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25 novembre 2024
Développement
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MAIN BASSE SUR LES MEDIAS AFRICAINS
Vincent Bolloré renforce son emprise sur le continent noir. Des tribunaux aux plantations, en passant par les chaînes de télévision, son influence s'étend comme une ombre. La journaliste Fanny Pigeaud lève le voile sur cette stratégie tentaculaire
Dans un entretien saisissant pour l'émission « Décrypter l'Afrique » du Média, la journaliste Fanny Pigeaud lève le voile sur l'empire grandissant de Vincent Bolloré en Afrique. Loin de se retirer du continent comme annoncé, le milliardaire français renforce son emprise, particulièrement dans le secteur des médias.
Au cœur de cette stratégie : Canal Plus. La chaîne, déjà présente dans 25 pays africains, s'apprête à avaler le géant sud-africain MultiChoice. Cette acquisition donnerait à Bolloré le contrôle de 65% du marché de la télévision payante sur le continent. Un monopole de fait qui soulève de sérieuses questions sur la liberté de l'information et l'influence politique.
Pigeaud souligne les antécédents troubles de Bolloré en France, où ses médias sont accusés de propager des discours controversés. Que fera-t-il en Afrique avec un tel pouvoir médiatique ? L'inquiétude est grande, notamment en Afrique du Sud, où des voix s'élèvent contre cette concentration sans précédent.
Mais l'influence de Bolloré ne s'arrête pas aux médias. La journaliste rappelle les démêlés judiciaires du groupe, notamment autour du port de Douala au Cameroun, où des accusations de manipulation d'une cour d'arbitrage ont récemment refait surface.
Enfin, Pigeaud pointe du doigt les intérêts persistants de Bolloré dans l'agro-industrie africaine via la société SOCFIN. Les conditions de travail et l'impact environnemental de ces plantations sont tels qu'un fonds de pension norvégien envisage de se désengager, jetant une lumière crue sur les pratiques du groupe.
L'ANGOISSE DES SINISTRÉS DE L’HIVERNAGE
Reptiles indésirables, insalubrité permanente, conditions d'accueil déplorables... Tels sont les affres que redoutent les habitants de nombreuses localités à l'orée de la saison des pluies. Un cauchemar devenu rituel dont ils peinent à se défaire
Alors que la pluie s’annonce, l’angoisse s’installe chez les populations. Elles craignent cet hivernage qui a débuté hier avec les premières précipitations. Pour avoir vécu, pendant plus de trois ans, les dégâts dus aux inondations, des habitants de Keur Massar Nord prennent leurs dispositions pour éviter les surprises des dernières années. Après les premières pluies d’hier, la peur s’est exacerbée.
«J’appréhende cet hivernage avec beaucoup de crainte. Je suis vraiment très… très inquiet», assure M. Niang, président du Conseil de quartier de la Cité Darou Salam 2 Bis de Keur Massar. Ce ressenti habite aussi Babacar Sané, qui habite à la Cité Firdawsi. «A chaque fois que l’hivernage approche, je stresse tellement que je n’arrive plus à penser à autre chose», note-t-il. A Keur Massar, départementalisé, après les inondations de 2021, les impacts des derniers hivernages sont visibles dans cette zone où la densité démographique est exceptionnelle.
Aux Cité Darou Salam 2 Bis, Cité Darou Salam 2 Extension, Cité Firdawsi, Cité Cpi, le quotidien est épouvantable. Les populations vivent avec les eaux de pluie qui y stagnent depuis plusieurs années. Il y a les herbes sauvages qui poussent partout et prennent les mêmes hauteurs que les habitations. Un sol encore humide, des maisons abandonnées, d’autres menacent ruine. C’est le décor de la Cité Darou Salam 2.
Après quelques minutes de marche, un «bassin» de rétention, creusé par les habitants du quartier lors de la saison des pluies précédente, est rempli d’eau à la couleur verdâtre. Jadis, cet espace servait de terrain de football aux jeunes du quartier. Aujourd’hui, il est bordé d’herbes qui ornent un lac vert. C’est dans cet environnement que vivent les habitants de la Cité Darou Salam 2 Bis et Extension. Rien de ce qu’ils voient autour d’eux ne les enchante. Ces quartiers subissent les dégâts de la pluie depuis plusieurs années. Autant cette communauté semble s’y faire, autant leur calvaire reste insupportable. Dans des maisons joliment construites, l’intérieur est fait de carreaux qui se craquellent, de peinture défraîchie et d’un système électrique défaillant. «Il suffit d’une pluie pour que la cour soit abandonnée, car l’eau, en plus de stagner devant la maison, remplit également la fosse, et du coup, une grande insalubrité s’installe. Nous sommes ainsi obligés de manger dans le salon car étant le seul endroit approprié à ce moment-là», raconte M. Diongue. C’est le quotidien de la famille Diongue en période d’hivernage. Le couple ne reçoit aucune visite après les premières pluies. Du côté de la Cité Firdawsi/Cpi, Mme Lô confie les mêmes complaintes : «Les visites en période hivernale, je ne souhaite pas en recevoir, parce que l’état du quartier et de la maison ne donne aucune envie d’avoir des hôtes. Non seulement le déplacement devient un parcours du combattant, mais aussi il est difficile de faire correctement le ménage car à chaque fois qu’il pleut, il y a une insalubrité pas possible. Devoir accueillir des gens dans de telles conditions, ce n’est pas du tout confortable.»
Il y a un peu plus de quatre ans, ces cités ne connaissaient pas ces problèmes d’inondations, les habitants n’étaient pas confrontés à une telle catastrophe. Malheureusement, depuis trois ans, ils vivent un calvaire continu dont ils ignorent la fin. «La situation a empiré ces trois dernières années. La saison précédente a été vraiment très difficile, hyper difficile. La première année, tout le monde avait mis la main à la pâte puisque c’était un fait nouveau. On s’est battus. L’année suivante, le maire nouvellement élu (Adama Sarr) est passé et nous avait appuyés d’une motopompe électrique d’un bon débit. Malheureusement, elle est tombée en panne et au lieu de le signaler, certains ont essayé de la bricoler», rappelle Mme Lô.
