Deux membres de l'ambassade de France au Mali ont été interpellés jeudi à Bamako et libérés vendredi, a appris l'AFP de sources diplomatiques, dans un contexte de dégradation continue des relations entre Paris et Bamako.
Les deux membres de l'ambassade, de nationalité française, ont été interpellés jeudi en milieu de journée en centre-ville tandis qu'ils prenaient des photos d'un terrain de football devant servir de point de rassemblement pour les ressortissants français en cas d'évacuation forcée, selon un diplomate français à Bamako.
Ils ont été "libérés vendredi matin après des échanges fructueux entre les deux parties", a précisé cette source française.
"Deux agents de l'ambassade ont été brièvement retenus par les autorités maliennes. Ils ont été libérés après des échanges entre l’ambassade avec les autorités maliennes. Nous n'avons pas d'autre commentaire à faire", a aussi déclaré le Quai d'Orsay à Paris.
Une source diplomatique malienne a confirmé l'information. "Pour des raisons de sécurité, deux ressortissants français arrêtés et soupçonnés dans un premier temps d'espionnage ont été libérés. Les vérifications nécessaires ont été faites", a-t-elle déclaré.
"Deux espions français"
L'information a commencé à circuler dans la nuit de jeudi à vendredi sur les réseaux sociaux, où plusieurs pages réputées proches des autorités de transition ont publié que "deux espions français" avaient été arrêtés.
Les relations entre le Mali et ses partenaires sous-régionaux et occidentaux se sont progressivement dégradées depuis le putsch de 2020 qui a placé une junte militaire au pouvoir. Bamako s'est détourné de la France avec acrimonie et a vigoureusement réactivé ses liens historiques avec Moscou pour tenter d'endiguer la propagation jihadiste qui ravage le pays.
Les Français viennent d'achever leur retrait militaire progressif du Mali après neuf ans d'engagement dans ce pays. Cette brève interpellation intervient également dans un contexte diplomatique tendu entre Bamako et Abidjan sur le sort de 46 soldats ivoiriens détenus depuis plus de deux mois au Mali.
par l'éditorialiste de seneplus, ibe niang ardo
L’HÉMICYCLE ET L’ASSAUT DU TRIBALISME
EXCLUSIF SENEPLUS - Le grand challenge du bureau de l’Assemblée est de briser les frontières entre groupes en son sein et d’arriver à en former un seul de députés du peuple qui coopèreraient entre eux pour le meilleur que nous sommes en droit d’attendre
Ibe Niang Ardo de SenePlus |
Publication 16/09/2022
La quatorzième législature était pleine de promesses de rupture et elle n’a pas attendu d’être installée pour les manifester avec un zèle pétrifiant. À quoi pouvait-on s’attendre de la part de ceux qui promettaient la rupture si ce n’est ce qu’on a vu ce 12 septembre à l’hémicycle : l’entrée dans l’ère de députés loufoques avec toutes les extravagances inhérentes. S’attendre à autre chose de plus convenable ne serait que le résultat d’une aliénation causée par les sirènes populistes. Les promesses étaient clairement étayées par les divers actes et discours quotidiens perpétrés des années durant par les mêmes.
Ce que les acteurs de ce cirque du 12/9 encourent comme blâmes déshonorants je me garderais de les mentionner, laissant à leurs sympathisants déçus le soin de le faire, eu égard au respect que je dois à leur nouveau statut. Je m’intéresse plutôt à la cause de cette indiscipline affichée au sein d’un hémicycle aussi honorable, avec l’extravagance coutumière de leurs auteurs. Là où beaucoup d’analystes avancent les arguments de déficit d’éducation et de formation, de populisme à outrance, de conjoncture économique et social difficiles et autres arguments tout aussi valables pour concourir à l’avènement d’un tel phénomène, moi j’ai peur que la cause symbolique de tels préjudices, inhérente à l’être humain, celle-là même le rendant incapable dans des circonstances convenables de coopérer conformément à l’attente unanime pour s’ériger en défenseur de son groupe, est celle donnée par la psychologie : le tribalisme.
Des études d’un Professeur de psychologie William Von Hippel auteur de (The Social Leap : The New Evolutionary Science of Who We are, Where We Come From, and What Makes Us Happy),
décrivent avec pertinence les informations sur la façon dont notre esprit d’humain agit par rapport aux autres.
