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29 novembre 2024
Développement
par Mohamed Lamine Ly
VERS UN RENOUVEAU DÉMOCRATIQUE ?
Retour sur une crise politique majeure ayant agité le pays, lorsque Macky Sall a tenté d'annuler les élections, défiant ainsi le Conseil constitutionnel. Une situation inédite finalement dénouée par la victoire d'une alliance prônant la rupture
Le 24 mars 2024 s’est tenue au Sénégal une élection présidentielle, dont l’issue présage de bouleversements sociopolitiques majeurs sur la scène politique africaine. En effet, des forces politiques prônant la rupture effective d’avec le système néocolonial françafricain ont réussi à accéder au pouvoir, de manière tout à fait légale et pacifique, en se conformant aux préceptes de la bonne vieille démocratie bourgeoise, qui s’avère, malgré tout, impropre à parachever la libération des classes exploitées et des peuples opprimés.
Le Sénégal, grâce au dynamisme de sa classe politique et à son implication précoce dans la vie institutionnelle de la métropole française, a toujours eu une longueur d’avance dans la pratique de cette démocratie de type occidentale, (abstraction faite de la lugubre parenthèse de la glaciation senghorienne), ce qui lui a même valu, une réputation surfaite de vitrine démocratique au niveau du continent africain.
Un pays aux traditions démocratiques mais inféodé à l’Occident
Il faut, quand même, reconnaître, que les traditions démocratiques au Sénégal et plus généralement, dans notre sous-région, remontent à la période précoloniale, avec une révolution politique[1] anti-esclavagiste, antérieure à la celle française, sans parler de la Charte du Mandé[2], contemporaine, voire antérieure à la Magna Carta (1215), considérée par certains comme la matrice des droits de l’Homme dans le monde, adoptée bien avant le Bill of Rights de 1689 en Angleterre, la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Par ailleurs, dès le début du 19ième siècle, des représentants de la colonie du Sénégal seront envoyés dans les institutions parlementaires françaises à l’issue de compétitions électorales très disputées.
Le premier président sénégalais, Léopold Sédar Senghor, poète, chantre de la négritude, voulait faire de son pays, la Grèce de l’Afrique Noire et défendait une thèse plaçant la culture – et non l’économie – au début et à la fin de tout développement.
Sa francophilie débordante l’empêchait de se rendre compte de la pesante tutelle néocoloniale de l’ancienne métropole et allait être à l’origine du premier conflit politique du Sénégal indépendant., en 1962.[3]
Après la mise à l’écart de Mamadou Dia, la voie était ouverte pour la perpétuation de la mainmise de la France, sur l’économie sénégalaise et celles de plusieurs pays de l’ancienne Afrique Occidentale Française, à travers leur système monétaire basé sur le franc CFA. Sur le plan politique, on a également noté une hantise de la France, à vouloir maintenir ses anciennes colonies dans la sphère d’influence du monde occidental.
Pour consolider son pré-carré en Afrique subsaharienne, la France mit en place, dès 1960, un secrétariat général à la présidence de la République pour les affaires africaines et malgaches[4] dirigé par le puissant Jacques Foccart, personnage central d’une politique plus connue sous le vocable de Françafrique, ayant à son actif, outre le sabotage de monnaies nationales[5], des exécutions extra-judiciaires ou des putschs militaires.
Cela va avoir des répercussions sur la vie politique des jeunes nations africaines, surtout, à cette époque de guerre froide entre les puissances occidentales regroupées autour des Etats-Unis et le camp socialiste dirigé par l’Union Soviétique d’alors. Elle était caractérisée par la diabolisation des forces progressistes, selon le modèle du mccarthysme[6] étatsunien, de triste mémoire, avec un ostracisme marqué à l’endroit des partis proches de la mouvance communiste, victimes d’interdiction administrative ou combattus par une répression féroce, pouvant par endroits, aller jusqu’à la lutte armée (Cameroun). De plus, les dirigeants du monde occidental, convaincus que la démocratie représentative pluraliste ou multipartisane était un « luxe pour les pays africains » confrontés aux affres du sous-développement, imposèrent le modèle du parti unique ou unifié.
Ce mode de gouvernance autoritaire allait être à l’origine d’une floraison de coups d’Etat[7], qui devenaient, par la force des choses, la seule voie de résolution des dissensions politiques ou d’accès au pouvoir.
Après la chute du mur de Berlin en 1989, il devenait urgent, pour le camp occidental, revigoré par l’effondrement inattendu du camp socialiste ennemi, de canaliser – à défaut de pouvoir la contrecarrer - l’aspiration universelle des peuples au progrès social et à la liberté.
Le 20 juin 1990 constitue une date repère dans le cadre d’une nouvelle approche stratégique esquissée dans le discours de la Baule du président François Mitterrand[8]. Il y appelait les pays africains à changer de paradigmes, du moment que la menace communiste semblait s’estomper.
Jusque-là, les critères décisifs de soutien aux pays africains étaient la préservation de régimes hostiles au camp socialiste pour faire perdurer la domination économique de l’impérialisme occidental, tout en garantissant la sécurisation des approvisionnements en matières premières. Après le sommet de la Baule, il allait, dorénavant, falloir prendre en compte, le respect des mythes et leurres occidentaux en matière de droits humains et de démocratie, tels que serinés à leurs opinions publiques. Les régimes de parti unique, furent obligés de se plier aux exigences des puissances occidentales, de suivre l’exemple du Sénégal, qui avait pris les devants[9], par l’acclimatation de la démocratie représentative libérale dans leurs pays, dans le souci de préserver la paix civile, tout en laissant intacts les rapports de domination impérialiste.
Apogée du modèle démocratique sénégalais
Le Sénégal, un des rares pays africains à n’avoir pas connu de coup d’état militaire, avait amorcé, très tôt, sa mutation démocratique, après la longue décennie d’hibernation démocratique consécutive à la crise politique entre Senghor et Mamadou Dia (voir plus haut).
En 1980, le président Léopold Sédar Senghor démissionnait de sa fonction, ne supportant plus la pression de syndicats et partis de gauche, puis il faisait de son premier ministre, son dauphin, lui cédant le fauteuil présidentiel, par la grâce d’un artifice tordant le cou aux dispositions constitutionnelles[10].
Le président Abdou Diouf allait rester aux commandes de l’Etat sénégalais pendant deux décennies, durant lesquelles, deux tendances contradictoires allaient voir le jour. On assista d’une part à un élargissement relatif des espaces politiques et citoyens (multipartisme intégral, émergence de plusieurs syndicats autonomes, pluralisme médiatique…) et de l’autre à une libéralisation débridée des politiques publiques, à travers les plans d’ajustement structurel, selon le mot d’ordre « moins d’Etat, mieux d’Etat ».
