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27 novembre 2024
Développement
par Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle
LES PROJECTIONS IMPOSSIBLES DU FMI CONCERNANT L’INflATION AU SÉNÉGAL
Des taux impossibles sont avancés pour 2025 et 2026, sans aucun fondement logique ou historique. Cette situation est d'autant plus préoccupante que le pays s'apprête à négocier un nouveau programme avec l'institution.
Financial Afrik |
Ndongo Samba Sylla et Peter Doyle |
Publication 05/11/2024
Le Fonds monétaire international (FMI) a récemment lancé en grande pompe ses Perspectives del’économie mondiale (World Economic Outlook en Anglais, WEO) à Washington. Compte tenu de l’influence majeure que cette institution exerce en matière de formulation des politiques publiques dans la plupart des pays du monde, il est important d’être vigilant quant à la qualité de ses analyses.
En effet, comme nous le savons tous, les vies de milliards de personnes sont affectées par les programmes du FMI et les conditionnalités et prescriptions politiques qui y sont attachées. Les erreurs d’analyse du FMI peuvent donc avoir des conséquences dévastatrices.
Au Sénégal, le FMI est revenu au devant de l’actualité à la faveur des débats en cours sur les finances publiques du pays. Un nouveau programme est en train d’être négocié avec les autorités sénégalaises.
Dans ce court article, nous souhaitons attirer l’attention sur les erreurs grossières dans les projections du FMI pour le Sénégal, notamment en ce qui concerne l’inflation.
Comme le montre la base de données du WEO, le FMI prévoit un taux d’inflation moyen d’environ 2 % chaque année entre 2025 et 2029. Ces estimations sont globalement conformes à la version d’avril 2024 du WEO (voir figure 1), bien qu’elles puissent être considérées comme optimistes pour la période 2024-2026, compte tenu de la réduction attendue des subventions à l’énergie. Jusque-là, tout va bien.
Cependant, les récentes projections du FMI concernant l’inflation en fin de période sont tout simplement impossibles. Le WEO d’octobre 2024 prévoit une inflation en fin de période (ou sur 12 mois) de -13,4 % en 2025 et de 41,9 % en 2026 (voir figure 2).
Ces projections ne reposent sur aucune base logique ou factuelle. Elles contredisent même les propres projections du FMI concernant l’inflation annuelle moyenne pour les années 2025 et 2026. La seule fois où l’inflation en fin de période a atteint plus de 20 %, c’était en 1994, l’année où le franc CFA a été dévalué de 50 % par rapport au franc français. L’inflation de fin de période s’est élevée à 37,5 % au cours de cette année exceptionnelle (voir figure 3). Et même alors, le taux d’inflation de fin de période de l’année précédente, c’est à dire 1993, n’était certainement pas un nombre négatif au-delà de 10 %.
Des erreurs aussi flagrantes de la part du FMI pour le Sénégal, dans son analyse la plus récente et la plus en vue, sont très préoccupantes si, comme c’est souvent le cas, elles constituent la partie émergée de l’iceberg en termes d’erreurs ailleurs dans les projections du FMI dans lesquelles ces chiffres sont incorporés.
Dans ce cas, il existe un risque évident d’imposer au Sénégal des conditionnalités inappropriées. Et il ne s’agit pas d’un risque théorique. Des erreurs dans les conditionnalités résultant d’erreurs de calcul du FMI ont été constatées récemment dans d’autres programmes du FMI en Afrique, y compris dans la dernière revue du programme du FMI pour le Kenya. Là, non seulement les projections d’inflation du FMI en fin de période pour 2024 sont tout simplement impossibles, mais en plus, ses projections en ce qui concerne la dette publique ne parviennent pas à réconcilier les flux fiscaux (emprunts) avec les stocks fiscaux (dette).
Il est essentiel, ne serait-ce que par respect pour la souveraineté de ses pays membres, que le FMI s’assure que ses projections répondent aux normes professionnelles les plus élevées. Dans le cas des projections d’inflation au Sénégal, à l’heure actuelle, cette exigence n’est tout simplement – et manifestement – pas respectée.
Ndongo Samba Sylla est économiste sénégalais, Directeur de Recherche à l’International Development Economics Associates (IDEAs).
Peter Doyle est économiste américain, ancien cadre du FMI et de la Banque d’Angleterre.
