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21 avril 2025
Diaspora
L'ÉTAT EXCLUT TOUTE RESTRUCTURATION DE SA DETTE
Le message du gouvernement aux marchés financiers est sans ambiguïté. Il privilégie une approche stratégique de gestion de la dette, visant à optimiser les échéances tout en honorant ses engagements
(SenePlus) - Le gouvernement tient à rassurer les marchés : il "n'a aucune intention de renégocier ou de restructurer sa dette", comme le souligne fermement le ministère des Finances dans un communiqué rapporté par Bloomberg. Cette déclaration intervient alors même qu'un audit récent des finances publiques révèle une situation plus préoccupante qu'initialement annoncée.
Le ministère affirme vouloir plutôt "mettre en œuvre une approche proactive et stratégique de gestion de la dette publique visant à optimiser son profil de remboursement tout en honorant strictement ses engagements envers les investisseurs". Cette stratégie vise notamment à obtenir "un profil de remboursement plus approprié favorisant un rééchelonnement avec des échéances prolongées", selon les projets de documents budgétaires.
Cette position ferme sur le respect des engagements financiers intervient dans un contexte délicat : l'audit a mis en lumière que la dette publique dépasse 80% du PIB fin 2023, bien au-delà des 73% précédemment annoncés sous la présidence de Macky Sall. Plus inquiétant, le déficit budgétaire atteint plus de 10% du PIB, près du double des 5,5% initialement déclarés, ce qui a conduit le FMI à geler une enveloppe de prêts de 1,8 milliard de dollars.
Pour faire face à cette situation sans compromettre ses engagements, le Sénégal déploie une stratégie à plusieurs volets. Le pays prévoit notamment d'émettre des obligations de la diaspora pour 1,5 billion de francs CFA, visant à réduire sa dépendance aux financements externes. Il doit également gérer 3,2 milliards de dollars d'obligations en euros et en dollars arrivant à échéance dans les dix prochaines années.
Le gouvernement mise également sur des réformes structurelles, incluant une révision du code minier prévue pour mai et un renforcement du contenu local dans le secteur pétro-gazier. Ces mesures s'inscrivent dans le cadre d'un budget 2025 de 6,4 billions de francs CFA (10,2 milliards de dollars), avec un objectif de déficit ramené à 7%.
Les perspectives économiques demeurent positives malgré ces défis financiers. Le pays anticipe une croissance de 8,8% en 2025, portée par le démarrage de la production pétrolière et la future exploitation du champ gazier Grand Tortue Ahmeyim, un projet de 4,8 milliards de dollars opéré par BP. L'inflation devrait rester contenue à 1,9% l'année prochaine, selon le projet de budget.
La cour des comptes, qui examine actuellement ces révisions, devrait rendre ses conclusions prochainement. Le ministère des Finances prévoit déjà "une révision à la hausse de l'encours de la dette et du service de la dette" pour 2024-2025, avec un déficit budgétaire qui devrait dépasser 11% en 2024, tout en maintenant sa position ferme contre toute restructuration de la dette.
DAKAR SUFFOQUE SOUS LE NUAGE SAHARIEN
Les mesures de la qualité de l'air atteignent des sommets inquiétants, propulsant la capitale sénégalaise devant New Delhi au classement des villes les plus polluées
(SenePlus) - Selon les informations rapportées par Bloomberg, la capitale sénégalaise a grimpé au sommet du classement mondial des villes les plus polluées, dépassant même des mégapoles comme New Delhi et Dhaka. L'indice établi par la plateforme suisse IQAir a enregistré mercredi un score préoccupant de 392 pour Dakar, bien au-delà du seuil acceptable fixé à 101.
Cette situation critique s'explique par un phénomène naturel saisonnier : l'Harmattan, un vent sec chargé de poussières sahariennes qui souffle sur l'Afrique de l'Ouest de fin novembre à mars. Comme le précise Abdoulaye Diouf, ingénieur prévisionniste à l'Agence nationale de l'aviation civile, "un épisode de poussière" particulièrement intense affecte actuellement le nord du Sénégal et devrait s'étendre à l'ensemble du pays avant de se stabiliser ce weekend.
Les données sont alarmantes : "La concentration de particules dans l'air extérieur dépasse 1000 microgrammes par mètre cube", indique Diouf, soit le double de la moyenne habituelle et plus de 22 fois la recommandation de l'Organisation Mondiale de la Santé fixée à 45 microgrammes. La visibilité à Dakar devrait chuter à "500 mètres ou moins" selon les prévisions.
Les conséquences sanitaires inquiètent particulièrement les professionnels de santé. Le Dr Oumar Ba, du service de pneumologie de l'Hôpital Général de Yoff à Dakar, souligne que c'est "une réelle préoccupation, particulièrement pour les maladies respiratoires comme l'asthme et la bronchite, et chez les enfants qui sont souvent plus fragiles". Il estime qu'environ 10% de la population souffre de problèmes pulmonaires, une proportion probablement plus élevée dans la capitale.
L'impact économique est également significatif, notamment pour la communauté des pêcheurs. Omar Drame, secrétaire général d'un syndicat de pêcheurs de Dakar, explique les risques accrus : "Le risque d'échouage ou de collision avec d'autres bateaux augmente, sans parler de l'impact sur la santé des pêcheurs". À Soumbedioune, seuls quelques marins équipés de GPS osent encore prendre la mer, comme le confirme Issa Fall, coordinateur de l'association locale de pêche.
La vie quotidienne des Dakarois s'en trouve bouleversée. Mamadou Diop, octuple champion sénégalais de triathlon, a dû adapter ses activités : "Pousser son corps en extérieur dans ces conditions n'est vraiment pas une option". Les autorités sanitaires recommandent d'éviter les activités sportives en plein air et conseillent aux personnes vulnérables de rester à l'intérieur et de porter des masques.
Ce phénomène météorologique, qui peut persister plusieurs jours voire plusieurs semaines selon les conditions atmosphériques, continue d'affecter sévèrement la qualité de vie des habitants de la capitale sénégalaise, soulevant des inquiétudes croissantes quant à la détérioration de la qualité de l'air dans la région.
COMME UNE ALLIANCE DE PARIAS
Jean-Baptiste Placca tance des putschistes qui "assimilent leur orgueil à l'honneur de leur patrie", évoquant la rupture entre l'AES et la CEDEAO. "L'interdépendance est telle que les considérations d'amour-propre ne devraient pas y prévaloir"
(SenePlus) - Dans son éditorial de ce samedi 21 décembre 2024 sur RFI, Jean-Baptiste Placca analyse sans concession la sortie du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO). L'éditorialiste y voit une décision aux conséquences dramatiques pour les populations, portée par des régimes militaires qui confondent "leur orgueil personnel avec l'honneur de leur patrie".
Cette rupture intervient alors même que la CEDEAO tente de maintenir ces trois pays dans l'organisation régionale. Le chef de la junte nigérienne a d'ailleurs rejeté cette semaine toute tentative de médiation, confirmant le caractère "irréversible" de leur départ. Une position que Jean-Baptiste Placca qualifie de "manœuvre grotesque", particulièrement dans leur décision d'accorder des exemptions de visa aux ressortissants des pays de la CEDEAO.
