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21 avril 2025
Diaspora
Par Ibou FALL
CINQ MILLIARDS DE PRIME À LA CASSE
Que vaudront ces milliards aux yeux de nos vaillants petits soldats du Projet, qui ont su conjuguer l'art du brasier domestique chez Me El Hadj Diouf avec celui de la traque internationale d'Adji Sarr ?
La bonne nouvelle : à compter de janvier, pour un mois, je lève le pied. Je sais, je vais vous manquer… Une dernière pour la route ? On n’y croyait plus… Ce 27 décembre 2024, ce qui passe pour une arlésienne depuis un semestre, va enfin se dérouler sous nos yeux : Ousmane Sonko, soi-même, face à la représentation nationale pour exposer le fameux «Projet». Ça fait dix ans qu’on en parle, qu’il nous fait passer par toutes les émotions. Enfin… Bien sûr, avec cent-trente députés à sa dévotion, il y aura standing ovation, vote de confiance. Rien ne sera trop beau pour tous ces braves miraculés qui lui doivent immunité parlementaire, salaire à sept chiffres et bientôt des bolides tout-terrain malgré les rodomontades de Abdou Mbow qui se rend compte, après sa troisième législature, que l’argent du contribuable n’est pas fait pour être gaspillé au bénéfice des députés.
La semaine passée, la loi des finances rectificative est passée comme lettre à la poste, à une semaine de la clôture de l’exercice budgétaire, en dépit de la remarque de Maître Aïssata Tall qui trouve curieux que l’on puisse dépenser l’argent avant d’en obtenir l’autorisation. La rupture, c’est aussi cela : ne rien faire comme avant.
Il n’y a pas que des mauvaises nouvelles : cinq milliards de nos misérables francs Cfa serviront à indemniser les victimes des événements qui démarrent entre février 2021 et s’achèvent le 24 mars 2024, avec la fin de la dictature sanguinaire de Macky Sall que des hordes de patriotes en rangs disciplinés boutent hors du Palais par la magie des urnes
Bien sûr, ils préfèreraient que le Pros soit au Palais de l’avenue Senghor et sans doute Diomaye sur la petite corniche de l’Anse Bernard, mais on ne peut pas tout avoir dans la vie et puis, au fond, «Sonko môy Diomaye», n’est-ce pas ? Avant d’en arriver là, ils tenteront toutes les solutions.
Le détonateur ? L’affaire Sweet Beauté qui devient un sujet tabou, au point que son exproprio, Ndèye Khady Ndiaye, également victime collatérale du complot de la dictature sanguinaire de Macky Sall, sort de son anonymat pour exiger d’être rejugée. Elle a tout perdu dans l’affaire… Ce serait trop facile de la passer par pertes et profits ?
Si ce n’était que ça… Il y a la horde des «prisonniers politiques» qui remplissent les geôles du tyran Macky Sall pendant deux ans. Certains sont des estropiés dont le seul crime est de porter un bracelet vert et rouge, d’innocents chômeurs qui boivent du thé devant chez eux au moment de leur arrestation. Crime abominable dans un pays où la presse corrompue tourne la tête pudiquement devant tant d’exactions. Heureusement, depuis la diaspora, sur les réseaux sociaux, il y a des héros qui revigorent les troupes à grands coups de déclarations incendiaires et, disent certains, «financent» les manifestations. Sans doute d’inoffensifs sandwiches au poulet et de banales bouteilles d’eau minérale…
Cinq milliards de francs Cfa suffiront-ils vraiment à consoler les vaillants petits soldats du «projet», qui incendient le domicile de Maître El Hadj Diouf dont la télévision et les poulets crus seront emportés par les intrépides révolutionnaires, et traquent Adji Sarr pour lui faire la peau jusqu’en Suisse ? Quelques ministres et députés ont également senti passer la furia populaire mais sans grand dommage : juste des véhicules brûlés et des traumatismes psychiques. Ils n’avaient pas à se retrouver du mauvais côté de l’Histoire, dans les rangs des complotistes de la dictature sanguinaire.
Quant aux magasins Auchan et stations Total, figures emblématiques de l’impérialisme français, qui profitent mieux que nous autres des bienfaits du Cfa, ils peuvent s’estimer heureux qu’il n’y en ait pas parmi leurs employés traînés dans la rue et lynchés pour avoir collaboré avec l’ennemi…
Et dire que le pays redevient d’un calme olympien lorsque la redoutable gendarmerie de Moussa Fall intercepte le Pros sur la route de Koungheul, alors que le patriote suprême, sorti de ses barricades de Ziguinchor, après avoir donné rendez-vous à ses troupes aux portes de Dakar, vient donner l’assaut final à ce régime de corrompus, promettant de traîner Macky Sall hors du Palais.