LA LD DEBOUT FAIT CAVALIER SEUL
Le parti a décidé de ne pas s’aligner sur les forces politiques traditionnelles pour les législatives, privilégiant une position neutre afin de construire une « troisième voie » tournée vers la démocratie et la justice sociale
La Ligue Démocratique Debout trace sa propre voie dans le paysage politique sénégalais. Réuni ce 2 novembre 2024, son Bureau Politique a pris la décision majeure de rester neutre lors des législatives du 17 novembre. Le parti entend ainsi poser les jalons d'une "troisième voie" politique au Sénégal.
"Le Bureau Politique de la LD Debout s'est réuni le samedi 02 Novembre 2024 autour d'un seul point à son ordre du jour : "Position du parti pour les élections législatives du 17 Novembre 2024".
Au titre de la participation, cette session a enregistré la présence des membres du Secrétariat Exécutif National, des délégués des fédérations départementales, des organisations des Cadres, des Femmes, des Jeunes et des représentants des Ainés.
Après l'introduction du Secrétaire Général, le camarade Pape Sarr, le Bureau Politique a entendu tour à tour d'importantes communications présentées par le camarade Abdoulaye Bathily Jr. sur l’évolution des alliances électorales du parti, et, à titre d’information, par le camarade Daouda Faye sur le programme de repositionnement et d’élargissement des bases du parti. Le camarade Bathily Jr. a en particulier rappelé la décision du Secrétariat Exécutif National du parti actant le départ de la LD Debout de la coalition Sam Sa Kaddu, à l’issue de la création d’une inter-coalition avec la coalition Takku Wallu dirigée par l’ancien président Macky Sall.
Suite à ces introductions, des échanges riches se sont tenus sur la position du parti pour les élections législatives de Novembre 2024. Les camarades du BP se sont félicités de la décision du Secrétariat Exécutif National de refus d’une association du parti avec l’ancien régime et ont exprimé leurs différents avis sur les options du parti relatives à ces élections. A l’issue des débats, la position majoritaire est que la LD Debout adopte une position de neutralité tout en restant vigilante et engagée pour la tenue d’une élection libre, démocratique, transparente et apaisée.
Pour le Bureau politique, l’absence de visibilité sur les intentions du régime actuel, notamment sur les réformes fondamentales nécessaires à la consolidation de la démocratie, de l’état de droit et de la bonne gouvernance ne permet pas au parti de lui apporter son soutien. Dans le même temps, le Bureau politique considère que les franges les plus significatives de l’opposition actuelle se sont organisées sur des bases rétrogrades qui ne peuvent en aucun assurer cette nécessaire refondation nationale. Fort de cela, et convaincu que les attentes de la grande majorité de notre peuple dépassent largement l’offre politique qui leur est actuellement faite, le Bureau politique, par cette décision de neutralité inhabituelle pour le parti, affirme l’option stratégique du parti de travailler à la construction d’une véritable troisième voie. Cette troisième voie devra ainsi être construite avec des forces politiques et citoyennes réellement convaincues de la nécessité de l’application des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la CNRI.
Cette voie alternative reste ouverte à tous les Sénégalais qui aspirent à une autre façon de faire de la politique, celle de la confrontation des idées et des projets de société, à la place de l’invective et des scènes de violences, pour une nouvelle méthode de faire la politique, qui a à cœur l’intérêt général du Sénégal et des Sénégalais, et non plus des chocs d’ambitions personnelles ou d’intérêts partisans.
A cet égard, le Bureau politique invite le Secrétariat Exécutif National à finaliser dans les meilleurs délais le plan stratégique du projet de construction d’un nouveau grand parti de rassemblement capable de porter en triomphe cette « alternative de la troisième voie ».
par Thierno Alassane Sall
TRANSHUMANCE ET REDDITION DES COMPTES
Le stratagème de Sonko pour récupérer les chefs de famille APR est à présent clair. D'abord, annoncer une grande battue des pilleurs de la République. Ensuite, interdire de sortie du territoire tous ceux qui parmi le gotha BBY se présentent aux frontières
Le stratagème mis en place par Ousmane Sonko pour récupérer les chefs de famille APR est à présent très clair.
D'abord, annoncer une grande battue des pilleurs de la République. Ensuite, interdire de sortie du territoire presque tous ceux qui parmi le gotha Bennoo se présentent aux frontières. Puis, faire savoir qu'il y a une liste rouge, en laissant le doute ronger les plus frileux (trois ou quatre ont pu passer avant que la nasse ne se referme avait dit Sonko). Enfin, attendre.