Danger permanent
A la Cité Firdawsi/Cpi, les habitants sont souvent confrontés à l’apparition de certains reptiles dans leurs maisons. Tout comme la Cité Darou Salam 2, ses habitants ont érigé, sans études de génie civil, un «bassin» de rétention. Cet espace, envahi par les herbes, est souvent une zone où plusieurs espèces animales surgissent. Cela ne fait qu’accentuer l’angoisse des riverains qui n’ont pas l’esprit tranquille, surtout avec leurs enfants qui peuvent être menacés par ces animaux. «Ma coépouse ne passe plus les mois de juillet et août au Sénégal depuis que son fils a eu la jambe cassée lors des inondations. C’était vraiment dur pour eux d’être confrontés à cette situation et depuis lors, ils ne s’imaginent plus revivre la même chose», confie Ndèye Diongue de la Cité Darou Salam 2 Extension. A un pâté de maisons de là, se trouve la famille Sougou.
Assis devant sa maison, le père de famille boit tranquillement son café. Sous ses yeux, ses enfants jouent à même le sol qui n’est pas aussi humide que les autres endroits. En dépit des apparences, Moustapha Sougou, chauffeur-ambulancier secouriste, ne dissimule pas son inquiétude : «Vous voyez ce qui se passe, n’est-ce pas ? Ces enfants qui sont en âge de profiter pleinement de leurs vacances, ils ne voient nul autre moyen que de jouer dans le sable. Ceci peut leur causer beaucoup de maladies, notamment quand la pluie commencera à tomber. Ce n’est pas du tout rassurant. Le pire, c’est qu’à aucun moment, le quartier n’est pulvérisé par le service d’hygiène, ni pendant ni après l’hivernage.»
Comment vivre dans les eaux
Ils n’ont pas attendu que la mairie veuille leur doter de pompes ou autres matériels pour sortir leurs quartiers des eaux qui gagnent de l’espace à chaque pluie. Ils ont mis en place un système de cotisation et obtenu des dons pour espérer avoir des moyens de faire face aux inondations. D’autres mettent entre parenthèses leurs activités professionnelles pour rester auprès de leurs familles et voisins. M. Sougou explique : «A chaque fois que la pluie commence, je prends mes congés. Je ne travaille pas durant cette période. Au pire, j’alterne avec certains de mes collègues afin d’être auprès de ma famille.»
Aujourd’hui, les habitants de la Cité Firdawsi/Cpi ont établi une liste de besoins qui s’élèvent à 1 million 207 mille F. Ils peinent à réunir ce montant, mais continuent de garder espoir. Mamadou Lamine Sané, habitant de la cité, est un étudiant en première année à l’Un-Chk. Avec son frère Babacar, ils sont les «ingénieurs» qui maîtrisent le plus la gestion de ces eaux. Avec d’autres jeunes du quartier, ils étaient prêts à n’importe quelle heure de la nuit ou du jour pour mettre en marche la machine afin de pomper les eaux. Il dit : «Nous ne pouvons pas toujours rester à attendre la mairie. Grâce aux cotisations des différentes familles, nous nous organisons pour acheter un minimum de matériels pour évacuer les eaux. De la mairie, nous ne recevons que des tuyaux que nous raccordons avec les nôtres pour pouvoir y arriver.»
Ousseynou Guèye, responsable à la cité, est déçu par le maire. Selon lui, toutes les promesses des autorités qu’ils ont reçues n’ont pas été suivies d’actions concrètes. Il semble très désolé par ce «laxisme» municipal : «Nous avons eu une audience avec le maire et nous attendions le démarrage des travaux qui consistaient à nous doter d’un assainissement au mois d’avril, mais jusqu’à présent, nous n’avons rien vu. Pour l’heure, nous voulons juste avoir de bonnes machines et de bons tuyaux, car c’est ce qui pourrait alléger notre situation. Sinon nous risquons de perdre nos maisons à force de subir chaque année de fortes pluies.» Du côté de la Cité Darou Salam 2, M. Niang soutient que les habitants «ont beaucoup misé sur le projet, mais la date annoncée pour le début des travaux est passée et nous sommes toujours au même niveau. Beaucoup d’espoirs ont été fondés sur les projets annoncés parce qu’une entreprise est déjà passée dans le quartier pour l’installation des bornes. Le maire a mandaté un de ses collaborateurs, en l’occurrence Aziz Sow, qui s’est déplacé pour s’entretenir avec nous. Si le projet venait à se réaliser, nous serions vraiment très heureux. D’ici là, il faut faire avec les moyens du bord et si la commune ne vient pas en appui, ça va être vraiment difficile, car la machine est en panne».
Aujourd’hui, ils restent soucieux quant aux conséquences qui en découleront. En tout cas, les habitants des cités Darou Salam 2 et Firdawsi/Cpi attendent les premières pluies avec angoisse. Et elles sont tombées hier, annonçant un hivernage précoce et pluvieux… Et aussi plein de larmes.
Par Hamidou Anne
ENTRE ALIOUNE TINE ET ALIOUNE BADARA SAMB, LA RÉPUBLIQUE RECONNAIT LES SIENS
M. Tine est coutumier des déclarations malvenues. L’acharnement avec lequel ces gens rabaissent le Sénégal me sidère. Mais peut-on attendre autre chose des populistes, antirépublicains, et de leurs laquais maquillés en société civile ?
Alioune Tine, comme un Sisyphe des tropiques, jour après jour, va à son bureau, c’est-à-dire sur Twitter (devenu X), pour dire du mal des gens et caresser le maître et son vizir avec un manque de tenue absolument gênant. Abondance de rien ne nuisant pas au «président-fondateur» de l’inutile think tank Afrikajom Center, l’intéressé, cette fois, s’en prend au Gouverneur de Saint-Louis, Alioune Badara Samb. De ce dernier, M. Tine tweete ceci : «Toute l’Administration territoriale aux ordre (sic) de Macky a violé l’Etat de Droit et les libertés fondamentales reconnues par la Constitution.
