SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 novembre 2024
Développement
L'UTIME TEST POUR LES ÉTATS-UNIS
Le New York Times dresse le portrait d'une Amérique à la croisée des chemins. Le retour de Trump à la présidence fait planer l'ombre d'un pouvoir autoritaire sur Washington. Les garde-fous constitutionnels suffiront-ils à protéger les institutions ?
(SenePlus) - Dans un éditorial majeur, le comité de rédaction du New York Times (NYT) dresse un constat alarmant sur le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis, qualifiant ce choix des électeurs américains de "périlleux" pour l'avenir de la nation.
"Les Américains doivent être lucides quant à la menace qui pèse sur le pays et ses lois émanant de son 47e président", affirme sans détour le comité éditorial du prestigieux quotidien new-yorkais.
L'analyse souligne que de nombreux électeurs ont voté pour Trump malgré ses défauts reconnus, motivés par des préoccupations concrètes : "les prix élevés, l'afflux d'immigrants, une frontière sud poreuse et des politiques économiques inégalement réparties dans la société."
Le journal rappelle les garde-fous constitutionnels établis par les Pères fondateurs, notamment le Premier Amendement permettant aux citoyens de s'assembler, de s'exprimer et de protester contre leur dirigeant. Une protection qui pourrait s'avérer cruciale face à une administration Trump qui, selon l'éditorial, "donnera la priorité à l'accumulation d'un pouvoir sans contrôle et à la punition de ses ennemis présumés."
"Il ne peut plus y avoir d'illusions sur qui est Donald Trump et comment il entend gouverner", prévient le comité de rédaction, rappelant son "mépris pour la loi" et les "normes et traditions démocratiques" durant son premier mandat.
L'éditorial souligne toutefois que les institutions américaines ont résisté une première fois : "Les fonctionnaires, les membres du Congrès, les membres de son propre parti et les personnes qu'il a nommées à des postes élevés se sont souvent opposés aux projets de l'ancien président."
Un point crucial est soulevé : "Trump ne peut pas se représenter pour un autre mandat. Dès son entrée à la Maison Blanche, il sera, en effet, un président en fin de mandat."
Pour le Parti démocrate, le journal préconise une introspection, pointant notamment qu'il "a mis trop longtemps à reconnaître que le président Biden n'était pas capable de briguer un second mandat."
L'éditorial conclut sur les mots historiques de Benjamin Franklin, rappelant que l'Amérique est "une république, si vous pouvez la conserver", tout en soulignant que si "l'élection de M. Trump représente une grave menace pour cette république, [...] le sort à long terme de la démocratie américaine reste entre les mains du peuple américain."
TRUMP REVENDIQUE UNE VICTOIRE HISTORIQUE
Dans une ambiance électrique à West Palm Beach, l'ancien président a proclamé avoir "écrit l'Histoire" de cette présidentielle. Fox News, média conservateur, est le seul à lui donner raison pour l'instant
(SenePlus)- Donald Trump s'est autoproclamé vainqueur de l'élection présidentielle américaine mercredi soir, alors que le dépouillement se poursuit dans plusieurs États clés. Lors d'une allocution à West Palm Beach, en Floride, l'ancien président a affirmé avoir réalisé "une victoire politique jamais vue" aux États-Unis.
"Nous avons écrit l'Histoire", a déclaré Donald Trump devant une foule de partisans enthousiastes, promettant dans la foulée "d'aider le pays à guérir".
Cette déclaration de victoire s'appuie uniquement sur les projections de Fox News, seul média américain à avoir annoncé un résultat définitif à ce stade. La chaîne conservatrice fait cavalier seul, alors que les autres grands médias américains attendent la fin du dépouillement dans les États décisifs avant de se prononcer.
Cette annonce intervient dans un contexte de grande tension, alors que le décompte des votes par correspondance se poursuit dans plusieurs États clés qui pourraient déterminer l'issue finale du scrutin.
LE DERNIER BUDGET DE MOUSTAPHA BA
L'ancien ministre des Finances laisse l'image d'un expert respecté des finances publiques. De l'ENEA aux plus hautes responsabilités ministérielles, ce fils de Nioro du Rip incarnait l'excellence de la haute fonction publique sénégalaise
Accusé d’avoir fait partie de ceux qui ont falsifié les finances publiques, trainé dans la boue par les tenants actuels du pouvoir, l’ancien ministre de l’Économie et des Finances, Mamadou Moustapha Ba, s’en est allé hier, après quelques jours dans le coma, à la suite d’un malaise. Retour sur le parcours d’un digne fils du Sénégal et de Nioro du Rip !
