SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
21 avril 2025
Diaspora
SIX MOIS POUR ÉVITER L'ÉCLATEMENT DE LA CEDEAO
L'organisation ouvre ce dimanche 15 décembre une dernière fenêtre de négociation en offrant un sursis aux trois pays désireux de partir. Une gageure face à des États qui affirment le caractère "irréversible" de leur décision
(SenePlus) - La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ouvre une nouvelle page dans ses relations avec les États dissidents. Selon Reuters, l'organisation régionale a décidé ce dimanche 15 décembre 2024, d'accorder un délai de grâce de six mois au Mali, au Burkina Faso et au Niger, dans la cadre de leur retrait initialement prévu le 29 janvier prochain.
Cette décision intervient alors que ces trois pays du Sahel central, désormais dirigés par des juntes militaires, avaient annoncé conjointement leur départ il y a un an, marquant un revirement sans précédent dans l'histoire de l'organisation régionale.
"L'objectif est de ramener les trois pays membres au sein de la CEDEAO sans préjudice", a déclaré le président de la commission, Oumar Touray, à l'issue du sommet, comme le rapporte l'agence Reuters. Concrètement, bien que la date officielle de retrait reste fixée au 29 janvier, la période de transition s'étendra jusqu'au 29 juillet 2025.
Cette initiative de la CEDEAO intervient dans un contexte particulièrement tendu. La veille du sommet, les trois États ont réaffirmé le caractère "irréversible" de leur décision de quitter l'organisation. Dans un geste significatif, ils ont néanmoins annoncé le maintien de la libre circulation des citoyens de la CEDEAO sur leurs territoires après leur départ.
Selon Reuters, cette dernière mesure pourrait être interprétée comme une tentative d'apaiser les inquiétudes concernant l'impact de leur retrait sur la liberté de mouvement et le marché commun de 400 millions de personnes que représente la CEDEAO.
Cette crise institutionnelle s'inscrit dans une période tumultueuse pour le Sahel. Depuis 2020, la région a connu une série de coups d'État qui ont porté au pouvoir des autorités militaires. Ces nouveaux dirigeants ont progressivement réorienté leurs alliances, se rapprochant de la Russie au détriment de la France, leur ancien colonisateur, et d'autres partenaires traditionnels.
Les trois pays ont par ailleurs renforcé leur coopération mutuelle, notamment en matière de défense, et envisagent même de quitter l'union monétaire ouest-africaine, rapporte Reuters. Cette évolution marque une recomposition géopolitique majeure dans la région, dont les conséquences restent encore à déterminer.
VIDEO
LA LOI D'AMNISTIE RESTERA, SELON MOUSSA BOCAR THIAM
L'ancien ministre de Macky Sall affirme que le Pastef n'osera pas abroger ce texte controversé. Une position qu'il justifie par l'implication de nombreux membres du parti au pouvoir dans les événements concernés par sa mise en oeuvre
L'ancien ministre de la Communication, Maître Moussa Bocar Thiam, a livré une analyse approfondie de l'actualité politique nationale lors de son passage ce dimanche 15 décembre 2024 dans l'émission "Grand Jury" de RFM. Au cours de cet entretien, il s'est notamment exprimé sur la question sensible de l'abrogation de la loi d'amnistie, un sujet qui cristallise les tensions dans le pays.
Selon lui, le parti au pouvoir Pastef ne procèdera pas à l'abrogation de cette loi, contrairement à ce qui avait annoncé été. "Ce serait se tirer une balle dans le pied", a-t-il déclaré, car de nombreux membres du parti seraient concernés par les événements couverts par cette amnistie. Il a notamment souligné que certains dossiers impliquaient des partisans du Pastef dans des actes de vandalisme et de violence.
L'invité de Babacar Fall s'est également exprimé sur la radiation controversée de Barthélémy Dias de l'Assemblée nationale et sa révocation de la mairie de Dakar, qualifiant ces décisions d'"illégales". Il a particulièrement évoqué l'intervention musclée de la police à l'hôtel de ville, la définissant comme un retour aux pratiques que le nouveau pouvoir dénonçait lorsqu'il était dans l'opposition.
Concernant la configuration actuelle du pouvoir exécutif, Maître Thiam a évoqué une éventuelle nécessité de réviser la Constitution pour clarifier la répartition des pouvoirs entre le président et le Premier ministre. Il a notamment parlé d'une "déchéance de la fonction présidentielle", le chef de l'État se trouvant selon lui cantonné aux affaires diplomatiques.
