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22 avril 2025
Éducation
LA RECETTE D’AMIDOU DIEDHIOU DU SELS
Le secrétaire général national du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), Amidou Diédhiou, soutient que l’Etat doit mettre en place des dispositifs pour assurer la sécurité des enseignants
L’agression à mort d’un enseignant à Ndiaffate a relancé le débat sur les violences dans le cadre de l’école. Interpellé sur le phénomène, le secrétaire général national du Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS), Amidou Diédhiou, soutient que l’Etat doit mettre en place des dispositifs pour assurer la sécurité des enseignants. Mieux, il a fait savoir que « l’Etat doit travailler à respecter la question des normes à l’école ». A l’en croire, c’est cela qui pourrait aider à «donner de la valeur à notre école», et « permettre de résoudre cette lancinante question des violences dans nos écoles ».
«La violence est devenue un phénomène sociétal. C'est dans toute la société où on note des scènes de violence. Le politique, on l’a vu à l'Assemblée nationale. On a vu des gens qui sont derrière leur clavier pour exercer des actes de violence. À l'école également, on constate ces scènes de violence. Les relations tendues entre élèves et enseignants font partie des causes mais également l’environnement scolaire, les infrastructures scolaires, le mode de gestion de nos établissements sont aussi une autre cause de la violence. Je considère également que la défaillance de l'éducation de base en constitue une autre cause principale parce que si nous, parents, avons réussi notre éducation de base, on aurait éduqué nos enfants à ne jamais taper sur quelqu'un, à ne jamais injurier, à ne jamais calomnier. L’éducation de base est fondamentale. Sa défaillance constitue une cause de la spirale de violences que nous notons. Mais autre cause également, c'est notre religion, la défaillance. C’est-à-dire que si on se réfère à sa religion, que l'on soit musulman, catholique ou juif, il y a des choses qu'on ne fera jamais.
Pour moi, ce que nous avons noté à Ndiaffate, nous considérons que c’est un acte de lâcheté, un acte barbare et nous l'avons condamné. C’est pourquoi nous avons demandé au gouvernement du Sénégal de travailler conformément à la loi 75-33 à assurer la sécurité des enseignants parce que c'est l'État qui doit assurer la sécurité des populations et des biens, que l'on soit enseignant, journaliste ou autre. Il faut que désormais, des dispositifs soient mis en place pour assurer de la sécurité des enseignants. Maintenant, l'école, elle-même, constitue le terreau, donc l'espace où on peut formater des esprits. Il me semble que nous devons avoir recours à l'enseignement de certaines valeurs. C’est-à-dire que c’est à l’école qu'on peut régler ce problème sociétal. Il faut donc donner du crédit à cette école, de l'intérêt à cette école, de la considération à cette école. Il est bon que le gouvernement du Sénégal se dise, puisque c’est l'école qui peut aider, je dois travailler à respecter la question des normes.
La question des normes, c'est quoi ? C’est un enseignant pour 45 élèves. L'enseignant n'a pas le temps de s'occuper de chaque élève, de connaître chaque élève, de chercher à connaitre ses problèmes et l’aider à résoudre ses problèmes. Donc, la question des ratios. Ce sont globalement ces normes-là qui, il me semble, si elles sont respectées, peuvent aider à donner valeur à notre école et peuvent également permettre de résoudre cette lancinante question des violences dans nos écoles ».
LA LOI DES BOURREAUX
Une étude réalisée dans le cadre du Projet de renforcement de l’appui à la protection des enfants au Sénégal a révélé que 66.7% des élèves sont victimes de violences physiques à l’école, à la maison et sur le chemin de l’école
Les enfants ne sont toujours pas suffisamment protégés contre les violences et les abus. Une étude réalisée dans le cadre du Projet de renforcement de l’appui à la protection des enfants au Sénégal (Rap 2017-2021), logé au ministère de l’Education nationale, a révélé que 66.7% des élèves sont victimes de violences physiques à l’école, à la maison et sur le chemin de l’école.
Des efforts doivent encore être faits pour la protection des enfants contre la violence et les abus, en milieu scolaire et hors de l’école. Les résultats d’une étude réalisée dans le cadre du Projet de renforcement de l’appui à la protection des enfants dans les 14 régions, auprès de 8820 élèves, filles et garçons âgés entre 11 et 17 ans dans l’élémentaire, le moyen général, le secondaire général et les daaras (933 élèves), ont montré que «66.7% des élèves ont été victimes de violences physiques à l’école, à la maison et/ou sur le chemin de l’école». En milieu scolaire, il a été noté que «32.1% des élèves ont été victimes de violences physiques, 29.2% dans l’enseignement général et 58% dans les daaras». Dans les détails, les auteurs de cette étude réalisée par l’Unicef, Plan Sénégal et le ministère de l’Education nationale, relèvent que «39% des élèves sont victimes de violences psychologiques dont 37.5% dans l’enseignement général et 51.4% dans les daaras». Dans la même veine, ils soulignent que «1.6% des élèves de l’enseignement général ont déclaré avoir été victimes de violences sexuelles, ce qui représente près de 55 000 élèves». S’agissant de ce type de violence, il a été constaté que «les filles (1.7%) sont presque deux fois plus touchées que les garçons (1%)».
55 mille élèves victimes de violences sexuelles
Quid de la tranche d’âge ? L’étude révèle que «les élèves les plus jeunes sont plus exposés à la violence en milieu scolaire». «1 élève âgé de 11 ans sur 2 est victime de violences psychologiques contre 1 sur 3 parmi les élèves âgés de 17 ans. 60% des élèves âgés de 11 ans sont victimes de violences physiques contre 15% parmi les élèves âgés de 17 ans», fait-on savoir dans le rapport.
Comme il faut s’y attendre, ces violences ont des conséquences fortes sur les élèves. Ainsi, les auteurs de cette étude ont constaté que «les élèves victimes de violences psychologiques ou physiques expriment des sentiments d’humiliation, de tristesse, de peur et de colère». Parmi les élèves victimes de violences physiques, renseignent-ils, «moins de 10% ont rapporté l’information». Toutefois, ils précisent que «lorsque l’information est rapportée par l’élève victime, elle est surtout portée vers un ami/camarade (22.7%), un enseignant (18.2%), un frère/une sœur (18.2%) ou un parent (18.2%)».