Et voici que se déclenche soudain une massive transhumance de politiciens pressés par la peur de la prison. Les moins courageux prennent la carte du Pastef sans condition. Les revirements les plus improbables se produisent aux grands jours. Les « démons » deviennent des « anges » dès qu'ils passent des herbes mortes marron-beige aux prairies vertes du Pastef
Pastef nous avait promis de restaurer l'éthique en politique et de ne jamais accepter la transhumance. Au grand jour, il l'a hissée à une échelle qui pourrait tuer pour longtemps la morale en politique.
LE PASTEF SEUL CONTRE TOUS
Le choix de faire cavalier seul aux législatives du 17 novembre soulève des questions cruciales sur l'avenir du mouvement. Il suscite par ailleurs incompréhension et colère au sein des membres de l'ancienne coalition victorieuse de mars
(SenePlus) - De la dissidence à la présidence, en passant par la clandestinité, le Pastef s'apprête à écrire un nouveau chapitre de sa jeune histoire. Dix ans après sa création dans une modeste salle de l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, le parti d'Ousmane Sonko fait le pari risqué d'affronter seul les législatives du 17 novembre.
Selon Jeune Afrique (JA), l'annonce a été faite lors d'une réunion qui avait des airs d'oraison funèbre pour la coalition "Diomaye président". Face aux alliés réunis à l'hôtel King Fahd de Dakar le 21 septembre dernier, le Premier ministre a tranché : "Seule la liste de Pastef allait participer aux élections", relate Charles Ciss, qui dénonce un "procédé antidémocratique et discourtois".
Un virage stratégique assumé par les cadres du parti. "Après une élection, on n'a plus d'alliés. Tous ceux qui nous ont accompagnés retournent dans leur propre camp ou se fondent dans le parti", explique l'un d'eux à JA. Une position qui marque la volonté d'émancipation du mouvement : "Il est temps de revenir à nos fondamentaux. Nous avons un parti jeune, qui a besoin d'une majorité stable."
Le parcours de Pastef détonne dans le paysage politique sénégalais. Créé en 2014 par un groupe d'inspecteurs des impôts autour d'Ousmane Sonko, le parti s'est construit sans scission avec les formations existantes. Parmi les architectes de cette ascension fulgurante, Bassirou Diomaye Faye, devenu président de la République, a joué un rôle crucial dans l'élaboration du "Projet", le programme qui a séduit les Sénégalais en mars 2024.
L'histoire récente du parti est marquée par une période sombre. Le 31 juillet 2023, une dissolution par décret présidentiel, une première dans l'histoire récente du Sénégal, contraint le mouvement à la clandestinité. "Cette période-là a été très compliquée, nous devions tenir nos réunions de manière presque clandestine", se remémore Madièye Mbodj, vice-président et conseiller spécial du chef de l'État, interrogé par Jeune Afrique.
La renaissance officielle intervient le 27 mars 2024, quelques jours après la victoire présidentielle, par un décret d'abrogation signé par Macky Sall "dans un souci d'apaisement". Aujourd'hui fort de près de 10.000 membres, le parti a temporairement gelé les nouvelles adhésions dans l'attente d'un congrès prévu en 2025, selon le magazine panafricain.
L'ambition législative du Pastef surprend par son audace. Dans un système où 105 sièges sur 165 sont pourvus au scrutin majoritaire, le parti qui n'avait obtenu qu'un siège en 2017, puis 26 en 2022, vise désormais la majorité absolue de 83 députés. Ousmane Sonko, désigné tête de liste, mène cette bataille décisive.
Le parti est désormais omniprésent jusque dans les détails du quotidien. Sa devise "jub, jubbal, jubbanti", prônant éthique et droiture, orne les timbres fiscaux, tandis que les visages du président et du Premier ministre s'affichent sur les cahiers d'écoliers.
Cette ascension fulgurante n'est pas sans soulever des questions sur la gestion du pouvoir. Comme le rappelle Jeune Afrique, en septembre, une polémique a éclaté suite aux propos du ministre de la Santé, Ibrahima Sy, évoquant une préférence pour le recrutement de militants du parti. Si Pastef a officiellement pris ses distances avec cette position, un conseiller présidentiel nuance auprès de JA : "Ce sont des choses à faire, pas des choses à dire. [...] Peut-on lui reprocher de favoriser un cadre expérimenté de son parti dans ces conditions ?"