On était sorti du règne des (sic) la loi. La force a prévalu toute au longu (sic) de cette séquence historique. Arrêt sur image ! Devenu Premier ministre donc son patron, Ousmane Sonko se retrouve nez à nez avec le fameux Préfet Alioune Badara Samb qui s’était interposé devant son cortège en mars 2021.» Ces propos relèvent d’une indécence à laquelle M. Tine a hélas habitué son monde. Que voulait-il que le Gouverneur Samb fasse quand le chef du gouvernement séjourne dans sa région ? Cette attitude consistant à vilipender publiquement un fonctionnaire astreint au devoir de réserve signifie une absence de courage, d’élégance et de tenue. Le Gouverneur Samb honore la République, en se faisant le visage de l’impersonnalité et la continuité de l’Etat. Les régimes politiques passent et les haut-fonctionnaires se dévouent à appliquer la politique définie par les autorités légales et légitimes que les Sénégalais se sont choisies. Le Gouverneur Samb, que je n’ai jamais rencontré de ma vie, incarne l’honneur du Sénégal. Il ne s’est pas dérobé face à ses responsabilités. Il a servi loyalement son pays en mars 2021, il le sert aujourd’hui, et demain il le servira, car l’homme a fait le serment de l’allégeance non aux hommes mais aux institutions que Alioune Tine hait de toutes ses forces au point de vouloir qu’elles s’affaissent. M. Samb vaut mieux qu’un homme qui, dans l’âge supposé être celui de la sagesse, refuse obstinément de faire sienne cette précieuse valeur qu’est la décence. Il adore se donner en spectacle sur Twitter avec un niveau de langue calamiteux et une posture digne d’un enfant de la maternelle..
Qu’à cela ne tienne, le Gouverneur Samb va arborer fièrement la médaille d’honneur que symbolisent les injures du sieur Tine devant des followers (c’est comme ça que l’on dit désormais) biberonnés à la vulgarité et à la médisance, devenues recettes politiques efficaces.
M. Tine est coutumier des déclarations malvenues. Il avait - encore sur Twitter - dit, le 24 juin 2023, ceci : «Le Mfdc est un mythe.»
Le Mfdc est un mouvement qui porte une responsabilité tragique de décennies de remise en question de l’intégrité territoriale et de l’unité de la Nation. Ce mouvement a provoqué des milliers de morts, civils et militaires, et une impossibilité par divers crimes et trafics à développer le potentiel immense de la partie sud du pays. M. Tine avait publié, en juin 2023, un rapport mensonger sur la «démocratie sénégalaise» pour contribuer à l’offensive de délégitimation de la République et des hommes et femmes qui l’incarnent. Dans ce rapport, il avait, entre autres, traité l’Ige d’«instrument politique entre les mains de l’Etat pour exercer une pression sur des dissidents politiques de l’opposition». Ce corps d‘élite, qui fait la fierté de notre Etat, avait ainsi été victime des calomnies de M. Tine.
Alioune Tine, partisan acharné de la non-présence du président au Conseil supérieur de la Magistrature jusqu’à la semaine dernière, change d’avis car ses maîtres semblent eux aussi avoir changé d’avis. Si je ne dénie pas à l’intéressé son droit de se dédire, son argument est tout de même savoureux. Il nous dit avoir opéré un revirement, car un quidam l’aurait téléphoné du Burkina Faso pour lui dire que là-bas l’expérience d’un président hors du Csm fut catastrophique. Interdit de rire…
L’acharnement avec lequel ces gens rabaissent le Sénégal me sidère. On dira que le vent qui souffle fort n’épargne pas les girouettes.
Pendant que Alioune Tine, tel un oisif errant, occupe son temps libre, manifestement élastique, sur Twitter, le Gouverneur Samb sert avec dignité l’Etat du Sénégal. Il représente tous les fonctionnaires, magistrats, préfets, sous-préfets, militaires, gendarmes, policiers, que Alioune Tine et ses amis insultent et menacent depuis une décennie. Mais peut-on attendre autre chose des populistes, antirépublicains, et de leurs laquais maquillés en Société civile ?
Il est des hommes qui s’élèvent, il est d’autres qui se dévoilent, et par leurs actes de tous les jours pour plaire au Prince, se déprécient et deviennent les fous du royaume.
Alioune Tine, au profit d’un agenda personnel voire identitaire, a rejoint la longue liste des gens qui sont dans la négation du Sénégal. Ils nient son histoire glorieuse, tentent de dévitaliser ses institutions et d’humilier celles et ceux qui servent notre pays avec la froideur, la tenue et la lucidité attendues des commis de l’Etat. Ils sont des entrepreneurs de la tension et de la haine, car dans leur Adn, s’est insérée la rage de ne jamais s’élever à la dignité que confère le service de notre pays.
M. Tine doit savoir que le Prince, plus par cynisme que par intelligence, accorde du crédit et de l’intérêt au courtisan, qui a encore une valeur marchande, et non aux roquets démonétisés qui prospèrent dans la flatterie. C’est une tragédie de vivre sur la rente des Retweet et des Like…
Au-delà de leur caractère excessif, donc insignifiant, les propos de M. Tine s’inscrivent dans une bataille culturelle qui secoue notre pays et qui appellent à une lecture lucide. Quel Sénégal voulons-nous bâtir ?
Celui où on injurie, diffame et humilie les fonctionnaires compétents, qui servent loyalement leur pays, ou celui où les hommes et les femmes dans l’espace public s’abstiennent de verser dans les outrances verbales et physiques afin de trier entre le patriote et le traître à la Patrie ? La volonté de déciviliser le débat public et de plonger le Sénégal dans le manichéisme entre les bons et les méchants est symptomatique de ceux-là qui, partout, assèchent la promesse républicaine de l’égalité des citoyens devant la loi.
La République a déjà tranché entre Alioune Tine et Alioune Badara Samb. Le premier est partisan de la fragmentation de la société, de la négation du récit national et de la fin de l’indivisibilité de la Nation. Il vit sur la rente de la tension électorale, des conflits politiciens, des cadavres d’enfants et des larmes des veuves et des orphelins. Il n’existe que par la propension à salir son pays à l’étranger pour attirer des financements. Le second fait honneur à la Nation en tant que garant de la sacralité du service de l’intérêt général et du prestige de l’Etat. En servant son gouvernement comme s’y engagent les membres du corps préfectoral depuis 1960 pour que le fil de l’histoire ne se coupe jamais, le Gouverneur de Saint-Louis assume son rôle dans la perpétuation de notre tradition républicaine.
Alioune Badara Samb est l’honneur du Sénégal des valeurs républicaines et de la constance dans le service de l’Etat dont Alioune Tine est un des plus illustres contremodèles. Les fervents républicains attachés au culte de l’Etat, à la primauté de la République sur le reste et à l’indivisibilité de la Nation sont interpellés par la multiplicité des propos et actes antirépublicains. A nous toutes et tous de faire face pour que jamais la République ne cesse de reconnaître les siens. Alioune Badara Samb est des nôtres.
