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24 avril 2025
Développement
par Pouye Ibra
ET SI LE PANAFRICANISME ÉCONOMIQUE DEVENAIT UNE RÉALITÉ ?
La Zlec doit être dans une logique de complémentarité entre états parce que l’Afrique, terre de Lucie, est ô combien riche mais mal exploitée, laissant ses propres populations en rade et dans une extrême pauvreté
L’Afrique, une autre réalité. L’Afrique, un autre terrain tellement glissant qu’on s’y perdrait. L’Afrique, un autre univers tellement compliqué qu’on y laisserait son âme. Ce que ahane à tout va la presse occidentale, abonnée aux malheurs et affres du continent africain. Inutile de ressasser cette idée saugrenue parce que l’Afrique est en marche et renaît peu à peu de ses cendres enfouies dans la braise.
En effet, le panafricanisme économique est en train de renaître grâce à certains chefs d’Etat qui veulent poursuivre le rêve déjà entamé des pères de certains dirigeants comme Kwamé Krumah, Thomas Sankara etc. Un projet-phare lancé par le président Paul Kagamé. Le sphinx africain. Un modèle de dirigeant même s’il est d’obédience libérale et gérant ce petit Rwanda avec une main de fer. Est-ce utile ce mode de gouvernance ? Une question faisant référence à une pléthore de réponses on ne peut plus claires. Au début de ce projet, le Nigeria, une des locomotives de l’économie africaine opposa un niet, faisant fi de cette unité africaine tant chantée par les pères fondateurs du panafricanisme. En fait, la Zlec permet aux économies africaines locales de tendre vers le développement et l’émergence mais dans un but purement inclusif et africain. La Zlec, du Caire au Cap en passant par Dakar à la corne de l’Afrique, permet aux pays africains de s’émanciper sur le plan économique. Ce rêve tant caressé est en train de devenir une réalité. L’Afrique s’unit enfin pour être une force pouvant porter très haut sa voix dans le concert des nations. La Zlec permet un libre-échange entre états en termes de personnes, de services, de marchandises et de transfert de capitaux. Mais ne serait-ce que cela? Serions-nous libres et autonomes à ce point ? Vu l’histoire nous liant à l’Europe. Car cette dernière nous avilit et continue de pomper nos richesses avec la complicité de certains chefs d'Etat du continent.
En effet, la Zlec est née pour être un grand marché africain. Sur le papier, le projet fait pâlir de jalousie certains. Ce dernier devient un rêve à portée de main. Et elle est aussi une autre forme d’expansion économique entre états africains. Elle deviendra la plus grande zone de libre-échange au monde. En fait, avec la Zlec, certaines contraintes tarifaires voire douanières seront levées. Une certaine émergence doublée d’une autonomie économique par le biais du libre-échange. Mais il est évident que ce projet mettra des décennies à se mettre en place mais l’idée est ô combien ambitieuse et audacieuse! Effectivement, il faut à l’Afrique de la folie dans ses idées pour pouvoir avancer cahin-caha sur le chemin du développement. Les difficultés s’amoncellent déjà et ne sont pas que d’ordre économique. Les obstacles sont aussi très politiques.
Regardons tout près de nous ; le Maroc et l’Algérie, le Rwanda et le Congo-Kinshasa empêtrés dans des conflits larvés sur fond de divisions. Les guerres sur fond de critères ethniques; au Mali, en Centrafrique et tutti quanti. La plupart des économies locales africaines sont trop tournées vers l’exportation, vers ce marché ô combien complexe ! Et laissant le marché intérieur africain exsangue. Peu d’entente entre états et une situation alarmante. En effet, la Zlec doit être dans une logique de complémentarité entre états parce que l’Afrique, terre de Lucie, est ô combien riche mais mal exploitée, laissant ses propres populations en rade et dans une extrême pauvreté. Produire différemment est le credo que s’est fixée la Zlec et échanger autrement aussi est le maître-mot de ce méga projet. Il faut industrialiser de plus en plus les matières premières. Les commercialiser pour les mettre sur les marchés de la concurrence. Mais cette Afrique-là devra se réinventer et se transformer si elle veut atteindre cette émergence tant criée et festinée sur tous les toits du monde. Un des problèmes majeurs de la Zlec est l’enclavement d’une dizaine de pays sur les 54 que compte le continent. Ce qui rend à priori le libre-échange continental difficilement applicable. En tous les cas, l’Afrique si elle veut réussir, devra imposer la notion de solidarité entre ses états. Et l’enjeu de ce projet est une question de survie. Le Nigeria, l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Kenya ou le Ghana devront aider les autres qui sont dans le besoin. C’est cela la solidarité. Redistribuer les richesses aux plus pauvres. Gageons que la Zlec sera dans cette logique du partage des connaissances et des richesses sinon elle ne sera que pertes et profits.
Cependant, le bât blesse chez certains leaders du continent craignant une concurrence déloyale des pays asiatiques, notamment la Chine et l’Inde qui inondent le marché africain de produits manufacturés et à très bas coût. Mais pour parer à cette éventualité, le marché africain doit être sérieux et pouvoir se doter d’une arme redoutable, penser autrement tout en s’appropriant des réalités du terrain.
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LONDRES RENFORCE SES INVESTISSEMENTS EN AFRIQUE
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Ibrahima Cheikh Diong, spécialiste des investissements avec le continent, revient sur les différents accords passés entre Londres et les pays africains, en marge du sommet Grande-Bretagne-Afrique. Entre autres secteurs concernés : l'énergie et l'agrobusiness.
par Kako Nubukpo
ECO ET FCFA, QUATRE MARIAGES ET UN ENTERREMENT
Pourquoi le Nigeria accepterait-il d’être le prêteur en dernier ressort de la Cedeao, rôle qu’il n’a pas voulu jouer lors de la mise en place de la seconde zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) en 2002 ?
