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24 avril 2025
Développement
APRES LE DÉNI DU RAPPORT DE L’IGE, MAINTENANT LES DÉCRETS CLANDESTINS
Le CRD saisit la justice pour faire annuler le Décret N°2020-976 du 21 avril 2020 accordant le statut de Président honoraire à un ancien Président du CESE - COMMUNIQUÉ DE PRESSE
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Congrès de la Renaissance Démocratique (CRD), daté du 25 mai 2020, revenant sur la polémique liée au décret qui accorde un statut de Président honoraire à un ancien patron du CESE.
« Recours en annulation pure et simple du Décret N°2020-976 du 21 avril 2020 accordant le statut de Président honoraire à un ancien Président du Conseil économique, social et environnement (CESE).
Le numéro spécial 7307 du Journal Officiel, en date du mercredi 29 avril 2020, publie, aux pages 899 et 900, le Décret n°2020-976 du 21 avril 2020 accordant le statut de Président honoraire à un ancien Président du Conseil économique, social et environnement (CESE).
En dépit des arguties du soldat en service commandé dans un journal en ligne, en date du 24 mai 2020, le Décret n°2020-976 contrevient, sur plusieurs points, à la législation sénégalaise. C’est la raison pour laquelle, le Congrès de la Renaissance Démocratique a décidé de saisir la Justice pour le faire annuler. Dans ce sens, un pôle d’avocats est déjà constitué et il va saisir la Justice dans les tous prochains jours.
Le CRD trouve scandaleux, dans le contexte de lutte contre la Covid-19 marqué par des pertes d’emplois et, subséquemment, de revenus pour des milliers de sénégalais, que le président de la République, non content d’avoir abandonné le peuple face au virus, puisse consacrer son temps avec une légèreté et une insouciance déconcertantes à jouer au ludo et à organiser la bamboula pour ses partisans, allant jusqu’à « honorer » des politiciens déjà bénéficiaires d’innombrables avantages de la part de l’Etat.
Cette autre forfaiture confirme que ce président est très loin des préoccupations des braves sénégalaises et sénégalais qui éprouvent, particulièrement de nombreuses difficultés, aujourd’hui aggravées, pour accéder aux services essentiels (structures de santé insuffisantes et pas suffisamment équipées, plus de 6 500 abris provisoires tenant lieux de classes et plus d’un million d’enfants hors du système scolaire, pénuries récurrentes d’eau dans plusieurs quartiers de la capitale, etc.).
Le CRD condamne, jusqu’à la dernière énergie, les propos infâmants et diffamatoires tenus par le fou du Roi à l’endroit du Premier ministre Abdoul Mbaye. Cet énergumène peut beau travestir la vérité, il ne peut effacer les motivations profondes à la base de ce décret que leurs auteurs ont cherché à cacher, dont la publication immédiate a été réclamée en même temps que le communiqué mensonger de la Présidence pour gêner la rédaction d’une autre rédaction « corrigée », et qui n’est toujours pas publié.
Sa version «corrigée» diffusée ce jour de Korité prouve, si besoin en était, la marque de fabrique des dirigeants actuels complètement déconnectés des réalités du pays : la manipulation permanente. Il est grave et préoccupant qu’un Décret soit pris pour accommoder des personnes en leur évitant de passer par une recommandation des instances du CESE pour obtenir le statut de Président d’honneur de l’institution qui déjà ne servait à rien tout. La rémunération de l’honorariat au CESE va également profiter, fort opportunément à M. Famara Ibrahima Sagna, un autre Président honoraire du CES auquel le « Dialogue national » est confié. Aminata Tall et Famara Ibrahima Sagna donc, les deux pour si généreuse et gracieuse sinécure à vie, pour quelle raison et pour quelle légitimité ?
Faut-il rappeler au président de la République que l’honorariat est une reconnaissance professionnelle par les pairs, mieux placés pour apprécier les qualités et l’apport d’un ancien collègue (ou d’un ex-dirigeant) qui vient de quitter une structure ou une profession.