Sur le dossier des victimes des violences politiques, l'ancien ministre a commenté le projet gouvernemental de verser 5 milliards de francs CFA aux familles des victimes des événements survenus entre 2021 et 2024. Il a insisté sur l'importance d'établir les responsabilités dans ces drames et d'éviter leur répétition.
Enfin, l'ancien ministre de la Communication s'est montré critique envers la récente publication d'une liste de médias conforme au Code de la presse, dénonçant une approche qu'il juge inadaptée et appelant à une plus grande implication des professionnels du secteur dans toute réforme médiatique.
VIDEO
LE FAUX REMBOURSEMENT DE LAT DIOP
L'ancien ministre des Sports, poursuivi pour un préjudice accru à 8 milliards de FCFA, aurait selon certains médias, remboursé plus du tiers du montant à l'État. Son avocat a catégoriquement démenti cette allégation
Une information largement relayée sur les réseaux sociaux le 12 décembre 2024 affirmait que Lat Diop, l'ancien directeur général de la Lonase actuellement en détention, aurait remboursé 3 milliards de FCFA à l'État du Sénégal sur les 5 milliards qu'il devrait. Après vérification, cette information s'avère totalement fausse.
L'origine de cette désinformation a pu être retracée jusqu'à une émission de la web TV Feeling Dakar, où la présentatrice avait partagé cette information en direct, l'ayant elle-même reçue d'une influenceuse, Maty Sarr Niang. Cette dernière a rapidement reconnu avoir été induite en erreur par sa source et a supprimée sa publication quelques minutes après l'avoir postée.
Maître Aloul Badara Fall, avocat de Lat Diop, a catégoriquement démenti cette allégation. Il précise que non seulement son client n'a effectué aucun remboursement, mais qu'il conteste même l'existence d'une dette quelconque envers l'État sénégalais.
Pour remplacer les faits dans leur contexte, l'ancien ministre des Sports fait l'objet de poursuites pour détournement de deniers publics, extorsion de fonds et blanchiment de capitaux, avec un préjudice évalué à 8 milliards de FCFA. Placé sous mandat de dépôt depuis le 27 septembre 2024, il reste en détention après le rejet, le 13 décembre, des requêtes de ses avocats demandant l'annulation de la procédure et le dégel de ses comptes.
La procédure judiciaire suit donc son cours, sans qu'aucun remboursement n'ait été effectué à ce jour.
LES REMPARTS MILLÉNAIRES DU ROYAUME DU BÉNIN EN PÉRIL
À Benin City, un ensemble architectural unique au monde, l'Iya, est grignoté jour après jour par l'expansion urbaine. Les archéologues se lancent dans une course contre la montre pour préserver ce témoignage exceptionnel de l'ingéniosité africaine
(SenePlus) - Une course contre la montre s'engage pour sauver l'un des plus impressionnants sites archéologiques d'Afrique. Les fortifications de l'ancien royaume du Bénin, aujourd'hui situées au Nigeria, constituent un chef-d'œuvre architectural menacé de disparition.
Cette structure monumentale, baptisée "Iya", s'étend sur plus de 16 000 kilomètres à travers le territoire. Constituée de remparts massifs et de fossés recouverts de végétation, elle représente le plus vaste ouvrage en terre jamais construit par l'homme. Son édification, achevée avant le XVIe siècle, témoigne d'une prouesse technique remarquable pour l'époque.
L'urgence de la situation pousse aujourd'hui archéologues nigérians et allemands à unir leurs efforts. Leurs observations sont alarmantes : plus de la moitié des structures cartographiées dans les années 1960-1970 ont déjà disparu. L'expansion urbaine de Benin City constitue la principale menace, les habitants utilisant les terres des remparts comme matériaux de construction et aplanissant les reliefs historiques pour bâtir de nouvelles habitations.
Au-delà de la préservation physique du site, les chercheurs espèrent percer les mystères de cette construction exceptionnelle. L'Iya aurait en effet rempli de multiples fonctions essentielles pour la cité : système défensif, régulation des eaux, protection de la faune et délimitation territoriale. Ces fortifications constituent un témoignage unique de l'ingéniosité du royaume du Bénin, avant sa chute face aux troupes britanniques en 1897.
La sauvegarde de ce patrimoine exceptionnel représente désormais un défi majeur pour les autorités nigérianes et la communauté scientifique internationale. Le temps presse pour préserver ce qui reste de ce monument historique, témoin d'une civilisation africaine à son apogée.