Grâce à la lutte soutenue du mouvement national démocratique, on assista à une fiabilisation progressive du processus électoral (identification de l’électeur, secret du vote, fichier mieux maîtrisé…), permettant la survenue de la première alternance démocratique, le 19 mars 2000. Elle avait pour ambition de résoudre l’épineuse question de la demande sociale exacerbée par les plans d’ajustement structurel, du précédent régime socialiste, mais surtout d’approfondir le processus démocratique, en procédant à un rééquilibrage institutionnel et en mettant fin à l’excès de concentration de pouvoirs entre les mains du président de la République. Malheureusement, le président Wade, au lieu de démanteler le système hyper-présidentialiste, allait plutôt augmenter ses prérogatives dans la nouvelle constitution votée lors du référendum du 7 janvier 2001.
Une deuxième alternance sans véritable rupture
En 2012 survint la deuxième alternance démocratique sénégalaise, grâce à la victoire de Macky Sall au deuxième tour des présidentielles sur le président Wade, sanctionné à cause de ses dérives autocratiques. En effet, non content de violer la disposition constitutionnelle de limitation des mandats à deux, il faisait montre de velléités de dévolution monarchique du pouvoir à son fils Karim Wade. Pour contrebalancer la jeunesse et l’immaturité de sa formation politique, l’Alliance Pour la République, le nouveau président était convaincu, que la condition sine qua non de la survie de son nouveau régime était la mise en place d’une vaste Coalition, selon la devise "gagner ensemble et gouverner ensemble".
De fait, la collusion d’intérêts allait conférer à Benno Bokk Yakaar[11] une longévité aussi démesurée que néfaste et en faire l’une des Coalitions les plus massives et les plus unanimistes de l’histoire politique du Sénégal.
On se rendit très vite compte, que le nouveau pouvoir n’avait aucune intention de procéder aux réformes démocratiques consignées dans les conclusions des Assises nationales[12], dans le projet de nouvelle constitution et dans les autres recommandations de la C.N.R.I[13], visant aussi bien à améliorer la gouvernance sociopolitique qu’à instaurer l’équilibre et la séparation des pouvoirs.
Plongée dans les abysses de l’autoritarisme
La gouvernance de la coalition Benno Bokk Yakaar, sous le leadership du président Macky Sall va être marquée par :
La découverte de gisements de gaz et de pétrole, laissant augurer de rentrées de recettes significatives, à l’horizon 2025-2026,
La judiciarisation de la scène politique, ainsi que la criminalisation des acteurs politiques de l’Opposition, abusivement caractérisés comme terroristes,
L’accentuation de l’instrumentalisation des institutions parlementaire et judiciaire, conduisant à des tripatouillages récurrents des textes de lois, voire de la Constitution et à l’embastillement de milliers de militants politiques et d’activistes…
Ces dérives autoritaires allaient se heurter à la résistance de la jeunesse sénégalaise qui, ces dernières années, a été touchée par une lame fond anti-impérialiste cherchant à rompre les amarres avec les anciennes puissances coloniales, particulièrement la France. Cette aspiration au changement est incarnée par plusieurs entités politiques, dont la plus représentative, actuellement, est le Pastef[14], victime d’une persécution impitoyable et catalogué comme ennemi public numéro 1 du régime de Macky Sall. De fait, cette formation politique, qui cristallise les espoirs de larges secteurs de la jeunesse sénégalaise, avait été interdite, le 31 juillet 2023, trois jours après l’embastillement de son leader Ousmane Sonko, qui avait rejoint en prison des centaines de militants de son parti.
Il faut dire que la mise aux arrêts de M. Ousmane Sonko était l’aboutissement d’un long feuilleton politico-judiciaire ayant débuté en février-mars 2021, en pleine crise de la Covid-19. A l’époque, le leader du Pastef était au centre d’une affaire de mœurs avec des accusations de viol proférées par une jeune masseuse. La tentative des autorités judiciaires de l’envoyer en prison, alors que le dossier donnait tout l’air d’avoir été fabriqué de toutes pièces, (il allait d’ailleurs être acquitté le 1er juin 2023, des chefs d’accusation de viol et de menace de mort), allait déclencher des émeutes meurtrières, qui paradoxalement allaient booster la carrière d’Ousmane Sonko, arrivé troisième à l’élection présidentielle du 24 février 2019 et favori incontestable de celle de 2024. C’est bien pour cela, qu’il sera arbitrairement évincé de la compétition électorale et que le Pastef sera obligé de désigner son camarade de parti, Bassirou Diomaye Faye, comme candidat de substitution.
Le putsch constitutionnel du 3 février 2024
Au début du mois de février 2024, le Sénégal était sous les feux de la rampe, a occupé le devant de la scène médiatique et fait la Une des plus grands journaux internationaux. Le 3 février, le président Macky Sall a pris, quelques heures avant l’ouverture de la campagne électorale, un décret pour annuler la convocation du corps électoral, actant ainsi le report sine die de l’élection présidentielle, une première depuis plus de 60 ans.
Tout est parti de la contestation, par plusieurs candidats à la prochaine présidentielle, du processus de validation des candidatures, qui avait donné lieu à beaucoup de controverses liées essentiellement au flou entourant l’évaluation des résultats du parrainage citoyen[15], mais aussi à l’élimination de la course présidentielle de deux candidats ayant plus d’une nationalité[16], dont le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade.
Deux jours plus tard, une majorité de députés va voter une loi pour reporter l’élection présidentielle au 15 décembre 2024. Mais un autre rebondissement spectaculaire allait se produire, le 15 février, quand le Conseil constitutionnel, la plus haute instance judiciaire de notre pays a désavoué le président de la République et les députés de la majorité ainsi que ceux du parti démocratique sénégalais. Le juge électoral suprême avait notamment rejeté, d’une part, le décret présidentiel n°2024-106 du 3 février 2024, portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 et de l’autre, de la loi portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution, adoptée sous le n° 4/2024 par l’Assemblée nationale, en sa séance du 5 février 2024.
Dénouement pacifique de la crise politique
Au lieu de se plier aux injonctions du Conseil constitutionnel, le président allait se lancer dans une fuite en avant, en convoquant un prétendu dialogue national, le 26 février 2024, à Diamniadio[17]. Mais ce dialogue aussi illégal qu’illégitime, cherchait à repousser la date du scrutin de plusieurs mois, au lieu de fixer – dans les meilleurs délais - une nouvelle date pour l’élection présidentielle, seule voie de résolution de la crise politique profonde et inédite, qui mettait à mal le modèle démocratique sénégalais.
C’était sans compter avec la détermination du Conseil constitutionnel à faire respecter les dispositions de la loi électoral en sortant une décision en date du 5 mars 2024 et rendue publique le lendemain. Dans celle-ci, la feuille de route issue des travaux du prétendu dialogue national et qui proposait de remanier la liste des candidats et de reporter l’élection présidentielle au 2 juin 2024, a été rejetée, sans autre forme de procès, car elle aurait eu pour conséquence, de prolonger le mandat du président Sall, au-delà du 2 avril. C’est finalement la date du 24 mars 2024 qui sera retenue. Face à l’inéluctabilité de la victoire du candidat Bassirou Diomaye Faye, attestée par d’innombrables sondages, il ne restait plus au président Macky Sall, inquiet pour son propre devenir et celui de ses proches, qu’à faire voter, le 6 mars 2024, une loi d’amnistie et à faire libérer, la semaine suivante, les centaines de militants Pastef arbitrairement détenus. Parmi ces derniers figuraient le candidat officiel et le président d’un parti en pleine ascension, un parti, qu’on avait fini par dissoudre[18], en invoquant les motifs les plus fallacieux, ce qui ne s’était plus produit depuis le début des années 60.
