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23 avril 2025
Diaspora
QUAND LE FOUTA INVENTAIT LA DÉMOCRATIE
Une révolution oubliée refait surface sur les écrans sénégalais. Le docufiction de Moe Sow sur la révolution Toorodo de 1776 ébranle les consciences à Dakar et suscite un vif débat sur l'identité politique du pays
(SenePlus) - Le cinéma sénégalais s'apprête à offrir au public une plongée dans un pan méconnu de son histoire. Comme le rapporte Le Monde, le docufiction "1776, Thierno Souleymane Baal et la révolution du Fouta", réalisé par Moe Sow, a fait l'objet d'une avant-première très remarquée le 3 septembre au cinéma Pathé de Dakar.
Le film, qui doit sortir en salles en octobre au Sénégal et en novembre en Mauritanie, retrace un épisode historique d'une grande portée symbolique : la révolution Toorodo dans le Fouta, région à cheval entre le Sénégal et la Mauritanie. Cette révolution, menée par Thierno Souleymane Baal vers 1776 à la création de l'Almamiyat, est une forme de théocratie islamique dotée de garanties démocratiques avant-gardistes.
Le réalisateur Moe Sow explique sa démarche dans les colonnes du Monde : "Ce que je voulais, c'était rétablir une vérité : nos sociétés n'ont pas attendu une modernité occidentale pour accoucher de systèmes politiques précurseurs de nos démocraties." Cette volonté de réappropriation historique a trouvé un écho favorable auprès de nombreuses personnalités politiques et intellectuelles présentes à l'avant-première.
Parmi les spectateurs de marque, on notait la présence de l'ancienne premier ministre Aminata Touré, du conseiller mémoire du président Dialo Diop, et même du Premier ministre Ousmane Sonko. Le député panafricaniste Guy Marius Sagna a réagi avec enthousiasme, désincarné sur sa boucle WhatsApp : "Nous avons chez nous nos modèles qui n'ont rien à envier à personne", soulignant que cet épisode historique peut "constituer une boussole politique" pour l'avenir.
Le film mêle reconstitutions historiques et entretiens d'intellectuels, offrant différentes perspectives sur cet événement. Certains y voient un fait démocratique inscrivant le Sénégal dans une modernité globale, d'autres l'analysent comme un phénomène islamique et abolitionniste.
Cheikh Tidiane Gadio, député et descendant d'un dirigeant de l'Almamiyat, affirme : « Il y a une fierté qui s'exprime lors de la découverte par le grand public d'un événement comme la révolution Toorodo."
Malgré son importance historique, cette révolution reste peu connue au Sénégal. Absente des manuels scolaires, elle commence elle cependant à susciter l'intérêt, selon Le Monde. Ousmane Kane, président de l'Association Thierno Souleymane Baal, a appelé lors de l'avant-première à "célébrer nos héros" et a proposé l'érection d'une statue à Dakar en l'honneur du leader révolutionnaire.
Le film pourrait bien jouer un rôle éducatif important. Le ministre de l'éducation, Moustapha Mamba Guirassy, s'est engagé à le diffuser dans les écoles du pays, ouvrant ainsi la voie à une meilleure connaissance de cet héritage historique et démocratique.
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DUEL ÉLECTRIQUE HARRIS-TRUMP
Dans un contexte politique incertain, les deux candidats ont croisé le fer sur tous les sujets brûlants de la campagne. À 50 jours du scrutin, ce face-à-face pourrait bien rebattre les cartes de la course à la Maison Blanche
Dans la nuit du mardi 10 au mercredi 11 septembre 2024, à seulement 50 jours du scrutin présidentiel américain, Kamala Harris et Donald Trump se sont livrés à un duel électrique sur le plateau d'ABC News à Philadelphie. Ce face-à-face, tant attendu par les électeurs, a tenu toutes ses promesses en matière d'intensité et de confrontation.
Dès les premières minutes, l'atmosphère s'est électrisée. La vice-présidente Harris, visiblement bien préparée, a adopté une posture offensive, martelant son programme et n'hésitant pas à qualifier son adversaire de menteur à plusieurs reprises. Face à elle, Donald Trump, inhabituellement sur la défensive, a tenté de contre-attaquer en accusant l'administration actuelle d'incompétence et de mener le pays au désastre.
Les échanges ont couvert un large éventail de sujets brûlants, de l'économie à l'immigration, en passant par l'avortement et la politique étrangère. Chaque thème a été l'occasion d'une passe d'armes féroce, révélant deux visions diamétralement opposées pour l'avenir des États-Unis.
Particulièrement remarquée, l'intervention de Harris sur l'avortement avec un Trump en difficulté, ce dernier peinant à clarifier sa position. De son côté, l'ancien président a tenté de reprendre la main sur les questions économiques, martelant le thème de l'inflation.