En s’arrogeant le droit d’en distribuer comme il veut et à qui il veut, cela signifie simplement qu’il ne comprend aucunement les bases d’un management public sain, vertueux et efficace. En agissant ainsi, il ne fait que consolider la République des passe-droits qu’il a déjà consacrée. Ce qui est une honte pour le Sénégal qui ne mérite pas tous ces manquements, devenus quotidiens, aux lois, à l’éthique et à la morale. »
MOUSSA FAKI MAHAMAT MILITE POUR UNE ’’VÉRITABLE RENAISSANCE AFRICAINE’’
Le président de la Commission de l’Union africaine estime qu‘’une entreprise intellectuelle, morale et politique’’ est indispensable pour ’’une véritable renaissance’’ du continent 57 ans après la création de l’OUA devenue Union africaine en 2002.
Dakar, 25 mai (APS) – Le président de la Commission de l’Union africaine estime qu‘’une entreprise intellectuelle, morale et politique’’ est indispensable pour ’’une véritable renaissance’’ du continent 57 ans après la création de l’OUA devenue Union africaine en 2002.
Le 25 mai est consacrée Journée internationale de l’Afrique, pour commémorer le congrès fondateur de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), devenue l’Union africaine (UA).
Le congrès au cours duquel a été fondée l’OUA a eu lieu en 1963 à Addis-Abeba, en Ethiopie, sous le parrainage de Haïlé Sélassié, alors empereur de ce pays. L’OUA regroupait à l’époque 32 Etats africains indépendants.
‘’Il n’y a pas plus honorable célébration de la journée de l’Afrique que d’engager cette entreprise intellectuelle, morale et politique, indispensable pour une véritable renaissance de notre cher Continent’’, a dit le président de la Commission de l’Union africaine.
Pour Moussa Faki Mahamat, ‘’cette date, considérée comme la journée mondiale de l’Afrique, est, comme toutes les fêtes d’envergure, un moment de joie, de fierté mais aussi de recueillement et de méditation’’.
57 ans après l’acte fondateur, l’Afrique s’est affranchie de la présence coloniale et de l’apartheid, amorçant son unité politique et de grands progrès économiques, sociaux et culturels. ’’De tels progrès ne sauraient occulter les insuffisances et les retards parfois patents’’, note le Tchadien dans sa déclaration.
’’De nombreuses questions nous assaillent toujours, non sans angoisse. L’Afrique est-elle devenue ce continent de liberté, de paix, de prospérité et de réussite dont les pères fondateurs avaient rêvé ? Les Africains sont-ils plus unis, plus solidaires et plus épanouis ? L’Afrique a-t-elle conquis la place à la mesure de son immense potentiel et de ses ambitions légitimes, sur la scène internationale ?’’, s’interroge t-il.
Selon lui, ‘’le bilan d’un demi-siècle d’indépendance et de liberté du Continent laisse dubitatif’’.
Il relève qu’en dépit d’un potentiel économique considérable, d’un capital humain riche, jeune et dynamique, ‘’la majorité des Etats africains peinent à assurer le bien-être de leurs populations’’.
‘’Des secteurs vitaux tels que l’éducation, la santé et la sécurité dépendent en grande partie de l’aide extérieure’’, note t-il, ajoutant que ‘’le communautarisme et le tribalisme se sont davantage cristallisés à la faveur d’un multipartisme et des principes démocratiques parfois dévoyés’’.
Le président de la Commission peint un tableau marqué par ‘’des crises ouvertes, générées par le terrorisme et des conflits interethniques ou interconfessionnels aux crises post- électorales, l’Afrique offre toujours, ici ou là, des scènes de violences, de fragilités et d’incertitudes du lendemain’’.
Il s’est dit ‘’profondément meurtri par le spectacle qu’offre en ce moment l’un des membres fondateurs de l’OUA et principal initiateur et artisan de l’Union africaine, la Libye’’.
En dépit de ‘’ce décor mitigé’’, des lueurs d’espoir transparaissent tout de mêmes, selon Moussa Faki Mahamat, estimant que ‘’la volonté de vaincre la fatalité est grande et les moyens de briser le cercle de la dépendance et de la pauvreté sont significatifs’’.
Selon lui, ‘’des évolutions positives, des dynamiques nouvelles, des volontés farouches, des réussites spectaculaires ne cessent de s’affirmer et de baliser les chemins du futur’’. Il a notamment salué la construction des organisations régionales se construisent, l’avènement de la Zone de libre-échange continentale(ZLECA).
