VIDEOLE SONKO SHOW
Devant ses partisans, le Premier ministre a livré un discours offensif, mêlant collecte de fonds et attaques contre l'opposition. Le chef de Pastef promet un changement radical, de la lutte contre la corruption aux réformes fiscales
Le leader du Pastef a appelé les militants et sympathisants de son parti à se mobiliser le 17 novembre prochain pour offrir une « majorité écrasante » au président Bassirou Diomaye Faye aux élections législatives anticipées. Ousmane Sonko a en outre taillé en pièces l'opposition qu'il refuse de considérer comme un adversaire du pouvoir en place.
Des couleurs et des sons dans un Dakar Arena de 15 000 places plein à craquer. Tout est exécuté à la lettre près à la gloire du Pastef sous les yeux du « grand maître » Ousmane Sonko. Après les prestations des artistes et les allocutions des alliés, il a prononcé un discours d'une heure de temps pour s'adresser à la foule venue massivement assister au meeting consacré à la collecte de fonds pour financer la campagne du Pastef.
Le leader du Pastef a d'emblée fait état de 500 millions de Fcfa collectés. Mais Ousmane Sonko se dit convaincu que d'ici le début de la campagne, dimanche prochain, le Pastef aura mobilisé un milliard de Fcfa. Sous ce rapport, il a raillé Bougane Guèye Dany qui se veut comme son challenger. « Que celui qui veut me coller aux basques organise une levée de fonds. Ainsi, on verra sa capacité de mobilisation financière. Normalement, il devrait aussi appeler à un meeting à Dakar Arena comme il a une admiration pour nous », a-t-il déclaré d'un ton moqueur.
Dans son laïus, le leader du Pastef s'est attaqué à l'opposition. Pour lui, l’adversaire du régime, ce n'est pas l'opposition. « Si nous réalisons un bon bilan avec le triptyque Jub, Jubal, Jubanti, c'est le peuple qui demandera de ne pas quitter le pouvoir », dit-il d'un air convaincu avant d'ajouter : « Laissons l'opposition faire du bruit. C'est tout ce qu'il lui reste à faire. Mais les Sénégalais sont éveillés. L'opposition veut séparer le Pastef et la jeunesse, lui reprochant d'être au chômage après nous avoir porté au pouvoir. Mais je voudrais rappeler que le contrat du Pastef avec la jeunesse n'a jamais été de se partager un butin après l'arrivée au pouvoir. L'esprit Pastef n'est pas de se servir mais de servir ».
« Le projet politique du Pastef, ce n'est pas pour un seul individu »
A cet effet, il a fait une profession de foi sur les valeurs du Pastef qu'il dirige. Selon lui, le projet politique du Pastef n'est pas pour un seul individu. Sitel était le cas, remarque Ousmane Sonko, Bassirou Diomaye Faye n'allait pas être élu président de la République. « S'il termine son mandat, ce sera au peuple d’élire son président de la République. Il peut s'appeler Birame Soulèye Diop, El Malick Ndiaye ou autres. Ce qui nous importe nous, c'est de transformer le pays », déclare le Premier ministre.
Le leader du Pastef a en outre décliné les objectifs du nouveau pouvoir pour ces élections législatives. « Il nous faut une majorité écrasante à l'Assemblée nationale », clame Ousmane Sonko. Ce qui permettra, selon lui, au président Bassirou Diomaye Faye d'avoir les moyens de sa politique. « Il va falloir que les responsabilités de chacun soient situées sur la situation chaotique dans laquelle nous avons trouvé le pays. Cette élection est la plus importante pour stabiliser le pouvoir qu'on a confié au président Bassirou Diomaye Faye », a insisté le leader du Pastef avant d'ajouter : « Nous avons un pays à construire. Personne ne peut faire échec à la révolution qui est en marche. Nous allons changer le pays et mettre fin à la corruption, au clientélisme et recentrer les priorités. Le régime de privilèges accordés aux intérêts étrangers est terminé. C'est cela le challenge du Pastef ».
La « haute trahison » prend forme
Dans son show, le leader du Pastef est revenu sur l'audit des finances publiques. Il persiste et signe que les chiffres de l'ancien régime ont été tronqués. « Après l'audit, nous avons révélé que le régime sortant mentait aux partenaires en leur présentant des finances publiques déconnectées de la réalité. Ce qui a conduit à la dégradation de notre note par l'agence Moody's avec placement sous surveillance », a martelé Ousmane Sonko qui ne manque pas de s'interroger : « Si tout cela n'est pas de la haute trahison, de quoi s'agit-il alors ?».
Donc, selon lui, il ne sert à rien pour les dignitaires de l’ancien régime de crier au scandale. Ils vont tous, assure-t-il, rendre des comptes au peuple sénégalais. D'ailleurs, à en croire le leader du Pastef, c'est ce qui justifie la présence des responsables de l'ancien régime en première ligne dans ces législatives. Ils veulent, à ses yeux, contrôler l’Assemblée nationale et par conséquent empêcher le régime de lancer des poursuites contre eux.
Une loi en vue de l'assistance aux familles des victimes des manifestations
Devant la foule, Ousmane Sonko a assuré aux familles des victimes que les individus tués lors des manifestations politiques ne passeront pas par pertes et profits. « Nous n'oublierons jamais nos martyrs. On entend souvent des reproches faisant état de la lenteur du gouvernement dans le traitement de ce dossier. J'aimerais vous dire qu'on travaille sur le dossier. D'ailleurs, dès le premier Conseil des ministres du gouvernement, le président de la République a donné des instructions fermes à la ministre des Solidarités en vue d'une loi pour apporter une assistance aux familles des victimes. En plus de cela, le gouvernement se focalise sur l'aspect juridique et judiciaire en vue de situer toutes les responsabilités sur le dossier », a déclaré le Premier ministre.
Sur un autre registre, le pouvoir entend amorcer des réformes fiscales après les élections législatives. « Nous avons notre destin en main. Nous allons faire les réformes fiscales qu'il faut après les élections législatives. Parce que c'est l'impôt qui fait développer un pays. La dette que l'Etat contracte sur le marché international, c'est une forme d'impôt décalé. Parce que c'est l'impôt prélevé après qui paiera le service de la dette. Donc, il faut faire des réformes fiscales », a annoncé le chef du gouvernement. En ce sens, dit-il, il faut réduire le taux d'imposition pour permettre à tout le monde de pouvoir s'acquitter de ses obligations fiscales.
« Nous allons respecter tous nos engagements que nous avons pris devant le peuple sénégalais dans les 5 ans avec des échelons. À chaque étape, le peuple pourra mesurer ce qui a été fait », s'est-il engagé.