La réalité des faits démentait formellement cette mesure administrative de dissolution du Pastef, qui pouvait être considéré comme un des partis les plus dynamiques, les mieux structurés, ayant de remarquables capacités en termes de mobilisation de ressources internes. De plus, il a joué les premiers rôles, fait preuve de résilience, de constance et a payé un lourd tribut dans cette confrontation politique épique avec le régime du Benno-APR, dont il a mis à nu les tares que sont la mal-gouvernance illustrée par de multiples scandales à répétition et le soutien à la dépendance néocoloniale.
C’est donc, en toute logique, que le « duo présidentiel » Sonko-Diomaye du Pastef auréolé d’un parcours prestigieux voire héroïque, a remporté l’éclatante victoire électorale du 24 mars 2024 acquise, dès le premier tour, en devançant le candidat de Benno, son adversaire et suivant immédiat de près de 20 points.
[1] La révolution torodo de Thierno Souleymane Baal
[2] La charte charte du Mandé est la transcription du contenu oral, qui remonterait au règne du premier souverain Soundiata Keita qui vécut de 1190 à 1255.
[3] Il s’agissait d’un conflit ouvert entre le président Senghor bénéficiant de milieux d’affaires de la métropole et le président du Conseil, Mamadou Dia, réputé être plus nationaliste. La crise conduisit à l’emprisonnement de Dia, pendant une douzaine d’années
[4] Elle deviendra, plus tard, la cellule africaine de l’Elysée
[5] Dans le cadre de l’opération « Persil », les services secrets français introduisent, en Guinée, une grande quantité de faux billets de banque guinéens dans le but de déséquilibrer l’économie.
[6] Politique de persécution menée aux Etats-Unis, dans les années 1950, à l’encontre de personnalités soupçonnées d’avoir des sympathies communistes.
[7] Le Sénégal faisait figure d’exception, car n’ayant jamais connu de putsch militaire et ayant reconnu en 1974, le premier parti d’opposition
[8] François Mitterrand, président de la France d du 21 mai 1981 au 17 mai 1995
[9] Au Sénégal, Senghor reconnaît le premier parti d’opposition en 1974 et instaure le multipartisme limité en 1976, qui deviendra intégral en 1981, à l’accession d’Abdou Diouf à la magistrature suprême
[10] L’article 35 al2 (loi constitutionnelle n° 76-27 du 6 avril 1976) stipulait, qu’en cas de vacance du pouvoir, le premier ministre –Mr Abdou Diouf, en l’occurrence, termine le mandat présidentiel
[11] Benno Bokk Yakaar, abrégé en BBY (Unis par l'espoir), est une coalition politique sénégalaise fondée en 2012 par le parti de l’Alliance pour la République (APR), en soutien au président Macky Sall.
[12] Les Assises nationales du Sénégal ont rassemblé, entre le 1er juin 2008 et le 24 mai 2009, de nombreux acteurs de la vie publique, représentants de partis politiques, de la société civile et personnalités diverses. Elles avaient pour ambition de « trouver une solution consensuelle, globale, efficace et durable à la grave crise multidimensionnelle qui sévit dans le pays »
[13] Commission nationale de réforme des institutions : structure mise en place par le Président Sall, à la suite des Assises nationales, visant à organiser une large concertation nationale sur les réformes à mettre en œuvre à court, moyen et long terme, pour doter le pays d’une armature institutionnelle moderne, à la mesure de son ambition de devenir et de rester une grande nation de démocratie.
[14] Les Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef) est un parti politique sénégalais fondé en 2014 par Ousmane Sonko.
[15] Le parrainage électoral, institué par la loi constitutionnelle n°2018-14 du 11 mai 2018, est un mode de présélection des candidats par des électeurs (dont le nombre est compris entre 0,6% et 0,8% du fichier électoral), qui signent des fiches de parrainage.
[16] Les candidats Karim Wade et Rose Wardini ont été éliminés de la liste des candidats, car selon la Constitution de notre pays, tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise.
[18] Le parti politique dénommé « Patriotes du Sénégal pour le Travail, l'Ethique et la Fraternité » (PASTEF) a été dissous par décret n° 2023-1407 pour manquement à ses obligations en vertu de l'article 4 de la Constitution et de l'article 4 la loi n°81-17 du 06 mai 1981 relative aux partis politiques, modifiée par la loi n° 89-36 du 12 octobre 1989.
par Abdou Gueye
QU’ATTENDRE DE L’ARRIVÉE DU FIRST OIL ?
Une analyse fine des dépenses déclarées comme "coûts pétroliers" s'impose pour éviter tout déséquilibre préjudiciable aux intérêts du Sénégal
En Afrique, les industries extractives (IE) présentent des enjeux et défis particuliers tant pour les Etats fragiles que pour les nations en voie de développement[1]. Selon Augé (2014), un Etat qui fait des découvertes pétrolières ou gazières aura de grandes difficultés de gestion sur le long terme si le même régime politique décide de tout et qu’aucune alternance n’est possible[2]. Aujourd’hui l’alternance est encore offerte au Sénégal, avec l’arrivée d’un nouveau régime dirigé par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, âgé de 44 ans.
Faudrait-il rappeler que c’est après 72 ans de recherche pétrolière que le Sénégal vient de sortir son premier baril de production dans le gisement offshore de Sangomar dirigé par Woodside Energy avec 82% des parts d’investissement et Petrosen 18%. Face à ce contexte, la question principale à poser est la suivante : quels enjeux et défis pour le pays ?
Le Premier ministre actuel ne peut pas être exclu de la réflexion vu son intérêt majeur pour la souveraineté nationale et énergétique. En 2016, nous nous sommes rencontrés à Saly pour discuter sur les contrats pétroliers à l’occasion d’un atelier organisé par Oxfam Sénégal. En 2017, une occasion est offerte par Pape Alé Niang, pour son émission « Décryptage » à l’époque sur 2STV avec la participation du président actuel du Sénégal, monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, pour encore aborder les contours des contrats pétroliers avec d’autres groupes d’acteurs. Les propos avancés justifient les enjeux que représentent le développement des projets pétroliers au large du Sénégal.
Ainsi, 10 ans après ces découvertes d’hydrocarbures, le grand public se pose toujours des questions pour comprendre quel serait l’impact de ces projets pétroliers sur la vie des sénégalais notamment les pollutions environnementales, les conflits et l’avenir du secteur de la pêche notamment artisanale.