"Pourquoi n'appliquent-ils donc pas ces exemptions à toute l'Afrique ?", s'interroge l'éditorialiste, qui y voit une tentative de "quémander, par la force, une réciprocité" et d'anticiper "la réprobation de leurs concitoyens, qui ne manqueront pas de leur reprocher cette rupture, lorsqu'elle commencera à leur compliquer singulièrement l'existence".
L'analyse est d'autant plus sévère que le bilan des régimes militaires reste peu reluisant. "Plus de quatre ans après le renversement d'Ibrahim Boubacar Kéita, près de trois ans après le renversement de Roch Marc Christian Kaboré, et bientôt un an et demi après le coup d'État qui a renversé Mohamed Bazoum, ni les Maliens ni les Burkinabè et encore moins les Nigériens ne vous diront qu'ils sont un peuple heureux, en sécurité, à l'abri des privations et de la vie chère", souligne Jean-Baptiste Placca.
L'éditorialiste pointe également le manque de vision politique claire de ces régimes, dont les discours ne sont que "des tâtonnements truffés d'extraits picorés chez Rawlings, Sankara, ou même Sékou Touré". Une différence notable avec les putschistes historiques comme Rawlings au Ghana ou Sankara au Burkina Faso, qui "avaient une idée claire de ce qu'ils pensaient, et ce dont ils rêvaient pour leur peuple".
Si la CEDEAO n'est pas exempte de critiques - l'organisation s'étant "beaucoup discréditée aux yeux des populations" ces dernières années selon l'éditorialiste - la décision de ces trois pays apparaît comme "une diversion" particulièrement préjudiciable. "L'interdépendance est telle que les considérations d'amour-propre ne devraient pas y prévaloir", conclut Jean-Baptiste Placca, rappelant qu'"on ne quitte pas une organisation parce qu'elle vous applique les textes qui la fondent".
Par Fadel DIA
MAYOTTE-EN-FRANCE !
Le cyclone Chido révèle aux Français l'existence d'un département méconnu dont même la population reste un mystère. 'À Mayotte, confie une députée, on sous-estime autant les vivants que les morts
Il y a près de cinquante ans la France opérait ce qui n’était rien moins qu’un holdup territorial, en détachant l’ile de Mayotte des autres composantes de ce qui constituait les Comores, pour en faire une dépendance ultra marine. Si cet évènement nous interpelle encore, c’est qu’il suit d’autres rapts qui ont eu des fortunes diverses.
L e premier nous concerne de près, puisque c’est la tentative de détacher la presqu’ile du Cap Vert du reste du Sénégal en faisant miroiter à la collectivité léboue un projet de protectorat indigène sous l’ombrelle française, alors que le motif principal de l’ancienne métropole était de conserver à son usage, la base militaire stratégique et le port de Dakar qui était alors le premier de la sous-région. Pour son malheur, elle avait affaire à un nationaliste intransigeant, Mamadou Dia, qui a paré au coup en transférant la capitale du Sénégal de Saint-Louis à Dakar, au risque de mécontenter les populations de la vieille ville. Le deuxième coup a mieux réussi et nous ne nous en sommes pas encore relevés puisqu’il est à l’origine de la balkanisation des anciennes fédérations d’AOF et d’AEF. Le succès fut mitigé puisque si le projet a empêché la création d’une grande fédération du Mali avec 4 ou 5 membres, il a permis à la Guinée d’accéder à l’indépendance dès 1958 et qu’au bout de quelques années, la communauté franco-africaine a volé aux éclats.
Le rapt de Mayotte n’a évidemment aucun fondement historique, l’ile n’était pas seulement une partie intégrante d’un seul archipel, mais c’est autour d’elle que s’était créée une colonie française dont elle abritait la capitale et en l’en soustrayant, c’est comme si on coupait la tête des Comores. S’il y a une Grande Comore c’est parce qu’il y en avait de petites, dont Mayotte, qui constituaient un archipel peuplé par les mêmes populations venues des côtes d’Afrique orientale ou de Madagascar qui avaient les mêmes cultures et partageaient la même foi. La France est régulièrement condamnée aux Nations Unies pour y avoir cautionné un référendum sécessionniste et comme l’histoire se répète quelquefois, c’est elle aujourd’hui, et l’Union Européenne en général, qui vouent la Russie aux gémonies pour avoir usé du même procédé en Crimée et dans l’est de l’Ukraine.
Les Mahorais qui avaient cédé aux sirènes françaises rêvaient de voir leur territoire transformé en ile des Maldives du Canal de Mozambique, grâce à ses 1100km2 de lagons, ses 195 km de barrière récifale, ses 170 plages de sable, ses 200 km de sentiers, sans compter son incomparable richesse d’espèces végétales. Cinquante ans plus tard Mayotte a le visage d’une Haïti du nord de l’Océan Indien, y compris en insécurité. Le taux de pauvreté est de 86%, le niveau de vie y est sept fois plus faible que la moyenne française et son seul titre de gloire est de posséder « le plus grand bidonville d’Europe ! » Sa superficie n’est pourtant que la moitié de celle de la commune d’Arles, en France, mais il y a encore, faute de routes praticables, des villages inaccessibles aux secouristes et dont les habitants n’ont encore reçu aucune aide alimentaire, cinq jours après une catastrophe qui est la plus grave que l’ile ait connue depuis un siècle.
Le cyclone Chido a au moins le mérite d’avoir fait découvrir aux Français un petit territoire érigé en département français il y a treize ans mais dont personne ne connait le chiffre exact de la population : 320.000 ? 520.000 ? Personne ne sait car à Mayotte, dit une de ses députées, « on a toujours sous-estimé aussi bien les vivants que les morts ! ». Gaza peut faire chaque jour le bilan des personnes tuées par les bombardements israéliens tandis qu’à Mayotte, cinq jours après le passage de Chido, on en est encore à de vagues estimations, jamais réactualisées, du nombre des victimes : une trentaine selon les chiffres officiels, alors que selon certains habitants des centaines de corps restent ensevelis sous les décombres et dégagent une odeur de putréfaction.
La vérité c’est que près de cinquante ans après son annexion, un malentendu demeure sur les relations de l’ile avec la France, le statut de ses habitants, la nature et la dimension de ses besoins. Pour le Premier Ministre, François Bayrou, Mayotte se trouve « hors du territoire national ». Pour le président Macron, qui lors d’un précédent voyage avait ironisé lourdement sur les kwasa- kwasa, les bateaux de pêche locaux qui « ne ramènent pas du poisson mais du Comorien ! », les Mahorais ne sont que des gens qui ont la chance de vivre en France. C’est le sens de ses paroles tenues par un homme qui aime les bains de foules mais qui contrairement au Roi d’Espagne ne sait pas tenir ses nerfs et qui était en plein délire face à des Mahorais qui criaient leur détresse : « Vous êtes contents d’être en France… Si ce n’était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ! » Un président de la République devrait-il s’exprimer ainsi face à tant de détresse. Puisque la Corse et Mayotte ont été acquises par la France par le même procédé, Macron oserait-il tenir un tel discours devant des manifestants Corses ?