Heureusement que Dieu est au contrôle
C’est devant la Kaaba, lors d’un des multiples pèlerinages de Macky Sall au frais du contribuable, que l’illumination survient : il est temps de rétablir la Justice en amnistiant tout, avant de rendre au Peuple son bienaimé, reporter les élections… Il n’y a pas grand monde pour s’y opposer. Quelques voix discordantes d’extrémistes, des rentiers de la tension, et des faucons qui se nourrissent de la terreur et de la zizanie
La loi d’amnistie passera comme lettre à la poste. D’ailleurs, pour les récompenser, le Président Bassirou Diomaye Faye les renvoie chez eux comme des malpropres le jour même où la loi l’y autorise, à la veille de la fameuse Dpg, le 12 septembre 2024… Ce n’est qu’une première étape : il faut punir les Fds et les magistrats qui orchestrent le complot. Moussa Fall passe à la trappe en attendant que les juristes patriotes se penchent sur son cas, le Général Kandé aussi. Des magistrats sont affectés à Tambacounda, tandis que les nervis coupables de ces assassinats sous la houlette de Jérome Bandiaki sont traqués.
Quant au tueur en chef, Macky Sall, il est poursuivi en France pour crimes contre l’humanité, excusez du peu, par Juan Branco, avocat sans peur et sans reproche. Un drôle de zigoto qui, au plus fort des manifs, vient alors de France et pénètre clandestinement sur le territoire pour sortir le Pros des griffes de Macky. Son odyssée héroïque finit par une sorte de vaudeville pitoyable en Mauritanie… Les magistrats sénégalais, pleins de sagesse, préfèrent le laisser aller se faire pendre chez lui. Il ne s’en arrête pas là : après l’arrivée du tandem Sonko-Diomaye au pouvoir, il en remet une couche devant les tribunaux français. Malheureusement, après s’être fait débouter, il doit faire face à une série de plaintes pour… viol.
Défense de ricaner ?
L’année haute en couleurs qui s’achève a failli se terminer en apothéose le 31 décembre 2024 avec le projet avant-gardiste de marche des féministes dans leur plus simple appareil… L’affaire semble compromise avec la plainte de Mame Matar Guèye et ses acolytes pour un délit qui n’est pas encore commis. On devra se contenter en lieu et place, du discours présidentiel et du tant attendu rapport de la Cour des Comptes…
Qu’a-t-on fait au Bon Dieu pour mériter ça ?
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LA DPG, MIROIR DES TEMPS
Pour Ousmane Sonko, ce sera l'heure de vérité, comme le fut celle d'Habib Thiam en 1981, dans un contexte tout aussi chahut. L'histoire de la Primature sénégalaise nous enseigne que ces grands oraux peuvent être aussi bien des tremplins que des pièges
Alors que le Premier ministre Ousmane Sonko s'apprête à présenter sa Déclaration de Politique Générale ce vendredi 27 décembre 2024, l'histoire politique du Sénégal nous offre un éclairage intéressant à travers le parcours d'Habib Thiam, une figure marquante de la Primature sénégalaise. .
Le parallèle est saisissant entre les contextes économiques. En 1981, lors de sa première DPG, Habib Thiam se trouvait face à une conjoncture internationale difficile : inflation galopante, coûts énergétiques élevés et transactions internationales complexifiées par la hausse du dollar. Un scénario qui résonne particulièrement avec les défis actuels du Sénégal.
La trajectoire politique d'Habib Thiam illustre aussi la fragilité de la fonction de Premier ministre. Après sa première DPG en 1981, il est limogé le 3 avril 1983, remplacé par Moustapha Niasse pour seulement 26 jours, avant que le président Abdou Diouf ne supprime purement et simplement le poste. Cette période témoigne des turbulences politiques qui peuvent ébranler la Primature.
Mais l'histoire d'Habib Thiam est aussi celle d'un retour inattendu. Huit ans plus tard, en 1991, il revient à la Primature dans un contexte de profonds changements. Sa seconde DPG intervient alors que le pays traverse une période d'ajustement structurel et s'ouvre au multipartisme intégral. Cette fois-ci, il doit composer avec une opposition plus structurée, comprenant 18 députés du PDS menés par Maître Abdou Wade.
Pour Ousmane Sonko, qui s'apprête à présenter sa DPG, ces pages d'histoire rappellent l'importance cruciale de cette déclaration dans un contexte de transition. Tout comme Habib Thiam en son temps, il devra articuler sa vision face aux défis économiques majeurs et dans un paysage politique en pleine mutation.
La différence notable réside peut-être dans le contexte démocratique, aujourd'hui plus mature, où le débat politique s'annonce particulièrement scruté par une société civile vigilante et une opposition déterminée à jouer pleinement son rôle de contre-pouvoir.
par El Hadj Ibrahima Thiam
MASSACRE D’OUTRE-TOMBE
Quel bouleversement intérieur a embrouillé Cheikh Omar Diagne au point de l’amener à charger si violemment les Tirailleurs sénégalais ? Voudrait-il gêner aux entournures le chef de l’État qu’il ne s’y prendrait pas autrement
Il est des gens comme ça. Du haut de leur morgue, ils pensent être plus sachants et savants que l’ensemble de leurs compatriotes réunis. Face au micro ou devant la foule, leur hubris se manifeste de la plus insoutenable des manières. Incapables de tenue, de retenue et de discernement. Ils sont la vérité, en détiennent l’exclusivité.