‘’Grand, il a vécu. Grand et digne, il est parti’’. Ce témoignage de l’ancien ministre de la Culture Aliou Sow résume bien le parcours de Moustapha Ba, né à Nioro, il y a environ 59 ans et décédé hier 4 novembre en France. En attestent les témoignages issus de tous les bords politiques, y compris parmi ses contradicteurs les plus féroces, notamment à l’Assemblée nationale. Celui de Guy Marius Sagna en est une parfaite illustration.
Dans un post, le responsable au parti Pastef déclare : ‘’Nous étions de camps totalement opposés. Nous avons croisé le fer du dialogue en commission comme à l'hémicycle. Jamais il n'a esquivé les questions que je soulevais.’’
De l’avis de l’ex-opposant radical membre de la nouvelle majorité au pouvoir, même si les réponses ne le convainquaient pas toujours, l’ancien ministre avait ce don de susciter l’écoute et le respect. ‘’Ses réponses de ministre des Finances et du Budget ne me convenaient pas toujours. Mais j'éprouvais une forme d'étonnement - de respect - devant son endurance et sa courtoisie à l'hémicycle. Il était une des rares voix avec qui discuter avait encore un sens à l'Assemblée nationale du Sénégal lors de la 14e législature’’.
GMS : ‘’Il était une des rares voix avec qui discuter avait encore un sens à l’Assemblée nationale.’’
D’une générosité intellectuelle sans pareille, Moustapha Ba pouvait rester une journée entière à discuter de finances publiques, de budget avec des opposants comme avec des membres de la société civile. Toujours avec le même respect, la même courtoisie.
Ancien président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale, Seydou Diouf ne le considère pas comme un homme politique, mais comme un expert. ‘’J’ai connu Moustapha durant mon premier mandat en 2007. À l’époque, il était à la Direction de la Coopération économique et financière, où il s’occupait des investissements dans des secteurs stratégiques comme l'agriculture, les infrastructures, puis comme directeur général du Budget, directeur général des Finances. Il a gravi tous les échelons pour se retrouver à la tête du département. Ce n’était pas un politique, c’était un expert des finances publiques qui a été porté à cette station en raison de ses compétences’’, rapporte le député de la 14e législature.
Chez les politiques, le natif de Nioro du Rip fait presque l’unanimité. Il a su dépasser les clivages partisans, pour être au service exclusif de la nation. Seydou Diouf : ‘’C’est un expert qui a traversé plusieurs régimes : Diouf, Wade jusqu'à Macky Sall qui avait fait de lui son ministre. Il avait une très grande connaissance des leviers des finances publiques. Il vous parlait du budget comme il vous parlait de sa vie au quotidien. Rien dans le budget ne lui était étranger. Le Sénégal perd vraiment un digne fils’’, insiste M. Diouf très ému.
Un orfèvre des finances publiques
Sorti de l’École nationale d’économie appliquée (ENEA) devenue École supérieure d’économie appliquée (ESEA), Moustapha Ba aura fait presque tout son parcours au sein du département des Finances. Plus de 30 ans, selon certains témoignages. Ancien Premier ministre de Macky Sall, Amadou Ba, qui a suspendu sa campagne pour les Législatives, témoigne : ‘’Je le connais depuis plus de 25 ans. Il était à l’époque un agent, après chef de division, par la suite directeur de la Coopération économique et financière, après directeur général du Budget, quand j'étais ministre des Finances. C’est resté son poste jusqu'à sa nomination comme ministre des Finances dans un gouvernement où j’étais le Premier ministre. Ce qu’il a fait pour ce pays est inestimable.’’
En tant que ministre des Finances de 2013 à 2019, Amadou Ba a travaillé de manière très étroite avec son ancien directeur général du Budget. Selon lui, Moustapha est l’un des meilleurs de sa génération. ‘’Dans le domaine budgétaire, je n'ai pas vu dans ce pays quelqu'un de plus compétent. Dans le domaine de la coopération, il est difficile de trouver quelqu'un qui est plus compétent’’. Acteur majeur de toutes les grandes réformes sous Macky Sall, l’homme jouissait d’un grand respect et considération auprès de tous ses collaborateurs. ‘’Dans la conception du PSE (Plan Sénégal émergent), on était ensemble à toutes les étapes : dans la mobilisation des ressources financières tout comme dans la gestion budgétaire. Je peux dire que c'est l'un des fonctionnaires les plus compétents, les plus rigoureux que je n'ai jamais connus. Je le dis très honnêtement’’, souligne l’ancien PM.
Porté à la tête du ministère des Finances le 17 septembre 2022, Moustapha Ba a très vite pris ses marques et a été l’un des ministres qui a bien marqué le département. En sus d’avoir des relations cordiales avec les politiques, il a su également bénéficier du respect de ses collaborateurs et inspirait la confiance aux partenaires techniques et financiers.