Pourtant les Mahorais ne réclament ni autoroutes ni piscines, ce qu’ils demandent c’est de l’eau, un repas, un abri pour se protéger. Quand le président de la République croit pouvoir tout régler en 4 heures de visite, quand il se vante d’avoir débarqué avec 4 tonnes d’aliments et de médicaments, quand la ministre de la Santé promet de pré positionner 10.000 doses de vaccins contre le choléra, quand le Premier Ministre annonce qu’il va tout reconstruire en deux ans, on peut se poser la question de savoir si en France on a une idée de l’ampleur des besoins des Mahorais qui sont plus de 300.000 sur un territoire de moins de 400 km2, pour lesquels trouver de l’eau à boire est depuis des années, un combat de tous les jours, dont les habitations sont détruites à 80% et dont le pays n’est pas à reconstruire mais à construire ! « Je ne peux plus regarder mon ile » a crié un Mahorais impuissant face au désastre. Espérons que les autorités françaises regarderont enfin Mayotte les yeux dans les yeux !
Pour terminer par une note optimiste, saluons le formidable élan de solidarité envers les sinistrés qui se propage en France, porté par des Français qui ne sont pas seulement d’origine mahoraise, par des communes ou des institutions. C’est une chose que nous ne savons pas faire et dans des cas similaires nous nous contentons souvent, dans le meilleur des cas, de dire « ndeysaan » et de nous en tenir là. Il y a quelques semaines la Gambie, la Falémé, le Sénégal ont débordé de leurs lits comme jamais ils ne l’ont fait depuis 1958, détruisant des centaines d’habitations, inondant des champs et jetant dans le désarroi des dizaines de milliers de personnes et pourtant, à quelques rares exceptions près, nous n’avons rien fait qui soit à la hauteur de cette catastrophe. Pas même une journée de deuil national !
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LA SORTIE CONTROVERSÉE DE MACRON À MAYOTTE
"Sans la France, vous seriez dans une merde beaucoup plus profonde", a lancé le président français aux habitants réclamant de l'eau potable. De quoi raviver les tensions dans ce territoire d'outre-mer pourtant moins aidé que les autres
(SenePlus) - Une vive altercation a éclaté entre Emmanuel Macron et des habitants de Mayotte lors de sa visite dans l'archipel dévasté par le cyclone Chido, rapporte Reuters. Face aux critiques sur la gestion de la crise, notamment concernant l'accès à l'eau potable, le président a eu une réponse cinglante qui fait polémique.
"Sept jours et vous n'êtes pas capables de donner de l'eau à la population !", a lancé un habitant au président selon l'agence de presse. La réplique présidentielle ne s'est pas fait attendre : "Vous êtes contents d'être en France. Sans la France, vous seriez dans une merde beaucoup plus profonde, 10 000 fois plus, il n'y a aucun endroit dans l'océan Indien où les gens reçoivent plus d'aide."
Cette sortie présidentielle s'inscrit dans une série d'échanges tendus lors de sa visite du quartier Pamandzi. "Ne dressez pas les gens les uns contre les autres. Si vous dressez les gens les uns contre les autres, on est foutu", a également déclaré le président à la foule, selon Reuters.
L'opposition n'a pas tardé à réagir à ces propos jugés déplacés. Sébastien Chenu, député du Rassemblement National, a estimé que "le président ne trouve pas exactement les bons mots de réconfort pour nos compatriotes mahorais qui, avec ce genre d'expression, ont toujours le sentiment d'être traités différemment". Le député de la gauche radicale Eric Coquerel a quant à lui qualifié ces commentaires de "complètement indignes".
Face à la polémique, Emmanuel Macron s'est défendu dans un entretien accordé à MayotteLa1ere, accusant certains manifestants d'être des "militants politiques du RN". Il a également tenu à contrer le récit selon lequel "la France ne fait rien", expliquant que "le cyclone n'a pas été décidé par le gouvernement. La France fait beaucoup. Nous devons être plus efficaces, mais les discours de division et d'agitation ne vont pas aider."
Cette controverse intervient dans un contexte particulièrement dramatique pour l'archipel, qui fait face à la pire tempête depuis 90 ans. Selon Reuters, si les autorités n'ont confirmé que 35 décès, certains craignent que le bilan ne s'élève à des milliers de morts, notamment dans les bidonvilles des collines qui n'ont pas encore pu être atteints par les secours.
L'État français consacre environ 1,6 milliard d'euros par an à Mayotte, soit environ 8% du budget des territoires d'outre-mer et 4 900 euros par habitant, précise Reuters. Un chiffre qui reste inférieur aux 7 200 euros par habitant à La Réunion ou aux 8 500 euros en Guadeloupe.
MACRON ACCUSÉ DE TENIR DES PROPOS RACISTES
Le Monde rapporte que le président français aurait déclaré : "le problème des urgences dans ce pays, c'est que c'est rempli de Mamadou". Alors que la gauche s'indigne unanimement, l'Élysée tente d'éteindre l'incendie en opposant un démenti ferme
(SenePlus) - Une vive controverse secoue la sphère politique française après la publication d'une enquête du quotidien Le Monde attribuant des propos polémiques au président de la République. L'affaire, qui met en lumière des déclarations à caractère discriminatoire, suscite de vives réactions au sein de la gauche française et un démenti formel de l'Élysée.
Selon l'enquête du Monde, Emmanuel Macron aurait, en 2023, tenu des propos controversés devant son ministre de la Santé de l'époque, Aurélien Rousseau. Le président aurait notamment déclaré que "le problème des urgences dans ce pays, c'est que c'est rempli de Mamadou". Cette déclaration, dont l'authenticité est contestée par l'Élysée, a immédiatement provoqué une onde de choc dans la classe politique.
Le sénateur communiste de Paris, Ian Brossat, a été parmi les premiers à réagir sur le réseau social X, qualifiant sans détour ces propos de "racistes" et d'"accablants". Dans la même veine, le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, a dénoncé "une insulte à la République" et "une honte absolue".
L'enquête du Monde ne s'arrête pas là. Elle révèle également que l'Élysée aurait surnommé Matignon "La cage aux folles" pendant le mandat de Gabriel Attal comme Premier ministre. De plus, le président aurait qualifié de "cocottes" Marine Tondelier, dirigeante des Écologistes, et Lucie Castets, proposée par le Nouveau Front populaire pour Matignon.
Ces révélations successives ont suscité de multiples réactions indignées. Le député de la Somme François Ruffin a ainsi fustigé ce qu'il considère comme une accumulation de "racisme, homophobie, sexisme", dénonçant un président "enfermé dans un palace doré, loin du regard des Français". Marine Tondelier elle-même a réagi sur X, condamnant des "propos homophobes extrêmement choquants" concernant Gabriel Attal, suivis de "propos sexistes".