Jeune Afrique |
Kako Nubukpo |
Publication 21/01/2020
« Quand quelqu’un fait semblant de mourir, il faut faire semblant de l’enterrer », estime l’économiste Kako Nubukpo, qui envisage quatre scénarios consécutifs au remplacement du franc CFA par l’eco.
La libération de la parole monétaire en Afrique Zone Franc, consécutive à l’annonce le 21 décembre 2019 à Abidjan (Côte d’Ivoire) de la fin prochaine du franc CFA et son remplacement par l’eco, donne lieu à tous les excès possibles et imaginables, surtout de la part des « combattants de la 25e heure », qui découvrent aujourd’hui que le franc CFA n’est pas une monnaie compatible avec l’émergence de l’Afrique francophone.
Mais s’il est important de continuer à mettre la pression sur le franc CFA, il est également indispensable de proposer les contours envisageables de la transition vers la monnaie de remplacement, l’eco, dont la (re)naissance fut annoncée le 29 juin 2019 à Abuja (Nigeria) par le Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). À cet égard, quatre options – parmi d’autres – paraissent tenir la route pour marier les 15 États membres conviés au banquet de l’eco [1] :
L’eco, simple avatar du franc CFA
Ce schéma, qui semble avoir inspiré les déclarations d’Abidjan du 21 décembre 2019, est fondé sur le respect des critères nominaux de convergence et une attraction forte pour un régime de change fixe avec l’euro. Il parie sur l’élargissement progressif de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) aux économies de la Cedeao ayant le même profil d’exportatrices de matières premières agricoles que celles de ses membres.
Dans cette option, la centralisation des réserves de change est fondamentale, et c’est le principal acquis de l’histoire du franc CFA. Elle suppose une grande solidarité politique entre États membres et il ne faudra pas l’oublier en cas d’élargissement de la zone monétaire. De même, la question de la garantie extérieure, telle que la France l’exerce dans le contexte institutionnel du franc CFA, a une forte dimension politique : elle fonde la stabilité du système en théorie et en pratique.
Si l’on garde le principe de la centralisation des réserves, mais en recentrant leur gestion dans un autre cadre institutionnel, la souveraineté monétaire passe de la France à l’Uemoa puis à la Cedeao. Se pose également la question de la parité : elle a fait l’objet il y a quelques années d’importants travaux pour proposer un système de changes flexibles, ou mieux, ajustables, car fondé sur un index calculé à partir d’un panier de monnaies. L’annonce faite à Abidjan du maintien d’un change fixe avec l’euro à titre transitoire est le véritable point d’achoppement entre les tenants d’une monnaie flexible (Cedeao) et ceux d’un eco-CFA (Côte d’Ivoire et Sénégal).
Un eco fondé sur la convergence réelle, celle du PIB/tête
Dans ce cas de figure, les économies de la Cedeao auraient l’obligation de converger vers le trio de tête que constituent le Cap-Vert, le Nigeria et le Ghana. L’eco aurait un régime de change flexible encadré par un ciblage de l’inflation. La dynamique de convergence serait alors toute autre et les États de l’Uemoa perdraient leur statut de bons élèves de la convergence, et donc de tracteurs du processus de mise en œuvre de l’eco.
Mais le Nigeria, véritable poids lourd de la Cedeao (70 % du PIB et 52 % de la population) est-il prêt à assumer un rôle de locomotive de la zone eco ? Pourquoi accepterait-il d’être le prêteur en dernier ressort de la Cedeao, rôle qu’il n’a pas voulu jouer lors de la mise en place de la seconde zone monétaire de l’Afrique de l’Ouest (ZMAO) en 2002, et surtout d’abandonner sa monnaie, le naira, dans un contexte actuel marqué par l’utilisation de la planche à billets pour résoudre les tensions internes à la fédération nigériane ?
L’eco-naira
On reviendrait ici à la philosophie initiale de la ZMAO. En effet, le 20 avril 2000 à Accra (Ghana), six pays ouest-africains (Gambie, Ghana, Guinée, Liberia, Nigeria, Sierra Leone) ont annoncé leur intention de créer une seconde zone monétaire en Afrique de l’Ouest avec comme monnaie l’eco, à côté du franc CFA de l’Uemoa. Le projet prévoyait une fusion ultérieure de ces deux zones, afin de faire coïncider les frontières de l’Union monétaire avec celles de la Cedeao. En avril 2002, la Zone monétaire ouest-africaine (ZMOA) fut instaurée, et chaque pays s’engagea à maintenir son taux de change à l’intérieur d’une bande de fluctuations de 15 % par rapport au dollar.
Depuis lors, l’inertie fut palpable, s’agissant de la mise en place de la monnaie unique, avant le Sommet de la Cedeao du 29 juin 2019 à Abuja annonçant la création en 2020 de l’eco et le communiqué du Conseil des ministres de la ZMAO du 16 janvier dernier, accusant les États de l’UEMOA de violer l’esprit de la monnaie eco suite à la déclaration d’Abidjan. Tout ceci pourrait déboucher sur la création d’un « eco-naira », sous la houlette d’un Nigeria piqué au vif par l’initiative francophone d’un « eco-CFA » en passe de se réaliser.
L’eco, monnaie commune et non unique
Il s’agirait d’un accord plus « léger » que celui d’une monnaie unique. Cette idée, premier pas d’un processus d’intégration entre pays, a été proposée dès 1960, par l’économiste sénégalais Daniel Cabou, qui deviendra plus tard le premier secrétaire général de la BCEAO. La proposition, reprise neuf ans plus tard par l’économiste égyptien Samir Amin dans un rapport au président nigérien Amany Diori, fut finalement délaissée.
Elle pourrait resurgir aujourd’hui, si les pays qui ne sont pas encore en mesure d’adhérer à la monnaie unique se lient à celle-ci par des accords de taux de change. Les mécanismes de résorption symétrique des déséquilibres de balance commerciale pourraient aider à une remise en circulation des surplus à l’intérieur de la zone Cedeao, en incitant à des processus de spécialisation entre économies qui sont la base d’une augmentation du commerce intra-zone. Laquelle est à son tour l’un des objectifs économiques et politiques majeurs du processus d’intégration.
