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24 avril 2025
Développement
DJAÏLI AMADOU AMAL, PORTE-VOIX INSOUMISE
Figure incontournable de la littérature camerounaise et lauréate du Goncourt des lycéens 2020, l’autrice publie un nouveau roman courageux, « Cœur du Sahel », dans lequel elle se dresse contre les différences de castes au sein de son pays
Jeune Afrique |
Clarisse Juompan-Yakam |
Publication 13/08/2022
En 2020, avec Les Impatientes, Djaïli Amadou Amal nous conduisait dans l’intimité d’un saaré où de jeunes femmes d’un milieu plutôt privilégié subissaient, du fond de leur prison dorée, les affres du mariage forcé et de la polygamie. Deux ans plus tard, avec Cœur du Sahel, l’autrice multiprimée agrandit l’espace et brosse le tableau d’une région sahélienne marquée par les conséquences désastreuses du terrorisme et du changement climatique.
Nous plongeons ainsi dans le quotidien de femmes domestiques, des invisibles qui luttent pour leur survie dans une société nord-camerounaise régie par des clivages fondés sur les appartenances sociale, ethnique et religieuse. L’on suit les parcours de deux d’entre elles, Faydé et Bintou, qui tentent, chacune à sa manière, d’échapper à leur condition pour s’élever dans la hiérarchie sociale. Comme l’on ouvre une boîte de pandore, sans rien éluder, Djaïli Amadou Amal qui, petite fille, rêvait de vivre dans un monde enchanté, s’attaque de manière frontale à des sujets que d’aucuns voudraient maintenir tabous : la xénophobie, le mépris de classe, l’esclavage moderne, le viol érigé en tradition. Des thèmes âpres, qui n’enlèvent rien à la beauté de l’histoire d’amour entre Faydé et Boukar deux êtres que tout semble séparer.
Dans Les Impatientes, vous évoquiez de manière allusive le viol d’une domestique. Dans Cœur du Sahel, vous donnez à cette dernière une identité.
Djaïli Amadou Amal : En terminant la rédaction des Impatientes, je savais déjà quel serait le thème de mon prochain livre. Alors que dans le premier, ce viol était un non-événement, un « simple troussage de domestique » qui n’avait ému personne, dans Cœur du Sahel, j’ai voulu attribuer une identité à la victime, explorer son ressenti, lui rendre la parole. Parce qu’elles sont invisibles, interdites d’éducation et soumises au bon vouloir des hommes qui les violentent, de nombreuses femmes en sont privées. Or ce qu’elles endurent mériterait d’être entendu. Je me fais volontiers leur porte-voix, passant aux yeux de certains pour une rebelle, une insoumise. Et l’insoumission est un tel affront !
Le viol est omniprésent dans votre littérature. Vous faites dire à l’un de vos personnages que c’est une « tradition » dans les sociétés sahéliennes.
Dans Cœur du Sahel, il est question de mariage par le rapt. Suivant une tradition qui perdure dans les montagnes du Nord-Cameroun, un homme qui désire une femme peut s’arroger le droit de l’enlever pour l’épouser. Pour s’assurer que rien ne viendra entraver son projet, il la viole parfois publiquement – ce qui en fait d’emblée son épouse –, en toute impunité, au vu et au su de tout le monde, sans que nul ne songe à s’en indigner. Même l’État apparaît assez permissif : pas plus les rapts que les viols ne sont punis. Le sujet reste tabou. De la même manière, les femmes domestiques sont souvent la proie de leurs employeurs et subissent parfois le viol de différents membres de la famille, sans jamais oser porter plainte. Honteuses d’être des victimes, elles se murent dans le silence, ce qui conforte leurs bourreaux dans l’idée que violer une domestique ne prête pas à conséquence.
MALGRÉ LES PROMESSES DE LA JUNTE, L'INSÉCURITÉ CROIT AU MALI
En dépit des engagements pris par les autorités maliennes, soutenues par la Russie, les attaques djihadistes se multiplient. Les centres urbains sont désormais menacés
DW Afrique |
Mahamadou Kane |
Publication 13/08/2022
Les autorités de transition ont annoncé mercedi (10.082022) un deuil national de trois jours à compter de ce jeudi pourTessi rendre hommage aux 42 soldats maliens et aux quatre civils tués dimanche 7 août à Tessit, dans le nord-est du pays, près de la frontière du Burkina Faso et du Niger.