Ils remettent tout en question, même les vérités que la décence et la morale commandent d’étouffer au nom de la cohésion sociale, du vivre ensemble. Hélas, mille fois hélas ! Torse bombé, allure fière et dignité en bandoulière, les Tirailleurs sénégalais sont tombés sous les balles du colon à Thiaroye. Pour cela, on les a célébrés, sanctifiés, portés au pinacle parce que la cause qu’ils défendaient était des plus nobles : le respect de leur dignité. Aujourd’hui, on les traite de traîtres, de prébendiers, de gens cupides uniquement préoccupés par le grisbi. Sacrilège ! Ils viennent de subir un deuxième massacre, encore plus pernicieux et plus violent que celui du 1er décembre 1944.
Parce qu’il est d’outre-tombe, relève de la lâcheté, souille la mémoire de ces braves gens et écorche le récit collectif de toute une nation. Ignorance ? Besoin de se démarquer pour flatter un ego personnel ? Quel bouleversement intérieur a embrouillé Cheikh Omar Diagne au point de l’amener à charger si violemment les Tirailleurs sénégalais ? Cette balle perdue partie d’une langue fourchue a fini d’installer un gros malaise.
Malaise à la hauteur de tout le travail de devoir de mémoire que des générations d’historiens sénégalais et étrangers ont abattu depuis toutes ces années, couronné par la cérémonie d’hommage d’une grande solennité voulue par le président de la République le 1er décembre passé, à l’occasion du 80e anniversaire de ce triste événement. Que cherche l’auteur de cette inacceptable sortie en jetant un pavé… dans la mémoire, éclaboussant ainsi tout un narratif mémoriel par des raccourcis désinvoltes, des confusions malheureuses et des amalgames regrettables ?
Aurait-il fait cette déclaration en d’autres temps, comme il en a fait par le passé avec son lot de polémiques, que personne ne trouverait à redire. Mais là, c’est drapé du manteau de ministre-conseiller, qu’il a fait cette sortie.
Voudrait-il gêner aux entournures le chef de l’État qu’il ne s’y prendrait pas autrement. Lorsqu’on occupe certains postes de responsabilité au plus haut sommet de l’État, la logique voudrait qu’on ne fasse rien qui puisse mettre mal à l’aise celui par la volonté de qui on occupe ce poste. Et si on tient tant à exprimer des opinions allant à rebours des positions du chef, la sagesse recommande de rendre le tablier. Mais c’est peut-être trop demander à quelqu’un qui croit en ses propres billevesées. Aujourd’hui, la seule question que l’on peut se poser est celle-ci : à quand la prochaine sortie de piste ?
Qui sait, peut-être que la glissade nous mènera jusqu’à l’endroit où sont cachées les têtes d’ogives nucléaires après qu’il nous a appris que Yaya Jammeh en détenait trois valises.
par Aoua Bocar Ly-Tall
LA HAUTE TRAHISON DE CHEIKH OUMAR DIAGNE
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est à un travail de sape de tous les efforts, de toutes les énergies intellectuelles et matérielles que vient de se livrer M. Diagne. C'est à se demander d'ailleurs qui de lui et des "Tirailleurs sénégalais" est traitre
Très souvent, quand Monsieur Cheikh Oumar Diagne ouvre la bouche, il en sort des propos intempestifs, peu réfléchis et infondés qui soulèvent indignation, tristesse et colère des gens. « Parlez de moi en bien ou parler de moi en mal, mais PARLEZ DE MOI », semble être la devise de Monsieur Diagne. Il vient encore d'atteindre cet objectif en ce 24 décembre 2024 en affirmant que : "Les tirailleurs sénégalais sont des Traites." Voilà une affirmation basée sur une complète ignorance du contexte historique de la participation de ces combattants Africains à la libération de la France du Nazisme dénommés "Tirailleurs sénégalais" même s'ils ne venaient pas uniquement du Sénégal mais de dix et sept (17) pays d'Afrique subsaharienne. Ce, sans compter ceux qui venaient des pays frères de l'Afrique du Nord. Notons en passant que ce massacre d'anciens combattants Africains contre l’Allemagne Nazie a également eu lieu en Algérie, dans la ville de Séti, le 8 mai 1945.
Monsieur Oumar Diagne semble ignorer que le recrutement de ces Africains s’opérait dans un contexte de domination coloniale où le colonisé n'avait pas son mot à dire sur les décisions du colonisateur. Comme vient de le rappeler l'historien Maodo Ba, lui-même petit-fils d'un "Tirailleurs sénégalais": «...les non-conscrits sont des indigènes recrutés de force dans les colonies de l’AOF et de l’AEF durant la Première Guerre comme la Seconde Guerre mondiale.» Pire encore : « Des villages entiers ont été rayés surtout dans l’AOF pour obliger les indigènes réfractaires à se mobiliser dans l’armée française », dit-il. (Cf.: DakarMatin / Matar Cissé, 24/12/24). Donc, le recruté n'avait pas le choix d’aller combattre ou pas.
