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15 avril 2025
International
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L'AUBE D'UNE ÈRE DE SOUVERAINETÉ AFRICAINE
Selon Achille Mbembe, la tutelle des anciennes puissances coloniales est révolue. Il décrit une dynamique portée par l'émergence d'une nouvelle génération de dirigeants souverainistes. Et dont l'élection de Diomaye Faye constitue l'acte fondateur
Dans un entretien exclusif sur iTV, l'illustre penseur camerounais Achille Mbembe a sonné la charge pour un véritable renouveau des relations Afrique-Occident. Selon lui, une nouvelle vague de jeunes dirigeants insuffle un vent de changement majeur sur le continent.
« Le continent est rentré dans un nouveau cycle historique », a martelé Mbembe, évoquant la fin du compromis postcolonial désormais caduc. Cette mouvance souverainiste, portée par des pressions démographiques et l'influence des idées panafricanistes, remet en cause la tutelle des anciennes puissances coloniales.
Le philosophe n'y est pas allé de main morte, appelant au démantèlement des « chiffons rouges » hérités comme le Franc CFA, jugé trop dispendieux. « Il faut s'en débarrasser, et en bon ordre » a-t-il insisté.
L'exemple sénégalais, un modèle à suivre ?
C'est l'élection de Bassirou Diomaye Faye qui a véritablement cristallisé ces espoirs de rupture. Pour Mbembe, l'accession démocratique au pouvoir du jeune président et de son parti Pastef « est sans doute l'événement le plus marquant des dernières décennies ».
Un événement d'autant plus significatif que la France, après ses déboires au Sahel, « commence à comprendre qu'une page est tournée ». La pression de la société civile lors de cette élection « montre que notre sort est entre nos mains », s'est-il félicité.
Intégration continentale et renaissance culturelle
Mais le défi ne fait que commencer selon le Camerounais. Pour franchir un cap décisif, « l'Afrique doit investir dans ses organisations sous-régionales » plaide-t-il, citant l'exemple du nouveau portefeuille " de l'Intégration africaine " au Sénégal.
L'universitaire appelle également à un "rapatriement de l'imaginaire" par la redécouverte des cultures, des savoirs et de l'art africains trop longtemps délaissés. Un prérequis pour "s'ouvrir à elle-même" et dépasser le morcellement actuel.
Si la tâche s'annonce ardue, la brèche est désormais ouverte selon Mbembe : « Une partie de l'élite comprend qu'il faut se positionner autrement ».
JACKSON HINKLE, L'INFLUENCEUR AMÉRICAIN SEMEUR DE DÉSINFORMATION SUR LE SÉNÉGAL
Depuis son élection, le chef de l'Etat essuie les attaques d'un propagandiste américain suivie par des millions de personnes, prétendant à tort que le Sénégal a rompu avec la France et se rapproche de Moscou
(SenePlus) - Depuis l'élection de Bassirou Diomaye Faye à la présidence du Sénégal, l'influenceur américain Jackson Hinkle multiplie les publications trompeuses sur les réseaux sociaux. Comme le détaille Samba Dialimpa Badji dans une enquête pour Africa Check, un site de fact-checking africain, Hinkle a prétendu mensongèrement que "le nouveau président sénégalais rompt les relations avec la France et établit des relations plus étroites avec la Russie".
"Sur X (ex-Twitter), le compte @jacksonhinklle a fait une publication indiquant : 'Le nouveau président sénégalais rompt les relations avec la France et établit des relations plus étroites avec la Russie'. Le post est illustré de photos de Bassirou Diomaye Faye et de Vladimir Poutine", rapporte l'enquête.
Mais rien ne vient étayer ces allégations dans les déclarations du nouveau chef d'Etat sénégalais. "De l'annonce de sa victoire à la publication de cet article, le président élu n'a fait aucune mention de la France ou de la Russie" dans ses prises de parole, souligne le fact-checker.
Un désinformateur notoire
L'article revient sur le profil de cet influenceur de 25 ans, qui compterait 2,5 millions d'abonnés sur X. "Jackson Hinkle est un commentateur politique américain. Une caractéristique de son compte est sa propension à propager de façon délibérée et assumée du faux contenu."
Il est ainsi régulièrement épinglé pour désinformation, comme lorsqu'il "avait illustré la guerre à Gaza avec une photo prise en Syrie en 2016". Le média israélien Haaretz "l'avait interpelé sur X l'accusant de mentir en déformant les conclusions d'une de ses enquêtes".
