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22 novembre 2024
Développement
THIAROYE N'APPARTIENT PAS QU'À LA FRANCE
Mamadou Diouf dénonce l'obstruction persistante de Paris dans l'accès aux archives sur le massacre. Pour le président du comité de commémoration, il est temps que l'Afrique reprenne le contrôle de son récit historique
(SenePlus) - Soixante-dix-neuf ans après le massacre de Thiaroye, les relations entre la France et le Sénégal restent marquées par ce drame colonial. Dans un entretien accordé au journal Le Monde, Mamadou Diouf, historien à l'université Columbia de New York et président du comité de commémoration, revient sur les enjeux contemporains de cette mémoire douloureuse.
Le 1er décembre 1944, l'armée française ouvrait le feu sur des tirailleurs africains dans le camp militaire de Thiaroye, près de Dakar, alors qu'ils réclamaient leurs primes de démobilisation. Longtemps qualifié de "mutinerie" par la France, ce massacre revient aujourd'hui au centre des débats.
"Durant des décennies, la France a entravé la mémoire de ce massacre et exproprié les Africains de cette histoire", dénonce Mamadou Diouf. "Thiaroye est une tache morale indélébile que l'ancien colonisateur a longtemps tenté de dissimuler, en interdisant, par exemple, la diffusion du film d'Ousmane Sembène, ou en niant les faits."
La controverse s'est ravivée en juin dernier lorsque le président Macron a octroyé la mention "Mort pour la France" à six tirailleurs. Une décision unilatérale critiquée par le Premier ministre Ousmane Sonko. Pour l'historien, "ces commémorations constituent un acte fort, une manière de dire que l'histoire impériale ne peut plus être énoncée exclusivement par la France."
La question des archives reste un point de friction majeur. Malgré la remise de documents en 2014 sous François Hollande, les autorités sénégalaises suspectent l'existence d'archives secrètes. "Notre comité a identifié une liste d'archives non remises. Il a aussi cartographié les sites où elles pourraient être conservées en France", révèle le président du comité de commémoration.
Le nouveau pouvoir sénégalais entend faire de Thiaroye un symbole panafricain. "Ces tirailleurs, qui n'étaient pas uniquement sénégalais, mais aussi maliens, burkinabès, guinéens, ivoiriens, ont tous été victimes de la violence coloniale", souligne Mamadou Diouf. Des commémorations d'envergure sont prévues du 1er décembre 2024 à avril 2025, avec une forte dimension continentale.
Pour l'historien, cette démarche s'inscrit dans une volonté plus large de "rupture avec l'alignement hérité de la guerre froide et la 'Françafrique'". "Il s'agit de nous recentrer sur le continent. En cela, les nouvelles autorités marquent une rupture certaine dans l'histoire postcoloniale sénégalaise", conclut-il dans les colonnes du Monde.
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N'DOYE DOUTS, L'ENCHANTEUR DE LA MÉDINA
Sylvain Sankalé raconte un artiste rayonnant, dont les oeuvres ont transformé son quartier en une fête de couleurs. Le critique d'art reconstitue l'univers d'un créateur qui n'a jamais arrêté de le surprendre
La Galerie nationale d'art de Dakar accueille une exposition hommage à Mouhamadou N'doye, dit N'doye Douts, figure majeure de l'art contemporain sénégalais disparu prématurément en juin 2023 à l'âge de 50 ans. Sous le commissariat de Sylvain Sankalé, membre de la section sénégalaise de l'association internationale des critiques d'arts, cette rétrospective célèbre l' œuvre d'un artiste qui a su porter le regard de l'Afrique dans les plus grandes institutions culturelles mondiales.
Major de sa promotion à l'École Nationale des Arts de Dakar en 1999, N'doye Douts s'est rapidement imposé sur la scène internationale. Son court-métrage "Train-Train Medina" et sa participation à "Africa Remix" au Centre Pompidou en 2005 ont marqué les esprits, ouvrant la voie à une carrière internationale qui l'a menée des États-Unis à la Corée.