C'est face à l'enlisement et les immenses pertes de l’armée française surtout à la bataille de la Marne en 1914 que la France s'est tournée vers son empire colonial. Ce faisant, elle se lança quelque fois avec violence dans des opérations de recrutement de combattants en Afrique tant de l'Ouest que du Nord. C'est donc fondamentalement faux, quand monsieur Oumar Diagne soutient que les "Tirailleurs sénégalais" se battaient pour de l'argent. Dans son ignorance, il les assimile à des mercenaires. Or, ceux-ci négocient dès le départ les services qu'ils vont fournir et leurs rémunérations.
Alors que les soldats Africains ne savaient ni ce qui les attendait en France, ni s'ils allaient être payés au terme de leur participation à cette guerre des blancs. C'est en voyant au moment de la démobilisation leurs collègues français percevoir des primes de guerre, qu'ils ont réclamé leur part vu qu'ils avaient combattu avec eux sur les mêmes champs de bataille, vécu les mêmes souffrances, opéré la même résistance et gagné ensemble la guerre de libération de la France. D'ailleurs, beaucoup de soldats français et de citoyen-e-s des villes libérées par l'armée africaine ont soutenu et soutiennent encore les revendications de ces vaillants soldats Africains. Notons qu’ils n'étaient pas non plus intellectuellement des abrutis. Ils avaient beaucoup appris des us et coutumes des Occidentaux et y faisaient face avec intelligence.
En outre, les affirmations de Monsieur Diagne constituent une offense non seulement à la mémoire des "Tirailleurs sénégalais" et à leurs descendant-e-s, mais aussi à toutes les générations d'Africain-e-s qui se sont engagés dans la lutte contre l'oubli du massacre de Thiaroye 44, et, pour que justice leur soit rendue. De même, Monsieur Diagne insulte l'intelligence de générations de poètes, de cinéastes, de documentalistes, d'écrivains, d'artistes, d'historiens, d'experts dans divers domaines et celle des autorités politiques qui se sont engagés avec force et détermination pour la cause de ces "Tirailleurs sénégalais" qui dit-il, sont des traites. Il est l'unique être intelligent à comprendre que c'était pour des traîtres que tout ce beau monde exigeait durant des décennies la reconnaissance de leur massacre et sa réparation.
Quand ces propos offensants viennent au lendemain de la brillante commémoration du 80ème anniversaire du massacre de Thiaroye organisée par l'État du Sénégal en présence d'invités de marque, de la Diaspora africaine en Europe et en Amérique et la participation du peuple sénégalais, cet acte est gravissime, c'est une haute trahison.
C'est à un travail de sape de tous les efforts, de toutes les énergies intellectuelles et matérielles que vient de se livrer M. Diagne. C'est une haute trahison avant tout vis-à-vis de son employeur notamment, le chef de l'État du Sénégal. C'est à se demander d'ailleurs entre les "Tirailleurs sénégalais" et Monsieur Oumar Diagne, qui est traitre.
C'est d'autant plus dommage que cette trahison vient d'un homme haut perché à la présidence de la République du Sénégal dirigée par un leader de l'âge du massacre c'est-à-dire 44 ans qui avait su de concert avec son Premier ministre qui avait tapé son poing sur la table en disant au président de la France : «Ce n'est pas à vous de déterminer unilatéralement le nombre de tirailleurs morts pour la France » et qui, ensemble, avaient organisé admirablement en cette année 2024, la commémoration du massacre de Thiaroye 44.
Il est vraiment temps de mettre fin aux multiples bévues de Monsieur Diagne, surtout en tant que membre de l'État sénégalais. Car, il vient d'arroser le Sénégal de honte et d'enlever à ses dirigeants et à son peuple toute la joie et toute la fierté qu'ils/elles avaient tiré de cette magnifique commémoration de Thiaroye 44 au point que le président de la France reconnaisse enfin : "QUE OUI, À THIAROYE 1944, C'ÉTAIT UN MASSACRE."
Que les descendant-e-s des "Tirailleurs sénégalais" blessé-e-s par les propos offensants du ministre conseiller à la République du Sénégal, reçoivent ici toute ma solidarité.
Dre Ly-Tall Aoua Boca rest sociologue/analyste politique, chercheure & socio-historiographe.
La buée de sauvetage du pays de la Téranga pour se mettre hors de la voie de la perdition serait de voir le seul élu assumer la plénitude de sa charge en préservant les mécanismes de fonctionnement normal de l’État de droit
L’Histoire est un recueil de triomphes et défaites, de lumières et ténèbres à travers lesquels sont enregistrés des avancées et et les reculs des peuples.
Notre société sénégalaise est en majorité croyante, la foi est source de sa résilience, le lit où elle tire ses forces, mais aussi le nid où naissent ses faiblesses.
Un peuple dont la foi est profonde, béni soit-il, peut également être entraîné par les imposteurs, hélas. Le fil est ténu entre l’émergence et la dégénérescence.
L’exemple le plus instructif nous est révélé par le peuple juif. Après sa traversée miraculeuse de la mer fendue, libéré du joug du Pharaon, durant la période de retrait de Moïse, la population sombrait dans la perdition, les extravagances et le mépris pour les lois. Un grand manipulateur avait émergé, talentueux orateur, séducteur des âmes nommé Samiri.