Un autre point souligné dans ce rapport, c’est la réaction des parents. L’étude montre que la violence est souvent banalisée par ces derniers. «Pour 1 fille sur 2 victimes de violences physiques ou psychologiques qui en a parlé, la réaction des parents a été : «Ce n’est pas grave.»», rapportent les auteurs de l’étude. Le recours à la violence physique dans la gestion de la discipline de classe est certes interdit dans les écoles, mais l’étude révèle que 11.4% des enseignants ont déclaré l’avoir pratiquée.
Pour trouver une solution à ce problème, il est recommandé l’élaboration d’un référentiel pour la détection et la gestion des situations de risques affectant un élève, la mise en place d’une plateforme de détection et de gestion des cas de violence (incident.education.sn), de gouvernements scolaires. Dans les actions à entreprendre, il y a également le développement et la mise en œuvre d’une stratégie de renforcement du leadership des filles dans les établissements. Dans ce cadre, il est conseillé l’organisation de sessions de formation en leadership d’au moins 30 jeunes filles par académie.
LE COLLECTIF DES PROFESSEURS PORTE PLAINTE CONTRE UN ÉLÈVE ET SON PARENT
Après une Assemblée générale (Ag) tenue hier, le collectif des professeurs du Lycée Seydina Limamoulaye de Guédiawaye a observé un débrayage ce jeudi 5 janvier 2023. Ce, pour réclamer des poursuites judiciaires contre un élève et sa mère
Après une Assemblée générale (Ag) tenue hier, le collectif des professeurs du Lycée Seydina Limamoulaye de Guédiawaye a observé un débrayage ce jeudi 5 janvier 2023. Ce, pour réclamer des poursuites judiciaires contre un élève et sa mère, auteurs de menaces de mort et d’injures contre un de leur collègue, professeur de Svt.
« Il faut que ça s’arrête »
« Il n’y a pas eu de mort d’homme mais des menaces ont été proférées, peste leur porte-parole du jour, Babacar Ba. Les cas d’indiscipline, ça existe presque dans toutes les écoles mais il faut vraiment que ça s’arrête. Nous avons décrété ce débrayage pour alerter l’opinion. Pour dire que la responsabilité doit être située, que ces choses doivent être bannies de l’espace scolaire. »
Il ajoute : « Vous savez les problèmes de l’éducation sont actuellement monnaie courante. C’est une affaire de tout le monde. L’éducation doit débuter à la maison. L’école est là pour transmettre le savoir en plus de son rôle d’éducation bien sûr. Aux parents de gérer leur progéniture. Nous continuons ce plan d’action parce qu’il faut que la chose soit diligentée. Une plainte a été déposée au niveau du commissariat. Nous voulons qu’il y ait une suite, que l’affaire soit traitée. Les choses sont sérieuses ».
Le pire s’est produit à Ndiaffate, dans la région de Kaolack. Bassirou Mbaye, qui exerçait à l’école Théophile Turpin de Ndiaffate (département de Kaolack), a succombé à ses blessures (à coups de gourdin dans la nuit du 22 à 23 décembre derniers), mardi après plusieurs jours dans le coma, suite à son agression par un jeune dénommé B. C. Mbengue dit Kandji. Ce qui a suscité la colère des enseignants de la région, qui ont annoncé une grève générale.
Dans tous leurs états, ses collègues ont improvisé une marche hier jour de son inhumation à Touba.
Son présumé meurtrier a été arrêté.
L’ENSEIGNANT BASSIROU MBAYE TUÉ PARLE FILS DE SON TUTEUR
Le Sadef et le Sudes condamnent et exigent une enquête sur cet assassinat
Les élèves de l’école Théophile Turpin à Ndiaffate, dans le département de Kaolack, vont devoir terminer l’année scolaire sans leur maitre de Cm2, Bassirou Mbaye, tué hier. Les syndicalistes exigent de l’Etat une meilleure protection des enseignants et la lumière sur cette affaire. Ils demandent à leurs collègues d’observer une «journée morte» aujourd’hui, et un débrayage vendredi prochain.
C’est le coordonnateur du Syndicat unique des enseignants du Sénégal (SUDES) de la section de Kaolack qui a donné l’information concernant la mort de l’enseignant Bassirou Mbaye servant à l’école Théophile Turpin. Selon lui, le défunt vivait dans la maison du père de son présumé meurtrier depuis plus de 16 ans. Il ajoute que le paternel du meurtrier vouait une grande confiance à Bassirou Mbaye, jusqu’à lui confier ses affaires. Mamadou Moustapha Dieng explique que Mbaye était de nature sérieuse et travailleuse, Bassirou avait fini par gagner la confiance du papa du meurtrier, qui lui avait confié ses affaires. ‘’Le présumé meurtrier avait en charge la vente du lait caillé dans le verger de son père. Jeudi dernier, ils ont fait l’état des comptes et Bassirou a constaté un énorme trou dans les recettes. Bassirou Mbaye a fait part des irrégularités décelées au vieux. Ce dernier a chassé son fils de l’entreprise. Ce qui n’a pas été du goût du présumé meurtrier’’. Il explique que c’est suite à cela qu’il a proféré des menaces de mort contre l’enseignant, qui s’en est ouvert à la tante du présumé meurtrier. « Vendredi dernier, le meurtrier s’est introduit dans la chambre de la victime et lui a asséné des coups de gourdin. Évacué à l’hôpital de Kaolack, il sera transféré à Dakar où il succombera d’un traumatisme crânien », raconte avec amertume M. Dieng. L’enseignant laisse derrière lui une femme et deux enfants. Les années passent, mais la saignée continue. Encore une agression perpétrée sur un enseignant en activité ! Bassirou Mbaye, maitre d’une classe de Cm2, a été victime d’une agression physique mortelle. En service à Ndiafatte, plus précisément à l’école Théophile Turpin de l’IEF (Inspection de l’Education et de la Formation) de Kaolack département, l’enseignant a été agressé jusqu’à ce que mort s’ensuive dans sa chambre.