Face à cette polémique grandissante, l'Élysée a publié un démenti catégorique le vendredi 20 décembre au matin, affirmant que ces propos rapportés "n'ont fait l'objet d'aucune vérification auprès de la présidence avant publication". Le quotidien Le Monde, de son côté, maintient ses affirmations.
par Abdoul Mbaye
BUDGET 2025, L’ILLUSION D’UNE PROSPÉRITÉ INTROUVABLE
Prévisions irréalistes, gestion déconnectée... Ce budget, prétendument ambitieux, n’est rien d’autre qu’une fuite en avant, dans la lignée de l'ancien régime. Le Sénégal ne peut plus se payer le luxe des illusions
Le projet de Loi de Finances Initiale (LFI) 2025 du Sénégal donne l’image d’un pays en plein essor, mais derrière cette façade brillante se cache une réalité bien différente. Les chiffres présentés semblent faits pour séduire, mais ils ne résistent pas à une analyse lucide. En continuant sur la lancée de l’ancien régime, ce budget repose sur des prévisions irréalistes, une gestion budgétaire déconnectée et une fuite en avant dangereuse pour l’économie du pays.
Sous Macky Sall, le budget 2023 s’appuyait déjà sur une imposture : une prévision de croissance nominale de 10,1 % entre 2022 et 2023. La révision en catastrophe de ce taux à 4,1 % du PIB réel n’a pas empêché de maintenir un PIB nominal largement gonflé, faussant ainsi les calculs de déficit et d’endettement. Aujourd’hui, le nouveau régime s’inscrit dans cette continuité trompeuse. En projetant une croissance de 20,35 % entre 2022 et 2024, il perpétue une vision économique déconnectée de la réalité.
Une campagne arachidière morose et une économie en repli rendent ces chiffres absurdes, voire insultants pour les Sénégalais qui peinent à joindre les deux bouts. Et pourtant, les illusions continuent. Les recettes internes prévues pour 2025 atteignent 4 348,1 milliards FCFA, mais elles suffiraient à peine à couvrir le service de la dette, qui s’élève à 3 855,52 milliards FCFA, soit 88,7 % des recettes. Malgré ce constat alarmant, aucune mesure sérieuse de réduction des dépenses publiques n’est envisagée.
Pire, certaines lignes budgétaires augmentent. La présidence s’offre 3,45 milliards FCFA supplémentaires, la Primature 1,2 milliard FCFA, et le ministère des Affaires étrangères se distingue avec une hausse de 18,84 milliards FCFA, répartis entre investissements et acquisitions de biens et services. Où est l’effort de rigueur promis ?
Pour couronner le tout, le gouvernement mise sur les « Diaspora Bonds » pour combler ses lacunes. L’idée semble brillante : mobiliser le patriotisme des Sénégalais de l’extérieur pour financer les déficits et les projets. Mais cette approche relève plus du vœu pieux que d’un plan solide. La diaspora, déjà accablée par les besoins familiaux qu’elle soutient, pourrait se montrer réticente à investir dans des obligations en monnaie locale, surtout face à l’instabilité économique.
Ce budget, prétendument ambitieux, n’est rien d’autre qu’une fuite en avant. En refusant de faire face aux réalités économiques et en évitant les réformes indispensables, le Sénégal s’enferme dans une spirale dangereuse. Ce qu’il faut, c’est un budget de vérité. Cela commence par des prévisions sincères, une réduction drastique du train de vie de l’État, et une réorientation des ressources vers les véritables priorités : les secteurs sociaux, l’agriculture en crise, et les besoins des populations les plus vulnérables.
Le Sénégal ne peut plus se payer le luxe des illusions. L’heure est à l’effort, à la rigueur et à la justice. Ce n’est qu’à ce prix qu’il regagnera la confiance de ses citoyens, de ses bailleurs, et de sa diaspora.
par Abdoul Aziz Diop
2007, L’ANNÉE OÙ S’ACCÉLÈRE LA STRANGULATION DE LA FRANÇAFRIQUE
EXCLUSIF SENEPLUS - Le récent changement politique à Dakar avec l'élection de Diomaye n'est que l'aboutissement d'un processus entamé il y a 17 ans, lorsque les Sénégalais ont commencé à déjouer les stratagèmes d'une Françafrique déjà moribonde
Venu rehausser de sa présence la cérémonie de dédicace du livre « De la démocratie en Françafrique, une histoire de l'impérialisme électoral » (La Découverte, 2024) de la journaliste française Fanny Pigeaud et de l'économiste Ndongo Samba Sylla, l’écrivain Boubacar Boris Diop soutient que « la Françafrique contrôle la situation [en Afrique francophone] à travers des élections qui sont truquées…»
La Françafrique des élections est irréfutable, mais l’année où s'accélère sa « strangulation » - mot emprunté à Boris - et débute la mise à mort de l’ogre montre que celui qu’on dit être le souverainiste d’exception sans qu’on ne sache d’ailleurs pourquoi, Bassirou D.D. Faye, n’y est absolument pour rien. De même n’y sont pour rien du tout les putschistes du Mali, du Niger, du Burkina Faso, de la Guinée, etc.
De la Françafrique des élections
En février 2007, Abdoulaye Wade disait s’être fait réélire par les électeurs sénégalais avec 55,90 % des suffrages valablement exprimés. Au mois de mai de la même année, le candidat de l’Union pour un mouvement populaire (UMP), Nicolas Sarkozy, remporte l’élection présidentielle française devant la candidate socialiste Ségolène Royale.
La nouvelle affiche de la Francénégal surexcitée - Sarkozy et Wade - irrita l’intelligentsia africaine qui ne s’est pas fait prier pour monter au créneau et jouer la partition attendue d’elle après que Sarko a prononcé son fameux discours de Dakar le 26 juillet 2007.
À l'ouverture de la campagne électorale pour l'élection présidentielle sénégalaise du 25 février 2007, figuraient, au passif du président sortant Abdoulaye Wade, la mort d'au moins 2000 naufragés, la confusion des pouvoirs, l'amnistie des crimes politiques, la pratique à grande échelle de la corruption, le détournement de plusieurs centaines de milliards de F CFA, la disparition, dans l'océan, de plusieurs centaines de jeunes (filles et garçons lacérés), candidats à l'émigration clandestine, etc. A l'issue du scrutin, ce lourd passif est « récompensé » d'une éclatante victoire électorale, qui crédita, dès le premier tour de scrutin, Abdoulaye Wade de 55,90 % des suffrages exprimés. Un conseiller en communication du Premier ministre Macky Sall - quatrième responsable politique à occuper le poste de chef de gouvernement pendant le dernier septennat (2000-2007) s'en étonna. Son étonnement fut révélateur de la consternation des autres citoyens, très nombreux à déclarer, en privé, qu'ils n'ont pas voté pour Abdoulaye Wade. Que s'est-il donc passé ?
Plusieurs mois après l'élection, un premier effort d'investigation interprétative permet d'y voir plus claire en attendant les aveux des nombreux « faux électeurs » des 25 et 26 février 2007. Appelés aux urnes pour seulement le dimanche 25 février 2007, les partisans d'Abdoulaye Wade votèrent jusqu'au jour suivant, lundi 26 février 2007. Notamment à Fatick, chef-lieu de région et fief de l'ancien Premier ministre Macky Sall.