Le charismatique Samiri, personnage attractif, prophétise et promet le paradis aux enfants d’Israël hypnotisés par ses discours enivrants sous les éclats scintillants du veau d’or qu’il avait substitué au Dieu unique.
Samiri ne se privait pas, il avait libéré les sens, dans un projet attirant comme l’aimant la majorité de jeunes et femmes.
Ils n’avaient désormais les yeux et les oreilles que pour lui. De sa baguette magique, il pourrait mettre fin au chômage et la corruption. Sweet Beauté lui avait ouvert le ciel. Un dicton de chez nous proclame :"Saï-saï bu mag defay niru waliyu"- "Saï-saï mawdo faayda te ko e walliyu", autrement dit : le ban-dit emprunte les traits du saint !
Le Sénégal vit vraisemblablement à l’ère Samiri. Le pays des grands érudits est entraîné dans une frénésie de la démagogie, de la niaiserie et l’hypocrisie. Le peuple "délivré" est délirant, captivé par les sons de sirène populistes, seuls audibles.
La cohorte multicolore de la galaxie Samiri est composée de radicaux prêcheurs, de fonctionnaires en rupture de la hiérarchie, d’officiers hors les rangs et de chroniqueurs désœuvrés, récidivistes de la diffamation. Certains reconvertis en influenceurs rivalisent d’ardeur à l’intérieur de chaque cercle. Les voix de la raison sont éteintes, la crétinisation outrancière, par le déficit de la critique objective atteint son paroxysme.
L’ultime phase de la décomposition sociale survint avec la suppression progressive des libertés d’expression par une installation de la peur chez les citoyens abandonnant leurs convictions démocratiques pour la certitude que Samiri était le Messie. Samiri réussit à étouffer l’opposition sans courage parce que n’étant pas intègre dans sa gestion récente. Samiri se plaît à brandir l’épée de Damocles sur la tête de ses adversaires, même s’il a fait plus de dégâts en si très peu de temps de règne. La règle DDD prescrite par l’ancien président poète, "Deureum, Djigeen, Daraja" consacrait la continuité même si le concept de rupture était partout galvaudé pour galvaniser les foules. Cette permanence était perceptible dès la première cérémonie de Décoration-Distinction-Élévation au cours de laquelle DDD la belle-mère des gueux était en première loge. Quel tyran victorieux n’aurait pas exploité une telle situation favorable à la dictature ? Les intellectuels se sont aplatis par incrédulité et par lâcheté. Ils rivalisent du culte de Samiri en grignotant allègrement sur le protocole républicain en sa faveur. Les zélés sur les réseaux sociaux concentrent leurs flèches empoisonnées sur celui qui est élu président, qu’ils considèrent exclusivement leur, mais qu’il faut affaiblir pour établir la suprématie de Samiri, très à l’étroit dans les habits de second dans l’Executif.
Ils sont aidés en cela par les faux panafricanistes, exaltés du Cameroun au Togo, incapables d’arracher la moindre ouverture démocratique face aux pouvoirs mi-centenaires, autocratiques et héréditaires. Des guerriers du clavier qui font honte à l’héritage d’Um Nyobé et Félix Moumié!
Leur espoir reposant sur les putschistes éclairés par Wagner et autres légionnaires, subitement remontés contre l’Occident. La buée de sauvetage du pays de la Téranga pour se mettre hors de la voie de la perdition serait de voir le seul élu assumer la plénitude de sa charge en préservant les mécanismes de fonctionnement normal de l’État de droit.
Revenir aux fondamentaux de la hiérarchie administrative en mettant fin à la prévalence des préoccupations politiciennes dans le management des ministères, notamment les Forces de Défense et de Sécurité, la diplomatie, l’économie et les finances.
La citoyenneté active suppose la gestion inclusive, reposant sur la conscience que le pouvoir et les contribuables ont de la reddition des comptes. Veiller au droit pour les citoyens de censurer les serviteurs publics véreux ; une prérogative au-dessus des postures politiques, mettant en avant le pouvoir judiciaire et la célérité de l’autorité du président de la République. L’autorité suprême aujourd'hui banalisée dans son espace par le zélé Cheikh Samirien, ministre-conseiller devenu un contradicteur assidu de l’élu des Sénégalais, insultant de surcroît les vaillants jeunes africains arrachés de force à leurs terres par l’administration coloniale. Hors la perdition, mettre l’excessif hors d’état de nuire est un impératif.
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UNE ANNÉE 2024 SOUS LE REGARD CRITIQUE DE SOULEYMANE BACHIR DIAGNE
Plus de 5000 morts en mer, des assassinats en série dans la banlieue dakaroise, mais aussi des infrastructures qui se transforment à vue d'œil. À bord du BRT, le philosophe pose un diagnostic sans concession sur l'état de son pays
L'année 2024 au Sénégal s'achève sur un paradoxe saisissant : d'un côté, une modernisation accélérée des infrastructures de transport, symbolisée par le Bus Rapid Transit (BRT) de Dakar, et de l'autre, une crise sociale profonde marquée par une émigration dramatique. C'est dans ce contexte que le philosophe Souleymane Bachir Diagne, professeur à l'université Columbia de New York, livre une analyse percutante de la situation du pays.