Allaye Bocoum de la Convention pour le Mali n'a aucun doute sur la question de savoir qui est responsable de la recrudescence des attaques djihadistes dans le pays. Selon ce proche du Premier ministre Choguel Kokalla Maiga, c'est la France qui soutiendrait les groupes terroristes :
"Nous savons que Barkhane est en train de plier bagages. Et subitement on reçoit le même jour un communiqué qui dit que Barkhane a éliminé des terroristes, il a fait ceci, il a fait cela. Nous croyons que ces rebelles-là bénéficient de la logistique d'un pays. Je crois que c'est la France. Tout le monde sait que la France aujourd'hui, au lieu de privilégier le dialogue et le respect avec les autorités maliennes, avec le peuple malien, préfère venir forcer les choses."
Soutien russe partiel
Pour l'analyste Alexis Kalembry, du bi-hebdomadaire Mali Tribune, c'est au contraire la stratégie des forces russes qui est mal adaptée aux réalités maliennes :
"De façon conventionnelle, les forces étrangères internationales, les Russes notamment, s'efforcent de tracer les communications, de retrouver les gens avec les téléphones, mais les djihadistes restent dans le traditionnel. Les communications sont interpersonnelles, on déplace les gens pour dire les choses, très peu passent par les moyens modernes de communication. Ça complique énormément la tâche. Et si en plus vous ajoutez le fait que les Russes ne parlent pas les langues nationales, ne savent pas décoder les coutumes et les comportements, vous verrez que de ce côté, leur apport serait vraiment négligeable. Les Russes peuvent aider pour ce qui est opérationnel, mais tout ce qui est tactique et stratégique, ça va être difficile."
Mercredi, le colonel Assimi Goita a pu s'entretenir avec son homologue russe, le président Vladimir Poutine. Dans son tweet, le président de la transition malienne a salué la qualité du partenariat entre les deux pays. Un partenariat, je cite "respectueux de la souveraineté du Mali et des aspirations de sa population."
MACKY SALL NE PEUT PLUS GOUVERNER SEUL
Le président devrait, dans un dernier sursaut de lucidité, ne pas tenter le diable, se faire une raison, se convaincre qu’il n’est pas dans le destin des hommes, d’être éternels - DÉCLARATION DU CPR DOOLEEL PIT
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du Comité pour la Plate-forme de Réflexions Doleel PIT-Sénégal ngir defaraat reewmi reçue le 13 août 2022, sur la situation sociopolitique nationale.
« Il n'y a nul doute à entretenir au sortir des élections législatives du 31 juillet 2022 : une aube nouvelle est en train de poindre dans le ciel sénégalais...
Les résultats ainsi connus, traduisent une surprenante défaite politique, historique et indéniable de la coalition BBY au pouvoir depuis dix ans.
Autrement dit, même si, en cette période où l'histoire semble bégayer, il y a de légitimes raisons de s'inquiéter du prix qu'il faudra payer pour amener Macky Sall et ses souteneurs locaux et étrangers à l'accepter et à renoncer à leur projet liberticide de confiscation de la volonté, de la souveraineté populaire, par le biais de l'imposition d'une candidature que la loi fondamentale tout autant que la morale réprouvent.
Désormais, il est plus évident que les jours que le président Macky Sall va passer à la tête du pays ne peuvent excéder, dans le pire des cas, l'horizon du 25 février 2024.
Les élections législatives ont constitué un véritable séisme, car il est extrêmement rare, sous nos cieux, qu’un parti-État, coaché par un hyper-président, subisse un désaveu aussi massif à l’occasion de ces joutes électorales. Cela renseigne sur le rôle de garant du caractère irréversible de nos acquis démocratiques, que joue le peuple tout entier, face à des velléités dictatoriales menaçant nos droits et libertés.
Le taux d’abstention particulièrement élevé, observé lors de ce scrutin suscite bien des interrogations. Il pourrait relever de la programmation (période hivernage, examens de fin d'année scolaire) et de la démarche d’exclusion qui a été celle de l’administration électorale ayant écarté pas moins de 17 dossiers de candidature et amputé la liste de Benno Bokk Yakaar de ses suppléants et celle de Yeewwi Askan Wi de ses titulaires.
Il y a également eu la vive tension pré-électorale avec son lot de surenchère, d’arrestations arbitraires, de violences et même de morts, qui faisait craindre des affrontements, le jour du scrutin.