La réaction de ses camarades ne s’est pas fait attendre. «C’est la énième fois que des enseignants sont agressés et tués. Un enseignant émérite qui tenait une classe de CM2 et qui chaque année faisait d’excellents résultats a été agressé dans sa chambre jusqu’à ce que mort s’en suive, c’est un acte criminel que nous condamnons», s’est indigné le secrétaire général national du Sadef, Mbaye Sarr. Le Sadef tout comme le Sudes disent condamner «vigoureusement ce meurtre odieux, ignoble et injustifiable». Selon le secrétaire national du Sudes, depuis quelques temps les soldats de la craie sont devenus «la cible de jeunes écervelés et pour qui ôter la vie est assimilé à un jeu». Une saignée à couper à partir de la racine ! C’est ce que réclament les syndicalistes qui demandent au gouvernement d’assurer la protection de tous les enseignants sur toute l’étendue du territoire national. Ils exigent surtout «justice» pour ce «valeureux soldat qui vient de tomber dans le champ du savoir, abattu par l’incurie de ceux à qui il venait apporter la lumière». Pour cela, ils demandent à l’Etat d’ouvrir une enquête et de faire la lumière faire sur cet acte ignoble. Et aussi que le bourreau de leur camarade soit puni conformément aux lois et règlements en vigueur dans ce pays afin que de tels actes ne soient plus perpétrés contre des enseignants.
Pour une «journée morte» et... un débrayage
En attendant, le Sadef demande à tous les enseignants d’observer dès aujourd’hui une «journée morte» dans toutes les écoles au niveau national. Ce, dit-il, en guise de protestation contre cet «acte criminel» perpétré sur Bassirou Mbaye. Les militants du Sudes, pour leur part, invitent leurs camarades à un débrayage vendredi prochain à partir de 11 heures et, surtout d’organiser des «moments prières pour Bassirou Mbaye et pour tous les autres collègues victimes d’agressions».
QUAND ETUDIER DEVIENT UN CASSE-TETE
Exit 2022 ! 2023 arrive avec son lot d’espoir, d’attente et de crainte
Exit 2022 ! 2023 arrive avec son lot d’espoir, d’attente et de crainte. Un petit regard dans le rétroviseur nous replonge dans des protocoles d’accord entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants en passant par le lancement des classes préparatoires aux grandes écoles jusqu’à l’inauguration de l’université Amadou Mahtar Mbow.
La signature du protocole d’accord entre le gouvernement et les syndicats d’enseignants fait partie des temps forts de l’année 2022. Après trois mois de grève pour exiger la matérialisation des engagements de l’Etat, un accord portant principalement sur le relèvement de la rémunération des personnels de l’éducation et de la formation et sur la revalorisation du régime indemnitaire de fonctions dirigeantes et administratives avait été trouvé le 26 février 2022. Ce qui avait permis la levée des mots d’ordre de grève qui avaient fini par pousser élèves et parents d’organiser des marches pour manifester leur ras-le-bol et exiger la reprise des cours.
L’année 2022 est aussi marquée par le lancement des classes préparatoires aux grandes écoles le 26 octobre dernier. Implantées sur le site de l’Ecole polytechnique de Thiès en attendant la fin des travaux, les classes préparatoires devront permettre aux élèves de rester au Sénégal et d’accéder aux écoles d’ingénieurs. «Nous visons un triple objectif. D’abord, il s’agit de renforcer et de diversifier l’offre pédagogique de notre système éducatif, ensuite donner l’option à nos brillants bacheliers de poursuivre leurs études dans leurs propres milieux sociaux affectifs avec les standards de qualité requis en réduisant les risques de déperdition liés aux études à l’étranger d’autant plus que pour la plupart des jeunes bacheliers », avait déclaré le Président de la République, Macky Sall. 50 élèves sélectionnés parmi 500 candidats vont ainsi passer deux années de formation dans les filières scientifiques (Mathématiques, Physique, Sciences l’ingénieur).
Le système éducatif sénégalais a également honorée en 2022. En effet, l’université Cheikh Anta Diop de Dakar est classée première université en Afrique francophone, selon le classement Eduranking ; elle occupe la 28ème place sur le continent. Il s’agit d’un classement indépendant basé sur une évaluation de plus de 14 mille universités de 183 pays. L’inauguration de l’université Amadou Mahtar Mbow de Diamniadio le 1er décembre dernier fait partie des faits saillants dans le domaine de l’éducation de l’année écoulée. L’établissement est la deuxième université publique de Dakar, après l’université Cheikh Anta Diop. « Notre pays franchit aujourd’hui une autre étape qualitative de sa marche résolue vers le Sénégal émergent. Alors vous avez donc, chers étudiants, un encadrement de qualité, soyez des apprenants de qualité », avait dit Macky Sall. 2022, c’est aussi l’annonce de réservation de 20% du fonds de dotation dédié à l’éducation aux Daaras lors de la rencontre entre le Président de la République et la communauté des Daaras le 28 novembre dernier au Centre international de conférences Abdou Diouf. Le fonds étant arrêté à 33 milliards de FCFA, 20% correspond à 6,6milliards de F CFA.
LANCEMENT DES CPGE, EVENEMENT MAJEUR POUR LE SYSTEME EDUCATIF
Le démarrage des enseignements des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) est l’événement le plus important du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche au Sénégal, en 2022.
Dakar, 2 jan (APS) – Le président de la République, Macky Sall, a lancé les travaux de construction d’un bâtiment dédié aux CPGE, jeudi 27 octobre, à Thiès (ouest), pour, dit-il, réduire considérablement l’ampleur de la ‘’fuite des talents’’, la ruée des meilleurs étudiants, enseignants et chercheurs sénégalais vers les plus prestigieuses universités du monde.
Les locaux des CPGE sont en construction dans l’enceinte de la prestigieuse Ecole supérieure polytechnique (ESP) de Thiès. En attendant la fin de la construction de leur école, les 50 meilleurs bacheliers sénégalais en 2022 ont entamé leur parcours universitaire dans des bâtiments de l’ESP. Ils ont été sélectionnés parmi plus de 500 étudiants.
‘’Nous voulons nous approprier le modèle français, car la France est l’un des pionniers en matière de préparation aux grandes écoles. Pour les sciences de l’ingénieur, nous avons fait appel à l’expertise étrangère, dont nous n’aurons plus besoin au bout de deux ans’’, a expliqué à l’APS le professeur Magaye Diop, coordonnateur des CPGE du Sénégal.