À l’Assemblée nationale, il ne se contentait pas de s’appuyer sur ses collaborateurs, rapporte Seydou Diouf, pour marquer sa maitrise du secteur. ‘’C’est le ministre des Finances qui avait la main à la pâte. Moustapha Ba ne se contentait pas de recevoir des notes de ses collaborateurs. Il avait cette capacité de synthèse, parce que connaissant parfaitement le département des Finances, maitrisant particulièrement le budget de l'État dans la manière dont il est élaboré, dont il est arbitré, dans la manière dont il est exécuté, mais aussi dans la manière dont il est contrôlé. Il savait répondre à toutes les questions avec une grande aisance parce que ne cherchant pas ses mots’’, insiste le président du Parti pour le progrès et la citoyenneté.
LE SÉNÉGAL DOIT INTÉGRER LA VULNÉRABILITÉ CLIMATIQUE POUR ATTEINDRE SON AMBITION 2050
Arame Tall, chargée des projets environnement à la Banque mondiale met en garde contre le coût élevé de l'inaction, qui pourrait entraîner une perte allant jusqu'à 9,4 % du PIB à l'horizon 2050.
Dakar, 5 nov (APS) – Le Sénégal doit davantage intégrer la question de la vulnérabilité climatique à ses politiques publiques pour donner corps à son ambition de devenir un pays à revenu intermédiaire à l’horizon 2050, a déclaré, mardi, à Dakar, la chargée des projets environnement à la Banque mondiale, Arame Tall.
“L’agenda 2050 du gouvernement ne saurait être réaliste sans la prise en compte de la vulnérabilité climatique du Sénégal”, a-t-elle dit lors du lancement officiel du Rapport sur le climat et le développement (CCDR) de la Banque mondiale.
“Pour atteindre cet objectif, a insisté Arame Tall, il faudra prendre en compte la dimension climatique et au moment où le Sénégal de 2050 se met en place, l’intégration de la vulnérabilité climatique du pays requiert un changement de paradigme”.
L’intégration de la problématique de la vulnérabilité climatique doit aller de pair avec la conduite d’un certain nombre de réformes visant l’accélération du taux de croissance, l’augmentation du PIB et la réduction des inégalités et de la pauvreté, a-t-elle indiqué.
Le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, ainsi que plusieurs officiels du bureau régional de la Banque mondiale étaient présents au lancement de ce rapport selon lequel “75%” des côtes sont sous la menace de l’érosion côtière.
“À Dakar seulement, la population est exposée aux inondations d’ici à 2050, et 65% de la population du pays, à l’horizon 2050, risque d’être inondée”, a-t-elle ajouté, citant ce rapport.
Selon Arame Tall, “le coût de l’inaction face à ces phénomènes naturels n’est plus une option pour des pays comme le Sénégal”.
“Sans effort d’adaptation aujourd’hui, le coût sera plus élevé et le Sénégal risque de perdre 3 à 4% de son produit intérieur brut à l’horizon 2030, donc d’ici à 5 à 6 ans, et à l’horizon 2050 jusqu’à 9,4% de son PIB”, a prévenu la chargée des projets environnement à la Banque mondiale.
Elle soutient que le coût de l’inaction sur la pauvreté sera “plus important, avec un peu plus de 2 millions de Sénégalais qui risqueraient de basculer davantage dans la pauvreté à cause des chocs climatiques”.
“Toutefois, a-t-elle précisé, si le Sénégal arrive à agir dès maintenant, il sera possible de renverser ces tendances et au lieu d’accuser des pertes, il faut les transformer en avantages et en gains”.
Dans cette perspective, a poursuivi Arame Tall, les mesures d’adaptation modélisées dans le rapport “peuvent réduire de manière significative les pertes liées au changement climatique, avec des gains de PIB d’environ 2% déjà à l’horizon 2030, pour le Sénégal”.
Le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, jugeant ”salutaire” cette initiative de la Banque mondiale, a rappelé “l’urgence de se mobiliser autour des enjeux du changement climatique”.
“Ce rapport national sur le climat et le développement pose un diagnostic sans équivoque sur la vulnérabilité du Sénégal. Il est un outil essentiel pour sensibiliser et mobiliser tous les acteurs, décideurs, citoyens, le privé et la société civile, sur l’importance de bâtir un avenir plus résilient et plus juste”, a-t-il indiqué.
”Ce rapport est donc un appel à l’action pour préserver notre pays et notre planète, mais aussi les générations futures”, a-t-il ajouté, soulignant que “l’approche Sénégal 2050 appelle à une transition écologique qui mobilise l’ensemble des acteurs”.