En définitive, la coalition BBY, qui proclame une victoire entachée, a certes engrangé le plus grand nombre de députés élus, 82 au total, mais ne peut plus gouverner seule, car n’ayant pas atteint la majorité absolue qui est de 83. Elle a également perdu le vote populaire, parce qu’elle a obtenu moins de suffrages que les coalitions de l'opposition réunies (YAW et Wallu ayant eu respectivement 56 et 24 sièges et s’étaient constituées tactiquement en Inter-coalition). Enfin, trois autres coalitions, Bokk Gis Gis, AAR Sénégal et Les Serviteurs obtiennent, chacune, un député, devenant, ainsi, malgré elles, les arbitres du jeu politique, contraignant le camp présidentiel à un équilibrisme, à défaut de cohabitation.
La percée historique de l'opposition confirme les résultats des élections territoriales de janvier 2022 dans les grandes villes et démontre l'impopularité du président Macky Sall.
En effet, les élections législatives du 31 juillet dernier ont revêtu un caractère référendaire, du fait que les ténors de la coalition présidentielle ont choisi de mettre en avant les réalisations de leur mentor, dans le même temps, où l’opposition exhortait les électeurs à ne pas accorder la victoire à Benno Bokk Yakaar, qui pourrait être tentée de l’assimiler à un blanc-seing accordé à Macky Sall pour postuler à un troisième mandat.
Les Sénégalais devraient aussi, au-delà des artifices et du clinquant, se choisir pour dirigeants des femmes et des hommes à la probité avérée, attentifs aux valeurs de la République, au respect de la parole donnée, à l’éthique de gestion. Le président Macky Sall doit ouvrir ses yeux et sortir de sa « bulle », de sa puérile et pathétique stratégie d’autosuggestion pour se rendre à l’évidence.
Il devrait, dans un dernier sursaut de lucidité, ne pas tenter le diable, se faire une raison, se convaincre qu’il n’est pas dans le destin des hommes, d’être éternels.
Au vu de cette situation, le Comité pour la Plateforme de Réflexions "Dooleel Pit-Sénégal ngir defaraat reewmi", convaincu de la nécessité d’une réflexion autour des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la CNRI :
appelle le président Macky Sall à respecter sa promesse maintes fois réitérée de ne pas postuler à un troisième mandat présidentiel, en se conformant à la Constitution de notre pays et en prenant en compte la large désapprobation populaire de toute nouvelle tentative de reniement de sa parole, telle qu’elle est ressortie dans les résultats des élections législatives qui viennent de se tenir,
l’invite à créer les conditions pour une réforme des institutions, en vue de :
- rompre avec l'hyper-présidentialisme qui gangrène la société en développant le clientélisme et la courtisanerie,
- garantir l’équilibre et la séparation réelle des pouvoirs,
- suspendre la loi sur le parrainage, en attendant de la réformer,
- parvenir à un assainissement du jeu politique et à une modernisation du rôle des partis politiques, auxquels, il sera plus tard, loisible de se fédérer par affinité idéologique ou autre...
- protéger davantage les droits et libertés des citoyens sénégalais,
- ouvrir de larges concertations inclusives sur le processus électoral, en tirant les leçons des errements des deux dernières décennies, pour en arriver à un nouveau code électoral consensuel,
- permettre la tenue d'élections dans la transparence, la paix civile et la stabilité politique,
exhorte la classe politique et la société civile à tout mettre en œuvre pour éloigner les démons de la malédiction de nos ressources
En direction de notre septième Congrès de décembre prochain, le Comité pour la Plateforme de Réflexions "Dooleel Pit-Sénégal ngir defaraat reewmi", fidèle à son manifeste du 3 décembre 2020, interpelle les instances du Parti, afin qu’elles tirent toutes les leçons de notre expérience politique de ces deux alternances, en vue de :
- lutter contre le danger que représente la prédominance de valeurs qui nous sont étrangères sur nos modes d’élaboration, de décision, de vie, de pensée,
- réenraciner le PIT-Sénégal dans le camp du travail et du progrès social et
- renforcer l’unité de la gauche sénégalaise pour espérer diriger et transformer le pays. »
DES DOCUMENTS CLASSÉS ULTRA-SECRETS ONT ÉTÉ SAISIS AU DOMICILE DE TRUMP
Les enquêteurs soupçonnent le républicain, avec la détention illégale de documents classifiés, d’avoir violé une loi américaine sur l’espionnage
La police fédérale américaine, le FBI, a saisi des documents ultra-secrets lors de sa perquisition chez l’ancien président Donald Trump, en possible violation de la loi sur l’espionnage, selon des documents judiciaires publiés vendredi.