"Je ne l'ai jamais vu fâché", témoigne Sylvain Sankalé, qui suivait l'artiste depuis ses débuts. "Il avait une immense gentillesse, une immense grandeur d'âme". Cette joie de vivre se reflétait dans son art : ses œuvres capturaient l'essence vibrante de la Médina, son quartier natal, à travers une palette éclatante et des scènes de vie quotidienne animées de taxis, de cars rapides et de linges séchés sur les murs, à en croire Sylvain Sankalé. Ce dernier ajoute que N'doye Douts "est le seul à avoir traité cette thémtatique de cette manière, aussi sympathique, aussi agréable".
Derrière cette notoriété internationale, N'doye Douts est restée profondément attachée à ses racines. En toute discrétion, il a ainsi investi dans son village natal, finançant la construction d'infrastructures scolaires et médicales. Un engagement social qui témoigne de sa volonté de partager les fruits de sa réussite avec sa communauté.
MANSOUR FAYE DÉPOUILLÉ DE SA SÉCURITÉ
Le leader de Takku Wallu dénonce une stratégie orchestrée pour déstabiliser sa campagne. Face à cette situation, l'édile de Saint-louisien saisit la CENA et les autorités gouvernementales
L'inter-coalition Takku Wallu Sénégal/Samm Sa Kaddu s'inscrit contre les violences enregistrées lors des parades de sécurité à Saint-Louis. Mansour Faye, la tête de liste départementale, a été dépouillé de sa sécurité. L'élu a donc certainement peur et interpelle les ministres de l'Intérieur et de la Justice.
La tête de liste départementale de l'inter-coalition Takku Wallu Sénégal/Samm Sa Kaddu n'a plus de sécurité. Mansour Faye va devoir chercher d'autres appuis pour le reste de la campagne électorale. Face à la presse hier, l'édile de Saint-Louis n'y est pas allé avec le dos de la cuillère pour condamner ce qu'il est passé à voir dans la ville. "Nous avons vu des vidéos relatant des scènes d'une rare violence via les réseaux sociaux. Nous condamnons fermement l'attitude non responsable d'un parti en l'occurrence le Pastef voulant nous faire porter à leur parti dakal la tradition de manipulation et de calomnie, le Gatsa-Gatsa n'est pas une invention de notre coalition", a déclaré Mansour Faye face à la persistance de l'APR-aise à Ndiebene.
Pour lui, l'inter-coalition Takku Wallu Sénégal/Samm Sa Kaddu est venue pour la paix et la culture de la paix est un élément essentiel. A l'en croire, c'est un espoir de vivre ensemble et de la cohésion nationale. "Pour cela, nous position encore pour la paix et rien d'autre. Nous recommandons aux militants de préserver cet esprit de paix et de ne point tomber dans la stratégie d'intimidation et surtout de voter utile au soir du 17 novembre pour perpétuer les valeurs de paix et de concorde pour sous les candidats à l'hémicycle pour faire résumer la voix de la raison sans violence", a-t-il promis. Très en vertu, il termine le Pastef pour la violence au regard du comportement du Gatsa-Gatsa dans son terrain de prédilection. Ils ont librement orchestré ces scènes de vio-
lences pour jeter le discrédit sur l'inter-coalition Takku Wallu Sénégal/Samm Sa Kaddu. Cela montre qu'on est en pleine campagne électorale et que l'exercice ne serait pas un facteur défavorable pour eux. Nous dénonçons ces tentatives de sabotages et d'agression dont l'inter-coalition Takku Wallu Sénégal/Samm Sa Kaddu fait l'objet depuis le début de la campagne électorale", a déclaré Mansour Faye. Pour lui, cette violence est très loin jusqu'à l'Avenue Macky Sall, théâtre de ces scènes de violence, des militants du Pastef se réclamant marchands ambulants ont systématiquement la route à l'inter-coalition et se battre leur convoi par des jets de pierres au moment où paisiblement les leaders démarchaient dans ce secteur très stratégique.