“Nous devons prendre dans cette dynamique des mesures collectives pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre. Et renforcer la résilience nationale tout en promouvant des modèles économiques plus durables et plus respectueux de l’environnement”, a-t-il préconisé.
“Sénégal 2050, agenda national de transformation” est le nouveau référentiel des politiques publiques officiellement lancé le 4 octobre 2024 à Dakar par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye.
par Mohamed Mbougar Sarr
À PROPOS DE L’AFFAIRE SÉVERINE AWENENGO
EXCLUSIF SENEPLUS - Il est ironique que l’opposition et le pouvoir soient tombés d’accord sur la condamnation de l’ouvrage. Ce seul fait devrait alarmer. Il n’est pas toujours obligé que la crainte sociale soit opposée à la nécessité de la connaissance
Sur ce qu’il convient désormais d’appeler « l’affaire Séverine Awenengo », je voudrais dire quelques mots. D’emblée, je confesse une honteuse faute : je vais commettre à l’égard de ce livre la même injustice que la plupart des commentateurs de son actualité : je ne l’ai pas encore lu, ce qui devrait pourtant être le préalable élémentaire à toute discussion sérieuse le concernant. Naturellement, je le lirai bientôt et en reparlerai peut-être ici même, après lecture. Foi candide dans le geste élémentaire de la bonne foi critique : lire d’abord, commenter et juger ensuite. Il n’est pas certain - j’ai déjà, en toute modestie, une solide expérience à ce propos - que cette bonne foi intéresse le plus, en matière de controverse intellectuelle et littéraire au Sénégal. Mais c’est un autre sujet. Je précise aussi que je ne connais pas personnellement Madame Awenengo.
Le malentendu, comme souvent, semble venir de la confusion, calculée ou involontaire, entre l’approche scientifique - mais cela peut aussi valoir pour l’approche fictionnelle - d’un sujet et l’apologie politique ou morale de ce sujet. En l’occurrence, tout indique qu’on suspecte (ou, pour certains, qu’on accuse franchement) la chercheure de « défendre » ou « encourager » ou « légitimer » l’idée d’une autonomie de la Casamance. Et la suspicion semble s’appuyer sur le seul fait (je souligne) qu’elle y consacre un essai, fruit d’années de labeur, de lectures, d’analyses, de terrain. Je ne suis pas naïf au point de croire encore qu’il existe une « neutralité » (au sens d’une innocence absolue, d’une « perspective de Sirius » objectivement détachée) de la recherche académique. Il va de soi que tout travail universitaire est plus ou moins « situé » ; que tout chercheur, toute chercheure a d’inévitables biais (théoriques ou personnels) ; que la démarche scientifique, aussi rigoureuse soit-elle, s’effectue toujours dans un contexte politique et social auquel elle n’échappe pas, et avec lequel elle doit composer, y compris dans la gestion des affects que ce contexte génère.
Je sais tout cela. Seulement, je sais aussi que : 1) le travail universitaire obéit à des protocoles, des contrôles, des relectures, des critiques externes qui font que n’importe quoi ne se publie pas n’importe comment ; 2) que la suspicion d’un agenda politique « caché » d’un universitaire peut être confirmée ou infirmée par l’examen patient et rigoureux de son historique de recherches et de publications ; 3) qu’au cas où, pour une raison ou une autre, une proposition universitaire « suspecte » ou « problématique » sur un sujet réussissait à être publiée malgré tous les sas de validation, les autres universitaires, spécialistes de cette question - et il y a, sur la question de ce livre, de nombreux spécialistes, et beaucoup sont Sénégalais - la liront, la critiqueront, la réfuteront, au besoin.
Pour toutes ces raisons, j’ai trouvé très triste la manière dont cette affaire a été politisée, ramenée à des considérations navrantes sur la nationalité de l’universitaire impliquée et sa légitimité, à cause de ses origines, à traiter de ce sujet. Ce procès ne me paraît pas juste, et pour tout dire, je le trouve inquiétant. Si la légitimité à s’occuper de certains objets d’étude était indexée à la nationalité ou l’origine des universitaires, toute une bibliothèque de la connaissance humaine n’aurait jamais vu le jour. Qu’on imagine un seul instant ce qui se serait passé si celui qui est peut-être le plus grand chercheur de ce pays, Cheikh Anta Diop, avait été cantonné dans ses recherches à sa nationalité ou à son origine.