Les enquêteurs soupçonnent le républicain, avec la détention illégale de documents classifiés, d’avoir violé une loi américaine sur l’espionnage.
Plusieurs documents judiciaires ont été publiés vendredi par un juge de Floride : le mandat autorisant la perquisition, avant que celle-ci ne soit menée, et un long inventaire des documents saisis lundi par les agents du FBI.
Dans cette liste est mentionné un ensemble de documents concernant le « président de la France », sans plus de précisions.
L’opération, conduite dans la résidence de Donald Trump à Mar-a-Lago en Floride, avait provoqué la fureur de ses partisans évoquant une « persécution politique », ainsi que de nombreux ténors républicains.
Jeudi, le procureur général Merrick Garland avait, dans une prise de parole exceptionnelle, demandé qu’un juge rende public ce mandat autorisant la perquisition afin que ses motifs soient connus de tous.
Cette demande-très inhabituelle-avait été favorablement accueillie par Donald Trump.
« Non seulement je ne m’opposerai pas à la publication des documents […] mais j’irai plus loin en ENCOURAGEANT leur publication immédiate », a écrit jeudi soir le milliardaire, qui s’était pourtant abstenu de rendre publique la copie du mandat qu’il avait reçue.
L’ex-président a assuré dans un communiqué vendredi que les documents récupérés par la police avaient tous été déclassifiés.
« Pas à la légère »
Jeudi, au cours de sa brève allocution télévisée, Merrick Garland a assuré avoir « personnellement approuvé » cette perquisition.
« Le département ne prend pas ce genre de décision à la légère », a souligné le procureur général, ajoutant que l’affaire revêtait un « intérêt public important », à trois mois des élections législatives de mi-mandat.
La loi oblige les présidents américains à transmettre l’ensemble de ses courriels, lettres et autres documents de travail aux Archives nationales américaines.
Or Donald Trump avait emporté, lors de son départ de la Maison-Blanche en janvier 2021, quinze cartons de documents, que des agents des Archives avaient dû récupérer en janvier, déjà à Mar-a-Lago.
La perquisition de lundi était la première ayant jamais visé un ancien président des États-Unis.
Outré, Donald Trump a raconté lundi sur Truth Social que ses avocats coopéraient « pleinement » avec les autorités lorsque « soudain et sans prévenir, Mar-a-Lago a été perquisitionnée, à 6 h 30 du matin, par un très grand nombre d’agents ».
Il s’est notamment plaint du fait que les agents du FBI aient « fouillé les placards de la première dame » Melania Trump.
Mercredi, il a même suggéré que la police fédérale ait pu avoir « placé » de fausses preuves contre lui lors de cette opération.
Bloc de partisans
Des sympathisants républicains, pourtant connus pour leur soutien aux forces de l’ordre, ont fustigé l’intervention du FBI, à tel point qu’une association d’agents a dénoncé des appels « inacceptables […] à la violence contre la police ».
Le procureur général a aussi signalé des « attaques infondées » contre son département et les agents de la police fédérale.
Jeudi, un homme armé qui avait tenté de pénétrer dans des bureaux du FBI dans l’Ohio (nord des États-Unis) a été tué par les forces de l’ordre après une longue confrontation.
Après la perquisition, les ténors républicains avaient fait bloc avec leur ancien président, qui conserve une forte emprise sur le parti conservateur et envisage d’être de nouveau candidat à la présidentielle en 2024.
L’ex-magnat de l’immobilier, au cœur de l’actualité judiciaire aux États-Unis, a aussi été soumis mercredi à une audition sous serment face à la procureure générale de New York, qui enquête au civil sur des soupçons de fraudes financières fiscales au sein du groupe familial Trump Organization.
Il n’a alors cessé d’invoquer son droit de ne pas répondre aux questions en vertu du 5e amendement de la Constitution.