La réalité décrite dans ce livre est que nous humains évoluons naturellement en coopérant entre membres d’un même groupe et ceci aux dépends de la coopération entre un groupe et un autre. Nous ne savons pas coopérer entre groupes. Depuis l’origine des temps, pour les humains un autre groupe est assimilé avant tout à une menace et les batailles de survie ont toujours opposé différents groupes. Ce tribalisme est la cause et la conséquence de notre caractère coopératif, tout comme notre capacité à prendre soin des membres de notre groupe nous entraîne à devenir de potentiels tueurs.
Le rôle que ce tribalisme a joué dans l’hémicycle est mis en évidence par les actes inconsistants des leaders mêmes de l’opposition, du fait des arguments fallacieux qui ont servi de gâchette pour causer une chienlit dans cette auguste Assemblée. Bien avant d’en arriver là ils nous avaient habitués à leur manière inculte, leur langage insolent, leur bravade puérile, leur prétention sectaire et leur blâme gratuit tous azimuts. Un groupe qui a tout ça en commun à ses propres codes de moralité et voit les autres comme amoraux. De l’hémicycle, en ce jour d’installation de la 14e législature, tous leurs comportements ne s’adressaient qu’à leurs membres qui suivaient la cérémonie et, aveuglés par cette illusion de défendre leur groupe ils ne voyaient qu’inimitié en leurs autres collègues concurrents dans la salle. Ils fonctionnaient comme des automates selon des codes comportementaux et langagiers inconsistants par rapport aux lieu et moment aussi bien qu’à l’égard de leurs pairs et du reste de la population.
Le danger était là et tout pouvait arriver sans l’intervention opportune des agents de sécurité pour permettre le déroulement normal de la cérémonie.
Dès lors, je crois que le grand challenge du bureau de l’Assemblée nationale est de briser les frontières entre groupes en son sein et d’arriver à en former un seul de députés du peuple qui coopèreraient entre eux, ceux issus de l’opposition et ceux de la majorité, pour nous donner le meilleur que nous sommes en droit d’attendre.
Il faut en revenir aux règlements qui régissent l’Assemblée nationale très rapidement, former si nécessaires les membres, appliquer les textes dans toute leur rigueur avec la tolérance zéro et si nécessaire, en renforcer la police pour une plus grande discipline.
DES CENTAINES DE JIHADISTES FUIENT LE NIGERIA VERS LE NIGER
Des centaines de jihadistes de Boko Haram ont fui leur repaire dans le nord-est du Nigeria pour le Niger, poussés par des bombardements de l'armée et d'importantes inondations en cette saison des pluies
Des centaines de jihadistes de Boko Haram ont fui leur repaire dans le nord-est du Nigeria pour le Niger, poussés par des bombardements de l'armée et d'importantes inondations en cette saison des pluies, ont indiqué une source sécuritaire et des habitants.
Le nord-est du Nigeria est en proie à un conflit vieux de 13 ans entre l'armée et les deux groupes jihadistes rivaux de Boko Haram et de l'Etat islamique en Afrique de l'Ouest (Iswap), qui a fait plus de 40.000 morts et forcé plus de deux millions de personnes à fuir. Le conflit a essaimé au Niger, Cameroun et Tchad voisins, notamment sur les pourtours du lac Tchad à cheval sur les quatre pays.
Depuis le mois dernier, on assiste à un exode des combattants de Boko Haram hors de leur enclave de la forêt de la Sambisa, frappée par des bombardements de l'armée, a affirmé à l'AFP un haut-responsable sécuritaire nigérian. "Cet exode s'est accélérée ces derniers jours avec l'intensification des frappes aériennes et à cause des inondations qui ont submergé plusieurs de leurs camps", a ajouté cette source qui préfère garder l'anonymat.
Lundi, un convoi de plus de 50 camions transportant des combattants de Boko Haram et leurs familles a traversé des villages sur une route reliant la forêt de la Sambisa au lac Tchad, selon plusieurs habitants de la région à l'AFP. Les combattants sont des fidèles de Bakura Buduma, un chef de faction de Boko Haram qui dispose de camps au lac Tchad, côté Niger, selon ces sources. Les autorités nigériennes n'ont pas pu confirmer immédiatement ce déplacement.
Depuis la mort du chef de Boko Haram Abubakar Shekau en mai 2021, tué par les combattants de l'Iswap, la forêt de la Sambisa est désormais largement dominée par le groupe affilié à l'Etat islamique. Nombre de combattants de Boko Haram ayant refusé de leur prêter allégeance ont fui ou se sont rendus aux autorités depuis.
Un climat de violence quasi-généralisée règne dans le nord et le centre du pays le plus peuplé d'Afrique, en proie à des bandes criminelles et/ou jihadistes qui multiplient attaques et enlèvements, à moins d'un an de l'élection présidentielle. Le président Muhammadu Buhari termine son deuxième mandat en février 2023, critiqué de toutes parts pour son incapacité à endiguer l'insécurité.