Pour Madièye Mbodj, les législatives du 17 novembre représentent "la lutte du système contre l'antisystème". Un scrutin qui dira si le parti, né dans l'opposition et porté au pouvoir par une vague de changement, peut désormais gouverner seul tout en restant fidèle à ses principes fondateurs.
UNE PRÉSIDENTIELLE AMÉRICAINE SOUS TENSION
Dans sept États clés, le destin de la première puissance mondiale pourrait se jouer à quelques dizaines de milliers de voix près. Des tireurs d'élite sur les toits aux drones de surveillance, l'Amérique blindée attend dans l'angoisse le verdict des urnes
(SenePlus) - Une campagne électorale hors norme touche à sa fin aux États-Unis, où Kamala Harris et Donald Trump livrent leurs dernières batailles avant le scrutin présidentiel de mardi, rapporte l'AFP. Un duel historique qui pourrait voir l'accession de la première femme à la tête de la première puissance mondiale, ou le retour spectaculaire de l'ancien président.
À 60 ans, la vice-présidente démocrate Kamala Harris, qui a pris le relais de Joe Biden en juillet dernier, affronte Donald Trump, 78 ans, dans une course à l'issue incertaine. Une campagne marquée par une violence inédite, avec notamment deux tentatives d'assassinat visant le candidat républicain.
Sept États pivots concentrent toutes les attentions, avec la Pennsylvanie comme théâtre principal des ultimes tractations. Dans cet État crucial disposant du plus grand nombre de grands électeurs parmi les "swing states", les deux candidats multiplient les apparitions. Harris s'y rend notamment à Scranton, Pittsburgh et Philadelphie, soutenue par des célébrités comme Oprah Winfrey, Lady Gaga et Ricky Martin.
"Demain, ce sont les patriotes qui bossent dur comme vous qui vont sauver notre pays", a lancé Trump lors d'un meeting à Raleigh, avant d'entamer une tournée marathon en Pennsylvanie et dans le Michigan. À Grand Rapids, un jeune supporter de 19 ans, Ethan Wells, confie à l'AFP : "Quand Trump était président, personne ne déconnait avec l'Amérique."
La tension est palpable alors que près de 80 millions d'Américains ont déjà voté par anticipation. L'équipe Harris dit "s'attendre pleinement" à ce que Trump se déclare prématurément vainqueur, une manœuvre que Ian Sams, son porte-parole, qualifie de "signe de faiblesse et de peur de perdre."
Les craintes de violences post-électorales sont réelles : deux Américains sur trois les redoutent. Des mesures de sécurité exceptionnelles sont déployées : mobilisation de la Garde nationale dans l'État de Washington et le Nevada, agents électoraux équipés de boutons d'alarme en Géorgie, surveillance par drone et tireurs d'élite dans certains bureaux de vote. À Washington, des barrières métalliques protègent déjà la Maison Blanche, le Capitole et d'autres sites sensibles.
Le résultat, attendu dans la nuit de mardi à mercredi, pourrait se jouer à quelques dizaines de milliers de voix près dans un pays profondément divisé, où les deux camps ont déjà engagé de nombreuses actions en justice.
DÉGÂTS HISTORIQUES DANS LE NORD
Des milliers de sinistrés fuient leurs villages submergés, abandonnant derrière eux le travail d'une vie englouti par les eaux. 67 villages sont touchés à Podor, tandis que Dagana et Saint-Louis voient respectivement 13 et 2 de leurs localités dévastées
(SenePlus) - Plus de 8.000 sinistrés et des milliers d'hectares de cultures ravagés. C'est le bilan dévastateur de la crue du fleuve Sénégal qui frappe actuellement le nord du pays, selon un reportage de VOA Afrique. Le désastre touche principalement les régions de Saint-Louis, Matam et Tambacounda, avec plus de 80 villages impactés.
Le département de Podor paie le plus lourd tribut avec 67 localités touchées, suivi de Dagana (13 villages) et Saint-Louis (2 villages). Une catastrophe d'une ampleur inédite depuis la fin des années 1950, qui a contraint des milliers d'habitants à abandonner leurs foyers.