Par Madiambal DIAGNE
DIOMAYE-SONKO, OSEZ MONTRER VOS BIENS !
La loi ne leur exige pas la publication, mais ils ne peuvent se limiter à déclarer leurs biens en catimini. On pourra savoir qui était fonctionnaire des Impôts et possédait en même temps des entreprises privées et des cabinets de conseil en fiscalité
Le Premier ministre Ousmane Sonko et la plupart des membres de son gouvernement se sont évertués à effectuer leur déclaration de patrimoine devant l’Office national de lutte contre la corruption (Ofnac). Ils ont ainsi satisfait à l’exigence de la loi. Pour sa part, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, s’en était déjà acquitté devant le Conseil constitutionnel. Il convient de rappeler que, en tant que maire de la ville de Ziguinchor, Ousmane Sonko avait également fait sa déclaration de patrimoine en 2022. Cette démarche est tout à leur honneur. Elle participe de la transparence dans la vie publique et renforce une institution essentielle dont la mission devient sacrée dans un pays comme le Sénégal.
C’est sans doute ce qui explique que la nouvelle loi organique sur l’Ofnac avait été votée à l’unanimité par les députés de l’Assemblée nationale en janvier 2024. Rares sont les textes législatifs qui peuvent bénéficier d’une pareille onction. Cette loi est considérée comme l’une des plus avancées en termes de transparence et de renforcement des missions de l’institution.
Le président Bassirou Diomaye Faye ne s’y est pas trompé car l’une de ses premières décisions à la tête du Sénégal avait été d’ordonner la publication des rapports de la Cour des comptes et de l’Ofnac (Conseil des ministres du 17 avril 2024). Sur ce point, il se montrera davantage rigoureux concernant la redevabilité dans la gestion des ressources publiques, en déclassifiant et ordonnant la publication des rapports de l’Inspection générale d’Etat (Ige). Opposants, le président de la République et son Premier ministre préconisaient cela. Le succès de l’Ofnac a embelli les résultats du Sénégal, comme en témoigne le communiqué du Fonds monétaire international (Fmi) à l’issue de sa revue du 6 au 19 juin 2024.
La loi ne leur exige pas la publication, mais ils ne peuvent se limiter à déclarer leurs biens en catimini
Les citoyens peuvent franchement se féliciter de ces déclarations de patrimoine devant l’Ofnac, mais ils sont tout de même fondés à rester sur leur faim. Il semble tout aussi important de satisfaire la curiosité du public, ce qui ne serait pas du vulgaire voyeurisme. Il s’agirait surtout de permettre un contrôle populaire de la sincérité et de l’exhaustivité de ces patrimoines. On ne fait que prendre Ousmane Sonko au mot, lui qui promettait sur tous les tons de veiller systématiquement à rendre publics les patrimoines des élus et des gestionnaires de fonds publics. La loi punit sévèrement les fausses et/ou incomplètes déclarations de patrimoine. N’est-ce pas que ce nouveau régime a demandé à chaque citoyen de se constituer en lanceur d’alerte pour fouiner dans la vie des gens et révéler les biens des personnes ? Bassirou Diomaye Faye a sonné l’halali, assurant la protection mais aussi la rétribution des éventuels délateurs.
On observe ainsi que de nombreuses personnes trouvent une nouvelle occupation : faire le tour du Sénégal, smartphones à la main, pour filmer des biens supposés appartenir à des personnalités connues. Des patrimoines de personnes n’ayant exercé aucune activité publique sont même, à l’occasion, étalés sur la place publique, comme si la richesse était devenue un délit. Les délateurs ne s’intéressent qu’aux patrimoines des nationaux sénégalais. Un Sénégalais riche n’a aucun mérite aux yeux de ces «patriotes autoproclamés», tandis que les richesses prêtées à des étrangers ne dérangent personne..
C’est ainsi que la mort du magnat du pétrole Abdoulaye Baba Diao est un non événement pour les autorités gouvernementales, tout comme l’annonce de la vente de la Sedima par son fondateur, l’autre «self-made man», Babacar Ngom. Ces deux grands hommes d’affaires sénégalais ont bâti leur fortune à une époque où tous les tenants du pouvoir étaient en culotte courte. On devrait les donner en modèles de réussite. L’Institut national de pétrole et du gaz (Inpg) mériterait notamment, de porter le nom de Baba Diao. C’est une honte de voir la Sedima passer dans des mains étrangères parce que son patron est victime d’ostracisme depuis que sa fille Anta s’est risquée, comme nombre de ses compatriotes, à déplorer les propos tenus le 9 juin 2024 par le Premier ministre sur l’esplanade du Grand Théâtre de Dakar.
Les nouveaux gouvernants ont également accusé leurs prédécesseurs de tous les crimes économiques et ont stigmatisé les fortunes prêtées aux uns et aux autres. Ils avaient d’ailleurs battu campagne sur un thème qui a pu faire mouche auprès des électeurs : le candidat favori de l’élection présidentielle de 2024, Amadou Ba, était un «fonctionnaire milliardaire». L’origine de son patrimoine a largement été discutée. C’est le moment pour Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye de faire taire l’idée qu’ils sont eux aussi des fonctionnaires milliardaires. La publication de leurs patrimoines ferait taire toutes les suppositions, à condition qu’ils osent le faire !
Le candidat Bassirou Diomaye Faye s’était risqué à cet exercice de transparence et avait fini par s’empêtrer dans la confusion. La découverte de son patrimoine foncier a pu choquer, encore qu’il ait pu être sous-évalué. La valeur de son patrimoine s’élevait, de toute évidence, à plusieurs centaines de millions de francs. Pour se défendre, il disait qu’il venait de sortir de prison et n’avait pas eu le temps de faire une évaluation. On peut dire qu’il a eu entretemps la possibilité et l’opportunité de s’entourer d’experts pour nous dire à combien s’élève véritablement son patrimoine. Comment un fonctionnaire a-t-il pu amasser une telle fortune ? Une explication était qu’il avait bénéficié de nombreuses attributions foncières, encore que d’aucuns pourraient avoir de bonnes raisons de croire que la déclaration du candidat Bassirou Diomaye Faye n’était pas complète ou exhaustive.