Parlant de la pandémie du Coronavirus, le président de la Commission note que l’Afrique, ‘’à la grande surprise de ceux qui l’on toujours peu considérée, s’est mobilisée aux premières heures du déclenchement de la pandémie’’.
Il invite cependant à ‘’redoubler d’efforts, de détermination et de persévérance dans l’application stricte des piliers de cette stratégie’’. Il estime qu’il ‘’nous faut aller au-delà de la conjoncture, en nous préparant aux conditions du monde post pandémie’’.
Moussa Faki Mahamat souligne que ‘’dans un monde où le multilatéralisme est soumis à rude épreuve, l’Afrique doit cesser d’attendre son salut des autres’’.
’’L’Afrique ne peut plus se complaire dans ce rôle d’éternel réservoir pour les uns, de dépotoir pour les autres’’, dit-il.
L’Afrique ‘’est instamment interpelée pour tracer sa propre voie’’, selon le président de la Commission, ajoutant que ‘’sa dépendance et son insécurité alimentaires sont inadmissibles et intolérables ; de même qu’il en est de l’état de ses infrastructures routières, portuaires, sanitaires et éducatives’’.
Il a souligné l’importance de décider en toute lucidité et courageusement, d’une approche innovante, plus introvertie qu’extravertie. ’’Vivons de ce que nous avons, par ce que nous avons ; vivons aux dimensions de ce que nous avons !’’, a-t-il indiqué.
Le diplomate tchadien estime qu’en s’engageant dans cette voie, les dirigeants du continent ‘’seront plus proches’’ de leurs citoyens, les Etats nationaux ‘’plus forts’’.
‘’Ce mouvement d’introversion et d’appui sur nos propres forces, je le vois comme un catalyseur d’une nouvelle renaissance de nos Etats nationaux. C’est dans l’épreuve que les Nations et les Etats se construisent vraiment’’, soutient le Tchadien.
Selon lui, ‘’la grande question que nous rappelle cette pandémie de Covid 19, avec une voix assommante, est cette impérieuse nécessité de rompre cette dépendance de l’extérieur par le double impératif de vivre de nos propres ressources et de nous orienter hardiment vers la voix de notre propre industrialisation’’.
Il rappelle que ‘’des ensembles moins nantis’’ que l’Afrique ‘’l’ont réussi dans des temps record’’.
Dans sa déclaration, le président de la Commission ‘’invite avec empressement les femmes, la jeunesse, les intellectuels, les académiciens, les universitaires les hommes politiques, les hommes d’affaires et les vaillants militants de la société civile à engager une réflexion féconde et active sur cette question centrale pour notre survie matérielle, notre indépendance, notre liberté et notre dignité’’.
‘’La seule façon de contenir Covid 19 et ses conséquences désastreuses, d’assurer notre suffisance alimentaire, de créer des millions d’emplois, de sauver les centaines de millions de nos citoyens aujourd’hui gravement exposés aux pandémies et aux aléas de toutes sortes, est celle d’un vrai sursaut solidaire pour une réelle résilience africaine forte et durable’’, écrit-il.
PAR Bakary Sambe
MACKY SALL VEUT S'ÉVITER UNE ISLAMISATION DES CONTESTATIONS À VENIR
Au Sénégal, la gestion du religieux est faite de fuites en avant en différant les questions « sensibles ». Le manque de courage politique et des calculs électoralistes sont à l’œuvre, alors qu’il s’agit d’un enjeu vital pour le pays
Le Monde Afrique |
Bakary Sambe |
Publication 25/05/2020
Faut-il y voir une simple contradiction ou l’illustration d’une tendance de fond ? Alors que l’Etat sénégalais, sous pression, a « autorisé » la réouverture des mosquées au public en pleine pandémie de coronavirus, pour l’Aïd el-Fitr, le président Macky Sall est resté prier dans sa résidence de Mermoz, en contradiction avec la « tradition républicaine ».
En réalité, le Sénégal vit pleinement le paradoxe des Etats laïcs devant gouverner le religieux sans autorité de régulation du culte acceptée de toutes les communautés. Le schéma d’une « exception sénégalaise » dans ce domaine a bien changé. L’analyse des discours depuis plus d’une décennie montre qu’il faudra désormais déplacer le curseur de l’islam politique au Sénégal.