Au final, plusieurs options sont sur la table des décideurs ouest-africains. Le processus de création de l’eco apparaît comme un véritable test de crédibilité de la vision et de la gouvernance ouest-africaines. Pour la France, ce processus serait plutôt un test de sincérité de sa volonté d’enterrer effectivement le franc CFA.
Un proverbe togolais dit: « quand quelqu’un fait semblant de mourir, il faut faire semblant de l’enterrer ». Organisons les funérailles du franc CFA et, au moment de son enterrement, c’est-à-dire lors de la création effective l’eco, on actera le décès de l’ex franc des colonies françaises d’Afrique. Si tel n’est pas le cas, il bougera et la lutte reprendra !
[1] Massimo Amato – Kako Nubukpo, Una nuova moneta per gli Stati dell’Africa dell’Ovest. Le condizioni teoriche e politiche della sua fattibilità, à paraître en mars 2020 dans Moneta e Credito, numéro spécial (Modelli di sviluppo e aree monetarie: percorsi alternativi e vincoli strutturali).
MOUSTAPHA DIAKHATÉ, UNE ARAIGNÉE QUI TISSE SA TOILE POLITIQUE
Le responsable apériste semble jouer le même scénario que sous Wade. De proche et homme de confiance du chef de l’Etat, il est devenu l’homme à abattre du régime. Loin d’abdiquer, il déploie ses tentacules en usant de stratagèmes
Telle une araignée, Moustapha Diakhaté sait évoluer dans l’environnement politique et adapter ses stratégies de lutte pour survivre dans ce monde implacable où les plus forts domptent les plus faibles. Le responsable apériste semble revivre le même scénario sous Abdoulaye Wade. De proche et homme de confiance du chef de l’Etat, il devient l’homme à abattre du régime. Loin d’abdiquer, il déploie ses tentacules en usant de stratagèmes.
Avec sa barbichette blanche et son débit verbal rapide, Moustapha Diakhaté ne mâche pas ses mots. L’ancien président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (BBY) est connu pour sa liberté de ton. Souvent incompris, il est perçu comme un rebelle partout où il passe. Contre le suivisme et souvent enclin à se détourner des lignes tracées par les états-majors politiques, monsieur Diakhaté est considéré par ses détracteurs comme un militant indiscipliné.
Sous Abdoulaye Wade, il devient rapidement une sorte d’opposant de l’intérieur qui fustige le manque de démocratie interne au sein du Parti et l’unanimisme béat autour du chef, mais aussi la place considérable prise par Karim Wade dans les affaires publiques. Il quitte finalement le PDS pour rejoindre Macky Sall après sa démission du parti libéral. Ils fondent ensemble l’Alliance pour la République (APR). Onze ans après, ses relations avec son camarade de galère commencent à se détériorer. Celui qui fut l’homme fort de la 12ème législature a été zappé lors des élections législatives de 2017, ne figurant sur aucune liste de candidature pour la députation. Mais l’ancien élu de la majorité présidentielle ne perçoit pas ceci comme une déchéance. Il dit avoir renoncé à un deuxième mandat, arguant qu’il voulait se reposer.
Comme consolation, il a été bombardé ministre chef de cabinet du président Sall pour l’épauler et l’aider. Après la réélection du chef de l’Etat Macky Sall, il a été porté ministre conseiller. Le 28 octobre 2019, le président de la République met fin aux fonctions de son ministre-conseiller. Il a été ainsi sanctionné pour ses multiples sorties au vitriol qui ne finissaient pas d’agacer le régime de Macky Sall. Ce limogeage était d’ailleurs intervenu après sa déclaration sur l’épineuse question d’un éventuel 3e mandat du président Sall. Il avait condamné « la manière dont Macky Sall veut mettre un terme à cette polémique en limogeant toute personne qui en parle ». Non sans affirmer qu’il était à son dernier mandat. Malgré les mises en garde et menaces de suspension du parti, Moustapha Diakhaté est imperturbable. Il a maintenu ses positions sur la question lors de son passage dimanche dernier dans l’émission Jury du dimanche (JDD), sur iRadio.
Moustapha Diakhaté disait en 2012 qu’il ne se fixait aucune autre ambition politique, à part servir le Sénégal et qu’il se suffisait largement de son poste de député et président du groupe « Benno Bokk Yaakaar ». Aujourd’hui, avec la création de «Mankoo Taxawu sunu APR : Initiative pour la refondation de l’Alliance » ; les choses semblent changer. On se demande ce qui se cache derrière cette initiative. Tout compte fait, il faut souligner que durant son passage à l’Assemblée nationale, Moustapha Diakhaté était favorable à l’établissement d’un code de déontologie dans son groupe parlementaire et à l’Assemblée nationale, voulant ainsi lutter contre les conflits d’intérêts qui pourraient exister. «Il y a des gens qui, même quand vous les entendez parler en plénière, défendent des intérêts particuliers», disait-il en 2012.
L’homme était également en croisade contre les gaspillages entrevus lors de certaines cérémonies culturelles et voulait même proposer à ses camarades députés la mise sur pied d’une loi interdisant aux ministres, députés et autres personnalités de l’Etat de parrainer des manifestations où l’argent coule à flots. Mais le contexte ne lui a permis de changer grand-chose ni dans l’organisation, ni dans le fonctionnement de l’hémicycle.
MOUSTAPHA DIAKHATE FUT UN GRAND ACTEUR DE THEATRE
Moustapha Diakhaté est né le 23 janvier 1967 à Diourbel. Après ses études coraniques, il fait ses premiers pas à l’école élémentaire de Taïf en 1973 où il obtient son CFEE en 1978 et passe avec succès le concours d’entrée en sixième. Il décroche son BFEM en 1982 et fréquente le lycée Blaise Diagne. En 1987, il réussit son baccalauréat et s’inscrit au département histoire-géographie.