Des véhicules ont été caillassés, des personnes blessées et agressées verbalement. L'intercoalition Takku Wallu Sénégal/Samm Sa Kaddu ne peut plus faire violence qu'elle va savoir continuer ce qu'elle condamne rigoureusement, a signalé ce membre de ladite inter-coalition qui a déploré la vague d'agressions, de militants et d'éléments de sécurité de l'inter-coalition. Les derniers événements deviennent très "difficiles pour Mansour Faye. Les suites demeurent toujours difficiles dans une campagne électorale. C'est pourquoi l'interpelle le ministère pour la République et la Commission Electorale nationale Autonome (CENA) face à cette situation très grave", a t-il averti.
LE GRAND ÉCART DE SONKO
De Kolda à Dakar, les ralliements d'anciens opposants au Pastef se multiplient sous l'œil bienveillant de son chef. Ces retournements de veste, jadis fustigés par le leader du parti au pouvoir, créent aujourd'hui des dissensions internes
(SenePlus) - Dans un contexte politique sénégalais en pleine effervescence à l'approche des législatives du 17 novembre, le parti au pouvoir Pastef fait face à une situation paradoxale qui met en lumière les contradictions de son leader, Ousmane Sonko.
Le meeting du 3 novembre à Kolda a marqué un tournant symbolique. Selon Jeune Afrique, deux figures locales antagonistes, Mame Boye Diao, ancien directeur des Domaines et ex-patron de la Caisse de dépôts et consignations, et Abdourahmane Baldé, ex-directeur de la Loterie nationale, se sont réconciliés publiquement sous l'égide de Sonko. Un revirement spectaculaire pour ces anciens opposants au Pastef.
Le cas d'Abdourahmane Baldé est particulièrement révélateur. Comme le rapporte le magazine panafricain, celui qui affirmait en novembre 2023 avoir refusé de militer au Pastef en raison "du discours va-t-en-guerre et de la radicalisation d'Ousmane Sonko" a finalement choisi de rejoindre le parti qu'il critiquait.
La vague de ralliements s'est amplifiée avec l'adhésion de plusieurs cadres de l'ancienne majorité présidentielle. Jeune Afrique cite notamment Gallo Ba, ex-ministre de la Fonction publique, et Adji Mergane Kanouté, ancienne vice-présidente du groupe parlementaire BBY.
La nomination controversée de Samba Ndiaye à la tête du conseil d'administration de la SN/HLM a provoqué une crise interne. "Notre parti reste ouvert à collaborer avec tous les Sénégalais convaincus par le projet [...] En revanche, il reste fermé à toute personne impliquée dans une gestion scandaleuse", avait déclaré Sonko.
L'évolution du discours de Sonko est flagrante. Lors d'un meeting à Mbacké le 10 novembre, il affirmait ne pas avoir besoin "de ces transhumants", tout en concédant pouvoir les accueillir. Pourtant, le même jour, Bara Gaye, maire de Yeumbeul Sud, révélait avoir été personnellement sollicité par Sonko : "Arrête de manger les cuisses de grenouilles en France et reviens, car le pays a besoin de toi", lui aurait lancé le leader du Pastef.
Un analyste politique cité par Jeune Afrique résume la situation : "Nous avons l'impression que le Pastef s'est accommodé de la transhumance qu'il dénonçait avec virulence pendant les années d'opposition. Cela revient à dire que peu importe la manière, les législatives doivent être gagnées."
lettre d'amérique, par rama yade
DONALD TRUMP ET L’AFRIQUE : QU’EN ATTENDRE ?
Face à un continent qui revendique sa souveraineté et multiplie les partenariats internationaux, la politique du 'America First' devra composer avec un nouveau paradigme
C’est officiel : Donald J. Trump est de retour à la Maison Blanche avec pour objectif clair de placer «l’Amérique d’abord» («America first !») au cœur de sa politique. Quel impact sur l’Afrique ?