Abdoulaye Wade se débarrassa, comme chacun le sait, de la plupart de ses conseillers sénégalais après avoir laissé entendre qu'ils étaient les meilleurs parmi les meilleurs. La saignée concerne en particulier les conseillers en communication du maître de la rente. Mais dans ce domaine, les « sorciers blancs » français ne se font pas prier pour combler le vide. Les « marchands de conseils et d'image, de sécurité, de stratégie, de droit d'assistance juridique se pressent auprès de ces présidents en mal de reconnaissance », renchérissait déjà Le Canard Enchaîné.
Auprès du président sénégalais, les rôles semblent avoir été bien distribués entre Marc Bousquet et Jean-Pierre Pierre-Bloch. Bousquet sonde les Sénégalais avant la campagne électorale pour l'élection présidentielle du 25 février 2007, et s'occupe, en même temps, des affiches (illégales) du président sortant. Le journal Le Quotidien de Dakar, daté du 4 mars 2006, commente la supercherie qui donna Wade vainqueur de l'élection : « (...) Les personnes âgées de 18 à 25 et de 25 à 35 ont souvent cité le nom d'Idrissa Seck, le principal challenger. Le contexte d'emprisonnement d'Idrissa Seck, dans lequel le sondage a été effectué, devrait expliquer ce succès du maire de Thiès. Ousmane Tanor Dieng a réuni autour de sa personne un nombre surprenant d'intentions de vote ». En dissimulant les résultats auxquels ses « enquêteurs » sont parvenus dans les localités sénégalaises concernées, le voyou Marc Bousquet, patron de Médiatique, confirma lui-même ce que le kiosque multimédia sénégalais, « rewmi.com », révéla à ses visiteurs : « Dans les années 70, cet ancien giscardien bon teint, passionné de politique, avait participé à la création d'un institut de sondages Public SA. L'officine se fit remarquer par des enquêtes complaisantes pour la droite, voire carrément bidonnées. Ce qui lui valut de fréquentes réprimandes de la Commission des sondages jusqu'à sa liquidation ».
Dans son numéro daté du 16 juin 2004, Le Canard Enchaîné commente : « Les vendeurs d'images les plus courus dans l'Hexagone, notamment en Afrique, restent Jacques Séguéla et Stéphane Fouks, d'Euro RSCG. Les deux fils de pub' ont même réussi à vendre leurs services en Côte d'Ivoire à Henri Konan Bédié et à son adversaire Alassane Ouatara. Le Général Robert Gueï, auteur du putsch contre Bédié et assassiné lors d'un coup d'État contre Laurent Gbagbo, avait, lui, choisi un concurrent, Marc Bousquet, ancien giscardien, et son agence Médiatique. Euro RSCG a aussi officié au Togo pour le général président Eyadéma, ou au Sénégal enégal en 1999 pour Abdou Diouf ». La supercherie remonterait à Diouf. Ousmane Tanor Dieng, qui lui succéda à la tête du Parti socialiste, avait de la visite française pendant son meeting de clôture le 23 février 2007. Wade en avait aussi, lui qui donna la parole à l'ultralibéral Alain Madelin, maintenant oublié des Français.
Abdoulaye Wade fit surtout campagne 21 jours durant en s'amurant les services d'un « maître de scène », un certain Jean Pierre Pierre-Bloch. Le nom de ce monsieur nous renvoie à nos lectures politiques post-alternance. Dans le chapitre consacré au « Françafricain Abdoulaye Wade », l'auteur de l'ouvrage « Le Sénégal entre deux naufrages ? Le Joola et l'alternance » (L’Harmattan, 2003), Almamy Mamadou Wane, écrit que « dès les premières heures de son élection, au soir de sa victoire, tous les amis de Wade étaient présents parfois en famille : Alain Madelin, (...). Pierre Aïm, (...), [...], le maire adjoint de Paris, Jean-Pierre Pierre-Bloch, qui, il est vrai, avait ouvert dans son XVIIIe arrondissement une permanence pour le "candidat [Abdoulaye] Wade" ». « Jean-Pierre Pierre-Bloch, écrit M. Wane, est une vieille relation du dictateur congolais Denis Sassou Nguesso, multirécidiviste de crime contre l'humanité. Et son "frère" à la Grande Loge Nationale Française (GLNF), l'Église de toutes les chapelles françafricaines. »
Pendant toute la campagne électorale pour l'élection présidentielle du 25 février 2007, le (...)-Bloch de M. Wane demanda aux jeunes de la caravane du président sortant Abdoulaye Wade de soulever la poussière partout où l'illusion d'une mobilisation est nécessaire pour abuser l'opinion.
La bête de scène « hyperactive » Jean-Pierre Pierre-Bloch avait été mise en examen à deux reprises en France pour « recel d'abus de bien sociaux ». Dans la première affaire, « la société dirigée par sa femme aurait bénéficié de prêts de plusieurs dizaines de millions de francs [français] pour des opérations immobilières ». Dans la seconde histoire, « la justice soupçonna l'élu du XVIIIe arrondissement d'avoir perçu, entre 1994 et 1999, des rémunérations d'une société de Neuilly (Hauts-de-Seine) sans y avoir été employé ». L'emploi fictif lui aurait rapporté environ 780 000 euros. Au sein du groupe Vaturi, informe le quotidien français Libération, daté du 25 décembre 2006, « Clément Vaturi, le père, et Joël Vaturi, le fils, ont, dans les années 90, rémunéré Jean-Pierre Pierre-Bloch (90 000 francs par mois) comme "apporteur de bonnes] “affaires" et "ouvreur de portes" ».
Venu témoigner à la barre en faveur de son « ami personnel », Alain Mandelin - encore lui - tempère : « Lobbying ne veut pas dire favoritisme (...). Aujourd'hui, on parlerait de patriotisme économique. » Le prévenu écope de « deux ans avec sursis et 100 000 euros d'amende pour... emploi fictif ».
Jean-Pierre Pierre-Bloch perdit, en 1994, son mandat de député UDF, invalidé pour dépassement de frais de campagne. Le voyou, qui souleva la poussière, n'avait donc aucune raison de déconseiller le vieux lièvre sénégalais bien connu de ses concitoyens pour les « largesses » grâce auxquelles il deal avec autrui.
Abdoulaye Wade, en si mauvaise compagnie, aime néanmoins se réclamer d'une des quatre plus grandes confréries musulmanes de son pays et de son guide spirituel. Un vrai paradoxe. Mais pour Wade et ses petits hôtes français, plusieurs carapaces valent plus qu'une seule. Wade peut toujours se prévaloir des prières d'un saint auprès de ses concitoyens pour expliquer ses succès électoraux tout en faisant opérer ses vieux « sorciers blancs » dans les coulisses. Une vraie manipulation !