Pur produit de l’Université Cheikh Anta Diop, il y passe six années de sa vie dont une année blanche et une année invalide. Il y sort finalement titulaire d’un Duel I, d’un Duel II et d’un certificat de spécialisation en biogéographie. Il faut dire aussi que durant sa jeunesse, il fut également un excellent acteur de théâtre. Une réminiscence sans doute de ses années d’initiation au Coran dans la ville sainte de Touba, sous la férule de l’Imam de Darou Khoudoss.
C’est d’ailleurs là-bas, quelques années plus tard, sous la protection de son parrain Gaindé Fatma, qu’il commence à s’intéresser à la politique et à cultiver une certaine opposition à Senghor. Mais son engagement politique commence avec le RND (Rassemblement national démocratique).Il a été charmé par les idéaux de l’égyptologue Cheikh Anta Diop et était disposé à les faire triompher. Mais son rôle dans ce Parti se limitait à la vente des journaux. Il faut dire aussi que ce parti auquel il avait adhéré, en grande partie en raison de l’admiration qu’il vouait à Cheikh Anta Diop, ne correspondait plus tout à fait à son état d’esprit. Lui le contestataire et le bouillant ne se retrouvait pas dans la tiédeur des Madiodo Fall et Madior Diouf.
EN 2001, MOUSTAPHA DIAKHATE EST LICENCIE DE LA BCEAO
Après le théoricien de l’Egypte nègre, place donc au Pape du Sopi en 1987.Au sein de la formation libérale, il fait d’abord ses gammes au Mouvement des étudiants libéraux (Mel) et mène une vie d’étudiant très remplie : membre de l’amicale de la Fac de Lettres, responsable des affaires culturelles et de l’animation, représentant des étudiants à l’Assemblée de l’Université et membre de la commission sociale. Il sort de l’Ucad avec une bonne expérience syndicale aux côtés de figures aujourd’hui connues telles que Thierno Bocoum ou Demba Ciré Bathily… Après l’Université, l’ex-président du groupe parlementaire Benno BokkYaakar se dirige vers une carrière à des années-lumière de la Géographie. Il intègre, en effet, la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest. Là également, sa fibre contestataire fait feu de mille bois au sein du Syndicat des travailleurs de banques et établissements financiers (SYTBEF).Il est même élu président de la section et délégué du personnel.
Toutefois, ses activités syndicales ne sont pas trop au goût de sa hiérarchie. Et en 2001, il est licencié de la BCEAO. Ces années-là coïncidant avec l’Alternance, Moustapha Diakhaté décide de se consacrer exclusivement à la politique. Mais il n’occupera jamais de fonction ministérielle, alors qu’il fut pendant des années un militant loyal de la cause libérale. Marié et père de 4 enfants, Moustapha Diakhaté retient le 23 juin 2011, comme jour le plus heureux de sa vie. En revanche, la mort de sa mère constitue l’évènement le plus triste de sa vie.
LA NOUVELLE TROUVAILLE DE MOUSTAPHA DIAKHATE
Il a décidé de mettre en place, une initiative pour la refondation de l’APR. Mouvement ou courant politique au sein du parti présidentiel ? Quoi qu’il en soit, l’ancien chef de cabinet du président est en train de se construire un nouveau destin politique
Moustapha Diakhaté a décidé de porter sur les fonts baptismaux une entité dénommée «Mankoo Taxawu Sunu Apr : initiative pour la refondation de l’Alliance». Mouvement ou courant politique au sein du parti présidentiel ? quoi qu’il en soit, l’ancien chef de cabinet du président Macky Sall est en train de se construire un nouveau destin politique
Instinct de survie ! Le responsable apériste crée «Mankoo Taxawu Sunu APR: Initiative pour la refondation de l’Alliance». Sachant que l’étau est en train de se resserrer autour de lui, Moustapha Diakhaté se rebiffe et nous sort cette trouvaille. Une personne avertie en vaut deux. Et l’ancien chef de cabinet du Président Macky Sall semble se prépare à toute éventualité. Surtout que Mahmouth Saleh, lors du dernier Secrétariat exécutif national (Sen), avait demandé sa suspension de l’APR.
Pour ce faire, le Directeur de cabinet politique du chef de l’Etat avait demandé la réactivation de la commission de discipline du parti. Autre élément qui laisse entrevoir que Moustapha Diakhaté n’est pas dans une bonne posture, le chef de l’Etat avait indiqué, toujours lors de cette rencontre de l’état-major de son parti, qu’il considérait Moustapha Diakhaté comme quelqu’un qui s’est déjà auto exclu du parti.
En créant cette initiative, l’ancien président du groupe parlementaire BBY montre qu’il est et demeure membre de l’APR. Mieux, il semble se constituer un cercle qui servira de réceptacle pour tous les frustrés apéristes et en même temps un champ d’actions parallèlement aux instances régulières de l’APR.
D’ailleurs, Moustapha Diakhaté n’avait pas raté le parti présidentiel auquel il appartient lors de son passage à l’émission JDD en le comparant à un «fan club ». Il attirait ainsi l’attention sur la nécessité d’organiser la formation «marron-beige » et de la structurer dans les 557 communes du Sénégal. Ceci, affirme-t-il, va permettre d’avoir un appareil solide qui va travailler, réfléchir pour préparer une belle offre politique en 2024, adossé sur le PSE. Il prenait ainsi pour responsable de cette situation le Président du parti qui devrait assurer le bon fonctionnement de la formation. Il proposait aussi que la Présidence de l’APR soit réactivée avec deux vice-présidents dont une femme et deux coordonnateurs qui vont assister le Président dans le processus de refondation et de reconstruction de l’APR.