Le salafisme wahhabite n’a pas le monopole de l’extrémisme et se montre, même parfois, plus empreint de « modernité » et d’ouverture sur beaucoup de questions comme l’illustre leur position plus conciliante sur la fermeture des mosquées, admise en tant que mesure d’hygiène. Même les autorités s’inscrivent dans la logique de collaboration avec ces mouvances « réformistes » pour leur contrôle ou comme contrepoids aux forces confrériques.
« Consensus mous »
L’autre particularité du Sénégal est que la gestion du religieux est faite de fuites en avant en différant les questions « sensibles ». Chaque régime laisse au suivant la patate chaude religieuse : délimitation du statut et des prérogatives des religieux, réforme de l’enseignement. Le manque de courage politique et des calculs électoralistes sont à l’œuvre, alors qu’il s’agit d’un enjeu vital pour l’avenir du Sénégal.
Ainsi, les mêmes problèmes structurels – liés au statut des écoles coraniques et à la mendicité des enfants ou au conflit entre parents d’élèves musulmans et écoles catholiques sur le port du voile – vont ressurgir à tout moment après des solutions conjoncturelles et politiciennes.
Dès le début de la pandémie, le politique a esquivé le débat en l’abandonnant à des théologiens peu au fait de l’évolution du débat global sur le religieux. Dans ses discours successifs, Macky Sall a joué sur les nuances d’une langue, le français, que la majorité de la population ne comprend pas, à la recherche de « consensus mous ». Une manière d’éviter une prise de position exposant l’autorité centrale.
Pour fermer les mosquées, le président de la République s’est réfugié derrière des décisions administratives. Pour les rouvrir, il s’est mis au-devant de la scène, engrangeant le bénéfice politique. Pour comprendre les dessous d’une telle politique il faut s’arrêter sur trois faits intéressants à analyser.
Cacophonie autour des mosquées
Primo : avec l’assouplissement des mesures préventives, Macky Sall veut s’éviter une islamisation des inévitables contestations à venir, surtout sur le plan socio-économique et politique. Il a dû sentir monter une tension dans laquelle il y avait une convergence de vue de divers acteurs et organisations de la société civile, activistes religieux et porteurs de revendications corporatistes.
Connu pour ne jamais faire face à deux fronts en même temps, Macky Sall, l’ingénieur, disséqua les problèmes : calmer, d’abord, le front religieux dénonçant la fermeture des mosquées et assouplir, ensuite, le couvre-feu pour soulager le monde économique.
Deusio : par un dialogue aux apparences inclusives, Macky Sall a réussi à scinder le champ islamique en se servant de sa multiplicité et de ses divisions. Il s’est occupé des khalifes des confréries, tandis que son ministre de l’intérieur a pris langue avec les autres acteurs, représentants des confréries, réformistes et mouvances salafistes. La cacophonie autour de la réouverture des mosquées a fait le reste du travail politique, offrant en spectacle une scène islamique sénégalaise jamais autant divisée.
En même temps, l’Etat implique des acteurs islamiques devenus collaborateurs agréés pour la sensibilisation sur les mesures hygiéniques. Un acteur très averti des dynamiques politico-religieuses confie : « Quand les forces religieuses sont divisées, c’est en général, la République qui gagne. »
Un éventuel « front islamique »
En plus de désamorcer un éventuel « front islamique » ou pouvant islamiser les contestations, cela a permis de le réduire à plusieurs groupuscules devenus rivaux. Les surenchères interconfrériques montent sur l’ouverture ou non des mosquées ou la tenue des prières dans une atmosphère inespérée de discorde politiquement « utile ». Dans son management des forces religieuses, l’Etat s’est toujours servi des acteurs islamiques « à la carte ».
Tertio : l’Etat a réussi à garder intacts les rapports traditionnels avec les confréries et leur leadership en vue de leur intercession future en cas de tensions, de troubles ou de conflits sociaux. Et nous revoilà en plein cœur de ce « contrat social sénégalais » qui a jusqu’ici fonctionné à merveille. Sauf qu’il faudra être prudent sur l’avenir. Les accointances répétitives avec le pouvoir politique ont dû peser sur la crédibilité du discours confrérique auprès de différentes franges de la population.