La question qu’on se pose est que, si lui, fonctionnaire, peut bénéficier de plusieurs attributions foncières sur des hectares de terres dans différentes régions du Sénégal et de nombreuses parcelles dans les plus beaux quartiers de Dakar, pourquoi cela devrait-il être prohibé à d’autres citoyens sénégalais ? Il convient de dire que je suis totalement à l’aise sur ce sujet, n’ayant jamais bénéficié du moindre mètre carré de terres de l’Etat. Qu’il soit donc bien clair que je ne prêche pas pour ma chapelle. Ousmane Sonko ne pourra pas dire la même chose. Bien au contraire, son patrimoine est colossal, rien que pour ce qu’il s’agit de biens immobiliers lui appartenant encore, ou qu’il a cédés à des tiers. Tous ces biens lui avaient été gracieusement offerts dans le cadre de lotissements fonciers, du temps où il était fonctionnaire et même après son départ de l’Administration publique.
Il sera peut-être très aisé de le confondre s’il publie sa déclaration de patrimoine. Voilà un défi public qu’il n’osera pas relever ! Sa seule réponse sera de faire le dos rond et de lancer sa meute d’insulteurs. Dire qu’il a l’audace de se mettre sur les rochers de la plage de l’Anse Bernard pour montrer des terrains affectés à d’autres personnes ! D’ailleurs, que cacherait le fait de taire le nom des propriétaires stigmatisés ? On peut craindre un appel du pied en vue d’audiences nocturnes pour arranger quelques situations ! Le landernau de l’immobilier de luxe est un bien petit monde au Sénégal.
De toute façon, la publication du patrimoine du Premier ministre sera aussi l’occasion de dater certaines acquisitions, comme par exemple des biens obtenus par l’inspecteur des Impôts Ousmane Sonko, après des missions de contrôle et de vérification fiscale auprès de sociétés immobilières. On pourra aussi savoir qui était fonctionnaire des Impôts et possédait en même temps des entreprises privées et des cabinets de conseil en fiscalité. Qui parlera d’éthique et de probité ?
Encore une fois, on devra exiger la publication de ces patrimoines, car on se rappelle tout le grand débat qu’il y a eu au Sénégal sur le patrimoine publié de Macky Sall en 2012. Sur cette question, on attend, particulièrement de la part des organisations de la Société civile, la même exigence manifestée naguère. Bassirou Diomaye Faye, candidat à l’élection présidentielle, n’était point obligé de publier son patrimoine ou de faire une quelconque déclaration à ce propos. Mais devenu président de la République, il devra se sentir obligé. «Qui peut le plus, peut le moins !»
Incivisme fiscal vous dites ? Montrez aussi vos feuilles d’impôts !
On a pu sourire en voyant le Premier ministre Ousmane Sonko se lancer dans la traque des «délinquants fiscaux», en ciblant notamment quelques entreprises de presse. Il est du devoir de chaque citoyen de s’acquitter de ses impôts, et il est de bon ton de stigmatiser les défaillants. C’est le lieu de dire qu’il n’y a pas de complexe à nourrir sur ce point. Une fiscalité doit être adaptée à chaque secteur d’activité économique et sociale, et les médias l’ont toujours réclamé. Si d’autres secteurs économiques peuvent bénéficier d’une fiscalité spécifique allégée, dérogeant aux règles de la fiscalité générale, le secteur des médias, qui effectue un service public et traverse une période de marasme économique, devrait également être pris en considération.
Les régimes des présidents Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall l’avaient toujours compris, mais n’avaient pas voulu franchir le pas de la mise en œuvre d’une politique fiscale plus douce pour les médias. Des pays comme la France, les Etats-Unis ou le Canada ont mis en place des systèmes fiscaux plus adaptés pour ce secteur. Des études sont disponibles et des propositions sont faites aux différents gouvernements. Dans le cadre des discussions sur le projet de nouveau Code général des impôts en 2011-2012, les patrons de presse avaient préconisé de s’inspirer de ces modèles, mais le gouvernement avait la phobie de susciter que d’autres secteurs économiques fassent les mêmes revendications.
La panacée était de procéder régulièrement à des effacements de dettes fiscales. Le patronat de presse avait toujours refusé cela, demandant des mesures pérennes ou définitives. Mais le plus renversant est que ces accusations d’incivisme fiscal sont portées par un régime politique dont les principales figures ne sont pas des modèles de payeurs d’impôts. On leur lance un autre défi, celui de sortir leurs déclarations d’impôts, et il sera aisé de pointer des transactions immobilières qui n’avaient pas été déclarées au fisc ou qui ont été sous-évaluées dans le but de minorer les montants des taxes à payer ! On saura bien si tous les revenus tirés de la vente de terrains figurent sur les déclarations fiscales, encore que la pratique des mutations directes soit assez connue et répandue. Elle consiste à inscrire un titre de propriété, gracieusement affecté à telle ou telle personne, au nom de l’acquéreur sans que l’identité du premier propriétaire n’apparaisse dans la transaction. Naturellement, dans ce cas, le montant de la transaction est occulté.
En outre, qui dirigeait le syndicat des employés des Impôts et domaines pendant que ces travailleurs bloquaient le fonctionnement des services publics pour refuser de payer des impôts sur les fonds communs distribués aux agents de cette administration ? Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye ou Waly Diouf Bodian, tous anciens dirigeants de ce syndicat, pourront sans doute répondre à cette question. Le chantage avait fait céder le gouvernement, qui finit par leur appliquer une fiscalité spécifique, du modèle de celle appliquée aux députés. En recevant une délégation de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), le Président Bassirou Diomaye Faye leur a rappelé que «payer les impôts est une question d’équité et de principe». Personne ne saurait être contre cette vérité, pour ne pas dire cette lapalissade.
Cependant, il est surprenant de snober un patronat et de recevoir des employés, tout en critiquant leurs patrons. Le président du Conseil des éditeurs et diffuseurs de presse du Sénégal (Cdeps), Mamadou Ibra Kane, a demandé en vain à deux reprises des audiences avec le Président Bassirou Diomaye Faye : une première fois lorsqu’il venait d’être installé à la tête du pays et une deuxième fois lorsque des entreprises de presse ont fait l’objet d’ostracisme ou de punition par le biais de mesures fiscales. Il aurait été plus convenable d’écouter les représentants des patrons de presse avant de chercher de la sorte à les jeter en pâture. Le 1er mai 2024, la demande d’audience des patrons de presse a été remise, en mains propres, au Président Bassirou Diomaye Faye, par une délégation constituée notamment de Maïmouna Ndour Faye (7Tv) et de Abdou Ndiaye (2sTv).