Au terme de ces 90 minutes d'affrontement, les deux camps ont, sans surprise, revendiqué la victoire. Cependant, de l'avis de nombreux observateurs, Kamala Harris semble avoir marqué des points précieux dans cette première manche cruciale de la course à la Maison Blanche.
Alors que les sondages annoncent un examen serré, ce débat pourrait bien s'avérer décisif dans la dernière ligne droite de la campagne.
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LE FRÈRE D'ISSA SALL ET L'ODYSSÉE FATALE
L'ancien directeur général de la Caisse de dépôt et consignation a révélé que son frère, loin d'être dans le besoin, était aux commandes de l'embarcation qui a sombré au large de Mbour, faisant au moins 26 morts
(SenePlus) - Le naufrage d'une pirogue au large de Mbour le 8 septembre 2024, qui a coûté la vie à au moins 26 personnes, a pris une tournure inattendue avec les révélations d'Issa Sall, ancien directeur général de la Caisse de dépôt et consignation et actuel maire de Mbour. Lors d'une intervention sur la chaîne TFM le 11 septembre, il a dévoilé un lien personnel bouleversant avec cette tragédie.
"Le capitaine présume du bateau, récemment arrêté, est mon propre frère", a déclaré Issa Sall. Cette révélation jette rappelle la complexité du phénomène de l'émigration clandestine au Sénégal, montrant qu'il ne touche pas uniquement les plus démunis.
Sall a exprimé son incompréhension face à l'implication de son frère dans cette traversée périlleuse. "Il gagne des millions", a-t-il affirmé, décrivant son frère comme un pêcheur expérimenté depuis 1998, possédant un équipement moderne et une pirogue de grande valeur. "Il exerce régulièrement dans des pays voisins comme la Guinée-Bissau et la Gambie, voire jusqu'à Dakar. Il a même réussi à construire sa propre maison", a ajouté le maire de Mbour.
Le drame prend une dimension encore plus tragique lorsque Sall révèle que son frère avait embarqué avec ses quatre enfants et 12 de leurs neveux et nièces. «Je m'apprête à assister à l'enterrement de l'un d'entre eux», a-t-il confié, soulignant l'étendue du deuil qui frappe sa famille.
Malgré l'ampleur de la tragédie, Issa Sall a exprimé un soulagement partiel : "Deux des enfants de mon frère ont été retrouvés vivants", a-t-il annoncé. Cependant, la famille reste dans l'attente d'informations concernant les autres passagers, dont plusieurs sont toujours portés disparus.
LA JEUNESSE ENTRE CHÔMAGE ET NAUFRAGE
26 vies fauchées en mer, c'est le prix cruel d'un système qui peine à offrir des perspectives. Ce nouveau drame jette une lumière crue sur les défis auxquels fait face le pays. Il rappelle que derrière les statistiques se cachent des destins brisés
(SenePlus) - Le phénomène de l'émigration clandestine continue de faire des victimes au Sénégal, malgré l'alternance politique et les promesses du nouveau gouvernement. Le dernier naufrage en date, survenu le dimanche 8 septembre 2024 au large des côtes sénégalaises, a coûté la vie à au moins 26 personnes qui tentaient de rejoindre l'Europe à bord d'une pirogue.
Dans une interview accordée à DW Afrique, Momar Ndao, président de l'Association de consommateurs du Sénégal, analyse les raisons profondes de la persistance de ce phénomène. Selon lui, le manque de perspectives professionnelles est au cœur du problème : "Beaucoup de jeunes ici n'ont pas de métier ou de formation qui leur permettent de trouver un emploi facilement", explique-t-il.
Le faible niveau d'éducation des candidats à l'émigration est également pointé du doigt. "Ce ne sont pas des personnes qui ont un niveau d'instruction élevé, souvent supérieur au secondaire", précise Ndao. Cette situation les pousse à sous-estimer les risques encouragés lors de la traversée : "Ils n'ont pas une idée précise du danger qu'ils courent en prenant une embarcation pour plusieurs jours dans des conditions effroyables."
Malgré les promesses de campagne du nouveau gouvernement, le phénomène persiste. Momar Ndao explique cette situation par l'absence de solutions immédiates : "Il n'y a pas de solution immédiate pour les jeunes sans métier, sans éducation ou sans compétences. Il n'y a pas non plus de marché de l'emploi pour ceux qui ont des compétences." Face à ce manque de perspectives, l'émigration clandestine apparaît comme la seule option pour de nombreux jeunes : "Les gens se disent que la seule option est de jouer au loto ou de risquer leur vie pour trouver une situation meilleure de l'autre côté."