L'AMÉRIQUE RÉORIENTE SA STRATÉGIE EN AFRIQUE
Retour sur la dernière visite du ministre américain des Affaires étrangères en RDC et au Rwanda, symbole du redéploiement de Washington sur le continent africain, avec René Lake, Jean-Pierre Karegeye et Henri Désiré N'zouzi au micro de VOA
Lors de sa récente tournée sur le continent, le patron du département d’Etat Anthony Blinken a mis en valeur la vision de Washington pour le continent dans un contexte de poussée russe et chinoise. La démocratie, la relance économique post-Covid, la sécurité, le climat et la transition énergétique sont les grands axes de la réorientation de la politique américaine en Afrique.
Vers quel type relation entre Washington et le continent ? Comment l’Afrique, convoitée par les grandes puissances, peut-elle profiter de cet intérêt envers elle ? Éléments de réponse avec René Lake, Jean-Pierre Karegeye et Henri Désiré N'zouzi sur VOA.
DANGER DE MORT AU-DESSUS DE LA TÊTE DES FAMILLES DÉMUNIES
À l’instar de plusieurs quartiers de la banlieue dakaroise, Guinaw Rails et Thiaroye sur mer font face à l’équation des bâtiments menaçant ruine. Un danger permanent pour des familles partagées entre le marteau des dépenses courantes et l’enclume du loyer
La célébration du Maouloud draine déjà des foules vers divers horizons du pays. Malgré cette ferveur, le quartier Guinaw Rails grouille de monde. L’activité commerciale bat son plein. Fatou Ndiaye propose du petit déjeuner. Les bols de sauces sont à l’étroit sur sa table. Ses clients s’installent petit à petit. Et le débat s’intensifie autour de la violence dans le championnat national populaire « Navétane ». Il faut de la patience pour les embarquer dans une autre discussion, celle des bâtiments menaçant ruine. « Il y en a en pagaille », dit Fatou, sereine, la cafetière à la main. Après cette assurance, elle indique une maison R+2 à l’angle. La façade est décrépie, les murs lézardés, les fers à béton rouillés visibles de loin. Et pourtant, des familles y vivent toujours. « Une vingtaine de personnes habitent dans cette maison en location. Leur sécurité n’est plus assurée. À chaque saison des pluies, je crains pour leur intégrité physique », compatit la restauratrice. Sirotant sa tasse de café, le maçon Ibrahima Coundoul s’inquiète de l’état de certaines bâtisses. « Le chantier sur lequel nous travaillons actuellement à Guinaw Rails Sud a été démoli après l’effondrement de la dalle. De nombreuses familles vivent aujourd’hui dans des maisons menaçant ruine. Elles courent d’énormes risques », alerte-t-il. À quelques pas, des enfants jouent sous le balcon d’un bâtiment à deux étages. Les murs décrépis et lézardés mettent en évidence des bouts de fer à béton rouillé. Au rez-de-chaussée, Aïssatou Gaye fait le linge. Le danger est permanent, elle le sait, la peur au ventre. « Nous craignons pour nos vies. Pendant la saison des pluies, nous ne dormons que d’un seul œil. En plus des dalles qui suintent, nous sommes hantés par l’effondrement des vieux bâtiments comme c’était le cas, il y a quelques jours, à Thiaroye Gare », regrette-t-elle, le visage pâle. Sa colocataire embouche la même trompette. C’est dans la véranda qu’Adama Diop prépare le déjeuner. Vu l’état de dégradation très avancé de leur maison, elle n’imagine même pas y rester encore longtemps. C’est une question de temps et d’opportunités. « Nous avons peur pour nos vies. Le bâtiment ne tiendra pas longtemps. À la moindre occasion, je quitte la maison. Notre sécurité n’est plus garantie », reconnaît-elle, assurant être à la recherche d’un autre logement.
Le handicap du loyer cher
Dans une rue de Thiaroye sur mer, l’ambiance est assurée par des enfants courant derrière le ballon rond. Ils jubilent, crient et se plaignent souvent du passage des automobilistes. Non loin de leur aire de jeu, un bâtiment attire forcément les regards. Ses murs en piteux état le détachent du lot des maisons joliment carrelées. Il y en a beaucoup dans cet état de délabrement, d’après Ousseynou Samb, un habitant du quartier. « Les bâtiments en ruine sont légion dans la banlieue. Et la menace est grandissante. Nous avons tous une pensée pour les familles qui y vivent, notamment en période d’hivernage », indique Ousseynou, le cure-dent entre les dents.