Selon M. Diop, deux Français, un Tunisien et cinq Sénégalais, tous des professeurs agrégés, ont été sélectionnés pour enseigner les matières de spécialité, à savoir les mathématiques, la chimie et la physique.
S’y ajoutent quatre vacataires sénégalais chargés des cours d’anglais, d’informatique, de sport, etc.
La France était jusque-là la principale destination des étudiants sénégalais admis dans ces prestigieuses écoles.
Le 7 avril 2022 s’est déroulée une audience du président de la République avec des représentants de la communauté universitaire.
‘’L’enseignement, la formation et la recherche sont un besoin vital pour toute nation qui aspire au progrès. Le dire, ce n’est pas énoncer une clause de style, c’est rappeler une vérité universelle, parce que ce sont ces trois piliers qui soutiennent la transformation positive de la société’’, a dit Macky Sall, lors de cette rencontre.
Accélérer l’achèvement de la construction des universités en chantier et mener une ‘’étude prospective’’ sur les flux d’étudiants font partie des décisions annoncées par le président de la République.
L’amélioration du taux d’encadrement, par l’élaboration d’un plan de recrutement d’enseignants et de personnels administratifs, techniques et de service, pour la période 2022-2026, fait partie de la quinzaine de mesures arrêtées lors de cette audience.
Macky Sall s’est également montré préoccupé par la maîtrise des budgets et des dépenses de fonctionnement des universités.
Le renforcement de l’insertion socioprofessionnelle des diplômés des universités sénégalaises, l’élaboration d’un plan stratégique national pour la recherche et l’innovation, pour la période 2023-2032, et l’accélération de la transformation digitale des universités font également partie de ses priorités.
Le 7 juin, Axel van Trotsenburg, le directeur général des opérations de la Banque mondiale, a visité les locaux de l’institut supérieur d’enseignement professionnel (ISEP) de Thiès. Les ISEP forment leurs pensionnaires à l’agriculture, aux métiers de l’énergie, à l’auto-emploi, etc.
Axel van Trotsenburg a visité celui de Thiès parce que l’Etat du Sénégal veut construire huit ISEP avec un financement de 100 millions de dollars américains (environ 61,3 milliards de francs CFA) de la Banque mondiale.
Le 30 juin 2022, Macky Sall a reçu des mains de représentants de la communauté universitaire un ‘’plan décennal de la recherche’’, qui a été élaboré à la suite de l’audience qu’il a accordée, le 7 avril, au monde universitaire.
Comme de nombreux secteurs d’activité, l’enseignement supérieur et la recherche ont changé de ministre en 2022. Depuis la constitution de l’actuel gouvernement, le 17 septembre, le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation est dirigé par Moussa Baldé, un professeur titulaire de mathématiques à l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar.
Ex-ministre de l’Agriculture, M. Baldé est également président du conseil départemental de Kolda (sud) et membre de la cellule des universitaires de l’Alliance pour la République, le parti politique de Macky Sall.
La section des sciences fondamentales appliquées et de l’innovation de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS) a organisé, les 18 et 19 octobre, un forum national sur l’‘’industrialisation du Sénégal’’. L’‘’apport du capital humain à travers les STEM’’ était le sous-thème du forum.
L’objectif de cette rencontre scientifique était de promouvoir les STEM, c’est-à-dire, les sciences, les technologies, l’ingénierie et les mathématiques, d’‘’inciter les jeunes à se diriger vers les carrières’’ scientifiques, et de ‘’jeter les bases d’une industrialisation (…) reposant sur des connaissances scientifiques appropriées et des technologies adaptées’’.
‘’Atténuation des chocs exogènes’’
En novembre, le Sénégal a obtenu un taux d’admission de 100 % pour la section des sciences de la santé du concours d’agrégation du CAMES, le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur.
En octobre aussi, l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar a été désignée meilleur établissement d’enseignement supérieur d’Afrique francophone par le classement international Eduranking, un classement indépendant, qui concerne 14.131 universités de 183 pays.
Dans le continent, l’UCAD est la 28e université la plus performante, selon les critères d’Eduranking.
En octobre, Mané Seck, docteure en physique, a remporté le prix du concours international ‘’Ma thèse en 180 secondes’’, à Montréal, au Canada. Vingt pays francophones étaient représentés à la finale de la compétition.
Le 1er décembre, la plus haute distinction du Prix Macky-Sall pour la recherche, institué en 2020 sous l’égide du CAMES, a été décernée au programme thématique de recherche (PTR) ‘’Pharmacopée et médecine traditionnelles africaines’’, dirigé par des chercheurs maliens.
Ce PTR est une plateforme de recherche et d’innovation pour la production et la commercialisation de médicaments à usage humain et vétérinaire, issus de la pharmacopée africaine. Le prix qu’il remporte est doté de 60 millions de francs CFA.
La deuxième distinction du Prix Macky-Sall pour la recherche, dotée de 25 millions de francs CFA, a été décernée au PTR ‘’Gouvernance et développement’’, pour des travaux consacrés à l’‘’atténuation des chocs exogènes’’ auxquels sont confrontées les économies des pays membres du CAMES.
Le troisième prix, récompensé de 15 millions de francs CFA, a été remis par Macky Sall aux chercheurs du PTR ‘’Langues, société, culture et civilisations’’, consacré aux savoirs endogènes, aux innovations technologiques et à la résilience.
Ces distinctions ont été remises aux lauréats en marge de l’inauguration de l’université Amadou-Mahtar-M'Bow, la deuxième université publique de la région de Dakar, construite à Diamniadio, à une trentaine de kilomètres de la capitale sénégalaise.
La faculté des sciences et technologies de l’éducation et de la formation (FASTEF), l’ex-Ecole normale supérieure de Dakar, a fêté ses 60 ans en décembre. La FASTEF, rattachée à l’UCAD, a formé des milliers d’enseignants (des cycles moyen et secondaire) et d’inspecteurs de l'éducation.
En 2022, le taux d’admission national à l’examen du baccalauréat est de 51,99 %, soit une hausse de 6,69 points sur le résultat de l’année précédente. Une amélioration notée, malgré une grève des enseignants qui a duré plus de deux mois.