MIMI ALERTE SUR UNE CABALE CONTRE SA PERSONNE
EXCLUSIF - SenePlus confirme l'envoi par Aminata Touré d'une lettre à Macky Sall ce jeudi 15 septembre 2022. L'ancienne Première ministre y fait état "d'actions de neutralisation physique" en cours afin de l'empêcher de siéger à l'Assemblée nationale
SenePlus reproduit en intégralité la lettre adressée par Aminata Touré au président Macky Sall, ce jeudi 15 septembre 2022. L'ancienne Première ministre fraîchement élue députée y indique notamment que des manoeuvres sont en cours dans l'entourage du chef de l'État et de la première dame afin de l'empêcher physiquement de siéger à l'Assemblée nationale.
"Monsieur le président,
Je viens par la présente lettre vous informer qu’il m’est revenu de sources très crédibles que des éléments proches de votre entourage et de celui de la première dame, envisagent des actions de neutralisation physique afin que le suppléant en droit de siéger puisse me remplacer définitivement à l’Assemblée nationale. Un comité en charge des invectives de l’Alliance Pour la République est déjà mis en place et s’est mis au travail dès le jour où j’ai exprimé mon désaccord quant à la préférence familiale que vous avez mise en avant pour le choix du président à l’Assemblée nationale. Loin d’être intimidée par de tels projets funestes, je tiens néanmoins à vous faire part de ces informations dignes de foi en tant que chef de l’État, garant suprême de la sécurité de tous les Sénégalais, y compris de celle des représentants du peuple que sont les députés.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le président de la République, l'expression de mes sentiments distingués."
par Damien Glez
ENTRE DAKAR ET LYON, LE VOL MAUDIT D'AIR SÉNÉGAL
Après l’interruption de leur vol, les passagers ont tenté de finir leur trajet dans un bus qui a pris feu. Une série d’avaries en cascade qui survient au moment où la compagnie aérienne enchaîne les déconvenues
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 15/09/2022
Les Africains qui ont connu les années 1990 sont habitués aux compagnies aériennes surnommées « Air peut-être ». Et le Sénégal n’échappe toujours pas à la règle. Il y a les avions qui partiront « peut-être », comme en avril dernier, ceux de l’aéroport international Blaise-Diagne de Dakar confrontés à l’indisponibilité de kérosène. Et il y a les avions partis qui, eux, arriveront « peut-être » à bon port et à l’heure prévue. Des voyageurs partis de Dakar entendaient bien atterrir à Lyon (centre-est de la France) ce dimanche, même si certains superstitieux évitent d’emprunter les airs à la date anniversaire du 11-septembre…
C’était sans compter sur des imprévus que les services de communication d’Air Sénégal ont qualifiés pudiquement de « contraintes opérationnelles ». Le vol devait être direct, il a finalement été écourté, avec Marseille (Sud-Est) comme terminus. La quarantaine de voyageurs impactés se sont alors vus proposer une fin de trajet… en bus. Mais là encore, survient une avarie : vers 15 h, un pneu éclate, le car de tourisme prend feu sur l’autoroute A7, à proximité de la ville de Valence (à 100 km de Lyon), les passagers se réfugient derrière la glissière de sécurité, avant d’embarquer dans un véhicule affrété par l’assistance. Aucun blessé n’est à déplorer.
Toujours pudique et énigmatique, le community manager d’Air Sénégal précise – on s’en serait douté – que les vols « Marseille-Lyon et Lyon-Dakar HC427 » ne sauraient être « effectués selon le programme habituel »…
DEUX MORTS SUITE À UNE ATTAQUE DANS LE NORD DU BÉNIN
Aux premières lueurs de ce mercredi 14 septembre 2022, l’assaut contre un poste douanier de Malanville, dans le nord-est du Bénin, a fait deux victimes. Les autorités se veulent prudentes sur la motivation des assaillants en attendant l’enquête
Aux premières lueurs de ce mercredi 14 septembre 2022, l’assaut contre un poste douanier de Malanville, dans le nord-est du Bénin, a fait deux victimes. Les autorités se veulent prudentes sur la motivation des assaillants en attendant les conclusions de l’enquête.
"Oui il y a eu un incident, mais aucune certitude sur la nature". Interpellé, ce mercredi 14 septembre, en marge de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement béninois Wilfried Léandre Houngbédji s’est refusé de spéculer sur la caractérisation de terroriste ou non de l’attaque meurtrière intervenue quelques heures plus tôt au nord du Bénin.