L'influenceur s'est rallié au "trumpisme" et est devenu un férvent soutien de la Russie dans la guerre en Ukraine, après s'être présenté dans sa jeunesse comme un militant écologiste.
"Il utilise toujours la même technique : un mélange de sensationnalisme, de complotisme et de fausses informations tout en profitant pour gagner de l'argent. Sur X, il demande à ses 2,5 millions de followers de s'abonner à son compte Premium pour 3 dollars par mois afin de l'aider, dit-il, à 'combattre les propagandistes'. Ironique."
L'enquête conclut qu'avec ses allégations sur le Sénégal, Hinkle pratique une fois de plus sa stratégie de désinformation pour attirer les foules et les inciter à s'abonner contre rémunération à son contenu trompeur.
NOUVELLE ATTAQUE À SYDNEY, UN PRÊTRE POIGNARDÉ EN PLEINE MESSE
La police australienne a arrêté un homme qui aurait attaqué «plusieurs personnes» à Sydney ce lundi 15 avril. Une vidéo qui circule sur la toile montre un homme poignardant un prêtre en pleine messe, dans l’ouest de la ville.
La police australienne a arrêté un homme qui aurait attaqué «plusieurs personnes» à Sydney ce lundi 15 avril. Une vidéo qui circule sur la toile montre un homme poignardant un prêtre en pleine messe, dans l’ouest de la ville.
Une première attaque au couteau a été perpétrée le 13 avril dans un centre commercial faisant aussi 6 morts et plusieurs blessés.
Avec ce nouvel incident, un prêtre a été poignardé en pleine messe. Il a été conduit de suite aux urgences.
Le bilan est assez lourd : 4 personnes blessées. Pour le moment, aucun décès n’a été annoncé.
L’assaillant selon certaines indiscrétions, serait un malade mental.
Par Madiambal DIAGNE
LE PREMIER MINISTRE SONKO A MOINS DE POUVOIR QUE LE PREMIER MINISTRE DIONNE
Les visages qui incarnent la gouvernance publique du Sénégal ont changé, mais les politiques ne sont pas en passe de l’être
Les visages qui incarnent la gouvernance publique du Sénégal ont changé, mais les politiques ne sont pas en passe de l’être. Pour mieux s’en convaincre, il faut réécouter le Président Bassirou Diomaye Faye, qui a la responsabilité de définir la politique de la Nation, successivement à l’occasion de son allocution d’investiture, le 2 avril 2024, de son adresse à la Nation du 3 avril 2024, en prélude à la fête de l’Indépendance nationale, et surtout sa première communication au Conseil des ministres du 9 avril 2024. C’est comme si la même personne qui tenait la plume pour le Président Macky Sall, continue d’officier sous l’ère du tandem DiomayeSonko. Relisez les «cinq» nouvelles orientations des politiques publiques contenues dans le «Projet de transformation systémique du Sénégal» et comparez-les aux cinq axes principaux fixés à travers l’allocution de Macky Sall, prononcée, le 2 avril 2019, jour de son investiture après sa réélection ! C’est pour constater que les engagements phares de «servir l’Etat et non de se servir», ou de définir des politiques pour la prise en charge des préoccupations en matière d’emploi et de progrès économique et social des jeunes et des femmes ou pour une meilleure inclusion sociale et une équité territoriale, sont déclamés. On notera également la nécessité de moderniser l’Administration publique et l’engagement à développer une politique de bonne gouvernance. La politique de reddition des comptes est annoncée par tous les gouvernements précédents et les textes pertinents pris. Par exemple, les dernières lois votées par l’Assemblée nationale, le 30 janvier 2024 sur l’Office national contre la fraude et la corruption (Ofnac) et le Parquet financier, avaient déjà pris en considération les idées de Bassirou Diomaye Faye relatives à la protection des lanceurs d’alerte et la répression des flux financiers illicites. Le dernier mémorandum du gouvernement du Sénégal au Fonds monétaire international (Fmi) l’année dernière, en est une belle illustration. Il ne fera donc pas l’objet de changement de paradigmes ou de règles mais peut-être d’une meilleure volonté politique. De même, le chantier de réforme de la Justice reste encore flou et Bassirou Diomaye Faye ne semble pas avoir de solution prête. Il a emprunté à son malheureux challenger de la Présidentielle, Amadou Ba, son idée d’organiser les Assises de la Justice. Sur cette question, comme sur celle relative à la vie chère, il laisse le soin à des dialogues et concertations pour en définir le contenu et les modalités, dans un contexte de levée des subventions sur les produits de base.