LA PILULE QUI A CALMÉ LES MAUX DE L’ÉCOLE
L’année 2022 a été un tournant dans les négociations entre l’Etat et les syndicats enseignants. Des accords sur l’augmentation des indemnités et la revalorisation des salaires qualifiés de révolutionnaires par les acteurs qui ont apaisé le climat.
L’année 2022 a été un tournant dans les négociations entre l’Etat et les syndicats enseignants. Des accords sur l’augmentation des indemnités et la revalorisation des salaires qualifiés de révolutionnaires par les acteurs qui ont apaisé le climat.
La Fonction publique sénégalaise emploie environ 125 000 agents, les enseignants comptent pour 75 000, sans compter les 25 000 contractuels. Avec les grèves cycliques que le Sénégal a connues ces dix dernières années qui ont impacté négativement sur les enseignements-apprentissages, l’Etat et les enseignants étaient condamnés à s’entendre. Surtout que les élèves et les parents s’en sont mêlés pour dire basta ! De réunions en réunions, le 26 février 2022, après pratiquement deux mois de perturbations, les deux parties ont signé un accord jugé historique. Qui a d’ailleurs permis une stabilité scolaire espérée pour de nombreuses années. Témoin privilégié de ces négociations, Abdourahmane Guèye, secrétaire général de l’Union démocratique des enseignants (Uden) revient sur l’ambiance qui a prévalu lors des ces pourparlers. « Je rappelle que d’abord c’était un long processus qui avait démarré par la reprise des monitorings du 4 octobre 2021. Il y avait une bonne ambiance, une sérénité totale et un respect de la posture de chacune des parties. La détermination des syndicalistes et de leurs bases a été un facteur décisif dans la signature de ce protocole ».
Accords signés
Concernant la revalorisation du régime indemnitaire des fonctions dirigeantes et administratives, les deux parties se sont entendues sur la proposition du Gouvernement d’adopter une approche fonctionnelle, en lieu et place de la création de corps des administrateurs scolaires, renseigne ledit protocole d’accord signé. Celui-ci prévoit la mise en place d’un dispositif opérationnel de renforcement de capacités. La revalorisation de l’indemnité versée aux enseignants occupant une fonction dirigeante et administrative, a été retenue… Par ailleurs, les parties ont réaffirmé leur engagement en faveur des cinq priorités du ministère de l’Education nationale. Il s’agit de « promouvoir un climat social apaisé dans l’espace scolaire, renforcer l’efficience et l’efficacité du système, renforcer les capacités des acteurs pour un meilleur pilotage de la qualité », entre autres. Dans cette même lancée, il est évoqué la mise en place d’un dispositif de suivi de l’accord à compter de la date de signature du présent accord. Ce comité de suivi, composé de représentants de la présidence de la République, du gouvernement, des organisations syndicales représentatives.
2023 pour confirmer ou infirmer les résultats de 2022
Pour Charles Emile Abdou Ciss ancien directeur de la solde, sur une masse salariale de 633 milliards, les 320 milliards, plus de la moitié, vont aux enseignants, ceux de l’enseignement supérieur non compris. Sur l’indemnité de logement, l’ancien patron de la solde disait seuls trois corps dont les enseignants ont cette indemnité, mais aussi chaque corps a ses spécificités. En termes de pourcentage de budget, le secteur de l’enseignement est à 52%. Pour les enseignants, ces accords ont beaucoup revalorisé leur statut et définitivement corrigé une « injustice ». Et c’est en grande partie grâce aux syndicats les plus représentatifs dit G7 dont le Cusems et le Saems. Leurs leaders Abdoulaye Ndoye et Saourou Sène estiment avoir accompli leur mission et ont, par conséquent, transmis le témoin à d’autres. D’aucuns lient les résultats jugés satisfaisants aux examens du baccalauréat et du Bfem à ces accords entre l’Etat et les enseignants. 2023 confirmera ou infirmera une telle lecture.
L’ŒUVRE DE SAFI FAYE ET KHADY SYLLA, PAR rama salla dieng
MULTIPLE PHOTOS
FAD’JAL DE SAFI FAYE, UNE ETHNOGRAPHIE DU VIVRE EN COMMUN EN TERRE SEREER
EXCLUSIF SENEPLUS - Le film est un dialogue intergénérationnel en plusieurs parties, abordant des questions centrales comme l’histoire de Fad’jal, le rôle du travail dans la définition d’une identité personnelle et collective, la naissance et la mort...
Série de revues sur l’oeuvre des réalisatrices Safi Faye et Khady Sylla
Co-éditrices de la série : Tabara Korka Ndiaye et Rama Salla Dieng
Khady Sylla et Safi Faye, des noms qui devraient résonner dans notre imaginaire collectif tant elles ont été pionnières, dans leur art et dans leur vie parce que pour elles, l’art, c’est la vie. Leur vie et leur œuvre nous ont particulièrement ému. Pourtant, elles semblent porter en elles, la marque de celles vouées à être des égéries en avance sur leur temps ! Le tribut en est lourd. Si lourd! Et si dramatique. On demeure sur sa faim. Sur la promesse d’un potentiel. On reste sur le regret de ce qu’elles auraient pu être, auraient dû être, si célébrées comme le monstrueusement gigantesque Sembène. On reste sur les si…sur la fleur de toute l’œuvre dont elles étaient fécondes.
Safi Faye a en tout réalisé treize films : La Passante (1972), Revanche (1973), Kaddu Beykat (Lettre paysanne) (1975), Fad’jal Goob na nu (La Récolte est finie) (1979), Man Sa Yay (1980), Les Âmes au soleil (1981), Selbé et tant d’autres (1982), 3 ans 5 mois (1983), Ambassades Nourricières (1984), Racines noires (1985), Tesito (1989), Tournage Mossane (1990) et Mossane (1996).
Elle s’est surtout intéressée au monde rural, à l’émancipation de la femme comme à l’indépendance économique et au poids des traditions, le tout en pays Sereer.
Khady Sylla pour sa part, a été une férue de l’auto-exploration, pour théoriser depuis l’expérience propre. D’abord celle des marginalisés de la société avec Les bijoux (1998), Colobane Express (1999) qui capturent l’expérience du transport urbain avec un chauffeur de car rapide et son apprenti, puis la sienne avec Une fenêtre ouverte (2005) dans lequel elle parle de la santé mentale et enfin Le monologue de la muette (2008) qui parle des conditions de travail des ‘bonnes’. Auparavant, en 1992, Khady Sylla a publié chez L’Harmattan un superbe roman : le jeu de la mer. Les mots, Khady les jongle comme elle s’y accroche car ils la maintiennent en vie. Ainsi qu’elle le reconnaît dans Une fenêtre ouverte : ‘on peut guérir en marchant’.
