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2 avril 2025
Développement
LE NAUFRAGE ÉTERNEL DU JOOLA
Alors qu'un musée-mémorial ouvre enfin ses portes à Ziguinchor, les familles des victimes luttent toujours pour obtenir justice et vérité. "On peut pardonner mais on ne peut pas oublier", estime l'un des rares rescapés
(SenePlus) - Vingt-deux ans après l'une des plus grandes catastrophes maritimes de l'histoire, le Sénégal commémore le naufrage du ferry Joola. Ce drame, qui a coûté la vie à près de 2000 personnes le 26 septembre 2002, continue de hanter la mémoire collective du pays, comme le rapporte RFI dans un reportage.
L'ouverture d'un musée-mémorial à Ziguinchor, dans le sud du Sénégal, marque une étape importante pour les familles des victimes. Malang Batchi, l'un des rares rescapés, souligne l'importance de ce lieu : "C'est un endroit pour tirer les leçons du passé. C'est aussi un lieu de recueillement, un lieu de rappel pour que, plus jamais, cela ne se répète dans ce pays. On peut pardonner mais on ne peut pas oublier".
Cependant, la quête de justice et de vérité reste inachevée. Lamine, qui a perdu son père dans le naufrage alors qu'il n'avait que 9 ans, exprime la frustration des familles : "En 2003, le procureur avait classé le dossier sans suite. Et c'est ce qui n'est pas normal. Donc, pour nous, c'est inacceptable que la justice ne fasse pas son travail et qu'un accident d'une telle nature se produise dans un pays normal et que personne ne soit responsable".
Les enquêtes menées en 2004 ont révélé de nombreux manquements, notamment le mauvais état du bateau et une surcharge massive de passagers. RFI rappelle que 1 928 personnes étaient à bord au lieu des 580 prévues, soit plus du triple de la capacité officielle du navire. La lenteur des secours, arrivés seulement 10 heures après le naufrage, est également pointée du doigt.
Les familles des victimes continuent de demander le renflouement du Joola. Cette requête, techniquement réalisable selon l'association des familles de victimes, vise à permettre aux proches n'ayant pu enterrer leurs disparus de faire enfin leur deuil.
LES AUTORITÉS INVITÉES À PRIORISER L'ÉCOLOGIE DANS L'EXPLOITATION DU PÉTROLE ET DU GAZ
Lors d'un atelier international sur la gestion des déchets et la transition écologique, le vicaire général du diocèse de Kaolack a exhorté les autorités sénégalaises à considérer la protection de l'environnement dans l'exploitation des hydrocarbures.
Kaolack, 25 sept (APS) – Le vicaire général du diocèse de Kaolack (centre), l’abbé Raphaël Ndiaye, recommande aux autorités sénégalaises de tenir compte de la protection de l’environnement et du bien-être des populations, lors de l’exploitation des gisements de pétrole et de gaz du pays.
‘’Au moment où notre pays s’engage dans la production du pétrole et du gaz, les yeux et les esprits rivés sur les retombées économiques et financières, la dimension environnementale, la qualité de vie et le bien-être des populations devront être primordiaux et prioritaires’’, a signalé M. Ndiaye lors d’un atelier international sur la gestion des déchets et la transition écologique.
‘’Je voudrais m’adresser solennellement aux autorités étatiques. Il ne faut pas seulement faire de la transition écologique’’, a-t-il dit, les exhortant à ‘’imprimer, dans le cœur et l’esprit de chaque Sénégalais, la conscience d’une écologie intégrale’’.
Les participants à l’atelier discutent surtout de la gestion durable des déchets solides et de la transition écologique des villes ouest-africaines, des préoccupations nécessitant une ‘’action concertée et efficace’’, a souligné l’abbé Raphaël Ndiaye en intervenant à cette rencontre au nom de Mgr Martin Boucar Tine, l’évêque de Kaolack.
‘’Le projet d’amélioration de la gestion des déchets de Caritas Sénégal intègre la problématique de l’écologie intégrale’’, a-t-il assuré, ajoutant : ‘’Le constat est réel : nos villes et nos villages connaissent l’insalubrité à cause d’un mode de consommation non contrôlé et de plusieurs types d’ordures et de pollution.’’