Jean-Pierre Pierre-Bloch sait peut-être aussi comment un président impopulaire gagne une élection. Son ami Jacques Dominati avait été « sollicité par le procès des faux électeurs du Me arrondissement de Paris ». M. Dominati est intervenu à la demande de Jean-Pierre Pierre-Bloch quand ce dernier contesta le prix de vente des boutiques des aéroports de Roissy et d'Orly aux Vaturi qui, en 1993, remportèrent la privatisation desdites boutiques avec l'aide de Jean-Pierre Pierre-Bloch. En se joignant au boycott des élections législatives du 3 juin 2007, l'ancien Premier ministre sénégalais Idrissa Seck en disgrâce, savait-il des choses qu'il n'a pas encore dites ? Jean-Pierre Pierre-Bloch se trouve être un ami commun du président Wade et de son ancien Premier ministre. Il est d'ailleurs l'un des premiers à avoir tenté de réconcilier l'ancien mentor avec l'ancien poulain. Invité Afrique », le jeudi 26 avril 2007, de Radio France internationale (RFI), l'ancien Premier ministre du président Wade, Moustapha Niasse, crédité de seulement 5,90 % des voix à l'issue de l'élection présidentielle du 25 février 2007, dit entretenir de bonnes relations avec le maire de Thiès Idrissa Seck et accusa nommément le président Wade d'avoir purement et simplement « emporté » les élections en convoyant des électeurs vers des zones plutôt défavorables au président sortant. « Wade, mettra six mois à inscrire des gens à Dakar sur les listes électorales pendant que tout le reste du pays attendait. Restés ouverts jusqu'au lendemain 26 février 2007, les bureaux de vote des zones incriminées accueillirent les personnes déplacées pour bourrer "proprement" les urnes ». Le résultat se passe de commentaire : Wade gagne partout sauf à Thiès, fief bien gardé d'Idrissa Seck, et Nioro, bastion imprenable de Moustapha Niasse.
Les « faux électeurs » des zones et bureaux de vote incriminés par le patron de l'Alliance des forces de progrès (AFP) rappellent « les faux électeurs du IIIe arrondissement de Paris » dont Jacques Dominati, ami de Jean-Pierre Pierre-Bloch, était le maire jusqu'en 1995. Le procédé employé par les amis politiques du Corse Jacques Dominati pour conserver la mairie du Ille arrondissement de Paris est le même que celui décrit par Moustapha Niasse au téléphone de Christophe Boisbouvier, journaliste à RFI. De quoi s'agit-il ? C'est le quotidien Libération, daté du lundi 11 septembre 2006, qui nous renseigne : « Outre Jacques [Dominati], ses fils Laurent (ancien député) et Philippe (qui a hérité du siège sénatorial paternel) sont poursuivis pour "manoeuvres frauduleuses ayant porté atteinte à la sincérité du scrutin", à l'occasion des municipales de 1989 et 1995. Aux côtés de l'ancien maire du Ille, six de ses adjoints ou conseillers, et deux fonctionnaires du bureau des élections. L'accusation leur reproche une "quête incessante d'électeurs susceptibles de soutenir Jacques Dominati (...) qu'ils résident ou pas dans l'arrondissement", via des "attestations de domicile fallacieuses" et "au mépris du code électoral", La "mouvance ou l'entourage" Dominati aurait "dragué" au sein des militants UDF, des commerçants, de la synagogue Saint Nazareth, faisant miroiter à l'occasion une place en crèche ou en HLM ». « Le patron d'une brasserie, où le député-maire avait ses habitudes, a fait inscrire quatre de ses employés qui ne réclamaient qu'une carte de stationnement, ils auront droit à une carte d'électeur, avec ce mot d'ordre : "Vote pour Dominati" ». Renaud Lecadre, le journaliste de « Libé' », qui signe l'article, renchérit en ces termes : « (...) L'équipe Dominati a poussé la "coutume" au stade industriel, quitte parfois à imiter la signature des titulaires des cartes d'électeurs, une expertise a relevé 109 "faux grossiers" ». Par « coutume », il faut comprendre ce que Jacques Dominati présenta lui-même comme « (...) une "pratique courante" permettant de voter sur son lieu "d'attache professionnelle ou religieuse", notion inconnue du code électoral ». « L'accusation recense 327 électeurs "indûment inscrits" pour les municipales de 1989, plus 290 pour le scrutin de 1995. Pas de quoi inverser les élections : Dominati, élu en 1989 au premier tour à 20 voix près, serait passé au second quoi qu'il en soit ; en 1995, il a été battu avec 234 voix de retard », précise le journaliste. L'ami Pierre-Bloch aurait-il soufflé la méthode de l'ami Dominati au président Wade ? Les certitudes de Moustapha Niasse sur RFI portent à le croire. S'y ajoute surtout qu'au Sénégal, la « coutume » invoquée par M. Dominati est consacrée par le code électoral.
L'article L.33 dudit code stipule que « sont également inscrites sur la liste électorale dans les communes, les communes d'arrondissement et les communautés rurales, les personnes qui, ne remplissant pas les conditions d'âge et de résidence lors de la formation de la liste, les rempliront avant la clôture définitive.
Sont aussi inscrites sur la même liste électorale, lors des révisions exceptionnelles, les personnes qui remplissent la condition d'âge au plus tard le jour du scrutin ». Les tricheurs sénégalais auraient donc inscrit à Dakar « les personnes qui, ne remplissant pas les conditions (...) de résidence [ailleurs qu'à Dakar] lors de la formation de la liste, [ne] les [auraient toujours pas rempli] avant la clôture définitive [des inscriptions] ». Ces personnes-là seraient toutes de « faux électeurs » destinés à « faire du monde » dans les bureaux de vote pour le sortant Abdoulaye Wade. Un habitant de Ziguinchor nous informa de la caravane de 60 cars bourrés d'électeurs partis de Dakar pour aller voter dans la capitale de la région sud du même nom au frais du secrétaire général de la présidence de la République Abdoulaye Baldé. L'effectif déplacé représente plus de 50 % du total des voix engrangés par le candidat indépendant Marne Adama Guèye à Dakar. Cet effectif mobile se serait substitué, au moins en partie, aux vrais électeurs dont les cartes n'ont pas été distribuées avant le scrutin. À la date du 11 janvier 2007, 42,10 % des personnes inscrites sont en attente de leur carte d'électeur. La campagne électorale, elle, démarra moins d'un mois plus tard. « C'est quoi çà ? ».
« Il faut éviter l'amalgame. Mon adversaire, ce n'est pas Abdoulaye Baldé mais Abdoulaye Wade », s'offusqua le candidat de la coalition « Takku Defaraat Sénégal » à l'élection présidentielle Robert Sagna, maire de Ziguinchor. C'est « Wade [qui] m'a battu d'une manière générale à Ziguinchor, mais je l'ai bel et bien vaincu chez moi, dans mon village ». Pouvait-il en être autrement dans les limites bien gardées des derniers retranchements de M. Sagna ? Les convois s'arrêteraient aux portes des citadelles imprenables. Ces citadelles-là totaliseraient 44,1 % des suffrages exprimés.
Le Sénégal se serait alors transformé en Ille arrondissement géant de Paris le temps d'une élection présidentielle. A Paris, M. Dominati a bien « été le bénéficiaire de manœuvres frauduleuses qui ont incontestablement existé et qui ont été démontrées (...) ». Jacques Chirac, alors maire de Paris, (...), aurait été au cœur du dispositif, souhaitant remporter le "grand chelem" des 20 arrondissements parisiens en 1989 pour effacer sa défaite à la présidentielle de l'année précédente ». Adjoint au maire de Paris de 1983 à 2001, Jean-Pierre Pierre-Bloch, lui, était bien là quand les choses se tramaient. Quel rôle a-t-il vraiment joué ? Peu im ort Auprès du président Wade, candidat à sa propre succession, Pierre-Bloch ne joua pas les seconds rôles.