Cela reste à voir, mais le mieux serait peut-être de ne rien attendre. De prendre les devants. Et privilégier «Africa first». De toutes les façons, l’Afrique a été complètement absente de la campagne présidentielle américaine, y compris côté démocrate.
On peut néanmoins anticiper quelques changements à partir des sources disponibles, à savoir le premier mandat de Donald Trump d’une part et, le projet 2025 d’autre part.
Le premier mandat de Trump
Si ‘on remonte à son premier mandat, la stratégie isolationniste du Président Trump l’avait conduit à plaider auprès du Congrès pour la réduction des programmes de développement dont beaucoup sont en Afrique. Seuls Mike Pompeo, son secrétaire d’Etat entre 2018 et 2021, s’est rendu au Sénégal et en Ethiopie, et son épouse Melania au Kenya. En quatre ans à la Maison Blanche, seuls deux chefs d’Etat africains ont été reçus : Muhammadu Buhari du Nigeria et Uhuru Kenyatta du Kenya. Washington n’avait pas non plus accueilli de Sommet Etats-Unis Afrique, quand Vladimir Poutine relançait spectaculairement les sommets Russie-Afrique à Sotchi en 2019.
Toutefois, on se souvient que le Président Trump a reconnu la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental en 2020, faisant de ce pays du Maghreb un acteur décisif des Accords d’Abraham.
L’Afrique vue sous l’angle de la compétition avec la Chine
Toutefois, l’influence croissante de la Chine en Afrique et le recul des positions américaines en Afrique avaient amené l’Administration Trump à s’inquiéter, expliquant la création d’une nouvelle agence de développement, Development Finance Corporation, mieux dotée financièrement que ses prédécesseurs. Prosper Africa a aussi été lancé avec pour objectif, selon John Bolton, alors conseiller à la Sécurité nationale, qui en avait fait l’annonce fin 2018, de «favoriser les investissements américains, stimuler la classe moyenne africaine et améliorer le climat des affaires dans la région». Que l’annonce ait été faite par le conseiller à la Sécurité nationale démontrait clairement que c’est la concurrence des Etats «prédateurs», Russie et Chine en tête, qui motivait la nouvelle initiative.
Depuis, la Russie a confirmé son statut de premier vendeur d’armes en Afrique et la Chine celui de premier partenaire commercial de l’Afrique, investissant cinq fois plus que les Etats-Unis sur le continent.
La survenue d’évènements majeurs depuis le départ de Trump de la Maison Blanche laisse également à penser que l’Afrique qu’il retrouvera n’est pas celle qu’il avait quittée en 2020. L’impact de la pandémie, la crise énergétique dans la foulée de la guerre en Ukraine, la série de coups d’Etat au Sahel et le retrait forcé de la France, la guerre civile au Soudan, la montée en puissance des pays du Golfe en Afrique, les initiatives sud-africaines dans la guerre à Gaza, comme le renforcement des Brics, ont profondément bouleversé le paysage africain.
Le Projet 2025
De fait, avec un tel contexte, il faut sans doute se tourner vers le Projet 2025 pour tenter d’imaginer comment une politique africaine sous un second mandat Trump pourrait évoluer. Conçu par Heritage, un cercle de réflexion très conservateur de Washington, le Projet 2025, document d’un millier de pages, prévoit de remplacer 4000 fonctionnaires dès l’entrée en fonction de Donald Trump, par des alliés susceptibles de mettre en œuvre rapidement une transformation conservatrice de la société américaine. Bien que, durant la campagne, Donald Trump s’en soit distancé, bon nombre des inspirateurs de ce plan sont des proches, notamment Tom Homan à qui il vient de confier la mise en œuvre de sa politique migratoire.
Dans la courte section du Projet 2025 consacrée à l’Afrique, on trouve l’affirmation de deux principes. D’abord, la volonté de privilégier le commerce plutôt que l’assistance ; ensuite, le refus d’intégrer les «valeurs culturelles», notamment les droits des Lgbtq+ (homosexuels, trans…) dans la politique étrangère américaine. Il est indéniable que ces deux principes resonneront positivement en Afrique.