À Loboudou Doué, village totalement submergé et privé d'eau potable et d'électricité, seuls quelques jeunes résistent encore. "La nuit, un groupe veille pendant que les autres dorment. Dès que la digue cède quelque part, on court tous pour colmater. C'est pareil la journée", témoigne Aly Diack, habitant de Séroum.
Les pertes agricoles sont considérables. "Il y avait beaucoup de gens qui avaient semé de l'oignon, mais tout a été gâté par les eaux. Avec l'avancée de la crue, ils ont tout perdu", déplore Bocar Alassane Sall, lui-même sinistré. Dans la seule région de Saint-Louis, environ 4.000 hectares de terres ont été détruits.
Les déplacés, principalement des femmes, enfants et personnes âgées, s'entassent dans des conditions précaires dans un ancien entrepôt situé à une vingtaine de kilomètres de leur village. "Nous nous inquiétons pour nos familles. Chaque parent souhaiterait que sa famille vive dans de bonnes conditions, mange bien, dort confortablement. Mais aujourd'hui, nous n'avons plus tout ça", confie Fatoumata Dieng, mère de six enfants.
Face à l'urgence, l'État a débloqué un budget provisoire de 8 milliards de francs CFA. Au niveau local, les moyens restent limités. "Le maire a autorisé l'exécution de deux lignes budgétaires de l'ordre de 5,3 millions. Mais les procédures restent à l'état d'engagement", précise Mamadou Oumar Diallo, secrétaire municipal.
L'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) maintient la vigilance orange sur la plupart des zones inondées, signe que la situation reste préoccupante.
LA GOUVERNANCE D’EMEDIA TENTE UNE SORTIE DE CRISE
Face au conflit qui paralyse le groupe, un Comité social de bons offices va être mis en place pour renouer le dialogue avec les grévistes. Les actionnaires s'engagent à rechercher des solutions pérennes pour régler la question des arriérés de salaires
Le Conseil d'administration d'E-media INVEST sort enfin de son silence Face au conflit social qui paralyse le groupe depuis près d'un mois. Il annonce, dans le communiqué suivant, la création d'un Comité social de bons offices afin de renouer le dialogue avec les grévistes. Les actionnaires s'engagent parallèlement à rechercher des solutions pérennes pour régler la question des arriérés de salaires.
"Le Conseil d'administration du Groupe E-media INVEST, réuni samedi au grand complet, a examiné avec soin les points inscrits à son ordre du jour.
Les actionnaires constatent pour le déplorer l'arrêt des activités consécutif à la grève déclenchée depuis deux semaines par le syndicat qui exige le paiement des salaire et le règlement définitif du cumul des arriérés.
Cette situation n'est guère rejouissante. Elle dégrade même les positions de l'entreprise acquises au prix d'un effort collectif qui a valu au Groupe la reconnaissance des pairs, le plébiscite des publics agrégés et la satisfaction des partenaires publics et privés qui approuvent ses options éditoriales et sa politique commerciale.
Tout en admettant les difficultés de la conjoncture systémique du secteur des médias,le Conseil d'administration estime nécessaire, opportune et impérative la reprise du travail dans ce contexte politique marqué par la campagne électorale pour le scrutin législatif du 17 novembre prochain.
Cette reprise est de nature à rassurer les partenaires et les opinions sevrés de prestations et de services qu'un retour à la normale permettrait de rétablir pour de nouvelles audaces, de nouvelles orientations afin de fixer un nouveau cap jalonné d'enjeux et de promesses fécondes.
Édifié par les échanges nourris, le Conseil d'administration du Groupe E-media INVEST à pris une forte résolution de constituer un Comité social de bons offices (élargi à des bonnes volontés) afin de rencontrer dans les plus brefs délais les représentants du Personnel et du syndicat dans l'ultime but d'instaurer un dialogue social aux fins de gérer la crise qui sévit.
Parallèlement à l'instauration du Comité social de bons offices, les actionnaires du Groupe s'engagent à leur tour à se rencontrer pour explorer des solutions pérennes.
Devant l'émoi suscité par ces remous circonstanciés, le Conseil d'administration tient à rassurer les partenaires, les employés et les publics de son engagement indéfectible en faveur de la sauvegarde des outils de travail, de l'amélioration du climat et de l'urgence d'asseoir des de solides bases de performances et de croissance économiques."