L’expérience des quinze dernières années a montré le caractère non déterminant du soutien politique des confréries lors des différentes échéances électorales. Abdoulaye Wade fut élu en 2000, alors qu’Abdou Diouf bénéficiait du soutien de la majorité des marabouts. Macky Sall est arrivé au pouvoir dans un contexte où Abdoulaye Wade a été soutenu comme jamais un homme politique par les confréries.
Le président Sall, en 2019, a été fortement réélu en perdant dans des villes symboliques sur le plan confrérique et religieux. De plus, il y a une diversification poussée de l’offre sur le marché religieux sénégalais où l’islam local est rudement mis à l’épreuve par la mondialisation du croire et une démocratisation émancipatrice de l’accès au savoir religieux. Les disciples citoyens ont, depuis, intégré, une « nouvelle conscience » confrérique, dissociant l’allégeance spirituelle de l’engagement politique.
Au-delà de la gestion conjoncturelle des crises, il va falloir, un jour, affronter la gouvernance du religieux au Sénégal comme ailleurs dans la région. D’importantes questions restent entières. Pour l’heure, l’approche et la vision utilitariste similaires à celles du Bureau des affaires musulmanes au temps de la colonisation dominent la pratique des régimes successifs. Différer éternellement les problèmes ne les résout pas et les fait encore moins disparaître.
Gouverner, en dehors de prévoir, c’est aussi prendre des risques politiques et assumer des responsabilités. Les « consensus mous » ne sont jamais durables, rien que par l’évolution des acteurs et de leurs intérêts. Ceux « supérieurs » doivent guider la conduite des affaires d’un pays, au-delà des logiques de conservation ou de consolidation du pouvoir. Le vrai réalisme est celui qui fait prendre conscience qu’acheter la paix mène souvent à la guerre.
Bakary Sambe est directeur du Timbuktu Institute et enseignant-chercheur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis du Sénégal.
BOUBACAR BORIS DIOP RAVIVE SES SOUVENIRS DES ATTENTATS DE CHARLIE HEBDO
L'écrivain raconte depuis quelques semaines, à travers "Comme un dîner d'adieu", fiction inédite sur SenePlus, ses vécus du 7 janvier 2015 quand l'horreur s'est abattue sur les journalistes de l'hebdomadaire satirique à Paris
Présent à Paris le 7 janvier 2015 au moment de l'attaque de Charlie hebdo, Boubabar Boris Diop a vécu ces événements à chaud. L'écrivain y revient depuis quelques semaines, en diffsant sur SenePlus et dans les colonnes du journal Le Témoin, une fiction jamais publiée auparavant. A travers son personnage principal, Dembo Diatta, le texte met en exergue les péripéties d'un immigré au coeur de Paris.
Pourquoi avoir décidé de publier cette nouvelle maintenant ? Quid du choix de deux médias locaux (SenePlus et Le Témoin) ? Quels enseignements a-t-il tiré de ces attentats meurtriers ? Son regard sur la crise du coronavirus...
Boubacar Boris Diop répond au micro de Radio Campus de Belgique.
EXCLUSIF SENEPLUS - En voulant rabaisser les enseignants devant leurs compatriotes de la santé et de l'armée, vous les hissez à jamais au panthéon de la gloire
«Après moi, le déluge !» Voici l'épilogue de votre éditorial du 20/05/2020 dans le journal Le Témoin.Pareille conclusion d'une production journalistique sur les enseignants laisse percevoir sans aucun doute les mea culpa d'un intello démasqué.
Mais avant d'envenir à la péroraison, parlons d'abord du titre de votre article : «Au travail, paresseux !» Aussi êtes-vous livrés à une laborieuse vitupération jalonnée d'invectives, d'insanités surtoute une corporation ! Vous les avez enrôlés dans le registre du « bataillon de la peur », les avez classés dans l'équipe des «vieilles dames » avant de les traiter de «contestataires» et «grévistes endiablé»....Quelle insolence !
Fort heureusement, votre stratégie de diabolisation des enseignants a mis à nu, au grand jour, les élucubrations comparatives d'un infortuné reporter sur des corporations. En voulant rabaisser les enseignants devant leurs compatriotes de la santé et de l'armée, vous les hissez à jamais au panthéon de la gloire : c'est eux, les enseignants, qui leur ont enseignés toutes les valeurs cardinales de vie et de profession ; vous l'ignorez, n'est-ce-pas?