Les belles feuilles de notre littérature par Amadou Elimane Kane
UN DÉTOURNEMENT LITTÉRAIRE EN FAVEUR DES LETTRES AFRICAINES
EXCLUSIF SENEPLUS - On perçoit à travers La plus secrète mémoire des hommes, l’habileté de Mbougar Sarr à se moquer du monde impitoyable des lettres françaises qui catégorise et enferme dans des ghettos identitaires
Notre patrimoine littéraire est un espace dense de créativité et de beauté. La littérature est un art qui trouve sa place dans une époque, un contexte historique, un espace culturel, tout en révélant des vérités cachées de la réalité. La littérature est une alchimie entre esthétique et idées. C’est par la littérature que nous construisons notre récit qui s’inscrit dans la mémoire. Ainsi, la littérature africaine existe par sa singularité, son histoire et sa narration particulière. Les belles feuilles de notre littérature ont pour vocation de nous donner rendez-vous avec les créateurs du verbe et de leurs œuvres qui entrent en fusion avec nos talents et nos intelligences.
Le roman à clé est placé au carrefour des genres littéraires derrière lequel se cachent des vérités souvent étouffées et parfumées à l’odeur du scandale. Celui-ci représente, de manière plus ou moins explicite, un espace romanesque où des personnages réels renaissent à travers le tissu de la fiction. Le réel s’imbrique à l’illusion tel un fantôme qui revient pour nous interroger. L’histoire ainsi racontée s’autorise toute liberté pour mettre à jour une énigme en tordant tous les codes littéraires.
C'est bien sur cette nature littéraire que repose le roman de Mohamed Mbougar Sarr, La plus secrète mémoire des hommes, dont le titre s’inspire d’un extrait du livre de Roberto Bolaño Les détectives sauvages, œuvre littéraire libre sur la littérature latino-américaine. Avec le roman de Mohamed Mbougar Sarr, ce processus littéraire est à son apogée car le roman nous captive autant qu’il nous surprend par sa construction habile qui contient des enjeux politiques et historiques, tout en bâtissant un vrai roman aux ressorts fictifs en embrassant la poésie, le fantastique et l’exaltation.
C'est l'histoire d’un jeune écrivain sénégalais, Diégane Latyr Faye, auteur d’un livre intitulé Anatomie du vide, qui vit en exil en France, très lettré et en quête de reconnaissance. Dès les premières pages, le cadre est posé par le truchement de son journal intime et littéraire. Celui-ci devient son alter-ego et le narrateur lui livre toutes ses pensées, en même temps qu’au lecteur que nous sommes. Et là commence la quête d’un mystère autour de la disparition d’un livre ou plus exactement celle de sa malédiction.
De manière fortuite, le jeune écrivain tombe sur un livre impénétrable, voire ésotérique, et surtout oublié, Le labyrinthe de l’inhumain, publié en 1938 par un auteur à l’apparence de squelette T.C. Elimane. La plongée dans la lecture de ce roman sulfureux tourne à l'obsession pour le narrateur. Ainsi commence la chasse à la vérité romanesque et littéraire. Cette énigme va entraîner Diégane Latyr Faye sur les chemins de la mémoire coloniale, de l’exil et de l’identité africaine.
Ainsi, les référents littéraires sont habilement transposés, chacun comprend ce qu’ils recouvrent, tout en créant un véritable univers littéraire. L’écrivain T.C. Elimane, qui a pourtant disparu, est véritablement incarné. Il est l’auteur d’un livre qui a fait scandale et qui figure dans le Précis des littératures nègres et qui a fait l’objet des pages littéraires avant-guerre. En 1948, un critique littéraire se pose la question Qui était vraiment le Rimbaud Nègre ?
On perçoit ici l’habileté de Mohamed Mbougar Sarr à se moquer du monde impitoyable des lettres françaises qui catégorise et qui enferme dans des ghettos identitaires.
Même si l’on sait que le personnage de T.C. Elimane est le double de Yambo Ouologuem, écrivain malien né en 1940, il est son incarnation sans l’être car tout est mouvant et devient fiction. La construction astucieuse de l’auteur tient à cela : qu’est-ce qui relève du réel ? Est-ce que la fiction est proche de la vérité ? La question que semble poser l’auteur : Qu’est-ce que la littérature ? À l’instar de Jean-Paul Sartre qui exposait les affres de l’écriture et de ses gouffres. Ainsi, le narrateur habite sa focalisation intérieure, celle de retrouver les traces de T.C. Elimane qui se dérobe à toutes ses recherches. C’est aussi ce qui fait l’attrait du roman, ce labyrinthe littéraire et humain qui se joue de l’histoire, avec malice, pour mieux dénoncer.
