoins de recrutement et aussi pallier la question de l’employabilité qui est une question très accrue dans nos états. Ce sont des professeurs, des gens d’expérience qui ont cette expérience à partager avec des jeunes africains. Donc c’est tout un écosystème.
Vous créez vous-même le contenu ou bien ?
Nous sommes une plateforme ouverte. Nous sommes ouverts à tous ceux qui ont le désir ou le souci de partager cette expérience, cette compétence, cette connaissance qui peut permettre aux apprenants, aux usagers de la plateforme de monter en compétences et de développer des skills et d’avoir des formations qui leur permettent demain de pouvoir offrir leurs compétences en Afrique et à travers le monde.
Nous avons des gens qui viennent uniquement pour avoir un apprentissage dans les langues locales. Que ça soit en Wolof, peut-être en Serere, en Diola, en Bambara, en Malinké, en Swahili… Donc ce que nous donnons, c’est la possibilité à tous ceux qui sont intéressés par l’apprentissage de ces langues de pouvoir rencontrer en face, une communauté de personnes ayant cette expérience et prêtes à la partager. Donc des gens qui peuvent effectivement nous donner un cours dans ces différentes langues ou dans des matières, des sujets, des thématiques, qui peuvent vous apporter un plus dans votre formation ou votre parcours. C’est ce que To Share essaye de faire. Nous ne nous autoproclamons pas comme étant des professeurs ayant une science dans tous ces domaines. Nous mettons en relation ceux qui désirent apprendre avec ceux qui sont en possession de cette connaissance ou de cette expérience et qu’ils sont prêts à partager. Grâce au numérique, notre plateforme prône une approche inclusive de la formation.
Mais généralement, il y a un déphasage entre l’offre de formation et les besoins de l’entreprise. Est-ce que c’est pris en compte ?
Nous avons très tôt impliqué les entreprises. Dès le lancement, nous accueillons pas mal d’entreprises sur la plateforme à travers les pages pro. Nous accueillons également des instituts de formation, des écoles et universités qui peuvent prendre en compte les besoins exprimés par les entreprises de manière que par rapport à la formation qui est développée sur la plateforme, qu’il y ait une adéquation avec les emplois disponibles dans ces entreprises là. Aujourd’hui, nous avons plus de 6300 cours disponibles gratuitement sur la plateforme avec des matières et sujets très divers. Mais nous ne nous arrêtons pas là, nous donnons la possibilité aux usagers de créer du contenu pédagogique en fonction de leurs besoins. Et ça c’est une des particularités de la plateforme. C’est que vous pouvez créer un cours, et un système d’évaluation de ce cours ou des apprenants. Vous pouvez également avoir de la ressource pour créer du contenu spécifique sur la plateforme. Nous créons cet écosystème, cet environnement pour favoriser l’apprentissage et le partage d’expériences sur la plateforme.
Que gagne le créateur de contenus qui vient chez vous ?
D’abord, c’est d’appartenir à une communauté africaine probablement avec les mêmes problèmes, les mêmes soucis et ayant le désir d’avoir les mêmes réponses, que ça soit culturellement, socialement etc… D’où l’importance du réseau social Tooshare. Et donc nous pensons que pour un créateur de contenu, c’est un aspect assez intéressant. L’autre chose c’est l’environnement. Le créateur de contenus peut rendre accessible son contenu soit sur le réseau social, soit de manière spécifique dans le cadre de formation, de class-room dédiés au partage de ce contenu là. Donc dans les médiathèques que nous avons, du contenu peut être posté et donc c’est toutes ces solutions technologiques que nous offrons au niveau de la plateforme.
En termes de chiffres, quel bilan tirez-vous de la première année ?
C’est un bilan satisfaisant. Du point de vue technologique, c’est le fait d’avoir réussi le pari d’une plateforme qui correspond aux normes internationales, qui est en mesure d’accueillir aujourd’hui une communauté de 10 millions d’usagers. Une plateforme sûre, résiliente, qui peut être accessible partout en Afrique et qui donne un accès à toute la communauté d’apprenants. Que ce soit les usagers apprenants, les professeurs également qui sont en situation de partager leur expérience et leur savoir-faire auprès d’une population jeune et moins jeune.