Le dimanche 9 juin 2024, le chef du gouvernement, monsieur Ousmane Sonko, lors de la conférence politique de son parti est revenu sur la volonté de l’Etat de renégocier les contrats pétroliers. Cette volonté manifeste du leader de Pastef mais aussi du chef du gouvernement est-elle réaliste ? si Oui, quels sont les risques et les avantages ? Ces questions formulées nous poussent à encore à poser d’autres questions pour comprendre davantage à qui profite les projets pétroliers au Sénégal ? Doit-on renégocier les contrats ? Si Oui, qu’est-ce qu’il faut spécifiquement renégocier ?
Selon les termes du contrat de Sangomar, l’Etat bénéficiera de 20% des parts si la production journalière est inférieure ou égale à 100 000 barils/jour. Alors que dans la communication de l’Opérateur principal, une production journalière de 100 000 barils/jour est attendue pour le gisement de Sangomar. Si cette pratique est appliquée sera-t-elle profitable à l’Etat dans le moyen ou le long terme ? La part des 20% sur le profit oil est-elle rentable pour le Sénégal ? La grille de répartition sur la production journalière devrait-elle faire l’objet de renégociation ?
Certes, une correction de cette logique est apportée dans le nouveau code pétrolier de 2019 pour faire appliquer le facteur « R ». Au niveau du profit oil, l’Etat ne peut plus avoir moins de 40%. Ceci sera applicable pour les contrats futurs. Existera-t-il une autre découverte d’hydrocarbure dans le bassin sédimentaire sénégalais ? Cette incertitude devrait amener le nouveau régime à se concentrer davantage sur l’existence marquée par son potentiel de réserves.
Nous rappelons que la renégociation des contrats dans les projets extractifs n’est pas un phénomène nouveau et c’est toujours possible quand un nouveau régime s’installe. En guise d’exemple, le Libéria peut être cité comme un cas d’école. Selon Raja Kaul et Antoine Heuty, le gouvernement de la présidente Ellen Johnson Sirleaf a effectué une régociation des contrats extractifs entre 2006 et 2008. De même, Paul Seagel, souligne que le Liberia disposait de 102 contrats extractifs, avant l’arrivée du nouveau régime. Une fois l’installation du gouvernement les 52 ont été acceptés, les 36 annulés et les 14 renégociés. Et maintenant quelle leçon à tirer pour le Sénégal ?
Par rapport au principe coût-avantage d’un projet, des inquiétudes se posent déjà du côté des projets pétroliers. Dans la négociation des contrats, nous avons l’impression que les externalités négatives ne sont pas bien prises en compte et cela ne sera pas profitable au pays hôte. Le milieu marin offre un cadre approprié pour bénéficier des ressources renouvelables et non renouvelables. Un manque à gagner sera certainement constaté dans le secteur de la pêche maritime. De même, le prêt obtenu par le gouvernement du Sénégal en 2018 dans le cadre de l’Assistance technique sera-t-il déductible dans les coûts pétroliers ? Ce projet a permis de réaliser une évaluation environnementale et sociale stratégique et d’autres études stratégiques mais aussi le renforcement des capacités du personnel de l’administration. A cet effet, la question est la suivante : comment ce prêt sera remboursé et avec quelle ressource et quel moyen ? Par contre, les dépenses effectuées pour réaliser les études d’impact environnemental et social des projets pétroliers sont considérées comme des coûts pétroliers. Je veux juste préciser que la balance sur le « cost oil » et le « profit oil » doit être équilibrée pour permettre aux deux parties (Etat & Contractant-s) de garder les mêmes avantages sur le partage des ressources.
Face aux défis, le président de la République et le Premier ministre devraient inviter le gouvernement à se préparer pour aller vers des modèles de transformation structurelle et durable des secteurs productifs du pays. Mais avant d’y arriver, ils devraient inviter au ministre de l’Energie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleye Diop d’effectuer une revue critique sur les dépenses liées au « cosl oil » pour savoir concrètement qu’est-ce qui est considéré dans le « cost oil » afin de pouvoir réduire les risques liés à l’exagération financière dans les dépenses liées aux projets pétroliers. Généralement le « cost oil » est souvent associé à des termes complexes et techniques comme : explo, opex, capex ; abex etc. Mais en réalité qu’est-ce cela représente ?
Le président de la République est attendu pour que la ressource et la rente renforcent davantage les pratiques du secteur primaire (agriculture, élevage et pêche). Il se doit de : veiller rigoureusement sur la protection des intérêts du secteur de la pêche artisanale. De mettre en place des mécanismes pour la prévention et la gestion des conflits. De renforcer la dynamique de recherche pour connaitre davantage le milieu récepteur et surtout de diversifier l’économie pour éviter le syndrome hollandais et la malédiction des ressources extractives.
Dr. Abdou Gueye est Environnementaliste spécialisé en gouvernance des industries extractives.
[1]Groupe interagence des nations unies pour les actions préventives (2012). Guide pratique pour la préservation et la gestion des conflits liés à la terre et aux ressources naturelles : Industrie extractives et conflits. 52p.
[2]Benjamin AUGÉ (2014) Chercheur à l’INSTITUT FRANCAIS DES RELATIONS INTERNATIONALES (IFRI)/Programmes Afrique subsaharienne/ Energie. Cours sur la géopolitique des activités extractives. 90p.
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DAOUDA FAYE REPRESENTERA LE SENEGAL A BERLIN
START-UP Lauréat du Falling Walls LDans le cadre de la finale mondiale du concours Falling Walls, une plateforme mondiale d’échanges scientifiques, l’ingénieur Daouda Faye, 24 ans, va représenter le Sénégal à Berlin lors de cette compétition de startups
Dans le cadre de la finale mondiale du concours Falling Walls, une plateforme mondiale d’échanges scientifiques, l’ingénieur Daouda Faye, 24 ans, va représenter le Sénégal à Berlin lors de cette compétition de startups. Mbay mi connect est une application qui constitue un pont entre des investisseurs, la plupart anonymes, et des agriculteurs qui ont besoin de financements.
Le Sénégal sera représenté, cette année à Berlin, par Daouda Faye, un ingénieur de 24 ans issu de l’Ecole nationale supérieure d’agriculture (Ensa). Il est sorti vainqueur du Fallings Walls Lab organisé au Sénégal par la Fondation Friederich Neumann. Il a été choisi pour son projet Mbay mi connect, devant 9 autres candidats. Ce projet vise à révolutionner le secteur de l’agriculture en le rendant plus performant et plus productif en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire grâce à l’appui financier des partenaires. «Mbay mi connect est une application qui constitue un pont entre des investisseurs, la plupart anonymes, et des agriculteurs qui ont besoin de financements», a-t-il expliqué. D’après Daouda Faye, l’idée lui est venue de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. «Elle a entraîné une inflation des prix des intrants agricoles. Le cultivateur qui utilisait 10 ha ne peut plus le faire. Il est obligé de réduire sa superficie cultivable parce que les prix des intrants ont connu une inflation. Pourtant, c’est avec les revenus qu’il tirait de l’agriculture qu’il nourrissait sa famille, payait la scolarité de ses enfants… Nous sommes partis de cette réflexion en nous disant pourquoi ne pas apporter une solution en mettant en place une application qui leur permettrait d’avoir des financements. Il y a beaucoup de tracasseries administratives par rapport aux frais qui sont élevés, qui excédent 26% pour les banques et 18% pour les institutions financières. On s’est dit que dans le secteur privé, il n’existe pas de startups qui proposent des financements allant dans ce sens. Donc on a voulu mettre en place une application qui pourrait permettre aux agriculteurs de pouvoir bénéficier d’investissements avec de faibles taux de prêt qui ne dépasseront pas 15% et qui leur permettront de bénéficier des intrants agricoles et d’augmenter leurs surfaces de production», a-t-il ainsi détaillé son projet qu’il assimile à un premier pas vers une modernisation de l’agriculture.