Il est tout à fait ironique que l’opposition et le pouvoir, pour des raisons absolument inverses - et toutes mauvaises à mon sens -, soient tombés d’accord sur la condamnation de l’ouvrage. Ce seul fait devrait alarmer. L’éditeur a fini par renoncer à le présenter à Dakar. Je ne vois pas de quoi se réjouir. Si, dans ce pays, la politisation systématique - ou même ponctuelle - de la production scientifique ou littéraire devait être le baromètre de la vie des livres, livres que, la plupart du temps, on ne lit pas, ou superficiellement, il y aurait de quoi être inquiet. Mais peut-être le conditionnel est-il superflu, et qu’il est déjà trop tard. Ce n’est pas la première fois, au Sénégal, que des politiques, pour de raisons bien faciles, accusent un livre et/ou son auteur de vouloir déstabiliser un pays ou pervertir sa culture.
La Casamance est un sujet « sensible », me dit-on. C’est vrai et je comprends, à la lumière de l’histoire récente, qu’on puisse craindre son instrumentalisation à des fins malintentionnées. Cependant, c’est presque au nom de cette « sensibilité » qu’il faut pouvoir accepter des travaux universitaires sur la question. Car ils éclairent, complexifient, donnent une profondeur historique, questionnent autrement et, in fine, je crois, produisent un savoir plus complet, débarrassé des mythes et des fantasmes, sur un sujet. Il n’est pas toujours obligé que la crainte sociale soit opposée à la nécessité de la connaissance. Celle-ci peut dissiper celle-là.
J’entends aussi que « ce ne serait pas le bon moment » pour parler de cette question. Prudence salutaire, peut-être. Mais elle entraîne une question dans sa foulée : quel serait le bon moment ? Je crois qu’il n’y a jamais de « bon » moment pour parler d’une question dite « sensible », pour la simple raison - et pardon pour la tautologie qui va suivre - que le propre de la « sensibilité », lorsqu’on l’entretient par la précaution du silence ou le report sine die, est de ne jamais être moins sensible. Ce n’est pas parce qu’on ne parle pas (scientifiquement) d’un sujet qu’il devient moins sensible dans le temps. A n’importe quelle époque, par temps d’élection ou non, il demeurera sensible. Et ce qui est tout le temps sensible et impossible à aborder mue inévitablement en tabou. Il faut absolument l’éviter, à mon sens.
UNE LONGUE NUIT ÉLECTORALE EN PERSPECTIVE AUX ÉTATS-UNIS
L'annonce du vainqueur de l'élection présidentielle américaine pourrait suivre deux scénarios radicalement différents, rappelant soit 2016 avec une victoire annoncée dès le lendemain matin, soit 2020 avec plusieurs jours d'attente
(SenePlus) - D'après le New York Times (NYT), l'annonce du vainqueur de l'élection présidentielle américaine pourrait suivre deux scénarios radicalement différents, rappelant soit 2016 avec une victoire annoncée dès le lendemain matin, soit 2020 avec plusieurs jours d'attente.
Le précédent de 2020 reste dans toutes les mémoires : il avait fallu attendre le samedi 7 novembre, soit quatre jours après le scrutin, pour que les médias confirment la victoire de Joe Biden. Sept États décisifs - l'Arizona, la Géorgie, le Michigan, le Nevada, la Caroline du Nord, la Pennsylvanie et le Wisconsin - étaient restés en suspens au lendemain du vote.
Le décompte des votes par correspondance avait particulièrement complexifié le processus en 2020, créant ce que les experts appellent des "mirages" rouges et bleus. Ces phénomènes s'expliquent par l'ordre de dépouillement : certains États comptent d'abord les votes par correspondance, d'autres les votes en personne, créant des tendances temporaires trompeuses compte tenu des préférences partisanes dans le mode de vote.
Pour 2024, quelques changements pourraient accélérer le processus. Le Michigan, notamment, a modifié sa législation pour permettre le traitement anticipé des bulletins par correspondance. De plus, l'écart partisan dans l'utilisation du vote par correspondance devrait se réduire, les républicains y ayant davantage recours qu'en 2020.
Les premiers indices significatifs tomberont dès 19h (heure de l'Est) en Géorgie, suivis de la Caroline du Nord à 19h30. Les États cruciaux du "Mur Bleu" - Michigan, Pennsylvanie et Wisconsin - ainsi que l'Arizona et le Nevada fermeront leurs bureaux de vote plus tard dans la soirée, entre 20h et 22h.
Le journal new-yorkais souligne qu'historiquement, le décompte complet n'a jamais été achevé en une seule journée. La nouveauté en 2020 résidait dans l'impossibilité de faire des projections fiables le soir même du scrutin, en raison de l'importance inédite du vote par correspondance.