Chirac, lui, congratula Abdoulaye Wade, « réélu ». « Bravo› » s'exclama le président français dans son message de félicitation à l'attention de son homologue sénégalais. Le Français sait-il des choses ? De chef d'État à chef d'État, le mot de trop (bravo) est lourd de signification. L'Histoire nous dira laquelle. Si les choses s'accéléraient, les vrais électeurs sénégalais du 25 février 2007 pourraient se constituer partie civile pour réclamer dommages et intérêts aux tricheurs et à leurs sponsors.
Aux trousses, sitôt les résultats provisoires de l'élection présidentielle du 25 février 2007 proclamés par la Commission nationale de recensement des votes (CNRV), d'Amath Dansokho, de Moustapha Niasse, d'Ousmane Tanor Dieng et d'Idrissa Seck, pour des « affaires » pendantes devant la Justice, Abdoulaye Wade fixa, le samedi 3 mars 2007, en direct à la télé du service public, les termes d'un nouveau deal politique qui absoudrait ses adversaires malheureux. Mais rien qu'une communication au ras des pâquerettes, qui fit diversion au moment où tout le monde s'interrogeait sur l'issue atterrante du scrutin.
Dans les colonnes du quotidien Walfadjri, daté du samedi 3 - dimanche 4 mars 2007, le secrétaire général de la Rencontre africaine de défense des droits de l'homme (RADDHO), Alioune Tine, soutient que « (...) l'honnêteté commande de reconnaître que les irrégularités et dysfonctionnements constatés ne sont pas de nature à modifier ou à entacher les résultats du scrutin ». « Franchement, dit-il, quand nous avons vu le matin du 25 février cette masse d'électeurs avec sa détermination, sa patience, parfois sous le soleil, nous avons compris qu'ils avaient un message à délivrer. » « Il faut faire preuve de fair-play », recommande-t-il. M. Tine se pose néanmoins une question cruciale : « (...) Comment tout cela est arrivé ? » Alioune Tine accuse : « (...) Beaucoup de mesures prises dans [la} période préélectorale étaient des mesures unilatérales prises par (...) le président de la République ». D'ailleurs, précise-t-il, « que ce soit le couplage, le découplage (...), que ce soit la suppression du quart bloquant, le fichier électoral ». Si, comme le reconnaît Alioune Tine, l'unilatéralisme du président sortant concerne aussi le fichier électoral, les 1 300 observateurs, à la tête desquels il se trouvait, ne suffisent pas à démêler la « masse d'électeurs » (vrais ou faux) prêts à délivrer un message.
Sur le fichier électoral précisément, le Front d'action de la société civile sénégalaise (FACS) a émis, dans son rapport daté de mars 2007, suite à l'audit du fichier du 02 au 06 février 2007, les réservés importantes suivantes :
« - L'audit du fichier électoral par le FACS n'a pas permis de lever les doutes sur l'unicité de l'électeur dans le fichier ;
-le fichier des photos a fait ressortir plusieurs cas de ressemblances ;
-la mission sur le terrain afin de faire une confrontation avec les personnes dont les photos ont présenté une ressemblance n'a pas eu lieu du fait de la campagne électorale et de la mise en place des outils et matériaux électoraux ;
-il y a lieu de noter que la biométrie qui devait faciliter les recherches approfondies a été une pomme de discorde. »
Avec les soutiens des ambassades d'Allemagne et des Pays Bas et de l'Organisation Internationale de la Francophonie, le patron de la RADDHO « se félicita » de « la prime donnée à la mal gouvernance ». Tout le débat sur les observateurs des élections africaines repose sur cette dichotomie : la sanction positive par une observation de courte durée, et avec les yeux d'autrui, d'un processus complexe, long de plusieurs années et rarement honnête. Pour avoir tranché le débat avant même de l'avoir suscité, Alioune Tine s'est rendu coupable de précipitation dans une affaire particulièrement délicate. Sa crédibilité n'est pas en cause, mais son organisation se montra incapable de recoller les morceaux épars. L'opposition significative se refusa à participer aux législatives du 3 juin 2007 en dépit de l'incitation au dialogue à laquelle participa M. Tine.
Plus rien qu’un néologisme
Le président français Nicolas Sarkozy n'a pas prononcé son discours de Dakar controversé à l'Assemblée nationale monocolore issue des législatives du 3 juin 2007. S'est-il offusqué du retour du Sénégal au parti unique ? Bien sûr que non. L'opposition sénégalaise, elle, s'en est certainement offusquée en lui remettant une lettre d'information sur l'état piteux de notre démocratie, sept ans seulement après la première alternance démocratique de son histoire.
« La France [de Sarkozy] ne défilera pas à [notre] place. » Mais que faut-il d'autre à cette France-là pour « s'associer » à celles et à ceux qui veulent « construire », au Sénégal et ailleurs en Afrique, « la démocratie, la justice, le droit » ? La réponse exclusivement sénégalaise à cette question explique pourquoi la fin de mandat, dès juin 2011 au lieu d’avril 2012, ne fut pas de tout repos pour le président Wade obligé de faire face au Mouvement du 23 juin (M23) de défense de la Constitution dont l’intangible forme républicaine de l’État mobilisa comme jamais auparavant, de l’avis de l’historien du politique le Professeur Ibrahima Thioub, les partis politiques et les coalitions de partis, les syndicats plutôt discrets, les organisations de la société civile, un nombre impressionnant de personnalités indépendantes qui firent barrage avec succès au passage programmé de témoin entre Wade et son fils Karim. La perte du pouvoir, le 25 mars 2012, par le géniteur du Sopi (changement en ouolof) au profit de son ancien premier ministre Macky Sall sonna le glas de la Françafrique des élections qui ne se contenta que d’insignifiantes reliques.
Le moment propice à de nouvelles aventures politiques profitèrent, plus tôt que prévu, au duo gagnant de mars 2024, Diomaye et Sonko, qui ne sont objectivement pour quoi que ce soit dans l’accélération de la « strangulation », dès 2007, de la Françafrique. Plus rien qu’un néologisme dépouillé de tout ce dont il fut le condensé conceptuel bien avant les coups de force malien, burkinabé, nigérien, etc.
L’Histoire - la vraie - est souvent volée à celles et ceux qui la font par de prestigieux plagiaires et par les intellectuels tuteurs dont le tutorat (jamais désintéressé) profite aux jeunes et moins jeunes auteurs qui leur cirent les pompes. On s’en fout quand aime la liberté et les gens du pays toutes conditions confondues. Si, pour ma part, j’avais une seule raison d’être, elle serait cet amour-là pour ces gens-là. Ça me va comme ça !