Si la tendance actuelle continue de prévaloir, ‘’les populations pourraient être les témoins des changements climatiques inédits et d’une destruction sans précédent des écosystèmes, avec de graves conséquences pour nous tous’’, a averti M. Ndiaye.
‘’Quel genre de monde voulons-nous laisser à ceux qui vont nous succéder, aux enfants qui grandissent ?’’ s’est interrogé le vicaire général du diocèse de Kaolack.
Raphaël Ndiaye pense qu’il faut ‘’des énergies nouvelles et la synergie de tous les acteurs et parties prenantes, ainsi que la mobilisation de tout un chacun’’ pour mettre fin à l’insalubrité des villes ouest-africaines.
Le cardinal Théodore Adrien Sarr s’était déjà attelé à une gestion des déchets solides, lorsqu’il était évêque de Kaolack, a-t-il rappelé.
M. Ndiaye invite les acteurs concernés à ‘’des actions et à un partage d’expériences’’, ainsi qu’à la mise en œuvre de projets et de programmes garantissant ‘’une véritable transition écologique’’.
OFFENSIVE CONTRE LES PASSEURS
"C'est à cause de gens comme vous que les drames de l'immigration se succèdent. Vous tuez nos fils". À Mbour, une récente audience a révélé les destins brisés des migrants et la détermination des autorités à endiguer le phénomène
(SenePlus) - Le tribunal de grande instance de Mbour, à 70 km au sud-est de Dakar, est devenu le théâtre d'une lutte acharnée contre le trafic de migrants. Dans un contexte marqué par des tragédies successives en mer, la justice sénégalaise serre la vis face aux réseaux de passeurs, comme le rapporte Le Monde dans un récent article.
Le 24 septembre, un public particulièrement tendu à mis en lumière l'ampleur du phénomène. Des personnes ont défilé à la barre pour diverses accusations liées au trafic de migrants. Le procureur, visiblement ému par les récents drames, n'a pas mâché ses mots : "C'est à cause de gens comme vous que les drames de l'immigration se succèdent. Vous tuez nos fils et vous voulez continuer votre vie comme si de rien n'était."
Cette audience intervient dans un contexte dramatique. Deux jours plus tôt, 38 corps sans vie étaient découverts à bord d'une pirogue à la dérive au large de Dakar. Face à ces tragédies répétées, le président Bassirou Diomaye Faye a annoncé une "traque sans répit" des passeurs et la mise en place d'un numéro vert pour les dénoncer, souligne le journal français.
Les chiffres témoignent de l’intensification de la lutte contre ce fléau. Selon la Division nationale de lutte contre le trafic des migrants (DNLT), citée par Le Monde, le nombre d'interceptions de pirogues a plus que doublé en un an, passant de 25 en 2023 à 61 au premier semestre 2024. Les passeurs ont également connu une hausse significative, de 127 à 210 sur la même période.
Le commissaire Omar Boun Khatab Guèye, à la tête de la DNLT, explique au Monde la complexité des réseaux : "Dans une filière, il existe au moins quatre types de profil : des recruteurs, des hébergeurs, l'organisateur et les capitaines." Cette structure élaborée rend la tâche des autorités particulièrement ardue.
Malgré l'existence d'une loi prévoyant des peines allant de cinq à dix ans d'emprisonnement, certains observateurs, comme l'avocat Oumar Sène interrogé par Le Monde, estiment que les sanctions actuelles ne sont pas assez dissuasives. Il plaide pour une criminalisation du trafic de migrants avec une période de sûreté de dix ans.
LA COALITION SENEGAAL KESE EST NÉE
L'alliance regroupant 14 mouvements et partis politiques, se présente comme le porte-étendard d'une vision renouvelée de la démocratie, à l'approche des législatives du 17 novembre prochain
(SenePlus) - À l'approche des élections législatives du 17 novembre 2024, le paysage politique sénégalais connaît un nouveau bouleversement avec l'émergence de la coalition « Senegaal Kese ». Dans un communiqué de presse publié ce 25 septembre 2024, cette alliance citoyenne et politique annonce sa détermination à « défendre les intérêts vitaux de la nation et des citoyens ».