YAKAAR-TERANGA SE CONCRÉTISE
Malgré le départ de BP, Petrosen et Kosmos Energy maintiennent le cap vers une décision finale d'investissement en 2025. Le projet, estimé à 6 milliards de dollars, promet une production annuelle de trois millions de tonnes de gaz
(SenePlus) - Selon des informations rapportées par Reuters ce mardi, le projet gazier Yakaar-Teranga au Sénégal franchira une étape décisive à la mi-2025 avec la décision finale d'investissement (FID), comme l'a confirmé le directeur général de Petrosen, Thierno Ly.
Ce projet d'envergure, développé conjointement par la société nationale pétrolière sénégalaise Petrosen et l'américaine Kosmos Energy, représente un potentiel considérable avec environ 25 billions de pieds cubes de gaz récupérable.
La première phase du projet, estimée entre 5 et 6 milliards de dollars, prévoit une production annuelle de trois millions de tonnes destinée à l'exportation. Le plan inclut également une provision de 150 millions de pieds cubes standard pour alimenter le réseau électrique national et d'autres projets domestiques.
Suite au retrait inattendu de BP fin 2023, Petrosen intensifie sa recherche de nouveaux partenaires. "Nous ciblons les compagnies pétrolières internationales, les sociétés nationales du Moyen-Orient et d'Algérie. Nous sommes également ouverts aux discussions avec les sociétés de trading", a déclaré Thierno Ly à Reuters.
Cette quête de nouveaux investisseurs survient à un moment crucial pour ce projet stratégique qui pourrait transformer le paysage énergétique du Sénégal et de la région ouest-africaine.
LE ROI SONKO FAIT SA LOI
Thierno Alasssane Sall relate comment sa caravane a été brutalement stoppée par des gendarmes aux ordres pour laisser passer un cortège démesuré du chef de Pastef. Il dénonce un étalage indécent de luxe et une utilisation partisane des forces de l'ordre
Dans le communiqué ci-dessous parvenu à notre rédaction, le chef de file de Senegaal Kese relate comment sa caravane a été brutalement stoppée à Ourossogui par des gendarmes aux ordres, le 3 novembre dernier. Face à cette démonstration de force qu'il juge indécente, l'ancien ministre dénonce l'utilisation abusive des moyens de l'État. Il appelle les Sénégalais à sanctionner ces dérives dans les urnes le 17 novembre.
"Ce 3 novembre, un peu après 23 h, la caravane de la Coalition Senegaal Kese dans laquelle je me trouvais, défilait sur l'artère principale d'Ourossogui, en direction de Kanel. Quelques militants de Pastef, que nous croyions être dans un des nombreux rassemblements que l'on croise chaque jour depuis le début de la campagne, ont tenté de nous intimider.
Quelques instants plus tard, une demi-douzaine de véhicules de la gendarmerie, sont arrivés à notre rencontre. Alors que l'on les croyait venus pour assurer la sécurité, voilà qu'ils nous intiment l'ordre de nous mettre sur le bas-côté.
Nous apprîmes que la caravane du candidat Sonko arrivait dans le sens opposé, et la gendarmerie ne nous demandait rien moins que de lui céder le passage. Un des gendarmes lance un ordre au chauffeur de notre voiture de tête de cortège avec une bordée d'injures.
Naturellement, refus d'obtempérer devant un ordre illégal et révoltant.
Alors les gendarmes mettent l’un de leurs véhicules en travers de notre voie, nous obligeant à assister au passage du Roi de Ndoumbelane. Car ce n'est pas une simple caravane de campagne qui passe, mais une cour royale.
Tout y passe, depuis la Hummer blanche de sa majesté, ses deux ambulances (dont une marquée ministère de la Santé, une autre luxueuse), l'indécente orgie de 4x4 rutilantes, des bus de location, une cour importée depuis Dakar. Des éléments de la BIP (et apparemment du GIGN), des véhicules sans plaque minéralogique. Ce manège, défilant à travers le Sénégal, frôlant les cases de chaume et les abris précaires des populations, est d’une violence symbolique inouïe envers nos concitoyens.
Un régime incapable de payer à date échue les bourses des étudiants sans s'endetter sur le marché financier international, devrait avoir la décence de ne pas faire étalage d'une aussi tapageuse armada. Traverser les savanes misérables du Sénégal avec un étalage de luxe comme argument électoral est immoral.
Sonko et Diomaye sont sans doute trop jeunes et trop imbus de leur nouveau pouvoir pour savoir qu'en 1988, pour avoir voulu empêcher l'opposant d'alors, Abdoulaye Wade, de tenir un meeting sur la place de France parce que le président Diouf devait y organiser un meeting le lendemain, tout Thiès s'était soulevé contre la tenue du meeting de Diouf, suivant l'exemple de Boubacar Sall qui, le jour du meeting de Wade, avait foncé sur les véhicules de Police, suivi de milliers de jeunes. No pasaran, la dictature ne passera pas. Si Sonko et Diomaye persistent dans leurs lubies, un jour viendra.