Abdoul Aziz Diop est essayiste, auteur, entre autres, de « Sarkozy au Sénégal… » (L’Harmattan, Coll. Pensée Africaine, 2008) et co-auteur de « M23 : Chronique d’une révolution citoyenne » (Éditions de la Brousse, 2014)
MAMADOU DIA ENFIN AU POUVOIR
L'homme qui fut emprisonné en 1962 pour avoir défié Senghor voit aujourd'hui ses idées triompher au sommet de l'État. Le nouveau régime assume pleinement cette filiation intellectuelle avec celui qui fut le premier président du Conseil
La crise de 1962 opposant Mamadou Dia et Senghor a été un tournant déterminant de l'histoire politique du Sénégal, voire économique. Et même si beaucoup d'eau a coulé depuis, une certaine frange de la nouvelle génération d'intellectuels, d'activistes et de politiques a "réhabilité" le président Mamadou Dia. Les nouveaux tenants du pouvoir revendiquent leur "affinité politique" avec Dia.
L'ancien président du Conseil du Sénégal a-t-il finalement pris sa revanche sur le président Léopold Sédar Senghor ? La réponse semble affirmative si l'on se fie aux bouleversements politiques de ces dernières années dans le pays et l'avènement d'une classe politique plus encline aux idéaux du président Mamadou Dia. Et 62 ans après la crise du 17 décembre 1962, l'héritage de cette personnalité emblématique de la lutte pour l'indépendance est remis au goût du jour, et on peut dire sans "risque de nous tromper" que les nouveaux tenants du pouvoir sont ses "fils spirituels".
En effet, le tandem Diomaye-Sonko arbore et assume certaines idées de Mamadou Dia depuis qu'ils étaient dans l'opposition. Dans un article du Monde datant de 2022, le directeur du parti Pastef d'alors devenu aujourd'hui le ministre de la formation professionnelle et porte-parole du gouvernement affirmait sans ambages : "La pensée de notre parti est influencée par son patriotisme et sa rigueur dans la gestion de l'État". Et le nouveau porte-parole du gouvernement ajoutait : "Dès 1957, il avait la volonté d'instaurer une souveraineté politique et économique et développer une politique de changement des structures sur le plan agricole, industriel et social. Par exemple, il avait pointé du doigt le problème du franc CFA et parlait d'indépendance monétaire pour laquelle nous militons aussi".
Il faut rappeler à ce titre que le siège du parti aujourd'hui au pouvoir porte le nom de "Kër Maodo" en hommage à Mamadou Dia. Dans le même ordre d'idées, force est de constater aussi que le nouveau gouvernement a repris les idées de Dia sur le système de coopératives, la seule voie selon Dia pour le Développement et l'émancipation des paysans. Ainsi le ministre de l'Agriculture annonce la création, dans les 5 ans, de Coopératives agricoles communales (Cac) dans chacune des 525 communes rurales pour permettre à la jeunesse de produire en quantité. Ses idées anti colonialistes sous-tendent aussi les idéaux de ce nouveau régime qui affirme ouvertement la lutte contre la Françafrique sous toutes ses formes au Sénégal.
"La nouvelle génération a choisi sans aucun doute le camp de Mamadou Dia"
C'est ce que le prospectiviste Cheikh Guèye confirme. "Il n'y a même de doute, la nouvelle génération a choisi le camp de Dia comme inspiration dans leur combat pour conquérir le pouvoir, comme une sorte de revanche due à Dia. Mais aussi en termes de modèle économique puisqu'ils font recours au modèle économique endogène et anti impérialiste", soutient Dr Cheikh Guèye dans un entretien accordé à l'AS non sans indiquer aussi que l'influence de la pensée de Dia se fait sentir sur le plan culturel. "Le complexe culturel qui était celui de la période des indépendances n'existe plus. La culture est devenue plus endogène", renchérit-il. Sur le plan religieux aussi, le chercheur à IPAR trouve aussi que la nouvelle génération de politiques a beaucoup de similitudes avec Mamadou Dia. "La posture de Dia par rapport aux autorités religieuses, on retrouve cette volonté de rentrer dans une relation plus sincère, plus transparente et plus institutionnalisée. Ça aussi, c'était la ligne de Dia", révèle Dr Cheikh Guèye. Il souligne tout de même que la seule différence, c'est que Dia avait fini par assumer cette relation avec les religieux de manière très forte. "Sans doute trop forte", précise-t-il.
Rappelons que la date du 17 décembre 1962 demeure une tache sombre dans l'histoire politique du Sénégal. Le lundi 17 décembre 1962, Mamadou Dia fait évacuer l'Assemblée et déploie un cordon de gendarmerie autour du bâtiment. Quatre députés sont arrêtés. Mais la motion est tout de même votée dans l'après-midi du 17 au domicile du président de l'Assemblée, maître Lamine Guèye. Le 18, Mamadou Dia et ses compagnons sont arrêtés par un détachement de paras-commandos. Mis en accusation, il est jugé du 9 au 13 mai 1963 par la Haute Cour. Il est condamné à la déportation perpétuelle. Il est transféré à Kédougou. Il sera libéré 12 ans après.
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AES-CEDEAO, ANATOMIE D'UNE SÉPARATION
Pour Gilles Yabi, le retrait du Niger, du Mali et du Burkina relève davantage d'une stratégie de survie politique. Son analyse révèle les contradictions d'une posture qui pourrait coûter cher à l'avenir de toute la région
Dans un entretien accordé mardi soir à la TFM, Gilles Yabi, fondateur du think tank Wathi, a dévoilé les véritables enjeux derrière l'annonce du retrait du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO. Son analyse révèle une réalité plus complexe que le simple discours souverainiste affiché.
Selon l'expert, cette décision s'inscrit d'abord dans une stratégie politique interne des régimes militaires. Face aux difficultés économiques et sociales persistantes dans leurs pays respectifs, ces dirigeants auraient besoin d'un "discours politique mobilisateur". Le narratif anti-occidental, et particulièrement anti-français, servirait ainsi de levier pour maintenir une adhésion populaire, malgré l'absence d'amélioration concrète des conditions de vie des populations.
L'incohérence de cette posture apparaît notamment dans le maintien de ces pays au sein de l'UEMOA, organisation qui, selon Gilles Yabi, représente paradoxalement une plus forte empreinte de l'héritage colonial que la CEDEAO elle-même. "Si le problème majeur est la France et la colonisation, l'organisation qui incarne le plus la proximité avec la France et l'héritage colonial, c'est l'UEMOA", souligne-t-il.
Plus préoccupant encore, ce retrait s'accompagne d'une dégradation de l'espace démocratique dans ces pays. L'invité de Chérif Diop pointe l'absence totale de débat public autour de cette décision capitale : "Il n'y a pas eu de débat ni au Mali, ni au Niger, ni au Burkina Faso".
Pour Gilles Yabi, la décision de retrait ne peut être dissociée de la façon dont ces régimes sont arrivés au pouvoir. Bien que ces dirigeants militaires bénéficient d'une légitimité de fait, leurs décisions n'émanent pas d'un processus démocratique, ce qui soulève des questions sur la pérennité et la validité de tels choix pour l'avenir de leurs nations.
L'expert met en garde contre les conséquences à long terme de cette fragmentation régionale. Au-delà des implications économiques immédiates, c'est toute l'architecture de la coopération régionale en matière de sécurité qui se trouve fragilisée, alors même que la menace terroriste nécessite plus que jamais une réponse coordonnée entre pays sahéliens et côtiers.