Aïssatou Gaye est obligée de vivre dans un bâtiment en état de délabrement avancé, la peur au ventre. « Je n’ai pas les moyens de me payer un appartement, les prix proposés sont très chers. En plus, le versement de la caution est actuellement passé de trois à quatre mois », se désole-t-elle, amèrement. Adama Diop n’a également pas le choix. Elle affronte la peur en attendant de trouver mieux. Mariée et mère de cinq enfants, elle espère sortir un jour de ce calvaire. « Nous voulons quitter. Le problème, c’est où et comment partir ? Nous payons la chambre à 15.000 FCfa depuis plusieurs années. Avec cette somme, il est impossible de trouver une pièce dans un quartier de la banlieue. Donc nous n’avons pas le choix », se résigne Adama. Vêtu d’un boubou traditionnel gris, Abdoulaye Sèye nous invite à visiter sa chambre à Thiaroye sur mer. Le jeune menuisier métallique, hanté par l’état du bâtiment, s’est servi de tubes en fer pour atténuer les risques d’effondrement. Trois y sont installés au total, en attendant de trouver une chambre où il pourra vivre en toute quiétude. « Personne n’aimerait vivre constamment sous la menace d’un tel danger. Nous y vivons en attendant de trouver des logements plus sécurisés, plus confortables », dit-il. Lui aussi, il se heurte à l’équation de la cherté de la location et au paiement de la caution.
Les bailleurs pointés du doigt
Entre bailleurs et locataires, les relations sont souvent tendues. Abdoulaye Sèye dénonce un manque de considération de certains propriétaires de maison, qui, dit-il, ne sont intéressés que par les versements mensuels du loyer. « Nous avons à plusieurs reprises alerté notre bailleur. Il a toujours fait la sourde oreille. Quand il s’agit de réfectionner, il disparaît », se plaint Abdoulaye. Adama Diop partage ses complaintes. Pour lui, une capacité d’anticipation des bailleurs aurait permis d’atténuer les risques et permettre aux locataires de vivre en toute sécurité. « La plupart des bailleurs sont insensibles à la souffrance des locataires. On ne les voit qu’à la fin de mois alors qu’une meilleure collaboration aurait permis de bien entretenir la maison », lâche la dame.
Cependant, une réfection pourrait exposer sa famille. Car, « après réfection, les bailleurs font de la surenchère. Les tarifs passent automatiquement du simple au double. Les familles démunies en souffrent énormément », déplore-t-il. Ousmane pointe également du doigt l’attitude des bailleurs, qu’il juge « irresponsable ». « C’est anormal que la location passe du simple au triple en l’espace de quelques années. Exiger quatre mois de caution, c’est de l’usure. Et quand ils vous demandent de sortir, pour réfection, sachez que c’est fini pour vous. Ils céderont les chambres aux plus offrants », s’offusque Ousseynou Samb.
DES GENS PENSAIENT QU'UN GARDIEN NOIR NE POUVAIT PAS ÊTRE BON
Grâce à une décision égyptienne, Joseph-Antoine Bell est recruté en 1985 par l’Olympique de Marseille. Il y devient un des meilleurs gardiens du championnat et y rencontre un certain Bernard Tapie
Jeune Afrique |
Alexis Billebault |
Publication 12/08/2022
L’Olympique de Marseille (OM), le championnat de France, et bien sûr Joseph-Antoine Bell peuvent remercier les autorités sportives égyptiennes d’avoir décidé, en 1984, de ne plus accueillir de joueurs étrangers pour la saison 1985-1986, alors qu’il évoluait depuis 1981 à Arab Contractors, un club du Caire. Sans ce choix, dicté par un protectionnisme qui ne disait pas son nom, Joseph-Antoine Bell n’aurait sans doute jamais évolué en France, à Marseille d’abord, puis à Toulon, Bordeaux et Saint-Etienne.
« À l’époque, des rumeurs laissaient entendre que le chef de l’État égyptien, Hosni Moubarak, m’appréciait, et qu’il allait m’accorder une dérogation pour que je puisse continuer à jouer en Égypte, se souvient l’ex-gardien des Lions indomptables. Je n’ai jamais su si c’était vrai. »
L’entregent des journalistes
Pendant ses études en France, au mitan des années 70, Bell avait évolué dans quelques clubs amateurs de l’Île-de-France. Mais c’est en Afrique, à l’Union de Douala d’abord, puis à l’Africa Sports (Côte d’Ivoire) et en Égypte qu’il s’était bâti une solide renommée, titres à l’appui et réputation d’homme intelligent et de caractère en sus. Lors de la Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire, Jean-Philippe Réthacker, journaliste français à L’Équipe, affirme, lors d’une interview, qu’il a toute sa place en Division 1 française.