Certainement convaincu qu’il ne sera pas suivi dans cette direction et ne se sentant plus dans l’organisation et le fonctionnement de la formation «marron-beige», il a créé cette initiative pour changer la dynamique et impulser un nouveau souffle au parti qu’il a contribué à créer. Mais la réalité est aujourd’hui telle qu’il lui sera très difficile d’évoluer au sein de l’APR en mettant sur pied un courant. L’histoire politique du Sénégal montre également que tous les initiateurs de fronde ou de courant dans un parti sont en définitive exclus de leur formation. Il est difficilement envisageable que l’initiative de Moustapha Diakhaté aboutisse sans l’onction de Macky Sall.
« IL N’EXISTE PAS DE TENSION BUDGÉTAIRE AU SÉNÉGAL"
L’assurance est faite par le ministre des Finances et du Budget, Abdoualye Daouda Diallo
Il n’existe pas de tension budgétaire au Sénégal. Les caisses de l’Etat sont assez fournies pour faire face aux dépenses. L’assurance est faite par le ministre des Finances et du Budget, Abdoualye Daouda Diallo. « Ce que l’on appelle tension budgétaire, en réalité, n’existe pas au Sénégal. Parce que, tout simplement, nous avons des marges budgétaires pour cela », a-t-il déclaré, ce mardi, 21 janvier, 2020. En tenant ces propos, le ministre de Finances renvoie à leur copie ceux qui prédisaient une tension budgétaire qui se traduirait par les dettes impayées de l’Etat aux entreprises.
Selon le ministre, ces dettes sont en train d’être régularisées. « Ce qui se passe, c’est que parfois, nous faisons face à des obligations impayées, c’est-à-dire, des dépenses qui ont été exécutées comme c’était le cas en 2017 et 2018. Mais, ce sont des sommes importantes que nous sommes en train de résorber au fur et à mesure », a-t-il expliqué. Poursuivant, l’Argentier de l’Etat estime la signature du Sénégal lui permet de faire face à toute sorte de tension budgétaire parce qu’ayant bénéficié de la confiance des investisseurs. « Nous avons une trésorerie suffisamment abondante d’autant que le Sénégal fait partie des pays où l’appétit des investisseurs est particulièrement remarqué. Cela veut dire qu’à chaque fois que nous avons besoin de trésorerie, si nous allons sur le marché intérieure (espace Uemoa) ou à l’étranger, nous avons des offres qui peuvent aller, parfois, jusqu’à 400% de nos besoins de trésorerie. Cela veut dire que l’on ne peut pas avoir de tension de trésorerie au Sénégal », a-t-il conclu.
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
STRATÉGIE COMMUNICATIONNELLE OU LÂCHETÉ POLITIQUE ?
Rien ne justifie qu’Idrissa Seck déserte le champ politique pour se vautrer dans un mutisme qui laisse la porte ouverte à toutes les supputations - Un leader politique ne doit pas s’éloigner de son peuple sous le prétexte d’une stratégie de communication
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 21/01/2020
Depuis la fin de l’élection présidentielle de février 2019, Idrissa Seck, candidat malheureux classé deuxième après Macky Sall, semble avoir perdu la voix. Depuis que la commission nationale de recensement des votes a proclamé les résultats, confirmée en cela par le Conseil constitutionnel, le leader de Rewmi a disparu du champ politique et médiatique. Un silence propice à toutes les spéculations…
Un silence-mystère
Son silence est devenu mystère. Dans la situation actuelle où le pouvoir a des difficultés pour faire face à une contestation sociale et politique larvée, « Idy » est curieusement aux abonnés absents. Quand le président de la République a supprimé le poste de Premier ministre, lequel est un maillon important dans la chaine d’un régime d’inspiration présidentielle, Idrissa Seck n’a pipé mot.
Le président Macky sall augmente le prix de l’électricité, le leader de Rewmi ne semble nullement être concerné par cette mesure qui pourtant touche tous les sénégalais. Des leaders sont montés au créneau pour flétrir cette mesure antipopulaire, des plateformes de refus comme Aar Li nu Bokk et Nio lank Nio bagn ont été portées sur les fonts baptismaux pour réclamer la transparence dans la gestion de nos ressources naturelles ou s’opposer à cette hausse, « Idy » continue de faire le mort. En juin 2019, quand le reportage de la BBC révélant que BP a accepté de payer près de dix milliards de dollars à Frank Timis en termes de royalties, avait fait les choux gras de la presse pendant plusieurs semaines, le leader de Rewmi n’avait pas daigné un seul instant donner son opinion sur cette affaire scandaleuse.
Sur l’opportunité du dialogue national qui vient de s’ouvrir, il ne s’est pas non plus prononcé même s’il a envoyé ses plénipotentiaires siéger à la commission du dialogue politique. Ce mutisme effarant et assourdissant du leader de Rewmi sur des sujets primordiaux d’intérêt national a fini par indisposer beaucoup de sénégalais qui voient en l’attitude d’Idrissa Seck une indifférence méprisante vis-à-vis de ses compatriotes et, plus particulièrement, de ses partisans. Certains vont jusqu’à déclarer que le leader de la coalition « Idy 2019 » est tellement remonté contre les sénégalais qui ont opté pour le programme Ligeyal Eleuk de Macky Sall le 24 février dernier qu’il a décidé de les laisser vivre les conséquences de leur choix électoral.
Toutefois, du côté de Rewmi, l’on bat en brèche une telle thèse. Ainsi, lors du séminaire de la jeunesse de la coalition «Idy 2019» tenu le 26 octobre dernier, le député Déthié Fall avait expliqué qu’« il y a des moments propices de communication et Idrissa Seck est un homme qui a occupé plusieurs stations politiques, ayant fait plus de 30 ans d’opposition, et connaissant les temps, événements et moments de communication. Par conséquent, il est quelqu’un d’achevé ». Le n°2 du Rewmi avait ajouté qu’« il n’est pas nécessaire de s’afficher tout le temps dans l’espace politique, car il faut juste savoir les moments importants ».