Le phénomène touche particulièrement les régions côtières du Sénégal, où la proximité avec la mer et la tradition de la pêche ont facilité l'essor de ces départs. "À l'origine, beaucoup de départs avaient lieu dans le nord du Sénégal, vers Saint-Louis, Louga, etc. Il y a eu aussi de nombreux départs du côté de Mbour, et ensuite également du côté de Ziguinchor", détaille Ndao.
L'évolution du profil des candidats à l'émigration est également notable. Si initialement, les départs concernaient principalement "des marins, des pêcheurs, des gens de la mer, qui n'ont pas peur de l'océan", le phénomène s'est progressivement étendu à d'autres catégories de la population.
LA GOUVERNANCE DE L'UCAD FAIT PEAU NEUVE
Aminata Niane Diène, professeure chevronnée, prend les rêves de l'institution en tant que rectrice par intérim. Cette nomination fait suite à une période de turbulences, marquée par la contestation de la reconduction du précédent recteur
Le communiqué du Conseil des ministres de ce mardi 10 septembre a annoncé la nomination d’Aminata Niane Diène, professeure titulaire des universités, aux fonctions de rectrice par intérim de l’université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) de Dakar.
Mme Diène, vice-rectrice de l’UCAD auparavant, remplace le professeur Ahmadou Aly Mbaye.
Des syndicats d’enseignants ont dénoncé la récente reconduction de M. Mbaye à ce poste. Il était recteur de l’université Cheikh-Anta-Diop depuis 2020.
La section enseignement supérieur et recherche du Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (SUDES/ESR) a invité les autorités sénégalaises à ‘’rétablir l’ordre et le respect des textes’’.
‘’Comment comprendre la reconduction tacite du recteur […] pour un autre mandat de trois ans, durée qui n’est nulle part mentionnée dans les textes en vigueur ?’’ s’interrogeait le SUDES/ESR dans un communiqué parvenu le 26 août à l’APS.
par Abdoul Aziz Diop
MULTIPLE PHOTOS
AINSI PARLE LE PROFESSEUR MAKHTAR DIOUF…
EXCLUSIF SENEPLUS - L'économiste, dans sa dernière sortie, trahit les principes de la politique comparée. Son analyse du "Premier ministre qui gouverne" pèche par manque criant d'objectivité et de méthode
Dans un long soliloque de politique comparée sans la méthode et la rigueur scientifique qu’impose la branche de la science politique dont l’objet principal est de mettre en relation des pratiques politiques permettant d’établir des ressemblances et des différences entre pays, l’économiste rigoureux et prolixe - plusieurs ouvrages publiés dont le dernier « Afrique, voies de développement (Neas, Dakar 2023)») - applaudit sans réserve le « Premier ministre qui gouverne ». Mais celui qui aime criminaliser la politique en rappelant sans cesse qu’il n’est d’aucun parti politique aurait-il réussi le pari de faire taire les primo-opposants aux « primo-élus » Diomaye et Sonko ? Rien n’est moins sûr quand on se donne la peine de penser l’actualité plutôt que de la commenter comme Makhtar Diouf.
« Un Premier ministre qui gouverne »
En rappelant les dispositions constitutionnelles, maintenant anciennes, qu’il ne découvre que si tardivement et dont peut se prévaloir le Premier ministre Ousmane Sonko, le Professeur Diouf met au défi quiconque peut « citer un seul acte pris par l’actuel Premier ministre en dehors des attributions que lui confère la Constitution ». En mettant de côté le fait que très peu d’actes pris par les hommes politiques au pouvoir sont connus du grand public, personne ne comprend qu’un chef de gouvernement si gâté par la loi fondamentale de son pays tente de faire chanter l’Assemblée nationale en la sommant de mettre à niveau son règlement intérieur sous peine de se voir supplanter par un groupe de citoyens installés sur la voie publique pour la réception du discours de politique générale en violation démentielle de l’article 55 de la Constitution dont le libellé simplissime se passe de commentaires. Pour rappel, « Après sa nomination, le Premier ministre fait sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale. Cette déclaration est suivie d’un débat qui peut, à la demande du Premier ministre, donner lieu à un vote de confiance ».
Qu’il gouverne donc le Premier ministre en commençant par dire aux Sénégalaises et aux Sénégalais de quoi est faite la politique définie par le président de la République et comment il entend s’y prendre de manière générale pour la mettre en œuvre. Ça, Makhtar Diouf s’en moque !
Concernant la France citée en exemple, il aurait suffi au Professeur Diouf de retarder de quelques heures seulement la publication de son article pour s’affranchir de son complexe pathologique de colonisé qui fait qu’il voit du bien dans tout ce qui se fait en France et rien que du mal s’agissant du Sénégal qui l’a vu naître, éduqué, instruit, employé, logé, nourri et adulé comme universitaire de haut rang. En France, encore huée par le « primo-élu » Sonko au nom du souverainisme, la cohabitation a vécu après la nomination par le président Emmanuel Macron d’un Premier ministre issu de la droite laminée et en dépit de l’arrivée en tête, le 7 juillet 2024, du Nouveau front populaire (NFP) à l’issue des dernières élections législatives anticipées avec lesquelles Macron prit de court, sans dire pourquoi, les états-majors politiques et les citoyens français dont le vote n’a finalement servi à rien.