Le business d’abord ?
Concernant le premier, il est de nature à favoriser une approche transactionnelle. S’il a lieu, le renouvellement de l’accord commercial Usa-Afrique (Agoa) et Dfc en 2025, puis d’Exim Bank en 2026, permettra de donner un aperçu de l’orientation que Donald Trump souhaite donner à sa stratégie commerciale vis-à-vis de l’Afrique. Le sort réservé à certains projets d’ampleur comme le Lobito Corridor - héritage majeur de Joe Biden en Afrique - devra aussi être surveillé, tout comme la réforme des institutions de Bretton Woods dont on ignore si elle va être confirmée par la nouvelle équipe. A cet égard, l’Afrique, qui paie pour un réchauffement climatique dont elle n’est pas responsable, a besoin de financements : il faudra voir comment cet impératif se conjugue avec l’approche climato-sceptique du nouveau pouvoir américain, que d’aucuns soupçonnent de vouloir sortir des engagements de Paris.
Aux côtés de Donald Trump, la présence de Elon Musk, désireux de conquérir les marchés africains, notamment avec Starlink, peut cependant offrir des perspectives nouvelles pour réduire la fracture énergétique. On l’avait aperçu à New York, en marge de l’Assemblée générale des Nations unies de septembre dernier, rencontrer le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, le président namibien, Nangolo Mbumba, et le Premier ministre du Lesotho, Sam Matekane.
Des gagnants et des perdants ?
Concernant le second, des pays comme l’Ouganda -précédemment exclus de l’Agoa en raison de préoccupations concernant les droits des homosexuels- pourraient retrouver une oreille plus bienveillante de la part des Etats-Unis de Donald Trump.
A l’inverse, des pays comme l’Afrique du Sud, qui entretiennent des relations désormais complexes avec les Etats-Unis, pourraient perdre cet accès. Le Maroc devrait rester un partenaire-clé au regard du grand jeu moyen-oriental qui s’ouvre.
Enfin, ces dernières années, quelques républicains ont déployé des efforts pour la reconnaissance du Somaliland, afin de renforcer l’influence des Etats-Unis sur la très disputée Mer Rouge.
Africa first
Au-delà du président Trump, c’est du côté de son équipe - secrétaire d’Etat, secrétaire en charge du Commerce, secrétaire en charge de l’Afrique, directeur Afrique de la Maison Blanche, dirigeants des agences de développement, nouveaux ambassadeurs dont celui des Nations unies - qu’il faudra regarder : les profils choisis diront beaucoup des intentions du nouveau locataire de la Maison Blanche. De Marco Rubio à Elise Stefanik, les premières désignations laissent entrevoir une diplomatie offensive face à la Chine et l’Iran.
En attendant, de l’Egypte à l’Ethiopie, en passant par le Sénégal et la Côte d’Ivoire, de nombreux présidents africains l’ont félicité pour sa «victoire» et ont espéré, à l’instar de Bola Tinubu au Nigeria, de pouvoir renforcer leur «coopération économique» avec les Etats-Unis. Si les dirigeants du Moyen-Orient ont bien accueilli le retour de Donald Trump, à l’inverse des dirigeants européens inquiets des droits de douane et du sort réservé à l’Ukraine, l’Afrique pourrait se montrer plus attentiste, entre la méconnaissance du fonctionnement de Washington par ses dirigeants et la pression de son opinion de plus en plus afro-souverainiste et plus vocale que jamais. Les nations africaines ont un atout dans leur manche : une centralité retrouvée qui en fait des partenaires très courtisés par le monde entier. L’Afrique a désormais des options. La balle est donc du côté de Washington. Sinon, à l’Amérique d’abord, de nombreux Africains seraient tentés d’opposer «l’Afrique d’abord».
Rama Yade est Directrice Afrique Atlantic Council.