Le roman s’écrit lui-même avec la mise en abîme d’une réalité supposée qu’il détourne pour mieux s’en détacher. Il use de tous les artifices littéraires : épopée historique, récit fantastique et roman noir se côtoient dans une valse de mots, des mots qui n’ont pas peur de choquer ! Ce sont des tableaux imagés aux allures étranges et rocambolesques tout en conservant une langue réaliste, crue qui parfois s’échappe pour des envolées lyriques inattendues.
Dans le même temps, Mohamed Mbougar Sarr raconte, avec subtilité et brio, le destin tragique de Yambo Ouologuem, auteur du livre Le devoir de violence, publié en 1968 et récompensé par le Prix Renaudot, accusé alors de plagiat et effacé des pages littéraires. Ce qui va conduire Yambo Ouologuem à quitter le monde des lettres pour regagner son Mali natal, loin des caricatures du monde néocolonial.
Le talent de Mohamed Mbougar Sarr tient en cette capacité à bâtir un univers littéraire solide, référencé et documenté, tout en s’autorisant une grande liberté d’énonciation pour mieux dire la réalité de la littérature africaine.
Avec ce roman, Mohamed Mbougar Sarr fait un coup d’éclat en inscrivant la littérature africaine contemporaine au panthéon mémoriel, en révélant l'ostracisme dans lequel elle est encore maintenue par le regard néocolonial, tout en remportant la victoire du Prix Goncourt, le plus prestigieux des lettres françaises.
La profondeur de son arcane textuelle et intertextuelle et de sa stylistique polyphonique font assurément de Mohamed Mbougar Sarr un auteur majeur de notre paysage littéraire contemporain.
Amadou Elimane Kane est écrivain, poète.
La plus secrète mémoire des hommes, Mohamed Mbougar Sarr, éditions Philippe Rey, Paris, 2021.
Si Dimaye a évoqué des "avancées" lors du Forum de Doha, les résultats concrets de cette médiation restent invisibles. Les diplomates de la région pointent même du doigt le manque d'expérience de l'équipe sénégalaise sur ce dossier complexe
(SenePlus) - L'Afrique de l'Ouest s'apprête à vivre un moment historique ce dimanche 15 décembre à Abuja. Selon Jeune Afrique, les chefs d'État de la CEDEAO vont officiellement entériner le principe du départ de trois de ses membres fondateurs : le Mali, le Burkina Faso et le Niger, désormais réunis au sein de l'Alliance des États du Sahel (AES). Cette rupture, qui aurait dû être effective le 29 janvier 2025, sera cependant aménagée avec un délai supplémentaire d'au moins un an, conformément aux recommandations du Parlement de l'organisation régionale.
Dans cette période charnière, la médiation sénégalaise a joué un rôle central, bien que controversé. Mandaté par ses pairs en juillet 2024, le président Bassirou Diomaye Faye s'est rapidement positionné comme un potentiel trait d'union entre les deux blocs. Son profil unique - démocratiquement élu mais connu pour ses positions souverainistes et panafricanistes - semblait en faire l'intermédiaire idéal pour renouer le dialogue avec les juntes militaires au pouvoir dans les pays du Sahel.
Pour mener cette délicate mission, le chef de l'État sénégalais a fait appel à l'expérimenté diplomate Abdoulaye Bathily. Comme le rapporte JA, ce dernier est parvenu à rencontrer le président burkinabè Ibrahim Traoré le 10 octobre, avant de s'entretenir avec le général Assimi Goïta à Bamako une semaine plus tard. Lors de ces entrevues, il a notamment évoqué la nécessité d'un "raffermissement" des relations bilatérales et multilatérales.
Toutefois, les résultats de cette médiation semblent mitigés. Si le président Faye a salué des "avancées" lors du Forum de Doha des 7 et 8 décembre, les détails concrets de ces progrès restent flous. Un diplomate ouest-africain, cité par Jeune Afrique, porte même un jugement sévère sur cette initiative : "Il n'avait rien à attendre de la médiation sénégalaise. Bassirou Diomaye Faye et son envoyé spécial ne maîtrisaient pas le dossier."
Cette même source diplomatique suggère que le Togo aurait été mieux placé pour jouer ce rôle de médiateur, étant "peut-être le seul que respectent les dirigeants de l'AES". De fait, Faure Essozimna Gnassingbé a maintenu des contacts étroits avec les dirigeants sahéliens et obtenu plusieurs succès diplomatiques, notamment la libération de militaires ivoiriens détenus au Mali et au Burkina Faso.