Diouf contrarie Makhtar
« [Les] détracteurs [de Sonko] n’acceptent pas qu’il prenne l’avion de commandement pour représenter Diomaye à l’investiture du président du Rwanda, invoquant l’impératif de rationaliser les dépenses », fulmine Diouf, bien « content » de contrarier Makhtar sur ce coup.
Voici Makhtar, in extenso, dans les colonnes du portail d’informations sur le Sénégal SenePlus :
« Une des premières mesures d’économie d’argent du nouveau régime devrait être la location de l’avion présidentiel à une compagnie aérienne. En 1982, au siège de la compagnie ‘’Air Afrique’’ à Abidjan, lors d’une visite de travail, le directeur commercial m’avait dit qu’ils avaient demandé à Abdou Diouf de prendre en location l’avion de commandement, quitte à le lui rétablir lorsqu’il doit voyager. Abdou Diouf avait refusé.
Les déplacements de cet avion coûtent extrêmement cher en carburant. L’actuel avion Airbus 320 consomme en moyenne 3 000 litres de kérosène par heure de vol, soit près de 2 millions de francs cfa l’heure, sans compter le décollage qui consomme 10 pour cent du stock de carburant.
Diomaye Faye n’est certainement pas candidat à ces pérégrinations en palais volant de ses prédécesseurs à longueur d’année. Cet avion qui nous a coûté plus de 57 milliards francs cfa à l’achat devrait enfin rapporter pour ne pas être ce que les économistes appellent éléphant blanc. »
No comment.
Diouf applaudit maintenant le passager Sonko à bord du même avion. Aucun Premier ministre ne le fit avant Ousmane Sonko. Quand la proposition avait été faite à un chef de gouvernement par le chef de l’État, le patron du protocole d’alors dissuada le Premier ministre d’accepter avant de demander au président en exercice de ne plus y penser.
Diouf fâché avec la rigueur scientifique
Premièrement, nous ne reviendrons pas ici sur les suppressions annoncées des assemblées consultatives que sont le Conseil économique social et environnemental (CESE) et le Haut conseil des collectivités territoriales (HCTT). Notre conviction est qu’elles n’ont pas de prix lorsqu’elles jouent le rôle qui leur est vraiment dévolu : conseiller, à travers leurs avis et rapports, le président, le gouvernement et l'Assemblée nationale plutôt que les laisser faire comme bon leur semble. C’est notre opinion vraie à côté de celle respectable du Professeur d’économies de bouts de chandelles qui ne dit rien sur les fonds politiques destinés à devenir secrets sous le duo Diomaye-Sonko.
Deuxièmement, les indices de développement humain (IDH) du Sénégal et de la Mauritanie pour l’année 2023 ne suffisent pas pour faire le tour de la comparaison ainsi que nous l’impose la méthode en politique comparée. En ayant à l’esprit que le Sénégal est quatre fois plus peuplé que la Mauritanie voisine, l’évolution de l’IDH des deux pays sur une période bien plus longue est beaucoup mieux cernée à travers la courbe ci-après de Human development reports (HDR). (voir le graphique en illustration de l’article).
De 0,37 seulement en 1990, c’est-à-dire au sortir de dix années d’ajustement structurel, l’IDH du Sénégal suit une tendance haussière, passant de 0,48 en 2012 à 0,51 (celui de la Mauritanie) en 2018, cinq ans après le lancement de la Couverture maladie universelle (CMU) et 4 ans après celui de la Bourse de sécurité familiale (BSF).
Entre 2012 et 2019, l’DH du Cap-Vert et du Sénégal ont augmenté dans les mêmes proportions (de 0,01 en moyenne par an pour chacun des deux pays).
La tendance baissière depuis 2019 de l’IDH du Sénégal est pour quelque chose sur le désaveu massif dont a pâti le régime de Macky Sall sur la période (2019-2024). Indiscutable ! Mais la rigueur scientifique avec lequel Diouf est fâchée nous impose le coup de projecteur que voilà.