Le Conseil constitutionnel a résisté aux pressions des partisans d'un 3e mandat. Son président Mamadou Badio Camara révèle l'existence d'une demande d'avis officielle. Le verdict négatif aurait pesé lourd dans le renoncement de l'ancien chef d'État
(SenePlus) - Dans un témoignage sans précédent livré début octobre lors de l'édition 2024 de la Nuit du Droit au Conseil constitutionnel français, Mamadou Badio Camara, président du Conseil constitutionnel sénégalais, a levé le voile sur la question du troisième mandat de l'ancien président Macky Sall.
Pour la première fois depuis la fin de cette crise politique majeure, il a confirmé que son institution avait été officiellement saisie pour avis sur la possibilité d'un troisième mandat. "L'avis a été donné très rapidement, très vite, sur l'impossibilité de briguer un troisième mandat", a révélé M. Camara, s'appuyant sur la disposition constitutionnelle issue de la révision de 2016.
Cette révision, initiée paradoxalement par Macky Sall lui-même, stipulait clairement que le président "ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs". Ayant exercé un premier mandat de 2012 à 2019, puis un second de 2019 à 2024, la situation semblait juridiquement sans ambiguïté.
Le magistrat a également évoqué les "fortes pressions" exercées sur le Conseil constitutionnel durant cette période critique. "Il y a eu beaucoup de tensions. Il y a eu beaucoup de pressions", a-t-il reconnu, tout en précisant que ces pressions étaient "peut-être un peu normales" dans le contexte d'une élection présidentielle où "les enjeux sont très importants et les politiques peuvent être féroces avec tout ce qui peut contredire ou contrecarrer leur projet".
Malgré ces pressions, M. Camara affirme que son institution est restée fidèle à sa mission constitutionnelle : "On a fait l'effort d'exercer notre métier de la manière la plus conforme à la Constitution du Sénégal et aux lois électorales du Sénégal."
Cette révélation apporte un éclairage nouveau sur la décision de Macky Sall qui, après des mois de suspense et de tension politique, avait finalement annoncé en juillet 2023 qu'il ne briguerait pas un troisième mandat. Selon les propos de M. Camara, l'avis négatif du Conseil constitutionnel "a peut-être influé sur la décision de renoncer à cette tentative de troisième mandat".
Au cours de son intervention, le président du Conseil constitutionnel a également analysé la singularité démocratique sénégalaise dans le contexte africain. Il a notamment évoqué l'héritage de "l'arbre à palabre", une tradition ancestrale de résolution des conflits par le dialogue et le consensus.
"On nous a dit que c'était un peu dans l'ADN du Sénégal", a expliqué M. Camara, décrivant cette pratique où les anciens se réunissaient pour discuter des problèmes de la communauté et trouver des solutions consensuelles, "acceptées à 100% par toutes les parties".
Interrogé sur la perception de la démocratie française au Sénégal, M. Camara a souligné l'influence considérable de la Constitution française de 1958 sur le système institutionnel sénégalais, tout en reconnaissant que toutes les démocraties peuvent traverser des périodes de turbulence.
LE MONDE À L'HEURE AMÉRICAINE
Commerce, climat, conflits armés : la présidentielle américaine s'annonce comme un tournant majeur pour la planète. De l'Europe inquiète pour l'OTAN à la Chine préoccupée par les tarifs douaniers, chaque région scrute ce duel aux conséquences globales
(SenePlus) - D'après une analyse du New York Times (NYT), l'élection présidentielle américaine du 5 novembre entre Kamala Harris et Donald Trump s'annonce comme un scrutin aux répercussions planétaires majeures, redessinant les contours de la politique internationale sur de nombreux fronts critiques.
En Israël, les sondages montrent une nette préférence pour Trump, mais comme le souligne le quotidien new-yorkais, "l'impact à long terme sera probablement limité". La société israélienne est aujourd'hui "plus opposée à un État palestinien et à une solution à deux États qu'elle ne l'a été depuis des décennies".
Sur le front russo-ukrainien, les enjeux sont considérables. "C'est une élection qui compte énormément pour la Russie et l'Ukraine", rapporte le New York Times. Vladimir Poutine, de manière surprenante, voit peu de différence entre Trump et Harris concernant l'Ukraine, estimant que "les deux seront moins engagés que Biden".
En Chine, le débat se cristallise autour de deux points majeurs : "les tarifs douaniers et Taiwan". Si les responsables économiques chinois s'inquiètent des menaces de Trump d'imposer des tarifs généralisés, les stratèges en politique étrangère y voient des avantages, notamment son moindre engagement envers Taiwan.