Au-delà des questions diplomatiques, les négociations à venir devront résoudre des problématiques cruciales. Parmi elles, le sort des fonctionnaires sahéliens en poste à la CEDEAO - plus d'une centaine selon Jeune Afrique - dont l'avenir professionnel est désormais incertain. Les textes prévoient leur départ dans un délai de six mois à un an, avec des indemnités substantielles, mais des voix s'élèvent déjà pour demander plus de souplesse dans l'application de ces règles.
La question de la libre circulation des personnes et des biens constitue un autre enjeu majeur. Le ministre ivoirien du Commerce, Souleymane Diarrassouba, cité par le magazine panafricain, a souligné l'importance des relations commerciales avec les pays du Sahel, rappelant que le Mali représente le troisième client mondial de la Côte d'Ivoire avec des exportations de 909 milliards de F CFA.
Pour les pays de l'AES, cette sortie de la CEDEAO apparaît surtout comme un moyen de s'émanciper d'une organisation qu'ils jugent partiale et soumise à des influences étrangères. Comme le révèle un proche de la présidence togolaise à Jeune Afrique, cette liberté nouvelle leur permettrait notamment d'organiser des scrutins selon leurs propres termes, sans avoir de compte à rendre sur la candidature des militaires ou le déroulement des élections.
Cette reconfiguration majeure de l'espace ouest-africain pourrait, selon un collaborateur présidentiel cité par le journal, donner l'occasion à l'AES de "faire son printemps". Mais ce printemps sahélien pourrait aussi, prévient Jeune Afrique, précipiter le crépuscule d'une CEDEAO déjà fragilisée, si l'organisation ne parvient pas à tirer les leçons de cette crise historique.
LES CHIFFRES QUI ONT SCELLÉ LE SORT DU CESE ET DU HCCT
En douze ans d'existence, le Conseil économique, social et environnemental aura englouti plus de 65 milliards, pendant que le Haut Conseil des collectivités territoriales engloutissait 138 milliards en à peine huit ans
(SenePlus) - Dans son intervention ce samedi 14 décembre 2024, le ministre de la Justice Ousmane Diagne a défendu avec succès le projet de loi portant suppression du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT). Le texte a été adopté par l'Assemblée nationale avec 134 voix pour, 8 contre et 2 abstentions.
Le ministre a présenté un bilan financier édifiant de ces deux institutions. Le CESE, de 2012 à 2024, a coûté plus de 65 milliards de francs aux contribuables sénégalais. Plus lourd encore, le HCCT a englouti 138 milliards de francs entre 2016 et 2024. Au total, ces deux institutions ont représenté une dépense de 203 milliards, 702 millions, 705.000 francs pour le budget de l'État.
M. Diagne a souligné que cette suppression s'inscrit dans une "véritable œuvre de salubrité budgétaire". Les ressources ainsi libérées seront principalement réaffectées au renforcement du corps enseignant, pour une meilleure prise en charge de l'éducation nationale. D'autres secteurs pourront également bénéficier de ces fonds, selon les priorités qui seront définies par le gouvernement.
Le Garde des Sceaux a par ailleurs mis en avant le large soutien populaire dont bénéficie cette réforme, rappelant que son adoption intervient quelques semaines après un premier rejet par la précédente législature.
VIDEO
L'OPPOSITION DÉNONCE UNE NÉGATION DES INSTITUTIONS
Aïssata Tall Sall a livré ce samedi un plaidoyer pour la préservation du CESE et du HCCT. L'ancienne ministre et figure de l'opposition a déploré une législature qui s'ouvre sur des "actes négatifs", après la radiation récente de Barthélémy Dias
Dans une intervention à l'Assemblée nationale ce samedi 14 décembre 2024, l'ancienne ministre des Affaires étrangères et députée d'opposition, Aïssata Tall Sall, a vivement critiqué le projet de loi portant suppression du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et du Haut Conseil des collectivités territoriales (HCCT).
L'ancienne patronne de la diplomatie a déploré que la nouvelle législature s'ouvre sur des "actes négatifs", faisant référence à la récente radiation du député Barthélémy Dias, suivie de cette proposition de suppression de deux institutions républicaines. Elle a notamment souligné l'absence d'urgence de ces mesures, alors que des dossiers cruciaux comme la loi de finances initiale et le budget restent en attente.