« Naufragés du 24 mars 2024, foutez donc la paix à ces primo-élus à la tête du pays qu’ils s’évertuent à extirper du sous-développement dans lequel vous l’avez enfoncé durant une soixantaine d’années !», crie Diouf a tue-tête. Les primo-opposants aux « primo-élus » savent alors à quoi s’en tenir. Mais notre qualité de primo-opposant ne nous empêche pas pour autant de rappeler à Makhtar Diouf que la démocratie sénégalaise qu’il disait, il y a juste deux ans, « hybride », (« traces de démocratie et de dictature ») existe bel et bien, qu’elle ne prend pas de vacances et ne part surtout pas à la retraite. En 2015, notre double casquette de militant et de commis de l’État ne nous empêcha pas d’écrire dans notre essai d’information et d’analyse de la politique de protection sociale universelle de l’ancien président Sall que « la démocratie sénégalaise ne s’adapte à aucun moule préconçu » et qu’« elle n’a que du mépris pour les coteries».
« On est bon quand on est d’accord avec moi et mauvais en cas de désaccord. » Ainsi parle et écrit le Professeur Makhtar Diouf. Cela n’a évidemment rien à voir avec les « valeurs éthiques de raison, vérité et justice, en guerre contre la déraison, le mensonge et l’injustice » sous la dictée desquelles Makhtar dit écrire pour juste contrarier Diouf inconsciemment ou peut-être même consciemment.
La Chronique de DMF
LE TOURNANT DE RIGUEUR
EXCLUSIF SENEPLUS - On pouvait penser en avoir fini avec les scandales et le népotisme. Il y a grande urgence à revoir le casting gouvernemental insuffisant, mal profilé et inefficace
Dié Maty Fall de SenePlus |
Publication 10/09/2024
Youssou Ndour, le ministre du bonheur, nous a sagement rappelé, que « niit bu dul juum amoul ». Surtout lorsque l’on est, comme le Pastef, appelé à agir par une volonté démocratique et populaire massive pour redresser, être transparent et bien gouverner. Au vu des péripéties et des gaffes en série d’éminents membres du gouvernement, il est temps pour les nouvelles autorités élues d’opérer un tournant radical dans le casting gouvernemental.
Passe encore que le tout-puissant Premier ministre et l’honorable président de la République, désigné par lui, se pensent investis de la mission de se soupeser par rapport aux pouvoirs et prérogatives des autres institutions constitutionnelles. Ils en oublieraient presque qu’ils doivent réformer la justice, auditer l’administration, renégocier les contrats miniers et gaziers. Qu’ils doivent booster l’agriculture, l’élevage, l’industrie et la pétrochimie en vue de créer des chaînes de valeur complète pour l’exportation de produits transformés. Qu’ils doivent réduire le chômage des jeunes, le coût de la vie et inciter les Sénégalais à payer leurs impôts. Qu’ils appellent la presse à plus de responsabilité et l’opposition à plus de pertinence. Et surtout présenter à la Nation et aux partenaires techniques et financiers, un plan d’action gouvernemental (DPG) issu de leur programme Vision Sénégal 2050, encore attendu.
Il était grand temps que la gouvernance change et que de nouveaux visages portent le projet de hisser le Sénégal plus haut encore que les prouesses stratégiques accomplies par l’ancien président Macky Sall. Tout le mal que nous souhaitons au duo Diomaye président-Sonko Premier est de réussir, de rester soudé, de rassembler et d’unir autour de leur projet en préparation. Leur réussite sera celle de tout le Sénégal, en attendant la prochaine offre de programme politique. Nous respectons le choix des Sénégalais et restons, par conviction, debout pour un Sénégal de paix et de progrès. Il y a cependant une grande urgence à revoir le casting gouvernemental qui est insuffisant, mal profilé et inefficace. Il est compréhensible que pour une première élection, l’amateurisme et le manque d’expérience soient de mise. En 1981, début des années Mitterrand, le président socialiste nomme aux affaires ses anciens compagnons de lutte de l’union de la Gauche des années de braise. Ce qui peut se comprendre. Mais à partir de mars 1983, face à l’augmentation du déficit public et du déficit extérieur, il met en place le « tournant de la rigueur » devant la réalité du pouvoir et envoie en congés (payés?) ses camarades socialistes et communistes.
À cet effet, il serait souhaitable pour le duo Diomaye-Sonko de s’adapter à la réalité de leur nouvel environnement et de mettre la priorité sur la fonctionnalité des profils. La douée Aminata Touré rendrait un plus grand service à l’image internationale du Sénégal au poste de ministre des Affaires étrangères. Face à elle, le Premier ministre fantoche malien ne ferait pas le coq, sous peine qu’elle lui rentre vertement dans le plumage.