Un candidat qui hier dénonçait « la gendarmerie de Macky Sall » montre aujourd’hui que rien n'a changé, si ce n’est le parrain du système.
Pendant que 41 listes, dont la nôtre, financent leur propre sécurité, la gendarmerie devrait protéger chaque Sénégalais sans passe-droit. L’institution existe pour veiller à la sécurité des citoyens, non pour dérouler le tapis rouge à un candidat abusant des moyens de l’État.
Je lance un appel aux citoyens : ne fermons pas les yeux devant les signes patents d'une alternance dévoyée. Le 17 novembre 2024, votons en conséquence."
Thierno Alassane Sall est tête de liste de la coalition Senegaal KESE.
Par Vieux SAVANÉ
AUX ÉTATS-uNIS, LA DÉMOCRATIE À L'ÉPREUVE
La seule certitude est que nous avons affaire à une élection fortement polarisée et d’une violence inouïe avec le candidat Donald Trump complétement désinhibé, se livrant à toutes sortes d’outrances
Alors que plus de 75 millions d’Américains ont voté par correspondance et de manière anticipée, notamment dans les sept Etats-pivots (le Nevada, la Pennsylvanie, le Michigan, le Wisconsin, la Georgie, la Caroline du Nord, l’Arizona), c’est aujourd’hui que les électeurs et grands électeurs américains vont décider qui sera le prochain ou la prochaine présidente des Etats-unis d’Amérique. Si l’on en croit les sondages, le scrutin sera très serré.
La seule certitude est que nous avons affaire à une élection fortement polarisée et d’une violence inouïe avec le candidat Donald Trump complétement désinhibé, se livrant à toutes sortes d’outrances.
D’ores et déjà, Donald Trump affirme avec un étonnant aplomb que s’il perd l’élection, c’est tout simplement qu’il aura été battu par la triche. Rien d’étonnant du reste puisque, sans preuve aucune, il a refusé et refuse toujours de reconnaître sa défaite contre Joe Biden lors de leur confrontation en 2020 alors qu’il était président de la République. On est en face d’une posture noyée dans le complotisme et les «fake news» avec un candidat autoritaire qui donne l’impression d’être plutôt entouré par des groupies, en somme des gens tombés en fascination, installés dans une adhésion totale, bien loin du recul que nécessite l’usage de la raison.
En face, il y a Kamala Harris, une ancienne procureure habituée à se confronter aux faits, à les disséquer pour démêler le vrai du faux. Dans cette élection qui a lieu dans un pays dont on vante la force des institutions, il est surprenant de constater qu’il est rarement question de confrontations programmatiques mais de « fake news », de suspicions de fraudes non documentées.
Dans toute cette confusion où le souvenir de l’invasion du Capitole est encore vivace, ce jour d’élection est visité par la crainte de troubles voire de déferlement de violences incontrôlables. L’Amérique retient son souffle, tant l’issue de cette élection est incertaine et grosse de dangers. Redoutant le pire, la capitale Washington se barricade
PAR Fadel Dia
LE SYNDROME FAHRENHEIT 451
Dans son film intitulé « Fahrenheit 451 »; François Truffaut conte une société imaginaire, située dans un avenir proche, où le savoir et la lecture sont considérés comme un danger pour le pouvoir
L ’annonce de la présentation dans une librairie de la place d’un ouvrage consacré à l’histoire coloniale de la Casamance a provoqué une bruyante levée de boucliers, suscitée principalement par des membres de l’ancien parti au pouvoir, et avait poussé deux éminents professeurs d’histoire à s’élever contre ce qu’ils avaient appelé la « mise à l’index » d’un travail qui est, selon eux, le fruit d’une investigation scientifique.
Ils avaient donc pris la défense de leur métier commun, le « métier d’historien. Ils avaient porté un témoignage élogieux sur les qualités et le professionnalisme de son auteure et tancé vertement les responsables de la cabale montée contre elle, en s’en prenant directement à l’ancien parti au pouvoir et à ses dirigeants. Ils avaient enfin interpellé directement le président de la République et son Premier ministre et, se fondant sans doute sur l’engagement qu’ils avaient pris, avant d’arriver au pouvoir, de ne pas céder aux « pratiques d’un autre temps », ils avaient exprimé leur conviction qu’ils ne se laisseront pas entraîner dans ce qui ressemble à un bâillonnement de la recherche historique.