Elle se positionne comme une alternative aux partis traditionnels, mettant en avant une vision politique centrale sur le service du Sénégal et de son peuple, loin des "ambitions personnelles et des gains matériels". Senegaal Kese articule son projet autour de trois piliers fondamentaux : la priorité donnée à l'intérêt général du Sénégal, une opposition républicaine et constructive, et l'union des forces citoyennes et politiques pour assurer un équilibre des pouvoirs.
L'un des objectifs majeurs de la coalition est de redonner à l'Assemblée nationale son rôle de contre-pouvoir. "Les députés doivent jouer un rôle crucial dans l'accompagnement et le contrôle de l'exécutif, pour ainsi assurer une gouvernance responsable et au service de tous", affirme le communiqué.
La coalition Senegaal Kese rassemble une diversité d'acteurs politiques et de mouvements citoyens, dont l'Alliance pour la Citoyenneté et le Travail (ACT) d'Abdoul Mbaye, la République des Valeurs/Réewum Ngor de Thierno Alassane Sall, l'Alliance des Verts, Sénégal Ca Kanam, les Mouvements Sàmm Sunu Kaddu, Un Autre Avenir, Ci Laa Bokk, Ziguinchor Pour Un Changement entre autres.
Cette alliance hétéroclite lance un appel vibrant aux Sénégalais, les invitant à se joindre à leur démarche pour "faire entendre leur voix et participer à l'édification d'un Sénégal où les institutions fonctionnent dans l'intérêt de tous". La coalition promet de travailler à la construction d'un avenir offrant des perspectives à la jeunesse, une économie au service de l'amélioration des conditions de vie, et le respect des droits et libertés de chaque citoyen.
LE POUVOIR FAIT BLOC AUTOUR DE CHEIKH OUMAR DIAGNE
L'intellectuel musulman, aux positions jugées provocatrices, bénéficie du soutien tacite du pouvoir malgré les critiques. Pour l'entourage de Diomaye Faye, il est victime de manœuvres visant à déstabiliser le président
(SenePlus) - Au cœur du palais présidentiel, un homme cristallise les tensions et les débats : Cheikh Oumar Diagne. Directeur des moyens de la présidence, cet intellectuel musulman se retrouve sous le feu des critiques de l'opposition et des grandes confréries soufies du pays. Dans un entretien accordé au Monde, il défend ses positions et sa vision d'un Islam ouvert au débat.
Surnommé "maître" par ses collègues en référence à son érudition religieuse, Diagne ne cache pas ses convictions. "Je suis soufi", affirme-t-il, tout en revendiquant le droit de débattre avec les marabouts et de discuter "de l'œuvre terrestre et humaine des figures des confréries". Cette posture, rare au Sénégal, lui vaut l'hostilité des communautés mouride et tidjane, qui l'accusent de propos irrespectueux envers leurs grandes figures.
Son parcours atypique, de l'opposition au cœur du pouvoir, intrigue. Ancien détenu politique sous le régime de Macky Sall, il a côtoyé l'actuel président Bassirou Diomaye Faye en prison. "Il m'a fait forte impression. Je me suis décidé à soutenir sa campagne dès que nous serons libérés", confie-t-il.
Malgré les controverses, Diagne assume ses positions. "Je n'ai rien contre le qualificatif d'islamiste", déclare-t-il, proposant même la création de "tribunaux religieux à côté des tribunaux laïcs". Ces déclarations alimentent les critiques de l'opposition, qui voit en lui une menace pour la laïcité de l'État.
Face aux accusations, l'entourage présidentiel temporise. "L'opposition cherche à nuire au président et cherche des angles d'attaque. Il en est devenu un", murmure-t-on au sein du parti présidentiel Pastef.