Les ministres Bala Moussa Fofana et Ibrahim Sy sont de vrais boulets, incapables de régler la grève d’un an des travailleurs des collectivités locales pour l’un, et de mettre le recrutement des Sénégalais au-dessus de son parti Pastef, pour le second. Au ministère de la Communication, l’actuel DG du Soleil Lamine Niang aurait de meilleurs atouts (fluidité intellectuelle et intelligence sociale) pour porter la parole du gouvernement que Moustapha Njekk Sarré, plutôt limité dans l’expression et la conception. Le ministre Aliou Sall pourrait parfaitement conserver le ministère du Numérique. Dr Aïssatou Mbodj serait davantage à son avantage comme ministre d’Etat auprès du président de la République ou du Premier ministre que de diriger la Der. Mme Khady Diene Gaye, « na riir, na riiira riir », devra apprendre elle aussi à faire la différence entre État et parti lorsqu’elle agit comme ministre de la République.
On pouvait penser en avoir fini avec les scandales et le népotisme, mais il est difficile de rompre avec les mauvaises pratiques. Les ministres Cheikh Tidiane Dièye et Oumar Diagne, le DG Cheikh Dieng, le ministre Serigne Gueye Diop excellent en industrie mais négligent en recrutement familial, les DG du port et de la Miferso, plutôt bavards et « musculaires », ne rendent pas service aux nobles objectifs du duo au pouvoir. Le scribe des communiqués de la présidence de la République et ministre Ousseynou Ly s’est montré plus compétent dans le domaine digital que dans la maîtrise de la langue officielle et de la rédaction présidentielle. Pitié, un hashtag partisan n’a rien à faire sur des communiqués officiels ni les fautes d’orthographe et de syntaxe. Dans la foulée du nouveau casting souhaitable, les nouvelles autorités devraient recruter un vrai rédacteur républicain et professionnel.
A contrario de ces péchés de débutant, la ministre de la Famille Maimouna Dièye est celle qui incarne le mieux l’âme politique et sociologique du projet de Pastef dans toutes ses dimensions. L’ancienne championne nationale du Sénégal a appris à servir son pays bien avant de devenir ministre et elle est bien servie par son exquise urbanité et son infaillible élégance républicaine.
En dehors de ces mauvais castings précités, le duo Diomaye-Sonko fonctionne bien et se répartit les rôles dans l’atteinte de leurs objectifs. Il utilise à son profit tous les ressorts d’une Constitution qu’il rejetait dans l’opposition, finissant ainsi de légitimer les institutions nées du pouvoir socialiste. Le Premier ministre Sonko, si toutefois il voudrait conserver le ministère de l’opposition et de la harangue politique, devrait plutôt s’orienter vers la direction de la future liste de sa coalition en vue des prochaines législatives anticipées.
À ce titre, il pourrait facilement (c’est peut-être vite dit) s’emparer de la tête de l’Assemblée nationale et incarner, lui aussi, une institution constitutionnelle, avec tous les pouvoirs et prérogatives y attachés. Cela collerait mieux à son tempérament d’homme politique radical et cogneur. Dans ce cas, il serait bien avisé que le nouveau Premier ministre soit une nouvelle Première ministre jeune, d’un gouvernement plus ouvert aux femmes. Il n’en manque pas dans le vivier du Pastef. Sinon, pas de pitié pour les pilleurs de deniers publics, mais toutefois en respectant les droits des présumés accusés.
AMADOU BA VIDE SON SAC
En marge d’une activité tenue, hier, en amont du lancement de son propre parti, l'ancien Premier ministre a abordé les difficultés de sa campagne présidentielle, sa position sur le report de l'élection, et les accusations de corruption de juges
Le moment était venu certainement pour Amadou Ba de se décharger d’un poids lourd à garder dans son cœur. En marge d’une activité tenue, hier, au King Fahd Palace, en amont du lancement de son propre parti politique, l’ancien Premier ministre est revenu sur plusieurs polémiques dans lesquelles il a été mêlé.
Jusque-là, il était du nombre des stoïques. Mais, Amadou Ba a décidé de sortir de son silence. Il s’est prononcé, pour la première fois, sur les polémiques dans lesquelles il a été cité comme acteur. L’ancien Premier ministre a évoqué en premier lieu les péripéties de sa campagne électorale qui a tardé à décoller. « Avant le début de la campagne pour l’élection présidentielle, nous avions quelques difficultés. Mais, cette page est derrière nous. Je l’ai dit lors d’une réunion du Secrétariat exécutif de Benno Bokk Yakaar et lors d’une réunion de Benno Bokk Yakaar. J’avais en son temps exprimé mon souhait pour l’unité. Je suis toujours sur cette lancée. C’est pourquoi, malgré les commentaires sur cet épisode, je ne reviendrai plus sur cela », a tonné Amadou Ba.