En remportant ce prix qui coïncide avec le 10e anniversaire du Falling Walls Lab, «cela va me permettre de «networker» et de trouver des partenaires qui vont contribuer à notre projet positivement et nous accompagner techniquement et financièrement. Ce qui pourra impacter et booster l’agriculture sénégalaise et permettre aux agriculteurs d’avoir des revenus stables à travers leur passion», a-t-il dit. L’objectif de ce Falling Walls Lab à Berlin est de chercher à tisser des relations et à bénéficier d’un accompagnement technique.
D’après Alexandra Rendt, Directrice régionale de la Fondation Friedrich Neumann pour la liberté, «c’est une compétition pour des chercheurs et entrepreneurs qui veulent se lancer, qui ont un projet et à qui on donne, en tant que fondation politique allemande (Friedrich Neumann), la possibilité de faire des pitches, d’être en compétition avec d’autres chercheurs, d’autres innovateurs». Mais, il faut dire que le Sénégal s’est toujours bien comporté lors de ces rencontres avec d’autres entrepreneurs venus de tous les coins du monde. A en croire la Directrice régionale, «on a plusieurs Sénégalais qui ont été à Berlin et qui ont reçu un premier financement». D’ailleurs, l’année dernière, El Hadji Sagne avait remporté le 1er prix de la catégorie Talents émergents à Berlin.
Il faut savoir que la finale du Falling Walls, qui est prévue à Berlin, est une plateforme mondiale d’échanges scientifiques. Cet événement annuel sert de catalyseur pour l’innovation, favorisant le dialogue interdisciplinaire et promouvant une réflexion novatrice.
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COUP DE POUCE POUR LE POUVOIR D'ACHAT
Après des mois de hausse continue, le gouvernement sénégalais a dévoilé jeudi un vaste plan de réduction des tarifs sur les produits alimentaires de base. De quoi soulager bon nombre de familles éprouvées par la cherté de la vie
Le gouvernement a annoncé, jeudi, une révision des grilles tarifaires des produits de première nécessité, marquant ainsi une étape importante dans la lutte contre la cherté de la vie.
Cette décision, tant attendue par les Sénégalais, a été présentée en conférence de presse par le secrétaire général du gouvernement, Ahmidou Aminou Lo.
L’une des mesures phares concerne la baisse du prix du sucre cristallisé, avec une réduction de 50 Francs CFA par kilogramme. Désormais, le sucre sera vendu à 650 F CFA par kilogramme, au lieu de 700 F CFA. De même, le riz brisé non parfumé a vu son prix baisser de 40 F CFA, portant le nouveau tarif à 410 F CFA le kilogramme. En complément, le gouvernement a annoncé l’arrivée imminente de bateaux de riz en provenance d’Inde, ce qui pourrait encore influencer les prix à la baisse d’ici le mois d’août.
Pour l’huile raffinée, une réduction de 100 F CFA par bidon a été décidée, ce qui devrait apporter un soulagement notable aux ménages. Le prix du pain, denrée de base pour de nombreux Sénégalais, a également été revu à la baisse. La baguette de 190 g passe ainsi de 175 F CFA à 160 F CFA, soit une réduction de 15 F CFA.
Outre les denrées alimentaires, le gouvernement a introduit des mesures visant à alléger le coût de la construction. La taxe parafiscale sur le ciment, fixée à 2000 FCFA, a été suspendue de manière ciblée pour les habitations. Les entreprises ne bénéficieront pas de cette suspension, ce qui montre une volonté de cibler les ménages et les constructions résidentielles.
En ce qui concerne le foncier, des mesures spécifiques ont été annoncées, notamment pour la région de Mbour, ces terrains seront affectés à des promoteurs pour leur mise en valeur.
Pour le digital également, les données mobiles, les opérateurs ont donné accord pour baisser les coût d’accès à l’internet.
Pour l’engrais, une baisse de 22% a été notée, selon le secrétaire général du gouvernement.
Les représentants du gouvernement ont indiqué que les discussions avec les acteurs concernés se poursuivraient pour s’assurer de la mise en œuvre effective de ces réductions et pour aborder d’autres aspects liés au coût de la vie.
Il y a également des mesures d’accompagnement qui ont été prises par les autorités pour la régulation et la maîtrise des prix au centre de tout renforcement du contrôle économique. Les autorités promettent le retour des magasins témoins dans toutes les localités avec l’implication des populations mais également un contrôle sera fait sur le terrain pour pousser les commerçants à respecter les prix.
Par Ibou FALL
PÉTARDS MOUILLÉS, ÉCRANS DE FUMÉE
Ils sont aux commandes de la République et le peuple piaffe d’impatience de découvrir leur maestria. Ça va bientôt faire cent jours que les 54% des électeurs et leurs camarades de jeu attendent. Apparemment, c’est laborieux
A quelques encablures du redoutable discours de politique générale, alors que l’attendent des députés qui lui sont hostiles en majorité, le Premier ministre Ousmane Sonko ne semble pas vraiment se concentrer sur son sujet.
Ça fait déjà curieux d’apprendre le mois passé que le « Projet », via un laconique communiqué du Conseil des ministres, est en instance de rédaction et ne sera présenté qu’en fin d’année, si le Sénégal est toujours une République démocratique d’ici là. Cela fait pourtant une décennie que le parti Pastef nous le vend, avec un pic à compter de février 2021, alors qu’éclate l’affaire Sweet Beauté. Un complot d’Etat
On est en plein Covid quand le chouchou du Parlement, sans doute usé par son sacerdoce qui lui ruine la santé, cherche remède à un mal de dos congénital que même la graisse de boa africain calme mais ne soigne pas. Ah, la maudite cinquième lombaire !
Les aléas du GPS tropical sans doute, en plein couvre-feu, l’induisent en erreur : au lieu de frapper à la porte d’un cabinet de kinésithérapeute à la réputation indiscutablement panafricaine, Monsieur l’honorable député du Peuple toque chez la tenancière d’un p’tit salon de massage aux offres très peu académiques…
Tant qu’à faire, autant soigner le mal par le mal. C’est sur une jeune femme surgie du néant, aux études sommaires mais aux doigts de fée et aux formes voluptueuses, que le chantre de la gouvernance vertueuse tombe par accident.