En écoutant Bassirou Diomaye Faye parler, on réalise sa méconnaissance des réalités du secteur de la presse. Au demeurant, il reste à savoir si ce sera le gouvernement qui donnera des emplois à ces centaines de reporters quand il aura fini son opération de démolition des entreprises de presse.
L'APPEL DE DIOMAYE À LA CEDEAO
Selon le président, il est important que la communauté soit perçue comme étant au service des peuples. "Nous devrons débarrasser la CEDEAO des clichés qui la réduisent à une organisation soumise aux influences extérieures", a-t-il martelé ce dimanche
À l’occasion du 65e sommet ordinaire des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, le président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a réaffirmé l’engagement indéfectible de son pays envers l’organisation régionale, tout en appelant à des réformes significatives pour répondre aux défis contemporains.
« Je réitère ici l’ancrage du Sénégal dans la CEDEAO, en tant que membre fondateur et au regard des relations d’amitié fraternelle et de coopération conviviale que mon pays a toujours entretenues avec tous les membres de notre organisation depuis l’époque des pères fondateurs », a-t-il déclaré. Il a rappelé que ces relations ont été le socle de la stabilité et de l’intégration régionale depuis la création de l’organisation.
Cependant, le président Bassirou Diomaye Faye n’a pas manqué de souligner les défis actuels auxquels la CEDEAO est confrontée. « Aujourd’hui, force est de constater que la CEDEAO fait face à de nombreux défis au quotidien. Cela remet profondément en cause nos acquis en matière d’intégration avec un risque réel de désintégration de notre communauté. » Selon lui, ces défis nécessitent une action concertée pour éviter le scénario catastrophique d’une désintégration de l’organisation.
Pour surmonter ces défis, le président Faye a appelé à des efforts accrus pour renforcer les liens au sein de la CEDEAO : « Il est impératif que nous poursuivions nos efforts pour des retrouvailles de toute la famille afin de consacrer toutes nos forces et nos ressources aux projets et initiatives communautaires qui nous rassemblent. »
Un des points saillants de son intervention a été la nécessité de changer la perception de la CEDEAO. « Nous devrons sans doute débarrasser la CEDEAO des clichés et stéréotypes qui la réduisent à la posture d’une organisation soumise aux influences de puissances extérieures et distante des populations qu’elle a la responsabilité historique de servir. » Pour le président Faye, il est important que l’organisation soit perçue comme étant au service des peuples de la région, conformément à son Acte constitutif.
Il a également abordé la question des sanctions communautaires : « Le moment est peut-être venu de réfléchir davantage sur les sanctions communautaires extrêmes, qui, au regard de leurs impacts économiques et sociaux sévères, renforcent malheureusement l’idée d’une institution qui punit ses populations au lieu d’être à leur service et à leur secours. »
Le président sénégalais a plaidé pour le renforcement des mécanismes de prévention des conflits au sein de la CEDEAO. « Il me paraît tout aussi important de renforcer nos cadres préventifs des conflits en mettant l’accent sur la concertation et le dialogue en temps de paix. » Il a ajouté que cela permettrait de réduire les risques de crises et d’améliorer la gestion en cas de leur apparition.
En outre, le président Bassirou Diomaye Faye a souligné l’importance du respect des décisions de la Cour de justice communautaire, appelant à garantir son indépendance et son impartialité. « Les décisions de la Cour de justice communautaire méritent le respect de toutes les parties, y compris les États membres. Cela nécessite au préalable une garantie de son indépendance et de son impartialité », a-t-il souligné.
Bassirou Diomaye Faye a conclu son intervention en exprimant le soutien du Sénégal à la révision du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance, estimant que cette adaptation contribuerait à sauvegarder les idéaux démocratiques de la CEDEAO.
TRIPARTITION INÉDITE EN FRANCE
Aucun des trois grands blocs n'a décroché la majorité absolue aux législatives. L'alliance de gauche décroche la première place, devançant Renaissance d'Emmanuel Macron. L'extrême droite signe un score historique mais manque la marche du pouvoir
(SenePlus) - La France se retrouve dans l'incertitude au soir d'élections législatives pour le moins surprenantes. Selon les premières estimations des instituts de sondage rapportées par l'AFP, aucun des trois grands blocs n'a obtenu la majorité absolue, plongeant le pays dans le brouillard politique à quelques semaines de l'ouverture des Jeux Olympiques.
Contre toute attente, l'alliance de gauche du Nouveau front populaire (NFP) arrive en tête avec 172 à 215 sièges, talonnant le camp présidentiel d'Emmanuel Macron qui n'obtient que 150 à 180 députés, loin des 289 requis pour gouverner. "C'est un coup de semonce adressé aux 'arrogants'", a lancé Mélenchon, citant Robespierre.
Le Rassemblement national réalise une percée historique avec jusqu'à 155 élus selon les projections, mais voit s'éloigner ses ambitions de conquête du pouvoir.
Cette configuration inédite plonge la France dans l'inconnu. Le président Macron, qui avait dissous l'Assemblée pour "clarifier" le paysage politique, n'est pas sorti renforcé de ce pari risqué. Son parti Renaissance va devoir trouver des alliances, peut-être improbables, avec la gauche ou les républicains.
Si les partenaires européens comme l'Allemagne s'inquiètent de l'entrée massive du RN, d'autres comme la Russie ou l'Italie pourraient s'en réjouir. Le président Macron devra rassurer sur la stabilité de la France dès le sommet de l'OTAN cette semaine.
La semaine à venir s'annonce intense en négociations, avant l'ouverture de la nouvelle Assemblée le 18 juillet. Comme le dit l'écrivain Didier Decoin cité par l'AFP : "Le résultat des législatives, c'est l'inconnu pour la France, pour l'Europe, pour le monde." Une nouvelle ère de turbulences s'ouvre.
LE DÉFI EXISTENTIEL DE LA CÉDÉAO
La décision du Burkina Faso, du Mali et du Niger de quitter l'institution ébranle les fondements mêmes de la coopération régionale. Des centaines de millions de dollars d’investissements sont en jeu, tout comme la sécurité et la stabilité de la région
(SenePlus) - Les inquiétudes sont palpables à Abuja où se tient ce dimanche le 65e sommet de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao). L'organisation régionale fait face à une crise existentielle avec le retrait annoncé du Burkina Faso, du Mali et du Niger, trois poids lourds du Sahel central.