Dans cette série, nous vous proposons nos regards croisés sur l’oeuvre de Safi Faye et de Khady Sylla, ceux d’une curatrice, créative et chercheuse Tabara Korka Ndiaye dont le projet s’intitule ‘Sulli Ndaanaan’ et celle d’une auteure, créative et universitaire, Rama Salla Dieng, passionnée de documenter la vie et l’oeuvre des oublié.e.s, marginalisée.e.s et silencié.e.s, toutes les deux férues de film, de musique et de littérature.
Fad’jal de Safi Faye, une ethnographie du vivre en commun en terre Sereer
Autrice : Rama Salla Dieng
Une cloche résonne alors que la bâtisse de l’église se dessine sous des chants chrétiens qui recouvrent les voix des écoliers dans une classe fermée.
Ces enfants récitent inlassablement la leçon du jour :
‘Louis 14 est le plus grand roi de France
On l’appelait Roi-soleil
Sous son règne fleurirent les lettres et les arts’
À leur sortie de l’école française, les jeunes écoliers, dans un contraste saisissant d’avec la retenue de leur tenue en classe, sont libres de redevenir eux-mêmes : des enfants, mais plus important encore, des enfants Sereer.
Les écoliers se dépêchent d’aller rejoindre les anciens sur la place du village sous deux arbres symboliques : le baobab et le kapok. Ils interrogent leur grand-père sur l’histoire (cosaan) de Fad’jal. C’est ainsi que commence Fad’jal, long métrage de 108 minutes réalisé par Safi Faye et paru en cinéma en 1979. Comme une célébration du syncrétisme culturel et cultuel, à moins d’être une critique du colonialisme, le reste du film s’évertue à déconstruire la leçon d’histoire qui se racontait en classe sous le regard bienveillant du maître d’école. Tout au long du film, l’église et la salle de classe seront les seuls espaces fermés, contrastant d’avec l’ouverture des autres lieux de vie et de communion à ciel ouvert (concessions et dans la nature). Le film chronique le quotidien des habitants du village en combinant savamment des séquences documentaires avec du matériel de fiction, symbole d’une technique ethnographique distinctive et alors nouvelle qui exerce encore une certaine influence.
Le titre français de ce film ‘Grand-père raconte’ nous renseigne alors mieux sur le sens de la citation d’Amadou Hampâté Bâ écrit en gros caractères au début du film : ‘En Afrique un vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle’ qui fait écho au proverbe Wolof: ‘mag mat na bayi cim reew. De la citation de Amadou Hampâté Bâ, le philosophe Souleymane Bachir Diagne dira qu’il y a quelque chose de paradoxal dans l’affirmation qu’il faut vite transcrire et archiver l’oralité avant qu’elle ne meurt avec les vieillards. Pour lui, ‘on admet qu'elle est de toute façon déjà morte comme oralité et que la transcription se fait dans la tristesse des adieux et de la lecture des testaments : post mortem’. Le défunt Amady Aly Dieng est moins philosophe lorsqu’il rétorque à Amadou Hampâté Bâ : ‘Il faut voir de quelle catégorie de vieillards. Est-ce le bon vieillard ou le mauvais vieillard ?’ (L'entretien, 2Stv).
Quoiqu’il en soit de ce débat, la mise en scène reflète bien la volonté de Safi Faye de retracer et raconter l’histoire de son village natal Fad’jal tout en honorant la tradition orale et la parole des ancien.ne.s. Le film est en fait un dialogue intergénérationnel en plusieurs parties, sous l’arbre à palabres, abordant des questions centrales comme l’histoire de Fad’jal, le rôle du travail dans la définition d’une identité personnelle et collective, la naissance et la mort, les rites, l’héritage, de même que la transmission selon que l’on suit la lignée maternelle ou paternelle. En terre Sereer, les lignages matrilinéaires prédominent malgré l'évolution du système de parenté : ‘C'est un bâton maternel qui a tracé le Sine’ ainsi que l’explique le Professeur Pathé Diagne.
L’on apprend que le village de Fad’jal a été fondé par une femme : Mbang Fad’jal. Par la voix du griot, l’on découvre que sa petite fille Moussou s’était mariée à Kessine Jogoye, un chasseur d’éléphants. À L’origine, le village était formé d’une constellation d’habitations avec sept places publiques (penc) dont Ngakaane constituait la plus grande place. Le village n’avait ni roi ni reine. Toute son économie prospère reposait alors sur la production et le troc du mil, du riz, et du bétail. La nature généreuse offrait ses ressources aux villageois.e.s : la mer pour pêcher et les forêts pour chasser.
L’histoire de Fad’jal est aussi inextricablement liée à celle du buur Sin (Roi du Sine), Latsouk Fagnam. Ce roi jaloux savait qu’il ne manquait rien à Fad’jal qui était un village autonome et cela lui déplaisait. Il prit donc la ferme décision de détruire Fad’jal sans coup de fusil. Il voyage à Fad’jal avec toute sa suite dans chacune des sept places du village pour se faire célébrer et entretenir. Ce faisant, il épuise les réserves de Fad’jal en se faisant accueillir en grandes pompes. Les habitant.e.s de Fad’jal contraint.e.s à migrer par vagues successives furent appauvri.e.s par les sécheresses et le changement climatique.
Quelques années plus tard, deux jumeaux Ngo décidèrent d’aider les villageois à retourner sur les terres de leurs ancêtres cependant ce fut une tâche ardue qui ne put se faire qu’après moults péripéties dont les jeunes se rappellent aujourd’hui avec humour.
L’on apprend aussi du grand-père que ‘Fad’jal’ veut littéralement dire ‘travail’ montrant toute l’éthique conférée à cet aspect de la vie sociale selon le proverbe Sereer :
'Qui travaille, rit et sera heureux, qui ne travaille pas, on rira de lui.’