Chienne de vie…
Il n’en faut pas plus à Macky Sall et sa smala pour monter en épingle une affaire cousue de fil blanc. On y trouve de tout : ministres, généraux, magistrats, avocats, journalistes, politiciens et autres fonctionnaires de seconde zone
La totale en résumé, pour prendre d’assaut la volonté populaire et mettre à mal la légitimité de celui qui déclare d’avance sa candidature à la Présidentielle de 2024 et que le peuple plébiscite avant l’heure. Ce ne serait pas une première sous nos cieux démocratiques : c’est aussi vieux que la République. Depuis Mamadou Dia jusqu’à Khalifa Sall, le «système» bouffe ses enfants vertueux.
Il leur suffit juste d’un faux-pas mal venu pour se retrouver sur la paille humide d’un cachot.
A ce moment précis, comprenez février 2021, il n’est plus question de don de sang pour guérir des malades, mais de sacrifice extrême pour sauver la vision messianique de Ousmane Sonko, le patriote suprême mâtiné du statut de lanceur d’alerte ultime, le député du peuple intraitable sur la bonne gouvernance, le panafricaniste fondamental que le camaïeu souverainiste du continent guette depuis l’assassinat de Sankara. J’avoue : les superlatifs me manquent…
Le dessein pastéfien sera ingurgité avec pertes et fracas par une faune de mécontents, laquelle délèguera en mars 2024, 54% des électeurs pour bouter les piliers et sous-fifres du «Système» loin des ors de la République
Détail de moindre importance : ce n’est pas le Patriote capital que le peuple porte au pouvoir, mais son timide lieutenant qui a le bon goût de confondre le Droit avec de l’anthropophagie très africaine et nos augustes magistrats avec des cannibales.
Le tandem des sauveurs d’un peuple aux abois jaillit de prison en même temps et pause bras dessus, bras dessous, devant les caméras une semaine avant le sacre. Dans ma turbulente enfance, j’ai connu Laurel et Hardy, Dupont et Dupond, Aladji Môr et Maroukhédia Guèye. A l’âge de la retraite, persuadé d’avoir tout enduré, je prends par surprise en pleine poire Ousmane et Diomaye…
Macky Sall, que le remords ronge, enjambe allègrement toutes les convenances afin d’expier ses fautes : amnisties tous azimuts, accusations de corruption de magistrats, croc-en-jambe discret mais efficace à son candidat, rencontres nocturnes, petites gentillesses occultes envers l’ennemi…
Au final, le 2 avril 2024, le Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor accueille un nouvel occupant qui prend ses quartiers pour l’heure au King Fahd. Faut absolument déminer avant d’occuper les lieux ? On est en Afrique, n’oubliez pas. Comme il faut s’y attendre, le Premier ministre est l’autre variable de l’équation « Diomaye môy Sonko ». Problème : ni l’un ni l’autre n’a la moindre expérience gouvernementale.
Ousmane Sonko, élu récemment maire de Ziguinchor, a juste le temps de s’asseoir dans le maroquin de la capitale du Sud que la Justice de Macky Sall le poursuit de ses assiduités. Quant à Diomaye, lors des mêmes Municipales, il n’est pas même capable de remporter la mairie de son village. Il faut croire qu’à la présidentielle, les électeurs de Ndiaganiao auront transhumé…
Bref, ils sont aux commandes de la République et le peuple piaffe d’impatience de découvrir leur maestria : les recrutements par appels à candidatures, la fin de la dette publique, la sortie de la zone Cfa, l’expulsion de la France sans ménagement avec un coup de pied dans le popotin de leur dernier bidasse sur nos terres, les pédés pendus haut et court, le wolof comme langue officielle et le « seur’ou Ndiago » en tenue d’apparat durant les fastes républicains…
Ça va bientôt faire cent jours que les 54% des électeurs et leurs camarades de jeu attendent. Apparemment, c’est laborieux.
Ils assistent à quelques shows dont Jean-Luc Mélenchon qui ouvre le bal en guest-star par un plaidoyer, ô sacrilège, pour le mariage gay. Ça nous ramène, pour ne rien changer aux traditions, son Toubab à chaque génération : Senghor et Pompidou, Diouf et Chirac, Wade et Sarkozy, Macky et Macron, Sonko et Mélenchon. Ça fait toujours sophistiqué de poser avec son Français pour la postérité…
Oui, mais ça ne suffit pas à meubler le temps que l’on trouve toujours long quand on s’ennuie. Comme un 31 décembre, il faut du pétard, même mouillé, pour animer la scène. Les injustices de la Justice, par exemple, inspirent un grand-place où vont plastronner des assassins de juge amnistiés, des charlatans élargis de justesse et des insurgés en rupture de ban. Ou alors, pour le buzz, les mécomptes fiscaux de la presse que Macky Sall a corrompue jusqu’à la moelle.
Côté théâtre, on ne se gêne pas : quand le bigame Diomaye s’offre deux béliers au rabais chez l’humoriste Gallo Thiéllo, le protocole obséquieux s’interdit de ricaner. Cette expédition téméraire dans l’univers des pauvres fait tout de même moins de bruit que le raout au Grand Théâtre de son Premier ministre Ousmane Sonko devant son parterre d’inconditionnels, auxquels il apprend avec une désarmante désinvolture le petit nom de son patron : Serigne Ngoundou
Notre Premier ministre ne doute de rien…
Bien au contraire, le leader de Pastef se disperse depuis sa prise de fonction avec une sorte de légèreté surréaliste en multipliant les sorties médiatiques, lesquelles sont autant de déclarations de guerre contre les piliers de l’Etat de Droit démocratique. Un coup, ce sont les magistrats, et même les lois qui ne lui conviennent pas ; un autre, les planqués de l’ancien régime qui se partagent les terres de la Corniche et les voitures de la Présidence, ou alors les journalistes à la moralité douteuse dont il faut réduire à néant les capacités de nuisance par les impôts. Il voit même des ennemis partout, planqués dans des pays lointains, occupés à concocter des putschs contre le nouvel Etat démocratique qui naît du champ de ruines laissé par Macky Sall.
Tant d’écrans de fumée qui sont autant de massages pour garder la flemme de s’indigner. Souriez quand même : c’est le mois de joint…
LES CHIFFRES DE LA MANNE PÉTROLIÈRE SÉNÉGALAISE
Alors que l'opposant Ousmane Sonko évoquait une portion congrue de 10% pour l'Etat, Africa Check révèle que la part réelle du Sénégal dans ses hydrocarbures se situe entre 50 et 64%. Un éclairage nécessaire sur cet enjeu stratégique
(SenePlus) - Quelques jours après l'annonce par Woodside de la production du premier baril de pétrole sur le champ de Sangomar, les déclarations controversées d'Ousmane Sonko, à l'époque chef de l'opposition, refont surface. En 2022, celui qui est désormais Premier ministre avait affirmé que « le Sénégal ne détenait que 10% de ses ressources pétrolières et gazières ».