Les matrices restent alors les mêmes. S’il y a quelque chose qui a pu changer, ce serait l’appellation du référentiel des politiques économiques et sociales. Macky Sall inscrivait son action dans le cadre du Programme Sénégal émergent (Pse) et Bassirou Diomaye Faye brandit son «Projet» qui, il faut le dire, reste une grande idée assez abstraite. Mais le plus étonnant est que le nouveau chef de l’Etat n’a pas encore ficelé son «Projet». Il a demandé à son Premier ministre Ousmane Sonko, «sur la base du Projet et des orientations présidentielles, de finaliser, avant la fin du mois d’avril 2024, le Plan d’actions du gouvernement, avec un agenda précis de réalisation des objectifs fixés». Tout porte à croire que le gouvernement ne pourra que réchauffer le Plan d’actions prioritaires (Pap) déjà fixées dans la phase 3 du Pse. En effet, un gouvernement à peine installé, que les ministres n’ont pas encore pris possession de leurs départements respectifs, encore moins constitué leurs cabinets, ne peut élaborer une nouvelle politique publique, avec des objectifs, des moyens d’action et un échéancier en quinze jours. Les ressources humaines des différents ministères techniques, qui avaient travaillé pour l’élaboration et le suivi du Pse, vont demeurer à leurs postes ; encore que certains de ces hauts fonctionnaires ont gagné du galon avec la nouvelle équipe gouvernementale. En outre, comment définir une politique publique sans y associer les partenaires techniques et financiers qui seront sollicités pour son financement ? Ces derniers s’imposeront l’exigence d’examiner ce qui serait nouveau dans ce qui leur sera proposé et ainsi se mettre à évaluer leur faisabilité et surtout voir si cela resterait en adéquation ou en corrélation avec les engagements déjà pris avec le Sénégal. Le Fmi, par exemple, a effectué du 27 avril au 11 mai 2023, une mission de négociation portant sur un nouveau programme économique et financier avec décaissement de trois ans, couvrant la période juin 2023-juin 2026, qui permettra de mobiliser 1150 milliards de francs Cfa. On peut dire de même pour ce qui concerne bien d’autres partenaires. Assurément, le gouvernement du Sénégal ne saurait décider de l’agenda ou du rythme de travail de ses partenaires étrangers ou de leur faire changer de perspective de coopération. En revanche, les nouvelles autorités pourraient sortir de leurs chapeaux des sources de financement, en dehors des cadres et circuits traditionnels. Le cas échéant, se couperaient-elles automatiquement des circuits financiers réguliers. On retiendra sur ce point qu’il y a une urgence pour le nouveau pouvoir au Sénégal de se connecter aux bailleurs de fonds pour trouver des ressources financières ! (Voir notre dernière chronique du 8 avril 2024). Une bouffée d’oxygène leur est donnée avec le décaissement annoncé cette semaine, de près de 325 milliards de francs Cfa que le régime de Macky Sall avait fini de négocier. Il reste à savoir si une bonne partie de ces crédits n’avait pas été déjà consommée en anticipation. Le Premier ministre Ousmane Sonko préparait un déplacement sur Washington, pour prendre contact avec la communauté des partenaires techniques et financiers. Il y aurait finalement renoncé, semble-t-il, préférant envoyer ses ministres de l’Economie (Sarr), des Finances (Diba) et le Secrétaire général du gouvernement (Lô). Quels fruits pourrait-il escompter d’un tel déplacement s’il n’a pas encore un «Projet» déjà ficelé et adoubé par les partenaires ? Il risquait le discrédit s’il se présentait devant les partenaires, sans leur proposer un référentiel de politiques publiques qui aura satisfait aux exigences essentielles et fondamentales. L’adoption par les bailleurs de fonds du Pse avait nécessité de longs mois de travail et de discussions, et surtout la tenue de deux groupes consultatifs à Paris en 2014 et 2018. On ne voit pas ces partenaires changer de procédures ou de méthodes pour adouber les nouvelles autorités du Sénégal. En allant précipitamment à Washington pour rencontrer les institutions de Bretton Woods, le gouvernement pourra faire dans la communication institutionnelle mais ne rentrera nullement avec des chèques. Le Premier ministre Sonko a déjà indiqué au Fmi qu’il va poursuivre le programme conclu avec le Sénégal. Le prochain décaissement est prévu pour le mois de juillet 2024, à condition de satisfaire à certaines exigences spécifiques. La rupture tant annoncée attendra sur cette question, comme sur celle de battre une nouvelle monnaie. Les bailleurs attendent le Sénégal sur cette question cruciale de l’idée de se retirer de la monnaie communautaire. Le fait de nommer un ministre de l’Economie qui prône une monnaie nationale ne serait pas de nature à faciliter les choses.