Monsieur le Doyen, il semblerait que vous auriez publié cette sarcastique éditoriale dans le cadre de la célébration du trentenaire de votre journal Le Témoin. Alors pour vibrer au rythme de vos sensations émotionnelles et de vos sentiments personnels vous commettez le sacrilège. C'est indubitablement la haine et la jalousie de toute la Corporation enseignante, nourries depuis la création de votre quotidien, que vous proclamez lâchement sous le sceau de la liberté de la presse. C'est aussi la confirmation de l'échec cinglant d'amateur journaliste connu pour ses carrences et son incompétence à s'attaquer aux vraies questions de développement qui interpellent notre société. Mais plus grave encore et c'est ce qui est le plus décevant puisqu'onvous appelle «doyen», c'est votre ignorance du rôle et de la mission de l'Enseignant dans la notre société. De quelle école êtes-vous sortis Monsieur Ndiaye ?Avez-vous des enfants écoliers, étudiants ? Avez-vous une famille ? Sinon avez-vous grandi dans une famille ? Puisse le ciel vous aider à comprendre le fabuleux travail des enseignants pour faire de vous ce que vous êtes aujourd'hui et de votre progéniture des Humains sublimes.
Monsieur le Directeur, votre audace de ravaler les enseignants à une armée de peureux montre à suffisance la dénégation permanente de tant de sacrifices prônée par votre espèce dans la sphère des médias auSénégal.
C'est pourquoi, les jeunes qui ambitionnent faire carrière dans ce noble métier auront, obligatoirement, à se concevoir une autre vision, à inventer une démarche nouvelle et à se forger une personnalité originelle,aux antipodes de la vôtre, à l'image des grandes figures légendaires du journalisme. Oui Monsieur ; dans votre métier où vous régnez parmi les maîtres par le fait d'un système,il faut une révolution incarnée par de jeunes Sénégalais loyaux et audacieux, libérés du joug sensationnel, politique, corporatiste. Cette révolution-là, soyez en conscient, aura comme défi unique et majeur la considération du slogan du Chicago Daily News en1975 «No axes to grind, No friends to reward and No ennemies to punish» («Ne point prêcher pour son saint, pas d'amis à récompenser et pas d'ennemis à punir»). Cette volonté s'assumera aussi sur la base de la fameuse théorie de Charles Danaen1982: «When a dog bites a man, that is not news. But when a man bites a dog, that is news» ("Quand un chien mord un homme, ce n'est pas une information. Mais quand un homme mord un chien, c'est ça une information»).
Qu'avez-vous appris Monsieur, de l'histoire de la genèse et de l'évolution du journalisme ? Et qu'avez-vous retenue de la légende des héros internationaux de la presse ?Je vous rappelle qu'aux États-Unis d'Amérique, berceaux même du journalisme professionnel, Carl Bernstein et Bob Woodward, tous deux jeunes reporters du WashingtonPost, ont vaillamment travaillé à servir leur peuple. Leur reportage sur le scandale du Watergate a conduit inéluctablement à la démission du président Richard Nixon en1974. Même chez nous au Sénégal, dans une histoire récente, l'année dernière, la jeune reporter de la BBC, Mayeni Jones, a fait la prouesse de révéler un autre scandale sur les contrats pétroliers aux Sénégal sous le regard absolument coupable de votre «Témoin».
Monsieur Ndiaye, voilà des exemples de pratique journalistique dont a besoin notre peuple pour faire face aux grands défis politiques, sociales et économiques qui nous interpellent tous. Les enseignants pour leur part, ne failliront jamais à leur mission de former des citoyens capables de comprendre les enjeux conspirationnistes d'une certaines presse à l'endroit de tant de patriotes.
Modou Gueye est Professeur d'anglais au lycée de Keur Madiabe, Président de l'Association FAIR Education
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L’HÉRITAGE PANAFRICANISTE DE SÉKOU TOURÉ
Lorsque la Guinée prend son indépendance en votant « Non » au référendum proposé par le Général De Gaule en 1958, elle devient un exemple pour les mouvements de libérations africains
Lorsque la Guinée prend son indépendance en votant « Non » au référendum proposé par le Général De Gaule en 1958, elle devient un exemple pour les mouvements de libérations africains. Le premier régime, dirigé par le président Ahmed Sékou Touré, est une figure de proue du panafricanisme, portant le combat de la décolonisation puis de l’unité africaine jusqu’aux plus hautes instances internationales.