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DABA, L'ANGE DU CHAOS
Gacha élève Daba. La plasticienne camerounaise rend un hommage mérité à la musicienne sénégalaise, l’une des rares femmes à moto, à Dakar, en toute sérénité, avec une « liberté sans concession » et un caractère qui émerveillent les petites filles.
Deux ans après sa participation dans l’exposition internationale, l’artiste franco-camerounaise Beya Gille Gacha est de retour cette année à la 15è édition de la Biennale de l’art africain contemporain de Dakar, Dak’Art 2024. Toujours avec la même finesse dans ses créations, Beya Gille Gacha a cette année proposé deux installations parmi lesquelles celle intitulée L’Amazone. Œuvre à travers laquelle elle rend un bel hommage à une autre artiste, la musicienne sénégalaise Daba Makhouredia, une des rares femmes motorisées à Dakar et dont la Camerounaise est prise d’admiration.
Ainsi, Gacha, la Camerounaise, a décidé de rendre plutôt un « femmeage » à Daba la Sénégalaise parce qu’inspirante, impressionnante. Pour Gacha, Daba s’affirme à travers sa personnalité, son caractère, « sa liberté sans concession » en se mettant souvent à moto sans se préoccuper du qu’en dira-t-on. Tant que sa manière d’être parle aux petites filles, et même aux petits garçons, ce n’est que du bien.
Pour Beya, Daba fait partie de ces personnes qui changent le monde en y apportant du « chaos » dans un sens mélioratif du terme. Elle parle de « l’ange du chaos ». A travers sa « liberté sans concession » Daba donne au monde une certaine « grandeur, de l’avis de la plasticienne.
Dans sa deuxième installation, l’artiste franco-camerounaise a proposé d’une création particulière, un objet en rapport avec la Seconde Guerre mondiale qui nous plonge dans la problématique de la préservation de l’environnement, du rapport de l’humain à la nature. Pour Beya Gille Gacha que l’Homme se résolve à protéger la nature ou pas, cela ne semble pas très grave parce que la nature « finira toujours par prendre ses droits. »
DABA, L’ANGE DU CHAOS
par Dethie Faye
L'APPEL À LA RAISON
Au vu de la tournure dangereuse de la campagne électorale, malgré les différentes alertes, les Sénégalais doivent prendre conscience que ceux qui font l'apologie de la violence ne méritent pas nos suffrages
Dans un post, en date du 31 octobre 2024, je declarais : "Je suis avec beaucoup d'attention la campagne pour les élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. Les actes de violence notés depuis quelques jours, entraînant des dégâts matériels et des blessures, n'honorent pas les acteurs politiques.
Je réitère ma condamnation de la violence sous toutes ses formes et invite la justice et les forces de défense et de sécurité à assumer leurs responsabilités pour mettre un terme à cette barbarie."
Aujourd’hui, mardi 12 novembre 2024, au vu de la tournure dangereuse de la campagne électorale, malgré les différentes alertes, les Sénégalais doivent prendre conscience que ceux qui font l'apologie de la violence ne méritent pas nos suffrages.
Dethie Faye est président de la CDR/Fonk Sa Kaddu.
PAR Oumou Wane
OÙ VOULONS-NOUS ALLER ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Pourquoi cette brutalité de la campagne ? Pourquoi cette atmosphère de violence, cette remise en cause de l’ordre social ? Serait-ce par absence d’arguments ou de programmes ?
Mais de quoi l’opposition a-t-elle peur dans notre pays pour perpétrer des actes de violence aussi inqualifiables qu’inacceptables ? Peut-être de la rupture majeure qui s’annonce et a déjà imprégné les esprits depuis la dernière élection présidentielle.