Par ailleurs, quelle sera la capacité d’endettement du pays en attendant les nouveaux ratios qui seront tributaires de l’opération de «re-basing» du Produit intérieur brut (Pib) dont la finalisation est annoncée pour le mois de juillet 2024 alors que le Président Macky Sall n’a eu de cesse, depuis le 30 août 2023, d’exiger les résultats ?
Les premières volontés que le Président Bassirou Diomaye Faye a confiées au président Amadou Mame Diop !
Bassirou Diomaye Faye, candidat à l’élection présidentielle, avait promis de supprimer certaines institutions publiques pour faire des économies budgétaires. Il s’agit en l’occurrence du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et du Haut-conseil des collectivités territoriales (Hcct). Les économies budgétaires ne seront véritablement pas très significatives car chacune de ces deux institutions ne se voit allouer qu’un budget annuel autour de 7,5 milliards de francs Cfa, soit quelque 0, 10% du budget total de l’Etat. Economies de bouts de chandelles ? Peutêtre pas tant que cela ! Aussi ces mesures pourraient permettre de brandir quelques trophées symboliques pour donner des gages de réduction du train de vie de l’Etat. Abdoulaye Wade avait usé de ce stratagème en 2001, pour supprimer le Conseil économique et social (Ces), qui existait depuis toujours, et le Sénat, institué en 1999 par le Président Abdou Diouf. Le Président Wade remplacera en 2004, le Ces par le Conseil de la République pour les affaires économiques et sociales (Craes) ; qu’il fera à nouveau remplacer par le Conseil économique et social (Ces) en 2008. En mai 2007, il recréa le Sénat. A l’arrivée au pouvoir de Macky Sall en 2012, le Craes sera remplacé par le Conseil économique, social et environnemental (Cese). La même année, Macky Sall supprima le Sénat pour, disait-il, affecter les ressources budgétaires à aider les victimes des inondations. La leçon de l’Histoire est que les réformes constitutionnelles permettaient à chaque fois aux autorités politiques de trouver le prétexte pour changer l’appellation d’une institution et y nommer leur propre clientèle politique. Le Président Macky Sall usera du procédé et en abusera, peut-être jusqu’à instituer le Hcct (5 avril 2016) ou la Commission nationale du dialogue des territoires (21 décembre 2015).
Le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a saisi, verbalement, le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, de sa volonté de procéder à des réformes institutionnelles qui devront avoir raison du Cese, du Hcct et qui permettront l’accroissement des attributions du Premier ministre. On ne sait pas encore sur quelle majorité parlementaire pourra s’appuyer le nouveau régime politique pour les faire passer ou bien recourra-t-il à la voie référendaire ? D’ailleurs, divers milieux avaient pensé (finalement à tort), que cette question devait être inscrite à l’ordre du jour de la première réunion du Conseil des ministres, sous l’ère Bassirou Diomaye Faye, le 9 avril 2024. Les discussions ou appréhensions vont bon train, particulièrement sur la question de donner davantage de pouvoirs au Premier ministre. D’aucuns voudraient y voir un souci d’équilibrage des pouvoirs entre le Président Faye et son Premier ministre Sonko. Va-t-on aller jusqu’à un changement de régime politique qui reste, au titre de l’actuelle Constitution du Sénégal, un régime présidentialiste ? Le projet de texte est encore tenu secret mais il faut reconnaître qu’il y aurait une nécessité, à tout le moins, à retoucher l’architecture ou le cadre des rapports fonctionnels entre la présidence de la République et la Primature.