Des individus armés s’en sont pris, très tôt, dans la matinée à un poste des douanes de Malanville, ville frontalière du Niger. Le bilan est de deux morts, dont des civils identifiés comme des "collaborateurs informels" des agents préposés à la douane sur place.
Origine incertaine
Aucune indication du nombre d’assaillants impliqués et encore moins de leurs motivations. Le gouvernement évoque "une action de délinquants à moto et armés tentant de s’en prendre à un poste douanier sans protection particulière, contrairement à un commissariat ou à une unité de l’armée".
Wilfried Léandre Houngbédji refuse, par ailleurs, de parler d’attaque djihadiste sans une enquête approfondie. Une partie de la presse locale avait tôt fait d’évoquer cette hypothèse au regard du lieu de l’incident et de son mode opératoire.
Ces derniers mois, les attaques à moto se sont en effet multipliées contre les forces de l’ordre dans la partie septentrionale, alors que le président Patrice Talon tente de vendre le pays comme une destination attrayante aux investisseurs. Une situation d’autant plus inquiétante que le Bénin a longtemps été épargné par la menace terroriste qui est une réalité en Afrique de l’Ouest depuis plusieurs années.
Stratégies d’endiguement
La proximité avec des États confrontés à ce fléau en expansion tels que le Niger ou le Burkina semble avoir fait voler en éclats l’assurance béninoise depuis bientôt un an. L’armée a ainsi été déployée dans le nord, notamment aux frontières, sous le commandement du nouveau chef d’état-major des armées Fructueux Gbaguidi. Ce général nommé début avril 2022 a promis de travailler à la sécurisation de l’ensemble du territoire.
Plusieurs stratégies allant de la sensibilisation des populations au partage d’informations avec des nations voisines ont été mises à l’essai. L’expertise rwandaise anti-djihadiste est également sollicitée.
TOUBA, LA CITÉ SACRÉE OU LE SACRE D'UN RÊVE
La fondation de cette localité par le guide de la communauté mouride, en 1888, pour en faire une cité d’adoration d’Allah, est couverte de mythe et de mystère. Elle est surtout le produit d’un rêve devenu réalité : Touba rayonne de grâces
Portée tout haut par Cheikh Ahmadou Bamba, la cité religieuse de Touba est devenue la deuxième ville du Sénégal en termes de démographie. La fondation de cette localité par le guide de la communauté mouride, en 1888, pour en faire une cité d’adoration d’Allah, est couverte de mythe et de mystère. Elle est surtout le produit d’un rêve devenu réalité : Touba rayonne de grâces.
Entre le Cayor, le Baol et le Sine-Saloum, se trouve la ville religieuse de Touba. Fondée en 1888 par Cheikh Ahmadou Bamba, l’histoire de ses origines est couverte de mythe et de sacré. Elle est intimement liée à celle du Mouridisme. Cheikhoul Khadim l’a fondée pour l’adoration de Dieu, explique Khaly Diakhaté, Président de la section Touba de la Ligue des écoles coraniques du Sénégal. En effet, l’inspirateur de cette communauté dévote a, dans ses périples, découvert cette terre située entre plusieurs royaumes de l’époque : le Cayor, le Baol, le Sine-Saloum et, d’un autre côté, le Ndiambour. Cependant, selon Khaly Diakhaté, ce qui fait la spécificité de Touba est que cette partie n’a été sous domination d’aucun royaume. Elle n’a jamais été annexée par un quelconque royaume. Elle est restée une terre vierge jusqu’à sa découverte par le saint homme. Cheikh Ahmadou Bamba cherchait un endroit non souillé, où il pouvait se consacrer uniquement à l’adoration de son Seigneur et d’être au service du Prophète Mohamed (Psl).
C’est cette quête de la « solitude » pour se consacrer à la prière qui l’a conduit à ce lieu. D’après Serigne Fallou Galass Sylla, quand Cheikh Ahmadou Bamba entrait dans ce site qui est devenu, aujourd’hui, la ville religieuse, l’endroit était une forêt où ne vivaient que des animaux sauvages. Le chercheur sur le Mouridisme renseigne que le Cheikh a fait plusieurs jours dans cette immense forêt. Personne ne savait où il se trouvait. Il y a fait des dizaines de jours à la quête du lieu idéal où il devait ériger sa future cité. Ses proches, très inquiets, sont partis à sa recherche, raconte M. Sylla. En entrant dans la forêt de Touba, ils ont croisé un chasseur qui leur a dit l’avoir vu au pied d’un arbre appelé « sexaw ».
