DÉGÂTS HISTORIQUES DANS LE NORD
Des milliers de sinistrés fuient leurs villages submergés, abandonnant derrière eux le travail d'une vie englouti par les eaux. 67 villages sont touchés à Podor, tandis que Dagana et Saint-Louis voient respectivement 13 et 2 de leurs localités dévastées
(SenePlus) - Plus de 8.000 sinistrés et des milliers d'hectares de cultures ravagés. C'est le bilan dévastateur de la crue du fleuve Sénégal qui frappe actuellement le nord du pays, selon un reportage de VOA Afrique. Le désastre touche principalement les régions de Saint-Louis, Matam et Tambacounda, avec plus de 80 villages impactés.
Le département de Podor paie le plus lourd tribut avec 67 localités touchées, suivi de Dagana (13 villages) et Saint-Louis (2 villages). Une catastrophe d'une ampleur inédite depuis la fin des années 1950, qui a contraint des milliers d'habitants à abandonner leurs foyers.
À Loboudou Doué, village totalement submergé et privé d'eau potable et d'électricité, seuls quelques jeunes résistent encore. "La nuit, un groupe veille pendant que les autres dorment. Dès que la digue cède quelque part, on court tous pour colmater. C'est pareil la journée", témoigne Aly Diack, habitant de Séroum.
Les pertes agricoles sont considérables. "Il y avait beaucoup de gens qui avaient semé de l'oignon, mais tout a été gâté par les eaux. Avec l'avancée de la crue, ils ont tout perdu", déplore Bocar Alassane Sall, lui-même sinistré. Dans la seule région de Saint-Louis, environ 4.000 hectares de terres ont été détruits.
Les déplacés, principalement des femmes, enfants et personnes âgées, s'entassent dans des conditions précaires dans un ancien entrepôt situé à une vingtaine de kilomètres de leur village. "Nous nous inquiétons pour nos familles. Chaque parent souhaiterait que sa famille vive dans de bonnes conditions, mange bien, dort confortablement. Mais aujourd'hui, nous n'avons plus tout ça", confie Fatoumata Dieng, mère de six enfants.
Face à l'urgence, l'État a débloqué un budget provisoire de 8 milliards de francs CFA. Au niveau local, les moyens restent limités. "Le maire a autorisé l'exécution de deux lignes budgétaires de l'ordre de 5,3 millions. Mais les procédures restent à l'état d'engagement", précise Mamadou Oumar Diallo, secrétaire municipal.
L'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) maintient la vigilance orange sur la plupart des zones inondées, signe que la situation reste préoccupante.