Corriger des oukazes de Macky Sall pour donner le plein rôle à Ousmane Sonko
Le Président Macky Sall, en supprimant le poste de Premier ministre, au lendemain de l’élection présidentielle de février 2019, avait fait transférer toutes les compétences de gestion du Premier ministre au Secrétaire général de la présidence de la République (Sgpr). L’ancien Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne, à sa nouvelle «station» de Sgpr, continuait alors à assurer l’approbation des contrats et autres projets d’investissements signés par l’Etat du Sénégal. Il quittera ses fonctions pour des raisons de santé, et sera remplacé, le 1er novembre 2020, par son adjoint Oumar Samba Ba. La réhabilitation du poste de Premier ministre n’a pas pour autant décidé le Président Macky Sall à restituer au titulaire ses attributions en matière de gestion ; le Sgpr continuant de siphonner les compétences traditionnelles du Premier ministre en continuant d’assurer la tutelle de l’Autorité de régulation de la commande publique. Amadou Ba, nommé le 17 septembre 2022, pouvait être frustré de cette situation mais n’a jamais estimé devoir réclamer à être rétabli dans la plénitude de ses attributions de Premier ministre. Il n’avait donc pas la latitude de signer des marchés. Cette situation peut se révéler commode, au moment où on parle de travers de gestion du régime défunt. C’est de cette situation réductrice que Ousmane Sonko a hérité. Ce ne sera, indubitablement, que justice ou équité si la réforme préconisée lui donne toutes les mensurations de son costume de Premier ministre ! Le décret de répartition des services de l’Etat, que l’on continue d’attendre, devra apporter une première réponse à cette question. Par contre, les pouvoirs supplémentaires à octroyer par la voie législative seront sujets à caution
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APPEL RÉTENTANT POUR SAUVER L'HÉRITAGE DE SENGHOR
La vente aux enchères en France de la bibliothèque du premier président sénégalais fait rugir d'indignation. Romuald Fonkoua s'élève contre la dispersion aux quatre vents d'ouvrages rares, de classiques anciens et d'écrits inestimables
La vente aux enchères en France de la bibliothèque de Léopold Sédar Senghor, premier président du Sénégal indépendant, soulève une vive polémique. Dans un entretien musclé sur TV5 Monde, Romuald Fonkoua, éminent écrivain et professeur de littératures francophones à la Sorbonne, a lancé un vibrant appel aux autorités sénégalaises.
Fonkoua, également rédacteur en chef de la prestigieuse Revue Présence Africaine, n'a pas mâché ses mots. "C'est un trésor national qui pourrait servir de levier pour une politique d'acquisition par un grand État comme le Sénégal", at-il martelé, évoquant les quelque 600 ouvrages rares de Senghor bientôt dispersés.
Parmi les lots, on trouve des classiques de Kant, Dante ainsi que d'anciens écrits latins d'Église, "une base importante pour la recherche de qualité mondiale" selon Fonkoua. Une perte "sèche" pour le Sénégal et "les enfants d'Afrique" d'après un ancien ministre.
"C'est une question de souveraineté culturelle", a insisté le professeur, rappelant le combat d'Alioune Diop, fondateur de Présence Africaine, pour qui "derrière un homme politique, il y a un homme de culture à défendre".
Fonkoua exhorte le nouveau pouvoir à Dakar à se "saisir du dossier" comme son précédent l'avait fait pour d'autres objets de Senghor. "Pensez à la culture ! Nos discours économiques n'auront pas de portée sans elle".
par l'éditorialiste de seneplus, ada pouye
LE SYNDROME DES TRANSITIONS POLITIQUES
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous avons besoin de rétablir le Pencúúm Sénégal à travers la constituante indépendante, souveraine et inclusive. Il s’agit d’une piste majeure pour la reconfiguration de notre modèle démocratique tropical ressourcé
Entre les aspirations profondes des populations à voir soit s’instaurer un puissant changement de gouvernance ou s’opérer une révolution vraiment démocratique, et une gestion innovante de la transition politique, il y a tout un fossé à franchir ou à combler, mais dont tout dérapage serait fatal aux espérances de « faire du Sénégal une nation juste, prospère et souveraine, ancrée dans des valeurs fortes ».