Dans un discours on ne peut plus alarmiste, Omar Alieu Touray, le président de la Commission de la Cédéao, a dressé un sombre tableau de la situation. "Notre région n'a jamais connu simultanément autant de défis depuis de nombreuses années. En effet, en dehors de nombreuses menaces liées à la paix et à la sécurité, ainsi que des défis liés à la pauvreté, notre région est également confrontée au risque de désintégration", a-t-il martelé, citant la décision du "Burkina Faso, du Mali et du Niger" de quitter l'organisation "avec effet immédiat" comme l'a rapporté Apa News.
Un divorce aux lourdes conséquences
Ce retrait brutal des trois nations pourrait avoir des implications dramatiques selon M. Touray. "Il est évident que la désintégration perturbera non seulement la liberté de mouvement et d'établissement des personnes, mais elle aggravera également l'insécurité dans la région", a-t-il prévenu.
Sur le plan sécuritaire, le diplomate gambien redoute que ce divorce ne porte "un coup dur à la coopération en matière de sécurité, notamment en termes de partage de renseignements et de participation à la lutte contre le terrorisme". Une inquiétude de taille pour cette région en proie aux attaques djihadistes meurtrières.
L'isolement guette également le Burkina, le Mali et le Niger sur la scène internationale, puisqu'ils "ne pourront plus bénéficier d'un soutien de bloc" au sein d'instances comme l'Union africaine ou l'ONU, a prévenu le président de la Commission.
Un lourd tribut économique et financier
Au-delà des aspects sécuritaires et diplomatiques, c'est l'avenir économique de la région qui est en jeu. M. Touray a rappelé que "le retrait des trois États membres pourrait entraîner l'arrêt ou la suspension de tous les projets et programmes" de la Cédéao dans ces pays, pour une valeur totale "estimée à plus de 500 millions de dollars".
Sans oublier les investissements menacés des institutions financières régionales comme la Banque d'investissement et de développement de la Cédéao (environ 321 millions de dollars selon ses dires).
Onze mois après la création d'une alliance parallèle, le "Burkina Faso, le Mali et le Niger ont adopté samedi le traité instituant la Confédération des États du Sahel", souligne enfin Apa News. Une nouvelle entité censée remplacer la Cédéao pour ces trois pays?
LA JUSTICE SÉNÉGALAISE À L'AUBE D'UNE RÉVOLUTION
Les conclusions des Assises de la justice 2024 dessinent les contours d'un système judiciaire repensé. Jean Louis Corréa, coédacteur du rapport, lève le voile sur les enjeux et les défis de cette transformation attendue
Dans une intervention remarquée ce dimanche 7 juillet dans l'émission "Objection" de Sud FM, Jean Louis Corréa, éminent juriste, vice-recteur de l'université numérique Cheikh Hamidou Kane et coédacteur du rapport des Assises de la justice, a dévoilé les contours d'une réforme judiciaire ambitieuse pour le Sénégal.
Les Assises de la justice, tenues du 28 mai au 4 juin 2024, ont marqué un tournant décisif dans l'histoire judiciaire du pays. Corréa souligne l'urgence d'une « décolonisation » du système, appelant à une refonte complète des symboles et pratiques hérités de l'ère coloniale.
Au cœur des débats, deux questions épineuses ont émergé : la présence du président de la République au Conseil supérieur de la magistrature (CSM) et l'ouverture de ce conseil à des personnalités extérieures. «Ces points cristallisent les tensions entre tradition et modernité, entre indépendance et contrôle», affirme Corréa. Il expose les arguments des deux camps, soulignant la nécessité d'un équilibre délicat entre la garantie de l'indépendance judiciaire et le maintien d'un lien avec l'exécutif.
Le rapport préconise des changements radicaux, notamment la création d'une Cour constitutionnelle et d'une Haute Autorité de la justice. «Ces nouvelles institutions visent à renforcer l'État de droit et à restaurer la confiance des citoyens», explique le juriste.
Corréa insiste sur l'importance de la digitalisation et de l'amélioration de la communication judiciaire. « Nous devons rendre la justice accessible et compréhensible pour tous les Sénégalais », déclare-t-il, évoquant des projets de dématérialisation des procédures et de simplification du langage juridique.
Le rapport recommande également une augmentation substantielle du budget de la justice et une réforme en profondeur de la formation des magistrats. « Nous visions une justice plus humaine, plus démocratique, ancrée dans les réalités sénégalaises », affirme Corréa.
Enfin, le juriste souligne l'importance cruciale de la mise en œuvre effective de ces recommandations. Il propose la création d'une commission permanente de suivi pour garantir que ces réformes ne resteront pas lettre morte.
DES AVANCÉES TROP LENTES FACE AUX URGENCES
Si le volontarisme de Diomaye est salué, son action après 100 jours reste marquée par l'absence d'état des lieux et de reddition des comptes, selon la LD Debout. Le parti indique la rationalisation piétine face à l'accumulation de nominations
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration de La LD Debout sur les 100 jours de gouvernance du nouveau régime. Le parti salue le volontarisme du président tout en déplorant le manque de calendrier pour les réformes structurelles attendues. Il constate relève également la mise en oeuvre de la promesse de rationnalisation.
"La LD Debout saisit l’échéance symbolique des 100 premiers jours du régime du président Bassirou Diomaye Faye pour lui renouveler ses félicitations ainsi qu’au peuple sénégalais dans son ensemble et aux forces vives de la Nation dont l’engagement soutenu et les énormes sacrifices consentis ont permis à notre pays de sauvegarder ses acquis démocratiques et de réaliser la troisième alternance politique de son histoire. La fin de ces 100 premiers jours est surtout un bon moment pour faire un premier bilan d’étape de l’action du régime.
Tout d’abord, la LD Debout salue les initiatives importantes du président de la République relatives à la déclaration de patrimoine et à sa démission du poste de Secrétaire général de son parti qui donnent un signal encourageant en direction des ruptures attendues. Toutefois, le parti attend de tous les assujettis à cette obligation éthique, morale et légale qu’ils formalisent le dépôt de leur déclaration de patrimoine dans les délais.