QUAND ALPHA OUMAR KONARÉ RETRAÇAIT L'ODYSSÉE CENTENAIRE DE MAKHTAR MBOW
Dans un discours empreint d'émotion et de respect, l'ancien président du Mali a retracé le parcours exceptionnel de l'ex-patron de l'Unesco, évoquant ses racines familiales, ses amitiés, et son impact sur la scène internationale
L'ancien président malien Alpha Oumar Konaré a rendu un hommage poignant et personnel à Amadou Makhtar Mbow, figure emblématique de l'UNESCO, intellectuel et Sénégalais de renom, à l'occasion de son 100e anniversaire en mars 2021.
Dans un discours empreint d'émotion et de respect, Konaré a retracé le parcours exceptionnel de Mbow, évoquant ses racines familiales, ses amitiés, et son impact sur la scène internationale. Cet hommage, prononcé quelques années avant le décès de Mbow ce mardi 24 septembre 2024, offre un aperçu touchant de la vie d'un homme qui a marqué l'histoire de l'Afrique et du monde.
par Sidy Moctar Cissé
AMADOU MAKHTAR MBOW, UN HOMME DE TOUS LES COMBATS JUSTES
Sous son leadership, j’ai beaucoup appris, j’ai beaucoup compris sur ce qu’est un État, sur l’histoire récente du Sénégal. Il était une bibliothèque et une école, une université en même temps
« Nous tenons en même temps à affirmer notre volonté d’exercer les droits que nous confèrent nos qualités de citoyens libres dans un pays libre et démocratique, y compris celui de réfléchir sur les destinées de notre peuple et sur le présent et l’avenir de notre pays », tels furent les mots d’Amadou Makhtar dans son discours d’ouverture des Assises nationales du Sénégal en juin 2008.
La vie sur terre d'Amadou Makhtar Mbow vient de s’achever. En retraçant cette vie, nous pouvons arriver à la conclusion qu’elle fut une vie de combats pour la cause de l’homme noir et, pour nous Sénégalais, une vie pour dédiée à la construction sans relâche, tel un Sisyphe de notre cher pays.
J’ai eu le privilège de travailler avec lui, avec les Assises nationales du Sénégal d’abord, ensuite avec la Commission Nationale de Réforme des Institutions (CNRI). Sous son leadership, j’ai beaucoup appris, j’ai beaucoup compris sur ce qu’est un État, sur l’histoire récente du Sénégal. Quand on dit « en Afrique quand un vieux meurt c’est une bibliothèque qui brûle », c’est vraiment le cas avec le décès d'Amadou Makhtar Mbow. Il était une bibliothèque et une école, une université en même temps. Pa Mbow, comme nous aimions l’appeler, ne vous laisse aucune possibilité de ne pas apprendre avec lui. C’était son sacerdoce. Vous travaillez avec lui, il créera toujours l’occasion de vous retenir pour un cours sur son parcours et sur l’histoire du Sénégal. Professeur dans l’âme, il l’était. Cette générosité intellectuelle transparaissait dans tout échange avec lui.
En retraçant sa vie, nous pouvons retenir les combats qu’il a menés. Déjà, très jeune, il fut enrôlé dans l’armée française et fut prisonnier de guerre. Après la guerre, il mena le combat pour l’indépendance de nos pays. Avec la Loi Cadre, il intégra le premier gouvernement sénégalais et fut nommé ministre de l’Éducation, de la Jeunesse et de la Culture. En tant que ministre, entre 1957 et 1958, il entreprit d’échanger avec les populations rurales et parcourut le Sénégal profond dans le but de construire le système éducatif sénégalais que nous avons aujourd’hui. Il est à noter que Pa Mbow ne manquait jamais, dans nos conversations, de rappeler ses origines paysannes. Pa Mbow était donc un homme de terrain et un visionnaire. Ce sont ces deux traits de caractères qu’il a sus nous insuffler au sein des Assises Nationales du Sénégal et de la CNRI. Dans le cadre de ces deux expériences, il n’était pas question de rester cloitrer entre quatre murs, dans des salles climatisées des hôtels pour réfléchir sur des propositions pour le Sénégal. Toute réflexion devait être nourrie par les points de vue des populations. De ce fait, sous son leadership, nous avons pu mettre en place des mécanismes pour donner la parole aux sénégalais de tout bord.