La typologie des transitions distingue les transitions par le haut notamment sous l’impulsion des élites comme c’était le cas en 2012 avec Macky Sall sorti des flancs du PDS, et des transitions par le bas à travers un mouvement social populaire enclenché en 2021 et concrétisé favorablement lors du vote de 2024. La transition par le bas est très exigeante et se décline en deux modalités, notamment à travers la réforme des institutions ou à travers la révolution où les masses seront impliquées dans la définition des politiques publiques.
La gestion de la transition reste un grand chantier à la mesure des aspirations des populations et du niveau de délabrement politique, économique et sociétal. Il nous faut comprendre que le carnage économique, politique et social depuis les indépendances, subi par les populations est la base de l’exigence de rupture exprimée lors des élections.
Le nouveau président a été plébiscité pour la réparation des injustices subies par le candidat porteur d’un projet qui a fait fort écho auprès de la jeunesse. Sa présidence semble inaugurer un programme en droite ligne directrice avec le projet initial du Pastef dont bien des points de gouvernance sont totalement la marque de fabrique de ce parti. Le livre « Solutions pour un Sénégal nouveau » édité en 2018 (format show télévisé devant un public) est ainsi l’expression structurée de l’offre politique. Le projet affiché est une promesse marketing qui a nourri l’adhésion subliminale de la jeunesse. Il a singulièrement pris une forme associée au sacré, fédérant également tous les segments des couches les plus vulnérables de la société aspirant à un meilleur possible.
Le Premier ministre vient de fixer le cap autour de cinq orientations stratégiques suivantes : jeunesse, éducation, formation, entreprenariat et l’emploi des jeunes et des femmes - lutte contre la vie chère et l’amélioration des pouvoirs d’achat des populations - La justice, la protection des droits humains, la bonne gouvernance et la reddition des comptes et l’amélioration du système démocratique et électoral - La souveraineté économique, l’exploitation optimale des ressources économiques, la prospérité et le développement endogène et la consolidation de l’unité nationale, de la cohésion sociale et territoriale ainsi que le renforcement de la sécurité, de la paix et de la stabilité du pays.
Un ticket symbolique Diomaye-Sonko va diriger déjà pour cinq ans le Sénégal, pays vivant sur le régime de l’aide et de la dette abyssale (passage de 52% à 73% en 2021 et 76% du PIB en 2023).
Il est primordial de saisir la phase de transition comme une opportunité pour poser un acte fort pour la transformation sociale à travers un front populaire citoyen. Quels sont peut-être les modèles de progrès, de solidarité et d’unité à explorer ? À rapidement appliquer ?
Modèle de gouvernance
Une remise à plat de toute l’architecture constitutionnelle et administrative s’impose au regard de l’évolution de l’état moderne et de la société sénégalaise. Revisiter les relations entre l’État, ses institutions et les populations sous le prisme de la concertation et non de la manipulation politicienne. Il s’agit à la fois réparer les souffrances et définir un nouveau contrat de confiance basé sur les résultats et la reddition des comptes. La première ressource reste le pacte de gouvernance des Assises à actualiser bien sûr.
Modèle économique
Pays regorgeant de nouvelles ressources du sous-sol, le Sénégal doit repenser son modèle économique dominé par le secteur informel et la mise sous coupe des stratégies des multinationales au détriment d’une souveraineté économique. Transformer le capital humain non productif avec la pression démographique en citoyens engagés pour la transformation et le bien-être des populations par un nouveau contrat de développement des terroirs à partir d’une cartographie des besoins et des capacités locales.
Modèle politique
La démocratie représentative formelle est en crise partout dans le monde avec des institutions légales illégitimes pour la société. La faillite des partis politiques traditionnels au profit de Groupements d’Intérêt Politique Unipersonnels, le dévoiement de l’Assemblée nationale l’instrumentalisation de la justice par les pouvoirs sont autant de facteurs avilissant notre modèle démocratique. Nous avons besoin de rétablir le Pencúúm Sénégal à travers la constituante indépendante, souveraine et inclusive. Il s’agit d’une piste majeure pour la reconfiguration de notre modèle démocratique tropical ressourcé. Il nous faut recourir à des referendums citoyens sur toutes les questions d’intérêt national et africain au lieu de se limiter à une cosmétique du calendrier républicain.