Selon Déthié Fall, Idrissa Seck est donc « présent et manifeste son expression par des méthodes qui lui sont propres ». Et lors du symposium des cadres de Rewmi du 17 janvier dernier, c’est-à-dire durant le mois en cours, le vice-président dudit parti a réitéré que « le président Idrissa Seck présentement au Sénégal reste très préoccupé par les difficultés de nos compatriotes parce qu’il disait, le 3 février 2019, que les prix allaient augmenter et cela est une réalité aujourd’hui ».
Seulement voilà, malgré les tentatives de ses lieutenants de le défendre, il est évident qu’une telle explication itérative — celle de Déthié Fall — ne résiste à la réalité des faits têtus. Rien ne justifie qu’Idrissa Seck déserte le champ politique pour se vautrer dans un mutisme qui laisse la porte ouverte à toutes sortes de supputations. Récemment, le journaliste Cheikh Yérim Seck a parlé de contacts entre Macky Sall et Idrissa Seck. Ce qui induit des soupçons de « deal » et de manœuvres souterraines entre ces deux leaders. Et ce qui a favorisé une telle « information » vraie ou fausse — elle a été démentie par les rewmistes mais de façon timorée —, c’est la désertion inexplicable par « Idy » de l’espace public.
La dimension politique d’Idrissa Seck ne lui permet pas de rester silencieux pendant que Rome brûle. Une telle attitude est synonyme d’une indifférence voire d’un mépris vindicatif vis-à-vis d’un peuple qui ne lui a pas accordé majoritairement ses suffrages. Il est vrai qu’Idrissa Seck est un habitué des longs silences. En 2015, il avait adopté la même attitude au point que l’infatigable Déthié Fall était déjà obligé de faire des sorties pour tenter de justifier le silence dans lequel s’était engoncé son mentor. Il est vrai que, comme il l’a soutenu récemment encore, il est des moments où se taire est plus stratégique qu’ouvrir la bouche. Mais devant les difficultés auxquelles sont confrontés nos compatriotes actuellement, tout silence peut être analysé comme de la lâcheté voire une abdication. Et cette option de non-communication devient, in fine, contreproductive pour Idrissa Seck car ses partisans et sympathisants eux-mêmes n’arrivent pas à comprendre qu’il observe l’omerta dans la situation actuelle.
« En taisant le crime, on en devient complice »
Quand la crise frappe de plein fouet les populations par la faute d’une mauvaise gouvernance, quand les libertés publiques sont systématiquement brimées au nom de fallacieux prétextes de troubles à l’ordre public, le silence devient de la lâcheté. Et comme dit Voltaire, « en taisant le crime, on en devient complice ». Quand des sénégalais s’organisent pour élaborer collectivement des plateformes répondant de lutte, nul, à plus forte raison un leader politique de la trempe d’un Idrissa Seck, ne doit se soustraire à ce devoir citoyen. Un leader politique ne doit pas s’éloigner de son peuple sous le prétexte d’une quelconque stratégie de communication. Il ne doit pas non plus manquer de se prononcer sur les maux et difficultés qui assaillent son peuple. Ce dont le peuple a besoin aujourd’hui, c’est d’un leader qui soit capable de prendre en compte ses préoccupations majeures. Certes, on ne demande pas au leader de Rewmi de blablater sur tous les sujets au risque de répéter l’erreur fatale de « Bakka et Makka », mais il ne doit pas non plus observer un mutisme sur les questions qui interpellent et mobilisent tout le peuple. La hausse du prix de l’électricité, le discours du président du 31 décembre dernier étaient d’excellentes occurrences de prise de parole pour s’adresser à un peuple abandonné par une classe politique qui ne songe qu’à tremper dans des « deals » formalisés dans une rencontre appelée trompeusement dialogue national.
Aujourd’hui, seul Ousmane Sonko s’active sur le terrain de la communication avec le peuple. Depuis la dernière présidentielle, il n’a cessé de se prononcer sur ces questions qui intéressent les sénégalais. Mieux, il a commencé, selon un calendrier bien défini, ses tournées nationales dans le but de maintenir ce lien affectif avec les populations. Et avec cette présence assidue du leader de Pastef sur le terrain de la communication, le patron de Rewmi risque de perdre du terrain difficilement rattrapable sur la route qui mène vers la présidentielle de 2024.
"MOUSTAPHA DIAKHATÉ EST LIBRE DE CRÉER UN MOUVEMENT, MAIS CE SERA EN DEHORS DE L'APR"
A peine Moustapha Diakhaté a-t-il annoncé le lancement de l’initiative pour la refondation de l’Alliance Maanko Taawawu sunu APR» que le porte-parole adjoint du parti, Abdou Mbow, est monté au créneau pour lui apporter la réplique
« Depuis quelques jours, Moustapha Diakhaté se signale par des sorties intempestives, maladroites et sans aucun fondement à l’endroit de l’Alliance pour la République et de son Président Macky Sall. Il s’est encore signalé ce dimanche lors d’une émission dans une radio de la place. Il a tenté de disqualifier les instances de notre parti, en visant directement son mode de fonctionnement », note Abdou Mbow.
Or, ajoute-t-il, « je rappelle à l’endroit de l’opinion nationale et internationale que le 30 novembre 2018, au Méridien Président, le Conseil national de l’Alliance pour la République, transformé en congrès, conformément aux statuts et règlement intérieur de notre parti, le camarade Macky Sall a été conforté dans ses fonctions de Président de l’Apr dans une résolution, lu par M. Abdoulaye Badji. Le même jour, le Président Macky Sall a été investi candidat de notre parti par une résolution finale, prononcée par moi-même. C’est pourquoi, nous disons à M. Moustapha Diakhaté, quelqu’un qui se dit «responsable» et qui n’a même pas le minimum demandé par cette organisation : Un carnet de comité, ne peut aucunement parler, ni répondre au nom de celui-ci ».