Pa Mbow était un infatigable combattant pour l’éducation et la paix. Lui-même le soulignait dans son discours d’ouverture des Assisses Nationales où il justifiait l’acceptation de présider ces assises. « Au soir d’une vie aussi longue que la mienne au cours de laquelle j’ai participé à tant de combats pour la liberté, la dignité et le progrès des peuples, les miens comme les autres, sans en attendre que la satisfaction d’un devoir accompli, d’une responsabilité assumée, on ne peut se dérober. » Tel était Pa Mbow, un homme qui ne fuit pas les combats justes. Ce fut le cas lors son magistère au sein de l’UNESCO de 1974 à 1987. Il a su faire face au grand Goliath, Ronald Reagan pour un nouvel ordre mondial « en défendant avec force l’exigence de solidarité et d’égale dignité entre les peuples et entre les cultures » (Audrey Azoulay Directrice générale de l'UNESCO).
En Pa Mbow, j’ai pu découvrir et admirer un homme qui dédia sa vie à l’humanité et à son pays. J’ai vu un homme qui, au lieu de jouir pleinement de sa retraite, s’est mis à travailler bénévolement, de 8h à minuit avec tout juste des pauses déjeuner et prières. J’ai vu un homme qui parvenait à surmonter ses problèmes de santé dûs par l’âge pour tenir ses engagements. La vie de Amadou Makhtar Mbow est un modèle pour la jeune génération.
Repose en paix mon idole, mon père, mon maître, Amadou Makhtar Mbow. Ta vie a été un don pour le Sénégal.
Sidy Moctar Cissé est un ancien Assisard, ancien membre du Plateau Technique de la CNRI.
AMADOU TIDIANE WONE NOMMÉ MINISTRE-CONSEILLER À LA PRÉSIDENCE
L'écrivain, essayiste et ancien ministre de la Culture est connu pour son engagement culturel et sa réflexion sur l'identité sénégalaise. Cette nomination s'inscrit dans une restructuration plus large de l'équipe présidentielle,
(SenePlus) - Le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye continue le renforcement de son équipe. Il a ainsi nommé, par décret n°2024-2083 signé le 20 septembre 2024, Amadou Tidiane Wone, Ministre-Conseiller à la présidence de la République.
Amadou Tidiane Wone, figure intellectuelle respectée au Sénégal, apporte une expérience riche et variée à ce poste. Écrivain, essayiste et ancien ministre de la Culture, il est connu pour son engagement dans le domaine culturel et sa réflexion sur l'identité sénégalaise. Son parcours inclut également des responsabilités au sein de l'UNESCO, où il a œuvré pour la promotion du patrimoine culturel africain.
Cette nomination pourrait signaler une volonté du président Faye de placer la culture et l'identité nationale au cœur de sa politique. L'arrivée de Wone à la Présidence apporte une dimension intellectuelle et culturelle à l'équipe présidentielle, probablement en vue d'influencer la vision et la stratégie du gouvernement dans ces domaines.
DES ZONES D'OMBRE DANS LES NOMINATIONS AU POOL JUDICIAIRE FINANCIER
Des experts dénoncent des "incongruités" et une organisation qui ferait fi des procédures légales établies. Ils alertent sur le risque de voir se reproduire les écueils de la CREI en termes d'iniquités territoriales et de gestion du personnel judiciaire
Des incongruités dans la mise en place du Pool financier judicaire (PFJ). Beaucoup de spécialistes du droit pensent qu’elle impacte la gestion et le déploiement des personnels judiciaires et crée des iniquités territoriales. Autre aberration, les décrets qui nomment les membres du pool d’instruction et jugement antiterroriste n’ont jamais été pris malgré leur création par la loi 2016.