S'agissant du CESE, institution créée en 1961, Aïssata Tall Sall a mis en avant son rôle fondamental dans le dialogue entre l'État et les acteurs économiques, qualifiant l'institution de « consubstantielle » à l'État. Elle a particulièrement insisté sur son importance comme interface avec les patrons d'entreprises et les ordres professionnels, rappelant sa présence dans "toutes les démocraties du monde".
Concernant le HCCT, l'ancien ministre l'a présenté comme l'aboutissement naturel de la loi de décentralisation de 1987, soulignant son rôle essentiel dans le dialogue avec les territoires. Elle a par ailleurs contesté l'argument budgétaire avancé pour justifier ces suppressions, affirmant qu'un gouvernement doit être capable de maintenir ses institutions tout en conduisant une politique de développement.
Malgré cette intervention et d'autres voix discordantes, le projet de loi a finalement été adopté par l'Assemblée nationale avec 134 voix pour, 8 contre et 2 abstentions.
L'ÉTAT OUVRE SON PORTE-MONNAIE POUR LES VICTIMES DES VIOLENCES ELECTORALES
Le président Bassirou Diomaye Faye a inscrit une enveloppe de 5 milliards de FCFA dans le projet de loi rectificative pour les indemniser
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a honoré une de ses grandes promesses avec l’indemnisation des familles des victimes des violences électorales.
Une enveloppe de 5 milliards de FCFA a été inscrite dans le projet de loi rectificative en cours pour « indemniser » ces familles, afin d’apporter un soutien financier aux proches des victimes qui ont perdu la vie ou subi des préjudices lors de ces tragiques événements.
La promesse du président Faye, qui avait évoqué cette mesure dès son accession à la présidence, a été saluée par les Associations des victimes. « Évidemment, ça ne remplace les personnes décédées, mais ça soulage leurs familles. Nous attendons une répartition équitable de cet argent. Il y a des familles qui ont perdu des soutiens, des pères de familles ont perdu la vie dans ces violences », a réagi sur la RFM Djbril Diaw, membre de l’Association des victimes de violences électorales. Selon lui, bien que cette initiative soit un « soulagement pour de nombreuses familles », il est essentiel que « la distribution de ces fonds se fasse de manière juste et transparente », pour éviter toute forme de disparité entre les familles affectées.
Cette mesure, bien que saluée, ne satisfait cependant pas entièrement les attentes des familles des victimes. Si elles considèrent cette indemnisation comme « une avancée », elles appellent également à des mesures supplémentaires. « Nous saluons la mesure, mais les familles attendent l’abrogation de cette loi d’amnistie. Les responsables de ces violences doivent être traduits devant les tribunaux et jugés pour rendre véritablement justice aux familles des victimes », a ajouté Dibril Diaw.
Par Fadel DIA
CHANGER (ENCORE)… ET BALAYER LES TABOUS !
Faire différemment et mieux : c'est la promesse du changement. Pourtant, la RTS continue de sacraliser le pouvoir, les délégations officielles restent pléthoriques, le parti présidentiel fait main-basse sur le bureau de l'Assemblée sans majorité totale
Changer, c’est ce que promettent tous les opposants qui accèdent au pouvoir, même si tous ne promettent pas des «changements systémiques» et Abdoulaye Wade était allé assez loin puisque, selon un exégète de sa parole, «Sopi» signifie plus «Changeons» que «Changer».
Changer, selon le dictionnaire, c’est faire ou devenir autre, faire que quelque chose ou quelqu’un soit autre, mettre en place quelque chose de différent. Dans le domaine qui nous occupe ici, la gouvernance, changer ce n’est pas ne pas marcher sur les pas du gouvernement précédent, ne pas commettre les mêmes erreurs, faire différemment et mieux. C’est mener des actions à la fois d’ordre interne, dans la manière de faire, et externe, en agissant sur les objectifs recherchés, avec pour but ultime de rendre le pays plus prospère, ses habitants plus heureux, ses lois plus justes et plus humaines. « La Révolution doit s’arrêter à la perfection du bonheur » avait écrit un des héros de 1789 et les révolutions naissent souvent du fait que ceux qui promettent le bonheur ne tiennent pas leurs engagements.
Huit mois sont passés depuis l’avènement d’un nouveau pouvoir, le président élu a déjà effectué plus du huitième de son mandat, des élections législatives anticipées ont confirmé les engagements qui l’ont porté au pouvoir, il a désormais la haute main sur les pouvoirs exécutif, législatif et même judiciaire, et il est donc légitime de lui demander de s’attaquer à des réformes dans des secteurs symboliques de notre vie politique sur lesquels ni lui ni ses opposants ne se sont guère prononcés jusqu’ici. Il s’agit de réformes dont on peut dire, en reprenant un slogan célèbre, qu’en argent au moins, elles ne coûtent rien et rapportent gros, mais qui en revanche exigent un grand courage politique, y compris celui de se rendre impopulaire.