Cité des rêves de Bamba
Pourtant, avant Touba, Cheikh Ahmadou Bamba avait fondé Darou Salam. Malgré l’expansion qu’a connue cette première cité quelques années plus tard, il l’a quittée pour trouver un autre endroit où il pourrait s’isoler pour faire ses dévotions. « Touba n’est pas une terre que Cheikh Ahmadou Bamba s’est échiné à trouver pour y pratiquer l’agriculture ou l’élevage. C’est un endroit réservé exclusivement à la prière, à l’enseignement coranique, à la recherche », explique Ahmadou Ndiaye Nguirane, maître coranique et chercheur.
Celui-ci renseigne que le fondateur de l’une des plus importantes confréries du Sénégal a remercié le Seigneur en ces termes après avoir découvert cette luxuriante forêt qui abrite, aujourd’hui, la ville religieuse de Touba : « Je rends grâce à Dieu de m’avoir conduit vers une terre où il a annihilé mes obstacles ». Après avoir fait la découverte de cette belle terre, le Cheikh lui a donné le nom de Touba. Touba, explique Serigne Fallou Galass Sylla, est un imposant arbre qui se trouve au paradis. « Il couvre toutes les demeures du paradis », renchérit-il. Touba est « la cité de ses rêves ». Un grand temple d’Allah. « L’autorisation de fonder Touba m’a été donnée par le Seigneur », disait Cheikh Ahmadou Bamba, selon ce chercheur.
En effet, Serigne Fallou Galass Sylla raconte que c’est à Touba que le Cheikh a écrit son célèbre panégyrique « Matlabul Fawzeyni » ou « La quête du bonheur des deux mondes ». Dans « Xasida », il a formulé tous ses vœux et prières pour « la ville idéale ». Le Cheikh a prié pour le rayonnement de la ville et de ses habitants, pour que Touba reste une cité bénie, à l’abri des mondanités de ce bas monde.
Demeure éternelle
En s’installant à Touba, rapporte Ahmadou Khadim al-Mountakha, fils de l’actuel Khalife général des Mourides, la cité était dépourvue d’eau. Mais, venu avec la ferme intention d’adorer Dieu le Tout-Puissant, Cheikh Ahmadou Bamba s’est installé. Petit à petit, ses disciples commencèrent à le rejoindre dans sa cité. Sa première demeure, indique Serigne Fallou Galass Sylla, est le site qui abrite, aujourd’hui, la grande mosquée. Par la suite, il en a créé d’autres parmi lesquelles Darou Khoudoss. C’est dans cette demeure qu’il a prêté allégeance au Prophète Mohamed (Psl) et a décidé d’être à son service. Ahmadou Ndiaye Nguirane informe qu’après son installation, il a commencé à mettre en place des « dahiras » pour démarrer l’enseignement du Coran. Le guide de la communauté mouride a dédié toute sa vie au Coran, son livre de chevet. Partout où il se trouvait, il lisait les écritures saintes ou se mettait à écrire.
En fondant Touba, le Cheikh voulait en faire le point de départ d’un changement sociétal avec des compagnons capables de pérenniser son projet de société. Ainsi, Serigne Dame Abdou Rahmane, Serigne Mbacké Bousso, Mame Thierno Birahim et d’autres ont reçu la bénédiction de Khadim Rassoul pour commencer les enseignements religieux dans la cité bénie de Touba. Ses disciples venaient de tous les horizons pour rejoindre la ville religieuse. Cependant, explique Ahmadou Ndiaye Nguirane, Cheikh Ahmadou Bamba n’a pas trop duré dans la ville. Il avait déjà réussi la mission que lui avait confiée son Seigneur : mettre en place cette cité bénie destinée à l’adoration d’Allah. Il quitte la terre de Touba en 1895 sans jamais y remettre les pieds. Mais, son rêve pour le rayonnement de sa cité continuait à se réaliser. Même en exil, raconte le spécialiste de cette cité, il priait pour Touba. De retour en exil, Cheikh Ahmadou Bamba n’est pas revenu dans sa cité. Le grand retour n’aura lieu que le 19 juillet 1927, soit 33 ans après. D’après Ahmadou Ndiaye Nguirane, Cheikh Ahmadou Bamba a toujours prié pour que Touba soit sa demeure éternelle. C’est pourquoi, quand il a rendu l’âme à Diourbel, il a été inhumé, le 19 juillet 1927, sur le site de la Grande mosquée de Touba, car de son vivant, il en avait émis la volonté. « Cheikh Ahmadou Bamba a une fois dit à Mame Thierno Birahim (son petit frère), que c’est ici qu’il le verra pour la dernière fois, en désignant l’endroit où il a été inhumé », rapporte M. Nguirane.