Modèle sociétal
Le modèle sociétal sénégalais est un modèle islamo wolof pour parler comme le Professeur Mamadou Diouf dans Histoire du Sénégal dont le trait dominant reste la rapine, la prédation et le vampirisme social. Tout réside dans l’évitement, la ruse, la gabegie, la violence symbolique et la spoliation sociale. Nous devons repenser notre relation avec le pouvoir, avec le sacré et le religieux, avec le travail et l’argent, avec l’alimentation dans la perspective de la souveraineté alimentaire, la place de la femme et de l’enfant, la place des seniors, notre relation avec l’Afrique et le monde et notre relation avec notre propre histoire.
Heureusement qu’il y’a une petite embellie liée à la cohésion sociale, au dialogue islamo - chrétien et la sécurité sociale comme des soupapes de sécurité.
Le modèle pays de la Teranga doit être repensé à partir d’une vision de développement endogène dans un contexte social dominé par des acteurs internationaux et leur implication dans la définition et la mise en œuvre des politiques publiques.
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LE GOUVERNEMENT DÉCRÈTE LA FIN DU SÉNÉGAL ENDETTEMENT
Pour le ministre Moustapha Sarr, le controversé Plan Sénégal Émergent aura laissé un lourd tribut au nouveau pouvoir. Le porte-parole du gouvernement promet une reconquête par la formation professionnelle et un rééquilibrage au profit des régions
C'est un réquisitoire cinglant contre les années d'endettement effréné que Moustapha Sarr, ministre de la Formation professionnelle et porte-parole du gouvernement, a dressé ce dimanche dans l'émission "Point de vue" de la RTS. Le poids de la dette publique, flirtant avec les 70% du PIB, est insoutenable selon le membre du cabinet présidé par Bassirou Diomaye Faye.
Pour Sarr, le controversé Plan Sénégal Émergent aura laissé un lourd tribut au nouveau pouvoir, au point d'être surnommé à demi-mot le "Plan Sénégal Endettement". Une rupture radicale est donc engagée avec le lancement d'un "Projet de transformation systémique" devant réendogénéiser l'économie nationale.
"Nous ne privilégions pas l'endettement à tout bout de champ", a martelé le ministre, rappelant que le recours aux emprunts ne doit intervenir qu'en dernier ressort. La priorité sera de remettre les Sénégalais aux commandes, en faisant notamment la part belle aux secteurs stratégiques comme l'agriculture et l'industrialisation.
Moustapha Sarr a également déploré les investissements massifs concentrés à 80% sur Dakar ces dernières années, créant encore les inégalités territoriales. Un rééquilibrage en faveur des autres régions est à l'ordre du jour, tout comme la relance du pouvoir d'achat des ménages.
Mais ces ambitions ne pourront se concrétiser sans l'implication de l'ensemble des Sénégalais, a insisté le porte-parole gouvernementale, lançant un appel solennel à "l'unité nationale" et à une "nouvelle citoyenneté" de rigueur et d'abnégation. . "Le gouvernement à lui seul ne peut pas tout faire", at-il prévenu.
Sur la Formation professionnelle, fer de lance du projet de développement, Sarr promet de "mailler le territoire national", au-delà du seul périmètre de Dakar. L'objectif : former en masse les jeunes aux métiers porteurs de l'agriculture, de l'élevage et de l'industrie.
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L'AJS EN CROISADE POUR LES DROITS DES FEMMES
Révision du Code de la famille, amélioration de la protection sociale, accès aux soins... Zeynab Kane, vice-présidente de l'Association des Juristes Sénégalaises, lance un appel persistant pour des réformes ambitieuses en faveur de ses paires
Dans une société sénégalaise en pleine mutation, la voix de Zeynab Kane, enseignante-chercheuse et vice-présidente de l'Association des Juristes Sénégalaises (AJS), s'élève avec force. Invitée lors de l'émission "Objection" sur les ondes de Sud FM, elle a lancé un appel persistant pour des réformes ambitieuses en faveur des droits des femmes.
Sous le nouveau régime, l'AJS attend des actes concrets. Zeynab Kane déplore la faible représentativité féminine au sein du gouvernement, contredisant les engagements constitutionnels et internationaux du Sénégal. "L'argument de l'incompétence des femmes est non fondé. Il existe d'innombrables femmes compétentes dans tous les domaines", martèle-t-elle, balayant d'un revers de main les justifications avancées.