Pour le professeur Madior Diouf, sept cadres éducatifs définissent la culture Sereer : la case, la maison, l’arbre à palabres ou place publique, le troupeau, l’enclos d’initiation, les jeux de lutte et l’association villageoise. Le colonel Mamadou Lamine Sarr y ajoute d’autres chantiers-écoles : la construction de grandes pirogues, la navigation sur l’océan avec la capacité de s’orienter de jour comme de nuit, dans son ouvrage sur L’éducation du jeune Sereer Ñominka.
Dans Fad’jal, Safi Faye choisit de s’appesantir sur trois aspects fondamentaux : un jeune Sereer doit savoir travailler, danser et lutter. Le travail est d’abord organisé autour d’une division sociale nette comme Safi Faye nous le montre dans Kaddu Beykat, paru quatre ans plus tôt. L’on montre les femmes chantant pendant qu’elles cultivent l’arachide. L’histoire racontée dans le chant est une recommandation à la femme enceinte de se faire aider d’une jeune femme jusqu’à ce que son bébé soit assez solide pour qu’elle retourne à son travail aux champs. La danse et la lutte, sport traditionnel important, occupent aussi une place de choix dans la vie sociale à Fad’jal. La lutte est un jeu d’adresse, d’habileté et d’intelligence plus qu’elle n’est un jeu de rivalité ou de force. Les rituels et invocations aux aïeux occupent aussi une place considérable dans ce sport. Sous le battement des tambours rythmé au gré des chants et des applaudissements des femmes et des jeunes filles, des personnes âgées nostalgiques de leur vigueur et de leur habileté d’antan initient les plus jeunes à la lutte à la fin des récoltes.
La question des acquisitions de terres est abordée. Le patriarche explique que jadis celles-ci se faisaient de manière consensuelle avec le Jaraaf jouant un rôle clé. Cependant, avec la loi sur le domaine national entrée en vigueur en 1964, l'État gère les terres au nom des populations. Les populations de Fad’jal semblent dubitatives : ‘Maintenant, on dit que toutes terres appartiennent à l’Etat depuis la loi sur le domaine national de 1964.’ D’aucuns témoignent : ‘Cette terre qui appartenait à ma famille depuis quatorze générations, j’en ai hérité de mon aïeul qui l’a reçu du roi en contrepartie d’un sabre en argent que ce dernier lui a offert.’ Les terres de Fad’jal sont alors menacées par un nouveau projet de développement touristique qui verrait les populations recevoir 6000 francs de compensation contre la construction d’une case. Cette situation crée une tension intergénérationnelle avec d’un côté les vieux qui refusent de céder et de l’autre, les jeunes qui leur répondent : ‘allez-vous-en ! Votre temps est révolu !’
Un vieux leur intime de se taire et répond cyniquement : ‘Si l’État dit que la terre lui appartient et que nous aussi nous disons la même chose, notre terre, personne ne le volera, personne ne s’en appropriera tant que nous l’occuperons ! Ce clin d'œil fait sûrement référence au concept flou ‘mise en valeur’ de la terre pour éviter d’en être expulsé sans que pour autant les contours du concept ne soient juridiquement clarifiés par le législateur.
Lapidaire et ironique alors que l’interjection d’un villageois : ‘Mais que faisait cette loi quand nos aïeuls cherchaient à sécuriser leurs terres ? Cette loi n’a-t-elle pas de proches de qui hériter ?’
Dès le lendemain, un après-midi d’octobre 1977, des lotisseurs viennent mais font face à la résistance paysanne.
Ethnologue de formation, Safi Faye s’applique à documenter tous les aspects de la vie sociale de Fad’jal y compris et surtout des histoires de vie personnelles. Ce qui se passe à l’intérieur des cases, autre espace d’éducation et de vie, est montré : des scènes de vie ordinaires, la naissance, le décès. Ainsi donc, la caméra de Safi Faye lève le voile sur un autre aspect peu souvent montré dans les films africains : l’accouchement.
Dans une case donc, une femme : Coumba, se fait aider de deux matrones. L’attente de cette naissance imminente est longue et douloureuse pour celle qui va donner la vie et qui reste d’un calme étonnant. Coumba va et vient, s’accroche au toit de la case. Le silence troublé par ses gémissements lors des contractions et ses lamentations. Elle est maintenant assise, ses deux aides ajustant le pagne qui enserre savamment son ventre pour aider la descente du bébé.
D’un coup, la délivrance, lorsque le moment venu les deux matrones tirent sur les jambes du bébé qui hurle. Elles la font s’asseoir sur ce qui ressemble à du mil pour l’aider à faire descendre le reste de sang et lui remettent son bébé dans le bras.
Cette délivrance heureuse sonne le coup d’envoi des préparatifs pour la fête ! Une chèvre est égorgée pour l’occasion, les griottes chantent Coumba, la nouvelle maman tandis que les griots congratulent Ndick le nouveau père en louant sa lignée. Rien n’est occulté des rituels qui suivent la naissance : du premier port du bébé à sa première sortie et au plantage d’arbuste en l’honneur du bébé.
Fad’jal montre aussi les rituels d’enterrement et de deuil. Parallèlement, c’est aussi dans une case qu’une veuve en noir se retire après la perte de son époux, le vieux Waly. Tout comme la nouvelle maman, elle n’est jamais seule, mais est accompagnée d’autres femmes. Même dans le silence du deuil, les femmes sont en communauté.
Sous un baobab, un homme d’âge mûr rend hommage à son ami décédé. Détenteur du bâton symbolique du pouvoir dans la culture Sereer, il fait aussi un témoignage sur la qualité du travail de ce dernier, son amour pour les champs, pour les animaux et enfin pour sa famille tout en martelant le sol du bâton pour appuyer son propos. Enfin, il prononce des prières à l’endroit du défunt alors qu’au loin les cris des pleureuses se font entendre. Les chants résonnent :
‘Un bout de bois ne souffre pas, souffrir reste propre à l’homme’
Une pause puis ils reprennent de plus belle :
‘Chef de famille, tu es mort, à qui as-tu confié tes enfants ?
Chef de famille, oh toi qui as quitté les tiens, à qui as-tu confié tes orphelins ?’