Depuis son élection, la LD Debout constate également un fort volontarisme pour enclencher une nouvelle dynamique politique et sociale dans le pays, comme l’indiquent les récentes Assises de la Justice, la journée nationale de Set-sétal et les allègements des prix de certaines denrées de première nécessité, même si des efforts plus significatifs sont encore attendus pour véritablement soulager les populations et les ménages toujours confrontés à la réalité de la cherté de la vie.
Plus généralement, la LD Debout considère qu’il devient urgent pour le président de la République et son gouvernement de définir un calendrier et des modalités pratiques de mise en œuvre des réformes sur lesquelles ils se sont engagés auprès du peuple sénégalais mais également auprès des organisations citoyennes, en lien notamment avec les conclusions des Assises nationales et des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI). A cet égard, la LD Debout est particulièrement attentive aux réformes inscrites dans le « Projet », et auxquelles elle adhère, telles que (i) la révision et la protection de la Constitution en s’inspirant des conclusions des Assises nationales et des réformes proposées par la CNRI, (ii) la réduction des prérogatives proéminentes du président de la République et l’instauration de sa responsabilité politique, (iii) la création d’une « Cour constitutionnelle » avec un mode paritaire de désignation de ses membres, (iv) la consécration de l’indépendance du parquet vis à-vis du ministre de la Justice, (v) la suppression des fonds politiques et leur remplacement par des fonds spéciaux exclusivement destinés aux opérations ultra sensibles, (vi) le détachement des corps de contrôle de la tutelle de l’Exécutif, (vii) le renforcement de la neutralité de l’administration publique en interdisant désormais le militantisme politique aux directeurs de certains départements ministériels, à l’image des régies financières et des sociétés d’État, et (viii) l’appel à candidature pour certains emplois de la haute fonction publique ainsi que du secteur parapublic, tout comme la normalisation des recrutements civils et militaires par le recours exclusif au concours.
Au-delà de ces réformes, la LD Debout restera vigilante sur les engagements très importants et sur les exigences de rationalisation des institutions, comme la suppression du HCCT et de plusieurs agences budgétivores. D’ailleurs, le Parti regrette que cette rationalisation n’ait pas précédé les vagues de nominations en cours. En tout état de cause, cette rationalisation des dépenses de l’Etat est une nécessité pour endiguer la spirale d’endettement enclenchée par l’ancien président de la République et qui se poursuit, et pour assurer le respect d’importants engagements du « Projet » tels que l’augmentation de la part du budget de l’Etat allouée à la santé, à l’éducation et à la promotion de l’emploi des jeunes. Aussi, le parti demande au gouvernement de prendre en charge de manière urgente la question dramatique des citoyens sénégalais migrants, partis pour un avenir meilleur, mais aujourd’hui abandonnés à leur propre sort et maltraités dans des pays du Maghreb, ce qui devrait d’ailleurs interpeller nos consciences et nos valeurs proclamées d’humanisme et de patriotisme.
Au regard de l’immensité des défis, la LD Debout considère que le gouvernement devrait adopter une démarche hautement stratégique, en évitant le pilotage à vue et en soignant sa communication institutionnelle. En pratique, un accent particulier devrait être mis sur l’état des lieux de la gestion précédente et sur la reddition des comptes car aucun redressement politique, économique ou social ne peut se réaliser sans rupture avec la culture d’impunité endémique qui a longtemps régné au Sénégal et à tous les niveaux de la vie nationale.
La LD debout regrette la polémique stérile sur la programmation de la Déclaration de politique générale du Premier ministre à l’Assemblée nationale. Sur ce sujet, le parti invite l’Assemblée nationale à mettre à jour son Règlement intérieur et demande au Premier ministre de se prêter à cet exercice solennel devant la représentation nationale pour permettre au peuple souverain d’avoir un aperçu plus clair sur le « projet », la vision et les orientations du gouvernement.
Enfin, la LD Debout appelle toutes les forces progressistes du pays et de la diaspora à rester mobilisées dans une posture de citoyenneté active pour obtenir des nouvelles autorités le respect des engagements pris, notamment par la mise en œuvre effective et dans les meilleurs délais des mesures de ruptures attendues aux plans politique, économique, social et culturel ; et relativement à la refondation de l’Etat, par une répartition plus équilibrée des pouvoirs."
L'ÉPOPÉE MULTICULTURELLE DES SÉLECTIONS DE L'EURO 2024
Bien au delà des seuls liens coloniaux, le ballon rond révèle aujourd'hui toute la mixité de l'Europe. De Musiala à Williams en passant par Gakpo, portrait d'une nouvelle génération de footballeurs aux identités multiples
(SenePlus) - Alors que l'Euro 2024 bat son plein en Allemagne à seulement neuf jours de la grande finale, l'aspect multiculturel des différentes sélections nationales en compétition mérite d'être souligné. En effet, comme le relève Jean-Baptiste Placca dans son éditorial du 6 juillet pour RFI, "le visage qu'offrent les équipes dit beaucoup de ce que le football apporte à chaque société, comme de leur histoire, et même de leur esprit d'ouverture".
Plusieurs stars du ballon rond évoluant actuellement dans cet Euro illustrent parfaitement cet aspects multiculturel, qu'il s'agisse de Jamal Musiala avec l'Allemagne, Leroy Sané, Serge Gnabry ou encore Nico Williams avec l'Espagne. En célébrant leurs performances, nous célébrons en réalité "le Nigeria, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Cap-Vert, le Cameroun, la RD Congo, le Togo, le Mali", comme le souligne avec justesse Placca. Le football devrait ainsi se garder de distinguer les sportifs en fonction de leur histoire personnelle.
Cette diversité au sein des sélections n'a cependant pas toujours été la norme. Comme le rappelle l'éditorialiste, "autrefois, la diversité dans les sélections se limitait à quelques ressortissants des anciennes colonies". Les Pays-Bas ou l'Angleterre alignaient alors majoritairement des joueurs originaires de leurs anciens territoires coloniaux. Mais ces dernières décennies, le lien colonial a laissé place à une diversité encore plus grande, avec des joueurs issus de l'immigration africaine récente dans de nombreux pays européens, sans rapport avec leur histoire coloniale.
Ainsi, comme le conclut pertinemment Jean-Baptiste Placca, "tout cela fait un beau mélange, qui peut parfois déplaire, mais est aussi, souvent, merveilleux". L'Euro 2024 offre une nouvelle illustration éloquente de cette richesse multiculturelle portée par le football moderne.