Quatre-vingt-quinze ans après sa disparition, les fondements de Touba, tels que voulu par son fondateur, sont jalousement préservés par ses prédécesseurs. Malgré une urbanisation galopante, l’enseignement coranique et la recherche scientifique restent dominants dans la cité de Bamba. Les mosquées, les écoles coraniques et les espaces dédiés à la recherche poussent comme des champignons. Son projet de société pour cette ville continue de faire son chemin, plus d’un siècle après.
PAR Farid Bathily
LE NIGERIA BANNIT LE RECOURS AUX MODÈLES ÉTRANGERS DANS LA PUB
Le pays d’Afrique de l’Ouest dit non à la représentation des personnes de nationalité étrangère sur ses supports publicitaires. Elles sont également interdites de prêter leur voix en off. La décision vise à promouvoir les talents locaux
À compter du 1er octobre 2022, le Nigeria ne va plus admettre que les mannequins étrangers s’affichent dans les publicités diffusées sur son territoire. Il en sera de même pour les artistes dont la voix est utilisée en off dans les films et autres œuvres cinématographiques.
C’est la décision prise par l’État fédéral à travers un communiqué du 22 août 2022. Le texte signé du Conseil national de régulation de la publicité (Arcon) inclut l’ensemble des supports publicitaires et de communication marketing, audiovisuels ou non.
"Les annonceurs, les agences de publicité, les médias et le grand public sont tenus d'en prendre note", indique le texte d’Arcon, laissant toutefois les contrats publicitaires en cours d’exécution aller à leur terme.
Mettre en avant le savoir-faire local
Selon le régulateur, cette mesure répond à une politique gouvernementale visant à mettre en avant le savoir-faire local afin de favoriser une croissance économique inclusive dans le secteur de la publicité au Nigeria.
Le pays est en effet connu pour son industrie cinématographique (Nollywood) – la deuxième au monde derrière celle de l’Inde – extrêmement dynamique, créative et florissante. Elle a ainsi généré 660 millions de dollars de recettes rien qu’en 2021. Soit plus de 2% du PIB du Nigéria.
Nollywood est si attrayant qu’il suscite de plus en plus la curiosité des acteurs du streaming tels que Netflix ou encore Amazon. Ces géants internationaux n’hésitant pas à y investir de gros moyens.
Mesure diversement appréciée
Le bannissement des modèles étrangers devrait également participer au renforcement du sentiment de fierté nationale autour de la filière du cinéma et de la publicité entre autres dans le pays. "Nous avons plus de 200 millions de visages, de top-modèles et de voix au Nigeria. Êtes-vous en train de me dire qu’aucune de ces voix n’est assez bien pour commercialiser un produit ?", s’est notamment demandé le patron de l’Arcon, Olalekan Fadolapo.
La décision fait énormément réagir les populations. D’aucuns saluent une mesure favorable à l’éclosion des talents locaux. D’autres en revanche dénoncent un protectionnisme mal avisé aux effets potentiellement pervers. "J’espère que vous serez aussi fier quand des Nigérians sont aussi bannis ailleurs", a ainsi moqué un internaute sur Twitter.
"Qu’est-ce que l’accent nigérian ? Comment distinguer exactement la voix éligible à l’usage en off de celle qui ne l’est pas alors qu’une personne de nationalité nigériane peut disposer de plusieurs accents ?", s’est par ailleurs demandé la chaîne de télévision locale de divertissement TVC dans un débat le 23 août 2022.
AUDIO
BIDEN S'ÉVITE UNE CRISE DU RAIL
René Lake revient au micro de VOA sur les implications de l'accord scellé entre l'exécutif, les compagnies ferroviaires et les syndicats. Cela empêche de fait, une grève qui aurait été très préjudiciable à l'économie américaine à l'approche des midterms
René Lake revient sur les implications de l'accord de principe scellé entre la Maison Blanche, les compagnies ferroviaires et les syndicats. Cela empêche de fait, une grève qui aurait été très préjudiciable à l'économie américaine à l'approche des midterms. Il est au micro de Yacouba Ouédraogo sur VOA.
TOUBA A SUIVI LA TRAJECTOIRE DE VIE DE SON FONDATEUR
Cheikh Guèye, géographe et écrivain, s’intéresse à l’articulation entre l’espace et l’identité à Touba. L’auteur de « Touba, la capitale des mourides », aborde plusieurs questions relatives à l’évolution de la ville sainte - ENTRETIEN
Docteur Cheikh Guèye, géographe et écrivain, s’intéresse à l’articulation entre l’espace et l’identité, notamment dans la ville de Touba. Dans cet entretien, l’auteur de « Touba, la capitale des mourides », aborde plusieurs questions relatives à l’évolution de la ville sainte.