La version doublée en swahili du film d'Ousmane William Mbaye, en hommage au savant et homme politique sénégalais Cheikh Anta Diop dont les œuvres restent très peu connues dans la partie australe de l'Afrique
"L'homme universel" "," le géant du savoir "," le dernier Pharaon ", tels étaient les titres au lendemain de sa mort le 7 février 1986. Trente ans plus tard, KEMTIYU dresse un portrait de Cheikh Anta Diop, un savant pionnier au soif insatiable de science et de savoir ainsi qu'une figure politique éclairée, vénérée par certains, décriée par d'autres, mais inconnue de la plupart.
Ce film raconte l'histoire d'un homme qui a combattu toute sa vie pour la vérité et la justice afin de restaurer la conscience historique et la dignité de l'Afrique. Cette oeuvre d'Ousmane William Mbaye est lauréate de plusieurs récompenses dont entre autres :
Premier prix du meilleur documentaire Fespaco 17
Prix Européen de l'Union ACP Fespaco, documentaire du Festival Vision de Ouagadougou long métrage documentaire, Los Angeles 17
Silver Tanit Jcc Tunis 2017
Meilleur documentaire, FEMI Guadeloupe
Meilleur prix Charles Mensah, Escales Documentaires de Libreville, Gabon
Meilleur documentaire Festival international du film d'Alger
Grand Prix du Président de la République pour les Arts
LES ETATS-UNIS DEMANDENT UNE ENQUÊTE INDÉPENDANTE À LA BAD CONCERNANT L'AFFAIRE ADESINA
L'administration Trump a formulé des « réserves » sur le processus ayant conduit le comité d’éthique de la Banque africaine de développement à blanchir son patron, Akinwumi Adesina
Les États-Unis ont formulé des « réserves » sur le processus ayant conduit le comité d’éthique de la Banque africaine de développement à blanchir son patron, Akinwumi Adesina.
Les États-Unis ont officiellement réagi aux conclusions du rapport d’enquête du comité d’éthique de la Banque africaine de développement (BAD) chargé d’enquêter sur les accusations portées par un groupe de salariés à l’encontre de son président, Akinwumi Adesina.
Dans une lettre adressée le 22 mai à Kaba Nialé, la ministre ivoirienne du Plan et du développement et la présidente du bureau des gouverneurs de la BAD, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, fait état des « réserves » de l’administration de Donald Trump quant au processus qui a amené le comité d’éthique à blanchir Adesina. « Nous demandons instamment l’ouverture d’une enquête approfondie sur ces allégations en faisant appel aux services d’un enquêteur extérieur indépendant », écrit-il dans ce courrier consulté par Jeune Afrique.
En cette date anniversaire devenue la journée mondiale de l'Afrique, qu'est devenu cet idéal d'unité ? Quelles perspectives au moment où la jeunesse africaine, plus instruite et plus informée, manifeste un regain d'intérêt pour le continent ?
Le 25 mai 1963, une trentaine de chefs d'États et de gouvernements africains nouvellement indépendants se retrouvent à Addis Abeba pour rendre concret leur projet d'unité.
De constituer une force face aux grands ensembles qui se construisent. En cette date anniversaire devenue la journée mondiale de l'Afrique, qu'est devenu cet idéal d'unité ? Quelles perspectives au moment où la jeunesse africaine, plus instruite et plus informée, manifeste un regain d'intérêt pour le continent ?
Avec :
- Cheikh Tidiane Gadio, président de l'Institut panafricain de Stratégies (IPIS) et vice-président de l'Assemblée nationale du Sénégal
- Michelle Ndiaye Ntab, diplomate sénégalaise, représentante de l'Union africaine en RDC, ancienne directrice du Programme de la Paix et de la sécurité en Afrique à l'Institut d'études de la paix et de la sécurité (IPPS)
- Luc Gnacadja, architecte, ancien ministre de l'Environnement, de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement du territoire du Bénin
- Alain Claude Bilie-By-Nze, ministre des Affaires étrangères du Gabon.