L’on sacrifie un bœuf devant les proches qui témoignent sous les regards perdus et attristés des autres proches. Une autre ‘vache de dette’ est remise à la famille du défunt Waly en reconnaissance du geste que ce dernier avait fait pour cette famille. Le partage de la viande et du mil se fait sous le regard et les délibérations de tous et de toutes. Mais à Fad’jal, comme dans d’autres cultures ouest-africaines (comme au Ghana), la mort n’est pas un épisode triste, mais une occasion de célébrer la personne défunte. L’on danse, rit, boit de l’alcool en psalmodiant des prières et en partageant des souvenirs de la personne disparue. Les femmes de la classe d’âge du défunt Waly surtout, chantent et dansent en son honneur : ‘la saveur du mil que tu cultivais nous manquera.’
Dans les dernières scènes, des enfants sont les porteurs des paroles de sagesse Sereer, symbole d’une écoute attentive de leur grand-père et d’une transmission fructueuse et réussie.
La scène finale montre le détenteur du bâton invoquant la pluie pour une bonne récolte auprès des Pangool sous le kapok, symbole du syncrétisme spirituel dans le Sine-Saloum et mieux encore, au Sénégal.
Une trentaine d’années plus tard, comme en écho à Safi Faye, une autre écrivaine, d’origine Sereer et citoyenne du monde dira : ‘Je viens d 'une civilisation où les hommes se transmettent leur histoire familiale, leurs traditions, leur culture, simplement en se les racontant, de génération en génération’ (Kétala, 2006). Elle s’appelle Fatou Diome.
UNE SENSIBILISATION POUR UNE UTILISATION SAINE DE L’INTERNET PAR LES ENFANTS
Le lancement des caravanes «Aar Xaleyi Ci Internet » dans les régions de Kaolack, Fatick et Kaffrine a pour objectif d’éveiller toute la cible de répondants sur l’utilisation de l’Internet par les enfants
Le ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des Enfants, en partenariat avec la Banque mondiale et les unités régionales du Développement communautaire des régions Centre, a simultanément démarré hier, mercredi 28 décembre 2022, une campagne de sensibilisation sur l’utilisation de l’Internet des enfants résidant dans les régions de Kaolack, Fatick et Kaffrine.
En exclusivité destinée aux parents, enfants, personnels administratifs, acteurs communautaires et autres membres de la société, cette campagne de sensibilisation, intitulée “Aar xaleyi ci Internet”, a pour objectif d’éveiller toute la cible de répondants sur l’utilisation de l’Internet par les enfants. Autrement dit, amener surtout les chefs de famille à contrôler leurs enfants qui utilisent l’Internet comme support de divertissement ou d’apprentissage. Il s’agit, en effet, de les pousser à conscientiser, surtout éduquer les enfants sur les méfaits de l’Internet et favoriser le côté positif de ce nouvel outil de travail et d’ouverture.
Ainsi pilotée par Mme Ndèye Fatou Sarr, chargée de la Cellule d’appui à la protection des enfants au ministère de la Femme et de la Famille, cette caravane, comme indiquée par cette dernière, est une suite logique d’un large programme de sensibilisation ouvert sur l’ensemble du territoire national. Car précédant la dernière formation des acteurs de cette campagne de sensibilisation, tenue à Kaolack au mois de novembre dernier. Pour l’essentiel, le but de cette caravane est de ne plus laisser les enfants utiliser l’Internet comme source de perversion et leur faire éviter tout ce qui a trait aux dérives et autres abus impropres à leur éducation.
Par ce canal, la Cellule d’appui à la protection des enfants entend dérouler une nouvelle stratégie d’adoption en direction de tous les acteurs en charge de l’éducation des enfants afin de permettre à ces derniers de veiller scrupuleusement sur la limitation de la durée d’utilisation des écrans parles enfants et le partage des informations personnelles. Le ministère de la Femme, de la Famille, du Genre et de la Protection des enfants tient, pour autant, à inciter les parents à interdire, surtout assurer un encadrement rigoureux de l’accès des écrans avant un âge limite de sept (7) ans. Aussi à les encourager à assurer un contrôle parental strict sur les plateformes utilisées par leurs progénitures, tout en les initiant aux signalements en ligne.
LA PROMESSE
Le maire de Tambacounda (est), Papa Banda Dièye, a déclaré lundi vouloir ‘’réhabiliter’’ les vieilles écoles de cette commune, dont certaines existent depuis plus d’un demi-siècle.
Tambacounda, 26 déc (APS) - Le maire de Tambacounda (est), Papa Banda Dièye, a déclaré lundi vouloir ‘’réhabiliter’’ les vieilles écoles de cette commune, dont certaines existent depuis plus d’un demi-siècle.
‘’J'ai un challenge en tant que maire nouvellement élu, celui de réhabiliter plusieurs établissements scolaires (…) Ce sont des écoles vétustes’’, a dit M. Dièye à l'APS en prélude au Conseil des ministres décentralisé prévu mercredi à Tambacounda.
Il fait part de sa volonté d’éliminer les abris provisoires, les salles de classe souvent faites de paille et de branches d’arbres, pour les remplacer par des abris en dur.
Papa Banda Dièye rappelle que la rénovation des vieilles écoles de Tambacounda est un engagement qu'il a pris avec les habitants de la ville avant d’être élu maire en janvier dernier.
‘’La ville de Tambacounda compte plusieurs abris provisoires (…) Je me suis engagé à faire en sorte qu’ils deviennent un mauvais souvenir’’, a-t-il dit.
M. Dièye salue les réalisations faites à Tambacounda par l’Etat en termes de construction d’infrastructures, tout en estimant qu’‘’il reste des efforts à faire’’ pour moderniser la ville.
Il s'est réjoui de l’annonce de la construction d’une université publique à Tambacounda.
‘’Cela fait une quinzaine d'années qu'on souhaite construire cette université’’, a rappelé le maire.
La commune qu’il dirige a besoin, selon lui, d’une extension de son réseau électrique et d’ouvrages d’approvisionnement en eau pour 12 quartiers périphériques.
La ville de Tambacounda compte 30 quartiers, dont 12 sont situés à la périphérie de la ville, a-t-il signalé, ajoutant qu’ils concentrent un tiers de sa population.
‘’La commune va grandir, et ses populations doivent avoir de l'eau et de l'électricité. C'est un gap qu'il faut combler au nom de l’équité’’, a insisté Papa Banda Dièye.