Le sacré qui produit une ville. L’exemple de Touba est-il commun dans le monde ?
Cet exemple n’est pas rare. Le sacré produit souvent la ville. D’ailleurs, presque toutes les fondations de cité sont soit précédées, soit accompagnées par le sacré et se définissent par lui. La cité est toujours un mariage harmonieux entre le sacré et le profane qui est également l’autre force motrice de la ville, l’homme étant à la fois matière et esprit. Mais Touba est une ville religieuse et sacrée, la fonction religieuse est essentielle et a la particularité de peser sur tout le reste. C’est elle qui engendre l’organisation spatiale, la gestion urbaine, les principaux évènements (magals et célébrations), la vie quotidienne, etc. En cela, Touba se rapproche des autres grandes cités religieuses comme La Mecque, Homs ou encore le Vatican.
La notion de ville religieuse dépend également de la genèse, des paysages, des représentations, des fonctions. La fonction fondatrice du mythe et du sacré est sans doute importante pour la caractériser. Touba est le reflet et la capitale d’une confrérie soufie musulmane, avec des traits de caractère purement sénégalais et c’est cela qui fait son originalité en tant que cité sacrée dans le monde.
Touba, dont le site a été découvert en 1887, est la troisième fondation de Cheikh Ahmadou Bamba après Darou Salam et Darou Marnane. Mais cette fondation revêt une signification particulière par rapport à toutes les autres fondations. Elle entre dans la série de tentatives de création de retraites spirituelles personnelles (comme Darou Salam) ou de prise en charge des nouveaux disciples, qui ont imprimé le sacré dans cet espace constituant le cœur du pays mouride. Mais elle est surtout perçue par le fondateur comme le signe d’une révélation qui, avec d’autres faits, notamment la « rencontre » avec le Prophète, marque l’aboutissement de sa recherche mystique.
La fondation est donc le fait d’un agent religieux et a un sens religieux, mystique et soufi. Déjà, avant la fondation proprement dite, Touba était d’abord un mythe, un rêve, celui d’un ascète tout tourné vers le recueillement et la contemplation. Entre cette découverte-fondation et la concession foncière faite par les autorités coloniales pour la construction de la mosquée, Touba a suivi la trajectoire de vie de son fondateur qui, malgré exils et « résidences surveillées », a multiplié les efforts pour que le rêve se réalise.
Quelle est la part de légende dans le récit mouride de la création de Touba ?
Cette part de légende est très importante et est une composante de la production de la sacralité et de la sainteté. Toutes les versions considèrent la découverte-fondation de Touba comme un moment d’inspiration divine. Trois ans après la fondation de Darou Salam, le Cheikh reçoit l’ordre de fonder Touba, à la suite d’une retraite spirituelle (khalwatou) de 30 à 40 jours au pied d’un « sékhaw » (combretum micrantum), situé aujourd’hui à l’est de Ndame et ayant donné son nom à un grand quartier. Depuis ce moment, il n’avait plus d’autres soucis que de découvrir Touba. Disparu dans la brousse pendant plusieurs jours et arrivé à l’emplacement actuel de la mosquée où il y avait un grand arbre « bepp » (sterculea), il eut la révélation et ceintura littéralement l’arbre en s’écriant « Voici l’arbre de la félicité (Tuubaa) ! ». C’est au pied de cet arbre qu’un chasseur peulh du nom de Boubou Dia le découvre et avertit disciples et parents qui étaient déjà à sa recherche. Cette version de la légende de la fondation est la plus fréquemment racontée et également la plus proche de la réalité.
Quelle est l’origine du fameux « titre foncier » de Touba ?
Le titre foncier de Touba constitue l’instrument juridique de sécurisation de la propriété issue du « droit de hache » que détient collectivement la famille de Cheikh Ahmadou Bamba depuis 1887. Il devait permettre de protéger la ville contre toute tentative d’appropriation juridique externe à la confrérie aujourd’hui et dans le futur. Un événement décisif pour la légitimation juridique de ce statut particulier survient le 17 septembre 1928 : « un bail dit de longue durée pour une période de 50 ans et concernant un terrain rural ayant la forme d’un carré parfait d’une superficie de 400 hectares sis sur la route allant de Mbacké à Sagata à une distance d’environ 8,5 kilomètres de Mbacké » est accordé par le Gouverneur de la colonie à Serigne Mouhamadou Moustapha Mbacké. Cette première concession foncière est reconnue unanimement comme étant à l’origine foncière et territoriale du statut particulier de Touba.