Le Pool judiciaire financier (PJF) mis en place pour la reddition des comptes soulève des interrogations chez certains juristes. Beaucoup estiment que des nominations n'ont pas été faites dans les règles de l'art et font peu cas de la loi portant la création de cette institution. Et que ces nominations sont faites sur une base tendant à reproduire le modèle de la CREI, alors que la loi sur la CREI se souciait un peu du déficit de personnels si bien que les magistrats de la chambre n'étaient pas mis entièrement à la disposition de cette entité et continuaient leur travail dans leurs emplois avant leur cooptation à la CREI. Nos sources renseignent que la mise en place de cette juridiction née des cendres de la CREI a été faite au mépris de la loi et du statut des magistrats. Des sources renseignent que c'est dans la perspective d'une modification de cette loi ou par anticipation que les nominations ont été ainsi effectuées et c'est face à la crainte que la majorité au parlement rejette les dites modifications de la loi que le garde des sceaux a décidé de passer outre la loi et procéder comme ils le souhaitent.
Notre source de nous balancer qu'ils ont de sérieuses raisons de nommer les membres de la Chambre d'appel et d'accusation ainsi que le président de la Chambre d'Appel contrairement à la loi qui dit que c'est le premier président qui nomme le président et les membres comme d'ailleurs il fait la répartition de tous magistrats de la Cour D'Appel. Car il n'y aurait pas de sens qu'en première instance, ce sont des juges spécialisés qui rendent les décisions et les raisons qu'ils ont poussé les autorités à confier à une juridiction spécialisée doivent présider durant toute la procédure tant en première instance qu'en second degré. Mais le problème du déploiement du personnel demeurent et risquent de s'aggraver. Des indemnités supplémentaires sont prévues. Ce qui fait de ces juridiction des points de convoitise. Au moment où beaucoup de juridictions peinent à compléter leurs compositions, des magistrats se tournent les pouces à ne rien faire.
En cas de modification de cette loi, il doit demeurer à l'esprit que certes des juridictions spécialisées sont nécessaires pour certaines affaires autant ces personnels - hormis le Parquet financier qui est autonome par rapport à celui de Dakar - les magistrats du Pool Financier Judiciaire doivent être à la disposition de leurs juridictions d'affectation. C'est en ce moment seulement qu'ils pourraient mériter leurs indemnités de charges supplémentaires.
Par rapport au Parquet financier à compétence nationale, tout comme la chambre de jugement financière de Dakar ainsi que tous les autres pool financiers, ne doit pas ronger les affaires de la compétence des autres parquets. Les autres formes d'escroquerie ou abus de confiance quel que soit le taux doivent rester de la compétence des autres tribunaux. Le taux de ressort et le nombre de victimes devaient être un critère pour arbitrer entre les TGI et les TI. Tel faisait partie des recommandations ressorties lors des consultations de 2006 initiées par le ministre Cheikh Tidiane Sy. Une idée qui avait pour but de favoriser la proximité géographique des justiciables avec les juridictions et par-delà une fluidité de la carte judiciaire à l'image de certains pays qui ont au niveau des Départements un peu éloignés des Juridictions à compétence étendue aussi bien en matière civile, commerciale et correctionnelle. Et notre interlocuteur de conclure que créer un mini-TGI à Bakel distant de 250km de Tambacounda est plus une priorité que placer plus de 20 magistrats à la disposition exclusive des pools qui attendent des dossiers.
Les Pools Financiers Judiciaires et des formations spécialisées au sein des juridictions de droit commun sont sur plusieurs angles de vue meilleurs que la CREI, surtout du point de vue de la reconnaissance, de la légitimation et de l'exécution des décisions à l'extérieur. C'était aussi un luxe de créer spécialement une juridiction pour un seul délit ,avec un budget de fonctionnement énorme et des indemnités au point de laisser soutenir que c'était une juridiction politique avec des cibles.
Il faut souligner que les décrets qui nomment les membres du pool d’instruction et jugement antiterroriste n’ont jamais été pris malgré leur création par la loi 2016.
AMADOU BA PÊCHE DANS LES EAUX DE L’APR
L'ancien Premier ministre ne cache pas son ambition : construire une inter-coalition capable non seulement de gagner, mais aussi de "consolider la stabilité des institutions"
Amadou Ba, président du parti «Nouvelle Responsabilité», a rencontré les élus de sa mouvance. Recrutant dans les rangs de l’Apr, il appelle ses partisans à l’unité et à la responsabilité en vue des élections législatives de novembre. L’objectif pour l’ancien Premier ministre : préparer une campagne à la hauteur des enjeux afin de remporter le scrutin.