Faire la politique de ses moyens !
Quid, par exemple, du train de vie de l’Etat ? Abdou Diouf nous avait promis un état modeste, mais la promesse n’a pas été tenue et ses successeurs ne se sont pas pressés à s’engager dans cette voie. Il ne s’agissait pourtant pas de contraindre les gouvernants à vivre chichement ni même, à proprement parler, de prôner un Etat modeste, mais tout simplement de tenir compte des moyens d’un pays qui occupe le 165e rang mondial dans le classement des nations les plus riches et dont le PIB représente moins du dixième (1/10) de la fortune personnelle d’Elon Musk. Il s’agit de réduire le nombre de démembrements des services administratifs, de rogner sur les titres, les privilèges et les avantages de toutes natures, les dimensions des cabinets, les voyages à l’étranger, les effectifs des délégations ou la durée de leurs séjours à l’étranger et les conditions de leur prise en charge et de rappeler aux élites publiques que leur fonction est un sacerdoce et non une source d’enrichissement.
En Suède - (deux fois moins peuplée que le Sénégal avec un PIB 20 fois plus élevé !) - le Premier ministre est le seul membre du gouvernement à disposer d’une voiture de fonction à temps plein, le parc automobile du Parlement se réduit à trois (3) véhicules et le seul privilège des députés est de pouvoir voyager gratuitement sur le réseau de transport public. La Suède est, il est vrai un cas particulier et il est illusoire de demander à nos élus d’imiter les siens car nous avons le complexe du paraître et ce n’est donc pas demain la veille qu’ils emprunteront les lignes du BRT ou de DDD pour se rendre à l’Assemblée Nationale. Mais rien ne nous empêche de rêver et si eux, et nos ministres, faisaient un pas pour s’aligner sur leurs collègues suédois, ce serait pour le cas un vrai « changement systémique » !
Encore faudrait-il que l’exemple vienne d’en haut puisqu’en moins de huit mois l’avion présidentiel a parcouru, en kilomètres, l’équivalent de plus de trois fois le tour de la terre et que le chef de l’Etat, qui n’a encore eu aucun contact apaisé avec les Sénégalais des profondeurs qui l’ont élu, a effectué une vingtaine de déplacements hors du territoire national, sur les quatre continents, dont trois dans un court intervalle dans une région distante de près de 8000 km du Sénégal, avec un aéropage de collaborateurs et de journalistes. Sans préjuger des retombées de ces déplacements on peut dire que leur coût, en argent et en carbone, est peu compatible avec les ressources d’un pays qu’on nous dit au bord de la faillite et notre ambition d’être un modèle en matière de sauvegarde de la nature. La perpétuation de cette frénésie des voyages est par ailleurs accompagnée d’un autre héritage de l’ancien monde : un très médiatisé pèlerinage à La Mecque.
C’est une confusion des genres car il s’agit là d’un exercice d’ordre privé qui ne devrait pas être à la charge de l’Etat et qui, au plan religieux, n’a de sens que s’il est personnellement assumé. On peut dire que nos présidents, ainsi que les centaines de personnes qui depuis plus d’un quart de siècle ont fait le tour de la Kaaba dans leur sillage et aux frais de la princesse, ont fait leur umra pour rien ! L’explication selon laquelle il ne s’agirait en fait que d’un petit détour ne tient pas puisque la distance entre la capitale saoudienne et La Mecque équivaut, approximativement, à deux fois celle qui sépare Dakar de Nouakchott !
République et religion : un tabou !
Des réformes s’imposent aussi dans la nature des relations entre les pouvoirs publics et les autorités religieuses, et pour être plus clair, avec les chefs des confréries musulmanes, sujet tabou par excellence. Mais ici il s’agit tout simplement de revenir aux fondamentaux des premières années de notre indépendance, quand il s’agissait de poser les bases de notre « commun vouloir de vie commune ».Il y a une différence de nature entre le pouvoir politique issu du vote de l’ensemble de la population et symbole de la nation dans sa globalité et les confréries religieuses qui sont l’émanation d’une portion plus ou moins importante de la communauté nationale et le modus vivendi qui gouvernait leurs rapports a perdu son équilibre quand, pour la première fois, un Président de la République s’est accroupi aux pieds d’un chef religieux. Ce n’est pas qu’il l’ait fait qui est en cause, c’est qu’il l’ait fait non pas en disciple dévoué et en toute intimité, mais ès qualité, en public et en présence des corps constitués. Un autre pas a été franchi quand l’Etat s’est érigé en maître d’œuvre et bailleur d’appoint du patrimoine immobilier des confréries qui ne manquent pourtant ni de ressources ni de disciples généreux. Nous ne prêchons pas pour une laïcité à la française, nos chefs religieux, toutes confessions confondues, méritent respect et considération, les lieux de culte et les manifestations religieuses ont droit à un soutien logistique et sécuritaire de l’Etat, mais nos dirigeants ,et surtout ceux qui prônent des changements significatifs, doivent marquer la différence entre leur engagement personnel et les symboles qu’ils représentent, demander aux dignitaires religieux des prières pour la nation et non des voix pour leur parti.