Abdou Mbow fait remarquer que « Moustapha Diakhaté est libre de créer un mouvement, mais ce qui est sûr est que ce sera en dehors de l’Alliance pour la République. Parce que, lui-même, a fini de montrer qu’il n’est plus membre de l’Alliance pour la République ».
par l'éditorialiste de seneplus, serigne saliou guèye
DIALOGUE POLITIQUE, UNE IMPOSTURE NATIONALE
EXCLUSIF SENEPLUS - Depuis que Famara a été installé, c’est la confusion, les polémiques et manœuvres - En sept mois, les politico-dialogueurs n’ont réussi que la prouesse de reporter sine die les locales
Serigne Saliou Guèye de SenePlus |
Publication 20/01/2020
Au sein du dialogue national, c’est le branle-bas. Si ce n’est pas Mamadou Diop « Decroix » et Mamadou Lamine Diallo qui se crêpent le chignon et s’invectivent publiquement, c’est Famara Ibrahima Sagna et le Général Niang qui se frottent à travers des communiqués comminatoires ou des rappels à l’ordre. Et quid des vraies questions politiques ? Rien à part le report des locales sine die au profit du président Sall. C’est une imposture.
Le Dialogue national est miné par des querelles de posture qui risquent à terme de compromettre les résultats attendus et de dévoiler la véritable imposture à laquelle le président de la République a invité les membres composants. Quand, le 5 mars dernier, Macky Sall réélu a lancé la tenue d’un dialogue national pour réunifier les forces de la nation divisées par une élection très controversée en amont comme en aval, les leaders malheureux ont fait tôt de décliner une telle offre qu’il considère comme une instance de légitimation d’un président mal élu. Paradoxalement, le chef de l’Etat nouvellement élu propose de discuter sur une plateforme dont l’essentiel des points, articulé autour de la distribution transparente des cartes d’électeur par des commissions compétentes, de l’implication des partis et des structures de contrôle du processus électoral, de la poursuite de la campagne de révision exceptionnelle des listes électorales jusqu’au mois d’août 2018, avait été rejeté quand l’Initiative pour des élections démocratiques (IED) transmutée en Front national de résistance (FRN) l’avait proposé à quelques encablures de la présidentielle. Le président Sall avait opposé une fin de non-recevoir aux doléances du FRN au point faire un forcing le jour du vote de la loi sur le parrainage fortement controversée. La présidentielle s’est tenue sans consensus avec l’opposition sur ses modalités d’organisation. Seul le président a été le maitre du jeu.
Jeu trouble de Famara
Aucun des points de la plateforme du FRN n’a été pris en compte dans la tenue de l’élection de février 2019. Et voilà que le besoin de dialoguer devient subit une fois élu. Cela témoigne du manque de sincérité de cet appel au dialogue qui cache bien des desseins politiques inavoués. La commission politique souffre d’une tare congénitale. Sa naissance le 9 mai dernier avant sa mère c’est-à-dire le comité de pilotage du Dialogue national, montre que la véritable question qui importe le président Macky Sall, c’est celle politique. La preuve, le maitre d’œuvre Famara Ibrahima Sagna qui dirige le comité de pilotage du dialogue national (CPDN) a été installé, il y a moins d’un mois. Et voilà que les politico-dialogueurs, en sept mois de conclave, n’ont réussi que la prouesse de reporter sine die les élections locales. Et c’est avec fierté que le ministre de l’Intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, a annoncé ce report électoral avec l’onction de l’opposition. Et depuis que Famara a été installé, c’est la confusion, les polémiques, les querelles, les coups bas et les manœuvres cauteleuses.
Le premier couac avec le général Niang est intervenu quand il se susurrait que les décisions de la Commission politique passeraient par l’instance de validation du Comité de pilotage dirigé par Famara. C’est ainsi que dans un communiqué paru le 7 janvier dernier, la plénière de la Commission politique du dialogue national composée de la Commission cellulaire et des plénipotentiaires des pôles de la majorité, de l’opposition, des non-alignés, de la société civile, de l’administration, des organes de contrôle et de supervision des élections (Cena, CNRA), a soutenu qu’elle n’a de compte à rendre qu’au président de la République et à personne d’autre. Et nonobstant la dénégation d’une brouille entre les deux entités, il est avéré que le général Niang est resté intransigeant sur l’autonomie dont jouit la Commission politique au sein du Dialogue national. Et au moment où l’on se posait la question sur l’utilité de certaines personnes au sein de ces assises nationales version Macky, voilà que Famara ajoute « de son propre chef » 40 nouveaux membres dans le comité de pilotage du dialogue national où le consensus est une règle d’or dans toute prise de décision. Bien que critiqué par le FRN, le président du CPDN adopte une posture résipiscente qui laisse transparaitre une imposture dans le discours. Car il est avéré que le contingent des 40 nouveaux membres est un choix exclusif du maitre d’ouvrage Macky Sall et non une initiative personnelle du président Famara.
Decroix et Mamadou Lamine Diallo : le duel fratricide
Sur un autre registre, Mamadou Lamine Diallo et Mamadou Diop Decroix se sont donné en spectacle à travers des diatribes épistolaires. Le leader du Tekki avait dénoncé les 10 millions quotidiens qu’on gaspille dans le dialogue politique et les collusions qui y font florès. Ce qui n’a pas été du goût de Decroix qui n’a pas hésité sur sa page Facebook à dézinguer son « ami et compagnon du FRN». Et la gouaille, la gausserie et le persiflage n’ont manqué d’animer les échanges entre vieux compagnons du FRN. Pour le leader du Tekki, « Macky Sall veut élargir son camp pour rester indéfiniment au pouvoir, la présidence à vie. Son dialogue national doit entériner son '' 5 3 5 '' (cinq mandats à l’horizon 2035 pour la dynastie Faye-Sall), faire sauter le verrou de la limitation des mandats et étouffer le scandale des 10 milliards de dollars de Timis Corporation ».