Amadou Ba, leader de «Nouvelle Responsabilité», veut peser lourd lors des élections législatives anticipées du 17 novembre prochain. C’est dans cette optique qu’il travaille à élargir les bases de sa future coalition ou liste. Aussi procède-t-il à des recrutements qui l’amènent à démarcher des responsables de l’Alliance pour la République (Apr) et assimilés. Ainsi, il a été noté hier le ralliement à son camp de Mme Socé Diop Dione, présidente Apr du Conseil départemental de Koungheul, région de Kaffrine, et de Mme Yaye Fatou Diagne, maire de la commune de Ngathie Nawbé, dans le département de Guinguinéo, région de Kaolack.
Amadou Ba a aussi sa petite idée pour la stratégie devant mener à la victoire de son camp. «Ensemble, nous devons élaborer une stratégie claire et solide qui nous permettra de garantir une victoire éclatante, dans la transparence et la dignité. Je compte sur votre engagement total, sur votre expertise et sur votre connaissance du terrain pour faire en sorte que cette campagne soit à la hauteur des attentes du Peuple sénégalais. Notre mission est grande, mes chers amis. Elle dépasse les simples intérêts partisans. Nous avons l’obligation de préparer ces élections avec responsabilité, dans un esprit de paix et d’unité», a lancé Amadou Ba aux élus de sa mouvance.
Dans son discours, le leader de la «Nouvelle Responsabilité» a esquissé sa vision d’un parti moderne, répondant aux aspirations des Sénégalais, hier au King Fahd Palace devant de nouveaux responsables de son mouvement. «Nous avançons dans la constitution d’un parti politique moderne, un parti qui reflétera nos valeurs, notre ambition et la volonté de répondre aux aspirations légitimes de notre Peuple. Ce parti sera un outil de transformation et d’innovation, un espace de dialogue où chacun pourra contribuer à bâtir le Sénégal de demain», a-t-il affirmé. Maintenant, pour assurer la victoire, mais surtout pour assurer la stabilité des institutions, Amadou Ba a aussi insisté sur la nécessité de construire une coalition large et forte. «Nous travaillons d’arrache-pied à la construction d’une coalition forte, voire d’une grande inter-coalition, capable de porter une victoire éclatante et de consolider la stabilité de nos institutions. Une alliance solide et cohérente sera notre meilleure arme pour garantir la victoire. Nous avons besoin d’unité, la plus large possible. Nous avons besoin de pardonner et d’oublier pour l’intérêt supérieur du Sénégal. Mais cette victoire, je tiens à le répéter, ne sera pas seulement politique. Elle sera avant tout une victoire pour le Peuple sénégalais, une victoire pour nos institutions, pour notre démocratie, pour notre avenir commun, en un mot pour le Sénégal qui nous a tout donné.» Mais ce n’est pas tout. Amadou Ba aspire également à une alliance stratégique durable, capable de porter le changement au-delà de ce scrutin. «L’alliance que nous construisons doit non seulement nous permettre de remporter cette bataille, mais de perdurer et de se renforcer lors des autres échéances à venir.
Ce partenariat stratégique, fondé sur des valeurs partagées et une ambition commune, devra être un moteur de changement durable pour notre pays», déclare-t-il. Candidat malheureux à l’élection présidentielle du 24 mars dernier, Amadou Ba n’a pas seulement évoqué les élections législatives. Il a aussi abordé le phénomène de la migration irrégulière, y voyant un symptôme des désillusions de la jeunesse. Sur ce, il a exhorté ses élus à proposer une alternative crédible aux jeunes et aux femmes. «Je vous exhorte à porter, dans vos discours et vos actions, ce message d’espoir, de confiance, de réformes et de ruptures souhaitées par nos populations. Je veux également partager avec vous ma vision pour l’avenir», a-t-il souligné.