Il a aussi donné sa version des faits sur le report de l’élection présidentielle. « Je veux clore une polémique me concernant. Lorsque l’idée de reporter la présidentielle a été évoquée, je me suis opposé à tout report. J’étais et reste convaincu qu’un report de l’élection présidentielle n'était pas une bonne voie sur laquelle le Sénégal devait s’engager. C’était ma posture », a déclaré le candidat arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle. Il a, sous ce rapport, ajouté : « J’avais aussi, lors d’une réunion du Secrétariat exécutif de l’APR tenue en décembre 2021 alors que je venais de quitter le gouvernement, alerté sur une poudrière qui guettait le Sénégal. J’avais dit que le pays semblait retrouver le calme (Ndlr, après les évènements de mars 2021) mais si l’on ne prenait pas garde, le pays pourrait connaître au maximum 4 mois de nouveaux soubresauts. Je redoutais au Sénégal ce genre d’évènements. C’est pourquoi j’ai considéré que tenir la présidentielle à date échue était mieux pour le Sénégal. Tout cela, je l’ai fait. Je l’assume.»
L’ancien Premier ministre a été accusé par le Parti démocratique sénégalais d’avoir corrompu des juges dans le but d’éliminer des candidats de l’élection présidentielle notamment Karim Wade. « Je voudrais dire aux Sénégalais que je n’ai jamais tenu des propos ou posé des actes en politique au sein de l’APR ou dans Benno qui demain, si on l’évoquait, me couvriront de honte. Je ne ferai jamais de choses qui pourront déstabiliser le pays. D’ailleurs, c’est depuis que ce chapitre a été clos. Je ne me rappelle même pas d’avoir une fois serré la main d’un des deux juges cités. Je ne l’ai jamais fait. Lors de la phase des recours devant le Conseil constitutionnel, j’ai introduit mes recours dans le respect de la Constitution et du code électoral. Je n’ai ni fait ni demandé aucun recours pour l’élimination d’un candidat, notamment Karim Wade», tient-il à rétablir la vérité.
Par Hamidou ANNE
CES STAGIAIRES AU SOMMET DE L’ÉTAT
S’en prendre à la France, au Maroc, à Israël, multiplier les bourdes diplomatiques, entrer en conflit ouvert avec des multinationales étrangères, auront comme finalité l’isolement du Sénégal à l'international
Les régimes sénégalais successifs ont toujours maintenu une constance en matière de politique étrangère. A l’aube de l’indépendance déjà, notre pays, petit par la taille et le poids économique, avait acquis une certaine respectabilité sur la scène internationale. Le Sénégal a toujours été au cœur des enjeux du monde grâce à une politique étrangère sobre et ambitieuse, et à des diplomates aussi compétents que discrets. Il y a également dans ces succès quelque chose d’abstrait, qui relèverait d’un esprit sénégalais : un savant mélange de raffinement, d’ambition, de talent et de cet art exquis du compromis.
Ce n’est guère un hasard si notre petit point qui embrasse l’Atlantique a pu placer ses fils à la tête de grandes organisations internationales. Abdoul Karim Gaye, Amadou Mahtar Mbow, Lamine Diack, Jacques Diouf, entre autres, représentaient l’âme d’un petit pays, qui a décidé très tôt d’être grand par son poids dans la géopolitique mondiale.
De Léopold Senghor à Macky Sall, l’un socialiste, l’autre social-libéral, nous avons maintenu nos acquis diplomatiques ; mieux nous n’avons jamais manqué le rendez-vous des grands enjeux multilatéraux.
Le 24 mars dernier, les Sénégalais ont fait un choix sans ambiguïté certes, mais celui-ci n’est guère un chèque en blanc pour autoriser toutes les outrances et tous les outrages, qui auront comme finalité la ruine du crédit et du prestige de l’Etat. En moins d’un semestre, le vulgaire et l’ordinaire ont élu domicile au cœur de la République, avec une désinvolture dans les propos et dans les méthodes.
C’est avec une immense peine que j’ai lu la déclaration de la présidence de la République à l’issue de la visite du Premier ministre Espagnol, Pedro Sanchez. Dans le texte, il est écrit «puissance occupante» pour faire référence à Israël. Cette affirmation est inappropriée et ne reflète pas l’état de nos relations avec ce pays. Nous entretenons une coopération avec l’État hébreu, même si notre proximité avec le peuple palestinien, héritée de nos pères fondateurs, reste sans équivoque. Il est inacceptable pour la présidence de la République du Sénégal d’utiliser le terme «puissance occupante», surtout que nous reconnaissons l’Etat d’Israël depuis les années 60. A la présidence toujours, un hurluberlu, conspirationniste et islamiste assumé, tient des propos d’une gravité inouïe sur le roi du Maroc et son père, accusés respectivement d’homosexualité et de franc-maçonnerie. Je me demande encore comment a-t-on pu ne serait-ce qu’imaginer nommer cet individu au cœur de l’Etat ? Le Maroc n’est pas un pays ami, c’est un pays frère ; il s’agit d’un de nos plus proches alliés, avec lequel nous partageons une histoire vieille et profonde. Les propos orduriers de ce rustre sont choquants et ne reflètent que sa petitesse d’esprit.