Les attaques de la nuit dernière contre des militants du Pastef à Saint-Louis sont terribles et abîment notre démocratie. Le Premier ministre Ousmane Sonko qui est également tête de liste du parti Pastef, a fait état sur ses réseaux sociaux, dans la nuit de lundi à mardi, d’attaques ayant ciblé son camp à Dakar, Saint-Louis, et Koungueul, qu’il impute à des sympathisants de Barthélémy Dias, maire de Dakar et leader d’une coalition concurrente. Choqué visiblement par ces images d’une rare violence, Ousmane Sonko, hors de lui, réclame des sanctions fortes après ces attaques contre ses militants. D’ici-là, il se chargera lui-même de rétablir l’équilibre de la terreur en appelant ses partisans à se rendre devant chez Barthélémy Dias…
Déjà, le convoi du Premier ministre, en campagne pour les élections législatives, avait été attaqué la semaine dernière à Koungheul, dans le centre du pays. Cette agression sur un élu s’inscrit dans un climat de violence exacerbé qui réclame une condamnation unanime de la classe politique.
Alors pourquoi cette brutalité de la campagne ? Pourquoi cette atmosphère de violence, cette remise en cause de l’ordre social ? Serait-ce par absence d’arguments ou de programmes ? Comme le dit très justement Aminata Touré « La violence est l’arme des perdants qui n’ont aucun autre argument à faire valoir ».
Je veux citer aussi Mamadou Diop Decroix, qui dans son article « Pourquoi faut-il voter la liste Pastef ? », met le doigt sur le courage politique d’Ousmane Sonko, en nous rappelant que « pour la première fois depuis 1960, un parti au pouvoir va à une campagne électorale en s’interdisant l’utilisation des moyens de l’État ».
C’est cela aussi le prix de la rupture ou le piège de la rupture théorisé par Mame Birame Wathie ? Quoi qu’il en soit, depuis très longtemps les enjeux d'une élection n'avaient pas été aussi importants au Sénégal. Quasi historiques !
Et c’est bien cela qui souffle un vent d’espoir dans la population et un vent de panique dans l’opposition. On ne peut jamais prédire à l’avance les résultats d’une élection mais l’on devine bien ici que la victoire est déjà acquise pour le parti au pouvoir. La victoire et avec elle le changement de société et de gouvernance, la rupture tant attendue par la majorité et si redoutée par ses détracteurs.
Souvenons-nous, le 12 septembre dernier à 20 heures, dans une allocution à la télévision nationale, notre nouveau président Bassirou Diomaye Faye annonçait dans une allocution : « Je dissous l’Assemblée nationale pour demander au peuple souverain les moyens institutionnels qui me permettront de donner corps à la transformation systémique que je leur ai promise ».
Rien de bien surprenant donc à ce que le président Bassirou Diomaye Faye, élu en mars, ait annoncé la tenue d’élections législatives anticipées le 17 novembre prochain. Le Parlement actuel restant jusqu’ici dominé par les fidèles de l’ancien président Macky Sall.
Les candidats de 41 listes de coalitions et partis politiques ont jusqu’à dimanche pour convaincre les électeurs : 165 sièges au Parlement sont en jeu pour des législatives cruciales pour le parti au pouvoir, le Pastef. Pour le camp présidentiel, après sa victoire haut la main à la présidentielle avec 54% des voix, le principal enjeu des législatives est de décrocher 99 députés sur les 165 pour pouvoir avoir la majorité qui permettrait la mise en place de la haute cour de justice. C’est peut-être là la source du désespoir et des angoisses qui provoque toute cette violence.
Aujourd’hui, le programme économique des nouvelles autorités, baptisé « Sénégal 2050 », multiplie les objectifs chiffrés, dont une croissance soutenue pour les prochaines années.
Alors, Macky Sall, depuis son bastion retranché, peut bien critiquer le duo Diomaye-Sonko en pointant du doigt son immaturité dans une missive au peuple sénégalais. Même si la rupture ne fait pas une politique ! C’est sans compter sur le renouveau et le brio de l’offre du Pastef et du programme de notre président et de son premier ministre, pour « faire du Sénégal, un pays souverain, prospère et juste ».
