SIX MOIS POUR ÉVITER L'ÉCLATEMENT DE LA CEDEAO
L'organisation ouvre ce dimanche 15 décembre une dernière fenêtre de négociation en offrant un sursis aux trois pays désireux de partir. Une gageure face à des États qui affirment le caractère "irréversible" de leur décision

(SenePlus) - La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) ouvre une nouvelle page dans ses relations avec les États dissidents. Selon Reuters, l'organisation régionale a décidé ce dimanche 15 décembre 2024, d'accorder un délai de grâce de six mois au Mali, au Burkina Faso et au Niger, dans la cadre de leur retrait initialement prévu le 29 janvier prochain.
Cette décision intervient alors que ces trois pays du Sahel central, désormais dirigés par des juntes militaires, avaient annoncé conjointement leur départ il y a un an, marquant un revirement sans précédent dans l'histoire de l'organisation régionale.
"L'objectif est de ramener les trois pays membres au sein de la CEDEAO sans préjudice", a déclaré le président de la commission, Oumar Touray, à l'issue du sommet, comme le rapporte l'agence Reuters. Concrètement, bien que la date officielle de retrait reste fixée au 29 janvier, la période de transition s'étendra jusqu'au 29 juillet 2025.
Cette initiative de la CEDEAO intervient dans un contexte particulièrement tendu. La veille du sommet, les trois États ont réaffirmé le caractère "irréversible" de leur décision de quitter l'organisation. Dans un geste significatif, ils ont néanmoins annoncé le maintien de la libre circulation des citoyens de la CEDEAO sur leurs territoires après leur départ.
Selon Reuters, cette dernière mesure pourrait être interprétée comme une tentative d'apaiser les inquiétudes concernant l'impact de leur retrait sur la liberté de mouvement et le marché commun de 400 millions de personnes que représente la CEDEAO.
Cette crise institutionnelle s'inscrit dans une période tumultueuse pour le Sahel. Depuis 2020, la région a connu une série de coups d'État qui ont porté au pouvoir des autorités militaires. Ces nouveaux dirigeants ont progressivement réorienté leurs alliances, se rapprochant de la Russie au détriment de la France, leur ancien colonisateur, et d'autres partenaires traditionnels.
Les trois pays ont par ailleurs renforcé leur coopération mutuelle, notamment en matière de défense, et envisagent même de quitter l'union monétaire ouest-africaine, rapporte Reuters. Cette évolution marque une recomposition géopolitique majeure dans la région, dont les conséquences restent encore à déterminer.