Parce que ce régime à la médiocrité dans son ADN, le Premier ministre s’en mêle avec la hardiesse qu’on lui connaît, quand il s’agit d’incarner l’incompétence et le manque d’épaisseur. Il met en danger notre pays par des déclarations d’une grande irresponsabilité. Parti à la manifestation en soutien au Peuple palestinien, il vilipende des Etats alliés comme le Qatar et l’Arabie Saoudite, par des propos d’une rare grossièreté. Pire, il s’attaque non pas à Israël mais aux «Juifs». Parler des «Juifs» et les accoler tout de suite à la banque » renvoie à une rhétorique antisémite abjecte. Le drame que vivent les populations de Gaza depuis le 7 octobre et dont le responsable est le gouvernement d’extrême-droite de Benjamin Netanyahu est inacceptable. Mais quand on est responsable public, on se prononce avec comme unique boussole le droit international. Un responsable public doit se donner comme exigence de ne jamais céder aux excès racistes, islamophobes ou antisémites.
La défense de la cause palestinienne est un marqueur de notre politique extérieure depuis toujours. Yasser Arafat a longtemps voyagé avec un passeport diplomatique sénégalais. L’ambassadeur Saïd Abassi, après 32 ans de présence sur notre sol, repose pour l’éternité au cimetière de Yoff.
Dans le même temps, nous accueillons une ambassade israélienne à Dakar. Israël est le quatrième pays au monde à avoir reconnu le Sénégal indépendant. Le Sénégal a donc à jouer un rôle de médiateur et de facilitateur pour arriver à la seule solution viable, celle de deux Etats côte-à-côte dans des frontières sûres et reconnues.
Nous avons une responsabilité devant l’ampleur de la catastrophe humanitaire à Gaza et devons poursuivre les efforts à New York, à Genève et au Caire pour obtenir un cessez-le-feu.
S’en prendre à la France, au Maroc, à Israël, multiplier les bourdes diplomatiques, entrer en conflit ouvert avec des multinationales étrangères auront comme finalité l’isolement du Sénégal sur la scène diplomatique. Un pays jadis respecté et estimé partout risque de devenir un Etat paria du fait de l’incompétence d’un homme sans relief. Dans la gestion de l’Etat, la tenue, la retenue et la responsabilité sont des valeurs capitales. Mais certains ne vivent que pour les caméras et pour le reflet de leur propre image, prouvant définitivement leur nature de personne disqualifiée à porter la voix du Sénégal. Quand l’injure et la vaine bravade s’unissent, ils ne charrient que la banalisation de la parole publique et de ses tenanciers.
Ces gens sont un boulet pour notre pays, relativement au prestige de l’Etat et à la sécurité nationale. Les meilleures blagues sont les plus courtes. Il y a un devoir et une responsabilité de renvoyer ces stagiaires à leurs chères études dès les législatives prochaines.
TARIQ RAMADAN CONDAMNÉ POUR VIOL EN SUISSE
L'intellectuel musulman a été reconnu coupable en appel par la justice genevoise, ce mardi. Cette décision intervient après un acquittement prononcé en première instance en mai 2023
(SenePlus) - L'islamologue suisse Tariq Ramadan a été condamné en appel en Suisse pour viol et contrainte sexuelle, a rapporté mardi l'Agence France-Presse (AFP) citant une annonce de la justice genevoise. Cette décision intervient après un acquittement prononcé en première instance.
Selon les informations de l'AFP, la chambre pénale d'appel et de révision de Genève a prononcé une peine de prison de trois ans, dont un ferme, à l'encontre de Tariq Ramadan. L'agence de presse cite le communiqué de la Cour de justice genevoise : "La chambre pénale d'appel et de révision annule le jugement du tribunal correctionnel du 24 mai 2023 en reconnaissant Tariq Ramadan coupable de viol et de contrainte sexuelle pour la quasi-totalité des faits déclarés."
Les faits jugés remontent à la nuit du 28 octobre 2008. La plaignante, connue sous le pseudonyme de "Brigitte", a déclaré avoir été soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d'insultes dans la chambre d'un hôtel genevois où séjournait Tariq Ramadan. celui-ci avait nié tout acte sexuel avec la plaignante tout au long de la procédure. Il a ainsi plaidé, lors du procès en appel, pour un acquittement.
Le procureur avait requis une peine de trois ans de prison, dont la moitié ferme, contre Tariq Ramadan. L'AFP décrit Tariq Ramadan comme une figure connue de l'islam européen, le qualifiant d'intellectuel charismatique et controversé. Il fait l'objet d'accusations de violences sexuelles en France, dans des procédures distinctes de celle-ci.