Pour le penseur, consulté à bord du nouveau BRT, la question centrale qui traverse la société sénégalaise aujourd'hui est simple mais fondamentale : "Que nous est-il permis d'espérer ?" Cette interrogation résonne particulièrement face au drame de l'émigration irrégulière, qui a causé plus de 5 000 morts en 2024. Selon Diagne, il ne s'agit pas d'un simple mirage de l'Eldorado européen : "Ces jeunes ne fuient pas tant vers quelque chose qu'ils ne fuient une situation qu'ils vivent comme désespérante." Une analyse qui appelle à dépasser les discours moralisateurs pour mettre en œuvre des « projets qui font que l'espoir soit à nouveau possible ».
Le philosophe aborde également la question sécuritaire, marquée par une série de meurtres dans la banlieue dakaroise. Il met en garde contre la tentation de la xénophobie, appelant ses compatriotes à rester fidèles à leur tradition d'hospitalité, la Teranga. Cette réflexion s'inscrit dans un contexte plus large de questionnement sur la justice, alors que le pays a tenu ses États généraux de la justice en 2024. Pour Diagne, la confiance dans le système judiciaire est "essentielle pour la démocratie", tout en soulignant les défis posés par une société où "tout le monde a l'impression d'être juge."
Sur le plan des infrastructures, l'analyse de Souleymane Bachir Diagne est particulièrement éclairante. Le BRT, qu'il expérimente pour la première fois lors de l'interview, représente selon lui "le symbole à la fois des problèmes de l'urbanisation et des solutions à ces problèmes". Face à une ville de Dakar qui s'étend horizontalement et verticalement, absorbant les villages traditionnels environnants, ces nouvelles infrastructures de transport apparaissent comme une réponse nécessaire aux défis de la mobilité urbaine.
L'année a également été marquée par l'inauguration du Mémorial du bateau Le Joola, un moment de recueillement qui, selon le philosophe, doit servir de rappel permanent à la responsabilité collective en matière de sécurité des transports. Cette réflexion s'étend à l'ensemble des moyens de transport, alors que le pays a enregistré près de 4000 accidents de la route en 2024.
Le regard de Souleymane Bachir Diagne sur 2024 dessine ainsi le portrait d'un Sénégal en transformation, confronté à des défis majeurs mais également porteur d'espoirs de modernisation. Son analyse souligne l'urgence d'apporter des réponses concrètes aux aspirations de la jeunesse, tout en préservant les valeurs fondamentales de la société.
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L'IA RESSUSCITE THIAROYE
Le clip entièrement généré par ordinateur de Dip Dundu Guiss transforme un épisode tragique de l'histoire coloniale en une œuvre d'art futuriste. Une prouesse technique et artistique qui pourrait inspirer bien d'autres projets mémoriels
Une équipe de développeurs et d'artistes sénégalais révolutionne la transmission de la mémoire historique grâce à l'intelligence artificielle. Leur projet ambitieux : reconstituer numériquement le massacre de Thiaroye, un événement tragique survenu le 1er décembre 1944 près de Dakar, lorsque des tirailleurs sénégalais, vétérans de la Seconde Guerre mondiale, furent tués par les troupes coloniales françaises.
Cette initiative, portée par Dip Dundu Guiss, figure majeure du hip-hop sénégalais, s'inscrit dans une démarche innovante alliant technologie de pointe et devoir de mémoire. L'équipe, composée notamment de Jean-Pierre Sec, Husain Demelso et Papa Oumar Diaw, a développé un clip entièrement généré par intelligence artificielle pour accompagner la bande originale du film T44 d'Omar Diaw.
Pour donner vie à cette reconstitution historique, les créateurs ont déployé un arsenal technologique sophistiqué. Le générateur vidéo Cling-e, associé à des ordinateurs haute performance équipés de processeurs Nvidia, a permis de produire des images saisissantes de réalisme. Le résultat, baptisé "Jambar" (guerrier en wolof), transcende le simple clip musical pour devenir une œuvre mémorielle d'un genre nouveau.
Le succès ne s'est pas fait attendre : avec plus de 600 000 vues, le projet démontre l'intérêt du public pour cette approche novatrice de l'histoire. Cette réussite a ouvert la voie à un projet cinématographique plus ambitieux, actuellement en développement sous la direction d'Omar Diaw.
L'initiative sénégalaise illustre le potentiel de l'Afrique dans l'innovation technologique au service de la culture. Comme l'explique Dip Dundu Guiss lui-même, l'intelligence artificielle devient un outil puissant pour repousser les limites de la créativité tout en servant une cause mémorielle essentielle. Cette fusion entre technologie de pointe et devoir de mémoire ouvre de nouvelles perspectives pour la préservation et la transmission de l'histoire africaine.