Une autre plume de la presse sportive, Jacques Thibert, de France-Football, abonde quelques mois plus tard, au Caire. « À ceci près qu’il avait ajouté qu’il pouvait me mettre en relation avec des gens qui pourraient m’ouvrir quelques portes en France, si un jour j’étais intéressé pour venir y jouer », restitue Bell.
Les conséquences concrètes de la concurrence imposée par Wave sur le mobile money en Afrique de l’Ouest se font sentir. À l’occasion de la présentation de ses résultats du premier semestre 2022, l’opérateur télécoms Sonatel, dirigé par Sékou Dramé, a annoncé que la contribution d’Orange Money au chiffre d’affaires du groupe ouest-africain présent au Sénégal, au Mali, en Guinée, en Guinée-Bissau et en Sierra Leone a reculé de 2,9 % en un an. Avec un chiffre d’affaires de 65,3 milliards (en baisse de 15,5 % sur un an) de francs CFA à fin juin, Orange Money représente désormais 9,1 % des revenus de Sonatel, contre 12 % en 2021.
Révision des prix
Cette décroissance du chiffre d’affaires était à prévoir depuis qu’Orange Money a adapté ses offres dans l’ensemble de ses marchés – excepté en Sierra Leone – pour contrer l’impact de Wave et de ses taux à 1 % sur les transferts d’argent, couplé à la gratuité des dépôts et retraits et aux paiements de factures sans frais. Au Sénégal, la filiale de l’opérateur français, qui compte 3 millions d’utilisateurs actifs de ce service, applique par exemple un taux de 0,8 % sur les transferts et a supprimé les frais de retrait tout en gardant le dépôt d’argent gratuit.
Grâce à cette stratégie, Orange Money chez Sonatel est parvenue à accroître de 9,4 % le nombre de ses clients actifs. Rapportée au revenu par utilisateurs qui a quant à lui fondu de 23 %, cette progression n’a néanmoins pas permis à elle seule de compenser les pertes.
EXCLUSIF SENEPLUS - Le débat sur la prééminence de certains choix scolaires par rapport à d’autres demeure subsidiaire, car une société en développement économique a besoin de tous ses citoyens bien formés dans tous les domaines
La science a atteint des avancées spectaculaires au cours des deux derniers siècles et les pays les plus développés rivalisent aujourd’hui dans les inventions scientifiques et technologiques. De la physique quantique à l’intelligence artificielle, tous les domaines d’activité de la vie quotidienne sont imprégnés de ces progrès qui ont énormément facilité nos vies. Les limites du savoir sont constamment repoussées dans tous les domaines et les pays occidentaux et asiatiques sont très souvent à des années-lumière en avance sur le continent africain dans les découvertes scientifiques. Dans son célébrissime message adressé à la jeunesse nigérienne et africaine, l’illustre Cheikh Anta Diop insistait sur la nécessité absolue de passer par la science et la recherche scientifique pour reprendre notre patrimoine culture. « Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu’aux dents… » prophétisait-il.
Inutile antagonisme des disciplines
Lorsqu’on parle des limites du système scolaire et universitaire sénégalais, il est courant d’entendre des critiques formulées envers la pléthore d’étudiants inscrits à la Faculté des Lettres et Sciences humaines. Au niveau de l’enseignement secondaire général, les parcours scolaires qui mèneront plus tard à ces études universitaires, jugées moins prometteuses, essuient également de sévères dénigrements. En toile de fond, une profonde et inutile opposition est entretenue entre les élèves engagés dans des voies plus littéraires et ceux qui se destinent dans des profils plus scientifiques. C’est un biais cognitif qu’il convient toutefois de combattre dans un pays qui a encore de grands efforts à fournir dans l’augmentation du nombre d’élèves de 16 à 20 ans qui fréquentent les lycées.