Pour l'Europe, ce scrutin marque "la fin d'une ère, quel que soit le résultat". Les dirigeants ouest-européens sont particulièrement anxieux face aux menaces de Trump d'imposer des tarifs de 20% sur les exportations et de quitter l'OTAN. Même une victoire de Harris ne garantirait pas un retour à la normale, car elle serait "plus préoccupée par la Chine".
Sur le plan commercial, Trump considère que "tarif" est "le plus beau mot du dictionnaire, plus beau qu'amour, plus beau que respect". Il promet des tarifs de "10 à 20% sur la plupart des produits étrangers, et 60% ou plus sur les biens fabriqués en Chine", une politique qui pourrait déclencher de multiples guerres commerciales.
Concernant le climat, les enjeux sont existentiels. Les États-Unis, "deuxième plus grand émetteur après la Chine", joueront un rôle déterminant. Si Harris poursuivrait probablement la politique de transition énergétique de Biden, Trump pourrait "ralentir la transition à un rythme d'escargot, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour le climat".
Dans un monde en pleine mutation, cette élection américaine apparaît comme un moment charnière qui, selon le New York Times, polarise le monde autant que les États-Unis eux-mêmes, "mais parfois de manière inattendue".
SÉVERINE AWENENGO DALBERTO CONTRAINTE DE SE JUSTIFIER
Face à la tempête politique qui secoue le Sénégal autour de son livre sur la Casamance, la chercheuse réplique. Elle retrace vingt années de recherches méticuleuses, depuis ses premiers pas dans la région en 1996 jusqu'à la publication de son ouvrage
(SenePlus) - Face à l'interdiction annoncée de son ouvrage au Sénégal et aux vives critiques dont elle fait l'objet, l'historienne française Séverine Awenengo Dalberto sort à nouveau de son silence pour défendre la nature scientifique de son travail sur la Casamance.
L'universitaire, directrice de recherche au CNRS, a tenu à clarifier la genèse et la nature de son livre "L'Idée de la Casamance autonome – Possibles et dettes morales de la situation coloniale au Sénégal", qui cristallise les tensions politiques à quelques jours des élections législatives du 1è novembre.
"Mon livre porte sur l'histoire de l'idée de l'autonomie, c'est un livre universitaire qui ne comporte absolument aucune position politique", explique la chercheuse, dont l'intérêt pour la région remonte à 1996, lors d'un premier séjour qui l'a profondément marquée, notamment après l'attaque de Mandina Mancagne dont elle fut témoin.
Son parcours académique témoigne d'un engagement scientifique de longue date. "J'ai effectué cinq séjours d'environ six mois de recherche en Casamance et à Dakar", précise l'historienne, qui a soutenu sa thèse en 2005 "avec les félicitations du jury à l'unanimité". Ses travaux se sont ensuite diversifiés, couvrant divers aspects de l'histoire sénégalaise, des premiers Sicaps à Dakar au mouvement Y'en a marre.
Face aux accusations d'ingérence dans les affaires sénégalaises, la chercheuse souligne la rigueur méthodologique de son travail : "Un livre universitaire d'histoire ne s'écrit pas en trois semaines ou même un an : c'est des années de recherches et d'écriture". Elle insiste sur la nécessité de "pouvoir nommer son sujet de recherche" pour expliquer le titre de son ouvrage.
La controverse a pris une nouvelle ampleur politique après que le Premier ministre, Ousmane Sonko, lors d'un meeting à Ziguinchor vendredi, a vivement critiqué l'ouvrage. Il a notamment déclaré que le livre "ne sera pas commercialisé au Sénégal", y voyant "un projet de déstabilisation".
Les éditions Karthala ont déploré "une instrumentalisation politique d'un ouvrage scientifique par des personnes qui n'ont, manifestement, pas pris connaissance de son contenu". Cette position est reprise par l'autrice qui affirme que tous ceux qui ont lu son livre "l'ont trouvé bien documenté, nuancé et qu'il apportait beaucoup à la connaissance de l'histoire du Sénégal".
Cette polémique s'inscrit dans un contexte politique tendu, alors que l'Alliance pour la République, ancien parti au pouvoir, a également dénoncé un ouvrage jugé "dangereux" pour l'unité nationale. Le débat illustre la sensibilité persistante de la question casamançaise dans le pays.