Un tel missile a laissé sans voix le maoïste reconverti. Ce soupçon de deal de certains membres du dialogue politique dénoncé bien avant par Barthélémy Dias est corroboré par Lamine Diallo et Abdoulaye Wade qui étale ses divergences avec Macky Sall en suspendant la participation du PDS au sein du FRN. Famara, dans un accès de frénésie, n’a pas tardé à démentir le leader tekkiste au détour d’une déclaration allusive où il précise qu’il n’a demandé ni salaire ni budget et que tous les travaux se passent dans des locaux empruntés et non loués.
Finalement, le Dialogue politique révèle de plus en plus son vrai visage et ses réels soubassements. Plus de sept mois après le démarrage des activités, le seul acquis des politico-dialogueurs, c’est le report des élections locales au grand bonheur de Macky Sall qui a tout fait pour éviter une défaite dans les locales après avoir remporté avec « brio » la présidentielle. Ce qui anime l’espace du dialogue politique dans les médias mainstream et réseaux sociaux, ce sont malheureusement les crêpages de chignons et les passes d’armes entre acteurs et détracteurs du dialogue politique et par extension du Dialogue national. C’est, en tout point, une imposture.
Il est à fonder espoir sur le nouveau code de la presse et rendre hommage à tous ceux qui ont travaillé sans relâche à son élaboration - Mais assurément, le code n’est ni le Coran, ni la bible pour convertir tout le monde à une religion mono-éthique
Une fois n'est pas coutume, nous parlons de nous . . .
De la presse !
Un code, une commission de délivrance de la nouvelle carte nationale de presse.
De petits pas qui feront les longueurs de demain sur le chemin de la moralisation de la corporation.
Enjeux, défis et écueils de la presse qui fait sa mue . . .
La chronique est signée Abdoulaye Cissé
On ne dira pas comme Armstrong que c’est un pas de géant qui a été franchi dans l’histoire du long et laborieux processus de moralisation de la profession de journaliste, mais c’est déjà un pas que d’aboutir à mettre en place la commission chargée de doter chaque acteur d’une identité.
L’histoire retiendra surtout le nom de ces confrères choisis pour établir la délivrance de la nouvelle carte nationale de la presse, c’est-à-dire de décider de valider qui doit l’avoir selon les règles du nouveau code de la presse. Et par conséquent de la refuser à certains qui se réclament du métier de journaliste et qui n’en justifieraient pas la qualité.
Mais hélas, il est à craindre que tous ceux que la corporation veut extirper de ses rangs repassent entre les mailles du filtre, tant on sait s’aménager des passoires et des passerelles.
Il faut d’ailleurs croire que les mercenaires et les plumitifs n’ont très souvent pas besoin de carte de presse et qu’il exerce l’activité de journaliste en presse écrite, en radio et depuis peu de temps et c’est manifestement celle-là la plus offensive, en web digital en regardant avec condescendance ceux qui se réclament « vrais journalistes » et défiant les règles éthiques les plus élémentaires et les fondements même du métier.
Refuser la carte de presse à celui qui ne la réclame pas est comme enfoncer une porte ouverte.
Il est dit que la carte va permettre de trier les acteurs pour ne plus retrouver dans les rencontres officielles, séminaires et autres workshop, cette horde de « perdiémistes » qui travestit la mission de service public de l’information qui doit être la boussole de tout journaliste.
Je doute que tout le monde joue le jeu . . . Certains donneurs d’infos et organisateurs d’événements seraient assurément très malheureux à ne pas retrouver les « point.com » comme on les appelle, pour se faire mousser, tant qu’ils paient.
Le mal est en nous mais il est contre nous, et c’est ça qui doit pousser à agir sans relâche pour préserver ce métier.
Mais peut-on simplement le faire si tout le monde ne joue pas le jeu. Au premier des chefs, l’État. L’autorité de l’état pour légitimer l’application rigoureuse des directives.
Le tout n’est pas juste de signer des arrêtés, d’installer des commissions. . . et ça va venir de signer des décrets d’application de textes que l’on sait parfois inextricable.
Le bel unanimisme va se fissurer quand on voudra appeler ou imposer, aux patrons de presse par exemple, d’appliquer la convention collective aux employés et salariés des médias.
On sait la précarité érigée presque en mode de gouvernance des entreprises de presse. Il y’en a qui font des efforts, mais ça reste très marginal.
Et d’ailleurs, rien ne dit que le mal de la profession vient de ceux qui, légitimement ne peuvent pas prétendre à disposer de la nouvelle carte de la presse.
Il faut plus avoir peur des vrais professionnels au sens de ceux qui ont la formation requise et/ou peuvent justifier de la validation des acquis par l’expérience et qui décident de transgresser. Ce sont les plus dangereux pour la profession. Une profession souvent liée aussi, il faut l’avouer, par un corporatisme qui empêche de se regarder les yeux dans les yeux pour pointer le mal.
Il est à fonder espoir sur le nouveau code de la presse et rendre hommage à tous ceux qui ont travaillé sans relâche à son élaboration . . .
Plus d’une décennie de touches et retouches.
Et l’élément fondateur de doter le journaliste d’une identité est une avancée.
Pas sûr cependant que la succession des articles 22 à 39 du code de la presse et régissant la carte de presse suffisent à ne pas produire des faux amis, des clones, des JGM (Journalistes génétiquement modifiés) tant on ne les reconnait plus ceux-là, des mutants, des zombies.
Ils sont à plaindre, les Mine, Domingo, l’oncle Thierno, SG Bamba Kassé, Makhaaly et consorts mais ils ont le mérite de s’y coller.
Les petits pas d’aujourd’hui feront les longueurs de demain. Mais assurément le code n’est ni le Coran, ni la bible ni la Thora pour convertir tout le monde à une religion mono-éthique.