FELWINE SARR ET GILLES YABI PENSENT L'APPRÈS COVID-19 EN AFRIQUE
« L’économie néolibérale sauvage ne nous convient pas. Nous sommes ceux qui profitent le moins de la globalisation alors que nous disposons de la matière première. Donc, comment rester dans un système dans lequel nous sommes toujours perdants ? »
Après l’analyse, dans le troisième épisode, consacrée aux faiblesses stratégiques de l’Afrique dans la compétition mondiale, notre série consacrée à l’analyse géopolitique de la place de l’Afrique dans le monde post-Covid donne, aujourd’hui, la parole à des intellectuels africains comme Felwine Sarr et Gilles Yabi pour repenser l’avenir.
Certains spécialistes avaient prédit le pire au continent. Paradoxalement, la crise de la Covid-19 pourrait bien être une chance pour l’Afrique de se libérer d’un schéma dans lequel elle est toujours perdante. C’est, du moins, l’avis de Felwine Sarr.
Premier constat : « L’économie néolibérale sauvage ne nous convient pas. C’est un jeu dans lequel nous perdons ; nous sommes ceux qui profitent le moins de la globalisation alors que nous disposons de la matière première. Donc, comment rester dans un système dans lequel nous sommes toujours perdants ? » Deuxième constat : Ce libéralisme écervelé « impacte, de manière négative, la planète et crée une crise écologique dont nous subissons tous les effets (l’Afrique émet à peine 4 % des gaz à effet de serre, mais subit le plus les effets du changement climatique et la perte de la biodiversité et a moins de moyens pour y faire face) ». Troisième constat : avec cette crise, tout le monde est en train de se replier sur soi, de relocaliser. Autant de raisons qui font dire à M. Sarr que cette crise constitue « une formidable opportunité » pour produire ce dont nous avons besoin, créer de la valeur ajoutée sur place, des industries neutres en carbone et écologiquement responsables. Bref, bâtir des économies centrées sur la satisfaction de nos besoins (ce qu’il appelle économicité).
S’émanciper des schémas du passé
« D’ailleurs, l’un des arguments de la faible mortalité sur le continent, c’est notre jeunesse qui était un danger pour les autres et qui se trouve être notre atout durant cette crise. Donc, nous avons tous les outils en main, à condition que nous expérimentions la souveraineté sur nos ressources, que nous les exploitions à notre profit, que nous nous émancipions d’un certain nombre de schémas qui ne nous conviennent pas et que nous mettions en place des schémas qui répondent à nos besoins. Si on avait besoin d’une démonstration flagrante de la nécessité d’entreprendre cette réforme profonde, elle est là », conclut l’auteur d’« Afrotopia ».
De là à dire que rien ne sera plus comme avant ? Rien n’est moins sûr ! Ce qui est sûr, insiste Felwine Sarr, c’est qu’une brèche s’est ouverte dans le temps. Sans faire de pronostic sur l’après-Covid-19, il croit qu’on vit un moment historique. « Ce que j’ai noté d’assez significatif, c’est le désir d’un monde nouveau. Cela change la donne, même si ce monde qui vient dépend grandement des rapports de force au sein de chaque société », avance-t-il. Autrement dit, il faudra se mettre au travail, injecter assez de forces sociales et de créativité pour contrer les forces d’inertie et induire un changement réel. Au Sénégal, une vingtaine d’économistes, dont fait partie Felwine Sarr, travaillent sur un modèle de restructuration économique après la crise. « Le monde qui vient, nous ne devons plus le rêver, l’espérer, mais être dans une écologie de l’action », soutient ce dernier. Pour Gilles Yabi aussi, il faut profiter, d’une certaine manière, de la crise pour faire des réorientations qui auraient été difficiles en temps normal, promouvoir la production et la consommation locales, renforcer l’intégration régionale et mutualiser les ressources dans le domaine de la recherche scientifique et particulièrement de l’innovation.
Mais apparemment, le travail n’est pas qu’économique et politique. Il y a aussi une géopolitique du sens à déployer. « Si vous avez des individus ou des sociétés dont les infrastructures psychiques ont été attaquées, minées, sur qui on a projeté la condescendance, le mépris pendant des siècles, il y a un travail de reconstruction des infrastructures psychiques et de la confiance en soi absolument important à faire », ajoute Felwine Sarr, convaincu que quand l’Afrique qui comptera quatre milliards d’habitants en 2100 (40 % de la population mondiale) reprendra confiance en elle-même, le monde changera !