Dans le dernier rapport national disponible (2018) sur l’éducation produit par le ministère de l’Éducation nationale, on estimait à 1 002 190 d’individus la population scolarisable au secondaire. Pour une population nationale globale de presque 17 millions dont plus de la moitié ont moins de 20 ans (ANSD, 2018), il apparaît clairement qu’une bonne partie de cette frange de la jeunesse se trouve ailleurs que dans les établissements scolaires. L’accessibilité à une éducation de masse et de qualité, quelle que soit la banche choisie par le jeune, demeure donc l’un des plus grands défis à relever en matière éducative au Sénégal. Un débat sur la prééminence de certains choix scolaires par rapport à d’autres demeure subsidiaire, car une société en développement économique a besoin de tous ses citoyens bien formés dans tous les domaines. Par exemple, une école moderne et performante, prototype d’une société, a autant besoin d’enseignants que de professionnels non enseignants (psychologue, psychoéducateur, technicien en éducation spécialisée, infirmiers, orthophoniste, orthopédagogue, etc.). Des métiers qui se forment dans les départements de sciences humaines.
Le rôle central des Social Scientist n’est plus à démontrer dans les grandes entreprises. La sociologie, la psychologie et l’anthropologie mènent un travail sur l’humain. Ainsi, les grandes firmes comme Amazon, Google, IBM, etc. cherchent constamment à mieux comprendre le consommateur dans ses comportements, ses opinions et ses attentes afin d’y répondre de façon adéquate. La Silicon Valley engage depuis longtemps des sociologues dans ses départements de Recherche et Développement. C’est donc dire que dans le monde d’aujourd’hui, la séparation est quasiment mince entre les disciplines ; ce qui est davantage important c’est d’avoir un système d’enseignement et de formation de qualité qui produit des diplômés avec des compétences transversales. Cela n’empêche pas tout de même la spécialisation dans des domaines précis qui demandent des qualifications spécifiques et pointues. Toutefois, cela ne saurait suffire sans le développement de compétences dites du 21e siècle telles que la communication, la collaboration, la pensée critique, la créativité et l’innovation. Les systèmes éducatifs adaptés aux besoins du marché y préparent leur jeunesse.
Parcours professionnels et conditions minimales
Dans la conception populaire, la formation technique et professionnelle est perçue comme une panacée dans le discours politique. Il ne faut pas toutefois oublier que cette avenue académique, pour être efficiente, doit d’abord correspondre aux besoins et intérêts de l’élève. D’ailleurs, dans les pays qui en comprennent réellement les enjeux, le choix du parcours professionnel et technique est offert très tôt à l’élève dès le premier cycle de l’enseignement moyen. Il s’agit d’un profil destiné aux élèves qui éprouvent de grandes difficultés académiques dans les matières de base. C’est donc un parcours de formation axée sur l’emploi qui permet à l’élève, en plus de consolider la maîtrise de certains apprentissages, de pouvoir effectuer des stages en milieu d’emploi dans des métiers semi-spécialisés qui ne nécessitent pas de grandes capacités intellectuelles. De même, au niveau de l’enseignement secondaire, contrairement à l’enseignement général préuniversitaire, le volet de l’enseignement professionnel et technique permet de combler les besoins en main-d’œuvre des industries. Il prépare les élèves qui s’y engagent à intégrer le marché de l’emploi dès l’obtention de leur diplôme après 2 à 3 ans d’alternance d’études et de séjour en milieu professionnel.
Néanmoins, dans le cas du Sénégal, la promotion de ce parcours verrait toute son importance si et seulement si le pays accordait une grande importance au secteur industriel afin, d’une part, de donner une réelle signification aux apprentissages et, d’autre part, d’absorber rapidement les besoins en emploi des nouveaux diplômés. C’est pour cette raison également que le modèle économique du président Ousmane Sonko basé sur l’industrialisation prend tout son sens.
Dans la foulée de la mondialisation la Chine l’Inde et les pays d’Asie du Sud-Est (Indonésie, Malaisie, Philippines, etc.) sont devenus les usines du monde, offrant aux grandes entreprises internationales délocalisées sur leur sol une main-d’œuvre certes bon marché, mais surtout qualifiée. Un environnement des affaires favorables, au-delà de la réduction des réglementations contraignantes et la création d’institutions juridiques, c’est avant tout la disponibilité d’une main-d’œuvre qualifiée.
Lamine Niang est gestionnaire scolaire.
LA LISTE DES 165 DÉPUTÉS ÉLUS AUX LÉGISLATIVES
Le Conseil constitutionnel a publié jeudi soir les résultats officiels et définitifs des élections législatives du 31 juillet 2022 au Sénégal, avec la liste des 165 députés élus pour un mandat de cinq ans