Mais une enquête publiée en 2023 par la plateforme de fact-checking Africa Check contredit ces allégations. Selon l'organisation, "l'affirmation de M. Sonko est tout simplement fausse".
Africa Check explique que, dans aucun des contrats pétroliers actuellement en vigueur, le Sénégal ne cède 90% des revenus aux compagnies étrangères comme l'avait soutenu l'ancien opposant.
Pour étayer ses dires, Africa Check s'appuie sur les éclaircissements de l'Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives du Sénégal (ITIE Sénégal) et de la société nationale Petrosen. Ces deux institutions affirment que les 10% évoqués par Sonko concernent uniquement la participation "portée" de Petrosen en phase d'exploration, sans frais pour l'Etat.
En réalité, la part réelle de l'État provient de trois sources : celle de Petrosen (jusqu'à 20 % en phase d'exploitation), le profit pétrolier (50 à 70 %) et les impôts et taxes sur les entreprises. Au final, selon les experts cités, l'Etat pourrait engranger entre 50 et 64% des revenus sur les gisements comme Sangomar et Grand Tortue/Ahmeyim.
"Dire que l'Etat ne détient que 10% est factuellement faux", tranche l'expert pétrolier Mohamed Julien Ndao, interrogé par Africa Check. L'enquête conclut donc que les propositions du Premier ministre Sonko, relayés en 2022 lors de la campagne présidentielle, sont incorrectes.
"Dire que l'Etat ne détient que 10% est factuellement faux", tranche l'expert pétrolier Mohamed Julien Ndao, impliqué par l'organisation de vérification des faits.
Alors que le Sénégal s'apprête à tirer les premiers bénéfices de la manne pétrolière, cet rappel d'Africa Check souligne l'importance d'une communication transparente sur ce dossier sensible lié à l'exploitation des ressources nationales.
DAKAR ACCUEILLE UN ATELIER MULTI-ACTEURS SUR LA SANTE DES SOLS ET L'AGROECOLOGIE
Mettre en relation des entrepreneurs, des entreprises et des chercheurs pour travailler ensemble en vue de trouver des solutions qui répondent à leurs besoins…
L’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar a abrité, mercredi, un atelier sur l’émergence de projets recherche-entreprises dédiés à la santé des sols et à l’agroécologie.
Des partenaires de la recherche et du développement agricole, de nombreux chercheurs, des entrepreneurs et représentants d’organisations professionnelles agricoles ont pris part à l’ouverture de cette rencontre de deux jours à l’UCAD. Elle est organisée dans le cadre du projet ”Connect Afrique de l’Ouest” (Connect AO), dédié à la santé des sols et à l’agroécologie au Sénégal.
Le projet est financé par le pôle universitaire d’innovation de Montpellier et la Satt AxLR. Il est né d’une initiative portée par le CIRAD et s’adresse à l’ensemble des partenaires scientifiques de la recherche agricole au Sénégal.
”C’est un atelier pour mettre en relation des entrepreneurs, des entreprises et des chercheurs pour travailler ensemble en vue de trouver des solutions qui répondent à leurs besoins pour améliorer l’agroécologie et la santé des sols au Sénégal’’, a déclaré Lisa Blangy, cheffe de projet à la Coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD).
”L’idée est via cet atelier d’aujourd’hui, de commencer à faire émerger la construction de projets pas uniquement avec les acteurs de recherche, mais avec les acteurs d’entreprise, de la société civile’’, a déclaré, pour sa part, Nestor Odjo, chef de projets opération multi-acteurs à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Selon lui, face aux enjeux actuels tellement complexes, ‘’le cœur de Connect AO est de mobiliser une diversité de regards, une diversité d’acteurs pour ensemble construire et trouver pour des solutions clairement adaptées sur le terrain de la recherche’’.
‘’Il faudra ensuite essayer de drainer des financements via des bailleurs. Ce qui va aider à donner de la pérennité aux actions et ensuite des solutions innovantes, les diffuser’’, a-t-il fait savoir.
Cheikhou Kane, enseignant-chercheur à l’Ucad a quant à lui magnifié la collaboration entre l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le CIRAD et les autres Institutions de recherche.
Il a assuré que le thème abordé lors de cet atelier ‘’entre en parfaite harmonie avec les objectifs de l’Ucad en matière de recherche’’.
‘’Ça nous permet d’échanger sur les bonnes pratiques pour arriver à des solutions utiles pour le public’’, a ajouté M. Kane, également chef de division à la Direction de la recherche et de l’innovation de l’Ucad.
L'ALERTE DE LEGS-AFRICA SUR LA GOUVERNANCE PETROLIÈRE
L'organisation souligne l'importance de sécuriser les acquis du peuple sénégalais et d'améliorer la transparence et l'inclusion dans la gestion du pétrole
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué de LEGS-Africa, concernant le démarrage de la production de pétrole par le Sénégal, mardi 11 juin 2024. L'ONG exhorte à une réforme du cadre de gouvernance des ressources par l'État.
"A travers le projet Sangomar, le Sénégal a démarré sa production de pétrole avec le first oil tiré ce mardi 11 juin 2024. Cet événement inédit intervient exactement 10 ans après l’annonce de la découverte faite en mai 2014 par l’explorateur britannique Cairn Energy et 60 ans après l’ouverture de la société africaine de raffinage (SAR) en janvier 1964.
Après cette annonce de la compagnie Woodside qui a repris le projet en cours en tant qu’opérateur principal (82%), avec Petrosen(18%) qui représente l’Etat du Sénégal dans le consortium, LEGS- Africa attend une information exhaustive et précise de la part du gouvernement sur la quantité effective de production journalière et les dispositions mises en place pour un contrôle efficace de la production et des coûts de production.
Ces derniers estimés entre 4,9 et 5,2 milliards USD par l’opérateur Woodside ont un impact majeur sur la part de production et la rente directe que peut attendre le peuple Sénégalais de ce projet, selon les termes du contrat de partage de production(CPP) et la décision finale d’investissement signée en janvier 2020.
Également, LEGS-Africa interpelle le gouvernement dans son devoir d’informer les citoyens sur la stratégie nationale définie pour l’utilisation de la part de production de la partie nationale, les conditions de raffinage et de stockage du pétrole et les moyens de transport de la production du site offshore vers le continent, les dispositifs sécuritaires et surtout la gestion des risques d’impact environnemental et social.
LEGS-Africa demande également au gouvernement d’informer le peuple sénégalais, à qui appartient les ressources naturelles, sur la nouvelle stratégie d’approvisionnement en hydrocarbures, précisément sur la contribution du projet Sangomar dans la gestion des importations des produits pétroliers et la réduction des coûts de l’énergie pour les consommateurs ?
Enfin, LEGS-Africa invite le président de la République à une gouvernance démocratique inclusive des ressources naturelles, particulièrement du pétrole et du gaz en procédant à une réforme immédiate du cadre institutionnel avec la création d’un Conseil Supérieur d’Orientation et de Veille sur l’Intérêt National dans l’exploitation des hydrocarbures, à la place du Conseil d’Orientation Stratégique mis en place depuis Octobre 2016.