La réponse n’a pas tardé, vite relayée par la presse. Elle vient du Premier ministre qui s’est prévalu du soutien du président de la République. Ce n’était certainement pas la réponse qu’ils attendaient. Loin d’être rassurante, elle est même, d’une certaine manière, plus inquiétante que les prises de position des parties qu’ils avaient mise en cause !
Passons sur le fait que le Premier ministre ait servi sa réponse, sur une question aussi sensible, au cours d’un meeting électoral, qui n’est pas précisément le lieu le mieux indiqué pour délivrer un message empreint de sérénité et de mesure. Sa prise de position publique est d’autant plus surprenante que c’était probablement la première fois qu’il s’exprimait aussi clairement sur ce sujet brûlant et qu’il prenait le risque de se mettre à dos un mouvement qui en avait fait son dogme et, qu’à tort ou à raison, certains supposaient plutôt favorable à sa cause. Passons sur le fait que même si l’histoire n’appartient pas qu’aux historiens, il n’est pas la personne la mieux placée pour juger du contenu d’un livre d’histoire, surtout s’il n’a pas pris la peine de le lire méticuleusement. Sa réaction est en tout cas un désaveu de la qualité et des compétences des historiens sénégalais qui, en la matière, auraient dû lui servir de référents et de caution. On aurait mieux compris que, tenant compte de ses limites sur ce sujet et surtout du pouvoir que lui confère la loi, qu’il choisisse de faire appel à la justice pour qu’une enquête préliminaire soit lancée , s’il juge que l’auteure de l’ouvrage s’est « drapée dans une dignité qui n’est pas la sienne, celle de la science historique », comme Robert Badinter l’avait reproché au négationniste Robert Faurisson, que son livre est plus polémique que scientifique, qu’il occulte ou travestit la vérité, qu’il propage des thèses complotistes ou qu’il met en danger la cohésion nationale. Interdire la diffusion et la commercialisation d’un livre, sur la seule base d’une impression personnelle, est un acte de censure qu’on n’attendait pas de quelqu’un qui s’était retrouvé lui-même, il n’y a guère longtemps, sous la menace d’une telle mesure.
Passons sur l’accusation, gratuite jusqu’à preuve du contraire, portée sur l’auteure du livre, dont pourtant la probité et l’expérience avaient été vantées par ses collègues sénégalais, mais qui, selon le Premier ministre, ne serait qu’un maillon du réseau de manipulateurs dont se servirait la France, qui aurait saisi l’occasion pour se venger de sa déconvenue après le travail d’investigation mené par un autre historien.
Attardons-nous en revanche sur une autre partie de la péroraison du Premier ministre, celle où il affirme que l’auteure de l’ouvrage, par le seul fait qu’elle est de nationalité française, n’a pas « à écrire sur le Sénégal » et devrait consacrer son métier d’historienne à parler de la Corse ou de la Nouvelle Calédonie ! C’est faire fi de cette règle qu’un historien, un bon historien, n’est lié sérieusement que par les lois de sa discipline et qu’il est un juge juste et étranger à tous. C’est aussi suggérer que la Grèce ou l’Allemagne auraient le droit d’interdire à Souleymane Bachir Diagne de parler de Platon ou de Kant !
L’Histoire a certes ses faussaires, mais elle n’a pas de patrie
Dans son film intitulé « Fahrenheit 451 » François Truffaut conte une société imaginaire, située dans un avenir proche, où le savoir et la lecture sont considérés comme un danger pour le pouvoir. Leurs principaux vecteurs, les livres, ne sont pas seulement prohibés mais détruits systématiquement et le rôle des pompiers est de les brûler et non plus d’éteindre les incendies. On n’est pas dans la même situation et nous n’en sommes pas heureusement là, mais la décision prise par la deuxième personnalité de notre pays apparait, volontairement ou non, comme une manière d’empêcher les Sénégalais en général, et ceux d’entre eux qui ont accès à la lecture en particulier, de réfléchir, de juger par eux-mêmes sur un sujet qui est au cœur de notre vie politique et sécuritaire, et c’est sans précèdent dans notre histoire récente.
Les résistants de « Fahrenheit 451 » avaient trouvé comme solution pour sauver les livres de les apprendre par cœur, les Sénégalais que les propos du Premier Ministre ont mis en appétit se passent le livre dont il a interdit la vente par la toile, et gratuitement ! On peut dire que, par ses propos incendiaires, il n’a pas seulement fâché les défenseurs du droit à l’expression et les passionnés d’histoire locale, il a aussi fait à cet ouvrage qui, nous dit-on, a provoqué chez lui une colère noire, une énorme publicité dont on peut se demander si elle est méritée!