Pour cette farouche militante, une gouvernance véritablement inclusive passe inévitablement par l'intégration des femmes à tous les niveaux décisionnels. "Gouverner sans les femmes relève de l'impossible. Nous exigeons à être parties participent dans l'élaboration des politiques publiques", clame-t-elle avec conviction.
Au cœur des réformes exigées par l'AJS figure la révision en profondeur du Code de la famille, un texte vieillissant encore teinté de dispositions discriminatoires. Zeynab Kane insiste également sur la nécessité d'améliorer la protection sociale, l'accès aux soins et à l'éducation pour les femmes et les jeunes filles.
L'un des autres défis majeurs réside dans l'autonomisation économique des Sénégalaises. Avec un taux de chômage élevé chez les jeunes diplômés, des mesures ciblées doivent favoriser leur employabilité et leur insertion professionnelle.
Pour atteindre ces objectifs, l'AJS prône une approche collaborative, associant étroitement les organisations féminines de la société civile. "Nos associations disposant d'une expertise terrain forgée durant des décennies. Ignorer cet atout serait un non-sens", plaide Zeynab Kane.
Le changement de paradigme tant promis ne pourra advenir sans les femmes, en première ligne pour défendre leurs droits légitimes. A l'heure de la refondation démocratique, l'AJS assiste du gouvernement à un engagement réel en faveur de l'égalité entre les femmes et les hommes.
L'IRAN FONDE SON ATTAQUE CONTRE ISRAËL SUR L'ARTICLE 51 DE LA CHARTE DE L'ONU
“L’action militaire de l’Iran était basée sur l’article 51 de la Charte des Nations Unies concernant la légitime défense en réponse à l’agression du régime sioniste contre nos installations diplomatiques à Damas”, selon l'IRNA.
Selon l’Agence de presse de la République islamique (IRNA), la mission iranienne auprès des Nations Unies a annoncé samedi soir 13 avril, heure locale que : “L’action militaire de l’Iran était basée sur l’article 51 de la Charte des Nations Unies concernant la légitime défense en réponse à l’agression du régime sioniste contre nos installations diplomatiques à Damas”.
L’affaire peut être considérée comme close. Toutefois, si le régime israélien commet une nouvelle erreur, la réponse de l’Iran sera bien plus sévère. “Il s’agit d’un conflit entre l’Iran et le régime israélien voyou, dont l’Amérique devrait rester à l’écart”, a insisté la mission iranienne auprès de l’ONU.
Le Corps des Gardiens de la révolution islamique (CGRI) a lancé des frappes de représailles « étendues » avec des missiles et des drones contre les territoires occupés en réponse à l’attaque terroriste du régime israélien du 1er avril contre les locaux diplomatiques de la République islamique à Damas, la capitale syrienne.
UN BLOGUEUR GUINÉEN EN EXIL FACE AU RISQUE D'EXPULSION
Figure critique du régime guinéen exilée au Sénégal, le jeune activiste Djibril Agi Sylla croupit désormais en prison à Dakar. Ses défenseurs alertent sur les périls d'un refoulement vers Conakry
(SenePlus) - Placé en détention provisoire pour séjour irrégulier, le blogueur guinéen Djibril Agi Sylla risque l'expulsion du Sénégal, affirme RFI. Figure critique du régime guinéen, cette décision judiciaire suscite l'inquiétude de son avocat et des ONG.
Selon la radio, le jeune activiste était convoqué par la justice sénégalaise suite à une plainte pour diffamation et injure publique émanant de l'homme d'affaires KPC. Mais lors de l'audience jeudi, le procureur s'aperçoit que M. Sylla, entré au Sénégal le 9 février 2021, n'a pas de titre de séjour.
Bien que le blogueur affirme avoir déposé une demande d'asile politique, il ne peut le prouver. Placé en détention provisoire, il risque une expulsion vers la Guinée. Son avocat, Maître Amadou Kane, s'inquiète auprès de RFI.
"Étant donné qu'il a fui son pays d'origine par crainte, le droit interdit de le refouler. (...) Nous souhaitons alerter les autorités sénégalaises pour exclure tout refoulement vers son pays d'origine", plaide-t-il, évoquant les risques sécuritaires encourus.
L'affaire doit être examinée mardi par le tribunal de grande instance de Dakar. L'issue judiciaire est suivie de près par les organisations de défense des droits humains, inquiètes du sort réservé à ce critique du régime guinéen au Sénégal.