Le titre foncier de Touba existe donc bel et bien. Immatriculé au nom de l’État colonial, puis sénégalais, sous le numéro 528, il englobe la grande mosquée et s’étendait sur 400 ha autour. Il a été établi le 11 août 1930 sur réquisition du Gouverneur général de l’Afrique occidentale française (Aof) et était conservé au Service des Domaines de Diourbel.
Pouvez-vous nous toucher un mot sur les principales séquences de l’évolution démographique de Touba ?
Entre 1970 et 1976, la population est passée de 6 427 à 29 738 habitants, soit un taux de 29 % par an pendant six années. Cette croissance exceptionnelle exprime un autre tournant décisif, l’accession au khalifat de Serigne Abdoul Ahad qui voit l’explosion urbaine de Touba, après ses appels répétés au peuplement et l’impact de la sécheresse. Dans cet ordre d’idées, la mise en place d’infrastructures a également joué un rôle important. Leur construction a rendu la ville « vivable » et attiré, de manière permanente ou saisonnière, les populations du pays toubien. Serigne Abdoul Ahad est, sous ce rapport, l’initiateur du peuplement massif de la ville dans sa configuration actuelle.
Entre les deux recensements généraux de 1976 et de 1988, la population de Touba s’est accrue de 12,7 % par an, passant de 29 738 à 125 127 habitants. Cette période correspond à l’une des phases majeures de l’explosion urbaine, malgré la baisse relative du taux d’accroissement par rapport à l’ensemble de la période 1958-1988. Elle a vu la ville acquérir ses principales infrastructures, s’étaler par des lotissements massifs, intégrant plusieurs villages satellites. L’accroissement naturel, l’immigration et l’apport des villages intégrés en sont les principaux déterminants.
Mais les statistiques sur la population de Touba font l’objet d’un grand doute scientifique qui interroge les méthodes, les auteurs et les moments des recensements. Depuis 2000, c’est l’incertitude totale sur les chiffres des populations de Touba qui s’étalent, selon les sources et les estimations, entre 500 000 et 2 000 000. Si Touba est devenue la deuxième agglomération du pays après Dakar, elle le doit à une croissance démographique continue et exceptionnelle sur une longue durée.
Quels sont, aujourd’hui, les principaux défis de ce que certains appellent « un village urbain » ?
Je conteste cette notion de village urbain qui est passéiste et ne correspond en rien à ce que la cité de Touba est devenue, c’est-à-dire une métropole qui étend ses tentacules vers tous les points cardinaux. Elle a tellement grandi que ses besoins sont nombreux et complexes et demandent une mobilisation de moyens plus importants de la part de l’Etat, de la commune de Touba et de tous les « dahiras » qui prennent leurs parts dans les investissements énormes attendus. L’exemple de Touba Ca Kanam, qui investit des milliards depuis cinq ans, représente une spécificité toubienne. Il a été précédé par des « dahiras » comme Matlaboul Fawzeyni, Hizbut Tarkhiyya qui ont ouvert la voie d’une participation plus importante des « dahiras » dans l’urbanisation et la gestion de la cité. Ils tentent de répondre aux principaux défis que sont les infrastructures et équipements d’éducation et de santé, l’accès à l’eau et à l’assainissement, l’hygiène et la gestion des déchets, la sécurité, la gestion des eaux pluviales, la lutte contre le chômage des jeunes et la précarité sociale, etc.
Comment envisagez-vous son avenir dans ce contexte de mondialisation et d’expérimentation de nouvelles libertés face aux interdits (alcool, prostitution, jeux de hasard…) ?
Comme toutes les villes, Touba fait face à la révolution numérique et aux bouleversements économiques et sociétaux que génère la mondialisation. Sa jeunesse est tout aussi exposée aux flux d’informations et d’idées qui passent par les réseaux sociaux et Internet. Et les relations entre marabouts et disciples vont beaucoup changer. Mais la ville de Touba, du fait de son identité religieuse et de ses valeurs spirituelles issues des enseignements de Cheikhoul Khadim, est un espace de résistance à la mondialisation et constitue une échappatoire par rapport aux tentations de l’alcool, du tabac, de la prostitution, des jeux de hasard, de la musique profane, etc. Touba est la première ville non-fumeur, non alcohol (sans alcool) du monde. Le contexte actuel valide en quelque sorte les choix d’interdiction du visionnaire qu’était Serigne Abdoul Ahad qui aident tous les Toubiens à se protéger contre la mondialisation débridée et ses effets dévastateurs sur les croyances et les âmes.