LE SECRETAIRE GENERAL NATIONAL DU SELS/A INDIQUE LA VOIE A SUIVRE
Réformer les curricula, c’est d’abord réviser les programmes en vigueur, plus précisément, les contenus d’enseignement-apprentissage qui, aujourd’hui, ne répondent plus aux préoccupations des apprenants
Il y a de cela quelques jours, des élèves des établissements publics scolaires ont protesté, pour réclamer la révision du programme scolaire qui, selon eux, est «lourd». Sur ce, le ministère de l’Education nationale a annoncé que le gouvernement s’est déjà inscrit sur cette lancée. Interpellé sur la question, le secrétaire général national du Syndicat des enseignants libres du Sénégal/Authentique (SELS/A), Pape Mbaye Marie Sylla, indique la voie à suivre.
«Réformer les curricula, c’est d’abord réviser les programmes en vigueur, plus précisément, les contenus d’enseignement-apprentissage qui, aujourd’hui, ne répondent plus aux préoccupations des apprenants. C’est la raison pour laquelle, d’ailleurs, les élèves sont sortis. Nous sommes à l’ère de la compétence et les compétences, qui sont installées par les enseignants, doivent permettre aux élèves de résoudre des problèmes de vie. C’est-à-dire les problèmes auxquels ils sont confrontés. Malheureusement, aujourd’hui, nous avons constaté que les connaissances qui sont enseignées, sont des connaissances qui sont trop générales, donc qui n’ont pas beaucoup d’utilité pour les élèves.
Pour le deuxième aspect également, je pense qu’il faut réviser pour prendre, aujourd’hui, en charge l’éducation aux valeurs. Tout le monde en parle. Nous avons constaté qu’il y a une crise de valeurs au Sénégal qui dépasse même les bornes. Nous devons mieux socialiser nos enfants, avec l’implication des parents, des médias.
Nous devons également, dans le même sillage, alléger les programmes qui sont très lourds pour les apprenants. Et la Covid-19 a également permis de voir qu’il est possible d’aller dans le sens que je viens d’indiquer. Parce que, lors de la Covid-19, tout le monde sait que les programmes ont été allégés. Il y a un socle minimal de connaissances qui a été donné aux enfants et c’est ce socle-là qui a permis aux élèves de 3e , de Terminale et de CM2 de faire leurs examens et d’avoir des diplômes qui sont quand même de bons diplômes.
Donc, la Covid-19 a montré qu'il est possible d'alléger les programmes. Tous les contenus qui ont été élagués lors de la Covid-19, je les trouve inutiles parce que s’ils étaient utiles pour les enfants, on allait allonger l'année scolaire et non vraiment contracter le programme.
C'est la raison pour laquelle, nous pensons qu'il est toujours possible de supprimer certains contenus, comme je l'ai dit tout à l'heure.
«SI ON REVISE LES PROGRAMMES, IL EST NORMAL QUE L’ON REVISE EGALEMENT LES EVALUATIONS»
On ne peut pas également parler de Curricula, sans parler également d’évaluations ; c’est intimement lié parce que les évaluations que nous donnons, doivent être en congruence avec les contenus que nous enseignons. C’est la raison pour laquelle, si on révise les programmes, il est normal que l’on révise également les évaluations. Je pense également qu’il faut, si on révise programme et évaluation, revoir également les contenus des manuels scolaires qui sont des supports pédagogiques extrêmement importants
Le dernier aspect, pour moi, c’est la formation initiale et continue des enseignants parce que les enseignants sont le premier intrant de qualité. Si on veut vraiment avoir de bons élèves, il nous faut de bons enseignants et pour avoir de bons enseignants, il nous faut également réviser les contenus de formation mais également respecter la durée de la formation des enseignants qui est de 9 mois. Mais, généralement, ils ne font qu’un trimestre de formation. Je pense que dans cette affaire, il faut une bonne synergie. C’est-à-dire impliquer l’Institut national d’études et d’actions pour le développement de l’éducation, les Directions de l’Enseignement élémentaire, de l’Enseignement moyen secondaire, l’Inspection générale de l’Education et de de la Formation, les syndicats, les parents d’élèves, pour ne pas dire la société civile, mais aussi et surtout les apprenants. Parce que nous sommes dans un système où tout est centré sur l’élève lui-même. Donc, les élèves, dans cette affaire, doivent être présents et leurs préoccupations également doivent être prises en compte dans la mesure du possible.»