L’implication des organisations de la société civile (OSC), des communautés riveraines, des opérateurs et d’autres acteurs économiques et sociaux à côté du gouvernement, du parlement et d’autres institutions républicaines, ainsi que les Collectivités territoriales permettra une gouvernance efficace des ressources et la prise en charge effective des attentes et droits des citoyens et communautés."
L'ENFER DES SÉNÉGALAIS DANS LE DÉSERT NIGÉRIEN
À Assamaka, la détresse de milliers de Sénégalais expulsés d'Algérie est insoutenable. Jetés dans ce no man's land brûlant après un périple éprouvant, ils sont livrés aux pires exactions. À Dakar, les autorités de l'État restent de marbre
(SenePlus) - Au poste-frontière nigérien d'Assamaka, à seulement 15 km de l'Algérie mais à 4 000 km de Dakar, des milliers de migrants sénégalais expulsés par les forces algériennes survivent dans des conditions inhumaines. Jetés dans le désert sans eau ni nourriture, certains portent les stigmates de violences subies selon leurs témoignages recueillis par Le Monde.
"Je voyais les gens tomber et mourir sous mes yeux, et j'étais impuissant", confie Mouhamadoul Makhtar Thiam, étudiant de 24 ans. Expulsé le 29 mars, il fait partie d'un groupe d'environ 150 Sénégalais bloqués à Assamaka après avoir parcouru 15 km sous un soleil brûlant. "On est coincés dans le désert, certains sont blessés, il y a urgence", alerte un compatriote.
Mohamed Diallo montre dans une vidéo les brûlures qui constellent ses bras et son torse, conséquences d'un "lynchage" selon M. Thiam. "Il est souffrant, on doit l'évacuer au plus vite", s'énerve ce dernier.
Pourtant, malgré l'émoi suscité par ces images insoutenables diffusées dans les médias sénégalais, le président Bassirou Diomaye Faye, son Premier ministre Ousmane Sonko et le secrétaire d'État chargé de la diaspora n'ont pas réagi publiquement. "On n'est pas dans l'émotionnel", commente une source gouvernementale.
"Il faut mettre en place une agence autonome pour avoir un réel accompagnement pour toutes ces personnes en détresse", plaide Boubacar Sèye, président de l'ONG Horizons sans frontières, dénonçant l'inaction des autorités.
Selon Le Monde, cette indifférence tranche avec la réactivité dont a fait preuve l'ex-président Macky Sall pour rapatrier rapidement des dizaines de Sénégalaisблоqués au Cap-Vert ou en Tunisie en 2023. Les autorités semblent aujourd'hui craindre de remuer l'opinion, choquée par les drames répétés de l'immigration clandestine vers les Canaries espagnoles qui ont vu débarquer un record de 32 000 migrants sénégalais cette année selon Madrid.
Pendant ce temps, le calvaire se poursuit à Assamaka où, d'après Médecins Sans Frontières, plus de 22 250 migrants subsahariens ont déjà été abandonnés par l'Algérie qui aurait également expulsé entre 7 000 et 9 000 autres personnes depuis janvier vers le Niger voisin, provoquant des tensions diplomatiques.
"Où est la rupture? Où est le changement promis?", s'insurge M. Thiam, qui accuse l'ancien régime de Macky Sall d'être à l'origine de son exode parsemé de 7 emprisonnements en Algérie. Alors que la Tabaski approche, lui et 140 autres jeunes de moins de 35 ans ont choisi le "rapatriement volontaire" par l'OIM, seule issue après des semaines d'enfer à ciel ouvert.
DISTRIBUTION DES INTRANTS AGRICOLES : UN TAUX DE RÉCEPTION DE 10% POUR L’ARACHIDE ET L’ENGRAIS À KAOLACK
A ce niveau, par rapport à l’installation de l’hivernage qui est attendue au 20 juin, on aura un taux très satisfaisant, acceptable...
Le directeur régional du développement rural (DRDR) de Kaolack (centre), Samba Ndao Tall, a annoncé, mardi, un taux de réception de 10% de semences d’arachide et d’engrais, une situation jugée ‘’satisfaisante et acceptable’’ pour démarrer les opérations culturales.
”Une douzaine de jours après le démarrage de la distribution des intrants agricoles, on est à environ 10% de taux de réception pour les semences d’arachide et autant pour l’engrais. A ce niveau, par rapport à l’installation de l’hivernage qui est attendue au 20 juin, on aura un taux très satisfaisant, acceptable’’, a-t-il notamment dit.
Il a signalé qu’à Kaolack, les opérations de mise en place des semences et engrais ont démarré depuis le 31 mai dernier, avec le premier chargement de semences d’arachide et d’engrais à Kaolack, Ndiédieng et Darou Salam, une localité du département de Nioro du Rip.
Cette année, les commissions de distribution d’intrants agricoles ont été renforcées avec la présence des forces de défense et de sécurité. Et tout intrant qui est réceptionné se fait en leur présence, a souligné M. Tall, saluant une telle initiative qui permet d’améliorer le travail desdites commissions.
Il prenait part à l’assemblée générale annuelle du Cadre de concertation des producteurs agricoles (CCPA) qui a pour ambition de contribuer à instaurer “un environnement favorable” à l’atteinte de la souveraineté alimentaire au Sénégal.
Cette AG annuelle, présidée par le secrétaire d’Etat aux Coopératives et à l’Encadrement paysan, Alpha Bâ, s’est tenue dans les locaux du Conseil départemental de Kaolack, sous le thème “La relève agricole et la souveraineté alimentaire dans un contexte de changement climatique : quel doit être l’apport des jeunes du mouvement paysan de notre pays en général et du CCPA en particulier”.
Cette activité est organisée dans un contexte politique marqué par l’élection d’un nouveau régime dont les autorités ont décliné un projet souverain, juste et prospère dans lequel figure un programme agro-sylvo-pastoral et halieutique qui cadre avec la vision du Conseil national de concertation des ruraux (CNCR), plateforme dont est membre le CCPA.
Selon M. Tall, la tenue régulière des assemblées générales des instances est un ‘’critère de performance’’ pour toutes les organisations faitières à l’image du CCPA, qui est bien structurée.
Pour sa part, Hamidou Diop, président du CCPA a indiqué que la maitrise de l’eau est un ‘’impératif’’ pour arriver à une agriculture renforcée et professionnalisée.
‘’L’espoir peut être permis après l’annonce du ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l’Elevage pour arriver à une agriculture sénégalaise renforcée et professionnalisée, qui sera opérationnelle douze mois douze, redorant ainsi son blason’’, a-t-il soutenu.
Il a, en outre, pointé du doigt la vétusté du matériel agricole qui, selon lui, est une réalité, rendant ‘’quasi impossible’’ un travail ‘’irréprochable’’ dans les activités agricoles. D’où l’intérêt pour le Sénégal de renouveler son matériel agricole qui s’est détérioré avec le temps.