Ce projet démontre également la capacité du continent africain à s'approprier les technologies émergentes pour raconter sa propre histoire. En concevant de traiter le massacre de Thiaroye, les créateurs sénégalais réaffirment l'importance de maintenir vivante la mémoire des événements qui ont marqué leur pays, tout en innovant dans la manière de transmettre ce patrimoine historique aux nouvelles générations.
ÉTABLE OU GROTTE, L'ÉNIGME DE LA NAISSANCE DE JÉSUS
Les Évangiles eux-mêmes restent étonnamment discrets sur le décor exact de la Nativité, laissant place à différentes interprétations. Une ambivalence qui a nourri l'imagination des artistes et la dévotion des fidèles à travers les âges
(SenePlus) - Dans une récente enquête, Le Point revient sur l'une des questions les plus intrigantes de l'histoire chrétienne : le lieu exact de la naissance de Jésus. Un mystère qui persiste depuis deux millénaires, entre tradition populaire et textes historiques.
L'Évangile de Luc, seul témoin direct des circonstances de cette naissance, nous livre un récit précis mais parcellaire. Comme le rapporte le quotidien français, le texte mentionne simplement que Marie "mit au monde son fils premier-né ; elle l'emmaillota et le coucha dans une mangeoire, car il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune." Une sobriété narrative qui contraste avec les autres Évangiles, encore plus discrets sur l'événement : Marc n'en dit mot, Matthieu se contente d'une simple mention géographique, tandis que Jean passe l'épisode sous silence.
Contrairement à l'image traditionnelle d'une auberge refusant d'accueillir le couple, la réalité serait plus complexe. Selon l'analyse de l'historien Kenneth Bailey, citée par Le Point, les habitations palestiniennes de l'époque comportaient généralement une seule pièce, avec un niveau inférieur réservé aux animaux. Cette configuration expliquerait la présence d'une mangeoire, qui pouvait être "un simple creux dans le sol."
L'hypothèse de la grotte, si présente dans l'imaginaire collectif, trouve sa source dans le Protévangile de Jacques, un texte du IIe siècle non reconnu par l'Église mais très influent. Le Point rapporte ce récit alternatif où Joseph, face à l'urgence de l'accouchement, trouve refuge dans une caverne : "Où est-ce que je t'amènerai, car ce lieu est désert ? Et trouvant en cet endroit une caverne, il y fit entrer Marie."
Cette tradition de la grotte s'est tellement ancrée qu'au IVe siècle, l'impératrice Hélène fait édifier une basilique à l'endroit présumé de la naissance. Le journal cite même la lamentation de Saint Jérôme devant la transformation du lieu : "Ah ! s'il m'était seulement donné de voir cette crèche où reposa le Seigneur ! Mais, hélas ! par un sentiment de vénération pour le Christ, nous avons enlevé la crèche d'argile pour lui en substituer une d'argent."
C'est finalement au Moyen Âge que l'image de l'étable s'impose progressivement, culminant avec l'initiative de Saint François d'Assise en 1223. Comme le rapporte son biographe cité par Le Point, le saint souhaitait montrer "l'Enfant qui naquit à Bethléem [...] tel qu'il était couché dans une mangeoire et dormant sur le foin, entre un bœuf et un âne."
Cette dualité entre grotte et étable perdure aujourd'hui dans les représentations de la Nativité, chacune portant une symbolique forte : celle d'un Dieu choisissant délibérément de naître dans l'humilité, loin des fastes du pouvoir.
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LES DEUX VISAGES DU TIRAILLEUR
En qualifiant les tirailleurs de « traîtres », Cheikh Oumar Diagne ravive un lointain débat. L'histoire de ces hommes, faite de loyauté et de trahisons, de courage et de compromissions, dépasse largement les jugements manichéens. Décryptage !
L'histoire des tirailleurs sénégalais se lit comme un roman à double face, où chaque page révèle une contradiction plus profonde que la précédente. D'un côté, des soldats valeureux qui ont versé leur sang pour la France. De l'autre, les instruments volontaires d'une colonisation qui a bouleversé l'Afrique.
Le premier visage du tirailleur naît en 1857, dans l'ombre de la conquête coloniale. La France, confrontée à l'inadaptation de ses soldats au climat africain, trouve une solution pragmatique : recruter parmi les populations locales. Les premiers tirailleurs sont d'anciens esclaves, pour qui l'engagement militaire représente un chemin vers la liberté. Quatorze années de service contre la promesse d'une vie nouvelle. Un marché qui ressemble à s'y méprendre à un simple changement de maître.
Pourtant, ces hommes deviennent rapidement indispensables. Leur connaissance du terrain, leur maîtrise des langues locales et leur capacité à négocier font d'eux bien plus que de simples soldats. Les officiers français, ignorants de tout des royaumes africains, dépendent entièrement de leur expertise. C'est là que se dessine le paradoxe : essentiels mais jamais égaux, respectés pour leurs compétences mais systématiquement maintenues dans des positions subalternes par un racisme institutionnel qui interdit toute promotion au-delà d'un certain grade.