La majorité, ce n’est pas la totalité !
Changer c’est aussi cesser de croire que la persuasion n’a pas sa place dans la politique dont les seules armes seraient la carotte et le bâton. Choisir la carotte c’est laisser proliférer une plante vénéneuse, la « transhumance » dont sont devenus accros nos hommes et femmes politiques qui ne découvrent les tares de leurs amis que lorsque ceux-ci ne sont plus au pouvoir. Mais il est difficile de faire du neuf avec du vieux et les dépouilles laissées par l’ancien pouvoir s’avéreront vite plus encombrantes qu’utiles. User du bâton c’est faire mal à la démocratie, c’est ignorer que la majorité ce n’est pas la totalité, et pas seulement en politique, qu’être minoritaire ne signifie pas perdre ses droits, surtout quand on vit dans un pays aux frontières artificielles dont les habitants n’ont pas tous les mêmes convictions religieuses, ne partagent pas la même langue, appartiennent à des milieux sociaux différents et vivent dans des environnements qui varient d’un point à l’autre. C’est enfin confondre deux réalités qui ne sont pas superposables, la majorité électorale et majorité nationale et si le nouveau Président de la République a été brillamment élu, dès le premier tour, il n’a rassemblé sur son nom qu’à peine plus de 2.400.000 voix. Même en ne tenant compte que des Sénégalais qui ont l’âge et le droit de voter, on peut dire que c’est une minorité de ses compatriotes qui l’a porté au pouvoir. Cela ne met pas en cause sa légitimité, mais cela nous rappelle que la majorité, mode privilégié de la gestion démocratique, est une convention commode mais arbitraire. Quels que soient les arguments, voire les arguties, invoqués, il y a cette réalité simple et mathématique : le parti au pouvoir n’a pas 100% des députés élus à l’Assemblée Nationale, il n’est pas logique qu’il ait 100 % des postes de son bureau. La majorité ne donne pas le droit de n’en faire qu’à sa tête et en démocratie le pouvoir n’a de sens que s’il y a un contrepouvoir pour limiter ses dérives !
« Buur », c’est fini, nous sommes en République !
On attend enfin de nos jeunes dirigeants qu’ils dépoussièrent le protocole et mettent fin à la sacralisation et à la peopolisation de la fonction de président de la République comme se plaisent à le cultiver les médias d’Etat. Notre télévision nationale a changé de chef mais pas d’antienne puisqu’elle continue à penser que les activités du chef de l’Etat sont toujours l’évènement le plus important de la journée et nous sert chaque semaine, comme un refrain publicitaire, le condensé de ses faits et gestes. Celui qui occupe la maison qu’habite le Sénégal est certes le premier d’entre nous, mais il le doit à la volonté populaire, ses revenus proviennent de nos impôts, sa fonction est éminemment temporaire, le contrat que nous avons signé avec lui est un CDD et il est appelé, un jour ou l’autre, à redevenir un citoyen devant lequel on ne lèvera plus le drapeau. Cessons aussi d’affubler son épouse, ou ses épouses, du titre glamour de « Première Dame » qui est une pâle copie du protocole américain et n’a aucune existence légale chez nous, qui ouvre la porte à des charges qui échappent à tout contrôle au point que celles qui l’ont porté jusqu’ici ont laissé comme héritage des fondations éphémères qui ont sombré avec corps et biens, sans qu’on ne sache jamais d’où venaient leurs moyens. Notre tradition est en avance sur les modes occidentales et chez nous une femme mariée ne perd pas son nom, alors évitons de tomber dans le ridicule en désignant les épouses de l’actuel chef de l’Etat, puisqu’il faut bien les distinguer l’une de l’autre, par les appellations de « Première- Première Dame » et de « Deuxième Première Dame » !