Oumou Wane est présidente de Citizen Média Group-africa7
BOUGANE DÉNONCE UNE CHASSE AUX SORCIÈRES
Le leader de Gueum Sa Bopppointe du doigt une conspiration orchestrée au sommet de l'État. Dans un communiqué au vitriol, il accuse le camp présidentiel de préparer le terrain pour une possible annulation des élections
(SenePlus) - Bougane Guèye Dany, leader du mouvement Gueum Sa Bopp et membre de la coalition Saam Sa Kaddu, a dénoncé l'arrestation nocturne de plus de 40 agents de sécurité rattachés à sa protection et à celle de Barthélémy Dias.
Selon un communiqué publié par le leader politique, ces interpellations auraient été ordonnées par le ministre de l'Intérieur, Jean Baptiste Tine. L'affaire prend une dimension plus préoccupante avec les accusations portées contre Ousmane Sonko, tête de liste nationale du Pastef, qui aurait donné des directives pour cibler la coalition Saam Sa Kaddu.
Le contexte de cette campagne des législatives s'est particulièrement tendu suite à l'attaque du siège de Saam Sa Kaddu et à la déclaration controversée d'Abass Fall, cadre du Pastef, appelant les militants à s'armer. Bougane Guèye Dany interprète ces événements comme une stratégie visant à semer le chaos à Dakar durant les derniers jours de campagne, possiblement pour créer les conditions d'une annulation du scrutin.
Le leader de Gueum Sa Bopp lance un appel aux Forces de Défense et de Sécurité (FDS), les exhortant à "rester républicaines face aux ordres illégaux". Il sollicite également l'intervention de la communauté internationale pour garantir le respect des droits constitutionnels de tous les Sénégalais, qu'ils soient électeurs ou candidats.
PAR Thierno Alassane Sall
LA DANGEREUSE ESCALADE DU POUVOIR
Le Premier ministre choisit de nouveau d’endosser l’uniforme de chef de milice, cette fois contre l’État qu’il dirige. Un précédent d’une extrême gravité qui, dans un pays normal, aurait conduit au limogeage immédiat des personnes concernées
À la veille de l’ouverture de la campagne pour les élections législatives, le président Diomaye avait jugé nécessaire d’avertir les coalitions en lice d’éviter le recours à la violence.
Cet avertissement, probablement motivé par les informations en sa possession, n’a pas été suivi d’actions conséquentes de la part de l’État lorsque le siège d’une coalition a été attaqué avec des cocktails Molotov, ni lorsque l’un des chefs de Pastef à Dakar a appelé ses partisans à s’armer. Inévitablement, la violence non réprimée par les autorités détentrices du monopole de la Justice, s’apparente à une double violence et appelle à davantage de violences.
Le cortège du Premier ministre a, à son tour, été la cible de jets de pierres. Et l’escalade tragique survenue à Saint-Louis semblait presque inscrite dans cet enchaînement fatal, tant les cortèges subissent les harcèlements de certains individus cherchant à les empêcher de mener campagne dans la sérénité.
Face à cette situation, le Premier ministre, bien que disqualifié pour s’en plaindre au vu de son rôle dans l’avènement de ce climat de haine, dispose des instances appropriées pour prendre les mesures nécessaires. Outre ses réunions de travail avec le président, le Conseil national de sécurité ou encore le Conseil des ministres sont les cadres propices à cet effet.
Au lieu de faire face avec hauteur et gravité à ce risque majeur pour la sécurité du pays, comme l’exige son rôle, le Premier ministre choisit de nouveau d’endosser l’uniforme de chef de milice, cette fois contre l’État qu’il dirige. Son appel à la loi du talion est repris par de hauts dirigeants de l’administration, tous nommés par le président. Cela constitue un précédent d’une extrême gravité qui, dans un pays normal, aurait conduit au limogeage immédiat des personnes concernées.
Mais comme le Sénégal semble tolérer un « ticket » de facto non prévu par la Constitution, on frôle une crise politique majeure, alors qu’une crise économique et sociale rend déjà le pays hautement inflammable.
Nous appelons les deux têtes de l’exécutif à évaluer, avec impartialité et un sens accru de leurs responsabilités, les périls auxquels nous expose leur rivalité désormais officiellement proclamée par le Premier ministre.