Le deuxième visage du tirailleur apparaît lors des deux guerres mondiales. Face au besoin urgent d'hommes, la France fait miroiter aux Africains la promesse d'une citoyenneté pleine et entière. Des milliers répondent à l'appel, convaincus que leur sacrifice leur ouvrira enfin les portes de l'égalité. Ils se battent avec bravoure, notamment à Verdun, où leur courage devient légendaire. Mais la reconnaissance ne suit pas. Pire encore, pendant l'occupation nazie, alors que les soldats français sont envoyés en Allemagne, les tirailleurs sont parqués dans des camps en France, dans des conditions inhumaines.
Le massacre de Thiaroye en 1944 cristallise cette dualité tragique. Des tirailleurs démobilisés, qui ont risqué leur vie pour libérer la France, sont abattus par l'armée française au Sénégal pour avoir simplement réclamé leurs soldes impayées. C'est le point de rupture où les deux visages se confrontent : celui du soldat loyal et celui de l'homme trahi.
L'après-guerre révèle une nouvelle dimension de cette dualité. Certains tirailleurs, profondément désillusionnés, deviennent les fers de lance des mouvements indépendantistes. D'autres continuent de servir la France dans ses dernières guerres coloniales, en Indochine puis en Algérie, perpétuant malgré eux un système qu'ils ont contribué à maintenir.
Cette histoire à double face se poursuit jusqu'à nos jours dans la mémoire collective. La France contemporaine peine à réconcilier ces deux visages : celui du héros de guerre, célébré dans les commémorations officielles, et celui de l'homme pris dans les rouages de la machine coloniale. Ce n'est qu'en 2022 que les derniers tirailleurs ont obtenu une reconnaissance élargie de leurs droits, comme si la nation tentait tardivement de regarder en face cette histoire complexe.
Les tirailleurs sénégalais nous rappellent qu'il n'existe pas de vérité simple dans l'histoire coloniale. Leurs deux visages nous montrent que l'héroïsme et la tragédie peuvent coexister dans les mêmes uniformes, que la loyauté et la trahison peuvent se confondre dans les mêmes destins. Leur histoire nous invite à dépasser les jugements manichéens pour comprendre la complexité des choix individuels face aux forces de l'Histoire.
LES PRÊTRES AFRICAINS, NOUVEAUX PILIERS DES PAROISSES FRANÇAISES
Dans les presbytères de l'Hexagone, les accents du continent résonnent de plus en plus. Ces prêtres, venus du Bénin, du Sénégal, du Congo, du Cameroun ou encore du Burkina Faso, constituent désormais l'épine dorsale de nombreuses paroisses
(SenePlus) - Un phénomène devenu incontournable dans les églises de France, comme le révèle une enquête approfondie du Point. Nombre d'entre les fidèles ont sans suivi la messe célébrée par un prêtre venu d'Afrique. Une réalité qui illustre la transformation profonde du clergé français.
Les chiffres sont éloquents : selon Le Point, sur les 3 000 prêtres étrangers exerçant en France, entre 70 % et 80 % sont originaires d'Afrique, représentant environ un tiers des prêtres actifs de moins de 75 ans. À ces effectifs permanents s'ajoutent 600 à 700 prêtres assurant des remplacements saisonniers, ainsi que 300 ecclésiastiques poursuivant leurs études dans les Instituts catholiques.
Cette présence croissante répond à un besoin urgent. Le journal rappelle qu'en à peine deux décennies, le nombre total de prêtres en France a chuté drastiquement, passant de 25 353 en 2000 à 11 644 en 2022. Plus significatif encore, les prêtres diocésains ont vu leurs effectifs fondre de 19 243 à 9 336 sur la même période, tandis que le nombre de séminaristes s'est réduit de 976 à 709.
Ces religieux, qui viennent principalement de la République démocratique du Congo, du Bénin, du Congo Brazzaville, du Togo, du Cameroun, du Sénégal, du Burundi, du Rwanda, de Madagascar, de Côte d'Ivoire et du Burkina Faso, exercent leur ministère grâce à l'encyclique Fidei Donum de 1957. Comme le souligne la sociologue Corinne Valasik, citée par Le Point : "Ce mouvement du Sud vers le Nord a commencé dans les années 1980-1990, et s'est accéléré au cours des années 2000."
L'adaptation de ces prêtres ne va pas toujours de soi. La sociologue, qui a mené une étude approfondie sur le sujet, révèle au quotidien français les différents obstacles qu'ils rencontrent. Les contraintes liturgiques françaises, comme la limitation des homélies à sept minutes, peuvent dérouter. L'un des prêtres interrogés confie : "Une homélie chez vous, c'est si court qu'on dirait un tweet ou un pense-bête."
Le quotidien présente également ses défis. Ces hommes d'Église doivent s'adapter à un mode de vie plus solitaire, assumant des tâches domestiques inhabituelles pour eux. La baisse de statut social par rapport à leur pays d'origine, la barrière de la langue, et parfois même des expériences de racisme constituent autant d'épreuves à surmonter.
Cette réalité, devenue incontournable dans le paysage religieux français, a même été évoquée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin qui déclarait, comme le rapporte Le Point : "Il faut le dire au Rassemblement national : si on devait virer tous les étrangers qui travaillent en France, il n'y aurait plus beaucoup de curés dans les paroisses !"